Compléments aux généalogies GRIMAUDET publiées

Ce jour, je rends hommage à Gerard d’Ambrières et Bernard Mayaud, en apportant ici un complément à leur travail sur les origines des GRIMAUDET, par la succession de Raoulet Grimaudet et Yvonne Guyet dans 2 actes notariés passés chez Huot notaire royal à Angers en décembre 1515, actes souvent cités auparavant, mais manifestement jamais lus.

Ce jour vous avez donc 3 billets :

    • ce présent billet qui est une analyse des travaux antérieurs et des sources
    • la retransription et analyse de la succession de Raoulet Grimaudet : les titres
    • la retranscription et analyse des partages des biens immeubles
  • Analyse des travaux de Gérard d’Ambrières
  • Gérard d’Ambrières a vécu avant l’ère numérique. A son époque, époque que j’ai moi-même connue, on lisait les liasses d’actes notariés avec un papier et un crayon aux Archives Départementales. Et on prenait ainsi quelques notes.
    Manifestement d’ailleurs, il n’a fait que signaler à Bernard Mayaud l’existence d’un acte, que ce dernier n’est pas allé voir. Car, en le retranscrivant, j’ai eu le sentiment que personne ne l’avait auparavant étudié à fonds.

  • Analyse des travaux de Bernard Mayaud
  • Bernard Mayaud a publié les notes cy-dessus transmises par Gérard d’Ambrières, qui font l’objet de la famille qu’il nomme (tome 13, page 149) :

      « Branche « de la rue Poissonnière » (sans raccordement)

    et son préambule précise clairement que sa publication « n’est qu’une hypothèse de travail, et qu’il est clair qu’il reste à trouver beaucoup de choses pour bien connaître les Grimaudet au 16ème siècle. »
    suivent N. Grimaudet sieur des Gats (à Saint-Silvin, 49) demeurant rue Poissonnière à Angers † avant 1516 x N… † avant 1516, leurs partages sont faits chez Huot, à Angers, le 30 décembre 1515, dont 5 enfants : Charles, Béatrix, Perrine, Jean et Jeanne.

    Et par ailleurs, il publie (tome 13 page 119) la famille de GRIMAUDET de Rochebouët, non raccordée à la précédente.
    Pour cette famille il donne en première génération, Raoulet Grimaudet, apothicaire et échevin d’Angers en 1504, et dit qu’il se base sur l’acte de baptême de Béatrix Grimaudet le 27 mai 1495.

    Ces deux données sont extraites du Factum de Fesques qui est numérisé en ligne sur le volume d’Angers Saint Pierre 1488 vues 1-22, donc vous pouvez aller lire en ligne ce document, non sans avoir lu mes observations à son sujet, ci-dessous.

  • quid du baptême cité
  • J’ai vérifié l’existence de ce baptême, qui me semblait curieux à cette date, puisqu’en 1515, Béatrix aurait eu 20 ans et aurait été mineure car la majorité était à 25 ans, donc il aurait été fait mention de curatelle, ce qui n’est pas le cas.
    Il s’avère que ce registre, que j’ai daté en ligne de quelques dates, est lacunaire actuellement en 1494 et 1495 mais, sur d’autres pages, on peut constater des marques en marges faites à une époque moderne, par un descendant des Grimaudet.
    Yvonne femme de Raoulet Grimaudet est marraine une fois par an, de 1489 à 1493, puis son fils Jean dit « Jean Grimaudet le Jeune. »
    Et le registre ne donne aucune autre information.

  • Quid de la fiabilité d’un factum
  • Le factum est donc la seule source qui ait servi à Audouys et autres chercheurs. Or, un factum n’est pas une généalogie fiable puisque c’est un plaidoyer utilisant toutes les ficelles possibles, le plus souvent non vérifiables. C’est même parfois un véritable jeu du pocker menteur.
    Je suis personnellement bien placée pour juger de l’abscence de fiabilité d’un factum, puisque je descends des Pellault, qui ont vu un certain Pelault tenter d’en descendre en un long factum, à l’aide d’une pseudo généalogie, pseudo argumentée.

    Le factum de Fesques n’aurait pas du servir de généalogie, car un factum n’est pas une généalogie prouvée. Il est donc à l’origine de la méprise.

    Et, lorsque vous aurez lu les deux actes notariés de 1515 qui suivent, vous serez certains que Raoulet Grimaudet, apothicaire à Angers Saint Pierre, et Yvonne Guyet son épouse, tous deux décédés avant décembre 1515, date du partage de leurs biens et titres, ont laissé 5 enfants : Charles, Jean, Béatrix, Jeanne et Perrine, et que Pierre Grimaudet n’a rien à voir avec eux.

    Il convient donc de supprimer la génération de Raoulet Grimaudet ainsi que sa fille Béatrix, de la généalogie des GRIMAUDET de Rochebouêt.

    Il convient d’ajouter à la branche des GRIMAUDET de la Poissonnerie (pas la Poissonnière) le nom des parents jusqu’ici non dénommmés, qui sont bel et bien :
    Raoulet Grimaudet, apothicaire à Angers Saint-Pierre, et Yvonne Guyet, tous deux décédés avant décembre 1515

    Les Grimaudet de Rochebouêt commencent donc avec Pierre Grimaudet seulement. Et je n’ai trouvé aucun lien de ce Pierre avec les autres Grimaudet, même si il existe probablement une origine commune plus ou moins lointaine, il convient de laisser ces deux familles non raccordées à ce jour.

    Le présent billet est complémentaire des deux autres ce de jour, qui doivent être lus à titre de preuves.

    Une succession, avec partages des biens immeubles, classée chez un notaire royal est fiable alors qu’un factum ne l’est pas. La succession est une preuve, pas le factum.

    13 réponses sur “Compléments aux généalogies GRIMAUDET publiées

    1. Je profite de ces très intéressants documents et leur très belle analyse pour vous demander si dans les biographies sur cette famille (Grimaudet), il y a des informations concernant François Grimaudet, avocat au présidial et auteur d’ouvrages assez célèbres en leur temps sur le droit civil. En particulier sur le précepteur de ses enfants François Letort, lui aussi avocat et auteur d’ouvrages dans la seconde moitié du XVIe siècle ?
      Merci par avance

        Note d’Odile :
        Voici ce que donne Bernard Mayaud, qui a consulté une large bibliographie, sur les origines de François Grimaudet, qui est donc issu des Grimaudet dits de Rochebouët :

      Pierre Grimaudet, sieur de la Croiserie (Saint-Silvin, ancien domaine avec maison noble, acquêt de 1526), marchand maître apothicaire, échevin d’Angers en 1528 † avant 1544 (partage de la communauté en 1544)
      x en premières noces Renée Poulain – Selon Audouys, il serait né de ce 1er lit un « Pierre », vivant en 1544
      x en secondes noces Guillemine Bérault des Essarts, dame de la Picherie (Martigné, 53) † vers 1551, fille de Jean Bérault, procureur fiscal de Laval et de Françoise Beudin – dont (selon Gilles Ménage, dont nous suivons ici l’ordre et l’énumération) huit enfants :
      1-François Grimaudet (du 2e lit) mais Gontard de Launay, Avocats d’Angers, page 43 , dit qu’il est du 1er lit), qui fait la branche de la Rochebouët – Né vers 1520 † 19 août 1580 épousa en 1ères noces Isabeau Le Coq † avant 1553 – et épousa en 2e noces Guyonne Bonvoisin – Il est l’auteur des nombreux ouvrages dont bibliographies dans beaucoup d’ouvrages dont Ménage, Célestin Port etc…
      2-Jean Grimaudet, qui fait la branche de Vendôme
      3-Pierre Grimaudet qui fait la branche de Gazon
      4-Charles Grimaudet
      5-autre François Grimaudet, qui fait la branche de Saumur
      6-Lézine Grimaudet x avant 1544 Jean Lepeletier sieur du Grignon
      7-Perrine Grimaudet x avant 1556 Michel de Fondettes sieur de la Verrerie
      8-Guillemine Grimaudet x Jacques Bernard sieur de la Corbinière, avocat à Baugé


        Voyez tous mes travaux sur les GRIMAUDET, FURET, DELESTANG, DAIGREMONT, qui donnent les baptêmes Grimaudet début 16ème siècle à Saint-Pierre, sans aucun parrainage visible avec d’autres Grimaudet.
        Ces deux familles GRIMAUDET (donc, celle dite de Rochebouët, et celle qui est désormais mienne et dite « non raccordée, de la Poissonnerie » présentent des éléments troublants :
        • apothicaire à Angers en même temps. Certes il y avait certainement dès 1500 plusieurs apothicaires à Angers, mais deux familles du même nom, sans parrainage apparent est troublant.
        • Ménage, dont Bernard Mayaud a finalement adopté les données, signale un Charles Grimaudet fils de Pierre, or, ma branche a un Charles Grimaudet apothicaire, qui est fils de Raoulet, et dont vous avez sur mon document précité par lien, les baptêmes et parrainages des enfants
        Je ne me suis pas attardée à ce jour sur les Grimaudet de Rochebouët, ayant compris selon les auteurs précédents qu’ils n’étaient pas rattachés aux miens, mais je pense que Pierre Grelier pourrait ici en parler.
    2. François Grimaudet et Guyonne bonvoisin ont eu au moins 3 enfants:

      – François Grimaudet sans doute marié à Anne Charlot ( voir Grudé notaire à Angers du 1 02 1593 où François grimaudet sieur de la Croiserie ayant les droits de dame Guyonne Bonvoisin sa mère etc.) et ( Fauveau notaire à Angers du 23 06 1584)

      – Renée Grimaudet mariée à jean jacques Lasnier avocat fils de Guy Lasnier et d’Ysabeau Colin ( voir C.M. chez Grudé notaire à Angers du 14 11 1572) (voir également Grudé Angers du 12 12 1572) François Grimaudet remet à Jean jacques Lasnier son office d’avocat;

      – Gaspard Grimaudet professe en l’abbaye de St Aubin ( Mongodin notaire à Angers du 29 10 1584) titre sacerdotal ( chez Fauveau notaire à Angers du 15 07 1584) donnation de ses biens à François et Renée Grimaudet ses frère et soeur avant d’entrer en religion (Voir Grudé du 5 03 1583)

      D’autre part :
      – Le 29 10 1590 (Grudé notaire à Angers ) Guyonne Bonvoisin veuve Grimaudet demeurant à St Michel du Tertre loue à Jean Jacques Lasnier sieur de l’Effretière et à delle Renée Grimaudet sa femme un corps de logis en la paroisse de St Michel du Tertre

    3. Bonjour et merci pour toutes ces informations. Me voilà bien renseigné sur ce François Grimaudet et son fils François qui a rédigé dans l’un de ses ouvrages quelques vers en l’honneur de François Letort, son ancien précepteur.

    4. Pouvez vous nous dire votre sentiment sur les origines des Pelault de Bourgueil ,pourquoi pensez vous que le factum d’ A Pelault est un faux ? Je n’ai pas bien compris .Merci.

        Note d’Odile :
        Le factum n’est pas un faux, mais ce qu’il tend à démontrer est une imposture. Jamais les Pelault de Bourgueil ne se sont rattachés à ceux du Bois-Bernier. En fait, le but d’un factum est de soutenir une contestation entre héritiers prétendus et vrais et là tous les truquages sont bons.
        J’avais une longue argurmentation d’André sur ce point, qui l’a étudié à fonds, mais hélas j’ai perdu son email. Je vais lui demander de réintervenir ici avec ses arguments.
    5. Dans cette affaire, quatre parties se disputaient l’héritage de Bernard Pellaud, sieur du Coulombier, décédé célibataire à Saint-Nicolas de Bourgeuil le 28 août 1693 et laissant des biens considérables. Il était le petit-fils de Jean Pellault qui, avec l’aide de Charles de Chambes, s’était fait passer pour le fils de René Pelaud, sieur de Bois-Bernier, pour épouser Renée Amirault, fille de René Amirault, sieur de Sabusson. Le contrat de mariage passé à Chinon le 16 février 1610, le dit fils de René Pelaud et de Renée du Buat. Aucun Pelaud ne signa ce contrat. Plus tard, le 21 octobre 1618, Jean Pellault acheta des bestiaux de René Pelaud, sieur de Bois-Bernier. Le même jour, ils passèrent un autre acte. Dans ces actes notariés, Jean Pellault est qualifié de fils de René Pelaud. René Pelaud signa ces deux actes.

      Guy-Michel de Scepeaux réclama sa part de l’héritage en tant que descendant, par son épouse, d’Adrien Pelaud. René du Tertre et Charlotte Amirault en réclamèrent une part en tant que parent de la mère et de la grand-mère du défunt. Dame Adélaïde Louise de Damas de Thianges, veuve de Louis duc Sforce, prétendit que Jean Pellault était un fils bâtard de René Pelaud et que par conséquent les biens du défunt revenaient au roi qui lui en fit don. Aucune de ces parties ne put présenter l’acte de baptême de Jean Pellault ne l’ayant pas trouvé. Elles appuyaient leur revendication uniquement sur le contrat de mariage de Jean Pellault et sur les deux contrats de vente que ce dernier avait passés avec René Pelaud.

      André Pellault, ancien notaire royal à Gien, eut vent de cette histoire et se remémora une vieille histoire de famille. Il conclut que le défunt était un parent éloigné; le petit-fils du cousin de son grand-père. Il ramassa copies d’actes de baptême et de mariage et de contrats de mariage prouvant que Jean Pellault, le grand-père du défunt, était le fils d’Estienne Pellault, vigneron, et de Estiennette Belot, baptisé le 23 juin 1585 à Saint-Martin-sur-Ocre. Il se présenta en cour déposa ces documents et réclama sa part d’héritage. Son factum démontre que la prétendue filiation de Jean Pellault à René Pelaud et Renée du Buat est fausse de même que celle donnée dans son contrat de mariage et dans les deux contrats de vente soumis à la cour. Il ajouta que la Marie Pelaut, « seur de Monsieur du Boisbernier » inhumée dans l’église de Noëllet le 12 juin 1618 est la demie-soeur de Jean Pellault, baptisée à Saint-Martin-sur-Ocre le 23 février 1612.

      J’ai obtenu de la Bibliothèque Nationale copie des factums soumis par toutes les parties sauf celui de de Scepeaux. Il en ressort que toutes les parties étaient d’accord sur la généalogie ascendante de René Pelaud, époux de René du Buat, que les factums donnent jusqu’à Mathurin Pelaud, époux de René Rossignol. Le litige portait sur la filiation de Jean Pellault avec René Pelaud.

      Jean Pellault se qualifia de sieur de Bois-Bernier toute sa vie.

      Le factum d’André Pellault dévoila cette imposture commise par Jean Pellault trois générations plus tôt et qui n’avait pas été découverte lors de l’enquête sur la noblesse en 1666. La Cour lui aurait donné raison d’après les notes d’Audouys, E 3557, folio 2.

      Je me ferai un plaisir de vous envoyer copie de ces factums si vous le désirez.

        Note d’Odile :
        Merci infiniement pour cet exposé très clair.
        Bien entendu, je serais ravie de recevoir copie de tous les factums.
        D’avance merci.
        Bien cordialement
    6. MEA CULPA, MEA MAXIMA CULPA
      Je viens de relire encore le registre d’Angers Saint-Pierre de 1488 à 1497 en ligne, car je veux refaire toutes les mentions de GUYET, et ce faisant j’ai enfin trouvé le baptême de Béatrix Grimaudet vue 65. Il fait partie des actes qui ont été chimiquement partiellement effacés, à une date inconnue, probablement antérieure au Factum.
      Seuls des actes sur lesquels apparaissait une mention Grimaudet ont fait ainsi l’objet d’une malversation, probablement relativement récente.
      Mais tous les actes sur lesquels les Grimaudet apparaissent n’ont pas été touchés, sans doute parce qu’ils ont échappé à la personne qui avait une telle intention de malversation.
      Même si je fus chimiste, j’ignore à quelle date est apparu le procédé chimique d’effacement des encres, et si l’un d’entre vous a une idée, merci d’avance. Car, selon ma longue habitude des registres paroissiaux, la malversation par rayures et surchages existait, quoique rare il est vrai, mais à ma connaissance cette dégradation chimique volontaire, est la première que je rencontre. Cette intention malveillante est à l’origine de ma méfiance aussi du Factum, car cela fait bien beaucoup de tentatives sur les Grimaudet du registre original.
      Voici de que je lis du baptême vue 65 du registre 1488-1644 d’Angers Saint Pierre :
      « le 17 mai 1495 fut baptisée Beatrix fille de (puis passage effacé ultérieurement, mais on peut deviner le R de Raoullet qui était autrefois comme un Y barré, plus loin de G qui était comme un T actuel, et ensuite « apotycaire ») et Yvonne sa femme et fut parrain Françoys Lemonnier et marraines Béatrix veufve de feu Jehan de Saint Lambert et Perrine femme de Jehan Angebault » – vue 65

      Cette vue est la propriété des Archives du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

    7. Je n’y connais rien en effacement d’écriture ancienne mais c’est proprement fait (les lignes au-dessus et au-dessous sont à peine touchées )
      On peut supposer qu’il s’agit de quelqu’un qui prenait tout son temps pour le faire et qui ne devait pas être surveillé..

        Note d’Odile :
        Oui, c’est proprement fait, car on ne voit aucune trace du solvant, et aucun débordement sur les autres textes. J’ai préparé un photo-montage des actes ainsi touchés, et ils présentent tous exactement les mêmes caractéritiques.
        Je pense qu’autrefois les registres n’étaient pas aussi bien gardés que maintenant, et qu’à l’origine des recherches généalogiques, il existe aussi les feudistes etc… qui étaient surtout missionnés par des familles, et par pour leur faire une généalogie déconcertante !
        Jeune débutante, autrefois, je me souviens avoir d’abord rencontré le douloureux passage des colonnes infernales pendant les guerres de Vendée, et je me souviens d’un centre d’Archives qui me racontait avoir connu certains lecteurs arrachant les pages lorsqu’un ancêtre n’avait pas la couleur politique qui leur convenait.
        D’ailleurs, le vol aussi est un fléau, et à Angers, une partie des fonds de famille qui sont en série E sont lacunaires depuis longtemps. Ceci dit le vol existe toujours, et c’est un véritable fléau.
    8. Je ne connais pas non plus la manière d’effacer l’encre…( une éponge humide ?) mais voici ,d’après Claude Duneton la recette de Pierre de La Porte,porte manteau d’Anne d’Autriche,pour la fabriquer »Dans un coin de l’âtre,un petit pot de grès repose sur les cendres chaudes; il contient une livre de bonnes noix de galle,qui ont trempé dans du vin blanc.Il a ajouté six onces de gommes d’Arabie,cassées et réduites en poudre,une demi- livre de couperose de Hongrie et une once de vitriol romain,laissant fondre doucement le tout dans cette infusion.Il remue souvent avec un bâton et porte devant ses yeux la préparation qui sera bientôt achevée.
      C’est de la bonne encre. »
      (Petit Louis dit XIV.Claude Duneton)

        Note d’Odile :
        Le procédé n’a pas dû être humide, car nous avons l’habitude aux Archives de voir les dégâts causés par l’eau sur les parpiers, et cela n’y ressemble pas du tour. L’eau fait des auréoles sombres, et ici, l’absence d’auréole est remarquable.
        Voici ce que donne l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, et il semblerait à la fin de l’article qu’on parle d’effacer avec un acide.

       

      ENCRE A ECRIRE, s. f. (Arts) en latin atramentum scriptorium, liqueur noire composée d’ordinaire de vitriol romain & de noix de galle concassées, le tout macéré, infusé, & cuit dans suffisante quantité d’eau, avec un peu d’alun de roche ou de gomme arabique, pour donner à la liqueur plus de consistance.
      Entre tant de recettes d’encre à écrire, nous nous contenterons d’indiquer celles de MM. Lémery & Geoffroy ; le lecteur choisira, ou même les perfectionnera.
      Prenez, dit M. Lémery, eau de pluie, six livres ; noix de galle concassées, seize onces. Faites-les bouillir à petit feu dans cette eau jusqu’à réduction des deux tiers, ce qui formera une forte décoction jaunâtre, dans laquelle les noix de galle ne surnageront plus ; jettez-y gomme arabique pulvérisée, deux onces, que vous aurez fait dissoudre auparavant dans du vinaigre en quantité suffisante. Mettez ensuite dans la décoction, couperose ou vitriol romain, huit onces ; donnez encore à votre décoction, devenue noire, quelques legers bouillons ; laissez-la reposer. Enfin versez-la doucement & par inclination dans un autre vaisseau pour votre usage.
      Prenez, dit M. Geoffroy, eau de riviere, quatre livres ; vin blanc, deux livres ; noix de galle d’Alep pilées, six onces. Macérez pendant vingt-quatre heures, en remuant de tems en tems votre infusion. Faites-la bouillir ensuite pendant une demi-heure, en l’écumant avec un petit bâton fourchu, élargi par le bas ; retirez le vaisseau du feu. Ajoûtez à votre décoction, gomme arabique, deux onces ; vitriol romain, huit onces ; alun de roche, trois onces. Digérez de nouveau pendant vingt-quatre heures ; donnez-y maintenant quelques bouillons : enfin passez la décoction refroidie au travers d’un linge.
      On fait même de l’encre sur le champ, ou du moins une liqueur noire, par le mélange du vitriol verd avec la teinture de noix de galle. Cette couleur noire vient de la promte revivification du fer contenu dans ce vitriol ; & cela est si vrai, que la noix de galle sans vitriol, mais seulement jointe avec de la limaille de fer, donne une pareille teinture, dès qu’elle a eu le tems de diviser ce fer qui est en limaille. Ainsi le vitriol dont on fait l’encre, est du fer dissous par un acide avec lequel il est intimement mêlé ; la noix de galle est un alkali qui s’unit avec les acides, & leur fait lâcher le fer qui reparoît dans sa noirceur naturelle. Voila la méchanique de l’encre ; aussi des quatre especes de vitriol, celui qu’on appelle vitriol de Chypre ou de Hongrie, est le seul qui ne fasse point d’encre, parce que c’est le seul dont la base soit de cuivre, au lieu que dans les autres c’est du fer.
      Si, après que l’encre est faite, on y jette quelques gouttes d’esprit de vitriol, la couleur noire disparoît, parce que le fer se réunit au nouvel acide, & redevient vitriol ; par la même raison les acides effacent les taches d’encre. C’est avec les végétaux tels que le sumac, les roses, les glands, &c. que se fait l’encre commune. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.

    9. le factum, in registres de la paroisse Saint Pierre
      page 21 et 22 : »… ces trois mots Raoullet, Grimaudet, apothicaire ont depuis été biffés et grattés sur ledit regsitre, sans que nous sachions comment & par quel hasard, attendu que nos registres sont toujours sous la clef, & que nous ne nous rappelons pas en avoir donné la communication à personne, si ce n’est en novembre dernier à un clerc du sieur Murault, notaire en cette ville, qui a les doigts tortus à une main et dont nous avons oublié le nom, lequel nous demanda de la part de Monsieur de la Roche Bouet plusieurs extraits anciens, et nommément celui-ci dessus … trois mots avaient été effacés … tel qu’il était gratté … depuis cela, comme si la feuille eut séché…à Angers de dix-neuf février mil sept cent soixante dix »
      donc semble t-il action mécanique et chimique !

        Note d’Odile :
        Merci, effectivement tout était manifestement déjà effacé avant 1770.
    10. Au XVIII siècle, un obscur personnage aux doigts tordus subtilise un registre pour en effacer des noms avec du vitriol…
      C’est un personnage digne d’une aventure de Nicolas Le Floch ! J’espère que Mr Jean François Parot lit votre blog …
      Je ne connais pas cette famille mais on peut donc supposer que Mr de la Roche Bouet ne désirait pas descendre d’un apothicaire ?

        Note d’Odile :
        Pas de vitriol, mais le factum dit « grattage ».
        Voir mon étude de la famille DELESTANG en page 19
        L’enjeu était financier, comme dans le cas de la succession Pelault dont 4 factums au moins, soit un par branche oposante.
        Un apothicaire était un marchand, et la marchandise n’était pas noble, donc le mot devait disparaître, hélas pour les faussaires, ils avaient oublié le registre de l’hôtel de ville, qui donne en 1504 la nomination à l’échevinage de Raoulet Grimaudet apothicaire.
    11. Effectivement, cela ferait une bien belle histoire pour un roman…
      La falsification d’un document officiel (comme peuvent l’être les registres paroissiaux) devait être un délit qui devait entraîner une peine assez grave lorsqu’elle était découverte et pouvait être prouvée. Il fallait donc que l’intérêt soir grand, comme (j’imagine) l’héritage convoité dans ce cas présent.

    12. Il semble que Louis XI avait accordé la noblesse aux descendants des maires et échevins d’Angers, d’où l’intérêt de faire commencer la généalogie Grimaudet par Raoullet, échevin en 1504 …
      à condition de faire dsiparaître le métier
      Mais ce Raoullet Grimaudet n’étant pas, comme la brillamment prouvé OH, l’ancêtre des Grimaudet de Rochebouët, ce vandalisme était inutile !

        Note d’Odile :
        et dans la foulée, j’ai l’intention de vous refaire un point sur le métier d’apothicaire en 1490, car il était fort différent de celui de 1600 puisque les produits exotiques divers n’étaient pas encore tous connus et importés.

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