Contrat de mariage de René Gabory et Renée Bernier, Loiré 1613

Je suis assez surprise de ce contrat de mariage, car le marié ne sait pas signer alors qu’il est d’une famille aisée. Mieux, son frère, qui gère manifestement les biens pour lui, ne lui laisse pas les biens en gestion, mais seulement gerera pour lui et lui versera une rente. C’est bien la première fois que je rencontre une telle clause.
Comme le frère est un important marchand fermier je suppose que le marié est moins doué ?

En outre, vous allez constater aux signatures que la mariée non plus ne sait signer, alors qu’il y a 2 signatures de femmes, ce qui est extraordinaire. En effet, généralement les contrats de mariage sont affaire d’hommes devant le notaire et s’il y alors signature de femme cela se limite à la mariée et les mères quand elles vivent. Mais ici ce sont 2 dames non citées ailleurs dans le texte, et je les suppose donc proches parentes, sans doute des tantes. Je connais le métier de tante et même de tante sans enfants, c’est bien pour cela que j’émets cette hypothèse.

    Voir ma page sur Loiré

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription de l’acte, avec mes commentaires habituels :
Le jeudi 11 septembre 1613 avant midy en la cour du roy notre sire à Angers par davant nous (Chuppé notaire) personnellement establyz honorable personne Jacques Bernier sieur de Noyer et Renée Bernier sa fille et de deffunte Charlotte Revers ? demeurant au bourg de Loyré d’une part,
et honorable homme Jean Gabory sieur de la Lande et René Gabory sieur de la Mere ? son frère lesdites les Gabory enfants et héritiers de deffunts Estienne Gabory et Marie Lecompte leur père et mère demeurant au lieu seigneurial de la Bigeottière paroisse du Bourg d’Iré d’autre part
auparavant aulcune bénédiction nuptiallle ont fait les accords et pactions conventions matrimonialles qui s’ensuivent c’est à savoir que ledit René Gabory avecques le voulloir et consentement dudit Jean Gabory sieur de la Lande a promis et promet de prendre à femme et espouse ladite Renée Bernier et ladite Renée Bernier avecques le pouvoir autorisation et consentement dudit Jacques Bernier son père et de honneste homme Guillaume Bernier sieur de la Thenardaye son oncle et de ses autres parans de prendre à mary et espoux ladite Gabory et iceluy mariage sollemniser en fasse de notre mère ste église catholique apostolique et romaine si tost qu’un en sera requis par l’autre tout légitime esmpeschement cessant
en faveur duquel mariage lequel autrement n’eust esté fait et accomply ledit Jean Gabory sieur de la Lande a promis et demeure tenu faire valloir le bien dudit René Gabory son frère la somme de 3 000 livres tz à une foys payée tant en héritage que meubles et de rente et revenu annuel par chacun an deschargé de touttes charges et hypothecques la somme de 100 livres tz et le surplus en meubles qu’il a et peult avoir au payement desquels lesdits les Gabory se sont chacun d’eulx seul et pour le tout obligés et obligent
et pareillement ledit Bernier a promis promet et demeure tenu bailler à sadite fille la somme de 120 livres (en fait le coin de la feuille est mangé et on ne lit que le second terme « vingt ») tz par chacun an à prendre sur tous et chacuns ses biens tant meubles que immeubles et pour payement de laquelle il a spécialement arenté et hypotéqué arente et hypoteque le lieu et métairie de la Duroynièer située près le bourg dudit Loyré comme ils se poursuit et comporte ensemble sur tous et chacuns ses autres biens le premier payement commençant à la Toussaint prochainement venant en ung an et à continuer
et outre a ledit Bernier promis et promet bailler auxdits futurs conjoints dedans le jour des espousailles des meubles qu’il a et peult avoir jusques à la valeur de la somme de 600 livres tz ou ladite somme de 600 livres et abillera sadite fille d’abitz nuptiaulx honnestes suivant sa qualité
et moyennant ce que dessus ledit Bernier demeurera et demeure quitte de la redition du compte de la tutelle naturelle de sadite fille fors pour le regard des fruits ou fermes et jouissance des biens de ladite deffunte Charlotte Rever ? de ladite future espouse que ledit Bernier demeure tenu les en acquitter sans qu’ils en puissent estre tenus inquiéttés ny recherchés
et jouira ledit Bernier à l’advenir desdits héritaiges de sadite fille suivant et au desir du bénéfice d’inventaire ob… par ledit Bernier comme mary de ladite Charlotte Revers et comme père et tuteur naturel de ladite Renée Bernier sa fille
et ont lesdits les Gaborys assis et assigné assient et assignent droit de douaire coutumier cas de douayre advenant sur les biens dudit René Gabory qu’ils ont dit estre de la valleur de ladite somme de 100 livres tz de rente
le tout stipullé et accepté par lesdites parties, auquel traité accord promesse obligation et tout ce que dessus est dit tenir etc garantir respectivement en ce que lesdites parties sont tenus garantir etc obligent lesdites parties respectivement etc et mesmes lesdits les Gaborys chacun d’eulx seul et pour le tout sans division renonçant au bénéfice de division discussion et d’ordre etc et par deffaut etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Loyré maison dudit Bernier en présence de René Cerbert marchand demeurant à la Ricoullaye et Jean Gaultier demeurant au bourg dudit Loyré tesmoings à ce requis et appelés
ladite Bernier et ledit Gaultier ont dit ne savoir signer
ledit René Gabory a dit ne savoir signer

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

9 réponses sur “Contrat de mariage de René Gabory et Renée Bernier, Loiré 1613

  1. Bonjour Madame,

    Merci pour cet apport.

    René Gabory est sieur le la Noue et des Noyers à Loiré, terre dont héritera sa fille Henrie, née le 9 juin 1623 et mariée à Loiré le 31 janvier 1642 avec Louis Serain, écuyer, dont Hillaire Serin sieur des Noyers et de la Motte-Cesbron, marié avec Marie françoise de Scépeaux, dont Marie Elisabeth, qui apporte la terre de Noyers à son mari Pierre Du Mortier.

    Doit-on penser que les Noyers est entrée dans la famille Gabory par les Bernier?

    L’ainé de la fratrie Gabory serait Pierre, fermier de la terre et seigneurie de la Bigeottière au Bourg d’Iré, marié avec Charlotte Jarry dont une fille Françoise, née au Bourg d’Iré le 4 décembre 1629 (peut-être, à confirmer, celle qui épouse Urbain Turpin).

    La Bigeottière me semble avoir été une grosse PME, ou ccopérative, où l’on retrouve parmi les gestionnaires plusieurs familles, souvent alliées, entre autres Pihu (Cf. Guillaume Pihu, sr de la Grée) et Gabory, et peut-être même mathurin Robert, sr de la Ténaudière, dont les fonctions devaient sans doute graviter autour de la gestion de cette importante seigneurie tenue par la famille de Laval au XVIe siècle.

    Cordialement

      réponse d’Odile

    Merci pour l’identification de terme illisible dans l’écriture totalement épouvantable de ce notaire. On pourrait d’ailleurs plus lire NOUE que NOYER.
    Je vous signale que la Bigeottière, au cas où vous auriez le loisir d’aller aux AD49, est dans le chartrier de Challain la Potherie, puisque la dernière propriétaire était propriétaire aussi de Challain. Il comporte plus de 40 cartons, mais de mon temps il était en cours de classement et donc non communicable, et j’ignore si depuis il est enfin disponible.

    Pour ce qui est de l’origine de propriété des Noyers aliàs Noue, il y a deux mentions différentes dans cet acte, puisque le père est bien dit sieur des Noyers et René Gabory sieur de la Noue, et je vous prépare ces lignes pour les mettre ici d’ici quelques minutes


  2. Cet acte de Chuppé est plus lisible que les autres que j’ai mis ces jours ci.
    Vous constatez donc qu’au jour du mariage, le père de la future est « sieur des Noyers », et le futur est « sieur de la Noue », donc cela ferait référence à 2 terres différentes
    Par ailleurs, s’il est un peu plus lisible que les autres actes de Chuppé il est alambiqué car il commence par nommer le frère « Jean », sans préciser à quel titre il est le premier cité, car après avoir tout retranscrit je pense que Jean est plus âgé et gère pour son cadet ses biens.

  3. E.3952.(Carton.)-1 pièce,papier.
    XVIIIe siècle. SEREIN.
    -Note du feudiste Audouys sur la famille Serein,seigneur de La Motte en Loiré.
    (Série E.Titres de famille AD du Maine et Loire.C.Port.)

  4. Merci.

    En effet sur votre page sur Loiré, la Noue et les Noyers sont 2 terres distinctes, dont la première était déjà en possession de René Gabory lors de son mariage, la deuxième lui revenant après son mariage avec Renée Bernier, fille de Jacques bernier, sieur des Noyers

  5. Chère Madame,

    Je trouve votre travail remarquable, serait-il possible de vous contacter en privé (par mail ou téléphone), je souhaiterais vous faire part d’une histoire personnelle.

    Cordialement,

    Vanessa

      Réponse d’Odile :

    Si vous avez quelque chose à dire c’est uniquement sur ce blog ou rien.
    Je ne souhaite pas de contact personnel et je tiens à préserver ma vie privée.

  6. Bonjour
    Avez-vous le contrat de mariage de François Gabory fils de Pierre et Charlotte Jarry, passé à Nantes en 1666, sinon je peux aller vous le prendre
    Odile

  7. Bonjour Madame,

    Je vous remercie de votre proposition. Etant fort éloigné des centres des archives d’Angers et de Nantes, je me contente (ce qui est déjà très bien) des registres paroissiaux numérisés. Je n’ai pas le contrat dont vous parlez et j’ignorais d’ailleurs l’existence de ce François.
    Merci de m’orienter vers le Chartier de Challain-la-Potherie pour la Bigeotière.

    Cordialemement

  8. de la part de Jacques Rouziou, voici le registre paroissial de Nantes :

    Le mariage de NH François GABORY, S. de la Salle, fils de défunts NG Pierre GABORY et de Charlotte JARRY, majeur, maison de la Salle, paroisse de Challain en Anjou, maintenant à Nantes, et
    Marguerite BOURGEOIS, fille de défunts NG Jean BOURGEOIS, vivant S. des Champlieux, Avocat à la Cour et de Anne PIGEAUD, Nantes Ste-Croix.

    est célébré le 02/03/1666 en l’église Ste-Croix de Nantes en présence, entre autres, de Mes. Urbain TURPIN et de Pierre JOULNEAUX, beaux-frères du marié.

    Le contrat de mariage suivra bien plus tard car les fêtes sont là !
    Odile

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