Suzanne Lepron veuve Bodard, mon ancêtre, va mourir, et s’inquiète de son fils infirme et de l’entente entre ses enfants, La Chapelle sur Oudon 1708

Je poursuis mon travail sur les Bodard car j’en ai dans mes ascendants. Suzanne Lespron est l’une de mes « grands mères » très chéries, car vous allez voir qu’elle s’occupe, très inquiète, de son fils infirme après sa mort, et met tout en oeuvre pour qu’il ne soit pas oublié, et j’ai trouvé il y a 20 ans tant d’actes de Suzanne Lespron, que je reviens dessus.

Donc, beaucoup d’actes la concerne en particulier entre 1708 et 1711. Ici, je vous mets un inventaire fait par elle des meubles qu’elle possède, mais le plus étonnant, et même très étonnant, c’est qu’elle est dit « vivant chez son gendre Juteau et non chez elle », or, vous allez voir qu’elle a autant de meubles que s’il était dans une maison à elle, avec tout un tas d’instruments de cuisine, d’artisanat, etc… et tout son stoc de fil, etc… et même des fûts. Or, dans les innombrables inventaires que j’ai dépouillés, les veuves ou veufs, en fin de vie, vivant chez l’un de leurs enfants, ne possédaient plus que leur lit car ils avaient déjà tout donné de leur vivant à leurs enfants. Donc l’acte qui suit mérite qu’on s’y intéresse, car il sort beaucoup de l’ordinaire.

Cet acte est important pour moi, car c’est la première génération qui sait signer, enfin seuls les hommes, mais c’est déjà un progrès, et on doit sans doute ce progrès précisément à Suzanne Lespron leur mère.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E32 – Voici ma retranscription rapide mais efficace  :
« Le 11 septembre 1708 avant midy, par devant nous Claude Bouvet notaire royal résidant à Segré, fut présente en sa personne, establie et duement soumise h. personne Suzanne Lepron veuve de deffunt Jean Bodard vivant maréchal en œuvres blanches demeurant au village de Vrezée à La Chapelle-sur-Oudon, détenue au lit malade mais par la grâce de Dieu saine d’esprit et de mémoire et d’entendement, laquelle craignant qu’après sa mort ses enfants vinssent du différent entre eux à cause des meubles qui sont en la maison de Jacques Justeau maréchal en œuvres blanches son gendre où elle est détenue malade, pour y obvier elle déclare avoir les meubles qui suivent :
Un lit garni où elle est à présent gisante dont le demi-tour est de tiretaine garni de frange et frangette de soie, une couverture blanche plus que demie usée, une couette, un traverslit, et un oreiller le tout ensouillé de couetty, paillasse et charlit
Une paire de presses de bois de pommier fermante à deux fenêtres, et de clef, (presses ou paire de presses : de la Bretagne à la Normandie, espèce d’armoire basse à 2 vantaux, généralement dépourvue de tablettes, mais qui comprend 2 tiroirs à la partie supérieure. On y met des vêtements)
Un bois de couchette couette et paillasse
Un traverslit de peu de valeur,
Une table ronde de bois de noyer,
Un charlit de bois de noyer (noier), une couette ensouillée de couetty et un traverslit ensouillé de toille,
Une poisle à frire, un grand poislon, et une passette d’airain, un rond aussi d’airain, une marmitte de fer avec son couvercle d’airain, deux petits chaudrons percés, et un autre petit chaudron, le tout de cuivre,
2 petits chenets, une crémaillère (cramaillère), une broche à rostir, le tout de fer,
Un vieil cabinet,
Une vieille huche,
2 lampes et deux chandeliers de potin, l’une desquelles lampes est raccommodée de fer,
19 livres d’étain, tant creux (f2) que plat,
8 draps de toille de brin et reparon, dont 2 usés, 14 chemises à l’usage de ladite établie, desquelles il y a 9 presque neuves, et les autres plus demi-usées,
3 nappes de brin, une demi-douzaine d’essuis mains,
3 souilles d’oreillers, et 4 serviettes,
16,5 livres de laine filée laquelle laine ladite établie déclare employer à faire faire de l’étoffe estamine,
Un autre bois de couchette garnie d’une couette, 1 traverslit, un méchant lodier et paillasse qu’elle désire relaisser à Pierre Bodard son fils, qui y est gisant infirme,
6 chaises de bois foncées de jonc desquelles il y une de bois de chêne,
2 futs de pippe de peu de valeur,
1 fut de busse et quart de pippe, 1 rouet à filer, 1 saloire (salouer) un vand à vanner, 1 crochet de fer, à bécher, le tout qu’elle veut être partager entre sesdits enfants après son décès, ce que ledit Jousteau et Suzanne Bodard sa femme ont reconnu devant nous avoir vu en ladite maison, voulant au surplus ladite Lespron que son testament passé devant †Me René Guyon notaire royal audit Segré le 27.11.1703 soit exécuté selon sa forme … Laquelle exhorte sesdits enfants de discuter leurs droits dépendant (f°3) des biens qu’elle leur relaisse le plus pacifiquement que faire se pourra. Fait et passé au village de Vrezée maison dudit Jousteau en présence de François Bodard marchand et de Jean Bodard maréchal en œuvres blanches enfants et gendre de ladite établie, et encore de François Bodard Me cordonnier et Louis Bigot tailleur d’habits à Segré témoins. Lesdits Lespron et Jean Bodard et Jureau et femme ont déclaré ne savoir signer. – Et à l’égard du louage de la chambre qu’elle occupe chez ledit Justeau et femme, ils ont convenu entre eux et ladite Lespron s’oblige leur payer de louage par chacun an 4 L, et entretiendra ladite chambre bien carrelée »

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