Rabais du prix de la ferme des Essarts pour dégâts causés par les gens de guerre, Loiré, 1591

Nous avons déjà vu qu’un notaire royal d’Angers se déplaçait parfois en campagne, en voici un cas. D’ailleurs, sur cet acte une transaction délicate, à laquelle assistent 3 témoins, et non 2 comme d’habitude. Manifestement le notaire a eu à visiter les lieux, et se rendre compte sur place des dégâts prétendus par le fermier.

J’ai trouvé quelques actes de transaction pour rabais du prix de ferme, suite aux dégâts causés par le passage des troupes durant les guerres de religion, qui ont été durement ressenties à plusieurs périodes en Haut-Anjou. J’ai également remarqué que suite à ces demandes de rabais, quelques bailleurs, faisaient ajouter dans le bail à ferme une clause excluant le rabais pour passage des gens de guerre.

    Remarquez, je vous invite sur ce point à relire les innombrables feuillets de votre assurance maison, imprimés en petits caractères, pour voir si vous-même êtes assurés en cas de guerre… Donc, l’acte qui suit est un sujet délicat…

L’acte est passé en la maison seigneuriale de Roche d’Iré, qui est située à Loiré, donc c’est bien là que vit René d’Andigné, car c’est vers lui que tout ce petit monde s’est déplacé, étant le plus haut placé.

Je m’étonne de cette résidence sur 2 points :

    la Roche d’iré appartient à la famille de Laval, puis de la Tremouille durant tout le 16e siècle (selon le Dict. de C. Port)

    les Essarts, sont situés à Angrie, et si René d’Andigné avait habité cette maison seigneuriale, il serait dit dans l’acte « demeurant à Angrie » et l’acte aurait été passé aux Essarts.

René d’Andigné est alors âgé d’environ 70 ans, puis, il ira mourir à Saint-Georges sur Loire en 1598, 8 ans après ce bail. Je ne m’explique pas comment il vit à la Roche-d’Iré en 1591 ?

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription de l’acte : Le 9 septembre 1591 après midi, en la court du roy nostre sire Angers endroit par devant nous (Chuppé notaire) personnellement establiz noble homme René d’Andigné Sr des Essarts et de la Travellaye demeurant en la paroisse de Loyré d’une part

Selon M. A. d’Andigné dans « Généalogie de la maison d’Andigné », René d’Andigné, né vers 1520, avait épousé vers 1552 Charlotte de Rayne, fille de Geoffroy de Rayne, chevalier, seigneur du Bamboureau, du Haut-Froulay en la paroisse du Pas, au Maine et de Marie de Montesson, elle-même fille d’Etienne, chevalier seigneur de Montesson en la paroisse de Bais, et de Jeanne Le Verrier.
Le même ouvrage indique que Charlotte de Rayne avait apporté la Tireulaie.
Il existe bien une Tirlaie à La Pouèze, sans plus de détails dans le Dict. du Maine et Loire de C. Port.

En conclusion, je n’ai pu identifier ce lieu apporté à René d’Andigné par son épouse Charlotte de Rayne dont les attaches sont du côté de Bais en Mayenne. Sur cet acte de 1591, René d’Andigné est dit sieur de la Travellaye.

château de Montesson, Bais, Mayenne, collections privées, reproduction iterdite
château de Montesson, Bais, Mayenne, collections privées, reproduction iterdite

Après cette disgression, je reprends la suite de la retranscription exacte de l’acte :
et honneste homme Guillaume Pihu Sr de la Grée demeurant en la paroisse du Bourg d’Yré d’autre part
soubzmettant etc confessent etc avoir aujourd’huy accordé et transigé entre eux en la manière que s’ensuit touchant le payement de la femme dudit lieu des Essarts de l’année dernière 1590 due au terme de Noël et de St Jean Baptiste passés, que ledit Pihu a dict avoir fait plusieurs pertes en ladite ferme tant de fruits desdites choses par les gens de guerre sur lesquelles choses ont accordé comme s’ensuit
c’est à savoir que pour le regard des diminutions et rabais prétendus par ledit Pihu pour ladite année est accordé que ledit Pihu demeure quitte de la somme de 50 écus à déduire sur ladite ferme de ladite année pour ledit rabais par luy prétendu, et pour le payement du surplus montant 200 écus est demeuré tenu ledit Pihu payer audit sieur dedans demain prochain la somme de cent escuz sol en la maison seigneuriale de Roche d’Iré,
et lesdits 100 écus pour ledit reste d’huy en ung mois prochain venant le tout stipullé et accepté par les parties et sans préjudice des droits des parties pour le regard des autres années précédentes, ensemble pour l’année présente, qui est à eschoir suivant ledit bail à ferme fait entre eux
audit accord et transaction et tout ce que dessus tenir etc obligent lesdites parties et mesmes les biens dudit Pihu à prendre vendre etc
fait passé au lieu et maison de Roche d’Iré ès présence de noble homme Julien Delorme sieur de Bretignolle, honorables hommes Me Balthazard Du Lac et Jacques Bernier demeurant audit Loyré tesmoings

Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci de laisser un commentaire sur ce blog.

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