Un seul et même prénom, parfois féminin, et plusieurs saints porteurs de ce nom Ancelmus, mais le plus célèbre est l’archevêque de Cantorbery. Voici quelques actes montrant le prénom :
Le Louroux-Béconnais : « Le XXVIIe jour dudit moys (août 1556) fut baptizée Perrine fille de Jehan Rabin de la Roussaye et de Jacquine Hallet sa femme parrain Pierre Besruau maraine Joye femme de Thibault Templer Jehanne fille de Jehanne Lyvenaye par frère Anseaulme Prioulleau religieux de Pontron » v°148-164
« Audit jour (30 août 1555) fut baptizée Anceaulme fille de Gilles Gratien et de Jehanne Beaunes sa femme parrain vénérable personne François Anceaulme Prioulleau religieux de Pontortran marraines Marye Beaunes femme de Robert Perier et Guyonne Herbert femme de Jehan Lermitte par Dubreil » v°143-164
Et voici la biographie des saints, selon l’encyclopédie Migne :
ANSELME ( saint ), Anselmus, premier abbé de Nonantola, dans le duché de Modène, florissait sur la fin du VIIIe siècle et mourut en 803. — 3 mars.
ANSELME (saint), évêque de Lucques et confesseur, était neveu du pape Alexandre Il, et naquit à Mantoue, au commencement du XIe siècle. Il se livra d’abord à l’étude de la grammaire et de la dialectique ; il embrassa ensuite l’état ecclésiastique, et s’appliqua avec ardeur à l’étude de la théologie et du droit canon, dans lesquels il fit de grands progrès. Badage, évêque de Lucques, son oncle, étant devenu pape en 1061 sous le nom d’Alexandre Il, le nomma au siége qu’il venait de quitter et l’envoya en Allemagne pour y recevoir, des mains de l’empereur Henri IV, l’investiture de son siége, selon l’usage de ce temps ; mais Anselme revint sans avoir voulu la recevoir aux conditions que lui proposait l’empereur, persuadé que ce n’était pas à la puissance séculière à conférer ainsi les dignités ecclésiastiques. Ayant été sacré par Grégoire VII en 1073, il consentit enfin à recevoir de Henri l’anneau et la crosse ; mais il en eut des scrupules quelque temps après, et il alla se faire moine à Cluny ; il fallut un ordre du pape pour lui faire reprendre le gouvernement de son diocèse. De retour à Lucques, il voulut, en 1079, obliger les chanoines de sa cathédrale à la vie commune, conformément à un décret du pape Léon IX. La comtesse Mathilde, souveraine de Lucques et d’une grande partie de la Toscane, le secondait dans cette entreprise ; mais il ne put vaincre la résistance des chanoines, quoiqu’il eût déployé toute la sévérité des peines canoniques. Les chanoines se révoltèrent et excitèrentune sédition contre l’évéque, qui fut forcé de sortir de Lucques : il se retira auprès de la comtesse Mathilde, dont il était le directeur. Le pape ne le laissa pas longtemps dans la retraite qu’il s’était choisie : il le fit son légat en Lombardie, et le chargea de la conduite de plusieurs diocèses, que la fameuse querelle entre l’empire et le saint-siège, au sujet des investitures, avait laissés sans pasteurs. Il mourut à Mantoue le 18 mars 1086, et sa sainteté fut bientôt attestée par de nombreux miracles. Il en avait déjà opéré plusieurs de son vivant, ce qui l’a fait honorer d’un culte public en Italie et choisir par la ville de Mantoue pour son patron. Il était d’une vaste érudition et lorsqu’on le questionnait sur quelque passage de l’Ecriture sainte, qu’il savait tout entière, par coeur, il exposait, sur-le-champ, comment chaque saint Père l’avait expliqué. Parmi les ouvrages qu’il a laissés, nous citerons l’Apologie pour Grégoire VII, l’Explication des Lamentations de Jérémie, une Collection de canons, la Réfutation des prétentions de l’antipape Guibert, et l’Explication des Psaumes: il entreprit ce dernier ouvrage à la prière dé la comtesse Mathilde, mais la mort ne lui permit pas de l’achever. — 18 mars.
ANSELME (saint), archevêque de Cantorbéry, né à Aoste en Piémont, l’an 1033, était fils de Gondulphe et d’Ermengarde, l’un et l’autre d’une famille noble et considérée dans le pays. Formé à la piété par sa vertueuse mère et instruit dans les sciences par d’habiles maîtres, il prit à l’âge de quinze ans la résolution d’embrasser l’état monastique ; mais l’abbé auquel il se présenta refusa de l’admettre dans son monastère, parce qu’il craignait le ressentiment de Gondulphe. Anselme ayant perdu sa mère, négligea peu à peu ses exercices de piété et tomba insensiblement dans la tiédeur. Il alla plus loin, et se livra aux désordres d’un monde corrompu ; il finit même par perdre le goût de l’étude. Revenu à Dieu plus tard, il ne cessa de déplorer les égarements de sa jeunesse qu’il a retracés dans ses Méditations avec les sentiments de la plus vive componction. Son père, irrité de son inconduite, l’avait pris en aversion. Anselme, après son retour à la vertu, voyant qu’il ne pouvait le fléchir et qu’il était même souvent en butte à de mauvais traitements, quitta la maison paternelle et sa patrie, et vint en Bourgogne où il reprit avec ardeur le cours de ses études. Après trois ans de séjour dans cette province, il se rendit à l’abbaye du Bec pour prendre des leçons du célèbre Lanfranc, qui en était prieur, et qui sut le distinguer de ses autres disciples. Il conçut bientôt pour lui une véritable affection. Gondulphe étant mort, Anselme hésita quelque temps sur le choix d’un état. Tantôt il était d’avis de rester dans le monde et d’employer sa fortune en bonnes oeuvres; tantôt il inclinait pour la solitude, comme un moyen plus sûr de se sanctifier. Au milieu de ces perplexités, il pria Lanfranc de l’aider de ses conseils; mais celui-ci, craignant de trop écouter l’affection qu’il avait pour Anselme, le renvoya à Mauirille, archevêque de Rouen, qui lui conseilla d’entrer dans l’ordre de Saint-Benoît. Il prit donc l’habit dans l’abbaye du Bec, alors gouvernée par l’abbé Herluin, et il fit profession en 1060, étant âgé de vingt-sept ans. Trois ans après, il remplaça Lanfranc dans la dignité de prieur.
Sa jeunesse excita d’abord quelques murmures, mais par sa douceur et sa patience il vint à bout de gagner l’affection de toute la communauté. Il eut aussi le bonheur de retirer du déréglement et de faire rentrer dans les voies de la perfection un jeune moine nommé Osbern. Il avait un talent tout particulier pour connaître ce qu’il y avait de plus intime dans le coeur, et l’on eût dit qu’il lisait dans l’intérieur de chacun, ce qui lui servait beaucoup pour la conduite des âmes. La bonté, la charité tempéraient la rigueur des remèdes qu’il lui fallait employer quelquefois ; car il n’était pas partisan de la sévérité, surtout envers les jeunes religieux. Un abbé du voisinage, qui était d’un avis différent sur ce point, ne l’eut pas plus tôt entendu, qu’il résolut de l’imiter, et l’expérience lui prouva qu’il avait bien fait. Les nombreuses occupations attachées à la charge de prieur n’empêchaient point Anselme de s’appliquer à la théologie. Tour de l'abbaye du Bec-HellouinL’Ecriture et la Tradition étaient ses guides dans l’étude de cette science sur laquelle il composa des ouvrages qui portèrent au loin sa réputation et attirèrent beaucoup de personnes à l’abbaye du Bec. Saint Anselme de Cantorbery - http://www.abbayedubec.com/Hennin étant mort en 1078, Anselme, élu pour le remplacer, ne consentit que difficilement à son élection. Il confia la gestion du temporel de l’abbaye à des religieux versés dans cette partie, afin d’avoir plus de temps à donner au gouvernement spirituel. Comme la maison du Bec avait des propriétés en Angleterre, il y fit quelques voyages, ce qui lui fournissait l’occasion de revoir son ancien maître et ami Lanfranc, qui était devenu archevêque de Cantorbéry. Anselme recevait de la part des Anglais, lorsqu’il se trouvait dans leur île, des marques éclatantes d’estime et de vénération ; la noblesse et le clergé s’empressaient à l’envi de lui être utile; le roi lui-même, qui était si peu accessible à ses sujets, s’humanisait avec l’abbé du Bec. Anselme, de son côté, tâchait de se faire tout à tous et il faisait tourner au profit de la religion l’ascendant qu’il avait sur les coeurs. Hugues, comte de Chester, qui avait conçu pour lui une profonde vénération, étant tombé dangereusement malade en 1092, lui envoya coup sur coup trois courriers pour le prier de passer en Angleterre, afin de le consulter sur la fondation d’un monastère qu’il faisait bâtir à Chester, et pour mourir entre ses bras. Anselme, qui avait appris qu’on voulait le faire archevêque de Cantorbéry, ne se souciait pas d’entreprendre le voyage, mais le désir de procurer à un ancien ami les secours qu’il réclamait l’emporta. A son arrivée il trouva le comte guéri. Il fut cependant retenu cinq mois en Angleterre, tant pour les affaires de son abbaye que pour celles du monastère que Hugues fondait à Chester. Guillaume le Roux, qui avait succédé en 1087 à Guillaume le Conquérant, son père, s’emparait des biens de l’Eglise et s’appropriait les revenus des siéges vacants, et afin d’en jouir plus longtemps, il défendit de remplacer les évêques qui venaient à mourir. C’est ainsi que l’Eglise de Cantorbéry resta cinq ans sans pasteur, après la mort de Lanfranc. Guillaume avait juré que ce siége ne serait jamais rempli de son vivant; niais étant tombé malade à Glocester, la crainte des jugements de Dieu le fit rentrer en lui-même, et il promit, s’il guérissait, de réparer ses injustices envers les églises. Il commença par celle de Cantorbéry et y nomma Anselme. Ce choix fut approuvé de tout le monde, à l’exception du saint, qui alléguait son grand âge, sa mauvaise santé et son peu de capacité pour les affaires. Le roi, chagriné de ce refus, lui représenta que de son acceptation dépendait le salut de son âme : « Car je suis persuadé, disait-il, que Dieu ne me fera pas miséricorde, si le siège de Cantorbéry n’est pas rempli avant ma mort. » Les évêques et les seigneurs qui étaient présents joignirent leurs instances à celles du roi. « Si sous persistez dans votre refus, qui nous scandalise, dirent-ils à Anselme, vous serez responsable devant Dieu de tous les maux qui tomberont sur l’Eglise et sur le peuple d’Angleterre. » Ils le forcèrent à prendre la crosse, en présence du roi, et le portèrent ensuite à l’église, où ils chantèrent le Te Deum. Ceci arriva le 6 mars 1093.
Anselme, qui ne se rendait pas encore, finit enfin par accepter, mais à deux conditions : la première, que le roi rendrait à son église tous les biens qu’elle possédait du temps de son prédécesseur; la seconde, qu’il reconnaîtrait Urbain Il pour pape légitime. Les choses ainsi arrangées, il se laissa sacrer le 4 décembre. Guillaume, à peine guéri, oublia ses bons sentiments et ses promesses. Ayant demandé à ses sujets de nouveaux subsides, Anselme lui offrit 500 livres d’argent, dont le roi parut d’abord se contenter; mais bientôt après, il demanda encore à Anselme 1 000 livres. Le saint répondit qu’il ne pouvait donner cette somme, parce qu’il n’était pas permis de disposer du bien des pauvres. Il l’exhorta à permettre aux évêques de tenir des conciles, comme cela s’était toujours pratiqué, et à donner des supérieurs aux abbayes vacantes ; mais le prince lui répondit avec colère qu’il ne se dessaisirait pas plus des abbayes que de sa couronne. Il ne négligea rien pour le déposséder de son siége : il défendit aux prélats qui lui étaient dévoués de le regarder comme archevêque et de lui obéir comme primat, alléguant pour raison qu’Anselme, pendant le schisme, avait été soumis à Urbain II, qui n’était point encore reconnu en Angleterre. Il essaya ensuite de gagner la noblesse; mais la plupart des seigneurs répondirent qu’Anselme étant archevêque de Cantorbéry. et primat du royaume, ils lui obéiraient dans les choses de la religion; que leur conscience ne leur permettait pas de se soustraire à une autorité légitime, vu surtout que celui qui l’exerçait n’avait été convaincu d’aucun crime. Le roi, n’ayant pu réussir dans son projet, envoya à Rome un ambassadeur qui reconnut Urbain, espérant, par cette démarche, mettre le pape dans ses intérêts et l’engager à se réunir à lui contre l’archevêque ; il lui offrit même une pension annuelle sur l’Angleterre, s’il voulait le déposer. Urbain envoya sur les lieux un légat qui déclara au roi que la chose ne pouvait se faire. Anselme, qui ignorait la trame ourdie contre lui, reçut du légat le pallium que le pape lui envoyait. Il écrivit à Urbain pour l’en remercier, et dans sa lettre il se plaint de la pesanteur du fardeau qu’on lui avait imposé, et témoigne un vif regret d’avoir été arraché à sa chère solitude. Voyant que Guillaume cherchait de nouveau à usurper les biens de son Eglise, et que toutes ses représentations n’étaient pas écoutées, il demanda avec instance la permission de sorfir de l’Angleterre. Le roi la lui refusa par deux fois, et comme Anselme revenait à la charge, Guillaume lui déclara que s’il sortait de son royaume, il saisirait tous les revenus de son archevêché et qu’on ne le reconnaîtrait plus pour primat. Le saint, vivement affligé de l’oppression de son église qu’il ne pouvait plus empêcher, partit au mois d’octobre 1097, pour Rome, déguisé en pèlerin, et s’embarqua à Douvres avec deux moines, dont l’un était Eadmer, qui écrivit sa Vie. Arrivé en France, Il passa quelque temps à Cluny avec saint Hugues, qui en était abbé : de là il se rendit à Lyon, où l’archevêque Hugues lui fit un accueil distingué et le reçut avec de grandes marques de respect. Sa santé s’étant trouvée dérangée, il ne put partir de cette ville qu’au mois de mars de l’année suivante, ce qui fut un bonheur pour lui ; car s’il en fût parti plus tôt, il serait tombé dans les embûches que l’antipape Guibert lui avait dressées sur sa route, à la nouvelle de son voyage d’Italie. Le pape le reçut de la manière la plus honorable et le logea dans son propre palais. Anselme lui ayant appris tout ce qui s’était passé à son sujet, il lui promit sa protection, et écrivit au roi d’Angleterre une lettre très-forte pour l’engager à rétablir l’archevêque de Cantorbéry dans tous les droits dont ses prédécesseurs avaient joui. Anselme écrivit aussi, de son côté, afin de fléchir Guillaume. Comme l’air de Rome était contraire à sa santé, il n’y resta que dix jours, et se retira dans le monastère de Saint-Sauveur en Calabre, où il acheva l’ouvrage intitulé : Pourquoi le Fils de Dieu s’est-il fait homme?
Charmé de sa nouvelle solitude, et n’espérant plus pouvoir jamais faire aucun bien à Cantorbéry, il pria le pape d’accepter sa démission ; mais le pape lui répondit qu’un homme de cœur ne devait point abandonner son poste ; qu’il n’avait eu d’ailleurs à essuyer que des menaces et des duretés. Anselme répondit qu’il ne craignait pas les souffrances ni les tourments, qu’il ferait même volon- tiers le sacrifice de sa vie pour la cause de Dieu ; mais qu’il lui serait impossible de faire aucun bien dans un pays où l’on foulait aux pieds toutes les règles de la justice. li se soumit pourtant aux ordres d’Urbain, et en attendant, il alla demeurer à Sélanie, sur une montagne située près du monastère de Saint-Sauveur, et afin d’avoir le mérite de l’obéissance dans toutes ses actions, il demanda au pape pour supérieur Eadmer, qui ne l’avait pas quitté depuis son départ d’Angleterre. Il assista, au mois d’octobre de la même au-née (1098), au concile qu’Urbain II avait assemblé à Bari pour travailler à la réunion des Grecs. Ceux-ci ayant proposé leurs difficultés sur la procession du Saint-Esprit, embrouillaient la question par des longueurs interminables. Le pape, voulant mettre fin à ces disputes qui ne menaient à rien, s’écria : « Anselme, notre père et notre maître, où êtes-vous? » Il le fit asseoir près de lui et l’engagea à déployer ses talents, lui représentant que l’occasion était belle et que Dieu l’avait ménagé à dessein pour venger l’Eglise des attaques de ses ennemis. Le saint archevêque prit aussitôt la parole, et s’exprima avec tant de force et de solidité qu’il réduisit les Grecs au silence. Dès qu’il eut cessé de parler, tous les assistants dirent anathème à quiconque nierait que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. On passa ensuite à l’affaire du roi d’Angleterre : on parla fort au long de ses menées simoniaques, de ses injustices et de ses vexations envers l’Eglise, de ses persécutions envers l’archevêque de Cantorbéry, et de son opiniâtreté incorrigible malgré les fréquentes monitions qu’il avait reçues. Le concile fut d’avis d’agir avec la plus grande sévérité, et le pape allait prononcer contre lui une sentence d’excommunication, lorsque Anselme, se jetant à ses pieds, le conjura de ne point porter de censure. Cette démarche, en faveur d’un prince dont il avait tant à se plaindre, excita l’admiration de tout le concile, et l’on fit droit à sa demande. Après le concile; Anselme retourna avec le pape à Rome, où il recevait les témoignages les plus honorables de respect et d’affection. Les schismatiques eux-mêmes ne pouvaient refuser de rendre hommage à sa vertu et à son mérite. Il assista avec distinction au concile de Rome en 1099, et reprit ensuite la route de Lyon, où l’archevêque Hugues se faisait d’avance un plaisir de le recevoir. Il lui céda l’honneur d’officier dans son église, et le pria d’y exercer toutes les fonctions épiscopales, comme s’il eût été dans son propre diocèse. C’est dans cette ville qu’Anselme composa son livre de la Conception de la sainte Vierge et du péché originel. Après la mort d’Urbain, qui eut lieu au mois de juillet de la même année (1099), il écrivit à Pascal II, son successeur, pour l’instruire de son affaire, Il y avait déjà quelque temps qu’il était convaincu qu’il ne pourrait remonter sur son siége, tant que Guillaume vivrait, lorsqu’il apprit sa fin tragique, étant à l’abbaye de la Chaise-Dieu en Auvergne. Ce prince avait été tué à la chasse, sans avoir eu le temps de se reconnaître et sans avoir pu recevoir les sacrements de l’Eglise. Anselme pleura sa mort, dont les circonstances étaient si terribles aux yeux de la foi. Henri 1er frère et successeur de Guillaume le Roux, rappela le saint, qui partit sans délai pour l’Angleterre et débarqua à Douvres le 23 septembre 1100. Son retour causa une grande joie dans tout le royaume ; le roi le reçut avec bonté; tuais ces dispositions bienveillantes ne durèrent pas longtemps. Henri exigea qu’Anselme lui demandât l’investiture de sa dignité et lui rendît hommage pour son siége. Anselme s’y refusa, se fondant sur le dernier concile de Rome qui le défendait sous peine d’excommunication. Le roi ne se rendant pas, on convint de part et d’autre qu’on s’adresserait au pape à ce sujet. Mais dans l’intervalle, Henri se vit sur le point de perdre sa couronne. Robert, duc de Normandie, son frère aîné, à son retour de la terre sainte, résolut de faire valoir ses droits au trône d’Angleterre dont on avait disposé en faveur de Henri pendant son absence. Il leva une armée dans son duché, passa la Manche et marcha contre Henri. Celui-ci, à la vue du danger, qui le menaçait, fit les plus belles promesses à l’archevêque de Cantorbéry, s’engageant à suivre en tout ses conseils, protestant qu’il aurait toujours une déférence entière pour le saint-siége, et qu’il respecterait toujours les droits de l’Eglise. Anselme lui resta fidèle, et fit tout ce qu’il put pour arrêter les progrès de la révolte, représentant aux seigneurs qui avaient juré fidélité à Henri l’obligation de tenir leur serment. Il publia même une sentence d’excommunication contre Robert, qui était regardé comme un usurpateur, et bientôt la cause du roi prit une tournure plus favorable. Robert, avant fait sa paix avec son frère, retourna en Normandie. Le danger passé, le roi oublia les grandes obligations qu’il avait envers l’archevêque de Cantorbéry, ainsi que les promesses solennelles qu’il lui avait faites. Loin de rendre la liberté à l’Église d’Angleterre, il continua de s’arroger le droit de donner l’investiture des bénéfices. Le saint archevêque, de son côté, se montra ferme et refusa de sacrer les évêques nommés par le roi, contrairement aux règles canoniques. Il tint en 1102 un concile national dans l’église de Saint-Pierre, à Westminster, pour corriger les abus et pour rétablir la discipline ecclésiastique. La querelle des investitures s’envenimant de plus en plus, il fut enfin convenu qu’Anselme irait en personne consulter le pape sur cette question. Il s’embarqua, le 27 avril 1103, et se rendit à Rome, où le roi avait aussi envoyé un ambassadeur. Le pape, qui était Pascal II, ne fut point favorable à Henri; il porta même la peine d’excommunication contre ceux qui recevraient de lui l’investiture des dignités ecclésiastiques. Anselme se remit en chemin pour l’Angleterre; mais arrivé à Lyon, Henri lui fit défendre de rentrer dans son royaume, tant qu’il ne serait pas disposé à se soumettre. Il resta donc à Lyon, où l’archevêque Hugues, son ancien ami, s’efforça, par toutes sortes d’égards et de bons traitements, de lui faire oublier ses tribulations. Il se retira ensuite à l’abbaye du Bec, où le pape lui envoya une commission pour juger l’affaire de l’archevêque de Rouen, accusé de plusieurs crimes. Pascal lui permit aussi d’admettre à la communion ceux qui avaient reçu du roi l’investiture de leurs bénéfices. Henri fut si charmé de cette condescendance du pape, que, sur-le-champ, il envoya prier Anselme de revenir en Angleterre; mais une maladie grave ne lui permit pas de se rendre de suite aux désirs du roi. Après sa guérison, il retourna en Angleterre où il fut reçu comme en triomphe par tous les ordres du royaume et par la reine Mathilde, en l’absence du roi qui était alors en Normandie. Anselme, rendu à son siège, passa les dernières années de sa vie dans une langueur continuelle, et les six derniers mois qui précédèrent sa mort, il était tombé dans un tel état de faiblesse que, ne pouvant plus marcher, il se faisait porter tous les jours à l’église, pour y entendre la messe.
Il mourut le 21 avril 1109, âgé de soixante-seize ans, et fut enterré dans la cathédrale de Cantorbéry, où se sont opérés plusieurs miracles par son intercession. Clément XI, par un décret de 171), a placé saint Anselme parmi les docteurs de l’Eglise, et il méritait cet honneur par ses ouvrages en faveur de la religion. Les principaux sont : le Traité de la Procession du Saint-Esprit, contre les Grecs ; le Traité du Pain azyme et du pain levé, contre les mêmes ; le Monologue et le Prologue sur l’existence et les attributs de Dieu ; le Traité de la foi ce la Trinité et de l’Incarnation, contre Roscelin; les deux livres : Pourquoi le fils de Dieu s’est-il fait homme ? le Traité de la Conception virginale et du péché originel ; le livre de la Volonté de Dieu ; des Homélies au nombre de seize ; des Méditations au nombre de vingt et une ; des Oraisons ou prières au nombre de soixante-quatorze , et quatre livres de Lettres. On remarque dans ses écrits polémiques une connaissance profonde de la métaphysique et de la théologie, l’élévation des pensées et la solidité des raisonnements jointes à un style clair et précis; quant à ses ouvrages ascétiques, ils sont instructifs, édifiants, plein d’onction et d’un tendre amour pour Dieu, qui échauffe les coeurs: dans ses Méditations, il déplore avec la plus vive componction les égarements de sa jeunesse. — 21 avril.
Pâques était le 25 mars en 1554, et voici les prénoms Pasquier donné ce jour-là au Louroux-Béconnais :
« Le vingt et cinquiesme jour dudit moys jour et feste de Pasques l’an mil cinq cens cinquante et quatre fut baptizé Pasquyère fils de deffunt Pierre Salle et (blanc) Bodinyer sa femme quand il vivoyt parrains René Heulin et Guillaume Mangeard drappier marraine Thyephayne Legendre femme de Mathurin Joulayn par Dubreil » v°137-164
« Audit jour fut baptizée Pasquyère fille de Jehan Salmon et Jacquyne Brundeau sa femme parrain Gilles Pucelle marraines Jacquyne Hallet et Maturine Perrone femme de Gilles Rousseau par Dubreil » v°137-164
Et demain, nous avons notre rendez-vous mensuel des retranscriptions totales des registres du Louroux-Béconnais ! A demain !
Nous avons vu dimanche dernier le Dieu Fort, et le prénom Fort, et à la même époque, milieu 16e siècle, je rencontre au Louroux-Béconnais le prénom Drouet :
Le Louroux-Béconnais : « Le pénultieme jour dudit moys (mars 1562 n.s.) fut baptizé Jehan filz de Drouet Delaistre et Jehanne Thibault sa femme parrains Pierre Prichez et Jehan filz de Julien Leroy marraine (blanc) fille de Jehan Hallet tanneur par Dubreil » v°012-156
Il a bien existé un saint de ce nom, selon l’encyclopédie Migne, 19e siècle :
saint Drouaud ou Drouet, Droctoaldus, évêque d’Auxerre, florissait au commencement du 6e siècle. Il mourut en 1532 et il eut pour successeur saint Eleuthère. Fête le 8 novembre
Eleuthère est le prénom de nombreux saints, et voici celui qui succèda à Drouet à Auxerre :
saint Eleuthere, évêque d’Auxerre, succéda à saint Droctuald sur la fin de l’année 532. Il assista à plusieurs conciles qui se tinrent à Orléans vers le milieu du 6e siècle, et il eut une grande part aux sages règlements qui s’y firent sur la discipline. On croit qu’il mourut le 16 août 561, après un épiscopat de près de 29 ans. Fête le 16 août
J’ai des prénoms encore plus curieux sur Le Louroux-Béconnais, et je vous les ferai découvrir bientôt !
Si vous en rencontrez aussi en Anjou, n’hésitez pas à les signaler ici, ou sur une autre page de ce blog, en spécifiant sur quelle vue des registres paroissiaux, cette curiosité existe. Je m’efforcerai de répondre dans la mesure du possible.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen d’éthique des blogueurs, disponible sur le site du Parlement européen.
Hier j’avais découvert que le l’Epiphanie avait déserté le 6 janvier de nos ancêtres !
Et je vous ai promis de poursuivre avec le prénom Tiphaine. En effet, ce prénom est fêté le 6 janvier, jour de l’épiphanie (enfin, quand l’épiphanie est le 6 janvier, car depuis hier il semble que je sois en train de perdre le nord !)
Dans nos registres, au début du 17e siècle, le prénom Tiphaine semble le même qu’Epiphaine. Ainsi, Au Louroux-Béconnais :
« Le dixiesme jour du moys de fevrier l’an mil six cens deulx fut baptizée Olivier Letourneulx filz de Jacques Letourneulx et de Georgine Montembert sa femme parrain Olivier Letourneulx marraine Tieffaine femme de Jehan Bellanger par moy »
« Le huictiesme jour du moys de janvier mil six cens neuf fut inhumé le corps de deffunte Epifaine Gaudin veuve de deffunt Jehan Bellanger par moy »
Le dictionnaire des saints imaginaires et facétieux, de Jacques E. Merceron, éditions du Seuil, 2002,
Epihanie, aliàs Théophanie, Tiphaine, serait une sainte imaginaire, qui serait une corruption de la fête des Rois. D’aucun aurait même été jusqu’à dire que saint Tiphaine était mère des trois rois mages ! Les Belges pour leur part, auraient aussi créé cette sainte Epiphanie, vierge et martyre, aussi mère des trois Rois. De leur côté les Italiens, en particulier en Toscane, connaissent Beffania, ou Befana, qui correspond à la sainte franco-blege : elle venait rendre visite aux enfants le vaille des Rois et se confondait ainsi dans l’esprit du peuple avec la fête elle-même.
Les martirologes officiels ne connaissent aucune Epiphanie, aucune Tiphaine. Il connaissent des Epiphanes (vus hier) et des Théophanes, que voici, selon le Dictionnaire hagiographique de l’abbé Pétin, encyclopédie Migne, 19e siècle :
THEOPHANE (saint), Theophanes, confesseur en Orient, florissait dans le IVe siècle. Il est honoré chez les Grecs le 9 septembre.
THEOPHANE (saint), martyr à Constantinople, florissait sous l’empereur Léon l’Arménien, et était même employé à la cour de ce prince. Il déploya un grand zèle pour la défense des saintes images ; ce qui lui attira de violentes persécutions, et enfin la mort, l’an 780. — 4 décembre.
THEOPHANE (saint), abbé en Mysie, né vers le milieu du VIIIe siècle, était fils d’Isaac, gouverneur des îles de l’Archipel. Celui-ci, en mourant, nomma l’empereur Constantin Copronyme tuteur de son fils alors âgé de trois ans. Comme ce prince était le protecteur déclaré de l’hérésie des iconoclastes, la foi de son pupille aurait pu courir des dangers sans les soins d’un serviteur fidèle et dévoué, qui inspira de bonne heure à son jeune maître un vif attachement à la doctrine catholique. Lorsqu’il fut en âge de s’établir, quoiqu’il n’eût aucune inclination pour le mariage, il céda cependant aux instances qu’on lui faisait de prendre une épouse ; mais le jour même de ses noces il obtint de sa jeune compagne qu’ils vivraient comme frère et soeur, et ils s’engagèrent par voeu l’un et l’autre à garder une continence perpétuelle. Sa femme ayant embrassé peu après l’état religieux, Théophane, de sons côté, fonda en Mysie, où il avait de grands nieus, deux monastères, et il se chargea du gouvernement de l’un d’eux. Il était déja abbé lorsqu’il parut avec éclat au deuxième concile de Nicée, tenu en 787. Les Pères du concile admirèrent l’humilité et la modestie d’un homme qu’ils savaient avoir occupé à la cour un rang distingué, et ils furent pénétrés pour lui d’une profonde vénération lorsqu’ils l’entendirent parler avec autant de force que de dignité en faveur du culte des saintes images. Après la clôture du concile, Théophane retourna dans son monastère pour y continuer le cours de ses jeûnes et de ses pratiques de pénitence. Il portait toujours le cilice et couchait sur une natte, avec une pierre pour chevet : du pain bis et de l’eau faisaient toute sa nourriture. Un régime aussi austère dérangea sa santé, naturellement faible, et dès l’âge de cinquante ans il éprouva des atteintes de la pierre et d’une colique néphrétique. Léon l’Arménien étant devenu empereur en 813, renouvela, l’année suivante, la persécution des iconoclastes, et proscrivit les saintes images, dont le culte avait été rétabli par les décrets des Pères de Nicée et par les soins de l’impératrice Irène. Comme il savait que Théophane jouissait d’une haute considération parmi les orthodoxes, il mit tout en oeuvre pour le gagner, et il l’invita à venir à Constantinople. Lorsqu’il y fut arrivé, il lui fit remettre une lettre ainsi conçue : Vos dispositions pacifiques me donnent lieu de croire que vous vous êtes rendu ici dans le dessein de confirmer par votre suffrage mes sentiments sur la matière en question. Ce sera le moyen de mériter ma faveur, et d’obtenir pour vous, pour vos parents et pour votre monastère toutes les grâces qu’il est au pouvoir d’un empereur d’accorder. Si au contraire vous refusez d’entrer dans mes vues, sachez que vous encourrez mon indignation, et que vouts en sentirez tout le poids, vous et les vôtres.
Le saint abbé lui fit cette réponse : Agé et infirme comme je suis, je n’ai gardé d’ambitionner maintenant des choses que j’ai méprisées pour Jésus-Christ il y a longtemps, lorsqu’il m’était facile d’en jouir. Quant à mon monastère et à mes amis, je remets leur sort entre les mains de Dieu. Au reste, si vous croyez m’épouvanter par vos menaces, comme on épouvante un enfant avec des verges, vous vous trompez. Je n’ai plus la force de marcher, il est vrai, et je suis accablé d’infirmités corporelles ; mais j’espère que Jésus-Christ me donnera le courage de souffrir, pour la défense de sa cause, tous les supplices qu’il vous plaira de me faire subir.
Léon, que cette réponse déconcertait, chargea plusieurs personnages importants de faire des instances auprès du saint, afin de l’amener à son sentiment ; mais leurs démarches restèrent sans effet. Alors l’empereur, furieux, le fit renfermer dans un cachot, où il resta deux ans, privé des choses les plus nécessaires à la vie ; et malgré sa vieillesse et ses infirmités, on lui donna jusqu’à trois cents coups de fouet. Tiré de sa prison en 818, pour être énvoyé en exil, il fut conduit dans l’île de Samothrace, où il mourut au bout de dix-sept jours, le 12 mars 818. Il s’est opéré plusieurs guérisons miraculeuses par la vertu de ses reliques. Saint Théophane a composé une Chronographie, ou Abrégé d’histoire, depuis l’an 284, ou finissait George le Syncelle, jusqu’en 813. Son style est un peu négligé, ce qu’il faut attribuer à ce que ses infirmités et sa prison ne lui permirent pas de mettre la dernière main à son ouvrage. — 12 mars.
THÉOPHANE ( saint ) , évêque de Nicée et confesseur, était frère de saint Théodore Grapt, avec lequel il fut élevé dans le monastère de Saint-Sabas en Palestine. Il accompagna son frère, qui avait été envoyé à Constantinople vers Léon l’Arménien, pour lui faire des représentations sur les maux qu’il causait à l’Eglise en protégeant les iconoclastes. L’empereur accueillit très mal cette députation, et après avoir fait battre les deux frères, il les exila dans une île du Pont-Eucin où ils eurent beaucoup à souffrir. Rendu à la liberté par Michel Le Bègue, successeur de Léon, il fut de nouveau exilé dans l’île d’Alphase, avec son frère, sous Théophile, fils de Michel. Rappelés à Constantinople deux ans après, Théophile les fit battre avec tant de violence, qu’ils faillirent tomber morts à ses pieds ; ensuite il les envoya a en prison. Quelques jours après il les fit venir, de nouveau en sa présence, et comme ils persévéraient dans leur refus de communiquer avec les iconoclastes, il leur lit graver sur le front et sur le visage douze vers où ils étaient traités de scélérats, infectés d’erreurs superstitieuses ; ensuite ils furent exilés à Apamée en Syrie, où Théodore mourut de ses souffrances. L’impératrice sainte Théodore ayant mis fin à la persécution et rétabli les saintes images, Théophane fut élu évêque de Nicée, et mourut eu 845. Les Grecs le surnomment le Poëte, à cause des hymnes qu’il avait composées en l’honneur de son frère et de divers autres saints. — 11 octobre et 27 décembre.
THÉOPHANE ( sainte) , Theophana, impératrice, était mariée à Léon VI, dit le Philosophe, qui monta sur le trône de Constantinople en 886, à peine âgé de vingt ans. Elle eut beaucoup à souffrir de ce prince sans moeurs, qui s’était épris d’une violente passion pour une femme nommée Zoé, aussi méchante que belle. Théophane trouva dans la piété la consolation de ses peines : elle passait ses jours à prier, à faire des aumônes, et Dieu la favorisa du don des miracles. Après douze ans de mariage elle mourut en 892, et son mari, qui avait épousé Zoé, ne sut appréçier sa première femme qu’après qu’il l’eut perdue. Il fit bâtir en son honneur une église à laquelle on dormi son nom. Les Grecs célèbrent sa fête le 16 décembre.
Pour sa part, le Dictionnaire des noms de baptême, de G. Beleze, 1863, dit que Thiphaine est le prénom Théophane.
Je pense avec lui, que le grec qui nous a donné Théophane, est à l’origine de Thiphaine. Si Tiphaine est une sainte inexistante, l’église catholique s’était contentée de tous les Epiphane et tous les Theophane, et avait donc assimilé Thiphaine à Théophane. Ainsi, l’honneur était sauf car n »oubliez jamais qu’autrefois l’église n’autorisait pas de noms de baptême qui ne soit celui d’un saint !
Et j’ai sur mon site la page du Rituel de Loire-Atlantique, avant la Révolution, qui donne les noms de baptême autorisés, en latin et en français.
Les prénoms ne furent pas toujours liés à un saint particulier.
Toussaint les invoquaient tous à la fois, excusez du peu.
Car autrefois, un prénom pour exister, devait être admis par l’église, et découler d’un saint.
Revenons à Toussaint, qui eut une forme ancienne, que j’ai beaucoup rencontrée, entre autres à La Cornuaille : Saincton , avec un C devant le T car autrefois SAINT s’écrivait SAINCT.
Je descends à La Cornuaille de Saincton Rabin, aliàs Toussaint Rabin
Je n’ai pas d’explication à la forme, mais ceci pour vous dire qu’au 16e siècle, parfois, les prénoms avaient une forme encore mal fixée, souvent parce qu’on sortait tout juste sur les actes de baptême du latin, et il existe ainsi beaucoup de formes achaïques de nos prénoms.
Seul le relevé exhaustif d’une paroisse, et la reconstitution de toutes les familles portant le même nom, permet de s’y retrouver avec fiabilité.
Fiabilité est un vilain mot en généalogie, que beaucoup ne connaissent pas… hélas ! Elle ne s’atteint qu’avec beaucoup de travail sur une paroisse et toute la reconstitution, pas le point par point qui sévit…
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Attention, je me lance dans un exercice perilleux !
Hier, nous avions une Eustesse Vallin veuve Lecomte. Il est vrai que la charmante, était déjà veuve en 1528, date du bail vu hier ! Elle est donc née il y a un demi-millénaire, et son prénom a eu le temps de changer de mode depuis !
La voici, et pour la lecture, reportez-vous à ma retranscription d’hier. Cliquez l’image pour agrandir – Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire..
Ce n’est pas la première fois que je rencontre cet étrange prénom !
Le vingt et cinquiesme jour de janvier en susdit (1610) a esté baptizée par moy curé de la Poueze soubzsigné Michelle fille de Marin Boumier et de Jullienne Lemelle sa femme fut parrain Michel Bourgeoys marraine Eutesse Delaysir fille de Jehan Delaysir. Je précise que malgré les courriels péremptoires qui m’ont adressé il y a 2 ans pas les gens de la Pouëze, pour me dire que je ne savais pas lire, car Boumier était Bouvier, je maintiens que lorsqu’on lit on doit impérativement compter les jambes, et que 3 jambes ne font jamais un V
Eustesse n’est pas Estelle ni Estèphe ni Eustaiche
Procédons par élimination :
il n’y a pas plus de L que de F que de CH, donc restons à Eustesse.
Dommage, car pour les Estelle et Estèphe et Eustache, c’était gâteau…
Tentons d’identifier une sainte
Plusieurs saints du nom d’Eustase aliàs Eustaise, du latin Eustasius, mais point de sainte. Mais le dictionnaire des noms de baptême, de G. Beleze, 1863, précise
Eustasie : même fête que pour saint Eustase
Les prénoms se terminant par …asie, ont pu avoir une forme ancienne an …aise, voir …aize, comme dans ORPHRAIZE, car lorsqu’on est passé du latin au français, cela n’a pas été rien… Pour ma part, je préfère conserver les formes anciennes, car elles font partie intégrante de celui ou celle que j’étudie.
les saints Eustase
Attention, il y en existe plusieurs, que voici, extraits de l’encyclopédie de l’abbé Migne, mais il faut retenir l’abbé de Luxueil, qui est le plus connu de tous.
EUSTASE (saint), Eustasius ou Eustralius, martyr à Sébaste en Arménie, arrêté pendant la persécution de Dioclétien, fut d’abord cruellement tourmenté sous le président Lysias, ensuite sous Agricolaüs, qui le fit jeter dans une fournaise ardente. Saint Blaise, évêque de Sébaste, recueillit avec respect ses ossements, et exécuta fidèlement ses dernières volontés. Ses reliques furent portées à Rome dans la suite, et placées dans l’église de Saint-Apollinaire. — 13 décembre.
EUSTASE (saint), était le septième évêque de Naples. Sa fête, qui ne remonte qu’à l’an 1616, fut établie à l’occasion de la découverte de ses reliques, arrivée cette année. —17 novembre. (Ce saint est à éliminer puisque notre Eustesse vivait avant lui ! Je le cite pour la forme.)
EUSTASE (saint), abbé de Luxeuil, d’une famille noble de Bourgogne, fut élevé dans la piété et dans les sciences par Miget ou Miet, évêque de Langres, son oncle. Sa vocation le portant vers l’état monastique, il se retira dans le monastère de Luxeuil, alors gouverné par saint Colomban. Il fit, sous un tel maître, de si grands progrès dans la perfection, qu’il fut jugé digne de lui succéder dans le gouvernement de son monastère, lorsque le saint fondateur de Luxeuil fut exilé par Thierri, roi de Bourgogne, en 610. Eustase se trouva à la tête de six cents moines, qui le regardaient tous comme leur père. Thierri étant mort, et Clotaire II s’étant emparé de ses Etats, envoya saint Eustase à Bobio en Italie, pour proposer à saint Colemban de revenir gouverner son monastère de Luxeuil. Mais il échoua dans sa mission, et, à son retour d’Italie, en 614, il se rendit à la cour de Clotaire, pour lui faire part de l’insuccès de ses instances auprès de son ancien supérieur. Comme il était accompagné de saint Chagnoald, alors religieux à Luxeuil, il s’arrêta quelques jours chez Agneric, père de celui-ci, qui demeurait près de Meaux et qui était un des principaux seigneurs d’Austrasie. Sainte rare, fille d’Agneric, qui se trouvait malade, découvrit au saint abbé la résolution qu’elle avait prise de consacrer à Dieu sa virginité. Eustase dit au père que la maladie de sa fille ne venait que de ce qu’il l’empêchait d’exécuter sa résolution, et qu’elle en mourrait s’il ne consentait à ses pieux désirs. S’étant alors mis en prières, il lui rendit la santé en faisant sur elle le signe de la croix. Ensuite il alla trouver Clotaire, et lui remit la lettre dans laquelle saint Colomban le priait d’excuser son refus de quitter Bebbio, où sa présence était nécessaire. Revenu à Luxeuil, son zèle ne se borna pas à l’enceinte de son monastère; mais il alla prêcher l’Evangile aux habitants de la Franche-Comté et de la Bavière, dont plusieurs étaient idolâtres ou hérétiques. La réputation de sa sainteté était si bien établie, qu’un grand nombre de saints, même parmi les évêques, ne se conduisaient que par ses avis. Il mourut en 625, et eut pour successeur saint Walbert. Dès avant le 13e siècle, son corps fut porté à Vergaville, aujourd’hui du diocèse de Nancy, ou l’on fonda un hôpital qui porta son nom. — 29 mars.
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