Retraite d’une veuve chez son gendre, Jacques Justeau, maréchal en oeuvres blanches, 1708

Meubles et location de la chambre, à La Chapelle-sur-Oudon, 49 (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

Après le décès de son époux Jean Bodard, maréchal en oeuvres blanches, Suzanne Lespron, mon ancêtre, s’était retirée chez son gendre Justeau, aussi maréchal en oeuvres blanches. Elle avait fait dresser la liste de ce qu’elle y avait emporté, et mieux, l’acte donne à la fin, le montant du loyer annuel versé à Justeau, 4 livres. Cet acte illustre le sort des veuves, et aussi le coût de la vie par des exemples concrets, ici le loyer de la chambre par an. Il nous livre également la présence d’un fils infirme.

Voici la retranscription de l’acte : Le 11 septembre 1708, dvt Claude Bouvet Nre Royal Segré, h. personne Suzanne Lespron veuve de †Jean Bodard vivant maréchal en œuvres blanches demeurant au village de Vrezée (c’est ainsi qu’on appelait autrefois la Verzée) à La Chapelle-sur-Oudon, gisant au lit malade mais par la grâce de Dieu saine d’esprit et de mémoire et d’entendement, laquelle craignant qu’après sa mort ses enfants vinssent du différent entre eux à cause des meubles qui sont en la maison de Jacques Justeau maréchal en œuvres blanches son gendre où elle est détenue malade, pour y obvier elle déclare avoir les meubles qui suivent

  • un lit garni où elle est à présent gisante dont le demi-tour est de Tirtainne garni de franche et franchette de soie, une couverture blanche plus que demie usée, une couette, un traverslit, et un oreiller le tout ensouillé de couetty, paillasse et charlit,
  • une paire de prisse (genre d’armoire) de pommier fermante à deux fenêtres, & de clef,
  • un bois de couchette couette et paillasse un traverslit de peu de valeur,
  • une table ronde de bois de noyer,
  • un charlit de bois de noyer (écrit noier), une couette ensouillée de couetty et un traverslit ensouillé de toille,
  • une poisle à frire, un grand poislon, et une passette d’airain, un rond aussi d’airain, une marmitte de fer avec son couvercle d’airain, deux petits chaudrons percés, et un autre petit chaudron, le tout de cuivre,
  • deux petits chenets, une crémaillère (écrit cramaillère), une broche à rostir, le tout de fer,
  • un vieil cabinet,
  • une vieille huche,
  • deux lampes et deux chandeliers de potin, l’une desquelles lampes est raccommodée de fer,
  • 19 livres d’étain, tant creux que plat, (c’est la vaisselle, toujours estimée au poids)
  • 8 draps de toille de brin et reparon, dont 2 usés,
  • 14 chemises à l’usage de ladite établie, desquelles il y a 9 presque neuves, et les autres plus demi-usées,
  • 3 nappes de brin,
  • une demi-douzaine d’essuismains,
  • 3 souilles d’oreillers, et 4 serviettes,
  • 16,5 livres de laine filée laquelle laine ladite établie déclare employer à faire faire de l’étoffe …,
  • plus 1 autre bois de couchette garnie d’une couette,
  • 1 traverslit, … lodier et paillasse qu’elle dérire relaisser à Pierre Bodard son fils, qui y est gisant infirme,
  • 6 chaises de bois foncées de jonc desquelles il y une de bois de chêne,
  • 2 futs de pippe de peu de valeur,
  • 1 fut de busse et quart de pippe,
  • 1 rouet à filer,
  • 1 saloire (écrit salouer) … à vanner, 1 crocher de fer, à pecher,
  • le tout qu’elle veut être partager entre sesdits enfants après son décès, ce que ledit Jousteau et Suzanne Bodard sa femme ont reconnu devant nous avoir vu en ladite maison,
    voulant au surplus ladite Lespron que son testament passé devant †Me René Guyon notaire royal audit Segré le 27.11.1703 soit exécuté selon sa forme … laquelle exhorte sesdits enfants de discuter leurs droits dépendant des biens qu’elle leur relaisse le plus pacifiquement que faire se pourra,
    fait et passé au village de Vrezée maison dudit Jousteau en présence de François Bodard marchand et de Jean Bodard maréchal en œuvres blanches enfants et gendre de ladite établie, et encore de François Bodard Me cordonnier et Louis Bigot tailleur d’habits à Segré,…
    et à l’égard du louage de la chambre qu’elle occupe chez ledit Justeau et femme, ils ont convenu entre eux et ladite Lespron s’oblige leur payer de louage par chacun an 4 L, et entretiendra ladite chambre bien carrelée (AD49)

    Si je compte bien, il y a 5 lits dans la pièce, et elle dort donc seule, son fils handicapé aussi, et sans doute une servante. C’est rare de voir autant de lits devenus individuels, je suppose que ce sont les lits qui ont fait toute la vie de Suzanne Lespron, devenus vides depuis le mariage de ses enfants et son veuvage, mais qu’elle a conservés jusqu’à la fin de ses jours. D’ailleurs, tout le reste semble bien être tout ce qu’elle avait du temps de son époux et dont elle ne se sépare pas encore. Il semble que la présence d’un fils handicapé a fait que ses enfants n’ont rien partagé de ses meubles de son vivant, car généralement, les veuves se ratatinent beaucoup.

    En ce WE de Pentecôte, vous vous reposez, mais préparez vous à un billet extraordinaire : Lors d’une succession, prenez une hôtellerie, un serrurier, un orfèvre… et vous allez vivre un moment haut en couleurs, rarissime dans un acte notarié… car vous pouvez ajouter une grande dose de mystère, mieux que dans n’importe quel roman.
    Je suis en train de le préparer, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

    A ce propos, savez-vous que ce site est visité par des auteurs, qui glanent la vie d’antan pour leurs écrits. Eh bien, ils ne vont pas être déçus, vous aussi d’ailleurs…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1690 : janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 2 janvier (1690) mourut monsieur Boylesve de la Mauricière ; il était extrêmement riche ; sa femme s’appelait Papin. Il avait deux filles ; l’aînée a épousé Mr de Genouillac conseiller au parlement de Paris, et l’autre est décédée laquelle avait épousé monsieur le comte de la Porte seigneur de la Thibaudière, dont il n’y a point d’enfant.
  • Le 10 (janvier 1690) Mr de Chantepie Leroyer, fils de feu Mr de Chantepie Leroyer, lieutenant en l’élection de cette ville, épousa la fille de Mr Coueffé, avocat et de la Delle Huchedé.
  • Le même jour (10 janvier 1690) la fille du feu Sr Crosnier Me chirurgien en cette ville épousa le Sr Lehoreau médécin à Nantes.
  • Le même jour (10 janvier 1690) la fille de Mr du Roger d’Angenay conseiller à la prévôté, épousa le Sr Drouet.
  • Le 11 (janvier 1690) monsieur Garsenlan auditeur des comptes en Bretagne, fils du Sr Garsenlan de la Perrière, cy-devant marchand en gros de bled, et de la dame Mestayer, épousa la fille de défunts monsieur de la Perrière Foussier conseiller au présidial de cette ville et de la dame Gardeau.
  • Dans ce mesme temps, mourut mademoiselle Poilpré. Son fils aîné a épousé la fille de feu Mr Muzard secrétaire de monsieur l’évêque d’Angers, et une fille a épousé le sieur Saget bourgeois. Elle s’appelait Gabrielle Bachelot.
  • Le 18 (janvier 1690) Mr Bonvallet veuf de la Delle Pasqueraye épousa la fille de Me Gilles Guilbault avocat.
  • Dans ce même temps, mourut la femme de monsieeur Gueniveau de Souvigné cy-devant procureur du Roy au siège de la prévôté de cette ville. Elle a laissé deux garçons ; elle tomba dans un petit ruisseau proche le clos des marchands ; elle s’appelait Girault.
  • Le 23 (janvier 1690) monsieur du Temple Erreau, procureur du Roy au siège de la prévôté de cette ville, fils de feu monsieur Erreau docteur régent ès loix et de la Delle Verdier, épousa la fille de feu monsieur Deroye conseiller au siège présidial et de la dame Talour.
  • Le 27 (janvier 1690) mourut le sieur Garciau commissaire au greffe civil du siège présidial de cette ville, âgé de 49 ans. Il a laissé plusieurs enfants ; l’aînée a épousé le Sr Paytrineau marchand de soie associé avec le Sr Geslin.
  • Le 29 (janvier 1689) Mr Voisin Sr du Sauzay, fils de monsieur Voysin, docteur régent ès loix, et de la feue Delle Toublanc, épousa la veuve du feu Sr Sourdrille de la Bachelotière, duquel mariage il y a quatre enfants. Elle s’appelle Boizourdy.
  • Le 31 (janvier 1690) le Sr Destriché de la Barre, épousa la fille du feu Sr de la Gallicheraye Coutard et de la dame Charon.
  • Le 2 février (1690) le Sr Dupas de la Grée épousa la fille du feu Sr Cadoz, clerc du palais.
  • Le 9 (février 1690) mourut monsieur Coutard de Narbonne, conseiller honoraire au siège de la prévôté de cette ville.
  • Le 15 (février 1690) mourut monsieur Martineau ; il avait autrefois été Me apothicaire en cette ville. Il n’a point laissé d’enfants.
  • Le 16 (février 1690) monsieur Voisin, docteur régent ès-loix, âgé de 74 ans, personne d’un mérite rare et distingué et d’une science très profonde. Il avait épousé la Delle Toublanc, dont il y a deux garçons ; le 1er a épousé la fille de Mr de la Porte Trochon, et l’autre Melle Boizourdy veuve de feu Mr de la Bachelotière Sourdrille de la ville de Château-Gontier.
  • Le 21 (février 1690) mourut monsieur Allard, banquier. Il a laissé plusieurs enfants d’un second mariage avec Melle Barbereau, et du premier avec Melle Lagouz, une fille unique mariée avec monsieur Delaunay, avocat.
  • Le 24 (février 1690) mourut monsieur Cordier avocat. Il a laissé un fils unique aussy avocat de son mariage avec Melle Saget. Il ne fréquentait point le barreau.
  • Le 16 mars (1690) mourut le Sr Doublard cy-devant marchand droguiste. Il avait épousé la dame Delorme, duquel mariage il a laissé 2 garçons qui sont avocats, dont l’aîné a épousé la fille du feu Sr Ponceau praticien au palais.
  • Le 17 (mars 1690) mourut la femme de monsieur Romain Sr du Perray bourgeois de cette ville. Elle s’appelait Lezineau ; elle n’a point laissé d’enfant.
  • Le 20 (mars 1690) mourut la femme du sieur Goussard marchand chapelier. Elle s’appelait Le Bannier.
  • Le 28 (mars 1690) mourut monsieur Gault Sr de Baubigné avocat au siège présidial de cette ville, fils de feu Mr Gault Sr de la Saunerie aussy avocat et de la Delle … Il était âgé de 39 ans ; il a épousé Melle Trioche de la Bétonnière.
  • Le 2 avril (1690) mourut la fille de monsieur Quelier de Marcé, lieutenant de prévôt de cette ville ; elle était veuve de feu Mr Legras de Laugeardière gentilhomme duquel mariage il n’y a point d’enfant.
  • Le 3 (avril 1690) mourut Mr Carré, fils de Mr Carré notaire royal en cette ville, mon cousin rémué de germain. Il avait épousé la fille du Sr Pouneau marchand à Saumur dont il n’y a point eu d’enfant. Il était âgé de 27 ans.
  • Le 9 (avril 1690) mourut le Sr Lemasson, fermier du temporel de l’abbaye de St Nicolas. Il avait épousé en premières noces madame Hodemon, tante de ma femme, laquelle était veuve du Sr Garsenlan et dont il n’y a point eu d’enfant, et en secondes il a épouse Madame Le Couz.
  • Le même jour (9 avril 1690) mourut mademoiselle Gontard âgée de 75 ans, femme de feu Mr Gontard avocat. Son fils aîné aussy avocat décédé, avait épouse Melle Primault dont il y a des enfants ; un autre aussy avocat a épousé Melle Chotard ; un autre est décédé archiprêtre de Juigné ; et une fille a épousé Mr Lebloy aussy avocat, laquelle est décédée et a laissé une fille.
  • Le 18 (avril 1690) mourut le Sr Deslandes, commis au greffe civil du siège présidial de cette ville. Il a été marié deux fois ; sa première femme fut frappée de Mr Leroyer de la Baronnière avocat, dont elle mourut, ce qui coûté plus de 3 000 livres ; elle s’appelait Antoinette Serrin, duquel mariage reste deux filles dont une a épousé la Sr Ragot. Il y a plusieurs enfants du second.
  • Le 19 (avril 1690) mourut monsieur Reimbault de la Foucherie, prêtre, curé de Beaupreau et chapelain en l’église de St Michel du Tertre. Il était très honnête homme et extrêmement zélé.
  • Le 4 (avril 1690) monsieur Boguais de la Boessière cy-devant avocat, se fit installer dans la charge d’assesseur de l’élection de cette ville. Il est neveu de ma femme.
  • Le mesme jour, monsieur Hiron se fit aussi installer dans la charge d’eleu, lesquelles deux charges sont de nouvelle création.
  • Le 1er may (1690) messieurs Poullain de la Forestrie et de la Mothe Marchand, furent élus échevins.
  • Le même jour mourut la veuve de feu monsieur Hunault de Marsillé ; elle s’appelait Billard.
  • Le 4 (mai 1690) mourut la femme du feu Sr Allard banquier ; elle s’appelait Desplantes Barbereau ; elle a laissé plusieurs enfants.
  • Le 5 (mai 1690) mourut Mr Jousselin docteur régent en médecine, âgé de 78 ans. Il était très habile dans sa profession. Il a laissé deux filles ; la première décédée avait épousé feu Mr de la Rousselière Thomas conseiller au présidial dont il y a des enfants ; et l’autre a épousé Mr Grandet aussy conseiller au présidial et à présent maire de cette ville.
  • Le 9 (mai 1690) Mr Boussac avocat fils de Mr Boussac aussy avocat et de la demoiselle Jamet, épousa la fille de défunt Mr de la Possardière Brichet aussy avocat et de la Delle Gaultier.
  • Le mesme jour (9 mai 1690) mourut Mr des Rousses Herbereau conseiller à la prévôté. Il avait épousé défunte Melle Esther Davy dont il y a plusieurs enfants.
  • Le 10 (mai 1690) mourut mademoiselle de la Barre Louvet.

  • Le 19 (mai 1690) monsieur de comte de Maillé de Bourmont et de Tourlandry mourut en se maison seigneuriale de St Jean des Mauvrais. Il était âgé de 36 ans ; il avait épousé en premières noces mademoiselle Teullin de Montrou dont il y a un enfant et en secondes madame …
  • Le 22 (mai 1690) le Sr Descamp Me chirurgien en cette ville, veuf de la dame Mezières, duquel mariage il y a deux enfants, épousa la fille du Sr Brunet marchand de dentelles.
  • Le 28 (mai 1690) mourut madame Janvier veuve ; elle a laissé quatre enfants dont l’aîné a été marchand de soie en cette ville, mais il tomba aussytost dans la disgrace ; il avait épousé défunte dame Roullier. Elle était âgée de 58 ans ; elle s’appelait…
  • Le 30 (mai 1690) monsieur Le Tourneux président en l’élection de cette ville, fils de Mr Le Tourneux docteur en médecine, et de la demoiselle Jarry, épousa la fille de monsieur Vaulaige Sr de Vaugirault et de la défunte Delle Talour.
  • Le 6 juin (1690) mourut la femme de feu monsieur de la Blanchardière Audouin conseiller au présidial ; elle s’appelait Goupil. Elle a laissé plusieurs enfants savoir un garçon prêtre, à présent curé de Gonnord, un autre cy-devant conseiller audit présidial, qui a épousé la fille de feu Mr Drouin notaire et une fille décédée qui a épousé Mr Bernard conseiller audit siège.
  • Le 7 (juin 1690) mourut le Sr Audouin marchand voiturier.
  • Le 8 mourut le Sr Defaye cy-devant huissier audiencier au présidial.
  • Le 9 (juin 1690) mourut le Sr Chouteau praticien. Il avait épousé en premières noces la fille du Sr Rigault de Cré dont il y a 3 enfants, et en secondes la fille du feu Sr Goubault Me chirurgien en cette ville, dont il n’y a point d’enfant.
  • Le 10 (juin 1690) monsieur Hameau du Marais, fils de Mr Hameau du Marais, bourgeois et de la Delle Grémont, se fit installer dans la charge de conseiller honoraire nouvellement créée par le Roy.
  • Le 13 (juin 1690) le fils de feu Mr de la Porte, receveur des consignations et cy-devant élu en l’élection de cette ville, épousa la fille de monsieur Rousseau de Pontigné conseiller au siège présidial de cette ville et de la défunte dame Butin.
  • Le 19 (juin 1690) le sieur Labbé de Château-Gontier épousa la fille du sieur Beguyer marchand.
  • Le 20 (juin 1690) mourut Mr Quelier de Marcé, lieutenant de prévôt.
  • Le 27 (juin 1690) mourut le Sr Coutard du Brossé marchand. Il avait épousé la fille du feu sieur Yvert, duquel mariage il y a plusieurs enfants.
    Le 29 (juin 1690) mourut le Sr Rodaye marchand de soie, âgé de 32 ans.
  • Le 26 (juin 1690) mourut monsieur du Chiron Davy, cy-devant conseiller au siège présidial de cette ville.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
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    Dispense de consanguinité, La Selle-Craonnaise (53), 1733 : Michel Boisseau et Jacquine Boisseau

    L’acte qui suit et extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    Voici la retranscription de l’acte : Le dernier jour d’août 1733, en vertu de la commission à nous adressée par monsieur l’abbé Le Gouvello vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 27 de ce mois, pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’on dessein de contracter Michel Boisseau veuf de Marie Douillard de la paroisse de La Selle, et Jacquine Boisseau veuve de Luc Lamy de la même paroisse, des raisons qu’ils ont demander dispense dudit empêchement, de l’âge desdites parties, et du bien précisément qu’elles peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties, savoir ledit Michel Boisseau, âgé de 32 ans et ladite Jacquine Boisseau âgée de 31 ans, accompagnés de François Giret et de Jean Lepron, cousins remués de germain dudit Michel Boisseau, de Jean Boisseau et François Giret frère et beau-frère de ladite Jacquine Boisseau, tous de ladite paroisse de La Selle, qui ont dit bien connaître lesdites parties ; et serment pris séparément des uns des autres, de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le rapport qu’ils nous ont fait, et les éclaircissements qu’ils nous ont donné, nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

    Michel Boisseau, a eu pour enfants

  • Michel Boisseau – 1er degré – André Boisseau
  • Pierre Boisseau – 2e degré – André Boisseau
  • Michel Boisseau, qui veut épouser Jacquine Boisseau – 3e degré – Jacquine Boisseau, du mariage de laquelle il s’agit
  • ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement au 3e degré entre ledit Michel Boisseau et ladite Jacquine Boisseau,
    à l’égard des causes et raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré
    qu’ils se sont vus pendant 2 ans avec tant de familiarité que le public en a été si scandalisé que s’ils ne se marient ensemble, il y a lieu de craindre que ladite Boisseau ne trouve point à qui se marier,
    que les biens de l’un et de l’autre sont proches l’un de l’autre, qui pourront valoir d’avantage que s’ils se mariaient avec d’autres, par conséquent plus en état de donner l’éducation à leurs enfants, ledit Michel Boisseau en a 2 et ladite Boisseau 3, que dans la suite des temps le bien qu’ils ont ne serait pas suffisant pour leur entretien et qu’étant réuni ils espèrent par leur industrie trouver le moyen de faire subsister leur famille,
    à l’égard du bien qu’ils peuvent avoir les dénommés nous ont déclaré que celui dudit Michel Boisseau n’est point partagé avec ses cohéritiers, qu’il est en procès avec eux pour cela, qu’ils plaident actuellement au présidial d’Angers (s’ils sont en procès c’est qu’ils en ont les moyens, car les procès coûtent, donc c’est que les biens à partager sont bien palpables. Si cela avait été un loppin de terre ou une chambre de maison à partager, le procès aurait coûté plus cher que le bien ne valait…), et que quand les partages seront faits il n’espère pas avoir plus de 60 livres de rente, quand les réparations auront été faites qui sont considérables,
    que ladite Jacquine Boisseau ne peut avoir, les rentes payées et réparations faites, plus de 40 livres de rente, par conséquent ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés, et qui ont signé avec nous fors lesdits Michel Boisseau et Jacquine Boisseau.

    Cette dispense mérite que nous arrêtions un peu sur le seuil de fortune accepté pour ne pas envoyer en cour de Rome. En effet, la même année 1733, voici le billet que le vicaire général adressait aux curés concernés par une dispense.

    Cette image est la Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    On y lit que le seuil de fortune est fixé à 2 000 livres. Or, voici la conversion des rentes citées en capital, sachant que les taux des rentes hypothéquaires ont évolué au cours du 17ème partant du Denier 16 (6,25 %) pour parvenir au début du 18ème au Denier 20 (5,00 %)

    60 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 960 livres
      à 5,00 %, un capital de 1 200 livres

    40 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 640 livres
      à 5,00 %, un capital de 800 livres

    Ainsi, les deux futurs disposent au minimum d’une fortune de 2 000 livres. Il se sont sans doute arrangés pour passer juste à la limite, en particulier en exprimant leur fortune en termes de rentes annuelles, ce qui passe plus discrètement. Je trouve même leur manière de présenter les choses assez astucieuse, y compris les pleurs sur les partages non terminés.

    Ceci dit, le seuil fixé par l’évêché me semble tout à fait crédible, car mon expérience fixe la fortune de 2 000 livres au niveau d’un métayer, et de ce que j’appellerai la classe moyenne d’alors, mais nous verrons ensemble au fil de ce billet que bon nombre de métiers sont tout à fait en dessous de ce seuil, y compris des métiers devenus plus rémunérateurs de nos jours, donc trompeurs avec nos yeux de 2008, dont il faut se séparer quand on aborde les 17 et 18e siècles.

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    Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

    Nous avons vu que le l’apprentissage d’un serrurier durait 4 ans, passons au chef-d’oeuvre.

  • Et d’abord, pourquoi un chef-d’oeuvre ?
  • Les maîtres serruriers étaient regroupés en corporations ayant des statuts, et pour y être admis il fallait réaliser un chef-d’oeuvre, fixé par les confrères.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 20 mai 1758 Dvt Nre royal à Château-Gontier, Pierre Gambier, compagnon serrurier à Château-Gontier, prie Michel Ribay, Estienne Perrel, Jean Ricou, René Bonnomet, et Pierre Houdbine, maîtres serruriers, Dt à St Rémy, St Jean et faubourg d’Azé, de bien vouloir le recevoir dans leur corps et communauté promettant pour cet effet de leur porter respect et confraternité en véritable confrère,
    lesquels acceptent à condition que ledit Gambier fasse un chef d’œuvre qui consistera en une serrure dont la clef sera forée et encavonnée, dont la ferrure représentera une fleur de lys, laquelle serrure sera de 7 pelles séparés et un demi tour au milieu. (j‘ai découvert en tappant ce texte la notion de décor dans ce métier, et j’ai aussitôt été voir les planches de l’Encyclopédie Diderot. C’est extraordinaire tout ce qu’un serrurier faisait : depuis les fenêtres lorsqu’elles avaient des vitres, les espagnolettes des fenêtres, les innombrables serrures d’armoires, coffres, portes, les barreaux aux fenêtes, comme la fenêtre que nous avons vu dans le billet sur le prix du lit, etc…et le tout avec ferrures décoratives, et je vous ai mis quelques exemples, puis j’ai pesé la seule clef en ma possession, sur mon armoire, et elle pèse 60 g, et je pense donc que la plupart des clefs de coffre et armoire étaient de cet ordre, les portes allant surement jusqu’à 100 g et au delà dans les châteaux)

    Le 30 décembre 1757 Joseph Jolly, compagnon serrurier, de présent à Château-Gontier chez Lucas Jolly son frère, marchand, demeurant rue de la Poislerie, demandait la même chose aux mêmes. Jolly s’oblige faire un chef d’œuvre qui consistera en 6 pelles séparées, clef forée formant un trèfle partant sa queue et encouronnée, le tout en parement.

    Mais au fait, je viens de réaliser que le serrurier possédait autrefois une forge, que son travail de serrurier fabriquant les serrures, etc…, était à la forge. Les planches de l’Encyclopédie Diderot m’ont éblouie sur le sujet, tant les oeuvres étaient élaborées (serrures multiples et complexes) et artistiques (on vient de voir la fleur de lys sur une serrure, un trèfle sur une autre).

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    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1689 : juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 4 juillet (1689) mourut mademoiselle des Places Gaultier ; elle fut enterrée le lendemain dans l’église des R. Jacobins de cette ville.
  • Le 12 (juillet 1689) mourut la femme du défunt sieur Cordon, vivant marchand de soie en cette ville, âgée de 75 ans.
  • Le même jour (12 juillet 1689) Mr Lemasson avocat au siège présidial de cette ville et procureur du Roy en l’élection de Château-Gontier, épousa la fille du feu Sr Juffé, bourgeois dudit Château-Gontier.
  • Le 18 (juillet 1689) le fils de monsieur Desmazières Menier avocat plaida sa première cause.
  • Le 19 (juillet 1689) mourut monsieur Dupas, bourgeois. Il avait été longtemps à l’armée ; il a laissé un garçon et une fille.
  • Le 14 (juillet 1689) arrivèrent icy à quatre jours différents seize cent Suisses qui venaient des travaux de la Rochelle. Ils en partirent le 28 et les autres jours suivants ; il y en avait 800 aux Ponts-de-Cé. (Note de Marc Saché : Au moment de la déclaration de guerre à la Hollande par Louis XIV le maréchal de Lorge fut chargé de rendre compte de l’état de la place de La Rochelle, alors complètement démantelée. Sur les ordres du roi, Fery, directeur général des fortifications depuis la Loire jusqu’à l’Adour, fit travailler à une nouvelle enceinte plus grande qu’un tiers de l’ancienne. Les ouvrages furent commencés le 29 mars 1689 et le 29 septembre un état-major s’y établit sous le commandement de Marcognet, gouverneur de la place. Voir Arcère, Histoire de la ville de la Rochelle, 1757, t.II, p. 358)
  • Le 30 (juillet 1689) monsieur Desmauvrais Jollivet, fils de défunt monsieur Jollevet, avocat, et monsieur Gontard, fils de feu monsieur Gontard, aussy avocat, plaidèrent leur première cause.
  • Le 3 août (1689) mourut madame de Chenedé femme de monsieur de Chenedé, auparavant veuve de monsieur d’Héliand, chevalier, seigneur d’Ampoigné, duquel mariage il y a trois garçons et une fille, et du second mariage deux filles. C’était une des plus belles, des plus agréables et des plus spirituelles femme de la province ; elle était âgée de 43 ans ; elle m’honorait d’une amitié très particulière ; Elle fut enterrée le lendemain dans l’église St Michel du Tertre avec pompe. (Il s’agit de la femme de René Joachim Chénedé.)
  • Le 8 (juillet 1689) mourut monsieur de la Roche Goizeau. Son fils aîné est juge des traites, qui a épouse Melle du Brossé Minée.
  • Le 26 août (1689) mourut madame des Aunais Boylesve, femme de monsieur des Aunais Boylesve, auparavant veuve de feu monsieur de la Marée Cupif. Elle n’a jamais eu d’enfant ; elle s’appelait Bellet. C’était une femme d’une grande vertu ; elle a donnée tant aux hôpitaux, pauvres qu’à l’église 25 000 livres.
  • Le 4 septembre (1689) mourut le sieur Bouguerel, marchand ferron en cette ville. Il avait épousé la fille des défunts Sr Guiet aussy marchand ferron et de la dame Legendre.
  • Le même jour (4 septembre 1689) mourut la femme du feu Sr Buscher ; elle s’appelait … ; âgée de 97 ans.
  • Le même jour (4 septembre 1689) Mr Gontard du Pin, avocat, fils de défunt Mr Gontard aussy avocat et de la Delle Verdier, épousa la fille de Mr Chotard aussy avocat et de la Delle Romain.
  • Le 15 (septembre 1689) mourut Mr L’Epagneul Sr de la Plante. Il a amassé de grands biens dans les partis. On le dit riche de deux cent mil livres. Il est mort receveur des traites de Saumur. (Note de Marc Saché : Gilles Lépagneul de la Plante avait été receveur des traites aux Ponts-de-Cé. Comme toutes les personnes notables de la ville on le trouve agrégé, ainsi que trois fils, à la puissante Confrérie des bourgeois des trois états établie en l’église Saint-Laur. Voir Bibl. Angers, man. 765-anc.696, registre des réceptions des frères.)
  • Le 18 (septembre 1689) mourut monsieur des Ruaux Provost, bourgeois de cette ville.
  • Le 20 (septembre 1689) mourut la veuve de défunt Mr Brard, marchand de soie en cette ville. Elle s’appelait de la Plante Pierre.
  • Le 22 (septembre 1689) mourut à Chalonnes le sieur du Tertre Gault, bourgeois.
  • Le 24 (septembre 1689) mourut monsieur Gourreau. Il avait été cy-devant quelques années conseiller au siège présidial de cette ville, mais s’étant adonné à l’excès de vin et étant extrêmement incommodé de la goutte, il fut obligé de vendre sa charge. Il avait épousé la fille du Sr Périgault marchand de chaux à Chalonnes, duquel mariage il y a deux filles. (Note de Marc Saché : Jacques-Marin Gourreau de la Blanchardière était le fils de Jacques Gourreau, également conseiller au siège présidial (Voir Bibl. mun., man. 1120-anc.919, f°632)
  • Le 16 octobre (1689) monsieur du Pont Gourreau, veuf de la défunte dame de la Marre Bault, duquel mariage il y a plusieurs enfants, épousa la veuve du feu Sr des Cheminaux Herbereau président au grenier à sel de cette ville.
  • Le 8 novembre (1689) mourut mademoiselle Bachelot veuve du feu Sr Bachelot contrôleur au grenier à sel de cette ville ; elle s’appelait Panetier. Elle a laissé un garçon, marié avec la Delle Ganches de la Fourerie, et deux filles dont la cadette est religieuse aux Ursulines.
  • Le 23 (novembre 1689) il fut arrêté à l’hôtel de ville que les trente six mil livres que le Roy demande pour être déchargé des contributions aux ustanciles des soldats pendant le quartier d’hyver, seraient levés sur les exploitants les maisons de la ville et des faubourgs au sou la livre. Cela monte à trois sous trois deniers pour livre.
  • Le 29 (novembre 1689) mourut le sieur Bruneau, garçon, âgé de 58 ans.
  • Le 25 octobre (1689) mourut monsieur de la Rousselière Thomas, conseiller honoraire au siège présidial. Il avait épousé Melle Jousselin fille du Sr Jousselin docteur en médecine, dont il y a 4 garçons.
  • Le 1er décembre (1689) mourut la femme de Mr de l’Epinay Soreau avocat ; elle s’appelait Bertereau.
  • Dans ce même temps mourut monsieur de la Bachelotière Sourdrille, bourgeois. Il avait épousé la fille de Mr de Bazourdy, dont il y a 4 enfants.
  • Le 4 (décembre 1689) mourut le Sr Greteau ; il avait été cy-devant notaire royal en cette ville.
  • Dans ce même temps mourut la femme de monsieur Grézil, bourgeois ; elle s’appelait Nail. Il y a 3 ou 4 enfants de leur mariage.
  • Le 9 (décembre 1689) monsieur Eveillard conseiller aux requestes du parlement de Bretagne, fils de feu monsieur Eveillard président au siège de la prévôté de cette ville et de la dame Avril, épousa la fille de feu monsieur Chauvel de la Boulaye procureur du Roy au siège présidial et de la dame Grimaudet.
  • Le 10 (décembre 1689) mourut Mr des Sourcelles Cupif ; allant à la campagne, il tomba de cheval et s’étouffa.
  • Le 28 (décembre 1689) mourut Mr Muzard, secrétaire de monsieur l’évêque d’Angers, âgé de 55 ans ; il avait beaucoup de mérite.
  • Cette année a été abondaite en vin et en bleds.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

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    Sommations respectueuses, 1755, Mathurine Anne Bellouis et Yves Jallot

    suivies de refus, ceci se passe en la maison des Aulnais à Segré (49), où demeurent les parents de la fille

    Nous avions vu il y a peu de temps une dispense de mariage concernant ce couple.

    Voici encore mieux, le refus des parents de la demoiselle au mariage ; et toujours mieux, cela ne s’invente pas, la demoiselle n’a pas osé affronter directement ses parents, et tandis qu’elle est bien au chaud chez sa tante à Angers, c’est son oncle qui agit en son nom.
    J’ai déjà parcouru bon nombre de sommations respectueuses, mais alors là, je suis bouchée bée ! La demoiselle n’a même pas osé affronté ses parents ! Heureusement qu’elle avait mis son oncle dans sa poche, à moins que ce ne soit l’oncle qui ait trouvé Yves Jallot un bon parti, et qui ait arrangé ce mariage. Cela m’en a tout l’air ! Et cela explique que les parents boudent !
    Etonnez vous après cela qu’il ait toujours existé des zizanies en famille ! Car nul doute que les deux frères (l’oncle et le père de la demoiselle) n’ont pas du se réconciler de si tôt !
    Certains (es) d’entre vous rêvaient de vieilles marieuses romantiques : je crois bien que nous avons là un oncle marieur pour affaires ! Celui-ci est sans doute sans enfants.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 6 juin 1755 sur les 8 h du matin, en présence et compagnie du sieur Jacques Bellouis de la Cussonnière demeurant au prieuré de Sainte Jammes d’Andigné (Sainte-Gemmes-d’Andigné), au bourg et paroisse dudit lieu, au nom et comme fondé de pouvoir spécial de Delle Mathurine Anne Bellouis, fille majeure du sieur Mathurin Bellouis de la Houssinaye marchand fermier, et de Delle Jeanne Marie Boury son épouse, demeurante ordinairement avec lesdits sieur et Delle Bellouis ses père et mère en la maison des Aulnais paroisse de la Magdelaine de Segré, et de présent à la maison de la Croix de la ville d’Angers paroisse de la Trinité, suivant la procuration au raport de maistres Thorode et Murault notaires royaux audit Angers le 18 juillet 1754, dont la minute en forme demeure joint à ces présenes, à la requeste de la Delle Mathurine Anne Bellouis,
    pour suite et diligence et à la stipulation dudit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur, nous Pierre Joseph Laumaillé, notaire royal à Château-Gontier y résidant, assisté de François Lemanceau marchand tisserant, Jean Trouillet cy-devant hôte demeurant audit bourg et paroisse de Sainte Jammes d’Andigné nos témoins à ce requis et appelés, et en vertu de l’ordonnance sur requête de Mr le lieutenant particulier en la sénéchaussée et siège présidial de Château-Gontier en date du 5 de ce mois, signée Lemasson, et scellée le même jour aussi attachée,
    nous sommes transportés au domicile desdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye sis comme dit est, où étant la Delle Bellouis requérante en la personne comparution et stipulation dudit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur,
    après plusieurs réquisitions verbales, s’est mise en devoir de requérir avec toute décence et respect lesdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye ses père et mère de vouloir bien donner leur consentement au mariage proposé entre la Delle Mathurine Anne Bellouis leur fille, et le sieur Yves Jaslot marchand fermier demeurant paroisse du Bourg-d’Iré, et de fait la Delle Bellouis comparante comme dit est par ledit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur, parlant audit sieur Bellouis de la Houssinaye, l’a très humblement et respectueusement supplié de vouloir bien octroyer leur consentement audit mariage, lui représentant avec une soumission filiale que ce parti est sortable et avantageux pour la Delle Bellouis,
    ledit sieur Bellouis de la Houssinaye a refusé,
    en conséquence de laquelle réponse à la Delle Bellouis comparant et stipulant comme dit est par ledit sieur Bellouis de la Cussonnière son procureur spécial, a protesté que la présente réquisition respectueuse vaudra consentement,
    dont et de tout ce que dessus nous a requis acte à elle octroyé par nous notaire soussigné, souscrit de nous et témoins cy-devant nommés, et du sieur Bellouis de la Cussonnière procureur de la Delle Mathurine Anne Bellouis sa niepce,
    fait et passé an ladite maison des Aulnais demeure desdits sieur et Delle Bellouis de la Houssinaye, ledit jour et an que dessus (Archives Départementales de la Mayenne, série 3E)

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