Compromis de vente entre Pierre Bonhommet et René Guyard : Saint Denis du Maine 1631

Avant de commencer ce compromis de vente, permettez-moi de vous conduire en terre insolite. Je lis chaque matin, avec bonheur Aleteia, et hier, j’ai découvert ce pianiste surprenant. Allez voir, car il est rare de voir des éléphants aveugles danser sur de la musique classique. 

Je sens qu’il va falloir que je mette à mes arbres, en train de sombrer de torpeur à l’intérieur de mon appartement pour cause de ravalement depuis le 25 juillet, un peu de musique pour leur donner du courage.

 

 

C’est la première fois que je rencontre un compromis de vente à cette époque ! Il faut dire que ni le prix ni les lieux eux-mêmes ne sont vus, et l’acquéreur se réserve donc 15 jours.
J’ai tenté de voir l’histoire des compromis de vente, que nous connaissons bien de nos jours, mais je n’ai pas trouvé pour cette époque lointaine.
En tous cas, ce compromis ancien montre bien l’ancienneté de ce type de contrat.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E1/405 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 13 mars 1631 devant nous Pierre Croissant notaire et tabellion royal au pays du Maine résidant à Laval ont esté présents et establis Me Pierre Bonhommet prêtre demeurant au bourg d’Avenières lez la ville de Laval d’une part, et René Guyard meusnier demeurant au moulin du Vauveron

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MAYENNE
Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne de l’abbé Alphonse Angot
Vauveron – Tome III Vauveron (le Petit-), f., c de Saint-Denis-du-Maine. — Fief, closerie et moulin mouvant de Meslay. — Affermé 280 ₶ par le seigneur du Coudray, 1685, et vendue avec cette terre à François Coustard de Souvré. — Y furent assassinés, le 26 avril 1795, par la garnison de Ballée, Pierre Bachelier, prêtre, et Jean Leduc, fermier de la Grande-Guyonnière

paroisse de St Denis de Mayenne d’autre part, entre lesquelles parties deuement et respectivement soubmises a esté fait le compromis qui ensuit, c’est à savoir que ledit Bonhommet affirme et s’est obligé par ces présentes passer contrat de vendition de certaine closerie située au bourg et paroisse dudit saint Denis tout ainsi qu’elle se poursuit et comporte avec les maisons granges estables estraiges et rues et issues foullaiges jardins vergers prés et terres labourables et autres avec les hayes bois fossés et choses qui en dépendant et comme ladite closerye luy appartient et luy est venue et escheue de la succession de ses deffunt père et mère sans aucune réservation et laquelle ledit Bonhommet a dit n’avoir autre nom que la closerie des Repussards

le lieu a dû disparaître avant même le dictionnaire de l’abbé Angot, car sur son dictionnaire on ne trouve qu’une mention d’un curé de ce nom à Saint-Denis Du Maine :
— Gilles Repussard, demeurant à Sablé, 24 décembre 1576, exécuteur testamentaire du seigneur de Malpalu, 1585, démissionnaire, 1596, inhumé dans l’église, le 9 juillet 1598. —

aux charges de payer les charges cens rentes et debvoirs qu’elle peult debvoir à l’advenir et quitte du passé, les tenir et relever des fiefs et seigneuries dont elles sont mouvantes, devant nous notaire dans d’huy en 15 jours prochain à peine de 15 livres payable par ledit Bonhommet en cas qu’il ne veuille passer (f°2) ledit contrat dedans ledit temps au profit dudit Guyard, lequel contrat ledit Guyard a promis et s’est aussi obligé passer dans ledit temps de 15 jours prochain aussy à peine de pareille somme de 15 livres aussy payable dans ledit temps au proffit dudit Bonhommet à faulte qu’il ferait de passer ledit contrat, et ce pour le prix et somme de 1 069 livres tz, et est ce fait néanlmoings au moyen que ledit Bonhommet a promis et s’est obligé faire voir par escrit ou bail que le prix à ferme est à raison de 40 livres par an et où ledit Bonhommet ne le ferait voir et qu’il serait affermé à moindre prix le présent compromis demeurera nul si bon semble audit Guyard, sans aulcun despens dommaiges intérests de part ni d’autre de ladite peine commise comme aussi s’est ledit Guyard réservé de ladite quinzaine 8 jours pour voir et visiter ledit lieu, et où il ne voudroit accomoder dans ledit temps de huitaine le faisant scavoir audit Bonhommet iceluy Guyard demeurera deschargé de ladite peine commise sans aulcun dommage et intérests, dont et de ce que dessus lesdites parties sont respectivement demeurées à un et d’accord, et à ce tenir etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé audit Laval en présence de Anthoine Mellecent sergent royal et Jullien Collin praticiens demeurant audit Laval tesmoins et lequel Guyard a dit ne scavoir signer »

Julien Margotin était curateur de Jacquine Bonhommet : Laval 1664

Et il rend compte de sa curatelle, mais ici, aucun détail du compte, et bien pire, la somme est curieusement faible.
Mais cet acte a au moins un mérite, c’est qu’il donne 3 enfants, alors que je n’en avais que 2 de connus dans mon étude BONHOMMET
En outre, il nous apprend que Jacquine Bonhommet ne sais pas signer. Je précise ce point, car je suis toujours aussi déroutée depuis quelques jours de savoir ma Marie Anne Bonhomme sachant bien signer dès son mariage alors que son père ne sait pas signer. Ici, c’est le contraire, le père n’a pas appris à sa fille.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E2/767 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

1664 compte que Julien Margottin cy devant mary de Perrine Bonhommet curateur à la personne et biens de Jacquine Bonhommet issue du mariage de deffunts Jean Bonhommet et Marguerite Cochery rend et présente à ladite Jacquine Bonhommet majeure de coutume et émancipée par jugement expédié au siège ordinaire de Laval le 16 (f°2) septembre 1664 par l’advis de ses parents raporté audit jugement, et à laquelle Jean Bonhommet son frère a esté donné pour coadjudeur quant à l’audition du présent compte par le mesme jugement. Pour l’intelligence duquel présent compte sera brièvement représenté que du mariage desdits feux Jean Bonhommet et Cochery seroient restés 3 enfants dont ladite Jacquine en est une, (f°3) laquelle ayant atteint son âge avoir désiré estre émancipée et après son émancipation auroit fait condamner ledit Margottin son curateur de luy rendre compte. Consistent les biens desdits enfants en meubles desquels auroit esté fait inventaire et vente après le décès desdits père et mère communs, du montant desquels ledit curateur s’est chargé comme aussy du revenu qu’il a touché et perceu (f°4) de recepte et mise s’est trouvé que ledit Margottin rendant compte est redevable vers ladite Jacquine Bonhommet de la somme de 26 livres un sol 9 deniers. Le 25 septembre 1667 devant nous Jean Maulet notaire au comté de Laval ont esté présents personnellement establis ledit Julien Margottin marchand tissier rendant compte demeurant en la paroisse d’Avenuères d’une part, et ladite Jacquine Bonhommet fille ayant compte attesté de Jean (f°5) Bonhommet son frère coadjuteur et de Pierre Cochery son oncle tous présents en leurs personnes demeurant audit Laval d’autre part, lesquels deument submis ont volontairement procédé à l’examen audition et aprobation du présent compte réception duquel sont raportés de la main de nous notaire et s’est la charge dudit compte trouvé monter et revenir à la somme de 174 livres 2 sols et un denier, et la mise et despense la somme de 148 livres deniers y compris les frais dudit compte, et s’est trouvé que ledit Margottin est débiteur et redevable vers ladite Jacquine Bonhommet de la somme de 26 livres un sol 9 deniers, à laquelle somme ladite Bonhommet se paiera sur les fermes à eschoir dudit lieu de Houdune, sauf les droits d’obmission et tous autres droits du présent compte vers ledit Margottin, lequel à ce moyen demeure vallablement déchargé de ladite curatelle, ce que les parties ont respectivement voulu et stipulé etc dont nous les avons jugées de leur consentement, fait et passé audit Laval en présence de Mathurin Courte et Thomas Pennard demeurant audit Laval tesmoins à ce requis, qui ont signé et a ladite Jacquine Bonhommet dit ne savoir signer. »

Inhumé « par charité »


La sépulture de Guillaume Bonhommet comporte la mention
par charité
L’avez-vous rencontrée ?
Et, si oui, pensez-vous que c’est parce qu’on ne pouvait pas payer les frais ?

Guillaume Bonhommé la Fleur, et Marie Noël son épouse, paient une dette : Laval 1659

Vous vous souvenez qu’en mars dernier, je vous mettais :
Contrat de mariage d’Anne Bonhommet et Guillaume Lebreton : Laval 1716

Son père, Guillaume Bonhommé, avait une qualification que je lisais mal, tout au plus sieur la fleur, or, je trouve dans mes dossiers un acte notarié de 1659 que j’avais omis et qui cette fois donne l’explication. Donc, voici cet acte qui dit bien que Guillaume Bonhommé était dit lafleur ou habitait une maison qui s’appelait lafleur.
Grâce à Marie-Laure, je sais maintenant qui il est, époux de Marie Toutain, et tailleur d’habits, et son mariage avec Marie Toutain en 1668 le dit veuf, or, ici, il est donc avec sa première épouse.
Il est impossible à Laval de remonter avant 1668 car il n’existe aucun registre.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E2/285 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 10 décembre 1659 après midy par devant nous Pierre Gaultier notaire et tabellion royal estably et résidant à Laval furent présents en leurs personnes et deument establiz Tugal Mousteau sieur de Vauraimbault d’une part, et Guillaume Bonhomme La Fleur Me tailleur d’habits demeurant en ceste ville paroisse de la Sainte Trinité d’autre part, lesquelles parties après submission à ce requise ont transigé et accordé de l’instance intentée et pendante entre eux au siège ordinaire dudit Laval en la forme qui ensuit, c’est à scavoir que ledit Bonhomme a présentement solvé et paié à veu de nous et des tesmoins cy après en louis d’argent et monnoie aiant cours audit Mousteau la somme de 25 livres 2 sols 8 deniers pour les frais et despens esquels ledit Bonhomme et Marie Noel sa femme étoient condamnés vers luy par jugement rendu ausit siège le 5 du présent mois, comme aussy luy a payée la somme (f°2) 40 sols qu’il luy debvoir de reste de toutes les demandes qu’il faisoit auxdits Bonhomme et femme l’outre plus des sommes principales luy ayant esté par eux cy devant payée ainsi qu’apert par les quittances qu’il leur en a données, au moyen de tous lesquels paiements tant des sommes principales que despens lesdits Bonhomme et femme sont et demeurent quites vers ledit Mousteau de tout ce qu’il leur pouvoir demander, et iceluy Mousteau pareillement quite vers eux des demandes qu’ils eussent peu luy faire, le tout respectivement jusques à ce jour, auquel Bonhomme ledit Mousteau a présentement rendu l’obligation que luy et ladite Noel avoit solvée et payée et le jugement et autres pièces justificatives etc (f°3) et à ce moyen demeurent hors de cours et de procès dont avons jugé les partues de leur consentement ; fait et passé en notre tabler audit Laval en présence de Pierre Manchon praticien et André Galode marchand demeurant audit Laval tesmoins à ce requis et appelés, qui ont signé ainsi que ledit Mousteau, et quant audit Bonhomme il a déclaré ne savoir signer de ce enquis »

Annibal de Farcy seigneur de Mué avait vendu en 1746 un bien de son épouse, Marie Lévêque, à Anne Bonhommet

Je poursuis les recherches sur Anne Bonhommet après les découvertes faites par Marie-Laure.
Parmi les nombreux documents que j’avais déjà, l’étonnant inventaire après son décès, qui révèle une très grande aptitude d’Anne Bonhommé, veuve, à acquérir de nombreux biens (maisons, closeries et métairie) et je tente donc de comprendre le comment et pouquoi de tous ses achats. J’avoue que cet inventaire m’a toujours laissée songeuse, et plus je m’y penche pour le comprendre, plus il est incompréhensible.
Ce jour je me contente de situer un peu mieux chaque acquisition, et là, stupéfaite, je rencontre encore Annibal de Farcy, qui rappelez vous sur mon blog il y a 3 jours, était témoin au mariage à Launay-Villiers d’Anne Bonhommé. Donc, autant d’années après, il est encore là. Pour mémoire, il n’a que 3 ans de plus qu’Anne Bonhommé et je le considère donc comme son contemporain. Dans ce que je vous expliquais ces jours-ci je le considérais comme son employeur, et je la mettais l’une de ses domestiques, mais j’avoue que l’inventaire de 1759 au décès d’Anne Bonhommé reste totalement incompréhensible. Elle n’a pas la fortune d’une domestique mais d’une bonne bourgeoise.

Voici l’extrait de l’inventaire après décès, juste le passage signalant Annibal de Farcy. Comme a mon habitude je mets des commentaires en bleu foncé italique et entre crochets.

Liasse concernant la propriété du lieu et closerie de la Maladrie située paroisse de l’Huisserie [au Sud de Laval] : Criée et bannie faite par Aubry huissier à Nuillé sur Vicoin, à la requeste de Jean Legendre sur Pierre Mongazon et Madeleine Gallais sa femme du lieu et closerie de la Maladrie – Parchemin expédié au siège ordinaire dudit Laval le 28 août 1621 de saisie du même lieu – Parchemin de décret expédié audit siège présidial le 29 janvier 1689 sur ledit Pierre Mongazon et Gallais sa femme par leque ledit lieu a été adjugé à Jean Legendre pour luy ou à la suite et nomination de Me Jean Duchemin sieur de la Morlière pour amy – Obéissance rendue par dame Marie Frin veuve à la chastellenie de Laval dudit lieu de la Maladrie – Acte atesté de Me François Hubert notaire de Laval [notaire seigneurial et aucun dépôt aux AD en 2018] le 8 juin 1746 Me Annibal de Farcy chevalier seigneur de Mué [il est aussi seigneur de Launay-Villiers et né en 1685 donc contemporain d’Anne Bonhommé – Il a assité à Launay-Villiers au mariage d’Anne Bonhommé] et Marie Levecque son épouse [fille de Marie Frin, donc ayant hérité d’elle de la Maladrie] ont vendu à ladite defunte demoiselle Bonhommé ledit lieu et closerie de la Maladrie – (f°22) Obéissances à la chastelennie de Laval

Et j’ajoute que lorsque je tente d’identifier un lieu, je cherche partout à commencer par le site GEOPORTAIL et là, j’ai bien la Maladrie à L’Huisserie.
Puis, maintenant que le Dictionnaire de l’abbé Angot est en ligne, je recherche MALADRIE dans toutes les entrées possibles.
Hélas, pas de Maladrie à l’Huisserie.
Trouvant alors les réponses du moteur de recherche du Dictionnaire (CAR NOUS N’AVONS PAS ACCES AU DICTIONNAIRE LUI MEME), je me lève, et je prends dans ma bibliothèque ma bonne vielle verson papier du même dictionnaire.
Et là, je décrouvre plus de Maladrie que le moteur en ligne ne m’en donnait, et le dictionnaire papier cite bien une Maladrie à l’Huisserie, mais il n’est pas plus bavard.
En tous cas cet exercice de recherche en ligne est une bonne leçon. Faute de pouvoir voir défiler le dictionnaire réel, on a parfois des lacunes dans les réponses du moteur.
Odile

Marie-Anne Bonhommet était dite Anne

Nous avons vu hier Anne Bonhommet, et vous avez sur mon blog son contrat de mariage.

Prénommée « Anne » sur son contrat de mariage, son mariage religieux, le baptêmes de tous ses enfants, divers actes notariés et l’inventaire après son décès.
Prénommée « Marie-Anne » seulement sur sa sépulture.
Grâce aux découvertes de Marie-Laure, j’ai enfin le baptême de « Marie-Anne »
Elle a donc eu un prénom usuel « Anne » toute sa vie !

Le plus curieux tout de même dans tous ces actes au prénom qui diffère, c’est le mariage religieux, car il exigeait sérieusement des certificats des curés du lieu d’habitation, et ces curés étaient censés avoir vérifié le certificat de baptême. Ils ont dû lire et écrire un peu vite !!! A moins que lors de la célébration du mariage religieux le curé de Launay Villiers, qui écrit avoir vu les certificats des curés concernés, se soit contenté de retranscrire le mariage religieux uniquement en écoutant les parties exprimer leur identité et Anne Bonhommet s’est déclarée « Anne ».

Mais alors comment à sa sépulture retrouve t-on Marie-Anne. Serait-ce parce que chacun (ou certains) avaient dans leurs papiers leur extrait de baptême et que cette fois le prêtre qui a fait la sépulture a bien noté en regardant cet extrait de baptême :

Bref, cela me travaille, car durant des années, j’ai cru qu’il fallait trouver une Anne Bonhommet.