BALAYER DEVANT SA PORTE

Nous en avons oublié le sens. Aussi bien tous les parleurs d’Internet, que nos maires. Et chaque année à l’automne, lorsque les couches épaisses de feuilles trempées, transformées en bouillie, recouvrent les trottoirs, je peste car j’ai peur de tomber.

Autrefois, BALAYER DEVANT SA PORTE était une obligation, et même une obligation devant les assurances, car si quelqu’un tombait devant chez vous faute d’entretien, vous étiez responsable. Je me souviens ici de ma tante Monique, qui demeurait boulevard Dalby, aux trottoirs généreusement larges mais comme beaucoup de boulevards, jonchés de platanes géants. Chaque matin, comme tout le monde depuis le moyen-âge, et même probablement avant le moyen-âge, elle balayait devant sa porte, et laissait un trottoir propre pour la journée.

Il faut dire qu’il y des siècles nos villes, lorqu’elles étaient pavées, comme c’était le cas de Nantes, avaient des rues très encombrées de toutes sortes d’immondices, dont je vous épargne l’énumération car répugnante à nos nez et yeux de 2020.

Donc, on sortait chaque matin avec son balais de coco ou de millet, et on nettoyait. Même les auteurs anciens citent cette activité matinale :

BALAYER (Dictionnaire de l’ancien français, en ligne) :

A. –

Au propre

1.

« Nettoyer (un endroit) avec un balai Ainsi comme elle nestoioit et balyoit la maison d’icellui, trouva un escu d’or de XVIIJ s. par. soubz une table (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 309). Et premierement qu’elle commande aux chamberieres que bien matin les entrees de vostre hostel (c’estassavoir la salle et les autres lieux par ou les gens entrent et se arrestent en l’ostel pour parler) soient au bien matin balleyez et tenues nectement (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 130). Je m’en voiz faire vostre lit Et baloier nostre maison Affin que nettement soyon (Gris., 1395, 28). …et quinze jours après ce qu’elle fu entrée oudit service, en baliant leur chambre trouva es netoieures une verge d’or (Paris domin. angl. L., 1428, 282).

Vous avez bien lu, ces auteurs sont au 14ème et au 15ème siècle. Et si ils sitent le travail de la domestique chez les gens aisés, j’ajoute que chez les moins aisés, c’était la maîtresse de maison elle-même qui balayait.

Et nous n’avons manifestement conservé que le sens au figuré, oublieux de nos ancêtres !!!

Avec tous nos engins modernes nous sommes oublieux des moindres détails de la vie autrefois, plus respectueuses de l’entretien des villes que de nos jours !!! Au lieu de faire du jogging, on balayait.

Le balais de millet et le balais de coco n’ont pas disparu

Dans ce monde où tout change et disparaît si vite, il est parfois surprenant de retrouver sur le moteur de recherche que certains objets d’antan tiennent bon et sont encore en vente, donc utilisés. Ainsi en va-t-il du balais de coco et son compère le balais de millet.

Je me souviens qu’il y en avait chez mes parents dans les années 1950 pour balayer les marches extérieures. Je n’en ai jamais revu depuis puisque cela fait maintenant plus de 60 ans que je vis en appartement.

Or, Joséphine Bonnissant et Marie Judith Lebraire, demies soeurs, tenaient une épicerie place Saint Pierre, et font venir des balais de millet venant par Bordeaux et par mer au port de Nantes. Elles n’étaient pas les seules et vous allez voir que la ville de Nantes avait besoin de beaucoup de balais de millet.

Cliquez sur l’image pour la zoomer

Je pensais bien que Bonnissant et Lebraire avaient travaillé dans l’épicerie, mais j’ignorais  qu’un balais de millet ait sa place dans les rayons d’une épicerie. Selon moi, cela relevait plus du commerce que j’ai connu dans les années 1950 et qu’on appelait DROGUERIE. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous connu ces balais ? Et quelle différence entre le millet et le coco ?

Cette publication, que j’ai trouvé sur le site des Archives Départementales de Loire-Atlantique, rubrique PRESSE.

 

 

 

3 réponses sur “BALAYER DEVANT SA PORTE

  1. Pas plus tard qu’hier,je me suis fait apporter un balai long manche en paille de riz,pour nettoyer ma terrasse extérieure.le mien arrivant en fin de vie !
    De marque « Eléphant origine depuis 1845. »il est noté sur le manche « idéal pour ramasser les feuilles ».
    Indémodable ,il était autrefois très utilisé pou laver « à grande eau » les carrelages de terre cuite.
    On le trouve toujours au rayon entretien des épiceries et grandes surfaces .
    Bonne journée à tous.
    Marie.

  2. Bonjour Odile
    Selon les communes, l’obligation de nettoyer devant sa porte (au sens premier du terme) est encore en vigueur. Par exemple à Angers, un décret municipale en date du 05/11/2015, l’article II-2-1 précise bien que chaque propriétaire et occupant des immeubles sont tenus de balayer ou de faire balayer le trottoir qui est devant leur façade sur une largeur égale à celle du trottoir (1,40 m minimum) et de maintenir en bon état de propreté le caniveau.
    Je crois qu’il en est de même pour Nantes : https://metropole.nantes.fr/files/pdf/espace-public/reglement-travaux-voirie.pdf (page 17/103)
    Bonne journée.
    Marie-Laure

    1. Bonjour Marie-Laure
      Merci.
      Car je vous promets que l’an dernier j’ai eu le courage d’aller à Nantes Métropole pour exprimer mes peurs sur les trottoirs glissant de feuilles pourries en bouillie, en vain.
      En outre, j’habite un ensemble de 4 tours, et le maire actuel de Saint Sébastien sur Loire, ma commune, demeure dans l’une d’elle !
      Je vais aller voir le texte que vous me signaler pour pouvoir agir encore et voir si cela relève du syndic de la copro ou du maire ou de Nantes Metropole. Car l’ennui en copro c’est que personne n’est responsable.
      Bonne fin de confinement
      Pour ma part, je ne me déconfine pas de si tôt !
      Odile

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