Lavoirs sur la Loire, Nantes avant 1914

Au début du 20e siècle, on lavait encore le linge en Loire et en Erdre à Nantes.
Si on lavait son linge dehors c’est que pendant longtemps la maison était seulement un abri, manquant d’eau, d’énergie, d’espace. Le Corbusier disait « une machine à habiter ». En ville, on lavait donc dans un endroit public, le lavoir, et on avait vu apparaître les blanchisseries. Les urbanistes s’étaient déjà penchés sur le problème à Paris, mais à la veille de la 1ère guerre mondiale 14-18, Nantes avait encore ses bateaux lavoirs. Je vous emmêne ce jour dans une visite inattendue, celle du linge au début du 20e siècle, sur la Loire. Bien sûr, Nantes lavait aussi sur les bords de l’Erdre, et un billet consacré à l’Erdre et ses bateaux-lavoirs suivra, patience.

Commençons par la visite des bateaux-lavoirs sur la Loire, en remontant le fleuve depuis le port maritime, jusqu’au château inclus, avant le comblement de ce bras de Loire.

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Nantes est un port de commerce et possède alors une Bourse : voici le palais de la Bourse, en arrière-plan le clocher de Saint-Nicolas.

Puis, la Loire se sépare en 2 bras, celui de gauche est aujourd’hui comblé.

Le long du bras comblé, on passe place du Commerce, avec les rails du tram et celles du train entre la grille et la Loire (le train passe aujourd’hui sous terre, enfin dans l’ancien lit du fleuve).

Nous voici plein centre ville, et admirez au passage comme les piétons sont à l’aise sur les berges

Nous nous dirigeons vers le château des ducs de Bretagne

à cette époque, le château est encore au bord de la Loire.

Nous sommes déjà au Port Maillard, le port fluvial, au bas de la rue de Strasbourg. Nous passons devant chez LU.

Le chateau des ducs de Bretagne, tel que peu se l’imaginent ! Nappé du blanc des draps, car autrefois les draps étaient blancs, car le blanc était synonyme de propreté.

Puis, le port de marchandises venues de Loire. Le linge est au fond.

Nantes est un port maritime. Qui dit mer dit marée. La Loire monte et descend suivant les marées. Ces cartes postales illustrent la difficulté de la marée pour les bateaux lavoirs. Soit il a une passerelle qui monte et descend, soit on s’y rend en barque. Amusez-vous sur les autres cartes postales à chercher les passerelles, car on les voit souvent.

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Nous avons vu que le train traversait alors la ville (ici la carte est de 1901, voyez le cachet de la poste), le long de la Loire, derrière les grilles. C’est ma carte postale préférée, aussi je la mets en guise de conclusion. Vous avez le gentil train, tout plein de gentille fumée, pas souvent blanche, et les draps propres qui regardent passer le train ! Et en prime, vous avez une magnifique vue d’ensemble du château des ducs de Bretagne !

Ah ! j’allais oublier ! Depuis, non seulement on a interdit à la Loire de passer par là, mais dans la foulée, on a aussi interdit aux Nantais d’étendre leur linge. Alors, quand je regarde ces cartes postales, je me dis que quelque part, certains édiles ont dû avoir la nausée du linge propre, pour avoir autant envie de le cacher ! Les historiens curieusement racontent qu’on a comblé la Loire parce qu’elle n’était pas sympa, elle montait en innondations par trop dévastratrices, ainsi en 1904 et surtout en 1910, et puis elle s’ensablait, mois je pense que dans tout cet urbanisme, la réflexion sur le linge des Nantais fut prise en compte, comme l’on fait les autres grandes villes.

Lorsque les bateaux-lavoirs disparurent, certains Nantais, plus rusés que leurs édiles, ou plus aisés, avaient trouvés la parade. Ils partaient à leur campagne, en voiture à cheval, avec le linge sale. Voici un extrait du journal de mon arrière-grand-mère, Aimée Guillot épouse Guillouard demeurant rue Saint-Jacques à Nantes, en novembre 1917 :

Dimanche : Nous venons d’arriver à Clisson, Flavie et moi, pour faire notre lessive. Nous aurons la femme demain. Espérons que nous aurons beau temps.
Mardi : Notre lessive est lavée et nous l’avons toute étendue. J’arrive du jardin de faire les provisions de légumes. Mes draps sont bientôt secs. Quel embarras que cette lessive. Je vais la raccommoder et Flavie va repasser et j’espère que dans la huitaine tout sera dans l’armoire. Nous avons été favorisées par un beau temps.

La guerre 14-18 marqua le changement. Les femmes durent travailler aux usines pour remplacer les hommes. A la démobilisation, les femmes ne rentrèrent pas toutes au foyer, ne serait-ce que les 3 millions de veuves qui avaient besoin d’un salaire pour vivre. Et le linge rejoint l’histoire du travail féminin. Je vous fait un prochain billet sur l’histoire de la lessiveuse, un autre sur la buie, etc..

Si cette visite de Nantes vous a plu, merci de laisser ci-dessous vos commentaires de vieux Nantais !

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Ce billet était paru sur l’ancien blog, et avait reçu pour commentaires :
Marie-Laure, le 1er août : Ce billet est un vrai « coup de Maître…sse « !!! BRAVO, Madame .Quel plaisir absolu de le lire et si magnifiquement illustré ! Vous méritez la Légion d’Honneur pour votre oeuvre, en général .MERCI. Il y a-t-il un « Mascaret » (c’est son nom pour la Seine), genre de grosse vague qui remonte la rivière, sur la Loire ? Réponse d’Odile : Non.
Marie, le 1er août : Très beau billet, on pense au film « Gervaise » de René Clément (1956 ) si merveilleusement interprété par l’émouvante Maria Schell.
Sainte-Marie, le 17 août : Billet passionnant ! Un de mes ancêtres était cafetier vers 1850 au Port Maillard, là ou ensuite se trouvait pour ceux qui connaissent Nantes, le café de la Source

6 réponses sur “Lavoirs sur la Loire, Nantes avant 1914

  1. Oui , moi aussi ,cela me fait penser à Gervaise mais plutôt lorsqu’elle vivait à Plassans et qu’elle lavait son linge dans la rivière »avec de l’eau claire qui courait… » mais pas dans le lavoir de Paris qui est presque comme une usine avec des baquets et eau chaude…à l’atmosphère chargée de vapeur comme celle des « bains Turcs »…

  2. Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
    Marie-Laure : Ce billet est un vrai « coup de Maître…sse « !!! BRAVO , Madame .Quel plaisir absolu de le lire et si magnifiquement illustré ! Vous méritez la Légion d’Honneur pour votre oeuvre, en général .MERCI. – Il y a-t-il un « Mascaret » (c’est son nom pour la Seine), genre de grosse vague qui remonte la rivière, sur la Loire?

    Marie : Très beau billet, on pense au film « Gervaise » de René Clément (1956 ) si merveilleusement interprété par l’émouvante Maria Schell.

    Sainte-Marie : Billet passionnant ! Un de mes ancêtres était cafetier vers 1850 au Port Maillard, là ou ensuite se trouvait pour ceux qui connaissent Nantes, le café de la Source.

  3. bonjour
    je recherche des docs sur les bains douches municipaux à Nantes
    c’est difficile de trouver quoi que ce soit
    Avez vous des pistes à me donner
    Merci
    yann

      Note d’Odile : Il vous faut aller faire la recherche vous-même aux Archives Municipales de la ville de Nantes, si aucun ouvrage ne traite du sujet à la Médiathèque de Nantes.
      Internet n’est pas un lieu de recherches de ce type.
  4. Pouvez vous me tél au 02 51 82 28 68
    nous nous occupons des bains et lavoirs du quai baco
    yann

      Note d’Odile :
      Mon blog est fait pour poser vos questions ici. Et j’y réponds ici, et uniquement ici.
      Merci donc de me poser votre question ci-dessous.
      Et merci de respecter mon blog, et mes cartes postales.
  5. bonjour

    bravo et merci pour votre documentation.
    Je travaille actuellement avec mes élèves sur La Loire . En faisant des recherches sur les bateaux-lavoirs, je suis tombée sur votre site.( Petite fille de lavandière bretonne, je n’ai connu pour ma part que les lavoirs empierrés et la caisse à savon).
    Je pourrai dès demain montrer votre travail à mes élèves; rares sont les photographies de La Loire au pied du château.
    Merci de contribuer à l’éducation des élèves nantais

      Note d’Odile
      Heureuse d’avoir été utile. Montrez à vos élèves l’échelle-passerelle qui va au bateau, car en Loire on a la marée, et l’eau monte et descend.
      Et allez aussi voir le site bien plus copieux que le mien des Archives Départementales de Loire-Atlantique, mais les cartes postales ne sont pas classées par thème je pense.
      Vous direz à vos élèves que j’ai 72 ans, et n’ai pas connu les draps séchant sur les quais de Loire devant le château. Ces draps sont surement ce qui me frappe le plus maintenant.
      D’autant qu’ensuite j’ai bien connu dans Nantes l’interdiction de mettre du linge à sécher aux fenêtres !
      Voici le lien pour les cartes postales des Archives
      http://www.loire-atlantique.fr/jcms/cg_31241/fonds-d-archives-numerises

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