Charles, Marc, Pierre, Jean Belot, enfants de Mathurin et Mathurine, tous drapiers, Angers 1522

Je descends d’un BELOT drapier à Pouancé, et bien que je ne puisse établir aucun lien avec les Belot drapiers à Angers, je m’y intéresse vivement, car je reste persuadée qu’ils étaient drapiers de père en fils et qu’il y a une forte probabilité pour que le mien s’y rattache, et sans doute, un jour, après moi, un chercheur dans les archives notariales, trouvera un acte de mariage ou succession, ou une transaction qui permette d’établir un lien. Mais, je le répète, à ce jour, ces BELOT sont pour moi dans les NON RATTACHÉS, ce qui est ma méthode jusqu’au jour ou peut-être un acte donnera un lien. Mais j’ai 85 ans, je ne peux plus me rendre  à Angers, et ce sera un autre chercheur avec ma méthode rigoureuse, car uniquement basée sur les preuves fiables : notaires, chartriers, et non les racontars dont beaucoup de généalogistes étaient friands aux siècles passés, et pire de nos jours.
L’acte qui suit est riche en informations généalogiques puisque c’est une transaction entre frères et l’acte donne les parents.
Mathurin BELOT †/1522 x Mathurine †1522/
1-Charles BELOT †/1522 x Jeanne TANNERIE †1522/
2-Marc BELOT †/1522
3-Pierre BELOT †1522/
4-N. BELOT x Colas GUYET †1522/
5-Jean BELOT †1522/ curé de Souvigné

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E5 – Voici sa retranscription (je vous mets les 2 premières vues pour vos exercices de paléographie) :

Le 30 novembre 1522 Comme dès le 1er mai 1519 honnestes personnes feu sire Marc Belot en son vivant marchand d’une part, et honneste femme Jehanne Tannerye veuve de feu sire Charles Belot d’autre part, eust esté fait contrat et association par entre eux touchant le fait de marchandises de drapperie durant le temps de 3 ans lors prochainement venant ainsi et comme plus à plein appert par lettres de contrat d’icelle association passé par nous notaire souscript, durant le temps de laquelle association est ledit Marc Belot allé de vie à trépas au moyen de quoi luy auroit succédé honneste femme Mathurine veuve de feu Mathurin Belot sa mère, laquelle ensemble ladite Tannerye auroient fait vendition des draps et biens de ladite association par plusieurs personnes à ce cognoisseurs, mesme par sires Pierre Belot et Colas Guyet marchands drappiers en la présence de vénérable et discret maistre Jehan Belot licencié es droits curé de Sauvigné, lesquels les Belots enfants de ladite Mathurine, par lesquels a esté trouvé ladite marchandise et biens d’icelle association valoir tant de draps debtes que autres choses jusques à la somme de 2 652 livres 5 sols 6 deniers, sur le total de laquelle somme ladite Tannerye a repris de ladite association la somme de 431 livres tournois (f°2) pour remboursement de pareille somme que ladite veuve avoit baillé à ladite association des debtes dudit feu Charles Belot son mary et elle, qu’elle estoit tenue prendre en debtes à la fin de ladite association comme il est contenu par le contrat d’icelle association, et sur le parsus de ladite somme de 2 652 livres 5 sols 6 deniers tz a esté pour ladite Tannerye d’une part, et lesdits maistre Jehan et Pierre les Belots pour et au nom d’eulx faisant fort de ladite Mathurine leur mère héritiers dudit feu Marc Belot le principal … (encore 5 pages de détails des partages)   

Les moulins à vent disparus, Nantes Sud Loire 1861

En 1861 (AM Nantes) des moulins à vent tournaient encore : 1 à St Jacques, 4 à la Grèneraie, 4 route de Clisson aux Gobelets et 5 route de Vertou à la Tache, les Côteaux de Sèvre et aux Chirons. Tous ces moulins disparaîtront avec la création des minoteries mécaniques au cours des années suivantes. Le recensement de 1886 montre que tous ces meuniers ont cessé leur activité. Ils ont quitté Nantes sans doute pour les minoteries hors Nantes, car leur métier est un savoir faire sans doute récupéré par les minotiers.

Voici d’abord les meuniers et leur famille, à leur mémoire, puis les plans cadastraux de 1834 que vous pourrez télécharger pour mieux zoomer et voir le détail car les moulins sont figurés avec un petit dessin d’ailes au dessus du bâtiment (avec de bons yeux).

Les meuniers de Nantes Sud Loire et leur famille.

Tous ces meuniers sont propriétaires de leur moulin selon le recensement qui donne cette précision. Certains ont une domestique sans doute parce que madame aide monsieur au moulin. Sur ce tableau (lieu,n° dans la rue, nom, prenom, âge, profession, détail du logement)

Rue St Jacques 95 Peltreau Jean 33 meunier 1P rz, 1P 1er
Rue St Jacques 95 Moratte Marguerite 30 femme
Rue St Jacques 95 Peltreau Augustine 8 fille
Rue St Jacques 95 Peltreau Marie 5 fille
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jean 37 meunier 2P rz, moulin, écuries
Ch. de la Grèneraie 1 Maillard Marie 28 femme
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jean 4 fils
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Marie 8 fille
Ch. de la Grèneraie 1 Boursier Ve Fonteneau 76 mère
Ch. de la Grèneraie 1 Niglais René 32 meunier 2P rz, moulin, dépendances
Ch. de la Grèneraie 1 Fonteneau Jeanne 39 femme
Ch. de la Grèneraie 1 Niglais Jeanne 1 fille
Ch. de la Grèneraie 1 (blanc) Annette 16 domestique
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Mathurin 58 meunier 2P rz, moulin
Ch. de la Grèneraie 2 Aubin Marie 59 femme
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Joséphine 32 fille
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Mathurin 29 fils
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Rose 22 fille
Ch. de la Grèneraie 2 Blanchard Louise 14 fils
Hte Grèneraie 1 Fonteneau François 36 meunier 1P rz, moulin, dépendances
Hte Grèneraie 1 Fonteneau Marie 33 sœur
Hte Grèneraie 2 Davieaud Perrine 70 rentière 2P rz
Hte Grèneraie 2 Dubreuil Anne 34 domestique
rte de Clisson 10 Poislane Laurent 50 meunier maison 2P rz, moulin
rte de Clisson 10 Paré Marie 44 femme
rte de Clisson 10 Poislane Laurent 18 fils
rte de Clisson 10 Poislane Louis 12 fils
rte de Clisson 10 Poislane Charles 2 fils
rte de Clisson 10 Poislane Julien 45 frère 1P rz
rte de Clisson 11 Allard Laurent 84 meunier maison 2P rz, moulin
rte de Clisson 11 Allard Joseph 48 fils
rte de Clisson 11 Allard Perrine 50 fille
rte de Clisson 11 Allard Laurent 59 meunier 2P rz, moulin
rte de Clisson 11 Allard Jeanne 50 femme
rte de Clisson 11 Allard Jeanne 21 fille
rte de Clisson 11 Pineau François 55 domestique
rte de Clisson 12 Pinard Toussaint 66 propriétaire 3P rz, 3P 1er, jardin
rte de Clisson 12 Marinier Jeanne 66 femme
rte de Clisson 12 Vetu Marie 23 domestique
rte de Clisson 12 Bigeard Pierre 68 meunier logement moulin dépend.
rte de Clisson 12 Bigeard Julien 65 meunier 2P rz, moulin
rte de Clisson 12 Bouyer Renée 64 femme
rte de Clisson 12 Bigeard Rose 26 fille
rte de Clisson 12 (blanc) Louise 21 domestique
ch. haut de Vertou 3 Brebion François 52 meunier pte maison, moulin
ch. haut de Vertou 3 Sicot François 24 fils 1er lit
ch. haut de Vertou 3 Brebion Françoise 17 fille
ch. haut de Vertou 3 Brebion Jean 21 fils
ch. haut de Vertou 3 Brebion Marie 15 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau René 46 meunier petite maison, moulin
ch. haut de Vertou 6 Godin Jeanne 49 femme
ch. haut de Vertou 6 Allereau Marie 20 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau René 18 fils
ch. haut de Vertou 6 Allereau Reine 14 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau Louise 9 fille
ch. haut de Vertou 6 Allereau Baptiste 8 fils
ch. haut de Vertou 6 Allereau Joséphine 8 fille
ch. haut de Vertou 7 Fonteneau Gabriel 61 meunier maison de 2P, enclos
ch. haut de Vertou 7 Menard Rose 61 femme
ch. haut de Vertou 7 Fonteneau Louise 21 fille
ch. de Vertou ouest 2 Durand Guy 28 meunier maison, moulin
ch. de Vertou ouest 2 (blanc) Jeanne 27 femme
ch. de Vertou ouest 3 Jarravé Ve Menard 72 meunière moulin, 2P rz
ch. de Vertou ouest 3 Menard Jeanne 45 fille
ch. de Vertou ouest 3 Menard Louis 38 fils meunier 1P 1er
ch. de Vertou ouest 3 Maillard Marie 25 femme
ch. de Vertou ouest 3 Menard Louis 3 fils
ch. de Vertou ouest 3 Menard Marie 0,5 fille
ch. de Vertou ouest 3 Bigaud Joseph 41 domestique

Les moulins de Nantes Sud Loire en 1834

Les plans cadastraux les mieux conservés sont ceux des Archives Départementales que voici.

Le moulin de St Jacques figure sur le même plan que celui des Gobelets. Vous voyez au milieu ce qui est aujourd’hui la rue de la Ripossière, en haut la route de Clisson, et le moulin de St Jacques est à gauche en bas. Pour ceux des Gobelets je vous en avais déjà parlé

Les 2 moulins de la Tache sont en bas au début de la route de Vertou. Ce cadastre de 1834 est celui des Archives Municipales puis suivent ceux des Coteaux de Sèvres. La rue actuelle nommée la Tache se trouve un peu plus haut et plus proche des moulins du Chiron qui suivent.

Voici ceux du Chiron un peu plus loin et plus haute route de Vertou, et la carte d’Etat Major de 1866 qui vous situe ces lieux :

et voici quelques moulins de la Grèneraie.

J’ai travaillé dans les années 1960 en haut d’un immense moulin moderne à Cologne sur le Rhin et vous ai déjà raconté ce merveilleux moulin sur le Rhin, mais je suis née près des anciens moulins des Gobelets quartier que j’ai dû quiter en 1956, alors à la mémoire des anciens meuniers de Nantes Sud Loire j’ai écrit ces lignes.  

 

 

 

Salaire des domestiques du tanneur : Noëllet (49) 1724

Il est rare de trouver le salaire des domestiques. En voici selon l’inventaire après décès en 1724 de Julien Jallot mari de Françoise Lemonnier, mes ancêtres. L’inventaire est extrêmement long car il fait 39 pages et a duré près d’un mois, et avec des journées de 8 h du matin à 19 h du soir, y compris le samedi.
Donc, à la fin de ce long inventaire (AD49-5E20) on a les dettes qui sont actives et passives, et dans les dettes passives on a aussi ce qui est dû aux salariés, au nombre de 4 :

  • Au sieur Pierre dit Langouin compagnon tanneur 85 L pour une année 7 mois de son temps – A Claude Gohier serviteur domestique 18 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Julien Dupont aussi serviteur domestique 9 L 10 sols pour environ 6 mois de son service – A Jacquine Lemesle servante domestique 9 L pour environ 6 mois de son service

Ainsi, j’apprends qu’il n’y avait qu’un ouvrier tanneur, et qu’il ne gagnait pas 5 L par mois, mais 4,47 L, et les autres domestiques gagnaient encore moins puisque la servante est même payée seulement 1,5 L par mois, et ils n’étaient pas payés chaque mois, le plus souvent quand ils partaient. Tout cela est extrêment peu pour des heures plus que longues…

Julien Aumont, marchand à Beauchêne (61) a été emprisonné à Angers, et doit payer fort cher son élargissement, 1745

Angers est à 175 km en passant par Domfront, Mayenne, Laval, Château-Gontier, Le Lion-d’Angers et c’est Jacques, son frère, qui va aller payer. Mais il a aussi une dette due à Julien Aumont fils feu Julien marchand pour une obligation crée en 1714 par son père.
Le 11 janvier 1745  Julien Aumont fils feu Jacques marchand vend à son frère Jacques un pré qui fait moins d’un hectare pour 850 livres ce qui est un prix plus qu’exhorbitant. En fait, il a besoin des 850 livres et le pré est tout ce qu’il peut céder, car il a été emprisonné à Angers et il est sorti de prison sous la caution de 2 marchands Angevins auxquels il doit de tout urgence 590 livres pour l’élargissement, le gîte et la pension du concierge de la prison. En effet, on devait alors payer sa pension au concierge de la prison. Pour mémoire, le prix du pré était certainement inférieur à 100 livres au vu de tous les actes notariés que je viens de dépouiller sur Beauchêne. Donc l’acte qui suit est bien une entente entre frères, probablement parce qu’ils sont dans le même commerce.
Mais quel commerce ? Sans doute descendaient-ils les clous d’ardoise jusqu’en Anjou et remontaient à Beauchêne des ardoises ?

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/620  – Voici sa retranscription

« Le 11 janvier 1745[1] après midi fut présent en personne Julien Aumont fils feu Jacques marchand de la paroisse de Beauchêne, lequel a de sa libre volonté vendu quité et abandonné à fin d’héritage pour luy et ses héritiers avec promesse de toutes garanties au sieur Jacques Aumont son frère aussi marchand de la même paroisse de Beauchêne présent et acceptant aussi pour lui ses héritiers savoir est une pièce de terre en pré de la contenance d’environ une acre[2] nommée vulgairement le pré de Rondenois situé au village de la Bordelière en ladite paroisse joignant ladite pièce de toutes parts ledit acquéreur par un bout les héritiers de Jean Louvet ; la présente vente à été faite moyennant et par le prix de 850 livres de principal et pour vin celle de 20 livres présentement payée en traitant le présent contrat, et au regard de la somme principale ledit vendeur en a délégué et donné soumission audit acquéreur et par luy acceptée d’en payer la somme de 590 livres aux mains des sieurs Lefrère et Jusqueau marchands demeurant en la ville d’Angers tant pour le principal de ce qui leur est dû par ledit vendeur que pour les frais de l’emprisonnement qu’ils auroient requis pour le concierge, giste et geolage, laquelle somme de 590 livres ledit vendeur croit qu’ils la voudront bien ayant consenti sous cette considération son élargissement pour parvenir au présent contrat afin de leur prouver la liberté de sa personne, consentant pour cet effet ledit vendeur que ledit acquéreur … pour la validité du présent contrat aussi bien que celui du sieur Julien Aumont fils feu Julien aussi marchand (f°2) de la même paroisse de Beauchêne pour le principal arrérages prorata frais loyaux cousts de 16 livres 13 sols 9 deniers de rente hypothécaire à lui due par ledit vendeur par contrat passé devant Gabriel Guerard tabellion le 29 novembre 1714 du fait de François Drone marchand de la paroisse de Chanterguy ? au bénéfice du père dudit sieur Aumont et dont ledit vendeur est obligé d’acquiter ledi Drone selon un autre contrat de reconnaissance devant Jean Gerard le 28 janvier 1740 et pour effectuer ladite soumission ledit acquéreur a présentement payé aux mains dudit Julien Aumont la somme de 300 livres pour le prinicpal de ladite partie de rente, laquelle somme il a recueillie en espèces d’argent et monnaie … ainsi que la somme de 36 livres … Ledit vendeur demeure obligé même par corps d’en faire la remise et répétition audit acquéreur dans un an de ce pour les frais d’emprisonnement giste et geolage dudit vendeur, le surplus desdites (f°3) soumissions demeurant pour paiement du prix de ladite vente, de laquelle ledit acquéreur a été envoyé en la propriété possession et jouissance du pré avec tous les droits d’eau haies et fossés

[1] AD61-4E180/620 devant Lelièvre tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] acre : dialecte Normand, l’acre vaut 160 perches carrées de 22 pieds de côté, soit 81,712 ares (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

 

Au coeur des villes autrefois les tanneries malodorantes mêlaient leurs effluves à celles des corps et linges pas lavés mais notre nez est heureusement muni d’un seuil !

J’avais publié il y a 5 ans ce billet, et si je le remets ce jour, c’est pour vous annoncer que j’ai fait une énorme découverte concernant mes tanneurs, et que je suis en train de vous préparer leur histoire, mais promis sans l’odeur… 

Ceux qui ont connu le quartier de Pirmil et Pont Rousseau à Nantes autrefois se souviennent des odeurs puissantes des tanneries le long de la Sèvre, des savonneries et autres usines traitant le suif.
Pestilentiel !

Nantes n’était pas une exception, car autrefois bon nombre de ces artisans malodorants étaient au cœur des villes. Allez au musée d’Angers et vous verrez ce magnifique tableau des tanneries sur la Maine côté de la Trinité, que je ne retrouve pas sur Internet.

Pour ma part, je possède le droit de vous montrer ma carte postale de la tannerie à Clisson. Les tanneries d’autrefois sont reconnaissables à leurs séchoirs à claire voie.

J’ai aussi connu le temps avant la machine à laver, où changer de culotte chaque jour n’était pas encore universel, et je ne parle pas des chaussettes etc… Michel Serres, qui a 7 ans de plus que moi, s’en souvient dans « C’était mieux avant ! », à lire absoluement, bien entendu pour clamer que ce n’était pas mieux.

Je prenais alors chaque jour l’autobus pour le Lycée Guist’hau. On entrait dans l’aurobus par l’arrière, on passait devant la dame (je n’ai jamais vu d’homme !) pointeuse, et on remontait en se poussant dans une odeur que la génération actuelle n’imagine même pas !
Que de culottes, que de chaussettes et que de corps pas lavés !!!
Mais les yeux fermés, on savait qu’on franchissait le pont de Pirmil, quand notre nez enregistrait soudain une autre nuance, encore plus désagréble : la tannerie n’était pas loin !

J’ignorais à l’époque que plus tard, penchée sur la recherche de mes racines, je me retrouverai descendante de plusieurs lignées de tanneurs, dont les Jallot à Noëllet, et les Rousselot à Clisson. J’avoue que mon nez a immédiatement « ressenti son souvenir » lorsque j’ai découvert ces ascendants odériférants. Et j’y repense souvent, car je vais ces jours-ci vous illustrer leur aisance, mais vous n’oublierez pas au prix de quel nez !!!

Jean-Louis Beaucarnot « Nos ancêtres étaient-ils plus heureux » nous décrit l’ambiance à la cour, dont les costumes somptueux sont tout sauf lavables, et où on rajoute par dessus les odeurs corporelles des parfums, mais aussi le reste de la population, où même les odeurs de cuisine s’ajoutaient à celles des vêtements et corps pas lavés.
Selon les inventaires après décès que j’ai pu déjà faire, la chemise n’était pas le lot de tout le monde, mais le nombre de chemises indique bien un rang social, et je vai vous en donner un exemple ces jours-ci. Et selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, elle est apparue tard.

Mais rassurez-vous, même si on raconte que Louis XIV lui-même empestait à 3 m à la ronde, notre nez est ainsi fait que
« Notre sens de l’odorat est semblable à notre perception des corps chauds ou froids: l’intensité de l’odeur perçue est très forte au début puis se produit une adaptation et une baisse progressive de la sensation ressentie. Pour chaque composé odorant, il existe un seuil en dessous duquel le composé n’est pas détecté. Au-dessus du seuil, l’intensité perçue n’est pas proportionnelle à la concentration, car un effet de saturation est observé: la loi de puissance de Stevens permet de décrire cette dépendance. »

Donc, en fait nos ayeux percevaient beaucoup moins que nous les mauvaises odeurs, car ils baignaient dedans et ne les percevaient plus si intenses. En outre, l’effet de seuil épargne au nez humain de très fortes odeurs.

Mais la majorité de nos ancêtres n’a pas connu l’absence d’odeur, et encore plus l’odeur du parfum.

Et je peux vous parler ces jours ci d’odeurs, car en haut de ma tour, je viens de vivre la semaine passée sans eau, puis eau samedi, puis coupure dimanche et à nouveau eau lundi soir, mais entre temps une fuite en bas a noyé l’ascenceur, et je suis en haut avec à nouveau de l’eau et linge lavé, mais plus d’ascenceur.
Je peux témoigner que sans eau en appartement cela n’est pas terrible, au niveau de la chasse d’eau, malgré le grand nombre de bouteilles plastiques que j’avais précautionneusement remplies avant la coupure (ils refaisaient à neuf la colonne d’arrivée d’eau). Une douche aussi c’est bien !!! et ne parlons pas de la machine à laver, alors j’ai beaucoup pensé à nos ancêtres, sans notre confort habituel.

PS. Je ne vais pas mieux : douleurs comme de myalgie, frissons de glaçon permanent, céphalées etc…

Histoire de l’industrie à Nantes après la Révolution

Selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 506

« L’industrie avait en général moins souffert que le commerce de nos orages politiques. En l’an XI, les mines de Nort et de Montrelais livrèrent 108, 125 hectolitres de charbon de terre. Les salines nous offrent, pour 1802, un produit de 44 à 48 mille tonneaux. La fabrication des clous, liée à nos relations d’outre-mer, avait été réduite de 80 mille quintaux métriques à 10 mille ; la fabrication des toiles n’occupait plus que 230 métiers, au lieu de 500, dans la ville de Nantes. La blanchisserie au chlore avait cessé ; 7 établissements s’étaient formés pour la filature mécanique du coton. Les corderies occupées pour le compte de la marine nationale n’avaient ni prospéré, ni déchu. La chapellerie ne fournissait plus qu’a la consommation locale. La concurrence des indiennes de fraude avait entièrement ruiné nos fabriques. La verrerie ne fabriquait plus que moitié de ses anciens produits ; les raffineries et les distilleries avaient subi l’influence d’une guerre maritime. Parmi les établissements de notre ville se trouvaient : une fabrique de pipes occupant 8 ouvriers, une autre de faïence, servi par 50 ; une manufacture de porcelaine qui en employait 40. Les diverses tourbières , exploitées par 4 mille 247 ouvriers, produisaient 3 millions 247 mille centaines de mottes, au prix de 0,10 le cent. La clouterie, à Nantes, occupait 240 ouvriers ; les fonderies, 30 ; les toiles peintes, 1300 ; la verrerie , 31 ; la raffinerie , 144. On comptait, à cette époque, pour tout le département, 14 pharmaciens , 13 architectes , 174 aubergistes , 213 boutiquiers , 241 bouchers, 52 charcutiers, 243 boulangers, 1 brasseur, 4 bouquinistes , 8 constructeurs de navires, 284 maîtres-charpentiers, 247cordonniers, 1 441 cabaretiers , 35 commissionnaires de marchandises , 10 droguistes, 1 entrepreneur de roulage, 8 fabricants de mouchoirs , 24 de cotonnades , 182 épiciers , 7 fabricants d’eau-de-vie , 9 de chandelles , 1 facteur d’instruments, 4 luthiers , 25 ferblantiers , 23 fariniers , autant de grainetiers, 4 imprimeurs-libraires,3 libraires, 12 limonadiers, 24 horlogers, deux manufactures de brosses , 6 d’indiennes, 2 marbriers , 86 marchands de bois à brûler, 41 de draps, 188 de vin en gros, 142 négociants, 124 médecins , 3 dentistes , 74 perruquiers, 4 poêliers , 84 propriétaires de bâteaux caboteurs, 42 quincailliers, 32 revendeurs, 37 rouliers, 75 tanneurs. Sans doute, le plus grand vice de ce tableau , ce n’est pas d’être incomplet, mais bien d’être fautif. Cependant, il serait à désirer que, pour chaque époque , ou pût en dresser de semblables ; ils donneraient matière à des rapprochements curieux, et jetteraient un jour tout nouveau sur la distribution des produits, partie de l’économie politique que jusqu’ici l’on n’a pas encore étudiée. Les prix de la main d’oeuvre en l’an XI , étaient de 2 fr. 50 pour les tailleurs de pierre , les charpentiers , les plombiers et les menuisiers ; de 2 fr. 25 pour les maçons et les marbriers ; ils variaient de 90 c. à 1 fr. 75 c. pour les manœuvres; les serruriers étaient payés 3 fr. , et les sculpteurs 5 et 6 fr. par jour. En général, 100 fr. placés en immeubles rapportaient, à cette époque, de 5 fr. à 5 fr. 55 c. pour les prairies, de 5 fr. 60 à 5 fr.80 c. pour les terres labourables , de 5 fr. 80 c. à 6 fr. 25 c. ,pour les vignes, de 8 fr. 33 c. à 10 fr. pour les maisons de ville. Prêtés , 100 fr. rapportaient sur billet de 9 a 10 fr. 50 c. ; sur hypothèque de 6 à 9 fr. ; à la grosse, pour les Antilles de 15 à 18 fr. »
Donc 75 tanneurs en Loire-Atlantique en 1800, mais il y en avait encore à Nantes, et c’est Guépin, dans son « Histoire de Nantes » qui nous offre cette vue de l’Erdre à Nantes avant la création du quai des Tanneurs :

Création du quai des Tanneurs

Son nom lui vient des tanneries qui y sont établies. En 1790 le quai des Tanneurs est commencé (Verger, Archives I, 23) – En 1792 on a commencé les deux extrémités d’un quai, dit le Quai-Neuf, qui, devant régner de ce côté de l’Erdre, contribuera peut-être à l’utile projet d’écarter ces tanneries dont les exhalations ne peuvent qu’être pernicieuses aux habitants des environs. (Nouvelles Etrennes Nantaises, Guimar, 1792) – En 1836 par sa délibération du 9 novembre 1835, le conseil municipal a décidé que le quai des Tanneurs, rive droite du canal, sera prolongé dans la partie comprise entre la rue Le Nôtre et la route de Rennes, en acquérant soit à l’amiable, soit par expropriation pour cause d’utilité publique, les portions de propriétés qui doivent entrer dans ce quai, En mairie de Nantes, le 13 avril 1836 (Le Breton, p. 1) – 1836 Des remblais sont jetés sur les deux quais de l’Erdre qui joignent le pont du Port-Communeau à l’entrée de la route de Rennes : on assure que le quai des Tanneurs ne tardera pas à être entièrement ouvert (Le Breton, 20 octobre 1836, p.1) – 1837 L’installation de l’Etablissement du Gaz sur le quai des Tanneurs avance rapidement (Le Breton, 30 juin 1837, p.1)
Née en 1938, j’ai beaucoup connu le quai des Tanneurs car les cars Drouin 7 y avaient leur départ pour Guérande, et on me confiant petite au chauffeur, et je restais bien sage derrière lui, ma petite valise sur moi, sans la lacher. J’ai aussi connu l’usine de Gaz, et j’ai toujours été totalement surprise d’une telle usine au coeur de la ville, mais rassurez-vous cette usine n’était là que dans mon enfance, et elle n’est plus là… mais tout de même comment a-t-on pu remplacer les tanneurs par l’usine à gaz au coeur de la ville, je me le demande toujours…

Les tanneurs de Nantes étaient liés à ceux de Clisson au 17ème siècle

Et j’en descends, et je viens ce jour, 8 novembre 2022, vous conter l’incroyable relation entre tanneurs de Nantes et Clisson.

Histoire des fenêtres sans vitres, puis des vitres.

Il y a 14 ans, j’ouvrais de blog, avec cet article. Je le remets car j’ajoute ici les toiles aux fenêtres, selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 265
« En 1579, les fenêtres du collége Saint-Clément n’avaient que des carreaux de toile, comme le montre une plainte déposée au bureau de la mairie par le procureur du roi, qui poursuivait le principal et les régents, parce qu’ils exigeaient des élèves une indemnité pour la chandelle, les bancs et la toile des fenêtres. Le principal représenta que pareille chose avait lieu à Paris, et l’affaire n’eut pas de suite. »

  • Ouvrons les fenêtres

Un toît sur la tête, l’homme, pour y voir clair, pratique dans le mur une ouverture, appellée fenêtre du grec « éclairer ». Elle laisse passer l’air, indispensable pour cuire les aliments à l’intérieur. Les peaux de bête assurent la lutte contre la pluie, le vent… plus tard remplacées par des toiles cirées, papiers huilés, souvent protégés de grilles.

Puis, les fenêtres s’agrandissent et on y met une croisée ; à l’extérieur un contrevent de bois, découpé pour laisser un filet d’air et de lumière. Quelques Romains y mettent du mica ou de l’albatre, puis du verre coulé plat à la transparence relative !

Au début du 14e siècle, le verrier Philippe Cacqueray met au point la fabrication de feuilles planes. Les verreries, rares, très artisanales et consommatrices de forêts, produisent peu et le verre est difficile à transporter à plus de 40 km par charroi sur les chemins défoncés…

La fenêtre devient alors parfois le bois et vitrage qui composent la croisée. Les carreaux, fort rares, sont petits ; on leur adjoint à l’intérieur, un volet pour cacher la lumière à volonté.

Sous Louis XIV, le verrier Lucas de Nehou, met au pont le coulage du verre à vitre au château de Saint-Gobain, d’où la galerie des glaces.
Mais point de vitre aux fenêtres de l’immense majorité ! L’invention était pour la galerie des glaces, pas pour le peuple !

Au 19e siècle, le procédé est amélioré, les transports aussi. La vitre arrive enfin aux fenêtres. De son côté, le contrevent extérieur prend le nom de son collègue intérieur, le volet.

Au 20e siècle la vitre atteind de telles dimensions qu’elle concurrence le mur. Elle ne laisse pas passer l’air, alors on réinvente l’ouverture pour lui, et on ajoute un moteur : la VMC est née. Quant au volet de bois, ex contrevent, il peut encore être découpé, mais cette fois pour le décor…
Lucas de Nehou est oublié… Ah s’il voyait ces tours de verre !

Merci à Ghislaine le Dizès, poétesse, pour le joli titre de ce message…

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