Les chaînes d’info disent n’importe quoi sur les retraites

Je suis en abstention totale des chaînes télé d’info depuis plusieurs jours et je remercie vivement ARTE d’exister, car l’information y est plus calme et juste sur les retraites. Les 25 premières années de ma carrière, je travaillais pour la retraite à 65 ans et j’assistais aux pots de départ en retraite, très cordiaux, puis en 1982 Mr Mitterand a mis la retraite à 60 ans et j’ai fait partie de ceux qui ont été jeté brutalement dehors sans avoir eu le temps de préparer la retraite brutalement avancée, sans pot de départ,          seulement le coup de pied au cul.                                                                  Ce jour 17 février à midi j’ai voulu entendre BFM TV et j’ai dû éteindre 3 minutes plus tard après avoir entendu une énormité « les retraites sont indexées sur l’inflation pas les salaires » et j’ai donc vérifié pour ce qui me concerne de 2002 à 2022 je n’ai été augmentée que de 24% alors que l’inflation était de 31%, donc je poursuis mon abstention des chaînes d’info car elles disent n’importe quoi sur les retraites.

 

Julien Aumont, marchand à Beauchêne (61) a été emprisonné à Angers, et doit payer fort cher son élargissement, 1745

Angers est à 175 km en passant par Domfront, Mayenne, Laval, Château-Gontier, Le Lion-d’Angers et c’est Jacques, son frère, qui va aller payer. Mais il a aussi une dette due à Julien Aumont fils feu Julien marchand pour une obligation crée en 1714 par son père.
Le 11 janvier 1745  Julien Aumont fils feu Jacques marchand vend à son frère Jacques un pré qui fait moins d’un hectare pour 850 livres ce qui est un prix plus qu’exhorbitant. En fait, il a besoin des 850 livres et le pré est tout ce qu’il peut céder, car il a été emprisonné à Angers et il est sorti de prison sous la caution de 2 marchands Angevins auxquels il doit de tout urgence 590 livres pour l’élargissement, le gîte et la pension du concierge de la prison. En effet, on devait alors payer sa pension au concierge de la prison. Pour mémoire, le prix du pré était certainement inférieur à 100 livres au vu de tous les actes notariés que je viens de dépouiller sur Beauchêne. Donc l’acte qui suit est bien une entente entre frères, probablement parce qu’ils sont dans le même commerce.
Mais quel commerce ? Sans doute descendaient-ils les clous d’ardoise jusqu’en Anjou et remontaient à Beauchêne des ardoises ?

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/620  – Voici sa retranscription

« Le 11 janvier 1745[1] après midi fut présent en personne Julien Aumont fils feu Jacques marchand de la paroisse de Beauchêne, lequel a de sa libre volonté vendu quité et abandonné à fin d’héritage pour luy et ses héritiers avec promesse de toutes garanties au sieur Jacques Aumont son frère aussi marchand de la même paroisse de Beauchêne présent et acceptant aussi pour lui ses héritiers savoir est une pièce de terre en pré de la contenance d’environ une acre[2] nommée vulgairement le pré de Rondenois situé au village de la Bordelière en ladite paroisse joignant ladite pièce de toutes parts ledit acquéreur par un bout les héritiers de Jean Louvet ; la présente vente à été faite moyennant et par le prix de 850 livres de principal et pour vin celle de 20 livres présentement payée en traitant le présent contrat, et au regard de la somme principale ledit vendeur en a délégué et donné soumission audit acquéreur et par luy acceptée d’en payer la somme de 590 livres aux mains des sieurs Lefrère et Jusqueau marchands demeurant en la ville d’Angers tant pour le principal de ce qui leur est dû par ledit vendeur que pour les frais de l’emprisonnement qu’ils auroient requis pour le concierge, giste et geolage, laquelle somme de 590 livres ledit vendeur croit qu’ils la voudront bien ayant consenti sous cette considération son élargissement pour parvenir au présent contrat afin de leur prouver la liberté de sa personne, consentant pour cet effet ledit vendeur que ledit acquéreur … pour la validité du présent contrat aussi bien que celui du sieur Julien Aumont fils feu Julien aussi marchand (f°2) de la même paroisse de Beauchêne pour le principal arrérages prorata frais loyaux cousts de 16 livres 13 sols 9 deniers de rente hypothécaire à lui due par ledit vendeur par contrat passé devant Gabriel Guerard tabellion le 29 novembre 1714 du fait de François Drone marchand de la paroisse de Chanterguy ? au bénéfice du père dudit sieur Aumont et dont ledit vendeur est obligé d’acquiter ledi Drone selon un autre contrat de reconnaissance devant Jean Gerard le 28 janvier 1740 et pour effectuer ladite soumission ledit acquéreur a présentement payé aux mains dudit Julien Aumont la somme de 300 livres pour le prinicpal de ladite partie de rente, laquelle somme il a recueillie en espèces d’argent et monnaie … ainsi que la somme de 36 livres … Ledit vendeur demeure obligé même par corps d’en faire la remise et répétition audit acquéreur dans un an de ce pour les frais d’emprisonnement giste et geolage dudit vendeur, le surplus desdites (f°3) soumissions demeurant pour paiement du prix de ladite vente, de laquelle ledit acquéreur a été envoyé en la propriété possession et jouissance du pré avec tous les droits d’eau haies et fossés

[1] AD61-4E180/620 devant Lelièvre tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] acre : dialecte Normand, l’acre vaut 160 perches carrées de 22 pieds de côté, soit 81,712 ares (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

 

Jacques Aumont, marchand à Beauchêne (61) acquiert un contrat de fieffe, 1744

Je poursuis mon retour sur mes ancêtres Normands, cloutiers à Beauchêne dans l’Orne, car pour compléter mes travaux antérieurs qui avaient près de 30 ans, je dépouille des actes notariés et je découvre des choses stupéfiantes sur leur fortune respective, dont je vais vous entretenir. En attendant, voici l’une des particularités du droit Normand, le contrat de fieffe, qui signifie en fait qu’une vente de terre n’a pas été payée en capital mais en rente perpétuelle. Jacques Aumont l’acquéreur n’est surtout pas mon ascendant et n’a rien à voir avec la fortune modeste des cloutiers bien incapables d’un tel acquêt. Car Jacques Aumont est marchand et aisé, et il a surtout une signature très originale, avec son prénom en entier ce qui était rare pour les non nobles et surtout des volutes qui ressemblent parfois à des accents au dessus.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/618  – Voici sa retranscription

   « Le 20 février 1744[1] au bourg de St Cornier fut présent en sa personne Vincent Duchenay fils feu François de la paroisse de Beauchêne, lequel sans force ni contrainte d’aucune personne, avec promesse de bonne et vallable garantie, a ce jourd’hui vendu quitté cédé et du tout délaissé à Jacques Aumont fils feu Jacques, marchand, de la paroisse de Beauchêne, présent tant pour lui que pour ses hoirs, savoir est le corps prix principal d’un contrat de fieffe[2] fait par ledit Vincent à Jean Louvel fils Etienne de ladite paroisse de Beauchêne, estant ledit contrat du village situé à la Bordelière en Beauchêne sous le fief dudit fieffe de la somme de 14 livres de rente foncière suivant qu’il est spécifié par le contrat de fieffe lequel est passé devant Gabriel Guerard tabellion et Nicolas Mallausieux son adjoint le 4 mars 1719 ; et a été la présente vente et abandonnement de susdite rente cy dessus faite par le prix et somme de 294 livres, prix auqul les parties sont convenu, laquelle somme cy dessus a été présentement payée comptée et nombrée en pièces ayant cours par ledit Aumont audit Vincent Duchesné … pour vertu d’iceluy du présent soy faire payer ledit Aumont sur ledit Jean Louvel ou ses représentants comme auroit fait ou pu faire ledit Vincent Duchesnay

[1] AD61-4E180/618 devant tabellion royal à Tinchebray (Orne)

[2] fieffe : en Normandie, vente qui ne diffère de la vente ordinaire que parce que le prix au lieu d’être un capital est une rente perpétuelle ou foncière (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)

Signalement de changement de domicile entre 2 baptêmes dans le registre de Beauchêne (61) 1679

S’il y a bien un endroit où je ne pensais pas trouver une telle information, c’est bien entre 2 baptêmes, sur le registre paroissial, et le prêtre donne même le montant de l’impôt qui était payé à la paroisse par ces personnes qui quittent la paroisse, et vous allez voir que cet impôt atteste une très grande différence de revenus, c’est le moins qu’on puisse dire !!!

Le 24 septembre 1679 le beau-frère de Laurent Leconte Pierre (s) et Jean (s) son fils ont fait savoir aux paroissiens dudit Beauchesne qu’ils transfèrent leur domicile de la paroisse en la paroisse de St Cornier lesquels sont imposés à 10 livres


Ledit jour et an que dessus Gilles Pallier a fait savoir au général de Beauchesne qu’il transfèrt son domicile de ladite paroisse en la paroisse de Chanu lequel est imposé à 5 sous [la marque dudit Gilles Pallier, ce qui signifie qu’il ne sait pas signer et en Normandie ceux qui ne savent signer mettent leur marque]

Marie Aumont femme de Louis Lelièvre reçoit le solde de sa dot 13 ans après : Beauchêne (61) 1745

En Normandie les dots n’étaient que très rarement payées le jour des noces, mais toutes étaient payées sur 10 à 20 ans, voire plus. Ici, nous sommes 13 ans après les noces, et vous allez découvrir donc 13 ans plus tard la valeur de la moitié d’une poêle d’airain. Gageons que le couple a tout de même pu acheter une poêle entière 13 ans plus tôt !!!

Cet acte atteste que Julien Aumont et Jeanne Robes n’ont que 2 branches Aumont descendantes en 1745 celle de leur fils Julien et celle de leur petit fils Charles, car ils paient par moitié la dot due à Marie Aumont leur fille. Cette dot était de 240 livres en 1732 donc une classe sociale moyenne. Pourtant, son époux ne sait pas signer.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E80/621  – Voici sa retranscription

« Le 12 septembre 1745 à St Cornier, fut présent en personne Louis Lelièvre (ns) fils feu Gabriel de la paroisse de Beauchêne, ayant épousé Marie Aumont fille de feu Julien et de defunte Jeanne Robes, lequel en cette qualité reconnaît avoir reçu de Julien Aumont son beau-frère de ladite paroisse de Beauchêne la somme de 120 livres pour la moitié du principal de sa promesse de mariage passée devant Robes tabellion le 9 janvier 1732, ensemble reconnaît ledit Lelièvre avoir reçu dudit Julien Aumont 5 livres d’étain et la valeur de la moitié d’une poêle d’airain qui font le restant de ladite part de meubles ayant acquité le surplus desdits meubles par quittance passée devant nous au moyen de quoi ledit Julien Aumont demeure généralement quite vers ledit Lelièvre de ladite part en principal, meubles, sans préjudice à iceluy Lelièvre à se faire payer de l’autre moitié sur les héritiers Charles Aumont, neveu dudit Julien, sans déroger à la solidité demeurant ledit Julien Aumont quite des intérêts de ladite somme de 120 livres …

[1] AD61-4E80/621 devant Gabriel Lelièvre tabellion royal à Tinchebray

Epiphanie, fête des Rois – le prénom Epiphaine

C’est la fête des Rois, et tous les closiers du Haut-Anjou (ou presque sans doute) ont préparé une fouasse de la fine fleur d’un boisseau de froment, et l’on apportée à la maison de leur bailleur, car elle fait partie de leurs charges aux termes de leur bail.

Cette fête catholique fait tellement partie de notre patrimoine que nos grandes surfaces étalent des palettes entières de couronnes diverses dès le 26 décembre, tout juste si ce n’est pas avant Noël !
De son côté, le ministère de la culture l’a itraite au titre du patrimoine historique.
Et l’église catholique naturellement, sous un angle plus religieux.
Or donc, lisant un registre en ligne, je tombe sur une Epiphaine :


« Le vingt et huictiesme jour dudit moys de may l’an mil six cents unze fut baptizé Jacques Roguier fils de Olivier Roguier et de Renée Lermitte sa femme parrain Jehan Lermitte fils de deffunt Jehan Lermitte marraine Epiphaine Guillou par moy »

EPIPHA1NE (sainte), Epiphania, religieuse honorée à Pavie, était une princesse qui quitta la cour et le monde pour s’ensevelir dans le cloître. — 6 octobre.

EPIPHANE (saint), Epiphanius, évêque et martyr en Afrique, souffrit avec saint Donat et quatorze autres. — 7 avril.

EPIPHANE (saint), archevêque de Salamine en Chypre et docteur de l’Eglise, né vers l’an 310, dans la Palestine , s’appliqua dès sa jeunesse à l’étude de l’Ecriture sainte, et, afin de mieux pénétrer le sens des oracles sacrés, il apprit l’hébreu, l’égyptien, le syriaque, le grec et le latin. Les fréquentes visites qu’il faisait aux solitaires lui inspirèrent la résolution d’embrasser la vie anachorétique, et il se retira dans les déserts de l’Egypte. Étant revenu en Palestine, vers l’an 332, il bâtit près du lieu de sa naissance, un monastère dont il eut le gouvernement. Il se livrait à des austérités grandes, qu’on crut devoir lui représenter qu’il les portait trop loin ; mais il répondit : Dieu ne nous donnera le royaume des cieux qu’à condition que nous travaillerons à le mériter, et tout ce que nous pouvons faire n’a point de proportion avec la couronne de gloire qui nous est promise. Aux macérations corporelles il joignait la prière et l’étude, lisant tous les bons livres qui se publiaient, et profitant de ses voyages pour étendre ses connaissances. Quoiqu’il fût déjà très versé dans les voies de la perfection, il se mit, en 333, sous la conduite de saint Hilarion et passa vingt-trois ans dans son monastère. L’amitié de ces deux saints fut toujours si étroite que, ni la longueur du temps, ni la distance des lieux ne purent la refroidir. Durant la cruelle persécution que les ariens firent souffrir aux catholiques sous le règne de Constance, saint Epiphane sortit souvent de sa cellule pour voler au secours de la foi : il se sépara même de la communion d’Eutychius, évêque d’Eleutéropolis, qui, par des vues de politique, plutôt que par conviction, s’était attaché au parti que favorisait la cour. Il s’appliqua aussi à signaler les erreurs qu’il avait découvertes dans les écrits d’Origène. On venait le consulter de toutes parts, et on ne le quittait jamais sans avoir reçu les plus sages avis. Il était l’oracle de la Palestine et des pays voisins : sa réputation pénétra jusque dans l’île de Chypre, et l’Eglise de Salamine l’élut pour évêque vers l’an 367; mais il est probable que saint Hilarion, qui, après diverses pérégrinations, avait passé dans cette lie, contribua à l’élévation de son ancien disciple et ami. Saint Epiphane ne renonça pas au gouvernement de ses religieux qu’il visitait de temps en temps; il continua aussi de porter l’habit monastique et ne changea rien à son genre de vie : seulement ses abstinences étaient moins rigoureuses, lorsqu’il se trouvait dans le cas d’exercer l’hospitalité. Sa charité était sans bornes ; il distribuait aux pauvres tout ce dont il pouvait disposer, et plusieurs personnes riches, entre autres, sainte Olympiade de Constantinople, le faisaient le dispensateur de leurs aumônes. Les hérétiques eux-mêmes vénéraient sa sainteté ; aussi ne fut-il point enveloppé dans la persécution que les ariens suscitèrent aux catholiques en 371, et il fut presque le seul évêque orthodoxe qu’ils laissèrent tranquille dans cette partie de l’empire. ll fit, en 376, le voyage d’Antioche, dans la vue de ramener à la fui Vital, évêque de cette ville, qui était tombé dans l’hérésie d’Apollinaire ; mais ses efforts n’eurent aucun succès. Les dissensions qui troublaient l’Eglise d’Antioche, ayant obligé saint Paulin, évêque de cette même ville d’Antioche, à se rendre à Home en 382, saint Epiphane l’accompagna, et pendant leur séjour dans cette ville, ils logèrent chez sainte Paule.
Trois ans après, il eut la consolation de recevoir, à son tour, sainte Paule, qui allait se fixer en Palestine, et qui passa dix jours chez lui, à Salamine. S’étant trouvé à Jérusalem en 394, il y prêcha contre rorigénisme, en présence de Jean, patriarche de cette ville qu’il soupçonnait de pencher vers cette hérésie, et qui fut très mécontent de son discours. Le saint se rendit à Bethléem pour visiter sainte Paule et saint Jérôme : il persuada au saint docteur de se séparer de la communion de Jean jusqu’à ce qu’il eût donné des preuves de sou orthodoxie ; il conféra aussi la prêtrise à Paulinien, frère de saint Jérôme. Le patriarche se plaignit hautement de cette ordination, et soutint qu’elle était un attentat contre ses droits. Saint Epiphane, pour se justifier, lui écrivit qu’il avait pu ordonner un moine qui, en qualité d’étranger, n’était pas censé de la province de Jérusalem ; n’avait eu en vue que l’utilité de l’Eglise, et qu’il n’avait nullement pensé à porter atteinte à sa juridiction. « Nous n’avons point désapprouvé, ajoute-t-il, de semblables ordinations qui ont été faites dans la province dont nous sommes métropolitain. » L’affaire s’apaisa ; Paulinien suivit saint Epiphane à Salamine et lui demeura soumis comme étant de son clergé. il tint en 401 à Salamine, un concile de tous les évêques de Chypre, dans lequel on condamna les erreurs d’Origène, et il se rendit ensuite à Constantinople pour engager saint Jean Chrysostome, patriarche de cette ville, à souscrire à cette condamnation, ce qu’il ne put obtenir. Pendant qu’il était à Constantinople, il accusa d’origénisme quatre abbés de Nitrie, qu’on appelait les quatre grands frères, à cause de leur haute stature, et que Théophile, patriarche, d’Alexandrie, avait chassés de leurs monastères sous prétexte qu’ils étaient partisans des erreurs d’Origène. Saint Epiphane, trompé par Théophile, qui s’acharnait à leur poursuite, moins par amour de la vérité que par animosité contre saint Jean Chrysostome, qui, après s’être assuré de la pureté de leur foi, les avait admis aux saints mystères, les traita comme des hérétiques et refusa même de communiquer avec le saint patriarche qui s’était déclaré leur protecteur. Les quatre grands frères, en ayant été informés, allèrent trouver l’archevêque de Salamine, et Ammone, l’un d’eux, prenant la parole pour tous, lui dit : Mon père, nous désirons savoir si vous avez vu nos disciples et nos écrits. — Non, jamais. — Comment donc nous avez-vous jugés hérétiques sans connaître nos sentiments ? — C’est qu’on ne l’a certifié. — Nous avons agi autrement à votre égard, car nous avons souvent rencontré vos disciples et beaucoup lu vos ouvrages, entre autres l’Anchorat, et comme plusieurs le taxaient d’hérésie, nous en avons pris la défense. Vous ne deviez donc pas nous condamner sans nous entendre, ni parler aussi mal de ceux qui ne disent de vous que du bien. Le saint leur témoigna son regret de les avoir mal jugés et les apaisa par ses manières affables. Il prêcha ensuite à Constantinople sans avoir demandé la permession au patriarche, et il y ordonna un diacre : ces deux faits, ainsi que celui de l’ordination de Paulinien à Bethléem, prouvent qu’il n’avait pas des idées très nettes sur la juridiction ecclésiastique : peut-être croyait-il pouvoir se permettre, dans le diocèse d’un autre évêque, ce qu’il n’eût pas trouvé mauvais qu’on fit dans le sien ; d’ailleurs l’Eglise ne s’était point encore expliquée alors sur ce sujet d’une manière aussi explicite qu’elle l’a fait depuis.
Le pape Urbain II examinant cette conduite de saint Epiphane, l’excuse à cause de sa bonne foi et de ses bonnes intentions. Le saint archevêque quitta Constantinople et s’embarqua pour retourner dans son diocèse, mais il ne put regagner Salamine, et il mourut en route, l’an 403, âgé de quatre-vingt-treize ans dont il avait passé trente-six dans l’épiscopat. Ses disciples bâtirent en Chypre une église en son honneur et placèrent son image parmi celles des saints. Dieu hennira son tombeau par un grand nombre de miracles.
Les écrits du saint docteur sont 1° le Panarium, qui contient l’histoire de vingt hérésies qui avaient précédé la naissance de Jetas-Christ, et de quatre-vingts autres qui s’étaient élevées depuis la promulgation de l’Évangile; 2° l’Anehorat, qui contient des preuves abrégées des principaux articles de la foi catholique ; 3° le Traité des poids et mesures des Juifs, destiné à faciliter aux fidèles l’intelligence de la Bible ; 4° le Physiologue, ou recueil dés propriétés des animains avec des réflexions mystiques et morales qui sont seules de saint Epiphane, le reste de l’ouvrage étant une compilation ; 5° le Traité des pierres précieuses, où il explique les qualités des douze pierres qui étaient sur le rational du grand prêtre des Juifs ; 6° deux lettres adressées l’une à Jean, patriarche de Jérusalem et l’autre à saint Jérôme; 7° un Commentaire sur le Cantique des cantiques, découvert dans le siècle dernier. Le style de saint Epiphane manque d’élégance et d’élévation : il est souvent dur, inculte et décousu ; mais si sa diction est négligée, sa doctrine est pure. Les défauts qu’on lui reproche comme écrivain n’empêchent pas qu’on ne l’ait toujours regardé comme un des principaux docteurs de l’Eglise, dont on admire surtout la vaste érudition. — 12 mai.

EPIPHANE (saint), évêque de Pavie, était né en 447, et il n’avait que vingt ans lorsqu’il fut élevé à l’épiscopat. C’est un des premiers exemples de la dispense d’âge accordée par l’Eglise, et il la justifia en devenant l’un des plus recommandables évêques de son temps. Il jouissait de la plus haute considération auprès des empereurs Sévère, Anthelme et Olybrius, ainsi qu’auprès d’Odoacre qui mit fin à l’empire romain, et de Théodoric, roi d’Italie, son successeur. Cette considération, il la devait à son mérite, à son éminente sainteté et à ses miracles. Il désarma, par son éloquence et par sa charité, la fureur des barbares qui fondirent sur les débris de l’empire romain, obtint d’eux la liberté d’une multitude innombrable de captifs et fit décharger les peuples d’une partie des impôts dont on les écrasait; ses aumônes étaient immenses et son zèle infatigable. Il fut envoyé en ambassade vers l’empereur A nthelme et ensuite vers Evaric, roi des Goths, afin d’engager ces deux princes à faire la paix, et il réussit dans sa négociation. Odoacre ayant ruiné Pavie, saint Epiphane releva les églises, et la plupart des maisons furent reconstruites à ses frais. Il sut inspirer des sentiments d’humanité à Théodoric, au fort même de ses victoires. Il fit un long voyage en Bourgogne pour racheter les captifs détenus par le roi Gondebaud, et à son retour il mourut à Pavie en 497, à l’âge de cinquante ans et après trente années d’épiscopat. En 962, son corps fut transféré à Hildesheim en basse Saxe. Saint Ennode, qui fut son successeur après saint Maxime, a retracé les principaux traits de sa vie dans un beau panégyrique qu’il composa en son honneur. — 21 janvier.

EPIPHANE (sainte), Epiphona, martyre à Lentini, mourut aprèsavoir eu les mamelles coupées par ordre da président Tertylle, sous l’empereur Dioclétien. — 12 juillet

Et demain, dans la foulée, je vous fais Tiphaine.

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