Année Napoléon : le recrutement du 3ème régiment des Gardes d’Honneur

Voir aussi Les Gardes d’Honneur 3ème régiment : table de mes publications

Pour reconstituer la cavalerie légère, décimée pendant la campagne de Russie, Napoléon ordonne le 3 avril 1813 la création de 4 régiments de Gardes d’Honneur. Chaque département se voit imposer un nombre à respecter, et chaque préfet assume à sa manière le recrutement des prétendus « volontaires ». Une chose m’est claire, il s’agit d’une classe aisée, car la famille paye tout, depuis le cheval, jusqu’à l’entretien du linge, comme je vais vous le démontrer cette année à travers mon fonds personnel de lettres d’un des gardes d’honneur, frère aîné d’un de mes ascendants. J’étudie donc à fonds en ce moment le recrutement, à Tours, du 3ème régiment de cavalerie qui balayait l’ouest de la France, depuis les Pyrénées, les Landes, la Dordogne, la Corrèze, jusqu’au Finistère. Les garçons étaient le plus souvent d’abord regroupés au chef-lieu du département et envoyés en groupe, mais j’observe quelques individus isolés. Je vous en reparle ces temps-ci, année Napoléon.

Ce jour, l’un de mes lecteurs trouvera l’un de ces cavaliers, à la carrière militaire rapide, mais qui eut la chance de survivre à la bataille de Reims, dont je vais vous reparler car elle fut la fin du mien. Il poursuivit même, avec succès sa carrière militaire. Voici donc la fiche militaire qui peut figurer sur ROGLO

QUATRE BARBES (de) Auguste Félix Marie, fils d’Augustin et Félicité Gabrielle Augustine Bourdon, né le 4 août 1794 à Chatelain (53), dernier domicile Chatelain (53), taille 1,71 m, visage ovale, front ordinaire, yeux bleus, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, cheveux et sourcils bruns, 10ème escadron, 10ème compagnie, garde d’honneur, brigadier le 5 juillet 1813, fourrier le 21 août – Passé aux Gardes du Corps
matricule 618 – arrivé au Corps 1er juillet 1813 – vue 106 / Ministère des Armées – SHD/GR 20 YC 171 – 3e régiment de gardes d’honneur, 5 avril 1813-24 juin 1814

Comme on peut l’observer sur cette fiche d’enrôlement, l’état civil du garçon est ce qu’il veut bien déclarer. Or, dans le cas de ce garçon, il est né en Allemagne, parents réfugiés, mais il se dit né à Chatelain, et on peut se demander si ses parents lui racontaient la vérité ou si c’est lui qui la dissimule. Mais une chose est certaine, c’est qu’il sait sa date de naissance, alors que beaucoup ne la connaissent pas, même dans ce milieu aisé, j’y reviendrai, car j’en fait la statistique actuellement.

L’engrais naturel avait autrefois tellement de valeur qu’on le faisait évaluer : bail

J’ai connu, dans Nantes Sud Loire, juste après la seconde guerre mondiale, la fin des chevaux, et je voyais le ramassage du crotin, et ce, avec beaucoup d’intérêts et précautions. J’étais alors loin de m’imaginer sa valeur. Et s’il faut en croire notre époque qui évolue un peu, on y revient ! C’est naturel !

J’ai déjà retranscrit plusieurs centaires de baux à ferme, mais toujours on y trouvait la clause des engrais laissés sur place, donc on ne les estimait pas, car ils faisaient partie de ce que l’exploitant trouvait en prenant le bail et devait laisser à la fin de son bail. Or, ici, il n’y a pas d’engrais, aussi cette close finale prévoit bien que si il y a des engrais laissés sur place à la fin du bail, ils seront évalués par 2 laboureurs s’y connaissant, et seront payés.

Voici l’acte passé à La Sauvagère (61) en Normandie :

« Le 5 avril 1723[1] a comparu Barbe Guillouard veuve de Nicolas Serais fils Guillaume, de la paroisse de La Sauvagère, laquelle a ce jourd’huy baillé à ferme prix et loyer d’argent pour le temps et terme de 5 années entières et parfaites et accomplis commençant le 1er avril dernier et finiront à pareil jour et terme à Jacques Guibert son gendre fils de feu Charles de la même paroisse, présent et acceptant, c’est à savoir tout ce qui à ladie bailleresse lui peut compéter et appartenir au lieu et village du la Serrière susdite paroisse de La Sauvagère pour par ledit preneur en jouir et disposer pendant ledit temps tout ainsi comme auroit fait ou pu faire ladite bailleresse, pour en payer par chacun an à ladite bailleresse 22 livres 10 sols tournois, payable par termes, savoir la st Michel et Pasques de chaque année, le 1er terme commençant à la St Michel prochaine … et a reconnu ledit Guibé que ladite bailleresse lui a baillé pour son service une vieille couche, un mauvais marchepied de peu de valeur, qu’il les lui rendra à la fin du présent bail, et comme n’ayant ledit Guibé trouvé auxun engrais sur ledit lieu, en y entrant il ne sera aucunement obligé d’en laisser en sortant et s’il en reste ils lui seront évalués par 2 laboureurs que les parties prendront pour cet effet pour en faire leur rapport, et est accordé entre les parties que au regard des fruits qui croisteront aux arbres fruitiers dudit lieu, ladite bailleresse en aura la moitié pour l’année présente et est entendu en ouvre ce que dessus que ledit preneur pourra enlever à la fin du présent bail tous et chacuns ses meubles tant morts que vifs qu’il auroit en la maison … »

[1] AD61-4E176/31/214

Et vous pouvez aussi aller voir les GUILLOUARD si cela vous intéresse, car ils sont issus de La Sauvagère (61)

En Normandie, ceux qui ne savaient pas signer, dessinaient leur marque en guise de signature

C’est le cas de la majorité de mes ascendants, et ces derniers temps, relisant beaucoup d’actes notariés Normands, j’ai observé quelques marques plus recherchées que d’autres, car soyez tous certains certaines qu’une fois qu’ils avaient choisi une forme, ils la gardaient toujours, comme un identifiant qu’elle était.

Celle de gauche me plaît beaucoup, tant elle est recherchée. Celle de droite est l’exemple même de la majorité des marques, c’est à dire un dessin très simple

J’ai oublié de vous dire que le notaire précisait « la marque de Mathieu Delange », mais veuillez l’excuser car il écrivait MERC pour MARQUE

Ici vous avez un ensemble ordinaire

Splendide !

Très recherché : magnifique idée que mettre à droite cette extension !

Pour mémoire, en Anjou, le notaire précisait NE SAIT PAS SIGNER et seuls ceux qui savait signer signaient, il n’y avait aucune notion de la marque comme en Normandie.

 

 

 

En Normandie autrefois, la salière d’étain dans la dot au mariage, facteur de vie sociale, de différenciation sociale, mais aussi de risques pour la santé.

Je viens de retranscrire beaucoup de contrats de mariage en Normandie, et j’y trouve quelques détails sur la vaisselle d’étain apporté en dot par la mariée, très variable quantitativement, notamment les écuelles varient de 12 pour les plus aisés à 2 pour les pauvres, mais la salière d’étain se touve aussi un facteur de différenciation sociale.

Nous avons de nos jours oublié ce que nous avons gagné avec l’inertie du verre, de la faïence et de la porcelaine qui baignent notre quotidien, sans parler de l’acier ou la fonte de nos batteries de cuisine. Nous avons oublié que l’étain n’était pas chimiquemenent neutre, souvent contenant du plomb et néfaste à long terme pour la santé, mais aussi donnant du goût. Oui, nous avons oublié les conditions de vie de nos ancêtres sur ce plan quotidien !

Donc, en Normandie, la salière était présente dans la dot, ou absente chez les pauvres, qui se contentaient de mettre le sel dans un coquillage, ou petite coupelle de leur fabrication en bois ou en poterie. La salière était source de convivialité, comme le raconte l’article de Pierre Boyer : Le symbolisme et les traditions attachés au sel par Pierre BOYER « Certains affirment que la présence d’une salière sur la table est due au fait qu’à une époque, le sel pouvait être considéré comme un produit de luxe et, en le mettant à la disposition des convives, on leur témoignait de l’estime. Aujourd’hui, c’est plus pour satisfaire les goûts de certains convives qui n’apprécient que très modérément la cuisine sans sel devenue à la mode. »

Tous nos ancêtres ne devaient pas recevoir souvent, avec la salière sur la table, et je doute que dans la majorité des familles on ait songé à permettre à chacun de doser son goût pour le sel car je suppose que la mère de famille, cuisinière de tous temps, mettait ou non, ce qu’elle jugeait utile pour tous.

Voici les salières que j’ai rencontrées dans les actes que j’ai vus :

Le 11 mai 1656[1], entre Jean Guillochin (m), fils de Louis Guillochin (m) et de Marie Dellange ses père et mère, de la paroisse du Grais d’une part, et Marie Brouttin (m), fille de Jean Broutin (s) et de Mathurine Héron, ses père et mère, de la paroisse de Beauvain – 350 L une salière

Le 6 septembre 1665 au village de la Pistardière paroisse de Faverolles, faisant et traitant le mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait en face de sainte église catholique apostolique et romaine par entre Thenegui Jean fils de feu Guillaume Jean et de Regnée Regnult d’une part, et Gabrielle Feron fille de feu Marin Feron et Françoise Guillochin ses père et mère de la paroisse de Faverolles – 300 L une salière

Le 15 décembre 1693[2] entre François Guillochin (s) fils de feu Jean et Marie Broutin, de la paroisse du Grès, et Françoise Perdriel (m) fille de François et Anne Bodé, de la paroisse de Briouze – 200 L une salière

Le 2 janvier 1697[3] entre Louys Desnos (s) fils de feu Margrin Desnos et de Anne Chable ses père et mère d’une part, et Marie Guillochin (m) fille de feu Jean Guillochin et de Marie Broutin ses père et mère d’autre part, tous de la paroisse du Grez – 120 L une salière

Le 14 décembre 1621[4] entre honneste homme Mathurin Guillochin (m) fils de Girard et Marie Lefebvre, de la paroisse du Grès, et Jacqueline Nugues fille de feu Denis et Marie Aumouette de la paroisse de Rannes – 150 L une salière

Le dimanche 11 octobre 1609[5] entre Charles Heron (s) fils de Tenneguy et de Anne Guendier de la paroisse de Montereux, et Saincte Guillochin fills de Louis et Marie Gondouin, de la paroisse du Grès – 400 L 2 salières Ils sont les seuls avec 2 salières, et sans doute recevaient-ils plus souvent que d’autres, je les suppose marchands

Le 19 février 1655[6] entre honneste homme Jacques Heurtin fils de feu Julien Heurtin et de Mathurine Leportier de la paroisse de St Georges d’Asnebecq, et Marguerite Guillochin fille de Marin Guillochin et Louise Bourdin, de la paroisse du Grès – 200 L une salière

Le 14 décembre 1664[7] entre honneste homme Jacques Féron (m), fils de Marin Féron (m) et de Françoise Guillochin d’une part, et de Anne Lecousteur (m), fille de Charles Lecousteur et de Gilette Leprovosteau, tous de ladite paroisse de Faverolles – 400 L une salière

 

[1] AD61-4E174/10 Notariat de Briouze vue 169/209

[2] AD61-4E174/42/216

[3] AD61-4E174-42 notariat de Briouze vues 246-247,279/416

[4] AD61-4E119/15/260

[5] AD61-4E119/13/316

[6] AD61-4E174/5

[7] AD61 4E174/6/5 tabellionnage de Briouze

Il reste que le sel dans l’étain était épouvantable sur le plan santé, car le sel ne devait pas rester inactif, surtout par temps d’humidité. J’ai pour ma part connu autefois la salière-poivière à poignée centrale et 2 petits réceptacles ouverts, mais en verre sur métal argenté, donc seul le verre était en contact avec le sel, ce qui n’était pas le cas avec les salières d’étain que j’ai relevées dans les contrats de mariage : elles ne connaissaient pas le réceptable de verre pour limiter le contact. C’est fou ce que nous avons progressé sur le plan santé depuis les derniers siècles !!!

Celle qui vous écrit ces lignes vit depuis plus de 50 ans sans mettre de sel dans les aliments, et se contente du sodium contenu dans le pain etc… donc son organisme n’en manque pas. Alors riez qu’elle ait le courage de vous parler des salières, mais elle fut chimiste, dans le verre, les métaux puis l’alimentation, donc elle sait de quoi elle parle quand elle évoque l’inertie des matériaux, et les dangers des matériaux non inertes comme l’étain, et chaque fois qu’elle tappe un contrat de mariage ou autre document, et qu’elle rencontre la vaisselle d’étain, elle éprouve une telle dose d’empathie pour tous nos ancêtres !!!

Les importantes différences de niveau social, d’après les contrats de mariage : Le Grais (61, Orne) 1678

Le Grais était une petite paroisse, avec tout au plus 1 000 habitants, et de nos jours moins de 200. J’y ai dépouillé plusieurs contrats de mariage, qui attestent que la majorité des habitants avaient une dot en don pécuniel de 150 livres et moins, auxquels il faut ajouter le don en nature : la vache, les brebis, les meubles… qui doublent cette somme. Dans cette tranche, peu savaient signer.

Il y avait peu de dots plus élevés et de classe sociale sachant toujours signer, mais ces rares personnes ne recoivent que 400 livres en don pécuniel. Les métiers n’étant jamais spécifiés, hélas !, on ne peut que supposer qu’il y avait quelques marchands. Mais leur fortune n’avait rien à voir avec celle des THIBOULT, car même si la baronnie de Juillé a dû être vendu par décision de justice en 1612 (voyez mes billets précédents), la famille de Thiboult a de beaux restes, ainsi voyez en 1678 la somme très élevée apportée par le future. Elle apporte 100 fois plus que la majorité des paroissiens du Grais. Et donc 50 fois plus que ces marchands.

Le 23 septembre 1678[1] traité de mariage entre messire Jacques de Thiboult chevalier seigneur et patron du Grès et seigneur des terres et seigneuries de Puisac et du Bigon et de Beauvais et seigneur de la terre et seigneurie de Grand Feillier, fils de défunt messire François de Thiboult en son vivant chevalier seigneur de Puisac et de feu noble dame Lucresse de Samay, et noble dame Charlotte Turpin veuve de défunt messire Guillaume de Chennevières en son vivant chevalier seigneur du Haut Bois fille de défunt Jacques Turpin en son vivant écuyer sieur de la Fontaine et de noble demoiselle Louise de Fromont … lesdites parties demeurent séparées de biens sans que le bien de l’un puisse être pris pour celui de l’autre, à laquelle fin répertoire et estimation de tous les meubles appartenant à ladite dame a été fait en la présence de Jacques Gueront écuyer sieur de Grouville, tuteur actionnaire des enfants mineurs dudit feu sieur de Chennevières et de ladite dame, duquel répertoire et estimation il en sera donné un extrait audit sieur de Grouville, laquelle estimation se trouve monter à la somme de 20 000 livres, de tous lesquels meubles tant morts que vifs brevets obligations et contrats de ladite dame après son serment saisi ledit seigneur du Grès pour s’en faire payer ainsi qu’il advisera bon être au moyen de ce que ledit seigneur du Grès a dès à présent remplacé ladite somme de 20 000 livres qui est le prix desdits meubles sur tous et chacuns ses biens et a ladite somme de 20 000 livres dès à présent constituée à procréer arrérages du jour de la dissolution dudit mariage toutefois s’il y avait des contats obligataires brevets caduques et sur gens insolvables après que ledit sieur aura fait ses diligences pour empescher la prescription et après avoir fait perquisition et diligence valable ledit seigneur demeurera déchargé du remploi et contribution du prix auquel lesdites obligations brevets ou contrats de cette nature se trouveront monter et aura ladite dame son hypothèque privilégiée à toutes forces de créanciers sur lesdits meubles, et en outre a ledit seigneur du Grès pris ladite dame sa future épouse avec tout ce qui lui peut appartenir tant en rentes douaires que meubles et est aussi accordé entre lesdites parties que ladite dame pourra si faire le veut remettre tout ou partie de son douaire qu’elle prend sur ses enfants à leur an d’âge et non plus tôt sans que cette présente stipulation puisse obliger en aucune manière ladite dame à en faire aucune remise si elle ne l’a agréable, et aussi demeure d’accord entre les parties que si décès de ladite dame arrivant et que le sieur peut jouir de tous les biens de ladite dame il en relachera en faveur des enfants 12 100 livres entrées en la maison du feu sieur de Chennevières et si il n’y avait point d’enfants de leur mariage ladite dame donne la jouissance dans ses biens audit seigneur du Grès son futur époux autant comme aun de ses enfants et comme pour don mobile et après la mort dudit seigneur du Grès la propriété en retournera à ses enfants, et en cas que ses enfants vinsent à décéder et leur ligne affessée, ladie dame a donné audit seigneur du Grès son futur époux tout ce que la coutume luy peut permettre de donner, et lors qu’il sera fait des amortissements des rentes des propres de ladite dame ledit seigneur du Grès les recepvra et les remplacera sur tous ses biens et en acquitera ses dettes et sera tenu d’employer dans ses contrats d’amortissement qu’il fera ou sans ses quittances qu’il retirera que les deniers proviennent des propres de ladite dame, laquelle demeurea subrogée au lieu et place des créanciers qui seront admortis sans aucune novation d’hypothèque d’iceux pour en préférer du jour et date qu’ils portent et si ledit seigneur du Grès acquite des dettes ou fasse des acquets de la somme de 20 000 livres ci-devant exprimée et constituée et remplacée au nom et ligne de ladite dame sur tous ses biens il emploira en iceux que des deniers de ladite dame, et a ledit seigneur du Grès dès à présent gagé douaire coutumier à ladite dame sa future épouse sur tous et chacuns ses biens en quelque lieu et province qu’il puisse être situés lequel n’aura lieu que du jour du décès dudit seigneur du Grès sans qu’il soit besoin d’en faire aucune autre demande en justice, dont et de tout ce que dessus lesdites parties furent contentes et demeurées d’accord et fut fait et passé le 23 septembre 1678 en présence de Jacques Gourout écuyer sieur de Grouville, Jacques Gautier marchand de la paroisse de Beslou et Jacques Letessier sieur de la Houssais du Grès témoins.

[1] AD61-La-Forêt-Auvray

Guillemette de Thouars, veuve de Jacques de Thiboult sieur du Grais (aliàs Grès), 1595

Guillemette de Thouars a épousé Jacques de Thiboult sieur du Grais en 1566 (contrat du mariage du 5 mai 1566). Par les actes concernant la famille Allaneau, prêteuse de la somme de 11 000 livres, je sais qu’en 1590 elle est veuve puisque c’est elle qui traite les affaires financières concernant cette dette, et voici ce que j’avais trouvé à Angers et que je vous indiquais hier : Au fil des successions, les impayés s’accumulent, et ses héritiers intentent à plusieurs reprises des procès.  Le 26 janvier 1588[2] Clément Alaneau Sr de la Grugerie nomme Vincent Menard Sr de Langenerie At pour poursuivre Messire Thiboust Sr du Grés à fin de payement de 611ÑÑ 6 s 8 d faisant le 1/3 de 5 500 L faisant 1/2 de la somme de 11 000 L qu’il doit audit Alaneau & à ses cohéritiers. A la suite de quoi un accord est signé le 10 février 1590 par Guillemette de Thouars femme de Jacques Thiboust Sr du Grés. (Dvt René Héron tabellion de Fallaize).

Malgré une semaine de recherches, je ne suis parvenue à trouver cet acte passé à Falaize le 10 février 1590 (si quelqu’un me trouve cet acte je lui serai infiniement reconnaissante), mais j’ai trouvé beaucoup d’actes en 1593-1595 qui attestent une grande activité de Guillemette de Thouars pour gérer les affaires de son défunt mari, et ces actes sont tous passés au manoir seigneurial du Grais aliàs Grès. Manifestement elle fait face à plusieurs terres à gérer, et elle a 2 fils déjà en âge d’aider leur mère dans les affaires, donc probablement 25 ans ou plus, ce sont Jacques, l’aîné, et Pierre le puiné, mais elle a aussi des enfants mineurs. Donc au total elle a beaucoup plus d’enfants que ceux que Roglo connaît.

Au passage, vous remarquerez que ce sont les notaires qui se déplacent chez les familles importantes pour passer leurs actes, et non la famille qui vient chez le notaire. Donc ici tout se passe bien au manoir seigneurial du Grais.

« Le 15 septembre 1595[1] au lieu et manoir seigneurial du Grès devant les tabellions, furent présents noble dame Guillemette de Thouars veuve de defunt noble seigneur Jacques Thiboult vivant sieur du Grès Saint Malo et baron de Juillé, pour elle et faisant fort pour les enfants mineurs d’ans dudit défunt et d’elle, et noble seigneur Jacques Thiboult sieur du Grès Saint Mallo et baron de Juilley fils et héritier aisné dudit défunt, lesquels recognurent et confessèrent que par noble homme Marc Dauversier absent leur a esté baillé et mis entre leurs mains une quittance de noble homme Jehan de Choisy conseiller secrétaire du roi commis par sa majesté à la recepte des deniers provenant de la vente de son domaine en Normandie suivant son édit du mois de septembre 1591, icelle quittance en date du 20 juillet dernier contient comme ledit sieur du Grès défunt avoir payé pour la somme de 3 450 écuz pour la vente de la baronnie de la Ferté Macé et par André Guillebault et Jehan Pinson écuyers ses associés 3 450 écuz faisant ensemble 6 900 écuz, laquelle quittance avoit esté mise es mains dudit Dauversier par noble homme Pierre Morel sieur de Garselle qui l’avoit receue dudit sieur Choisy à la faveur dudit Dauversier stipulant pour ledit sieur du Grès, lequel sieur de Garselle avoit baillé récépissé auxdits Guillermer et Pinson, dont et de quoi lesdits dame et sieur baron de Juillé pour eulx et les autres héritiers dudit sieur du Grès furent comptents et s’en sont obligés chacun pour le tout en décharger ledit Dauversier vers lesdits Guillermer et Pinson, mesmes en décharger et faire décharger ledit Morel sieur de Garselle et faire rendre audit Dauversier dedant un mois le récépissé dudit More, duquel comme dit est sont saisis lesdits Guillermer et Pinson afin de retirer celle dont est saisi ledit Morel, et fait dudit Dauversier, et à ce tenir entretenir et accomplir obligent lesdits dame et sieur baron son fils chacun pour le tout sans division ni ordre de discussion biens et héritanes En présence de Nicolas Petron et Raullin Vinier »

Le 7 novembre 1595[2] au lieu et manoir seigneurial du Grès devant les tabellions, furent présents noble dame Guillemette de Thouard veuve de défunt noble seigneur Jacques Thiboult vivant sieur du Grès Saint Malo Bray Espaney aultremens Guee le Bremont la Guigoinre la Guiguyère et baron de Juilley au nom et comme gardienne par justice des enfants mineurs d’ans dudit défunt et d’elle, noble seigneur Jacques Thiboult sieur de Saint Mallo, fils aisné dudit défunt et de ladite dame audit lieu du Grès, lesquels ont constitué establi et ordonné leurs procureurs généraux et certains messagers especiaux (blanc) auxquels et chacun d’eux portant ces présentes lesdits constituants chacun en la qualité que dessus, ont donné et donnent pouvoir puissance et authorité défendre pour eulx par devant tous juges et commissaires qu’il appartiendra soit en la cour de parlement pour le roi à Rouen, et partout ailleurs où il appartiendra aux fins de présenter requeste narrative pour empescher la vente et aliénation que l’on prétend faire des bois et forests de la baronnie de la Ferté Macé pour estre les dessus dits franchiers et usagers auxdites forests selon les titres et enseignements qu’ils en portent, fournir opposition, contre ladite prétendue aliénation, le tout poursuivre et soustenir et procurer au nom desdits constituants comme ils feroient si présents y estoient, et généralement etc promettant etc obligent biens etc présents Jean Jonchere et Baptiste Leboucher

 

 

Le 22 novembre 1595[3] au lieu et manoir seigneurial du Grès devant les tabellions, fut présente dame Guillemette de Thouars veuve de noble homme Jacques Thiboult vivant sieur du Grès St Malo et baron de Juillé, laquelle pour elle et comme gardienne par justice des enfants dudit défunt et d’elle constitue establi et ordonne ses procureurs en toutes ses causes et généralles Jacques Héron (s) Moulinet

Le 1er décembre 1595 au lieu et manoir du Grès devant les tabellions, furent présents noble dame Guillemette de Thouars, veuve de défunt noble seigneur Jacques Thiboult vivant sieur du Grès Saint Mallo Bray l’Espancey aultre de Gravelle Brenou le Guignon et baron de Juillé tant en son nom que au nom et pour gardienne par justice des enfants mineurs d’ans dudit défunt et d’elle selon les lettres de ladite garde vues au baillage de Falaize, y recours, et noble seigneur Jacques Thiboult fils aisné dudit défunt et d’elle sieur du Grès Orvaulx et baron de Juillé, lesquels ont constitué estably et ordonné leurs procureur généraux et certains messagers especiaux noble seigneur Pierre Thiboult sieur de Saint Mallo[4] fils dudit défunt et de ladite dame présent et acceptant, auquel ladite dame poue elle en ladite qualité, mesme ledit sieur baron, ont donné et donnent pouvoir puissance et authorité audit sieur de Saint Mallo leur procureur de requérir inventaire estre fait de tous et chacuns les biens meubles tant morts que vifs, délaissés par le décès dudit défunt et qui sont à présent appartenant à ladite dame et ses enfants sur le lieu de la Guignière[5] terres fermes et héritages qui en dépendent en circonstances et dépendances et iceux biens meubles en tout ou partie sont altérés vendre ou faire vendre par tel prix qu’il voirra bon recepvoir et faire sortir à payement les prix provenant d’iceux biens, ensemble ce qui est de ladite terre de la Guignière et dépendances d’icelle soit à cause de fermage que autrement en toutes choses, louer et affermer ladite terre de la Guinière en son intégrité ou en partie, avec les terres  métairies et autres closes à ce appartenant, pour telle somme et à telles personnes que bon lui semblera et qu’il pourra s’il y a  … recepvoir et des autres choses prendre et recueillir par ledit sieur de St Mallo en bailler bons et vallables acquits, passer contrats desdits fermages par telles conditions qu’il voirra bon estre et faire toutes diligences de justice par exécutions ou assignations, plaider et procéder si besoing et du tout en rendre et tenir bon et loyal compte et généralement promettant et obligeant biens et choses ; présents François Cotier et Estienne Le provost

 

Le 13 décembre 1595[6] au lieu et manoir seigneurial de Grès devant les tabellions, fut présente noble dame Guillemette de Thouars veuve de défunt noble homme Jacques Thiboult vivant sieur de Grès St Mallo et baron de Juilley tant en son nom que au nom et comme gardienne décrétée par justice des enfants dudit défunt et d’elle, laquelle pour elle et audit nom à constitué establi et ordonné ses procureurs généraux et spéciaux  (blanc) auxquels ladite dame constituante donne plein pouvoir et autorité de pour elle en ladite qualité en la juridiction du baillage pour le roi à Falaize, faire faire requeste de honneste homme Fleury Vincent des réparations nécessaires faire aux maisons et héritages de la terre et seigneurie de Bray … pour et au nom d’elle et sesdits enfants, enchérir et mettre à prix au rabais lesdites réparations à tel prix et somme raisonnable que ses dits procureurs voiront bon estre

 

 

Le 18 juin 1603[7] au lieu et manoir seigneurial du Grès devant les tabellions, fut présent noble seigneur Jacques de Thiboult sieur et baron de Juilley et du Grès lequel transporte et délaisse à Michel Milcent demeurant au Grès présent et acceptant, scavoir est la somme de 800 livres en 2 parties à prendre et avoir sur noble Jacques de Sevron ? sieur de la Boulière au droit et à la représentation de damoiselle Renée Le Verrier, laquelle ledit sieur représente de droit par le transport qui luy a esté pareillement fait passé en ce tabellionnage … ledit transport fait pour le prix de 800 livres laquelle somme ledit sieur du Grès confesse avoir eu et reçue dudit Michel Milcent

 

Le 25 juillet 1603[8] au bourg de La Ferté Macé devant les tabellions, comme procès eust peu se mouvoir entre noble seigneur Jacques de Thiboult seigneur du Grès et baron de Juilley d’une part, et noble seigneur Philippe de Clinchamp sieur de Saint Germain, et demoiselle Renée Le Verrier sa femme, héritière en intégrité des successions de defunts Thomas et Jacques Le Verrier écuyers père et fils, vivants seigneurs de la Chaux, ses père et frère, mesme héritière de defunte demoiselle Catherine de Moirier sa mère vivante femme et épouse dudit défunt Thomas Le Verrier d’autre, résultant des demandes que ledit sieur du Grès prétendoit faire audit sieur de Saint Germain et sadite femme de plusieurs deniers qui lui estoient deubs de l’obligation desdits défunts Thomas et Jacques Le Verrier,

 

[1] AD61-4E172-3-466

[2] AD61-4E172/3/529

[3] AD61-4E172/3/548

[4] saint-malô, 61210 Putanges-le-Lac – au N.E. de St Hilaire de Briouze et Les Yveteaux

[5] la guinière, 61150 Écouché-les-Vallées – environ 25 km au N.E. du Grais

[6] AD61-4E172/3/587

[7] AD61-4E172/472/30

[8] AD61-4E172/472/328