Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 11 : morts déclarés à l’état-civil

(C) Editions Odile HALBERT
ISBN 2-9504443-1-8

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Chapitre X

  • MORTS VIOLENTES DANS L’ETAT CIVIL
  • Morts de 1793 à 1794 déclarés à Saint-Julien

    Une partie des morts violentes sont déclarées à l’état-civil de 1797-1800 aux Archives Communales. Une grande partie de ces enregistrements a posteriori de décès figure au milieu du registre des mariages, ce qui les rend inaccessibles. Par ailleurs, la consultation des archives n’étant plus autorisée dans les communes, la copie fidèle ci-dessous présente un intérêt pour les curieux.
    Cette liste ne constitue pas un martyrologe, puisque nous avons vu que les déclarations ne sont pas exhaustives et que toutes les déclarations ne sont pas fiables.
    Les Lorousains qui vivaient à Saint Julien de Concelles ont aussi été relevés pour l’étude de démographie-historique lorousaine, à paraître en 1993.
    Il existe une autre liste de victimes publiée par le père Petard (8), elle même extraite de M. A. Lallié (x). Cette dernière diffère en de nombreux points de la liste de l’état civil. Seuls 6 hommes sont à la fois dans l’état civil et dans la liste du père Pétard : Pierre Harrouet accusé de brigandage, Joseph Huret 48 ans, Antoine Volant 50 ans, Julien Bricart 22 ans, Julien Pouponneau 50 ans et Jean Pouponneau 18 ans. Pour les autres victimes fusillées, noyées ou guillotinées listées par le père Pétard, il y a donc une sous-enregistrement manifeste à l’état civil. Ceci concerne Jean Bagrin 47 ans courrier des rebelles, Françoise Blouin dont la maison acceuillait les prêtres réfractaires, René et François Biry, Pierre Moreau 29 ans marchand de bestiaux, René Braud 37 ans sabotier, Jean Esseul 28 ans pêcheur, Pierre Boulas, Limousin marchand de vin à Nantes, Antoine Brelet 50 ans, Julien Micheneau 36 ans, Julien Barreau 24 ans, Pierre Bouquet 21 ans, Lucas Egron 39 ans, Joseph Huret 48 ans, Jean et Piette Menant 21 et 28 ans, Sébastien Salau 40 ans, Laurent Terrien 24 ans, Julien Jouet 20 ans, René Lourneau 16 ans, Louis Bouleau d’Ambreil, Michel Brevet 32 ans, Pierre Libeau 50 ans, Michel Libeau 27 ans, Jean Lorain 36 ans, Joseph Lubin 34 ans, René Vilaine 50 ans.
    La liste des personnes jugées à Rennes ne recoupe pas plus celle de l’état civil (voir chapitre « la Mort »), d’où l’intérêt de chaque source qui complète l’autre.
    Enfin, le père Pétard cite la nuit du 25.03.1794 pour le passage dévastateur des colonnes de Cordellier. Elles auraient fait, en particulier dans les Vallées, plusieurs centaines de victimes. Aucune victime ne figure à cette date dans les déclarations de l’état civil. Ceci ne signifie pas que personne n’ait été massacré ce jour-là. Si l’on tient compte de l’état de la mémoire des dates (voir chapitre « Pertes de Mémoire ») chez les survivants 3 ans après, on peut conclure que les dates citées comme date de décès des victimes sont très approximatives.

    Au Loroux voisin, pour la même époque, le recoupement entre les sépultures du registre clandestin, du registre de catholicité prérévolutionnaire et de l’état civil postrévolutionnaire (16) permet d’observer des différences dans les date déclarées allant jusqu’à 1 an et plus.
    La présente étude, met en évidence la vie à Saint Julien de Concelles pendant la persécution. La vitalité des années 1795 à 1800 infirme la tradition orale, dont s’est servie en 1895 le père Petard, selon laquelle la moitié des Concellois aurait été tuée en 1794. Il y a absence de corrélation entre le nombre élevé de mariages et de naissances et l’affirmation selon laquelle la moitié dela population a disparu.
    L’absence de déclaration de décès d’enfants est sans doute l’élément le plus remarquable dans la liste ci-dessous. Mis à part les enfants Fleurance au nombre de 4, déclarés par leur oncle, et Jeanne Libeau, il n’y a pas d’enfant déclaré comme massacré. Au Loroux ils sont 131 âgés de moins de 10 ans à être déclarés morts de violence dans le registre clandestin. De deux choses l’une : ou bien le registre d’état civil de Saint Julien n’est que très partiel, ou bien les victimes ne furent pas aussi nombreuses que la tradition orale racontée au père Pétard ne le laisserait supposer.
    La tradition orale se serait-elle trompée de dimanche, car les déclarations de décès concordent pour le 18.03.1794, alors que le père Petrad donne le 25, soit un dimanche plus tôt.

  • Liste des mortes violentes de l’état civil déclarées en 1797 et 1798
  • L’orthographe, les dates en calendrier grégorien et républicain, et surtout les erreurs de date, même les invraisembles sont fidèlement reproduites.
    La date de la déclaration figure entre crochets à la fin de chaque relevé.

  • AUBERT Perrine, 45 ans, femme de François BAGRAIN, fille de Jacques et Perrine HIARD, mère de François BAGRAIN (déclarant), fut tuée au Pointeau le 18.3.1794 (17 thermidor V)
  • BABONNEAU René, laboureur, mari de Louise LITTOU (déclarante) remariée à Jacques GLEBAUD, fils de Jacques et Marie POTINIERE, fut tué commune du Cellier le 20.12.1793 (9 Thermidor V)
  • BAGRAIN Anthoine, fils de François et Julienne BOUYER, frère de Julienne (déclarante), fut tué à Dol en Bretagne le 27.11.1793 (8 thermidor V)
  • BAGRAIN François, fils de François et Madeleine PIOU sa seconde femme , frère de Julienne (déclarante), fut tué à Dol en Bretagne le 27.11.1793 (8 thermidor V)
  • BAGRAIN François, 53 ans, mari de Perrine AUBERT, fils de François et Louise PIOU, fut tué au Pointeau à St Julien le 18.3.1794 (17 thermidor V)
  • BAGRAIN François, 69 ans, fils de Pierre et Marie HAROUET, père de Julienne (déclarante), fut tué dans le taillis du Boulet le 18.3.1793 (8 thermidor V)
  • BAGRAIN Pierre, 18 ans, fils de défunt Jean et Julienne SAUVETRE, fut tué au Mans en décembre 1793 (8 germinal V)
  • BAGRAIN René, 22 ans, fils de François et Julienne BOUYER, frère de Julienne déclarante), fut pris à Mauves le 15.12.1793 par des gens armés qui le conduisirent à Nantes ou il fut noyé (8 thermidor V)
  • BENUREAU Jean, laboureur, 45 ans, mari de Renée VIAU, est mort à Laval lors du passage de l’Armée des Vendéens le 26.10.1793 (17 thermidor V)
  • BERTAUD Julien, né Chapelle Basse Mer, farinier, fils de François et Jeanne RIPOCHE, frère de François (déclarant), fut tué près Boulet à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BERTAUD Marie, née au Loroux-Bottereau, 48 ans, veuve de Mathurin POHOREAU, fille de François et Marie LAURENT, mère de Michel POHOREAU (déclarant) mourut dans sa demeure à L’Eulane le 21.6.1793 (13 germinal V)
  • BERTAUD Nicolas, laboureur, mari de Marie CHESNE, fils de + Nicolas et Laurence BENUREAU, mourut en sa demeure à la Mellerie, le 18 Nivose III (21 Brumaire VII)
  • BERTIN Jeanne, 28 ans, fille de Michel et Marie LAMBERT, soeur de Marie (déclarante), fut tuée dans la pature du Bois Jarnaud le 9.8.1794 (2 germinal V)
  • BEZEAU Jeanne, veuve de Michel DABIRAUD, fille de + Gabriel et Julienne GIRAUD, mourut en sa demeure le 22 Frimaire II (21 Brumaire VII)
  • BEZEAU Pierre, mari de Jeanne HURET (déclarante), fils de Gabriel et Julienne GIRAUD, fut pris par la force armée près Ancenis au mois de décembre 1793 et conduit à l’Entrepot d’ou il fut tiré et fusillé ou noyé sans jugement (29 ventose V)
  • BIGEARD Julienne, né au Loroux-Bottereau, femme de Jean BOSSARD métayer à la Guitière au Loroux-Bottereau, fille de Pierre et Julienne LAINé, mourut dans sa demeure qui était alors proche Saint Barthelemy à St Julien de Concelles le 11 Pluviose II. Michel RIPOCHE vivant à la Guitière au Loroux-Bottereau (déclarant) (26 Floréal VI)
  • BONDU Pierre, né au Loroux-Bottereau, 34 ans, mari de Françoise RIPOCHE (déclarante), fils de Julien et Jeanne GIRAUD, fut tué près le Bois-Chef le 18.3.1794 (9 Thermidor V)
  • BOSSARD Julienne, 22 ans, fille de Jean métayer à la Guitière au Loroux-Bottereau et Julienne BIGEARD, mourut dans sa demeure qui était alors à la maison de Cleray proche Saint Barthelemy le 2 Pluviose an II (26 Floreéal VI)
  • BOTINEAU Jeanne, née au Loroux-Bottereau, 50 ans, veuve en 1er de Jean MARIOT et veuve en 2ème de Julien HUBERT roulier, mère de Jean MARIOT (déclarant), fut tuée à la Braudière en cette commune le 8.3.1794 (8 Germinal V)
  • BOUCHEREAU René, 55 ans, mari de Perrine SAUVESTRE, fut tué à la Loué le 10 Prairial (21 Brumaire VII)
  • BOUQUET Jeanne, 40 ans, veuve de Louis LIBEAU, fille de Pierre et Jeanne ROUSSEAU, soeur de Michel BOUQUET (déclarant), fut tuée à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Julien, 33 ans, mari de Marie LIBEAU, fils de Pierre et Jeanne ROUSSEAU, frère de Michel (dé clarant), fut tué au Bois Adam à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Julien, 6 ans et 6 mois, fils de Julien et Marie LIBEAU, neveu de Michel BOUQUET (déclarant), fut tué à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Mathurin, 22 ans, fils de Mathurin et Marie Madeleine MARTIN (déclarante), mourut à Avranches lors du passage de l’Armée des Vendéens le 22.11.1793 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Mathurin, 57 ans, mari de Marie Madeleine MARTIN (déclarante), fils de Mathurin et Marie RIPOCHE, fut tué au Gué au voyer à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Michel, 3 mois, fils de Julien et Marie LIBEAU, neveu de Michel BOUQUET (déclarant), fut tué à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Perrine, 32 ans, fille de Pierre et Jeanne ROUSSEAU, soeur de Michel BOUQUET (déclarant), fut tuée à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Pierre, 3 ans et 6 mois, fils de Julien et Marie LIBEAU, neveu de Michel BOUQUET (déclarant), fut tué à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BOUQUET Pierre, 36 ans, mari de Marie HAROUET, fils de Pierre de Jeanne ROUSSEAU, frère de Michel (déclarant), fut tué à St Sébastien le 18.3.794 (8 thermidor V)
  • BOUYER François, né Chapelle Basse Mer, 78 ans, veuf de Julienne PIOU, père de François (déclarant), fut tué au chef lieu de cette commune le 18.3.1794 (9 Thermidor V)
  • BOUYER Pierre, 36 ans, mari de Renée HUET, fils de + Luc et Elisabeth MARCHAIS, mourut dans l’Isle du Recoin au Loroux-Bottereau le 18.6.1793 (4 Fructidor V)
  • BREBION Jean Aimable, 33 ans, mari de Françoise MENARD, fut tué lors de la déroute de l’Armée des vendéens le 17 frimaire II (21 Brumaire VII)
  • BRELET Jean, 31 ans, mari de Marie HAROUET, fils de François et Françoise GANACHEAU, frère de Jean (déclarant), fut tué à Ancenis lors du passage de l’Armée des Brigands au mois de décembre 1793 (16 germinal V)
  • BRELET Julien, mari de Renée VEZIN, fut tué au Mans lors de la déroute de l’Armée vendéenne au mois de … 1793 (23 ventose V)
  • BRELET Pierre, 23 ans, fils de François et Françoise GANACHEAU, frère de Jean (déclarant), fut tué à Ancenis lors du passage de l’Armée des Brigands au mois de décembre 1793 (16 germinal V)
  • BRETONNIERE Jean, 54 ans, mari de Julienne ROUSSEAU, fils de + Jean et Marguerite JANNEAU, fut tué en sa demeure au Coteau le 10 Germinal II (21 Brumaire VII)
  • BRETONNIERE Michel, 50 ans, veuf en 1er de Marie PETITEAU et en 2ème de Jeanne ROUSSEAU, fut tué lors de la déroutte du Mans sur le chemin du Mans à Laval le 9 Nivose II (20 Brumaire VII)
  • BREVET André, 33 ans, mari de Jeanne PARé remariée à André BOURGET (déclarante), fils d’André et Jeanne MOREAU, est mort au Mans le 13.11.1793 (17 thermidor V
  • BREVET Guillaume, 30 ans, fils de Julien et Jeanne PETITEAU, frère de Jeanne (déclarante), fut tué à L’Epertière à St Julien le 17.3.1794 (7 thermidor V)
  • BREVET Jean, 32 ans, fils de Julien et Jeanne PETITEAU, frère de Jeanne (déclarante), mourut à Dol en Bretagne à la fin de novembre 1793 (17 thermidor V)
  • BREVET Jean, 40 ans, aubergiste, fils d’André et Jeanne MOREAU, mourut à la Flèche lors du passage de l’Armée des Vendéens le 5.12.1793 (8 thermidor V)
  • BRIAND Jean, laboureur, 33 ans, mari de Perrine VIAU, fils de Pierre et Françoise REDUREAU (déclarante), mourut à Baugé en Anjou le 1er 12.1793 (8 ther. V)
  • BRIAND Pierre, né Chapelle-Basse-Mer, mari de Françoise REDUREAU (déclarante), fils de Pierre et Marie BABIN, fut tué au Gué au Voyer à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • BRICARD Julien, 25 ans, fils de Julien et Marie EMERIAU, beau-frère de Louis VEZIN (déclarant) fut tué dans la commune du Cellier le 22.11.1793 (8 thermidor V)
  • BRIDON Marie, 61 ans, veuve de Jean Michel LIMOUZIN, mère de Jean LIMOUZIN (déclarant), fut tuée en sa demeure à le Carbonnerie le 14 Germinal II (20 Brumaire VII)
  • CESBRON Jean, 55 ans, mari de Marie BIRI, mourut en sa demeure en ville le 21 Germinal II (21 Brumaire VII)
  • CHAINTRIER Pierre, 19 ans, fils de Pierre (déclarant) et défunte Marie TREBUCHET, fut tué à Laval lors du passage de l’Armée des Vendéens le 22.10.1793 (8 thermidor V)
  • CHARPENTIER Julien, 42 ans, laboureur, mari de Jeanne REDUREAU (déclarante) remariée à François BRELET, a été tué au Loroux-Bottereau le 4.10.1792 (19 Brumaire VII)
  • CHEMINANT René, 19 ans, fils de Michel et Mathurine MOREAU, frère de Mathurine CHEMINANT (déclarante), a été tué à Dol le 25.11.1793 (9 Thermidor V)
  • CHEVREU Louise, née Chapelle-Basse-Mer, 64 ans, femme de Jean LITOU, fille de Louis et … VEZIN, mère de Pierre LITOU (déclarant), fut tuée au lieu de la Courbe dans sa demeure le 18.3.1794 (5 germinal V)
  • CHOESMET Pierre, mari de Jeanne BONHOMME, fils de + Pierre et + Madeleine BADAUD, est mort pendant le passage de l’Armée vendéenne de la Flèche au Mans pendant la guerre civile le 6 Frimaire II (21 Brumaire VII)
  • COUILLAUD François, 38 ans, mari de Geneviève BAGRIN (déclarante), fils de Pierre et Perrine LEBRUN, fut pris par des mariniers le 8.1.1794 conduit à Nantes ou il fut noyé sans jugement (5 germinal V)
  • COURGEAUD Joseph, 22 ans, fils de Pierre et Julienne AUBIN, frère consanguin de René (déclarant), fut tué près la Copsonnière le 1.11.1794 (28 ventose V)
  • COURGEAUD Julien, 17 ans, fils de Pierre et Marie PIOU (déclarante), fut tué à Cordroux au mois de mars 1793 (29 Ventose V)
  • COURGEAUD Julien, 42 ans, mari de Marie BRAUD (déclarante), fils de René et Madeleine PRAUDEAU, mourut à la Flèche et y fut inhumé le 5.12.1793 (23 ventose 5)
  • COURGEAUD Julien, 28 ans, mari de Renée FLEURANCE (déclarante), fils de Pierre et Julienne AUBIN, fut tué le 15.10.1793 dans les patures de cette commune près le village des 3 cheminées (28 ventose V)
  • COURGEAUD Madeleine, femme de Pierre FLEURANCE, fille de René et Madeleine PRAUDEAU, belle-soeur de Jean FLEURANCE (déclarant), fut tuée aux Caroits près la Gagnerie le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • COURGEAUD Mathurin, 37 ans,mari de Marie BERTAUD, fils de Mathurin et Jeanne REBION, frère de Ju lienne (déclarante), fut tué à Maudoux le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • COURGEAUD Pierre, laboureur, 30 ans, fils de Mathurin et Jeanne REBION, frère de Julienne (déclarante), fut tué à Chalans à Basse-Goulaine le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • COURGEAUD René, 46 ans, mari de Julienne BAGRIN, fils de + René, père de René (déclarant), est mort à l’Hopital de Nantes en Germinal II (21 Brumaire VII)
  • COUTANT Marie, 46 ans, femme de Nicolas MERCIER, mère de Nicolas MERCIER (déclarant), mourut en sa de meure le 14.5.1791, que son décès a été enregistré, mais que les registres étaient perdus par suite de la guerre civile (21 Brumaire VII)
  • COUTANT Pierre, 72 ans, mari de Jean BOURGET, mourut en sa demeure le 7.1.1791 (20 Brumaire VII)
  • DABIRAUD Louis, 42 ans, mari de Marie PABOU remariée à Jean MARIOT (déclarante), fils de Jean et Jean ne BOISEAU, mourut à Dol en Bretagne à la fin de novembre 1793 (17 thermidor V)
  • DABIRAUD Michel, 36 ans, mari de Jeanne BEZEAU, fils de + Michel et Jeanne SECHER remariée à Michel BAGRIN, fut tué au Mans lors de la déroutte des vendéens le 18 Frimaire II (21 Brumaire VII)
  • DABIRAUD Pierre, 34 ans, mari d’Anne BAGRAIN (déclarante), fils de Michel et Jeanne SECHER, fut pris sur le chemin d’Ancenis à Nantes le 26.12.1793 par des gens armés qui le conduisirent à Nantes ou il fut noyé les jours suivants (8 thermidor V), fut pris par la force armée au mois de décembre 1793 et conduit à l’Entrepot à Nantes d’ou il fut tiré et fusillé ou noyé sans jugement (29 ventose V)
  • DESMESLLIERS Artur, né à Montfaucon, 15 ans, fils de Charles Sébastien et Jeanne Angélique GEFFRAY, fut tué près Cahéreau le 14.1.1794 (14 Ventose V)
  • FLEURANCE Jean, 3 ans, fils de Pierre de Madeleine COURGEAUD, neveu de Jean FLEURANCE (déclarant), fut tué en sa demeure aux Caroits le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • FLEURANCE Marie, 7 ans, fille de Pierre et Madeleine COURGEAUD, neveu de Jean FLEURANCE (déclarant) fut tuée en sa demeure aux caroits le 18.3.1794
  • FLEURANCE Mathurin, 4 ans, fils de Pierre et Madeleine COURGEAUD, neveu de Jean FLEURANCE (déclarant), fut tué dans sa demeure au Caroits le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • FLEURANCE Pierre, 5 ans, fils de Pierre et Madeleine COURGEAUD, neveu de Jean FLEURANCE (déclarant), fut tué dans sa demeure au Caroits le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • GAUTREAU Jean, 17 ans, né à Saint Donatien, fils de Jacques et Marie PETITOT, frère de Jacques (décla rant), fut tué à Chollet le 1.10.1793 (1er Germinal V)
  • GAUTRON Mathurin, 58 ans, mari de Marie DURASSIER (déclarante), fils de Jean et Marie DESIAU, fut tué à Ancenis au mois de décembre 1793 lors du passage de l’Armée des Brigands après sa défaite au Mans (29 ventose V)
  • GEOFFRION Alexandre, 75 ans, veuf d’Angélique COUTANT, mourut à L’Anglesort le 29 Prairial II (21 Brumaire VII)
  • GIRAUD René, 32 ans, mari de Marie LUMIN (déclarante), fils de René et Marguerite COUTANT, fut tué commune du Cellier le 20.12.1793 (9 Thermidor V)
  • GODEFROY Julien, 50 ans, meunier, farinier, mari de Renée VEZIN (déclarante), fils de Michel, farinier, et Perrine CHOIMET, fut pris près le chef-lieu de la commune du Loroux-Bottereau par une troupe de gens armés le 7.1.1794 et conduit à Nantes le 8 ou il fut fusillé sans jugement (23 ventose V)
  • GOHEAU Joseph, 68 ans, époux de Jeanne PAGEAU, fils de François et Mathurine BODARD, fut tué dans la Vallée le 8.3.1794 (16 germinal V)
  • GRIMAUD Mathurin, 24 ans, fils de Jacques et Marie DABIREAU, frère de Jacques (déclarant), a été tué à Dol en Bretagne lors du passage de l’Armée des Brigands au mois de novembre 1793 (16 germinal V)
  • GRIMAUD René, 54 ans, veuf de Marie BRELET, fils de Mathurin, oncle de Jacques GRIMAUD (déclarant), fut tué à la déroute du Mans au mois de Décembre 1793 (16 germinal V)
  • GRIMAUD René, 23 ans, fils de René et Marie BRELET, cousin de Jacques GRIMAUD (déclarant), fut tué à Dol en Bretagne lors du passage de l’Armée des Brigands au mois de novembre 1793 (16 germinal V)
  • GUERIN Jacques, 26 ans, fils de Julien et Marie MOSSET, frère de Marie (déclarante), fut tué au Mans le 13.11.1793 (17 thermidor V)
  • GUICHARD Marie, 56 ans, femme de René MENARD (déclarant), fille de Maurice et ? REDUREAU, fut tuée en sa demeure le 18.3.1794 (5 germinal V)
  • HAROUET François, 45 ans, mari de Julienne ROUSSEAU (déclarante), fils de Pierre et Françoise PIOU, fut pris par des gens armés dans le bourg de Couffé le 15.1.1794 et conduit à Nantes ou il fut noyé (8 thermidor V)
  • HAROUET Gabrielle, Thouaré, 75 ans, veuve de François ETOURNEAU, fille de Charles et Marguerite RE-TIERE, fut tuée près Pochaude au Loroux-Bottereau le 22.5.1794 (9 Thermidor V)
  • HAROUET Jean, 44 ans, mari de Jeanne PINEAU (déclarante), fils de Pierre et Françoise VIAU, fut tué à L’Epertière à St Julien le 17.3.1794 (17 thermidor V)
  • HAROUET Pierre, 22 ans, frère de Jean (déclarant), fils de + Pierre et Marie LAURENT, fut tué à Lalloué à Haute-Goulaine le 3.10.1793 (9 Thermidor V)
  • HAROUET René, mari de Jeanne REGULIER, fils de + Pierre, mourut en sa demeure au Freigné le 15.8.1791 (21 Brumaire VII)
  • HEARD Jacques, 56 ans, mari de Madeleine MOSTEAU, fils de Jacques et Jeanne AUBERT, fut tué près d’Angers le 11.12.1793 (8 thermidor V)
  • HEARD Joseph, 26 ans, laboureur, mari de Marie POTINIERE, fils de Jacques et Madeleine MOSTEAU, mourut à Fougères lors du passage de l’Armée des Vendéens le 7.11.1793 (8 thermidor V)
  • HENEAU, fille de + Joseph et Marie DABIRAUD, fut tuée en sa demeure au Coteau du Chène le 20 Ventose II (20 Brumaire VII)
  • HIARD Joseph, 27 ans, mari de Marie POTINIERE, fils de Jacques et Madeleine MOSTEAU, mourut à Fougères lors du passage de l’Armée des Brigands au mois de novembre 1793 (29 Ventose V)
  • HUCHON Jacques, 31 ans, fils de René et Michèle RIPOT, fut tué à la Baudière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • HURET Joseph, 48 ans, mari de Jeanne GAUTRON, fils de Joseph et Marie DABIRAUD, fut pris par la force armée au mois de décembre 1793 et conduit à l’Entrepot à Nantes d’ou il fut tiré et fusillé ou noyé sans jugement (29 ventose V)
  • HURET Marie, 50 ans, veuve de Mathurin MESCHENEAU, fille de + Joseph et Marie DABIRAUD, fut tuée en sa demeure au Coteau du Chène le 20 Ventose II (20 Brumaire VII)
  • LANDAIS Pierre, mari de Jeanne MARCHAND (déclarante), fut tué sur la route du Mans à Laval lors de la déroute de l’Armée des Vendéens le 8.12/1793 (8 thermidor V)
  • LALLIER Renée, 55 ans, veuve de Mathurin PINARD, mourut en sa demeure à Grandville le 6 Vendémiaire III (20 Brumaire VII)
  • LAURENT Jean, veuf de Jeanne PERRON, fils de + Jean et Perrine ROTUREAU, oncle de Jean et René MERCERON (déclarants), fut pris dans sa demeure en nivose an II et conduit à Nantes ou il fut noyé 3 jours après (20 Brumaire VII)
  • LECHON Pierre, meunier, 54 ans, veuf de Marie PINEAU, cousin de Jean LECHON demeurant aux 3 Moulins (déclarant), frère de Marie LECHON femme de Gabriel TERRIEN du Loroux-Bottereau (déclarante), oncle de Christophe THOMAS meunier aux 3 Moulins, fut tué à la Balize commune de Basse Goulaine, le 20 Pairial I (21 Brumaire VII)
  • LESOURD Hilaire, 62 ans, laboureur, mari de Constance LAURENT (déclarante) fils de Jean et Perrine GIRARD, fut tué en sa demeure à la Pichaudière le 18.10.1793 (16 germinal V)
  • LIBEAU Jeanne, 9 ans, fille de Louis et Jeanne BOUQUET, nièce de Michel BOUQUET (déclarant), fut tuée à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • LIBEAU Louis, mari de Jeanne BOUQUET, Michel BOUQUET (déclarant), mort à la Rouestière le 26.12.1793 (8 thermidor V)
  • LIBEAU Marie, 39 ans, femme de Julien BOUQUET, fille de Julien et Perrine ETOURNEAU, belle-soeur de Michel BOUQUET (déclarant), fut tuée à la Roustière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • LITOU Maurice, 30 ans, mari de Marie VIVANT, fils de Jean (déclarant) et Louise CHEVREU, fut tué proche la Bazouinière commune du Loroux-Bottereau le 19.1.1795 (5 germinal V) « également déclaré le 20 Brumaire VII, 33 ans, tué au Loroux-Bottereau le 4 Pluviose II)
  • LUZET François, laboureur, 30 ans, mari de Marie FAVREAU (déclarante), fils de François et Anne GUERIN, fut tué au Guineau à la Chapelle-Basse-Mer le 15.4.1794 (13 germinal V)
  • MAINGUET René, laboureur, mari de Jeanne BOUCHEREAU, veuf en 1er de Marie BONAUD et veuf en 2ème de Julienne POTINIERE, oncle de René MAINGUET (déclarant) mourut en sa demeure à la Gilletière le 3.5.1791 (20 Brumaire VII)
  • MARTIN Marguerite, née Chapelle Basse Mer, 58 ans, veuve de Pierre FLEURANCE, fille de René et Marguerite OGER, mère de Jean FLEURANCE (déclarant), a été tuée aux Caroits près la Gagnerie le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • MERCIER Nicolas, 54 ans, veuf de Mathurine COUTANT, mourut en sa demeure le 29 floréal II ( 21 Brumaire VII)
  • MERCIER Rose, 44 ans, veuve d’Antoine VOLANT laboureur, fut tuée en sa demeure au Haut Village le 6 Floréal II (20 Brumaire VII)
  • MOREAU Bertrand, mari de Marie BIRY, père de Bertrand (déclarant) fils de + Bertrand et Mathurine TESTEDOYE, a été tué le 15.4.1794 (1er Germinal V)
  • MOREAU René, 60 ans, mari de Perrine SABLEREAU (déclarante) fils de René et Marie DOUILLARD fut tué dans sa demeure au Galopin le 5.4.1794 (5 germinal V)
  • PAGEAU Jacques, 55 ans, veuf de Mathurine GOHEAU, fils de Jacques et Mathurine DURASSIER, fut tué à Frelaud en cette commune le 10.3.1794 (1er Germinal V)
  • PAGEAU Jacques, 23 ans, fils de Jacques et Mathurine GOHEAU, frère de Marie PAGEAU (déclarante), fut tué à Montaigu le 18.1.1794 (1er Germinal V)
  • PAPIN Pierre, né Chapelle Basse Mer, 30 ans, mari de Renée Anne HERBELIN, fils de + Michel et Françoise SIMONEAU, fut tué à Ancenis lors de la déroutte de l’armée des vendéens le 9 Nivose II (20 Brumaire VII)
  • PEIGNé Anne, né Chapelle-Basse-Mer, 76 ans, veuve de Pierre ETOURNEAU, fille de Julien et Catherine JOUBERT, mère de Madeleine ETOURNEAU (déclarante), fut tuée au Tertre à la Chapelle-Basse-Mer le 18.3.1794 (16 germinal V)
  • PEIGNé Guillaume, 38 ans, mari de Marie GUERIN (déclarante), fils de Guillaume et Louise CHUPIN, fut tué au Mans le 13.11.1793 (17 thermidor V)
  • PEIGNé Marie, 48 ans, veuve de Morice CORAUD, fille de + Jean, mourut en sa demeure au Haut Village le 23.5.1791 (20 Brumaire VII)
  • PESNOT Jeanne, née au Loroux-Bottereau, fille de Guillaume et Perrine BRANGEON, veuve de Jean PINARD, est morte en sa demeure à la Robinière le 7 Fructidor III (20 Brumaire VII)
  • PETARD Julien, 15 ans, fils de Julien et Marie SESCHER, fut tué au Loroux-Bottereau le 28.10.1795 (17 pluviose V)
  • PETITEAU Marie, 21 ans, née au Loroux-Bottereau, fille de défunt Julien et Marie POTINIERE, est morte à la Roche en la demeure de la veuve Joseph HURET le 3 ventose an III (16 germinal V)
  • PETITEAU Jeanne, 67 ans, veuve en 1 de Julien BREVET et en 2 de Jean RIPOT, fille de René et Michèle CESBRON, mère de Jeanne BREVET (déclarante), fut tuée à la Sinardière le 18.3.1794 (7 thermidor V)
  • PINARD Jean, øLoroux-Bottereau, 62 ans, laboureur, mari de Julienne PESNOT, fils de Julien et Marie GOHEAU, père de Jeanne PINARD (déclarante) femme de Jean RIPOCHE, est mort en sa demeure le 20 Ventose III (20 Brumaire VII)
  • PINARD Mathurin, né Chapelle Basse Mer, 60 ans, mari de Renée LALLIER, père de Renée femme de René GILOT (déclarante), mourut à sa demeure à Grand Ville le 4 Complémentaire II (20 Brumaire VII)
  • PINARD Perrine, 30 ans, femme de Gabriel PETARD, fille de Guillaume et Perrine Chantreau, mourut dans l’Ile du Recoin au Loroux-Bottereau le 6.4.1794 (17 pluviose 5)
  • PINARD Pierre, mari de Louise PEIGNé, fils de + Mathurin et Marguerite LIBEAU, est mort au Mans, pendant le passage de l’Armée vendéenne le 9 frimaire II ( 21 Brumaire VII)
  • PINEAU François né au Loroux-Bottereau, 50 ans, laboureur au Bois Malinge à St Julien de Concelles, mari de Marie COUTANT, Julien VIAU du Loroux-Bottereau (déclarant), est mort à Lavale le 26 vendémiaire II (20 Brumaire VII)
  • PINEAU Marguerite, né au Loroux-Bottereau, veuve de Pierre ROUSSEAU, fille de François et Marie TINGUY, est morte à L’Anglesort le 20.11.1793 (11 thermidor V)
  • PINEAU Perrine, 55 ans, veuve de Joseph BOUYER, fille de + Pierre et Marie PARIS, mère de Joseph BOUYER (déclarant), est morte en sa demeure le 4 Frimaire II (20 Brumaire VII)
  • PIOU Jean, 31 ans, mari de Madeleine GARCION (déclarante), fils de Jean et Perrine BREVET, fut tué au village du Bois Adam le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • POTINIERE Julien, 50 ans, mari de Jeanne GARTION (déclarante), fils de René et Jeanne VILAINE, fut tué à Ancenis au mois de décembre 1793 (18 germinal V)
  • POTINIERE Julien, 22 ans, fils de René et Madeleine PONTOIR, frère de René (déclarant),fut tué à Angers le 3.12.1793 (13 germinal V)
  • POTINIERE René, laboureur, 62 ans, mari de Madeleine PONTOIR, fils de René et Madeleine EMERIAU, père de René, Louis et Jacques (déclarants) a été tué au Pont de Louant, commune du Loroux-Bottereau le 18.10.1793 (13 germinal V)
  • POUPONNEAU Jean, øLoroux-Bottereau, 54 ans, laboureur, mari de Jeanne LIBAUD, fils de Jean et Michèle PAQUEREAU, Agnès Agathe LIBEAU veuve de Julien POUPONNEAU (déclarante) mourut en sa demeure au Planches le 1.5.1794 (8 germinal V)
  • POUPONNEAU Jean, 22 ans, fils de Jean et Jeanne LIBEAUD, fut pris en sa demeure au mois de Janvier 1794 par des mariniers qui le conduisirent à Nantes ou il fut fusillé (8 germinal V)
  • POUPONNEAU Julien, 50 ans, mari d’Agathe LIBEAU (déclarante), fils de Louis et ? CHESNAIS, fut pris dans sa demeure au mois de Janvier 1794 par des mariniers qui le conduisirent à Nantes ou il fut fusillé (4 thermidor V)
  • POUPONNEAU Perrine, 18 ans, fille de Jean et Jeanne LIBEAUD, fut tuée dans les Landes du Rouaud au Loroux-Bottereau au mois de Mars 1794 (8 Germinal V)
  • PRAUD René, 28 ans, mari d’Anne FAVREAU (déclarante), fils de René et Renée CORAUD, fut tué au Mans lors de la déroute des Vendéens le 7.12.1793 (8 thermidor V)
  • RIPOCHE Louis, 55 ans, veuf de Jeanne Paré, père de Marie-Jeanne RIPOCHE (déclarante) vivant à Nantes, fut tué dans la rue du Grand Cimetière à la Chapelle Basse Mer le 20 Ventose II (20 Brumaire VII)
  • RIVET Pierre, laboureur et pécheur, né Chapelle-Basse-Mer, fils de Julien et Julienne BOUYER, fut pris par des gens armés le 14.12.1793 conduit de suite à Nantes ou il fut fusillé sans jugement (28 ventose 5 )
  • ROUSSEAU Jean, laboureur, 56 ans, veuf de Jeanne RIPOCHE, fils de Mathurin et Jeanne RICARD, fut tué dans les patures de cette commune le 14.12.1793 (29 ventose 5)
  • ROUSSEAU Jean-Baptiste, 43 ans, mari de Jeanne BOUYER remariée (déclarante), fils de Jean-Baptiste et Jeanne LESOURD, fut pris dans sa demeure à la Praudière le 7.1.1794 par des mariniers qui le conduisirent à Nantes ou il fut fusillé une demi-heure après son arrivée (17 thermidor V)
  • ROUSSEAU Julienne, 48 ans, veuve de Jean BRETONNIERE, fille de + Mathurin, mère de Jean BRETONNIRE, fut tuée en sa demeure le 29 Ventose III (20 Brumaire VII)
  • ROUSSEAU René, 40 ans, laboureur, fils de René et Perrine VIAUD, célibataire, est mort dans les prisons de Rennes le 8.12.1793 (16 germinal V)
  • SABLEREAU François, 57 ans, mari de Catherine HEGRON, fils de Brice et Perrine CHON, fut tué à Angers au commencement de décembre 1793 (7 germinal V)
  • SAUVETRE Laurent, 57 ans, mari de Radegonde LANDAIS, fils de + Pierre et + Jeanne BREVET, est mort à Dole lors du passage de l’Armée vendéenne de la Flèche au Mans pendant la guerre civile le 6 Frimaire II ( 20 Brumaire VII)
  • SAUVETRE Michel, mari de Marie BOUYER (déclarante), fils de Nicolas et René LEFEUVRE, fut tué à Ancenis le 14.12.1793 (9 thermidor V
  • SEBILEAU Clément, 69 ans, mari de Jeanne BABONNEAU, fils de Jean et Marie LETOURNEUX, fut tué dans le chemin de Fort-Ecul le 10.3.1794 (16 germinal V)
  • SECHER Julienne, 32 ans, fille de Jacques et Julienne LAURENT fut tuée dans sa demeure au Caroits le 18.3.1794 (1er Germinal V)
  • TERRIEN Marguerite, 44 ans, femme de François CHARON battelier, fille de + René et Marguerite PETI-TEAU, fut massacrée au Haut Village le 6 Floréal II (20 Brumaire VII)
  • THOMAS Christophe, 26 ans, mari de Louise AUBERT (déclarante), fils de Christophe et Julienne VEZIN, fut pris sur la route d’Ancenis à Nantes par des gens armés qui le conduisirent à Nantes ou il fut noyé quelques jours après (8 thermidor V)
  • VEZIN Jean, 35 ans, frère de Louis (déclarant) fils de Louis et Perrine BABIN, fut tué à la Guilbaudière à St Julien le 18.3.1794 (8 thermidor V)
  • VEZIN Mathurin, né au Loroux-Bottereau, 55 ans, veuf de Geneviève BREGEON, fils de Mathurin et Jeanne VIAU, père de Mathurin VEZIN, laboureur (déclarant) mourut à Langlesort à Saint Julien le 2.5.1795(13 germinal V)
  • VIAU Renée, veuve de Jean BENUREAU, fille de Mathurin et Renée ROBIN, fut tuée à la Blinière à St Julien le 15.4.1794 (17 thermidor V)
  • VILAINE Guillaume, laboureur, 45 ans, mari de Madeleine PENOT, fils de + Guillaume, fut tué en sa demeure à Bauvais le 1er Floréal II (20 Brumaire VII)
  • VIVANT Pierre, 64 ans, veuf de Perrine TEIGNé, fils de + Jean, fut massacré au Haut Clos le 25 Floréal II (20 Brumaire VII)
  • VOLAND Antoine, 50 ans, pécheur, mari de Rose MERCIER, fils d’Antoine et Marie MERCIER, fut pris par des gens armés conduit à Nantes et fusillé sans jugement (28 ventose 5) et (7 thermidor V)
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    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 10 : pertes de mémoire

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

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    Chapitre X

  • PERTES DE MEMOIRE
  • Ma rive est de silence
    mes mains sont de feuillage
    ma mémoire est d’oubli.
    Jean Tardieu

    « J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien… »

    chante notre Barbara nantaise. Ce que Barbara ose avouer, est-ce si rare ? Barbara chante ses amours et ce qu’elle a oublié avec autant de négligence poétique, les jeunes mariés clandestins de la période révolutionnaire ne l’oublaient pas aussi facilement. Ils n’avaient qu’un seul amour, ce qui est plus facile à retenir. Et puis cela avait été une fameuse fête, tout le monde se souvient des noces ! Tout le monde ? Voyons un peu ce qu’il en est.

  • La mémoire des noces
  • Lors de l’enregistrement civil (voir chapitre Mémoire d’Avent), une partie des couples cite la date de mariage religieux. Cette date religieuse se retrouve dans tous le registre de l’An IV, inexistant aux Archives Départementales, commecé par Crouëzaud. La formule utilisée est la suivante :

    … lesquels ont déclaré être mariés ensemble le … et n’avoir pu faire enregistrer leur mariage dans le temps faute de registre civil… (AC de Saint Julien, registre de mariage An IV)

    Admirable formule, car l’acte ne contient aucune formule de mariage, uniquement cette formule d’enregistrement. On n’est donc pas surpris de ne pas trouver aux Archives Départementales de grosse d’un document si peu conforme aux directives officielles : on s’était arrangé pour régulariser les papiers des concitoyens sur place et on avait évité d’acheminer aux greffes la copie. La municipalité complaisante de Saint Julien s’est montré on ne peut plus compréhensive pour cette régularisation. Alors d’où vient que malgré cette compréhension, tous les Concellois n’aient pas été se faire enregistrer ? Ils sont venus nombreux mais pas tous cependant.
    La date de leurs noces religieuses figure dans cet enregistrement et permet de mesurer leur mémoire des dates. Les enregistrements s’effectuent en moyenne 28 mois après la cérémonie religieuse, avec des extrêmes allant de 1 à 4 ans. Ce délai est donc très court, et on peut supposer que les dates citées vont être exactes. Ceci est vrai pour 23 des 52 couples. Les autres ont oublié. A leur décharge cependant, il faut mentionner l’utilisation dans une partie de ce registre du calendrier révolutionnaire. Les dates de leur mariage religieux étaient donc données oralement, puis transcrites en calendrier révolutionnaire par l’agent municipal. On constate alors, comme je l’ai relevé dans les commmunes voisines (16,18), des erreurs spectaculaires, dont la plus fréquente est l’erreur d’année. Donc, pour 4 des couples enregistrés civilement en l’An IV, il y a une erreur d’un an et quelques jours. Mais ou cela se complique singulièrement, c’est que l’agent municipal se trompe 2 fois pour l’année précédente, et 2 fois pour l’année suivante. Il réussissait tout de même à viser quelquefois l’année juste, puisqu’il la donne dans 10 cas. Il n’en reste pas moins qu’il se trompe dans 4 cas ur 14, ce qui est un taux d’erreur relativement élevé. Il n’était pas le seul et ses collèges des communes voisines n’étaient pas plus experts en maniement rétroactif du calendrier révolutionnaire.
    Les autres couples n’avaient aucune excuse pour se tromper, et pourtant ils se trompent de quelques jours à mois près, avant comme après. Les mémoires les plus courtes peuvent être attribuées aux couples déclarant leur mariage religieux 18 mois après avec erreur de 20 jours avant, 14 mois après avec erreur de 9 jours avant, 3 ans et 11 mois après avec erreur de 30 jours après, 3 ans et 4 mois après avec erreur de 22 jours après.
    « la mémoire flanche… » pour les événements heureux, que penser de cette mémoire quand il s’agit de témoigner de dates de décès de proches. Elle n’était pas brillante au Loroux 3 ans après les massacres (16). Oublieuse mémoire !

  • La tradition orale
  • Dès 1797, soit 3 ans après le passage des colonnes infernales, les témoignages recueillis sur place concernant les victimes étaient entachés de « troubles de mémoire » (16,18). La fiabilité des témoignages, y compris des témoignages aussi récents que ceux de 1797, pose un problème difficile à aborder vis à vis des familles de descendants toujours sur place. Depuis 2 siècles, l’état d’esprit des traditions orales familiales et locales est tel que l’a si bien résumé l’abbé Guibert curé du Loroux au début du XXème siècle dans sa chronique manuscrite des méfaits des colonnes infernales au Loroux-Bottereau en 1794 :

    Le sang versé par une famille contresigne l’honneur qu’a eu quelque membre de cette famille de lutter de souffrir ou de mourir pour la religion catholique (44).

    La notion d’honneur a incité certaines familles dépourvues de victimes à transformer des morts naturelles en morts violentes. Ce glissement de la vérité était d’autant plus facile à opérer que des oreilles complaisantes s’y prêtaient. L’honneur n’est pas seul en cause. La mémoire humaine a également ses limites comme le relevé des mariages civils permet de le quantifier (voir ci-dessus).
    Enfin, les familles étaient géographiquement éclatées c’est à dire dispersées au moment des faits. Il est donc fréquent de retrouver des survivants inattendus. On aurait pu s’attendre à voir les familles périr ensemble, mais il n’en est rien.
    Les exemples ci-après illustrent trois types de dérive de la mémoire :

      extension familiale du titre de victime : ici du mari à la femme
      faux-témoignage pour rendre service
      transfert ulitérieur de victime d’une paroisse à l’autre
  • Perrine Giraud veuve de Laurent Dagondeau
  • Laurent Dagondeau, laboureur au Chohuet au Loroux-Bottereau, avait épousé à la Chapelle Heulin le 17.7.1781 Perrine Giraud. Le 8 mars 1794, Laurent alors « agé de 42 ans, barricade sa maison, mais la porte est enfoncée, le malheureux sabré, la maison incendiée et le blessé est rejeté au milieu des flammes » (17). Sa femme est vivante, ainsi que 2 des enfants du couple âgés respectivement de 11 et 6 ans. Le couple, comme la plupart des couples ayant subi les colonnes infernales, est géographiquement dispersé au moment des faits. Laurent a t-il envoyé Perrine se cacher derrière une haye avec les 2 enfants, ou bien les a-t-il envoyé se réfugier sur l’Ile du Recoin avec la majorité des habitants, ou bien dans de la famille à la Chapelle-Heulin ? Laurent aura défendu son maigre bien seul jusqu’à la mort, en ayant eu soin d’éloigner sa famille. Toujours est-il que Perrine n’est pas morte br–lée avec lui comme l’indique une liste privée.

    La veuve a 2 jeunes enfants à élever, qui se marieront respectivement en 1804 à la Chapelle-Heulin et en 1807 au Loroux-Bottereau. Pour les élever, elle se remarie pendant la guerre civile avec René Feillastre, lui-même veuf d’Anne Guillou massacrée le 15.3.1794 avec 2 de ses enfants, et père de 2 autres enfants survivants. Le nouveau couple vit à la Bazillière où René s’était installé vers les années 1781, toujours au Loroux-Bottereau. Ils font baptiser clandestinement au Loroux un fils le 2.11.1799 mais né le 24.9.1799 et déclaré issu de leur
    mariage légitime, selon la formule utilisée lorsqu’il y avait un mariage religieux valide. Or, aucun mariage catholique ne figure dans le registre clandestin du Loroux-Bottereau qui est pourtant très volumineux. Puis le couple fait baptiser en 1801 un second enfant, toujours déclaré issu de leur légitime mariage. Seul le mariage civil figure aux archives communales du Loroux, le 11.11.1798, et il était impensable qu’il n’exista pas un mariage religieux avant
    les baptêmes, mais où ?
    La Bazillière est située à plus de 6 km au sud-est de la ville du Loroux et le Chohuet à 3,3 km à l’est-sud-est. Les liens paternels et beau-paternels de Perrine Giraud étaient essentiellement chapelains. Ceux de René Feillastre résolument lorousains. En l’absence de registre clandestin à la Chapelle-Heulin, on pouvait donc supposer qu’il y avait eu effectivement un mariage religieux clandestin lors des passages occasionnels de Marchand sur cette paroisse et qu’aucune trace écrite ne nous est parvenue. Cette hypothèse de travail est ainsi valable pour bon nombre de familles qui montrent des actes religieux « manquants », c’est à dire dont l’absence dans le registre clandestin de leur paroisse ne peut religieusement s’expliquer.
    Le dépouillement des registres clandestins voisins de la paroisse du Loroux s’avérait donc nécessaire pour reconstituer le « puzzle » incomplet des actes religieux dans certaines familles. Ce travail de fourmies confirme l’hypothèse selon laquelle les actes manquants ont existé. On retrouve dans les registres voisins une partie des actes manquants au Loroux. Ainsi, Perrine Giraud et Renée Feillastre sont religieusement unis le 12.11.1798 par René Lesmele, soit 1 jour après le mariage civil. Les distances et les liens familiaux n’expliquent pas comment ce couple a été uni aussi loin, c’est à dire à 8 km de la Bazillière. Peut-on considérer avec notre mesure pédestre d’aujourd’hui, que la distance de 8 km est grande ? René, né en 1746, donc âgé de 52 ans à son remariage, avait donc eu connaissance de la présence de René Lemesle à travers d’autres liens que familiaux. Liens de galerne ? Toujours est-il que le couple n’avait aucune attache familiale directe à Saint Julien.
    Quant à Perrine, elle est décédée le 7.10.1826, non sans avoir quelques petits enfants auparavant, et elle n’a pas br–lé en 1794. Si le couple avait brulé ensemble, on imagine mal comment les personnes qui ont déclaré la mort de l’époux, Laurent, sans doute parce qu’elles en avaient trouvé le corps calciné dans sa maison, n’auraient pas retrouvé le second corps calciné et n’auraient pas déclaré l’épouse en même temps. C’est donc C. Massonnet, dans le registre clandestin du Loroux-Bottereau, qui a correctement relevé le témoignage du massacre de son époux « massacré et br–lé » le 8 mars. A contrario, le fait que C.
    Massonnet n’a pu noté d’autres actes concernant la famille de Laurent Dagondeau, montre que les témoins de l’époque ne connaissaient pas d’autres violences dans la famille. Ceci ne signifie pas qu’il n’y avait pas d’autres violences, mais qu’aucune autre violence connue avec certitude n’était à leur connaissance à la date de Juillet 1794, date du relevé de Massonnet.
    De ce qui précède découle une seconde hypothèse : le degré d’exhaustivité du relevé de C. Massonnet dépend du degré des connaissances des témoins à la date de Juillet 1794. Les « témoins » devaient avoir vu et identifié leurs morts, ce qui excluait les témoignages des soldats morts sans témoins, et probablement de quelques massacrés non identifiés, encore que mon étude en cours montre que l’identification fût assez complète, même lorsque les victimes étaient tombées sur une paroisse voisine, à plusieurs kilomêtres de leur domicile. Le témoignage occulaire suppose en effet que les corps soient retrouvés et identifiés, mais il faut tempérer la difficulté, par l’extraordinaire connaissance que les gens des villages voisins avaient à l’époque les uns des autres. Ils étaient capables, non seulement d’identifier avec une bonne fiabilité un habitant d’un village voisin, mais aussi de donner oralement sa filiation, et même ses premiers mariages dans le cas ces veuvages multiples, sans introduire beaucoup d’erreurs.
    Malgré l’éclatement familial et géographique des victimes, qui est important, on a pu identifier les 600 victimes relevées par Massonnet éclatées dans un si grand nombre de familles, qu’on peut prendre la mesure du terme « honneur » :
    presque chaque famille a sa victime. La dispersion géographique des membes d’une même famille au moment du passage des colonnes de Cordellier, a permis aux familles de ne pas être totalement massacrées : aucune ne disparaît et il y a toujours au moins un survivant dans une fratrie. Par contre, la plupart des familles ont eu « une victime » au moins, et peu de familles n’ont eu aucune victime.
    L’étude de la vie à travers la population lorousaine, c’est à dire le suivi systématique des vivants à travers toutes les sources disponibles, permet de faire de nombreux recoupements entres les dites sources. C’est ce recoupement qui permet d’infirmer certains témoignages. Il a permit de ramener le chiffre maximum de victimes à un chiffre plus proche de la vérité. Ce chiffre est dès à présent très inférieur à 1000 pour la paroisse du Loroux-Bottereau dans ses frontières de 1789. Il évolue chaque année, en diminuant, au fur et à mesure que je retrouve les traces fiables des vivants.

  • René Hamon
  • René Hamon, né à Oudon en 1759, avait épousé au Loroux-Bottereau le 13.8.1787 Françoise Pallussière, qui lui donne une première fille le 1.5.1789. Le couple fait ensuite baptiser clandestinement en 1796 au Loroux une fille prénomée Renée, puis le 4.11.1798 un fils prénomé René né le 22.1.1798. Ils font enregistrer la naissance de leur fils à l’état-civil en déclarant la même date de naissance, ce qui n’allait pas toujours de soi pour bien des couples, pour lequels la mémoire des dates de naissance est aussi fiable que celle de leur jour de mariage (cf ci
    dessus).
    Le jeune René perd sa mère le 21.9.1800 (EC,AC du Loroux-Bottereau), puis son père le 2.9.1801 (EC, AC du Loroux-Bottereau). Il est orphelin à 3 ans, et élevé probablement par des cousins éloignés vivants à Saint Julien de Concelles, car il n’a pas d’oncles ou de tantes. Devenu adulte, il épouse à Saint Julien de Concelles le 9.8.1822 la concelloise Jeanne Vilaine. Il lui faut des papiers pour se marier, or la plus grande confusion règne dans son entourage : on ne sait plus très bien quand sa mère est décédée et on n’a même pas idée d’aller demander à la mairie du Loroux de regarder en 1800, ou bien on a demandé à Saint Julien de Concelles par erreur, et cette mairie n’avait rien et pour cause. A moins que le désordre règnant dans toutes les communes au niveau de l’état-civil fût tel que la mairie du Loroux n’était plus en mesure de retrouver l’acte. Cette hypothèse, n’est pas à exclure dans un certain nombre de cas, même si elle semble génante.
    Qu’à cela ne tienne, René va faire faire un papier de remplacement, car la mairie lui a indiqué avec complaisance la méthode à suivre pour obtenir un certificat de
    notoriété. Il lui suffit de trouver 2 témoins prêts à jurer la vérité. Or, il y a belle lurette que les « témoins » ne sont plus occulaires et que toute la population jure n’importe quoi allègrement, maire en tête comme à Clisson (18). Belle occasion pour ces « témoins » de rendre service aux proches, mais surtout de dire n’importe quoi à l’administration boudée.
    Et on se moque tellement de jurer n’importe quoi à cette date, que tout le monde en oubli les moindres règles de bon sens : les témoins comme les greffiers qui enregistrent la déclaration, comme les employés de l’état-civil notant le mariage.
    C’est ainsi que personne n’a remarqué qu’un fils né en 1798 avait perdu sa mère « au début de l’année 1791 », et cette année est écrite en lettres, donc n’est pas une erreur de lecture de ma part ou d’écriture à l’époque.

  • Julien Courgeau
  • Julien Courgeau a épousé à Saint Julien de Concelles en 1798 Renée Fleurance, qui lui fait ensuite quelques enfants. Renée Fleurance fait inhumer en 1796 une fille de 3 ans, mais le père n’est pas là, et elle est assistée de ses beaux-frères. Le 28 ventose an V Renée va déclarer à la mairie de Saint Julien de Concelles que son époux a été tué le 15.10.1793 dans les pat–res de cette commune
    près le village des 3 cheminées (EC, AC). Puisque Renée est une pratique de René Lemesle, car elle se manifeste aussi comme marraine chez ses beaux-frères, on remarque que le prêtre n’a pas voulu noter les déclarations a posteriori (cf chapître 6 la mort).
    Mais il reste à Renée un fils né en 1792 qu’elle va élever seule sans se remarier. Devenu adulte, ce fils se marie au Loroux-Bottereau le 19.10.1812 avec la Lorousaine Perrine Clément de 9 ans son aŒnée et s’installe au Loroux. Le jeune couple recueille Renée qui les aide à la Haye Chausse.
    Pierre Clément, la père de la jeune femme qui est devenue la brue de Renée, vit aux Perrines à 3 km du jeune couple, et vient parfois. Ensemble les deux anciens évoquent cette période noire durant laquelle Pierre trouva sa femme massacrée le 17.3.1794 et Renée son époux tué en 1793. Et Renée devenue Lorousaine d’adoption, parlera tant de son époux qu’il époux figurera bientôt dans une liste privée de victimes alors qu’il était Concellois au moment de la
    guerre civile.
    Julien Courgeau illustre les difficultés à établir un martyrologe car la question de savoir qui habitait le territoire concerné au moment des faits est délicate. Il existe une forte probabilité pour qu’il ait été victime, mais sa famille a quitté Saint Julien de Concelles et la tradition orale qu’elle perpétue s’entend au Loroux.
    Pour éliminer de telles sources d’erreurs, le dépouillement exhaustif des registres clandestins est extraordinairement utile. Un registre clandestin est le document le plus fiable de la période révolutionnaire, et il permet de dire qui était présent, c’est à dire bien vivant, à telle date à tel endroit. Grâce au dépouillement exhaustif du registre de René Lemesle, on peut compléter la fiche de Julien Courgeau et constater qu’il n’était jamais présent alors que sa femme l’est à plusieurs reprises, donc qu’il était probablement décédé avant. Le registre clandestin n’infirme pas les déclarations ultérieures.

  • La fiabilité des documents
  • La fiabilité des documents est la clef de toute étude quantitative. Or, la fiabilité des témoignages, sur lesquels les documents a posteriori sont basés, fait défaut la plupart du temps (16,18). Une sous-estimation de son impact a entraîné des erreurs de chiffrage et entretenu depuis 2 siècles dans les 2 camps les débats entre partisans du « toujours plus » et partisans du « toujours moins ».
    Le souvenir de la guerre civile est entretenu de nos jours par plusieurs associations. Elles jouent un rôle déterminant dans l’entretien de la mémoire (22). Les instruments archivistiques utilisés en partie par ces associations pour étayer leurs publications sont des documents écrits de 1797 à 1830, c’est à dire les sources auxquelles la fiabilité fait plus ou moins défaut (16,18). Ces sources se basent sur le recueil de témoignages et attribuent à la notion de témoin une importance qu’elle na pas eu en réalité.
    Il était facile d’être témoin pour rendre service à un voisin : pour toucher une pension, pour avoir une certificat de décès etc… Ces témoignages sont d’autant plus nombreux que la complaisance des personnes les recueillant les favorisait localement.
    Le mouvement du souvenir, s’il est justifié globalement, ne se justifie pas au niveau des individus car les listes nominatives basées sur de tels témoignages comportent de quelques « fausses victimes ». Les témoignages sont d’autant plus erronés que la pression du groupe social environnant est forte. Ils le sont également en fonction des attitudes locales vis à vis de ces témoignages : on observe déjà une différence entre Saint Julien et Le Loroux. Enfin ils sont
    d’autant plus erronés que le temps passe.

    L’étude en cours sur la population lorousaine quantifiera le degré de fiabilité de chaque type de source pour cette paroisse, en donnant nominativement les recoupements impossibles. Les recoupements impossibles sont ceux pour lesquelles la mafestation de la vie, c’est à dire de la « non-mort », est fiable : ainsi, un mariage postérieur, un décès ultérieur ou antérieur, une présence dans un registre clandestin même au titre de parrain ou marraine, etc…, avec filiation donnée par le prêtre.
    Dans le cas des registres clandestins, la vie est présente sous une forme précise et le prêtre n’a pas vu des « fantômes » : on ne lui mentait pas, car cela aurait été mentir à Dieu. On vivait un temps fort, dans lequel la population se serrait et s’entraidait. On n’avait rien à gagner et sans doute tout à perdre et pourtant on déclinait courageusement ses noms et filiations.. On signait même quand on savait.
    La publication des recoupements impossibles, c’est à dire des « non-morts » pose un problème moral qui ne m’échappe pas. Pourquoi venir détruire dans certaines familles ce qui est si bien entretenu depuis 2 siècles. En ai-je même le droit ?
    Je ne m’en sentais pas le droit moral, bien que j’en ai le droit juridiquement parlant. Je ne m’en sentais pas plus le devoir. J’ai bien dit « je ne m’en sentais pas », car depuis j’ai d– changer d’avis. L’un des mouvements du souvenir, par la voie de son président, m’a mise en demeure d’apporter les preuves des résultats
    de mes travaux. Je regrette cette attitude fermée, car j’aurais personnellement souhaitée ne pas faire de nominatif pouvant semer le trouble dans certaines familles toujours en place. J’avais donc na‹vement « suggéré » à cette association de revoir ses chiffres à la baisse dans ses exposés et publications etc… La réponse m’a fait prendre conscience que pour être crue il fallait malheureusement que je donne les éléments nominatifs.
    Quand on songe que 2 siècles après la guerre civile il peut encore exister autant de passions autour des victimes ou non victimes, on peut être attéré à l’idée que prochainement les archives de la seconde guerre mondiale seront communicables. Quelles passions nominatives ne vont-elles pas déchainer ?
    Pour la guerre civile qui nous occupe, un premier cas nominatif a été publié cette année (16). Le présent ouvrage contient quelques cas qui ont ceci de remarquable qu’ils concernent Saint Julien de Concelles autant que le Loroux-Bottereau. Mes travaux ne portent que sur le Loroux, et c’est uniquement pour reconstituer entièrement les familles lorousaines que je suis amenée à survoler les communes voisines comme le présent ouvrage le fait pour Saint Julien. Même sans avoir reconstituées les familles de Saint Julien, on peut trouver des recoupements erronés. Il n’est pas nécessaire de mener un travail extraordinaire pour en trouver. Il suffit d’un peu d’analyse critique et de curiosité.
    Chaque cas de recoupement impossible peut s’expliquer d’une façon différente, encore que certains cas peuvent être regroupés par catégories. Ces erreurs ne sont pas là pour diminuer l’honneur des populations, mais leur rectification permet de quantifier les victimes sur des bases sérieuses. L’étude de démographie historique du Loroux-Bottereau avait, et a toujours, pour objectif de dénombrer les vivants afin de déterminer le nombre maximal de victimes potentielles par différence. Parallèlement, l’étude permet de déterminer un nombre minimal. La zone intermédiaire, dite d’incertitude, est de plus en plus réduite et je suis moi-même surprise de constater que l’on peut mener à bien ce travail en balayant les paroisses voisines et en comptant sur les solidarités généalogiques.
    Les martyrologes sont des documents piégés, mais ils sont aussi les plus crus.
    D’où vient la crédibilité aveugle que manifestent nos contemporains ? Deux siècles après les faits, les familles aiment compter un martyr, ou plusieurs, parmi leurs ancêtres. Sans aller, comme il n’est pas rare encore de nos jours, jusqu’à chercher à tout prix cette victime, quitte à glisser sur certaines incomptabilités ou homonymies, combien de descendants de vendéens aimeraient de nos jours s’entendrent dire que leur prétendue victime n’en est pas une ? Peu, à en juger par les lettres d’insultes qui me parviennent lorsque je rectifie à l’aide de données parfaitement controlables, une tradition orale erronée. Ce n’est pas une raison pour cesser la recontitution des familles lorousaines, puisqu’elle débouche sur quelques rectifications de témoignages visant l’honneur des familles ?
    Je rends ici personnellement hommage à ceux qui ont le courage de reconnaître que leur ancêtre n’est pas la victime figurant dans tel martyrologe, mais qu’il est décédé à telle date ultérieure après avoir vécu des jours paisibles.
    Malheureusement ces personnes éprises de vérité pure sont rares, surtout au prix de perdre un ancêtre victime.
    On tient collectivment ou individuellement à « toujours plus » de victimes. En déposant récemment un relevé informatisé de la période révolutionnaire et en expliquant oralement dans quel contexte j’avais fait ce travail, je m’entendis dire :
    -Alors, il y a eu plus de victimes qu’à … ?
    On attendait de moi un chiffre énorme pour être fier de sa commune. Combien de temps la question se posera-t-elle encore ainsi ? « Toujours plus » appartient à Mr de Closets et sans prétendre à « toujours moins », j’ose croire que la Vendée sortirait grandie de la vérité.
    Car la vérité est terrible, même si le nombre de victimes n’est pas si élevé que le prétende certains, il est suffisamment élevé. Les erreurs relevées dans les témoignages ne concernent qu’une petite partie des listes de victimes. Elles n’en diminuent en aucun cas le nombre, car un phénomène de compensation apparaît avec des vraies victimes non identifiées à ce jour dans les relevés existants. Car Il y a des familles qui ne se sont jamais vantées et qui ont pourtant de vraies victimes non recensées par faute de témoignage ou de déménagement de la paroisse.

    VOIR LE SOMMAIRE

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion autorisée sur ce blog.

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    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 6 : l’enregistrement civil

    Ouvrage paru en 1990
    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    Chapitre VI

  • L’ENREGISTREMENT
  • Ryhtme hebdomadaire du mariage civil civil
  • Les noces traditionnelles se sont donc maintenues pendant la guerre civile, mais quand régularisait-on civilement ?
    La seule étude connue porte sur Avignon (18). La comparaison entre les dates des 2 formes de mariage, civil et religieux, montre que 15 % des couples régularisent le jour même, et que 62 % ne régularisent qu’après, dans un délai relativement court : la moitié des retardataires en l’espace d’une semaine, le reste en un an.
    Avignon est cependant d’une ville dans laquelle les interdits religieux, les temps clos et le vendredi, ont été levés par la hiérarchie catholique. Le prêtre réfractaire bénit 82 % des unions un vendredi, et on ne peut donc comparer Avignon à Saint-Julien-de-Concelles.

    L’attachement à la fête du mardi ou du lundi est encore plus marqué lorsque l’on étudie le jour de mariage civil. L’érosion du mardi est très sensible, au profit de tous les jours de la semaine y compris le dimanche. Les couples des lundi et mardi ont pu être ceux, rares, qui expédient le mariage civil le même jour que le religieux.

  • Le délai d’enregistrement
  • L’attitude est bien diffèrente à Saint Julien de Concelles comme au Loroux. Rien de comparable avec Avignon. Le mariage civil est n’importe quel jour et il n’y a pas de corrélation avec la date religieuse : avant, même jour, quelques jours après, mais aussi très longtemps après, jusqu’à 30 ans après au Loroux.
    Ce retard des couples mariés religieusement clandestinement à « régulariser » civilement n’a jamais été mesuré statistiquement en région de Venée Militaire. Au Loroux, il est si élevé, qu’il était intéressant de mesurer quantitavement cet écart dans la paroisse voisine de St Julien de Concelles, pour mieux ultérieurement évaluer l’attitude lorousaine.
    Mais pour évaluer cet écart, les difficultés s’amoncèlent : non seulement il faut chercher jusqu’à 30 ans après, mais encore il faut faire les 2 collections d’archives : les communales et les départementales. Et ce n’est pas tout, car la plupart n’ont pas régularisé dans la même commune : on régularise plutôt dans la commune de l’époux alors que l’inverse est fréquent pour le mariage religieux. Enfin, le Conseil Régional a interdit l’accès aux archives communales et les mairies ferment leur porte. Je remercie donc particulièrement celles qui m’ont ouvert leur porte.
    Les collections d’état civil des archives communales de La Chapelle-Heulin, du Loroux-Bottereau, de La Chapelle-Basse-Mer, sont totalement différente des collections départementales. Elles sont beaucoup plus riches que les départementales, et il convient d’analyser ce phénomène. Voici donc à titre d’exemple l’analyse des différences pour les deux collections, départementales et communales, concernant Saint-Julien-de-Concelles.

    Les mariages des AD, dépouillés par le CGO, sont au nombre de 123 de 1793-1802, alors qu’ils sont au nombre de 245 dans la collection communale. Bien entendu, les fascicules communaux sont reliés dans le désordre le plus total : non seulement les décès sont mélangés aux mariages, mais les années commencent n’importe quand et se suivent n’importe comment. Mieux, les années dont la copie est aux AD, ne sont pas copiées intégralement et il manque plusieurs mariages à l’intérieur d’une année copiée. Il a fallu exactement 70 heures de relevé communal suivies d’environ 30 heures de coordination informatique pour compléter la table départementale faite par le CGO, et ce pour les seuls mariages. Les décès ne sont pas pris en compte dans ce temps de travail.
    L’expérience acquise dans les trois communes citées me permet de préconiser pour l’avenir une méthode d’approche plus rationnelle : dépouillement exhaustif de chacune des deux collections indépendamment, suivi d’une confrontation entre les deux relevés. Pour retrouver ensuit matériellement l’acte lui-même à partir d’une table, il ne suffit pas d’indiquer dans la table « archives communales », et il faudrait une autorisation de numérotation manuelle des pages des registres et faire figurer ce numéro de page après chaque relevé de la table.
    Toutes les communes ayant souffert de la guerre civile ont le même problème. A Vern d’Anjou, paroisse d’adoption de la famille Lemesle, il existe encore plus incroyable : l’année 1791, comme toute la période prérévolutionnaire, a brûlé lors du passage des Vendéens, mais en 1803 le maire retrouve une table manuscrite du XVIIIe siècle se terminant en 1791, rassemble les couples de 1791 et réécrit les mariages. Le tout est relié dans la table manuscrite du XVIIIe qui n’est répertoriée nulle part, puisque rares sont les communes qui attachent de l’importance à une table manuscrite du XVIIIe et jugent utile de les signaler aux AD.
    L’état civil de la période révolutionnaire souffre donc, en pays de guerre civile, de la plus grande misère : son état est le reflet des difficultés rencontrées par les diverses administrations municipales de l’époque.
    Or, depuis deux siècles, les archives souffrent du mode de classement franco-français : « avant » et « après » 1789 ; Avant, les registres de catholicit ; après, l’état civil. Ceci est faux en région de guerre civile, et l’application de cette césure archivistique fran‡aise pose dans notre région un sérieux problème.
    Il serait temps, deux siècles après, de se pencher sur l’indispensable complément de l’état civil : le registre de catholicité, source incomparable du patrimoine historique en région de guerre civile.

  • L’enregistrement civil des mariages
  • 313 mariages sur 411 clandestins, soit 76,2%, ont pu être retrouvés civilement à Saint-Julien et dans les paroisses voisines : le Loroux, Basse-Goulaine et Saint-Sébastien.
    Les mariages pour lesquels les deux dates sont connues concernent dans 75% des cas des Concellois et 25% de non-Concellois.
    Ce nombre de mariages civils permet une exploitation statistique du délai d’enregistrement. L’analyse permet de cerner les réticences des couples.
    Le nombre de mariages trouvés hors de Saint Julien excède le nombre de mariages de horsains constaté dans le registre clandestin. Mais ce pourcentage élevé de horsains est dû en partie au fait que les mariages de Concellois n’ont pas tous été retrouvés, malgré le dépouillement des 2 collections : départementales et communales.
    Le délai d’enregistrement varie selon que l’on considère les Concellois et les horsains. Les Concellois ont eu l’enregistrement facilité par le contexte municipal compréhensif (voir chapitre Pertes de Mémoire). Ils ont donc régularisé massivement 1 à 4 ans après la cérémonie religieuse.

    Le délai, exprimé ci-contre en mois s’étire de 3 ans avant à 27 ans après. Les 2 mariages 3 ans avant sont en fait les 2 mariages constitutionnels rebénis par Lemesle. Il est à noter que ces 2 couples ne sont pas repassés ensuite à la mairie. J’ai rencontré 1 couple dans ce cas au Loroux, qui d’ailleurs repasse dans la paroisse de l’épouse puis dans la paroisse de l’époux, soit 4 mariages au total, en comptant le constitutionnel, pour un seul et même couple.
    Le délai d’1 mois ne concerne pas la moitié des mariages civils.

    Les mariages régularisés 26 et 27 ans après sont plus nombreux pour les borsains, d’ailleurs on observe pour ceux-ci un creux des enregistrements : il n’y a rien entre 1 an et 10 ans. L’histogramme ci-dessus est donc typique de la bonne volonté de la municipalité concelloise. Il y a eu quelques vagues massives mais une régularisation échelonnée sur 27 ans.

  • Saint-Sébastien-sur-Loire
  • Les mariages civils « régularisés » très tard à Saint Sébastien sur Loire sont plus nombreux que les mariages religieux clandestins trouvés à ce jour. D’autres prêtres ont donc unis des mariages clandestins qui nous sont inconnus. En outre, les couples mariés clandestinement par René Lemesle ne viennent plus après leur mariage faire baptiser d’éventuels enfants issus de leur union : ils ont donc trouvé un autre prêtre. En effet, le baptême est considéré par tous les auteurs (17,18) comme le sacrement auquel on ne renonce pas le premier. Un couple ne peut donc avoir été béni dans des conditions difficiles et ne pas faire baptiser ensuite ses enfants. Ainsi, pour Saint Sébastien, les couples de Jean Corgnet et Marie Clestras d’une part et de Pierre Corgnet et Marie Jeanne Choismet d’autre part. Unis le 5.5.1795, ils ne font pas baptiser à Saint Julien de Concelles.

    Baptêmes clandestins
    Après une période de privation de prêtre, la venue d’un prêtre dans une paroisse, est immédiatement suivie du baptême des enfants n’ayant pas pu le recevoir entre-temps (voir chapŒtre 2).
    Le livre de paroisse, commencé en 1829, retrace la période clandestine en ces termes « Monsieur Bascher, ancien curé de Rezé, fût le premier prêtre qui célébra la messe dans la paroisse depuis 1792, et ce le 2 avril 1800. Son successeur fût Monsieur Martin. Enfin le 22.11.1802 J.B. Blanchet est nommé curé de Saint Sébastien (28).

    Ce livre de paroisse est malheureusement écrit 30 ans après les évennements et il est basé sur des témoignages qui donnent une verson tronquée des faits, puisque René Lemesle a dit la messe à Saint Sébastien en la chapelle de la Savarière le 26.11.1795 au moins (voir p.46), si clandestinement que les témoins intérrogés ne relatent pas ces faits 30 ans après.
    Le registre de catholicité de Saint Sébastien, qui suit la période révolutionnaire, donne des indications qui diffèrent de ces témoignages. Ce registre commence le 19.08.1800 comme suit :

    Registre pour inscrire les mariages et baptêmes de la paroisse de Saint Sébastien au diocèse de Nantes depuis le 14 du mois d’Août 1800 et la premier acte est du 19 du dit mois d’août même année, la page où il se trouve doit être regardée comme la première de ce registre qui a été quotté et millésimé par nous prêtre catholique desservant et l’avons signé … J. Martin Rr desservant de Saint Sébastien (registre de catholicité, Saint Sébastien, Archives paroissiales).

    M. Martin baptise et marie dès le 19 août 1800, or les enfants qu’il baptise viennent de naître, donc les enfants de Saint Sébastien nés avant cette date avaient déjà été baptisés. Est-ce que Bascher les auraient tous baptisés entre le 2 avril 1800 et le 19 août ? Bascher a-t-il pu tenir un registre, ou bien a-til tenu uniquement des minutes des actes ?
    Toujours est-il que l’on ne trouve la trace d’un prêtre avant Martin que par déduction, à partir de l’âge des enfants qu’il baptise. Mais on retrouve par contre une feuille volante dans le registre de Saint Sébastien :

    Cet acte écrit en 1799 est signé de façon authentique par le parrain et la marraine. En outre, l’écriture est bien celle de Marchand. Ce prêtre, recteur de la Chapelle Heulin, se déplaca beaucoup pour échapper aux poursuites, et ne réussit à faire que de courtes apparitions à la Chapelle-Heulin. Il aurait donc été présent à Saint Sébastien en 1799. L’acte qu’il signe à Saint Sébastien peut être considéré comme un bel exemple de précision « en la ville de Nantes, au lieu dit Vertais, trêve de Saint Jacques paroisse de Saint Sébastien ». Marchand commence par la géographie communale « ville de Nantes », qu’il n’ignore pas, puis le quartier de Vertais, aujourd’hui absorbé par notre Ile Beaulieu, qui dépendait avant la révolution de la paroisse de Saint Sébastien à travers la trêve de Saint Jacques. Le statut de trêve n’était pas cité fréquemment par les paroissiens de Saint Jacques avant la révolution, on peut donc affirmer que c’est Marchand qui avait appris, sans doute au séminaire, le statut de chaque paroisse du diocèse.
    Cette précision, en pleine persécution, montre que ces hommes poursuivis savent garder un savoir-faire exceptionnel de rigueur et de précision. Les actes de baptêmes délivrés par ces hommes ne sont pas des certificats au rabais : tout se passe comme si, faute de moyens, on avait à coeur de noter rigoureusement le plus de détails possible.
    Marchand ne fût pas le seul prêtre à passer à Saint sébastien. Le registre de 1800 n’est pas écrit de la seule écriture de Martin. La seconde écriture était soit celle de Jaulin, soit celle de Connard. Ces 2 prêtres signent chacun un acte à Saint Sébastien en 1800. J’ai un programme d’analyses graphologiques en cours pour toutes ces écritures.

  • Basse Goulaine
  • René Lemesle a marié des Bas-Goulainais, et il a même marié le 27.1.1795 dans l’église de Basse Goulaine (voir le registre à cette date). Ces Bas-Goulainais ont régularisé civilement plus tard, mais on relève à Basse Goulaine dans l’état civil en 1814 au moins 2 mariages de régularisation qui ne figurent pas dans les registres clandestins connus à ce jour. Il s’agit d’ailleurs de 2 couples qui font enregistrer le jour de leur mariage civil respectivement 7 et 8 enfants vivants, dont plusieurs non déclarés auparavant. Ces mariages laissent supposer un mariage clandestin religieux non connu à ce jour. Il existait donc un prêtre itinérant à Basse Goulaine, qui y fiat des passages pendant la guerre civile. Le registre d’état civil lui-même permet de mettre ainsi en évidence cette existence.
    Pour ce qui est du phénomène d’enregistrements d’enfants, et même nombreux enfants, il est fréquent lors de ce type de mariage civil de régularisation. En fait les enfants avaient besoin de papiers pour se marier d’où la nécéssité dans laquelle étaient finalement les parents de se rendre à la mairie. Une grande partie de ces enfants n’avaient jamais été déclarés, toujours 1 sur 4, souvent 2 sur 4. Les registres de naissances de l’état civil sont donc incomplets, si l’on ne tient pas compte de ces déclarations très tardives. Au moment de la déclaration, les enfants, qui sont dans tous les cas des baptisés clandestins, ont plus de 20 ans.
    Pour mesurer le taux de baptêmes, la comparaison entre le nombre de naissainces dans l’état civil, et le nombre de baptêmes dans les registres clandestins a déjà été tenté. Patricia Lusson-Houdmon s’est heurtée au surplus de baptêmes comparé aux naissances (29). Ce surplus n’a pas d’autre cause que la sous déclaration des naissances. Malgré les menaces, plusieurs couples par commune ont réussi à ne pas déclarer des enfants avant leur âge adulte.

  • Le mariage civil seulement
  • Les mariages civils ne recoupent pas tous les mariages religieux, et quelques mariages civils n’ont pas d’équivalent dans le registre clandestin.
    De là à conclure que les couples mariés uniquement civilement sont détachés de la religion, il faut être prudents. En effet, l’un de ces mariages civils pour lesquels on ne trouve pas d’équivalent religieux est celui du couple de Charles
    Marie Goguet de la Salmonière (voir p.42) et d’Emilie Bonchamps, la soeur du général tombé à Saint Florent le Viel le 20.10.1793. Leur mariage civil le 19.07.1800 à Saint Julien est une régularisation de plus, mais n’a pas été pris en compte dans la statistique du délai d’enregistrement du mariage, car cette statistique n’est basée que sur le registre de Renée Lemesle. Le délai est dans le cas de ce couple de 6 ans et 7 mois. Nous ne disposons que du récit de la Marquise de la Rochejaquelein, mais il est crédible.
    Les autres couples, uniquement civils apparamment, ne sont pas nombreux, puisque non compris le couple ci-dessus, ils sont au nombre de 12. Il n’est pas à exclure que quelques uns soit républicains.
    Certains Concellois ne dédaignent pas les prêtres contitutionnels. Ainsi, le 7 pluviose an IV de la République Française (sic) en l’église de Saint Jacques de Nantes, François Limousin, marinier, 33 ans, né à St Julien de Concelles, et demeurant rue du Port Maillard, épouse religieusement Marguerite Raimbaud de St Fiacre.

  • L’enregistrement
  • Dans ce chapitre, il a été question de « délai d’enregistrement » et non de délai entre le mariage religieux et le civil. C’est que ce dernier était considéré en 1798 à St Julien comme un enregistrement (voir p.).

    Ouvrage paru en 1990
    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 1er

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    Chapître I

    DE L’ANJOU A SAINT-JULIEN-DE-CONCELLES

  • Neuville et Grez
  • La commune de Grez-Neuville, près du Lion-d’Angers, dans le Segréen, au nord de l’actuel département de Maine-et-Loire, a été constituée en 1789 du bourg de Neuville et de sa succursale paroissiale, Grez, située sur l’autre rive de la Mayenne. En 1766 les prêtres desservent la succursale, mais il n’y a pas de pont pour s’y rendre et la rivière est large…

    En ce 23 février 1766, le grand froid dure depuis si longtemps que J. Davy ne se sou-vient plus quand il a commencé : il a vu la Mayenne prendre en masse, et on la traverse à pied sec. Il a même entendu dire que la Loire est traversée elle aussi à pied, entre Saint-Florent-le-Vieil et Varades. Les anciens ont beau essayer de se remémorer, aucun hiver ne leur a laissé un souvenir aussi glacial depuis 1709.

    Engourdi par le froid, monsieur le vicaire de Neuville et Grez, vient de faire deux grosses ratures. Il s’est trompé de sexe dès le début de l’acte de baptême et cela n’est pas pardon-nable. Peut-on confondre Marguerite avec René ? Enfin, il a écorché le prénom de Françoise-Scholastique Gardais. Certes, elle porte un prénom peu fréquent, mais il figure pourtant dans le rituel et il l’a oublié.

    Maître Jean Lemesle, forgeron à Neuville, est heureux d’avoir un fils pour lui succéder un jour. Il aime sa forge et il en est fier, depuis qu’il a appris son métier à Nyoiseau chez le père Gardais. Car Jean est le troisième fils de Jean Lemesle et d’Anne Houdmond, issus d’une longue lignée de marchands de fil et de filassiers du Craonnais et du Segréen. Le fil ne suffisait plus à nourrir tous les Lemesle qui y travaillaient et Jean avait choisi la forge.
    Marié à Nyoiseau, le 12.02.1760, à Françoise-Scholastique Gardais, il a eu avant 1766 deux fils, prénommés Jean-Charles, décédés peu après leur naissance.
    Paul Gaudin, parrain de ce nouveau fils Lemesle, n’a pas donné son prénom au baptisé ! Il est pourtant cultivé : il signe très habilement. Les Lemesle ne peuvent donc pas faire comme tout le monde, et appeler leur fils Paul comme le parrain, ou Jean comme le père… Pensez donc, ils l’ont appelé René, comme de nombreux Angevins depuis ce Plantagenet. On aime tant se souvenir du bon roi René dans ce petit coin du diocèse d’Angers, tellement qu’à Neuville et Grez il y a autant de René que de Pierre (1). Tous les Angevins ont la même adoration pour leur roi favori et nulle part en France on a autant de René dans les familles du XVIIIème siècle.

    Mais l’abbé J. Davy est jeune et avec le temps, il s’habituera à écrire correctement « Scholastique ». Avec M. le Recteur, qui est très âgé, il a la charge de 1 300 âmes et administre chaque année en moyenne 35 baptêmes, 14 mariages et 33 sépultures (1).

    La besogne n’est pas facile depuis que le pont s’est écroulé. Pour traverser la Mayenne, qui sépare Neuville de sa succursale Grez, l’abbé J. Davy prend souvent le bac. Le prieur de la Chapelle de Grez, Louis-Sébastien Bestrie y dit chaque jour la messe sous le retable de cuir doré, sans avoir le droit d’administrer les sacrements de mariage et de baptême ; M. le Vicaire doit s’y rendre.

    Le petit René ne grandit pas longtemps à Grez-Neuville, car bientôt son père quitte la forge pour celle de Vern-d’Anjou, plus apte à nourrir la petite famille composée déjà de Marie-Anne, René et Charlotte-Françoise.

    L’église de Neuville, reconstruite en 1704, conserve encore, en 1990, un arceau ogival du XIIIème siècle et un autel richement décoré de marbre.

  • Vern-d’Anjou
  • La petite famille s’installe à Vern vers les années 1770. Le bourg est un noeud de communications : de Candé et du Louroux-Béconnais au Lion-d’Angers, et de Segré à Saint-Georges. Il est aussi un centre artisanal préindustriel, avec un four à chaux et une briquetterie à la Drouère, qui fournit « une excellente chaux, préférable à celle de Montjean et d’Angers » pour approvisionner le Craonnais, ainsi que des ardoisières à la Bichetière et à la Pinardière (2). En 1806, Vern compte 14 moulins dont 4 à eau et 4 huiliers, 9 filassiers, 4 cardeurs, 3 tanneurs, 1 charbonnier et 34 fileuses (2).
    Le jeune René grandit au milieu de ses quatre soeurs et de son frère, la famille s’est agrandie à Vern de Gervais, Anne et Perrine. Il aime le contact de ses camarades fils d’ouvriers et artisans, admire les fours à chaux, les ardoisières, où il se fait des amis. Il découvre les aspects variés des activités humaines et il saura bientôt s’y fondre comme un caméléon. Mais n’anticipons pas, car pour le moment son père le cherche encore.

    le prieuré de Vern en 1910

    Tout en martelant, Jean Lemesle fulmine. Françoise-Scholastique ne lui a donné qu’un « bon à rien » : René a encore disparu dans l’un de ces endroits dont il a le secret.
    Son fils se plaît mieux dans la fraîcheur de l’ancien prieuré, parmi les livres, que dans l’atelier de la forge.
    C’est pourtant à la forge qu’est sa place, car il faudra bien qu’il la prenne un jour en main, car Gervais n’en sera jamais capable : il est maladif.
    Il y a du travail à la forge et ce fainéant n’est pas pressé d’apprendre le métier de forgeron.

    Voilà qu’il s’est mis dans la tête d’étudier avec M.le Recteur. Qu’a-t-il besoin d’étudier ? On sait écrire depuis longtemps chez les Lemesle et cela est bien suffisant. Jean craint l’influence du prêtre qui pourrait bien lui ravir son fils.
    Puis un jour, René annonce à son père sa décision :

  • Tu es maréchal en oeuvres blanches ; ta forge attire du monde, et je sais que tu veux que je te succède, mais je souhaite entrer au séminaire car Dieu m’appelle à une autre forge, celle des âmes.
  • Françoise-Scholastique tente en vain de s’interposer entre les deux hommes qui s’affrontent maintenant. Elle est si fière de ce fils et elle souhaite tant qu’il devienne prêtre. Seulement, son père s’y oppose : il ne pense qu’à la forge…
    Elle se souvient alors de sa jeunesse et une idée jaillit dans sa tête :

  • Ne te tracasse donc pas comme cela pour la forge, Jean. Regarde plutôt chez les Phelippeau, à la Pouèze, ou chez les Robert, au Louroux-Béconnais : ils ont chacun un fils qui ferait bien l’affaire, et puis tes filles… Te souviens-tu comment tu m’as connue ?
  • Oui, Jean se rappelle. C’était à Nyoiseau, il y a tout juste 20 ans. Le père Gardais l’avait pris comme apprenti. Il avait une fille lui aussi… une Françoise-Scholastique. Les deux jeunes gens s’étaient unis au pied de la magnifique abbaye.
    Jean a déjà remarqué le jeune Mathurin Phelippeau de la Pouèze, et le jeune François Robert du Louroux-Béconnais : eux au moins, ils aiment le travail. Il pourrait en parler au père Phelippeau, et prendre son fils comme apprenti.
    Françoise-Scholastique a peut-être raison, et il s’avoue vaincu. Il a perdu son fils, car qu’est ce qu’un fils au séminaire pour un forgeron ? Alors, il admire l’ardeur de Mathurin, et l’une de ses filles fera bien l’affaire… Tout de même, jamais il ne pourra se faire à l’idée que lui, Jean Lemesle, a un fils prêtre.
    A la forge on voit passer du monde, ceux de Loiré, de Craon, de la Pouèze, du Louroux-Béconnais, de beaucoup plus loin ; on colporte les nouvelles, on discute.
    Vern se prépare à la Révolution, elle va devenir républicaine et Jean Lemesle sera bientôt l’un de ses partisans.

  • Chemazé
  • Située à 7 km au sud-ouest de Château-Gontier, la paroisse de Chemazé possède en 1789 deux succursales : Molière et Bourg-Philippe. Rattachée au diocèse d’Angers, elle va en être séparée le 26.02.1790 pour rejoindre le département de la Mayenne nouvellement créé.
    En ce mois de décembre 1790, René s’apprête à rendre visite à sa famille dont il n’est séparé que par 27úkm qui sont vite franchis à pied. Il vient d’être nommé à Chemazé, sur la route de Segré à Chateau-Gontier. A 24 ans, il manque d’expérience, mais doit prendre une terrible décision : il a l’intention d’en faire part à sa mère. Il redoute la discussion avec son père, car pour Jean Lemesle cela ne fait aucun doute : son fils doit prêter serment.
    Et Françoise-Scholastique est inquiète de ce serment car son intuition féminine lui annonce des jours difficiles pour son fils. Cette Constitution ne lui dit rien de bon. Qu’adviendra t-il s’il prête serment comme lui suggèrent son père et son curé, Jean Gentilhomme ? Elle a bien senti qu’il était influencé par les deux hommes, plus âgés que lui. Ils ont des tas de bonnes raisons : liberté, égalité, fraternité…, mais son René ne peut tout de même pas renier son Dieu !
    Doucement, elle le confie à la Vierge du retable qu’elle a vue dans l’église de Chemazé, le jour où toute la famille était venue assister à l’installation.

    Noël s’est passé dans la tension à la cure de Chemazé. Aujourd’hui Jean Gentilhomme et son vicaire René Lemesle allongent le pas pour rencontrer Louis Labouré, vicaire desservant la succursale de Molière.
    Les 4,2 km sont vite franchis, car les deux prêtres sont habitués aux distances à pied. De trente ans son aîné, M. le Curé exprime fermement sa position : « nous prêterons serment tous les deux ». Et chemin faisant, il affirme sa confiance en cette république naissante.
    La jeunesse de René le rend dépendant de cet homme si ferme sur ses positions. D’ailleurs, il se sent aussi ébranlé par la position de Pierre Letourneur, vicaire de la succursale de Bourg-Philipe, qui, lui aussi, préconise de prêter serment. Pierre Letourneur se rétractera après avoir prêté serment, et reprendra son ministère en 1801 (3).
    Louis Labouré, natif de Gennes, les reçoit cordialement, mais la discussion est vive cependant. Louis n’est pas de l’avis de son curé, mais il ne réside pas sous le même toit et peut se montrer plus indépendant. Il s’apprête à refuser le serment ; plus tard il rejoindra l’armée vendéenne, puis se cachera dans le pays de Laval, Meslay et Changé, avant de devenir au Concordat curé de Loigné (4).

    Jean Gentilhomme, né à Angers en 1737, curé de Chemazé, sera élu officier municipal après son serment, mais sera destitué le 09.01.1793. Il apostasiera le 07.02.1794 et jouira à Château-Gontier d’une pension de l’état en 1796 (4).

    Nous retrouvons René Lemesle grâce à l’article « Chemazé » du dictionnaire bibliographique de l’Abbé Angot pour la Mayenne, et l’article « Vergonnes » de celui de Célestin Port pour l’Anjou (5,ancienne édition)

    René Lemesle prête d’abord un serment restrictif, mais finit pas suivre l’exemple de son curé. Il est nommé curé de Vergonnes le 02.08.1791. Il ne reste curé intrus de Vergonnes que cinq semaines et est remplacé le 13.09.1791 par Violay (3).

    Lemesle, vicaire de Chemazé, est élu le 02.04.1791, mais c’est Gagneux qui signe en 1793 « curé et officier public » (5).

  • Vergonnes
  • Bordée au nord par la forêt d’Ombrée, surplombant Noëllet et Combrée, entre Pouancé et Le Lion-d’Angers, la bourgade de Vergonnes ne compte que 248 âmes. Le maire, Jacques Jallot, est un bon patriote. Le curé Trochon a prêté serment en février 1791, puis s’est rétracté aussit“t. Il sera arrêté le 4 germinal V (=24.03.1797).
    Voici donc René, à peine âgé de 25 ans, nommé curé assermenté d’une paroisse de 248 âmes majoritairement patriotes, en pleine région de bourgs patriotes.
    Le registre de catholicité de Vergonnes est muet sur Lemesle. S’il y est resté un mois, il n’a laissé aucun acte dans le registre. C’est Paillard, vicaire, qui le signe jusqu’au 28.08.1791 et ses actes se suivent à un rythme normal. Puis, dès le 06.09.1791, on voit la signature de Gagneux qui y reste longtemps ; il signe en 1793 « curé et officier public ».
    Les sources écrites utilisées par Célestin Port (5), qui indiquent que René Lemesle n’aurait été que le seul mois d’août 1791 curé intrus de Vergonnes, sont probablement des traces de sa nomination ; il n’y a aucune trace de son installation dans le registre de catholicité et par ailleurs le registre communal des délibérations de cette époque n’existe plus.
    René Lemesle ne s’est donc probablement jamais présenté à Vergonnes et il disparaît dès août 1791. Qu’est-il devenu de 1791 à 1793 ?

  • La longue marche
  • Pendant les deux années qui suivent le mois d’août 1791, on perd la trace de René Lemesle. Il n’est pas pensable qu’il soit allé se cacher à Vern chez un père patriote, qui l’aurait mal supporté, au milieu d’un bourg très patriote.
    René va immédiatemment apprendre à se cacher tout seul, en se transformant en ouvrier agricole, etc,… favorisé en cela par son jeune âge et sa force physique.
    Il sait utiliser toutes les formes de déguisement pour se rendre « invisible », et n’a qu’une obsession : ne pas impliquer sa mère et ses soeurs.
    Il parviendra si bien à ne pas compromettre sa famille et à se faire oublier, que, lorsque Françoise-Scholastique sera arrêtée avec deux de ses filles, Marie et Charlotte, elles seront envoyées à la Commission Militaire d’Angers par Chollet, agent municipal du district de Segré le 27 germinal II (=16.04.1794), mais elles ne seront pas exécutées (Liste des prisonniers de Vern envoyés à la Commission militaire d’Angers par Chollet, agent national du district de Segré) : femme Lemesle (sa mère), fille Lemesle (sa soeur), femme Phelippeau (sa soeur) (6).
    Sa soeur Marie épouse constitutionnellement à Vern, le 21.11.1791, Mathurin Phelippeau. Sa seconde soeur, Charlotte, épousera François Robert le 20.11.1798 au Louroux-Béconnais.
    A quelques kilomètres de Vern, Noël Pinot, curé insermenté du Louroux-Béconnais, prêche la résistance à la Constitution Civile du Clergé ; il doit se cacher avant de mourir sur l’échafaud le 27.02.1794, place du Ralliememt à Angers.
    La bonne parole de celui qui deviendra le bienheureux Noël Pinot parvient-elle à René ? On peut le supposer. René, qui ne fait pas connaître sa qualité de prêtre, et encore moins sa qualité de prêtre assermenté, commence clandestinement une longue marche de réhabilitation, car il regrette son serment. Pendant cette période de sa vie, il fait l’apprentissage de la clandestinité dans laquelle il excellera.
    Il se cache au nord-ouest de l’Anjou, région qui vit quelques soulèvements dès mars 1793. La répression est sévère à Combrée qui compte 22 hommes guillotinés le 01.04.1793 (7). Peu après, avec un groupe d’angevins du nord de la Loire, René Lemesle rejoint près de Nantes la division de Lyrot, qu’il suivra désormais. Il a définitivement tourné le dos à Vern la patriote. Voici ce qu’en dit l’Abbé Angot :

    René Lemesle, vicaire, finit par se joindre aux Vendéens ; il affirme en l’an X qu’il assistait Bonchamps quand il sauva la vie aux prisonniers républicains, à Saint-Florent. Il habitait alors à Saint-Julien-de-Concelles, agé de 36 ans. Il passa dans le diocèse de Nantes, décédé à Nantes le 07.04.1824 (4).

    Ce passage à Saint-Florent-le-Vieil peut être rapproché de l’anecdote ci-après, racontée dans ses Mémoires par la marquise de la Rochejacquelein :

    On promena un peu M. de Lescure sur la plage, pour éloigner la foule, et, dans le moment où elle était moins nombreuse, une quarantaine d’officiers mirent le sabre en main et formèrent un cercle ; par ce moyen, on l’embarqua facilement. M. du Rivault, ma fille, mon père et moi, avec nos domestiques, nous sautâmes dans le bateau. Melle de Mesnard aussi ; mais le bateau étant trop petit, nous lui dîmes que nous ne pouvions y prendre sa mère, couchée sur un brancard, et elle redescendit à terre.
    Nous voilà donc partis; un matelot en chemise, tout en sueur, nous conduisait ; mon père lui dit de nous faire contourner l’île et de nous mener jusqu’à Varades, pour éviter à M. de Lescure le danger et la fatigue d’un double débarquement. Jamais on ne put l’y faire consentir par promesse, ni par menace ; enfin mon père tira son sabre, alors cet homme lui dit : Monsieur, je vous avoue que je ne suis pas marin, je suis un prêtre ; la charité me fait passer ces pauvres gens depuis huit heures sans relâche, faute de matelot, mais je n’ose traverser que ce petit bras peu profond, et je risquerais de vous noyer si je vous faisais faire le tour de l’île. Nous fûmes contraints d’y débarquer… (8)

    La marquise avait une mémoire considérable des noms. Si le prêtre avait dit son nom, elle l’aurait sans nul doute retranscrit. Il existait donc au sein de l’armée catholique et royale des prêtres qui se faisaient discrets sur leurs origines. René Lemesle en était ; il avait de bonnes raisons, sa famille, son serment. Le 23 novembre 1793, Jean Lemesle et Mathurin Phelippeau, père et beau-frère de René, déclarent le décès de Gervais, le fils cadet de Jean. A-t-il reconnu quelques semaines plus tôt son frère René dans les rangs de l’armée vendéenne ? A-t-il tenté de le suivre ? Nous savons seulement que l’armée vendéenne est bien passée à Vern fin octobre 1793.
    Gervais est-il mort naturellement ? Nul ne sait, mais à Vern les règlements de compte et les morts violentes furent nombreuses pendant la guerre civile (voir Annexe I).

  • Le ministère clandestin
  • Saint-Julien-de-Concelles s’étale sur 6 km, sur la rive gauche de la Loire, à l’est de Nantes. Bordée par La Chapelle-Basse-Mer, Le Loroux-Bottereau, Haute-Goulaine et Basse-Goulaine, cette paroisse de 3ú200 ha compte 3ú165 habitants en 1790 (9). Leur activité est tournée vers le trafic fluvial, la pêche, la culture de la vigne, du chanvre…
    L’abbé Frémont, vicaire insermenté de Saint-Julien, y exerce clandestinement fin 1791, puis il est à Haute-Goulaine début 1792. Il sera arrêté le 05.06.1792 et déporté en Espagne. Un prêtre irlandais, du séminaire de Nantes, vient pendant quelques mois dire la messe dominicale en l’église de Saint-Julien à 7 h, alors que Le Couteux, curé assermenté, la dit à 10 h. Cette situation est probablement due à l’organisation de fidèles (voir p.63). Les conflits sont nombreux :

    A messieurs les administrateurs du district de Clisson : nous vous donnons avis que le sieur Formon (sic) prêtre cy devant vicaire de Saint-Julien-de-Concelles, après avoir passé trois mois dans notre municipalité, et exercé toute l’emprise de l’aristocratie, s’est retiré depuis quelque temps à Haute-Goulaine et qui entraîne une grande partie des habitants de notre paroisse, qui les confesse et leur fait faire leurs pâques depuis le commencement du Carême, et attire aussi la majeure partie des enfants, qu’il leur fait faire leur première communion quoiqu’ils ne soyent point instruits de leur religion ; tous les jours le nombre en diminue dans notre église puisque nos prêtres nous en ont porté plainte, c’est pourquoi que nous vous le dénonçons et requerons qu’il soit conduit au département lieu de sa destinée suivant l’arrêté du département et sommes messieurs avec un fraternel attachement à Vertou le vingt et un mars 1792, vos très humbles serviteurs Saupin maire, Michel David, Gendron officier municipal, Besnard, Rozier, Affilé, Sauvestre (10)

    A messieurs les membres du directoire du département de la Loire-Inférieure résidant à Nantes : le citoyen Riverin Md épicier à Nantes ayant esté passer les festes de Pasque au bourg et paroisse de Saint Julien canton du Loroux, y a vu avec surprise un prêtre irlandais non conformiste y dire la messe et ce à l’invitation de nombreux aristocrates qui se cotisent entre eux pour le salaire du dit prêtre a qui ils donnent six livres par chaque messe à l’insu du curé constitutionnel, ce qui attire un monde considérable de l’endroit et des paroisses voisines, qui ne veulent pas reconnaître de prêtre assermenté, si bien qu’à la grand’messe de la paroisse, il ne se trouve pas soixante habitants patriotes. D’après cet exposé il en a résulté une rixe populaire, dont j’esté le témoing. Un nommé Guillaume Pineaux, domestique dans la paroisse du Loroux, ayant refusé à payer sa contribution pour la messe du prêtre irlandais le jour de pasque a été battu et maltraité dans la cimetière et à la porte de l’église de Saint Julien, après la dite messe basse qui se dit à sept heures du matin, heure ordinaire, qui se dit tous les faites et dimanche depuis environ cinq mois, le dit Guillaume Pineau étant bien blessé a esté trouvé le chirurgien juré du Loroux qui la pansé comme il apput. Par son procès verbal, attaché en joint, que je requis pour preuve des faix que je citte cy dessus et dont plusieurs citoyens patriotes du dit lieu mon priez de dénoncer devant vous, ne voulant pas paraître estre le dénonciateur des troubles que cette messe occasionne, crainte destre assommé par ces fanatiques qui les menassent tous les jours, c’est pourquoi ils désiraient que cette messe nussent plus lieu et que votre arresté soit suivie de point en point, qu’il vous plut de déffendre au prêtre irlandais d’aller davantage faire aucun office ecclésiastique dans l’église de Saint Julien. Le curé Mr le Couteux est bien du mesme avis, mais nossent vous requerir par la mesme cause de ces bons citoyens, je me suis chargé de la présente requeste pour vous prier d’y avoir égard. signé Riverin, Nantes le 11 avril 1792 (10)

    Rapporté par moi René Denis Ragneau Maitre es arts et en chirurgie, chirurgien juré commis au rapport demeurant ville et paroisse du Loroux Bottreau, département de la Loire Inférieure, district de Clisson, Canton dudit Loroux, que ce jourd’hui avril 1792 l’an 4 de la liberté, le nommé Guillaume Pineau agé de 49 ans domestique chez Pierre Lembert laboureur à ses terres demeurant au village de la Guissaudière en cette paroisse du Loroux, est venu me trouver à mon domicile se plaignant davoir été battu et maltraité ce même jour, auquel j’ai remarqué deux contusions l’une légère sur la partie moyenne postérieure de l’avant bras gauche et au dessous du coude une autre plus considérable large de 8 pouces environs du même c“té, encore du même c“té une excoriation sur le coude, ce qui relativement aux fêtes ne peut l’empêcher de vaquer Mercredi à son travail qi’il n’arrive pas d’accident. Les contusions et excoriations paroissent faite par un instrument contondant comme baton, pierre, chute ou autre. Je certifie le présent sincère et véritable en foi de quoi… signé D. Ragneau (10)

    René Lemesle arrive à Saint-Julien-de-Concelles le 07.10.1794. Il vient de Saint-Sébastien, car les deux premières minutes copiées dans le registre sont des baptêmes de Sébastiennais âgés de deux et trois mois respectivement.
    Son action a été relatée 100 ans après par l’abbé Petard (11) :

    « René Lemesle né le 23.02.1766 à Grez-Neuville, vicaire à Chemozé (sic) (partie de l’ancien diocèse du Mans, dont a été formé celui de Laval). Au passage de l’armée vendéenne, il s’était attaché à nos paysans et était venu chercher asile sur le territoire de Saint-Julien. Cet abbé Lemesle devint l’ap“tre de notre pays pendant les plus mauvais jours de la Révolution. Il ne comptait encore que 28 ans quand il se rencontra pour la première fois avec l’abbé Bertaudeau. Déguisé et changeant d’asile tous les jours, il échappa constamment aux poursuites acharnées dont il fut l’objet. Il célébrait la messe et administrait les sacrements partout o— il le pouvait, dans les granges, dans les celliers, quelquefois en plein champ (la messe fut assez souvent célébrée aux Planches, à la Vrillière et dans les greniers de la Richardière, au bourg). Semblable aux prêtres de la primitive église, il avait avec lui son diacre qui ne le quittait point et l’aidait dans la célébration des saints mystères. L’abbé Lemesle eut près de lui l’abbé Bertaudeau jusqu’au mois de mai 1795. Le vénérable confesseur de la foi portait partout sur lui un petit registre, sur lequel étaient inscrits fidèlement les baptêmes, mariages et sépultures. Ce registre, précieuse relique d’un apôtre dont le nom sera à jamais béni parmi nous, existe encore pour l’année 1799 et les années qui suivent jusqu’en 1803. Les actes antérieurs à l’année 1799 ont été perdus ; mais une copie bien fidèle en est conservée dans les archives du presbytère. » (11)

    En 1802, l’abbé Charbonnier vient aider quelques mois Lemesle.
    Gautron, fabriqueur en charge, verse une somme de 137 livres à Charbonnier. Les Concellois estiment qu’elle appartient à René Lemesle :

    « Il n’est pas juste, disent-ils, que M. Lemesle, ancien desservant, soit frustré de son traitement au profit d’un nouveau qui n’est arrivé que 5 mois après l’amas de la somme » (11).

    Pendant 7 ans, avant cet incident, l’abbé Lemesle a vécu de l’hospitalité et de la charité de ses ouailles. En février 1803, il est nommé vicaire à Saint-Nicolas de Nantes et c’est Mathurin Livinic qui prend la cure de Saint-Julien. Cependant son départ de la paroisse laissera des regrets universels parmi les Concellois. Ceux-ci ne surent probablement jamais qu’il avait autrefois prêté serment. Il s’était certes immédiatement racheté, et ceux qui avaient connaissance de l’existence de ce serment étaient en Anjou.
    En règle générale, pendant la guerre civile, la population gardait un certain mépris pour les jureurs qui s’étaient repris par la suite. Ainsi à Chanzeaux, on raconta au comte de Quatrebarbes, 30 ans après les faits, l’anecdote suivante. Les assiégés sont réfugiés dans le clocher, sous la conduite de Maurice Ragueneau. Les républicains ont amené de la paille et mis le feu :

    L’abbé Blanvillain, environné de mourants qui lui demandaient sa bénédiction venait d’être blessé à la tête. Inondé de sang, épuisé de souffrances en face de cette mort présente de toutes parts, un dernier regret de la vie s’empara de son âme, et sa bouche laissant échapper quelques paroles de merci, il exprima à voix basse le désir de se rendre. « Qu’ai-je entendu ? reprend Ragueneau ; ah, monsieur, est-ce à vous de mendier votre vie ? Rappelez-vous le serment sacrilège que vous avez prononcé ; Dieu vous donne pour l’expier le bonheur du martyre. Remerciez le, priez pour nous, et donnez l’exemple du courage … » (12)

  • René Lemesle oublié
  • Nommé vicaire à Saint-Nicolas de Nantes en février 1803, curé de Teillé en 1808, curé de Cordemais en 1810, aumônier du lycée de Nantes en 1818, René Lemesle meurt iacre d’office à la cathédrale le 07.04.1824.
    Sa soeur cadette, Anne, a épousé à Vern le 24.11.1801 un marchand de toile, René Poirier, qui s’installe à Nantes vers 1805. Leurs deux enfants, également marchands de toile à Nantes, furent sa seule famille proche.
    De nos jours, nul ne se souvient de lui à Grez-Neuville et à Vern-d’Anjou. Aucune trace de lui dans les archives et monographies communales. Seuls, Mercier-la-Vendée du Lion-d’Angers, et les serviteurs de M.de la Grandière, ont laissé à Grez-Neuville le souvenir de la guerre civile (1).
    René Lemesle aurait aimé cette discrétion, toute à son image. Mais deux siècles ont passé, et pour sauvegarder l’oeuvre des prêtres clandestins, il paraissait souhaitable de faire connaître un exemple.
    J’ai choisi le registre clandestin de Saint-Julien-de-Concelles par hasard, dans le seul but d’attirer l’attention sur ce type de documents en voie de perdition.
    Ces registres conservent la trace de l’héro‹sme de beaucoup de nos ancêtres et leur mémoire y est consignée. Les Concellois risquaient le martyr pour la foi (voir p.30).
    J’avais commencé la copie informatique du registre de Saint-Julien, afin d’en assurer la sauvegarde, lorsqu’une chose étrange m’arriva.
    Une nuit, je me suis réveillée avec une intuition : « Ce Lemesle dont j’allais faire connaître l’oeuvre ne m’était pas inconnu » ! J’avais autrefois fait une généalogie « Lemesle » dans le Segréen, et des générations de marchands de fil, dont je descends, s’y succédaient de 1600 à nos jours.
    Me levant immédiatement, je me dirigeais vers mon dossier généalogique « Lemesle », qui sommeillait depuis plus de 5 ans. A peine ouvert, le dossier confirmait l’intuition : René Lemesle était présent à Vern en 1800 comme « témoin » d’une déclaration de naissance à l’officier municipal. Il y était dit « vivant à Saint-Julien-de-Concelles ».
    Le prêtre clandestin, dont j’allais faire connaître l’oeuvre, était à Vern en 1800 et il m’était allié.
    Une grande émotion me saisit alors : je travaillais depuis plusieurs années sur la population lorousaine sans me douter que j’avais un lien quelconque de parenté avec le prêtre clandestin voisin de Saint-Julien !
    Remontant alors du doigt la volumineuse descendance, à la recherche du lien de parenté, je découvrais qu’il était le frère de mon ancêtre Marie, celle-là même qui épousa constitutionnellement Mathurin Phelippeau.
    Je me recouchais, avec la certitude qu’une main divine m’avait guidée à lui.

      à René LEMESLE mon « arrière (4 fois)…grand-oncle »
      fait à Nantes le 25.12.1990
      Odile HALBERT

    Odile Halbert –
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    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 2

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8
    VOIR LE SOMMAIRE

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    Chapître II

  • DANS LE SILENCE DES CLOCHERS
  • Dans le silence des clochers
  • Le « silence des clochers » est l’expression utilisée par certains auteurs (13) pour masquer la double face de la réalité religieuse et ne retenir que le côté négatif. Ceux qui étalent complaisamment l’apostasie sont plus discrets pour mettre en avant l’héro‹sme de beaucoup d’autres prêtres : l’église du silence a de tous temps répondu au silence des clochers. C’est elle qui de nos jours, comme il y a deux siècles, envers et contre tout, a maintenu et maintient encore la lampe allumée en Chine, en URSS et partout où l’église est en détresse.
    Les saints ne s’épanouissent pas nécessairement dans le bruit des cloches. Le silence de celles-ci favorise leur éclosion car c’est dans l’épreuve que se révèlent les plus grands.
    Non seulement des prêtres catholiques insermentés ont exercé leur ministère clandestin dans le silence, mais ils manquaient aussi des éléments indispensables à leur ministère. Les cloches ne sont pas indispensables, mais le vin, le pain et le papier le sont. Les deux premiers n’ont pas manqué à Saint-Julien-de-Concelles pays de vigne : les républicains n’ont pas tout pris ou détruit. Le papier a fait défaut, or, le prêtre doit noter. Il consigne méthodiquement les baptêmes depuis l’ordonnance de Villers-Cotterêts en ao–t 1539, et les baptêmes, mariages et sépultures depuis celle de Blois en mai 1579. Les registres, tenus obligatoirement en double, sont confidentiels encore de nos jours, pendant 100 ans.
    Voici comment l’Evêque de Nantes rappelait cet aspect de la confidentialité dans le « Rituale nannetense » de 1776 :

    Ces Registres étant d’une extrême conséquence pour la tranquillité des familles, les Curés et Vicaires apporteront tous leurs soins pour les conserver et les tenir en bon ordre. Pour cet effet ils les garderont enfermés sous la clef ; et comme ils contiennent souvent des secrets très importants à l’honneur des familles, ils ne les confieront à personne, non pas même à leur sacristain ; et ils ne s’en rapporteront pas à lui pour dresser ces Actes ; l’expérience faisant connoitre que la plupart de ces sacristains ne sont pas instruits de ce qui est essentiel à ces Actes, pour être chargés de leur enregistrement (14).

    La tenue d’un registre est difficilement conciliable avec la clandestinité. On ne retrouve pas de registre clandestin avant août 1794 en pays lorousain. A cette date, la hiérarchie a manifestement autorisé la tenue de registres ou de minutes, sous réserve d’un minimum de garantie du secret, malgré la persécution. Les confréries servirent-elles de garant de la confidentialité en assurant la garde des papiers ? En raison de son volume, un registre circulait rarement sur le prêtre ; celui-ci rédigeait des minutes d’actes pour les recopier, quand cela était possible, sur le registre qui restait caché en lieu sûr. C’est certainement de cette manière que René Lemesle opérait.

  • L’attente concelloise
  • René Lemesle a desservi Saint-Julien-de-Concelles pendant 8 ans et 2 mois. Les Concellois se sont en grande partie soulevés en 1793. Le pays concellois comprend surtout La Chapelle-Basse-Mer et Le Loroux-Bottereau. Ces deux paroisses représentent à elles seules plus de la moitié des mariages avec des non-Concellois avant 1789. Viennent ensuite les paroisses voisines : Basse-Goulaine, La Chapelle-Heulin, La Boissière-du-Doré, La Remaudière, Landemont, La Varenne. Les alliances plus lointaines sont épisodiques.
    Le pays concellois bute contre la Loire, frontière naturelle étudiée par Yves Durand (15), qui y voit les différences de culture historico-géographique entre les deux rives. La guerre civile va quelque peu rendre perméable cette frontière. Une partie de la municipalité concelloise ne s’est-elle pas réfugiée à Thouaré dès mars 1793 !
    Lorsque René Lemesle arrive, et commence son ministère, la paroisse est sans prêtre ; toutefois, un diacre natif de Saint-Julien, Sévère Bertaudeau, a recopié quelques baptêmes de Concellois faits par les recteurs Massonnet et Robin. Lui-même a commencé à baptiser, mais n’a sans doute pas pris seul l’initiative de cet intermède. On peut supposer une intervention des confrères (voir chapître « les Réseaux concellois »), en contact avec la hiérarchie catholique réfractaire.
    René Lemesle commence à baptiser le 07.10.1794 des enfants qui ont quelques jours à un mois, à l’exception de 3 enfants âgés de quelques mois. Puis la règle du baptême dans les trois jours est suivie. Que s’est-il passé entre-temps pour que l’on trouve peu d’enfants âgés dans les premières semaines de son ministère ?
    La Virée de Galerne d’octobre à décembre 1793, les colonnes infernales en mars 1794, les mauvaises conditions de vie de l’automne 1793 à août 1794, ont pu faire chuter la natalité et augmenter la mortalité infantile. On serait tenté de conclure, au premier abord, que s’il n’y a pas de baptisés âgés, c’est qu’il y a peu d’enfants.

    Avant l’arrivée de René Lemesle, on observe quelques retranscriptions de baptêmes de Concellois bénis par Massonnet et Robin en août 1794. Le registre du recteur Robin à La Chapelle-Basse-Mer a brûlé pour cette période. Il refit aussitôt un autre registre qui ne contient pas les mêmes actes de baptêmes que ceux retranscrits à Saint-Julien. Robin a baptisé au moins 6 Concellois connus, deux de 7 mois. Les Concellois, pendant l’absence de prêtre insermenté, ont donc cherché un prêtre ailleurs et n’ont pas hésité à se déplacer.
    L’attitude des Concellois, pendant cette période de privation de prêtre, peut être appréhendée à travers les registres voisins. En effet, on y décèle le comportement des populations privées, ou non, de prêtre. Le registre clandestin du Loroux-Bottereau, entre autres, permet de retracer les conduites individuelles, famille par famille, en particulier pour les non-résidents.

  • Les non-Lorousains baptisés au Loroux
  • Les Concellois, comme d’autres populations privées de prêtre avant août 1794, ont été au Loroux-Bottereau où Clair Massonnet, baptise 88 enfants non-Lorousains entre le 09.08.1794 et le 03.02.1795, dont 35 nés à Saint-Julien-de-Concelles, 28 à Haute-Goulaine, 9 à Basse-Goulaine, 7 à La Chapelle-Heulin, 7 à Vertou, 2 à la Haye-Fouassière. Deux enfants n’ont pas été pris en compte car ils se révèlent des enfants de Lorousains réfugiés dans leur proche famille, l’un à Rezé, l’autre à Nantes.
    Les Concellois sont baptisés entre le 9 août et le 16 août, puis ne vont plus au Loroux. M. Robin et S. Bertaudeau, le diacre concellois, ont pris la relève.

    Ainsi, le 24.08.1794, M. Robin s’intitule « recteur du Pellerin desservant la paroisse de Saint-Julien, où il n’y a aucun prêtre maintenant, et celle de La Chapelle-Basse-Mer ». Pour ce baptême d’un Concellois, M. Robin se déplace lui-même à la Chebuette « baptiser au foyer à cause de la persécution ». L’enfant a 6 mois et demi : à cet âge, et en cette saison, les parents pouvaient lui faire faire quelques kilomètres.
    De février 1795 à juin 1797, il n’y a pas de baptêmes de non-Lorousains dans le registre du Loroux. Les non-Lorousains ont sans doute trouvé un autre prêtre.
    Les baptisés non-lorousains, toutes paroisses d’origine confondues, sont âgés, alors que la règle est de baptiser dans les trois jours (voir p.31). Plus les baptisés sont âgés, plus les parents ont rencontré de difficultés pour trouver un prêtre qui leur convienne.
    Si on considère les dates de naissance, et non les dates de baptême des baptisés non-Lorousains, on observe une corrélation entre leur nombre et le calendrier des difficultés.
    On voit ci-contre que la pénurie de prêtre commence en septembre 1793. Si elle avait été plus ancienne, on observerait des enfants plus âgés en plus grande quantité.
    La période critique culmine de novembre 1793 à août 1794. Après cette date, des prêtres clandestins apparaissent progressivement dans le pays.
    La courbe ci-dessus doit être rapprochée de celle de la saisonnalité des naissances (voir p.28). Le mois de juin est un mois naturellement creux en période normale, par conséquent la baisse en juin n’est pas significative. On dénombre 35 Concellois baptisés au Loroux, ce qui signifie qu’il n’y a aucun prêtre à Saint-Julien-de-Concelles avant René Lemesle. Cette courbe met en évidence, a contrario, l’absence de prêtre et cette observation concorde avec la phrase de M.Robin fin août 1794, citée ci-avant. On a ainsi la certitude que René Lemesle n’était pas physiquement présent à Saint-Julien avant le 07.10.1794.
    Dans le registre du Loroux, entre juin 1797 et ao–t 1799, il y a de nouveau des baptisés non-lorousains. Ils sont, cette fois, au nombre de 79, dont : 38 baptisés âgés, nés à Vallet, 24 à La Chapelle-Heulin d’âge très variable, 6 à La Chapelle-Basse-Mer, 3 à la Remaudière, 2 à Monnières, 2 à Saint-Sébastien, 2 à Saint-Julien-de-Concelles, 1 à Nantes Saint Denis, 1 à Haute-Goulaine. Il est intéressant de les étudier, car ils reflètent les difficultés momentanées propres à chaque paroisse.
    Les difficultés à Vallet culminent entre octobre 1798 et mars 1799. A La Chapelle-Heulin, le recteur Marchand est présent entre 1795 et 1796 et l’est moins régulièrement en 1797 : beaucoup d’enfants ont deux ans et plus.
    Mis à part les baptisés nés à Vallet et à La Chapelle-Heulin, tous les autres enfants sont nés dans des familles ayant des attaches familiales au Loroux.

    Ainsi, en juin 1795 Denis Guillet baptise la fille de Louis Godin meunier à Sèvres en Saint-Sébastien, âgée de 23 mois. Ce Louis Godin est né au Loroux et a épousé à Pirmil en Saint-Sébastien, le 17.06.1788 la fille du meunier de Sèvres.
    Le jeune couple est installé à Sèvres avec le beau-père, mais les échanges commerciaux et familiaux entre meuniers sont maintenus.
    Le 25.08.1797, l’abbé Guillet baptise Jean-Louis Grandpoirier né à Saint-Julien-de-Concelles. Son père, Pierre-François Grandpoirier, né à Salins dans le Jura, chasseur au Bataillon de Cassel, a épousé à Nantes-Lepelletier, le 11.09.1794, Jeanne Alalinard, née à Oudon d’un père natif de Lourdoueix-Saint-Pierre près de Guéret dans la Creuse. Le couple vit à Oudon, déclare l’enfant né à Saint-Julien, mais a des attaches lorousaines, puisque le père Alalinard, couvreur, s’était installé au Loroux en 1769 et puisque Maurice Alalinard, le frère de Jeanne, y vit pendant la Révolution. Cette famille n’a rien à voir avec Saint-Julien et ne faisait qu’y transiter.

  • Le choix du prêtre ?
  • Si la présence dans le registre du Loroux de baptisés non-lorousains, âgés ou non, d’ao–t 1794 à février 1795, est liée aux difficultés des populations voisines à trouver un prêtre pendant cette période, on est tenté de conclure que leur absence par la suite correspond à l’apparition de prêtres clandestins dans ces paroisses. La date de février 1795 est celle de la pacification et de l’espoir qui va durer un peu ; le culte a repris, même s’il n’a pas laissé de traces écrites d’actes.

    Existe-t-il des actes de baptêmes et mariages dont nous n’avons aucune trace ?

    A cette hypothèse, on pourrait objecter la baisse de la pratique religieuse de ces populations après février 1795, ou la fréquentation d’un prêtre assermenté à défaut de prêtre insermenté. L’étude ci-après tente d’appréhender le comportement de ces populations privées de prêtre. Nous verrons successivement le cas de Nantes, avec prêtre assermenté, puis celui de paroisses sans prêtre assermenté.

    Ainsi, toutes les familles de Nantes-Saint-Jacques n’acceptent pas le prêtre assermenté : certaines vont aller à Saint-Julien voir René Lemesle (voir p.35), ou au Loroux comme ci-avant (voir p.23) et vraisemblablement ailleurs. Pourtant 362 enfants sont baptisés à Saint-Jacques de Nantes du 01.01.1796 au 05.06.1796 par le prêtre constitutionnel. Le délai de baptême dans les trois jours y est respecté, même pour les enfants nés hors de la paroisse. Seuls quelques baptisés ont quelques mois et même quelques années. Ce registre constitutionnel des baptêmes de Saint-Jacques est écrit sur un livre de comptes de l’Oratoire. La récupération de registres, devenus désormais inutiles, pallie l’absence de papier, qui fait défaut même à un prêtre assermenté.
    Les baptisés âgés ne sont donc pas seulement le reflet de l’absence de prêtre. Ils témoignent aussi de l’attachement des parents à un prêtre insermenté. Il y avait des paroisses qui possédaient encore un prêtre assermenté, accepté par la majorité de la population, mais rejeté par quelques familles.

  • La continuité dans la pratique
  • La pratique religieuse d’une famille est continue : si elle fait baptiser un nouveau-né et a par ailleurs un enfant de 18 mois dont le baptême nous est inconnu, c’est que le baptême de ce dernier ne nous est pas parvenu et non que l’enfant n’a pas été baptisé. Cette continuité s’observe sur les familles lorousaines reconstituées.

    Cette règle de la continuité s’est avérée au fur et à mesure que les registres clandestins du pays lorousain étaient mis sur ordinateur. Au départ, seul celui du Loroux-Bottereau avait été dépouillé, dans le cadre de l’étude de démographie historique de la période révolutionnaire. Ce registre est relativement volumineux et il est supposé complet. Il laisse cependant des lacunes inexpliquables dans certaines familles : il manque soit un mariage, soit un ou plusieurs baptêmes, dans des familles qui ont une attitude clandestine prononcée. On peut en déduire que des actes religieux ont existé ailleurs ; le registre clandestin du Loroux-Bottereau n’est pas exhaustif.
    A ce stade du dépouillement, l’hypothèse de l’existence d’un autre registre clandestin, qui aurait précédé celui qui est connu, paraît plausible. Si l’on considère la difficulté à avoir du papier, soulevée par Clair Massonnet au début du registre du Loroux, on peut admettre qu’avant ao–t 1794 les baptêmes auraient été notés sur des minutes volantes qui ont disparu. Ce préregistre n’expliquerait pas toutes les lacunes, car le dépouillement exhaustif des registres des paroisses voisines comble une grande partie des lacunes. Ils contiennent des actes qui manquaient dans les familles lorousaines. L’une de ces familles est citée au chapître « Pertes de mémoire ».

    Le registre de Saint-Julien-de-Concelles a engendré, à son tour, des lacunes, par extension du phénomène à des familles concelloises, sébastiennaises (voir p.50) ou bas-goulainaises (voir ci-après) ; d’où l’existence d’actes inconnus.
    Tous les actes clandestins ne nous sont donc pas parvenus. Chaque registre ne recouvre pas la totalité d’une paroisse, même lorsque le prêtre est solidement ancré sur place pendant la durée de la guerre civile comme au Loroux, à La Chapelle-Basse-Mer et à Saint-Julien-de-Concelles. Chaque registre complète les autres par les actes de « non-résidents » venus chercher un sacrement là où ils ont connaissance de la présence d’un prêtre à un moment donné. Opportunité et proximité comptent plus que la notion de paroisse.
    Tous ces recoupements entre registres voisins, après reconstitution des familles, montrent la continuité de la pratique religieuse ; un couple ne fait pas baptiser un enfant sans l’autre ; un couple uni pendant la guerre civile ne fait baptiser un enfant sans avoir fait bénir son union.

    Par ailleurs, la tâche était numériquement trop lourde pour certains prêtres. La somme de travail du prêtre desservant Le Loroux était considérable, puisque Denis Guillet était pratiquement seul pour un territoire d’environ 5 000 survivants, après le départ de Clair Massonnet au printemps 1795. Une grande partie des Lorousains était plus proche des paroisses voisines que de Sainte-Radegonde où il se cachait. La position excentrée de cette cachette explique partiellement le surcroît de Lorousains trouvés dans le registre de René Lemesle.

  • « Pas un prêtre de Liré à Nantes »
  • Cette petite phrase est extraite du registre de M. Robin, desservant La Chapelle-Basse-Mer, qui aimait donner des détails dans son registre. Elle fut probablement vraie dans le premier semestre 1794, puis il y eut des prêtres à Chantoceaux dans le Maine-et-Loire, entre Liré et La Chapelle-Basse-Mer (16), à Vallet, au Loroux-Bottereau, à Saint-Julien-de-Concelles, à La Remaudière. Il y en eut temporairement à La Chapelle-Heulin où M. Marchand fit quelques passages. En outre, les paroisses suivantes connurent aussi provisoirement un prêtre :

    Haute-Goulaine

    Pierre-Honoré Jaulin, né à Nantes-Saint-Donatien le 24.07.1749, est âgé de 45 ans en 1794. Il se déplace beaucoup pendant la Révolution : il est à Haute-Goulaine d’août 1795 à octobre 1797. Manquant de papier, il a l’idée d’utiliser la fin du registre de catholicité de 1746. Ce registre n’a guère attiré l’attention sur lui depuis deux siècles, car il était dans une double clandestinité grâce au stratagème utilisé par P. Jaulin. C’est en recherchant les Lorousains que je l’ai trouvé en mairie. Tous les registres clandestins ne sont pas encore identifiés ou découverts à l’heure actuelle.
    P.H. Jaulin a eu ensuite un registre en octobre 1795, conservé en mairie et assimilé à l’état civil, d’où l’oubli de l’aspect sacramentel de ces actes :

    Ce n’est qu’en fin 1795 qu’apparut l’Abbé Jaulin. Ce prêtre réfractaire, non assermenté, était un fugitif. Pourchassé par les « bleus », il se cachait de ferme en ferme, célébrant de nuit la messe dans les fermes. Il mit pourtant à jour le registre d’état civil. (17)

    L’état civil d’autres communes possède de tels registres clandestins, ainsi à Chantoceaux. La « fusion » discrète avec le document officiel est un gage de conservation dans de meilleures conditions. Peu de mairies cependant ont conscience de la présence de ce type de document.
    P. Jaulin bénit 45 couples, dont 74,2 % sont venus de loin, alors qu’il ne reste que peu de temps à Haute-Goulaine. Il est apparemment connu par ses passages à Vertou et Basse-Goulaine. Il n’y était pas vicaire et n’y est pas né ; il avait donc l’habitude de s’y cacher. Le graphique ci-après donne les origines exprimées en pourcentages rapportés aux 90 mariés.

    Les « divers » représentent 13 mariés nés à Sainte-Luce, Thouaré, Orvault, Chantenay, Nantes, Monnières, Saint- Philbert, La Haye-Fouassière, La Chapelle-Heulin, La Varenne, Drain, diocèse de Bordeaux, diocèse de Saint-Brieuc.
    Pour la plupart d’entre eux, Jaulin a reçu un certificat de l’un de ses confrères. Il est donc en relation avec eux.
    On le signale fin 1797 à Fresnais.
    Il est à Saint-Sébastien en 1800 et y rédige deux actes de mariages. Nommé à Saint-Vincent-des-Landes en 1803 puis à Pannecé en 1808, il meurt en retraite à Nantes-Saint-Nicolas le 16.04.1829. C’est le type même des prêtres itinérants ; il a d– tenir des minutes qui ne nous sont pas parvenues.

    Basse-Goulaine
    Le registre clandestin de René Lemesle montre que les Bas-Goulainais viennent moins après 1794. Ce manque de suite dans la pratique religieuse ne s’avère pas concevable et on peut supposer qu’un autre prêtre clandestin est à leur service. M. Connard y est présent grâce à la retranscription suivante :

    Le 07.09.1798 a été baptisé à Basse-Goulaine par Mr Conard prêtre catholique Jeanne-Marie née le 01.01.1798 fille de Jean Ménager et de Marie-Rose Brevet son épouse légitime…(registre clandestin de Vallet)

    Landemont
    Le registre clandestin de Vallet retranscrit des baptêmes faits par A.L. Peuriot, desservant Landemont à partir de 1798, alors âgé de 64 ans :

    Le 19.05.1798 Marie née le même jour au Bois-Benoît fille de Mathieu Babonneau et de Jeanne Sebileau a été baptisée par Mr Peuriot vice gérant de Landemont … (Acte recopié par Aubert dans le registre clandestin de Vallet)… Le 01.08.1799 Jean fils de Mathieu (idem)

    Ouvrage paru en 1990
    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

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    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion autorisée sur ce blog.

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    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – Avant-propos et sommaire

    L’ouvrage que j’ai publié en 1991 sur le registre de catholicité clandestin tenu par René Lemesle à Saint-Julien-de-Concelles s’est mal vendu (le mot est faible). Par contre, jugent bon de contourner mes droits d’auteur pour en faire une bouillie de base de données à leur compte. Je salue leur manque d’éthique et de respect des droits d’auteur de ceux qui oeuvrent dans mon dos !

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

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      MEMOIRE D’AVENT

      L’OEUVRE CLANDESTINE D’UN ANGEVIN

      RENE LEMESLE (1766-1824)

      A SAINT JULIEN DE CONCELLES de 1794 à 1802

    Odile HALBERT

    DU MêME AUTEUR
    AUX SOURCES CITOYENS ! Guide des recherches sur la vie des familles pendant la guerre civile (Editions Odile HALBERT 1990)

    Tous droits de reproduction et d’adaption réservés

    Editions Odile HALBERT

    La Loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part que les ®copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite¯ (alinéa 1er de l’article 40).
    Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal, en ce compris les illustrations de Nadine THOMAS.

      (C) Editions Odile HALBERT
      ISBN 2-9504443-1-8


    La liberté religieuse bafouée engendre de tous temps l’héroïsme des prêtres tout comme celui des populations. Pendant la guerre civile de la Vendée, de prêtres on oeuvré dans la clandestinité. Ils ont parfois réussi à enregister les sacrements de baptême et de mariage administrés sur des registres.
    Des traces de ces registres clandestins de catholicité subsistent parfois encore de nos jours. A travers l’un de ces registres clandestins, on découvre 2 siècles après, la vitalité religieuse en période de persécution. Cet immense hymne à la vie à travers la guerre civile et malgré elle dépasse parfois l’idée que l’on se fait généralement de cette période.
    Ces registres sont menacés de disparition. Le but de cet ouvrage est d’en sauvegarder un en attirant l’attention sur ce drrame.
    Pour les autres registres, non encore disparus, tout reste à faire, et le lecteur averti saura prendre ses responsabilités.

    Odile HALBERT Après avoir débuté comme généalogiste amateur, ellea dépouillé plusieurs registres du XVIIIe siècle au pays lorousain pour en établir les tables. Elle a ensuite entrepris la reconstitution de toutes les familles lorousaines de 1740 à 1886 dans le but de rechercher tous les survivants de la période révolutionnaire à travers toutes les sources d’Archives.
    A ce titre, elle s’est intéréssée aux registres de catholicité clandestins, et démontre la fiabilité de ces sources, la vitalité de la population qu’on y trouve, et a observé de nouveaux critères de mesure de la pratique religieuse.
    Elle publiera en 1993 l’étude de démographie-historique du Loroux-Bottereau. D’ores et déjà les survivants sont suffisamment nombreux pour infirmer les données connues à ce jour. Le nombre des victimes lorousaines est inférieur à 1000.

  • AVANT-PROPOS
  • « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789, Article 10)
    « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte ou l’accomplissement des rites » (Déclaration universelle des droits de l’homme 1948, article XVIII)

    La France vient de commémorer le bicentenaire de la Révolution française. Elle a officiellement ignoré et rejeté une partie des Français : ceux que la guerre civile a divisés, déchirés. Quels mauvais citoyens étaient donc ceux qui n’ont pas le droit d’être appelés Français ?
    – Des tarés ! disent les bons Français, en expliquant la guerre civile de la Vendée par un retard mental des populations.
    Etaient-ils moins intelligents que les autres, moins soucieux de solidarité ou de fraternité que les autres, moins capables de patriotisme que les autres ? Etaient-ils ces arriérés mentaux, ces caricatures que certains prétendent ?
    Ils se sont battus pour leur Dieu et le Roi. Grande tare mentale en vérité !
    J’ai personnellement la chance d’avoir des ancêtres des deux cités : les bons Français et les autres, les Bleus et les Blancs. J’appartiens à ces Français de 1989 qui n’ont honte d’aucun de leurs ancêtres et qui les aiment chacun autant.
    La commémoration de la Révolution en 1989 n’était qu’un hymne à la non-mémoire.
    Depuis plusieurs années j’étudie la démographie historique d’une population de ces mauvais Français, les Lorousains. Le Loroux-Bottereau est situé à 20 km à l’est de Nantes, sur le territoire de la Vendée militaire. Toutes les familles lorousaines sont reconstituées à travers une multitude de sources disponibles, y compris dans les paroisses voisines. Cette étude, commencée en 1985, et dont la parution est prévue en 1993, piste plus de 12 000 Lorousains vivants en 1789, survenus et expatriés inclus, et environ 6 000 résidents.
    Tureau prétendait en avoir tué 2 500. Il fut écrit sous le socle de la statue de Louis XVI, lors de sa restauration en 1942, qu’ils étaient 4 500 victimes. Le Souvenir Vendéen les estime à 1 500 dans son Guide historique et touristique de la Vendée militaire (Editions du Choletais, 1984). Les survivants dejà retrouvés à ce jour infirment les trois chiffres ci-dessus. Il y a moins de 1 000 victimes.
    La généalogie a remis une certaine forme de souvenir familial à la mode. Celui-ci prend sa source dès l’année 1794, date à laquelle la tradition orale des évènements de la Révolution est née, et s’est développée dans dans les familles, s’enflant au fur et à mesure que le besoin d’honneur se faisait sentir, que des oreilles complaisantes se tendaient. Elle a précédé le souvenir collectif, dont le processus est connu par les travaux de Jean-Clément Martin. Immédiatement après les exécutions et massacres, lors des premières veillées, entre voisins dans les hameaux, on a raconté, raconté… ; on a aussi transposé, déformé !
    Combien de traditions familiales sont vraies ? Le recoupement des sources permet d’en confirmer, quelquefois d’en corriger, parfois d’en infirmer.

    Seule une source se révèle fiable à plus de 99 %, alors que certaines autres ne le sont pas même à 50 %. Mais cette source est du domaine des archives privées et n’est pas protégée par une copie microfilmée ou par un dépôt aux archives. Elle s’amenuise au fil des années, bref, elle est en voie de disparition. Tout s’en mêle : emprunts que l’on a oublié de rendre, fermetures de beaucoup de lieux qui les renferment ayant entraîné leur destruction par le feu ou la benne à ordures, méconnaisance des détenteurs actuels de ce patrimoine etc…
    Cette source, constituée de registres de catholicité des prêtres insermentés clandestins, ou, de minutes de leurs actes, est en outre le complément indispensable d’un état civil parsemé de lacunes ou d’erreurs en région de guerre civile. Ces documents sont plus fiables que d’autres : on ne mentait pas à Dieu et ces prêtres savaient prendre en compte la fragilité de la mémoire humaine.
    Pour attirer l’attention sur ces registres clandestins de la fin du XVIIIe siècle, je tente, par le présent ouvrage, d’en sauvegarder un en l’imprimant et en illustrant son intérêt. Je l’ai choisi peu connu, assez volumineux, mais non par hasard : il se trouve dans une paroisse voisine du Loroux-Bottereau, celle de Saint-Julien-de-Concelles.
    Les connaissances, que j’ai acquises sur une paroisse voisine du Loroux, profiteront aux curieux et aux chercheurs, tandis que j’espère sensibiliser historiens, généalogistes, curés, et maires, à la richesse de leur patrimoine écrit. Puissent-ils entendre cet appel que je leur lance !
    Des historiens conscients du problème se sont entre-temps émus. Marius Faugeras, spécialiste du diocèse de Nantes pour la première moitié du XIXème siècle, lance aussi un appel solennel intitulé :
    « Pitié pour les archives paroissiales ».
    Il constate, comme moi, que tout disparaît dans les cures : registres de catholicité, livres de paroisse, cahiers de fabrique etc… M. Faugeras parle de la Loire-Atlantique ; le drame est plus avancé dans des départements voisins : dans les cures, tout ce qui est antérieur à 1860 a été détruit . Un véritable travail d’iconoclastes est déjà fait et malheureusement se poursuit. Il faut réagir vite pour que ce qui peut être sauvé le soit. Il faut sensibiliser les responsables pour assurer la pérennité de ces documents en péril.
    A l’heure où ces lignes paraissent, cet appel à la sauvegarde commence à être entendu. Quelques bonnes volontés se sont manifestées, déjà un mouvement est né.

    Ce travail n’aurait pu voir le jour sans le soutien moral de quelques généalogistes passionnés d’histoire, et soucieux comme moi, de préserver les sources sur l’histoire des familles pendant la guerre civile.
    Michelle Friou a effectué une partie des vérifications sur place, tandis que Louis Bossard précisait quelques détails historiques et que beaucoup relisaient.
    Qu’ils en soient tous remerciés.

    Nantes, le 25.12.1990

    L’étude, qui accompagne la présente copie de sauvegarde du registre, illustre la pratique religieuse et les manifestations de la vie par opposition à celles de la mort, trop souvent mise en avant. Elle n’est pas une étude de démographie-historique.
    Seul Le Loroux-Bottereau est en cours d’étude de démographie.

    SOMMAIRE

  • Chapitre 1er – DE L’ANJOU A SAINT-JULIEN-DE-CONCELLES
  • Neuville et Grez
    Vern-d’Anjou
    Chemazé
    Vergonnes
    La longue marche
    Le ministère clandestin
    René Lemesle oublié

  • chapitre II – DANS LE SILENCE DES CLOCHERS
  • Dans le silence des clochers
    L’attente concelloise
    Les non-Lorousains baptisés au Loroux
    Le choix du prêtre ?
    La continuité dans la pratique
    « Pas un prêtre de Liré à Nantes »
    Haute-Goulaine
    Basse-Goulaine
    Landemont

  • chapitre III – L’OEUVRE DE RENE LEMESLE
  • Importance du baptême clandestin
    Activité de René Lemesle comparée à M. Robin
    Activité concelloise prérévolutionnaire
    Le courage des foules

  • chapitre IV – LA VIE
  • Le baptême prérévolutionnaire et postrévolutionnaire
    Le délai de baptême dans la clandestinité
    Mode d’expression du délai de baptême
    Chercher le prêtre
    Les baptêmes clandestins
    Loroux-Bottereau
    Basse-Goulaine
    Saint-Sébastien-sur-Loire
    Venus par la Loire
    Nombre de naissance par an
    Enfant de l’impossible
    Prénoms

  • chapitre V – LA FÊTE
  • La fête prérévolutionnaire
    La fête clandestine
    Rythme hebdomadaire des mariages clandestins
    Saisonnalité des mariages clandestins
    Rythme annuel des mariages clandestins
    Pâques avant les Rameaux
    Fille ou fils de « feux »
    Veuf et veuve
    Fille ou fils de « feux »
    Mémoire d’Avent

  • chapitre VI – L’ENREGISTREMENT CIVIL
  • Ryhtme hebdomadaire du mariage civil
    Le délai d’enregistrement
    L’enregistrement civil des mariages
    Saint-Sébastien-sur-Loire
    Basse Goulaine
    Le mariage civil seulement
    L’enregistrement

  • chapitre VII – LA MORT
  • La mort prévolutionnaire
    La mort clandestine
    Victimes de la guerre civile
    Les sépultures notées par René Lemesle
    Jugements
    Rennes
    Le Mans

  • Chapitre VIII CONCELLOIS OU NON
  • Les 554 hommes Concellois devenus pères de 1794 à 1902
    Les Concellois réfugiés au loin
    Rennes
    Orléans
    Les Lorousains du registre clandestin de René Lemesle

  • Chapitre IX LES RESEAUX CONCELLOIS
  • La confrérie du Rosaire
    Le heurt entre deux réseaux
    Les liens personnels

  • Chapitre X PERTES DE MEMOIRE
  • La mémoire des noces
    La tradition orale
    Perrine Giraud veuve de Laurent Dagondeau
    René Hamon
    Julien Courgeau
    La fiabilité des documents

  • Chapitre XI MORTS VIOLENTES DANS L’ETAT CIVIL
  • Morts de 1793 à 1794 déclarés à Saint-Julien
    Liste des mortes violentes de l’état civil déclarées en 1797 et 1798

  • Chapitre XII COPIE INTEGRALE DU REGISTRE
  • ANNEXES : JUGEMENTS
  • BIBLIOGRAHIE
  • Toutes les cotes données au cours de cette étude par un chiffre, se réfèrent aux ouvrages ci-dessous :

    1 – ANGOT A. Abbé, « Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne », 1902 tome 1 p 628

    2 – PORT Célestin, « Dictionnaire historique géograhique et biograhique de Maine et Loire », 1878 tome 3 p 688

    3 – ANGOT A. idem, tome 4 p 202

    4 – RACINEUX Alain, « A travers l’histoire au pays de Pouancé », Mayenne 1983 p 95

    5 – de TERNAY Guy, « Vern d’Anjou », Mairie de Vern 1973 p 28

    6 – de La ROCHEJAQUELEIN M.L. Marquise, « Mémoires » Edition présentée par André Sarazin, 1988 p 280

    7 – AD49-8L31

    8 – PETARD R.P.,1898, »Saint Julien de Concelles : histoire d’une paroisse bretonne avant et depuis 1789″

    9 – LUSSON-HOUDEMON P. « La vie sacramentelle des fidèles dans l’Ouest à travers les registres clandestins » in Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire » Actes du Colloque de Chantilly 27-29.11.1986

    10 – GOURLET Pierre-Michel « Révolution Vendée Chouannerie : mémoires inédits 1789-1824 » 1989

    11 – HALBERT Odile « Un prêtre selon leurs convictions : Massonnet au secours des lorousains 1794-1795 » Bull. C.G.O. 1985,46,242-248

    12 – HALBERT Odile « Louis Bureau, dit Sanssoucy 1640-1711 », Bull. C.G.O. 1985,43,105-108 (AD44 ou CGO)

    13 – HALBERT Odile « Table des baptêmes, mariages et sépultures du registre clandestin de Haute Goulaine » (AC)

    14 – C.G.O. « Tables des mariages de St Julien de Concelles 1672-1802 » (AD44)

    15 – COUSIN Bernard « Prêtres et la‹cs : les sacrements dans la clandestinité (Avignon 1793-1801) in Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire » Actes du Colloque de Chantilly 27-29.11.1986, p194

    16 – HALBERT Odile « La recherche clandestine des sacrements en pays lorousain 1794-1800 » Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et Loire-Atlantique, 1990,125, 125-146

    17 – GUIBERT Abbé « Les colonnes infernales » dans la bulletin paroissial, prebytère du Loroux-Bottereau, début XXème siècle

    18 – HALBERT Odile « Aux Sources Citoyens : Guide des recherches sur la vie des familles pendant la guerre civile », 1990

    19 – THOMé Jacques « Douceur angevine ? naŒtre, vivre et mourir à Avrillé 1532-1980 » 1986

    20 – DURAND Yves « Vivre au pays au XVIIIème siècle » 1984

    21 – MARTIN Jean-Clément « La Vendée et la France » 1987

    22 – MARTIN Jean-Clément « Une guerre interminable » 1985

    23 – Rituale Nannetense, 1776 (Joseph Vatar éditeur)

    25 – KERVAREC Michel « Rezé pendant la révolution et l’empire » 1982

    24 – DURAND R. et Coll. « Du village à la cité jardin : Saint-Sébastien sur Loire depuis ses origines », 1986

    26 – JARNOUX A. « Vertou, 15 siècles d’histoire », presbytère de Vertou, 1986

    27 – JAULIN « Registre de catholicité clandestin de Haute-Goulaine » (à paraŒtre aux AC de Haute goulaine)

    28 – Registre de catholicité clandestin de Carquefou

    29 – Registre de catholicité clandestin de la Chapelle Basse Mer

    30 – TIGIER H. « le Jugement des chouans par les commissions militaires d’Ille et
    Vilaine 1793 » tables des accusés et témoins, 1989.

    31 – CHARDON H. « les Vendéens dans la Sarthe » la révolution dans le Maine, 1927, tome III (31)

    32 – FAUVY J. « D’o— venaient les vendées du Mans, table informatique 1990″(32)

    33 – Association des parents d’élèves de l’Ecole Publique de Grez-Neuville « Grez-Neuville à l’époque de la révolution 1789-1799 », 1989

    35 – Mairie de Haute Goulaine, « Haute Goulaine hier, aujourd’hui, demain », 1989

    36 – BERTRAND R. « Haute Goulaine », 1987

    39 – HENRY L. « Techniques d’analyse en démographie historique », 1980

    40 – BERTAUD J.P. « La vie quotidienne en France au temps de la révolution 1789-1795 », 1983

    41 – LAUNAY M. « Le diocèse de Nantes sous le second empire », 2 tomes, 1982

    42 – CHATELLIER L. « Vie associative et confréries, rapport au Colloque « Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire » Actes du Colloque de Chantilly 27-29.11.1986, p521

    43 – MOULINET D. « Etude de deux registres de confréries en Bourbonnais à l’époque révolutionnaire », in Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire » Actes du Colloque de Chantilly 27-29.11.1986, p564

    44 – MONTAGNES B. « La reconstitution de la confrérie du Rosaire après la Révolution », in « Pratiques religieuses dans l’Europe révolutionnaire » Actes du Colloque de Chantilly 27-29.11.1986, p564

    45 – Archives Municipales de Rennes, série I

    46 – Archives Municipales d’Orléans, série I

    47 – LEBRUN F. « Les hommes et la mort en Anjou au x XVIIe et XVIIIe siècles », 1975

    51 – PINSON F.J. « Dictionnaire des lieux habités de Loire Inférieure », 1822 (AD44)


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