François Perrin camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

Je vous ai déjà parlé de René Vetter, camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

photo Leglaive « janvier 1916 Perrin au soutien de Gastineau »

Lorsque j’avais autrefois mis le carnet de guerre d’Edouard Guillouard sur mon site, j’avais peu de légendes permettant d’identifier les hommes qui sont photographiés, et j’avais une magnifique photo que j’avais dénommée « est-ce Perrin ? », et aujourd’hui grâce à une échange fructueux, je suis en mesure d’affirmer que cette photo est bien celle de François Perrin,

François Perrin était resté ami avec Edouard Guillouard, puisqu’il était présent à son inhumation et y prononça le discours qui suit. Et je découvre une seconde photo de lui, accompagné d’un dénommé Bardot, et manifestement les 2 photos ont été prises le même jour ou environ.

Discours prononcé aux obsèques de son vieux camarade et ami,
par François Perrin

Mesdames, Messieurs,
Mes chers camarades anciens combattants,
A la demande même du colonel Gastinel, ancien commandant du 84e Régiment d’Infanterie Territoriale, dont je fus le capitaine-adjoint pendant les deux dernières années de la Guerre 1914-1918 et que le grand âge seul empêche d’accompagner à sa dernière demeure la dépouille de notre excellent camarade et ami Edouard Guillouard, qu’il appréciait tout particulièrement, j’ai la douleur et le pénible devoir, de souligner en quelques mots sortis du cœur, les brillantes qualités militaires du défunt.
Mobilisé dès le premier jour de la Grande Guerre au 81e comme sergent-major, Guillouard fut, dès son arrivée sur le front, promu sous-lieutenant et nommé, fin août 1914, au 84e.
Affecté à la 3e compagnie, capitaine Leglaive, qu’il ne quitta jamais pendant toute la guerre, Guillouard se signala de suite à ses hommes et ses chefs par ses qualités maîtresses : bonne humeur, calme, sang-froid, bravoure sans crânerie, homme de devoir.
Notre Régiment, qui fut un Régiment de combat pendant toute la durée des hostilités, prenait alors une grande part à la bataille d’Arras, qui fut l’un des brillants épisodes de la bataille de la Marne.
Ménager le sang de ses soldats, toujours le premier sur la brèche, même dans les missions les plus difficiles et les plus périlleuses qui lui étaient confiées, missions qu’il acceptait toujours sans broncher et qu’il remplissait sans jamais se départir de son calme et de son sang-froid, Guillouard pouvait faire de sa section tout ce qu’il voulait. Il était adoré de ses hommes.
Sa brillante conduite en Artois, à Arras, Bailleulval, Bailleulmont, Thiéval, la cote 105 devant la ferme Gastineau, lui valut vite sa promotion au grade de lieutenant.
Il n’était pas alors question de Croix de Guerre, du moins dans notre régiment.
Mais c’est en Lorraine, à Limey, à Flireu et dans la vallée de la Seille, puis en Alsace, à Thann, Vieux-Thann, la vallée de la Thur et celle de la Bruche, les pentes du Vieil-Armand (Hartmanwillerskopf), Steinbach, Leimbach, qu’il se signala tout particulièrement.
Notre régiment y subit de lourdes pertes. Guillouard y fut blessé au ventre d’un éclat d’obus.
Cité à l’orde du régiment, Guillouard obtint la Croix de Guerre et fut proposé pour le grade de Capitaine.
Il fut enfin de ceux qui furent désignés pour faire l’entrée triomphale des troupes françaises dans Strasbourg libérée.
La signature de l’Armistice l’empêche d’patre promu.
Ce n’est qu’après la démobilisation qu’il obtint les galons de Capitaine, et fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur au titre militaire.
Tel but l’homme au combat,
Tel fut l’homme pendant toute la guerre,
Tel il fut toujours pendant toute sa vie,
Toujours aimable, souriant, simple, modeste, bon camarade, ami fidèle, courageux et brave.
Guillouard fut aussi un époux modèle, un excellent père de famille, un grand-papa qui sut cultiver l’art d’être grand-père.
Car Guillouard adorait ses enfants et ses chers petits-enfants, qui perdent en lui le plus sur des conseillers, le meilleur de leurs amis.
Ses camarades, ses amis, sa famille, le commerce nantais, la Société, perdent en lui un homme, car Guillouard était un homme, dans toute la force du terme.
Guillouard est mort comme il a toujours vécu,
Le vie est une.
Il a lutté jusqu’au bout, calmement, courageusement, vaillamment, contre un mal implacable, qui a fini par le terrasser.
Chère Madame Guillouard, vous avez admirablement soigné votre cher mari. Voua avez tout fait, vainement, hélas ! pour l’arracher de l’étreinte qui l’étouffait.
Je m’incline respectueusement devant votre grande douleur.
La perte de votre mari est irréparable. Sa mort va creuser dans votre foyer un vide que rien ne saurait combler.
Puisse la nombreuse assistance qui vous accompagne, vous et les chers vôtres, en ce jour douloureux, puisse l’émotion qui nous étreint tous à cette minute suprême, apporter un baume apaisant à votre douleur.
Capitaine Edouard Guillouard, dormez en paix votre dernier sommeil, vous l’avez bien mérité ! Votre vie aura été un exemple pour tous ceux qui vous ont connu.
Mon cher et vieux Guillouard,
Au nom du colonel Gastinel, au nom de tous tes camarades de combat, au nom du 84e tout entier, au nom de tous ceux qui t’ont apprécié, et en particulier de tes deux fidèles amis, le capitaine Vetter et le commandant Leglaive, qui sont ici à côté de moi, je te dis adieu du plus profond de mon cœur.

Je suis née en juillet 1938 et j’avais 8 ans lorsque j’ai perdu ce grand-père admirable, et hélas, je n’ai aucun souvenir de lui, alors que j’ai des tas de souvenirs de la guerre, que j’ai écris, mais lui n’était pas réfugié au même endroit que nous, qui sommes rentrés tard après la libération, puisque nous étions dans la poche de Saint-Nazaire. Ensuite je suppose que l’année 1945 et début 1946 furent sa maladie, ce qui expliquerait mes trous de mémoire.