Obligation créée par Claude Du Tertre et Elisabeth de Champagné sa femme, Mée 1604

La somme est assez peu élevée, puisqu’ils empruntent seulement 220 livres, et même si j’ai l’habitude de voir tans de prêts et obligations passées à Angers, je suis surprise pour une somme modeste qu’ils n’aient pas fait affaire plus prêt de chez eux, ainsi à Château-Gontier. Sans doute Claude Du Tertre avait-il une affaire en cours à Angers, à traiter.
Son caution est René Hiret sieur de Malpère, celui-là même qui va prendre en charge les enfants de Claude Simonin aliàs Simon, roué vif et mis sur la roue à Angers, le 19 septembre 1609, mon ancêtre. J’en suis toujours à me demander, et à chercher, quels liens pouvaient bien exister entre eux.
Enfin cette obligation est la seconde que je vous mets concernant une clause de révision automatique du taux, ce qui est rare.

Du Tertre, famille qui tire son nom du Tertre de Mée, mais dont une branche se fixa à Villiers de Vaiges par le mariage de Lancelot Du Tertre, fils de Jacques et de Marie Frézeau, avec Françoise de Villiers, vers la fin du XVe siècle. Ses descendants, par alliance avec les Girois, eurent la Roche de La Bazouge-de-Chemeré, et quand ceux-ci s’éteignirent, René Du Tertre, de Mée, « chef de nom et d’armes, dit-il, et héritier unique et principal, » réclama la succession, qui lui fut contestée par Louis-Alexandre Du Tertre, d’une branche poitevine, seigneur de Boisjoulain, domicilié à Nogent-le-Rotrou, 1670. René Du Tertre, de Mée, se fit maintenit dans sa qualité d’écuyer le 21 aoput 1668, aussi bien qu’Alexandre et Marie Du Tertre, encore mineurs, de la branche de Poitou. La famille s’est fondue à la fin du XVIIIe dans celles de La Barre et de Preaulx. Le 11 août 1784 eut lieu dans la chapelle de Baubigné, l’inhumation de Renée-Gabrielle Trochon, veuve de Jean-Baptiste Du Tertre, chevalier, marquis de Sancé, dame de Vaux, Miré, Mortiercrolles, décédée au château de Baubigné, en présence de son fils Jean-Baptiste Du Tertre, marquis de Sancé, Joseph-François, marquis de Préaux, et René-Pierre de La Barre, seigneur de Préaux, ses gendres. – Armoiries : d’argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules. (Abbé Angot, Dict. de la Mayenne, 1900)

Le même ouvrage donne un long article sur le Tertre de Mée, qui relevait de Mortiercrolles.

Mée - Collection particulière, reproduction interdite
Mée - Collection particulière, reproduction interdite

J’ai trouvé l’acte qui suit est aux Archives du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici ma retranscription : Le vendredi 10 mars 1604 après midy par devant nous René Serezin notaire royal à Angers furent présents Claude Du Tertre écuyer sieur dudit lieu et y demeurant paroisse de Mée en Craonnais, tant en son nom privé que pour et comme procureur spécial de damoiselle Elizabeth de Champaigné son épouse et en vertu de procuration spéciale passée soubz la court de Mortiercrolle par devant Jacques Fouin notaire d’icelle le jour d’hier, laquelle est demeurée attachée à ces présentes
et Me René Hiret sieur de Malpère conseiller du roy et juge magistrat au siège présidial d’Angers et y demeurant paroisse saint Maurille soubzmettant lesdits Hiret et Du Tertre esdits noms et qualités et en chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personnes ni de biens ont recogneu et confessé avoir ce jourd’huy vendu quité ceddé délaissé et transporté et constitué et par présentes vendent créent et constituent et promettent garantir fournir et faire valoir à vénérables et discretes personnes les chanoines et chapitre de l’église royale et collégiale monsieur Saint Laud les Angers ès personne de vénérables et discrets Me Estienne Leroyer et Pierre Hiret chanoine commis et députés dudit chapitre à ce présent stipulant et acceptant et lesquels ont achapté et achaptent pour iceulx chanoines et chapitre leurs successeurs la somme de 13 livres 15 sols d’annuelle et perpétuelle rente rendable et payable et laquelle lesdits vendeurs esdits noms et qualités et chacun d’eux seul et pour le tout ont promis payer servir et continuer auxdits chanoines et chapitre de ladite église en icelle église et chapitre ou en la maison de leur trésorier et recepveur savoir 6 livres 5 sols à la bourse du pain et le surplus montant 7 livres 10 sols à la grande bourse par chacune desdites années franche et quite aux 10 des mois de juin septembre décembre et mars par égales portions, le premier paiement commençant le 10 juin prochainement venant et à continuer
laquelle rente lesdits vendeurs ont assise et assignée et par ces présentes assient et assignent sur tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles possessions domaines cens rentes et revenus de chacun d’eux seul et pour le tout spécialement sans que la généralité et la spécialité se puisse desroger ne préjudicier l’un l’autre en aucune manière que ce soit, avec puissance auxdits du chapitre d’en demander et faire faire particulière et spéciale assiette en tel lieu qu’il leur plaira et toutefois et quantes que bon leur semblera
et est faite la présente vendition création et constitution de ladite rente pour le prix et somme de 220 livres payée baillée manuellement comptant par lesdits commis députés auxdits vendeurs esdits noms qui icelle somme ont eue prise et receue en présence et à vue de nous en espèces de 16 sols et autre monnaie de présent ayant court suivant l’edit et ordonnance du roy dont ils se sont tenus à contants et en ont quité et quitent lesdits députés, lesquels ont déclaré ladite somme de 220 livres estre provenue sur sur 100 livres pour laquelle ladite rente de 6 livres 5 sols est due à la bourse des pains de l’admortissement qu’en a fait damoiselle Renée Furet dame de la Grugerie et six vingt livres de l’admortissement de la rente faite par la veufve Jehan Riveau et René Hamon son fils
a esté convenu et accordé que s’il plust au roy révoquer l’édit naguères fait par sa majesté pour la réduction des rentes au denier seize et le remettre au denier douze comme elle estait auparavant en ce cas, lesdits vendeurs paieront rente de ladite somme de 220 livres audit denier douze ou autre plus haut prix que ledit denier seize qui seront porté par l’édit et du jour d’iceluy nonobstant ces présentes,
cette clause de révision du taux de l’obligation est rare, enfin je l’observe rarement, et c’est la seconde fois que je la mets sur mon blog.
et a ledit Du Tertre promis faire ratiffier et avoir agréable ces présentes à ladite de Champaigné et la faire d’abondant avec luy et ledit sieur de Malpère solidairement obliger au paiement de la dite rente et en fournir et bailler auxdits du chapitre lettres de ratiffication vallables dedans 4 sepmaines prochaines, à peine de sout despens, ces présentes néanmoins
à laquelle vendition tenit etc payer et garantir etc obligent lesdits vendeurs esdits noms et qualités et en chacun d’iceux seul et pour le tout renonçant et par especial au bénéfice de division discussion d’ordre de priorité et postériorité et encores ledit Du Tertre pour ladite de Champaigné au droit velleian à l’epitre divi adriani à l’authentique si qua mulier et à tous autres droits faits et introduits en faveur des femmes qui ont esté donnés à entendre à icelle de Champaigné par ladite procuration estre tels que femme ne peult intervenir interceder ne s’obliger pour autruy mesme pour son mari sinon qu’elle ait expressement renoncé auxdits droits, autrement elle en pourrait estre relevée foy jugement condemnation
fait et passé audit Angers maison dudit Me Pierre Hiret en présence de honneste homme Pierre Callot sieur de la Noe, Fleury Richeu

PS : Le mardi 3 août 1610 amortissement par Guy d’Andigné écuyer sieur de Vendor


Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.
Et observez la signature de Claude Du Tertre, suivie de celle de René Hiret tout aussi illisible, puis celle de Pierre Hiret le chanoine, qui est lisible.

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4 réponses sur “Obligation créée par Claude Du Tertre et Elisabeth de Champagné sa femme, Mée 1604

  1. Merci :voilà un acte très intéressant ,à mon avis ,il confirme les liens entre les personnes entourant le couple Simon- Pellault. Je pense que, René Hiret et Elisabeth (Isabel) de Champaigne sont les parrains et marraine de Marie Simon, en 1599 à Cherancé .Et en 1607 pour Elisabeth Simon ,nous trouvons un Pol du Tertre et Louise d’Andigné . D’après les « Chroniques Craonnaises » p699 un sieur Dutertre de Mée a été complice de l’assassinat du 1er Criquebeuf au Château de Montjean .Comme vous le signalez le 15 Mars sur votre blog, les enfants de Guy d’ Andigné sont baptisés au Louroux et une branche de cette famille possède la Picoulaye où habite François Pelletier 60 ans plus tard ( ses parents y demeuraient-ils dejà ? ,mystère ..) .Pas vraiment des preuves ,je reconnais, mais tout un faisceau d’indices qui s’ajoutent…

      Note d’Odile :
      Merci pour cette hypothèse.
      J’ai trouvé plusieurs actes concernant ce personnage, aussi je vais tenter de les passer dans un proche avenir sur le blog, car ce n’est que lorsque j’ai entièrement retranscrit un acte que je suis capable de le comprendre vraiement, pas autrement en lecture diagonale.
      Je fais les années qui précèdent le décès sur la roue de notre Claude Simonin, pour tenter de trouver dans les actes notariés une trace de ses exploits, pour l’instant en vain, mais je persévère. Et sur celui que je fais en ce moment, j’ai souvent René Hiret de Malpère, et j’espère trouver un jour un arrangement de ce personnage avec l’éducation de nos ancêtres orphelines après 1609
  2. Je vois que les recherches autour de ce petit clan continuent ! C’est très intéressant – et même passionnant – de lire de temps en temps de nouvelles informations sur eux et les déductions – souvent prudentes, en attente de nouvelles preuves – qui sont faites par certains lecteurs de ce blog.

  3. E.2388.( carton )-5 pièces, parchemin;13 pièces,papier.
    1623- XVIIIe siècle.-DUTERTRE.
    -Acquêt par René Dutertre,avocat,d’une maison à Saumur;- partage des successions de Christophe ,Jeanne et Françoise Dutertre;- abandon par René Dutertre de Mée,des terres de Chéripeau et de Pommerieux à ses créanciers;- consultation de Me Dubois,avocat à Tours,sur le droit de rachat de la dame veuve Dutertre Des Roches des rentes aliénées par son mari;- notes et extraits généalogiques du feudiste Audouys,etc.

      Note d’Odile :
      Merci, mais hélas, ce fonds ne commence qu’en 1623, date bien tardive pour les Dutertre susceptibles d’éclairer notre lanterne avant septembre 1609. Je verrai néanmoins ce qu’il donne… car parfois un acte tardif peut faire mention et référence à un acte plus ancien, ainsi en serait-il des aliénations annoncées…
  4. Bonjour,
    Dans le cadre de mes recherches d’histoire locale, je suis en cours de transcription d’un acte qui retrace un procès qui se termina au Parlement de Paris et opposa Pierre de Parseval, maire de NOGENT LE ROTROU et Alexandre Dutertre, sieur de boisjoulain. Ce dernier fut condamné à 9 ans de bannissement de la ville et 40 000 livres d’amendes en 1715.
    Malheureusement, je ne possède aucun élément sur lui et sa famille et la raison qui l’amena dans cette ville (mariage, achat d’un office…..) alors que vous citez dans l’un de vos articles l’un de ses ascendants
    Merci de m’éclaircir si vous avez quelques éléments sur cette branche familiale.
    Cordialement

    Christian FOREAU

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