Cession de rentes entre les de la Marqueraye, de Crespy et Gautier du château d’Aiguines, Provence et La Cornuaille (Anjou) 1614

Joseph de la Marqueraye a épousé une Gautier dont j’ignore l’origine, mais ici, curieusement il se trouve que son interlocuteur demeure au château d’Aiguines en Provence, et que ce château appartient alors à une famille Gautier (selon le site de ce château). Serait-ce un lien de famille ? Car ici, il s’agit d’un échange et reprise de rentes entre des familles qui semblent toutes avoir un office à la Chambre des Comptes de Bretagne à Nantes.
Je vous avoue que dans ce petit acte si banal, on retrouve la Provence ce qui n’étonne aucun Angevin !

La famille de la Marqueraye possédait Villegontier, et il y a sans doute plus à nous raconter sur cette famille et ce lieu, merci d’avance.

    Voir ma page sur La Cornuaille
collection particulière, reproduction interdite
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Cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le mercredi avant midy 15 octobre 1614 devant nous Jullien Deille notaire royal à Angers furent présents establis et duement soumis noble homme Joseph de La Marqueraye seigneur de Villegontier conseiller du roy et Me ordinaire en sa chambre des comptes de Bretagne demeurant en sa maison dudit Villegontier paroisse de La Cornuaille près Candé, de noble homme Nicolas de la Marqueraye sieur de Loustinière et de la Bataille demeurant Angers paroisse de Saint Denys lesquels chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs et aians cause volontairement confessent avoir vendu créé et constitué et par ces présentes vendent créent et constituent par hypothèque général et universel promis et promettent garantir fournir et faire valoir
à Jacques Chedanne Me chirurgien demeurant en ceste ville paroisse de Saint Maurille présent ce stipulant et acceptant et lequel a achapté et achapte pour luy ses hoirs etc
la somme de 50 livres de rente hypothéquaire annuelle et perpétuelle payable et rendable franchement et quitement par lesdits vendeurs leurs hoirs etc audit achapteur ses hoirs etc en sa maison audit Angers chacun an à pareil jour et date des présentes premier payement commenczant d’huy en ung an prochainement venant età continuer d’an en an à pareil jour et laquelle somme de 50 livres tz de rente lesdits vendeurs et chacun d’eulx l’un pour l’autre ont du jourd’huy et par cesdites présentes assise et assignée assient et assignent généralement sur tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles rentes et revenus quelconques présents et advenir mesmes par hypothèque du date cy après mentionné o pouvoir et puissance audit achapteur ses hoirs d’en faire déclarer plus particulière assiette et audit vendeur et leurs hoirs de garantir
ceste vente création et constitution de rente faite pour et moyennant la somme de 800 livres tz
du consentement desdits vendeurs et eulx se requérant a esté présentement solvée à Me Ollivier Aubert à ce présent demeurant comme il dit au château d’Egnynien en Provence

    je pense qu’il s’agit du château d’Aiguines, qui appartient alors à une famille Gautier, selon la page du site de ce château. Or, Joseph de la Marqueraye avait épousé une Gautier, et je me demande s’il y a un lien ?

estant de présent en ceste ville lequel pour ce aussy estably et soubzmis l’a receue en notre présence en pièces de 16 sols et autre monnaye aians cours suivant l’édit pour payement à scavoir 720 livres pour le rachapt et amortissement de la somme de 45 livres tournois de rente acquise par acte par nous passé le 3 août 1612 réduite à la somme de 60 livres de rente constituée par lesdits vendeurs et deffunt noble homme Ollivier Decrespy sieur de la Mabillière à deffunte Claude Moranne ? mère dudit Aubert par autre cotnrat aussi passé par nous le 14 mai 1594 de laquelle constitution les héritiers dudit sieur de Crespy auroient est deschargés par ledit acte cy dessus daté et 80 livres pour reste des arrérages de ladite rente escheuz à huy, le tout revenant à la susdite somme de 800 livres de laquelle pour les causes cy dessus ledit Aubert se tient contant et bien paié et en a quité et quite ledit Chedanne ensemble lesdits sieurs de la Marqueraye … à leur profit ladite rente pour bien et duement rachaptée et amortye et consent ledit achapteur que lesdits contrat et acte soient par nous notaire en vertu des présentes déchargés et endossés dudit amortissement demeurent néantmoings ledit premier contrat en sa force et vertu pour … ou que ledit Chedanne demeure subrogé du consentement desdits Aubert et de la Marqueraye à l’effet et assurance de la constitution et entretenement desdites 50 livres de rente et sans aucune novation dudit hypothèque jusques à amortissement comme ladite somme de 800 livres soyt par ledit Chedanne ayant en
n’eussent fait audit Aubert
et à ce tenir etc dommages obligent etc mesmes lesdits sieurs de la Marqueraye eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs etc biens et choses à prendre vendre etc renonçant etc et par especial au bénéfice de division discussion et ordre de priorité et postériorité foy jugement et condemnation
fait et passé audit Angers maison de nous notaire en présence de Me Pierre Desmazières et Sanson Legauffre praticiens demeurant audit Angers tesmoings

Et le 19 mars 1621 avant midy par devant nous Jullien Deillé notaire royal susdit fut présente et personnellement establie et deument soubmise Marie Cauchette veufve dudit deffunt Chesdanne acquéreur nommé au contrat cy devant escript, tant en son nom que comme mère et tutrice naturelle des enfants dudit deffunt et d’elle et en chacun desdits noms seule et pour le tout laquelle a receu contant en notre présence dudit Joseph de la Marqueraye escuier sieur de Villegontier l’un des obligés la somme de 466 livres 10 sols et de Charles Chauvin tailleur d’habits en l’acquit dudit Nycolas de la Marqueraye sieur de Loustimière la somme de 333 livres 10 sols le tout en pièces de 16 sols et autre monnaye …

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

2 réponses sur “Cession de rentes entre les de la Marqueraye, de Crespy et Gautier du château d’Aiguines, Provence et La Cornuaille (Anjou) 1614

  1. -Famille GAULTIER.
    – Contrat de mariage de Jacques Gaultier,sieur des Places,avec Marguerite de Crespy;
    (Voir commentaire au billet du 2 8 2013. Blog Mme O.Halbert.)

    -Famille de LA MARQUERAY.
    -Partage entre René de La Marqueray,sieur de Vilgontier,Pierre de La Marqueray,sieur de La Chaussée,et Nicolas de La Marqueray,sieur de L’Epinay,de la succession de Joseph de La Marqueray,leur père,et de Catherine Gaultier sa veuve.;
    (Voir commentaire au billet du 13 6 2010,Blog Mme O Halbert.)

    -Famille de CRESPY.
    -Acquêt par Ollivier de Crespy de La Mabilière d’un champ en Corzé.
    -Partage de la succession de Marguerite de Crespy,femme de Jacques Gaultier des Places et veuve en premières noçes de François Cochon de Goupillon;
    (Voir commentaire au billet du 20 3 2014,Blog Mme O Halbert.)

    Une famille Chedanne à Corzé.(Claude Moranne ?,peut-être Chedanne ?).

  2. -LA PRIMETIERE à Jarzé.

    -Le manoir de La Primetière,à Jarzé,est une construction de la fin du XVe siècle ou des premières années du XVIe,constituée de deux corps de logis bâtis en équerre,avec tourelle d’escalier dans l’angle intérieur.Une jolie porte surmontée d’une accolade donne accès à cette tourelle et une fenêtre du premier étage a conservé ses meneaux de pierre à moulures prismatiques:ils furent,au contraire,brisés à celle du rez-de-chaussé,soit pour obtenir plus de lumière,soit pour échapper à l’aberrant impôt sur les portes et fenêtres du siècle denier,qui comptait pour quatre ouvertures une fenêtre à meneaux parce que partagée en quatre compartiments !…
    -A l’arrière du logis,incorporé dans le mur extérieur,subsiste un second escalier,à montée droite et ouvert à la façon d’une loggia,conçu pour monter directement de la cour d’entrée au premier étage;cette disposition est assez peu fréquente dans les logis seigneuriaux de cette époque et s’apparente plutôt à l’escalier en pignon traditionnel de l’habitat paysan.
    -Célestin Port indique,à son article sur La Primetière,la mort en 1701 de messire Pierre de La Marqueraie,ecuyer,capitaine au régiment de Launay.En fait,la famille était en possession de La Primetière depuis au moins cent vingt-cinq ans déjà à cette date,puisque nous avons un acte remontant à 1576.
    -Ces La Marqueraie,nous les avons déja rencontrés plusieurs fois dans notre étude sur les vieilles demeures de l’Anjou,particulièrement à l’occasion des logis du Grand-Marcé,à Challain-la-Potherie,de La Galicheraie et de La Grand’Maison à Bécon.Cette très ancienne famille-qui,par ailleurs,ne semble pas avoir été jamais bien riche-était issue,au XIIe siècle,d’un Guillaume de La Marqueraie, »homme d’armes près la personne de Henri II d’Angleterre,comte d’Anjou,qui fut enterré à l’aumosnerie Saint-Jean l’Evangéliste d’Angers »(c’est- à- dire à l’hôpital Saint-Jean et fort curieusement,comme nous le verrons,dans la salle même des malades,ce qui est évidemment assez surprenant pour nos esprits modernes ).
    -Geoffroy,que la généalogie établie par la famille en 1622 dit « homme d’armes du roi Louis »,sera inhumé lui aussi dans cet endroit et Foulques,qualifié miles-ç’est à dire chevalier-époux de Perronnelle de Marboué,par son testament du jeudi après la Trinité 1390,demandera également à être « ensépulturé avec ses père et grand-père à l’hôpital Saint-Jean »,supposé qu’il ne meure point à la guerre,étant actuellement au service avec le comte d’Anjou.Toujours selon la généalogie familiale,nous voyons à ce Foulques de La Marqueraie trois enfants: Drouet,Faustine et Jean,ce dernier laissant Thomas,qui comparaîtra à l’arrière-ban de la noblesse d’Anjou,le 11 juin 1487,Guillaume et Claude,enfin, marié à Jeanne de La Fontaine.
    -Les profondes transformations socio-économiques de la fin du Moyen-Age et du XVIe siècle-et tout particulièrement l’énorme inflation,phénomène que nous connaissons bien de nos jours-ruinent,à cette époque,quantité de familles de la petite noblesse féodale,tandis que monte dans l’échelle sociale la classe des marchands:les La Marqueraie n’échappent pas à ce phénomène et,durant deux ou trois générations,ils vont mettre leur noblesse en sommeil pour s’adonner au commerce du drap,alors florissant en Anjou.Si,en 1565,un petit-fils de Claude,Nicolas,est encore marchand de drap de laine,paroisse de La Trinité,Pierre,son frère,est licencié ès lois,avocat au Présidial d’Angers,sénéchal d’Ingrandes,seigneur de Villegontier,de Gaigné (à Mûrs) et,ce qui nous intéresse surtout ,de La Primetière.Il a épousé en 1555 Renée Collin,fille de Hardouin Collin,lui-même avocat au Présidial;se souvenant de la très ancienne tradition qui lie sa famille à l’hôpital Saint-Jean,il fait enfin son testament léguant 11 livres 11 sols de rente à cet établissement et demandant à « être inhumé en la Grande Salle des Pauvres,où quelques-uns des siens prédécesseurs ont été enterrés »,ce qui lui sera accordé,mais dans la chapelle.
    -Etrange idée,bien sûr,que de vouloir être inhumé dans la salle même où agonisent les pauvres…Certes,elle contredit tout ce que nous admettons de la notion d’hygiène;certes,aussi,demeure- t-on épouvanté de penser qu’on montrait à des mourants le spectacle peu réconfortant d’un enterrement »au pied de leur lit »…Mais,pour comprendre cette motivation,il faut se souvenir que ces siècles de foi ont beaucoup moins que nous peur de la mort,qui n’est qu’un passage vers la vie éternelle,et surtout que « les pauvres nous précéderont au royaume de Dieu »,que ce sont eux qui ouvrent les portes du ciel,d’où le désir d’être enterré le plus près possible d’eux,comme d’autres demandent de l’être près du tombeau d’un saint .
    -Pierre de La Marqueraie avait eu quatre enfants;deux ne semblent pas avoir fait souche;David l’aîné,sera reçu conseiller au Parlement de Bretagne,le 21 février 1586,et épousera,l’année suivante,Philippe Boylève,d’une puissante famille de magistrats angevins-d’où une fille,qui épousera Arthus de Saint-Jouin ,seigneur de La Morouzière;le cadet,Joseph,choisira d’abord la carrière des armes et sera capitaine dans l’armée d’Henri de Bourbon,le futur Henri IV,qui lui témoignera une grande amitié,en particulier lorsqu’il aura été fait prisonnier de guerre à Sablé;la famille conservait différentes lettres du roi et un passeport pour une mission en Italie avec ordre aux maîtres de poste de lui fournir des chevaux.Joseph de La Marqueraie sera ensuite reçu maître des comptes de Bretagne par lettre du 8 avril 1596.Son testament,du 15 octobre 1624,exprime le désir d’être inhumé « dans la voùte et caveau qu’il a fait faire au choeur de l’église de l’hôpital Saint-Jean pour son père ».
    -De ses cinq enfants,l’un sera moine à Saint-Melaine de Rennes;une fille mariée à Anne Pierres,gouverneur de Châteaubriant;Nicolas servira au ban de la noblesse d’Anjou en 1635;René,seigneur de Villegontier,sera avocat au Parlement de Rennes et enfin,Pierre,premier assesseur de la maréchaussée d’Anjou ,héritera des terres de La Chaussée et de La Primetière.Sa fille Anne,épousera René de Terves et Pierre,seigneur de La Primetière,sera capitaine au régiment de Launay; il épousera en premières noçes Renée Poisson,veuve de Noël Herbereau,premier valet de la garde-robe du roi,mariage célébré dans la petite chapelle de Sainte-Apolline,en Reculée,le 23 octobre 1667,puis Louise Wallet,veuve Cochelin de La Beslière,en 1695.A la différence de ses prédécesseurs,il ne sera pas inhumé à l’hôpital Saint-Jean,mais,étant mort à La Primetière,il le sera dans l’église de Jarzé,le 22 juillet 1701.
    (Manoirs et Gentilhommes d’Anjou.André Sarazin.)

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