Le rôle de taille de Faye d’Anjou en 1635

vignerons des côteaux du Layon

Le rôle de taille de 1635 de la paroisse de Faye sous Thouarcé est d’autant plus précieux que les registres paroissiaux ne commencent qu’en 1668 !

Il y a une semaine nous fêtions l’arrivée de la confiserie, douceur pour Noël. Aujourd’hui je vous propose la douceur des vins d’Anjou pour le réveillon, douceur historiquement tellement ancienne !
Je mets ce jour en ligne le dépouillement du rôle de taille de Faye sous Thouarcé en 1635.
Le métier est très souvent donné. Voici en ordre alphabétique :

    Charbonnier (1), charpentier (5), closier (3), cordonnier (1), fagottier (3), faulconnier (1), fermier (2), filassier (4), forestier (1), laboureur (11) maçon (1), marchand (4), maréchal (3), mercier (1), métayer (10), meunier (10), noble (5), notaire (2), pauvre (10), prêtre (4), sabotier (4), sergent royal (2), serger (5), tailleur d’habits (5), tissier (8), tonnelier (7), veuve (56), vigneron (142), indéterminé (35).

Au passage, soulignons un métier peu fréquent, le faulconnier. Les faucons étaient-ils utilisés pour la chasse dans les vignes ? je vous pose la question, d’autant qu’il y a 5 familles nobles ayant droit de chasse.
Les métiers de la vigne dominent avec 142 vignerons et 7 tonneliers. Le taux d’imposition des vignerons atteste une grande disparité des revenus : ils paient en moyenne 7,6 livre avec un écart-type de 5,5 ; 9 d’entre eux sont dans la misère avec moins d’une livre. Cependant ces chiffres ne donnent pas les vignerons plus aisés que la moyenne de la paroisse, en effet, dans ce calcul ne sont inclus que les vignerons actifs, alors que de nombreuses veuves et pauvres sont manifestement des mères de vignerons.

Ce rôle atteste deux phénomènes démographiques importants :
Le premier point important concerne le nombre de feux, c’est à dire de contribuables. En 1635, la paroisse de Faye compte 346 feux. Sachant qu’on compte habituellement 5 personnes par feu, il y aurait 1 730 habitants. Ce chiffre paraît élevé, comparé aux chiffres connus par ailleurs « 260 feux en 1720. — 1 174 hab. en 1790. — 1 297 hab. en 1831. — 1 229 h. en 1841. — 1 275 hab. en 1851. — 1 220 hab. en 1861. » (C. Port, Dict Maine et Loire, 1876) Il semble que le nombre de contribuables, normalement égal au nombre de feux, doit être revu à la baisse. En effet, il y a un nombre élevé de personnes seules en particulier de veuves. Lorsque j’ai retranscris le document original, j’avais le sentiment parfois que des personnes seules habitaient manifestement le même toit, car il est impossible d’avoir eu tant de personnes seules et tant de toits. J’ai même pensé à un hospice pour personnes démunies ou autres… Mais je n’ai en fait aucune explication…
Le second point important, voire même surprenant, est la diversité des noms de famille. Généralement, à cette date de 1635, les noms de famille dans une paroisse attestent l’enracinement local de certains patronymes. Or, le rôle de Faye en 1635 donne 205 noms (pour 346 feux) différents sans compter les orthographes variables d’un même nom, que j’ai bien sûr éliminées. Il s’agit donc d’une population plus brassée que dans les paroisses agricoles du nord de l’Anjou. La vigne devait donc attirer, bien que les revenus ne soient pas supérieurs à ceux des cultivateurs du nord de l’Anjou, malgré la qualité du vin de Faye.
Partant, ce rôle ne sera d’aucune utilité aux généalogistes, compte tenu du fossé entre 1635, date du rôle, et 1668, date du premier registre paroissial, soir plus d’une génération ! Mais surtout, le brassage de population y est tel qu’il n’est pas possible de prédire la stabilité des familles !
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Voir le rôle de taille de Faye-d’Anjou

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

2 réponses sur “Le rôle de taille de Faye d’Anjou en 1635

  1. Gilbert dit :

    Bonsoir Madame,

    C’est avec intérêt et attention que j’ai lu les rôles de la taille des paroisses de Faye (1635) – coteaux du Layon – et de Mozé (1666) -coteaux de l’Aubance.
    Celui de Mozé a été établi par Nicolas Bellanger, un très lointain cousin. Son père était maréchal et savait signer vers 1620. Ses fils ont pu fréquenter l’école, l’un est devenu notaire royal et un autre praticien. On pouvait donc dès cette époque se promouvoir socialement.

    Pour revenir aux rôles des tailles,la plupart des habitants se délare vigneron. Est-ce le nom de ce métier qui était valorisant ? Les prêtres l’utilisent fréquemment.
    Les écarts de revenu dans cette profession sont importants. Cela peut s’expliquer par la grandeur des superficies exploitées (les jeunes, comme vous le dîtes, étant défavorisés au départ). Peut-on aussi imaginer que certains soient propriétaires de leurs parcelles, à cette époque ? Cela expliquerait que des veuves puissent avoir encore des revenus importants, employant des journaliers pour exécuter les travaux.
    Le vin n’était pas destiné à la consommation locale (ou peu) . Donc ces vignerons devaient exploiter des parcelles de terre pour vivre en autarcie (céréales, animaux). Ne seraient-ils pas plutôt des closiers vignerons ?
    J’ai bien compris la différence entre closiers et métayers. Où situer toutefois ceux qui se disent laboureurs ?
    Effectivement, le nombre de veuves est très important en particulier dans le village de Montbenault que j’ai connu réduit tout au plus à une douzaine de maisons. Les veuves n’habitaient-elles pas sous le même toit qu’un de leur fils comme il était courant, il y a encore très peu d’années ? et cela comptait pour 2 feux.
    Entre 1635 et 1666, pour les paroisses de Faye et de Mozé qui ne sont séparées que par un lambeau de la forêt du Latay, le montant de la taille moyenne fait plus que doubler. Le nouveau roi y serait-il pour quelque chose?

    Merci de vos compléments. Bien sincèrement. Gilbert.

    PS. la Bullière près de Gastines (Faye) ; ne serait-ce pas Belligné ? et qu’entendez-vous par « Premier » comme lieu ?

  2. Bonjour
    La taille variait chaque année en fonction des besoins du roi, mais n’oubliez pas que dans ce montant il faut inclure les guerres etc… qui coûtaient mais n’étaient pas compter chaque année, seulement les années de guerre. Nous avons de nos jours 1,7 % du budget de la France pour l’Armée, quelque soit son activité. C’est même un sujet de débat politique actuellement compte tenu des nombreuses missions.

    Je suis une spécialiste du Haut-Anjou, où les laboureurs sont rares, uniquement closiers ou métayers, ou homme de bras pour ceux qui se louaient. Mais dans le Haut-Anjou, jamais ces familles ne possédaient la terre exploitée, par contre ils avaient souvent un ou plusieurs petits lopins de terre labourable et/ou de vigne pour leurs besoins personnels, et je considère pour ma part ces biens comme un portefeuille d’économies qui servaient en cas de frais exceptionnels (mariage et/ou dot des des enfants) ou mauvaises récoltes, et même solidarité en cas d’emprisonnement d’un proche pour trafic de sel. (voyez mon site à GABELLE)
    Maintenant, j’ai bien compris que vous connaissez MONTEBENAULT, et il se trouve que moi aussi.
    Enfin pour les terres que vous voulez identifier, il faut que je reprenne mon original, mais c’est Noël et il se trouve que je lutte contre un énorme problème de non évacuation des eaux de pluie de ma tour, et que par ailleurs dimanche dernier, comme en moyenne une fois par an, je suis tombée sur un trottoir, et je ne bouge plus, donc A+ et joyeux Noël
    Odile

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