Contrat d’apprentissage de sergier et teinturier, Aviré (49), 1764 pour Maurice Bourneuf chez Mathurin Lemanceau

(Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

Nous poursuivons les contrats d’apprentissage. Vous vous souvenez, le serger ( »sarger, sergier ») est celui qui tisse la laine.
Le contrat ci-dessous est particulier en plusieurs points :
il nous apprend que certains sergier pratiquaient la teinture de leurs draps de laines

La teinture de draps, miniature in Bartholomeus Anglicus, Des proprietez des Choses, Bruges, 1482 (Londres Royal British Library)

L’apprenti a 25 ans, et ne paiera rien. Il semble donc que l’un et l’autre y trouvent leur compte, car l’apprenti participe assez aux travaux.

Voici la retranscription de l’acte : Le 11 février 1764, devant Pierre Allard notaire royal en Anjou résidant à Louvaines, furent présents Mathurin Lemanceau serger et teinturier, demeurant aux Crusardières paroisse d’Aviré,
et Maurice Bourneuf garçon âgé d’environ 25 ans, demeurant en qualité d’apprentif en la maison dudit Lemanceau,
lesquels sont convenus du brevet d’apprentissage promesses et obligations suivantes à savoir que ledit Lemanceau prend et accepte ledit Bourneuf en qualité d’aprentif en sa maison et demeure pour le temps de 2 ans commencés de Noël dernier,
pendant lequel temps il promet et s’oblige lui montrer et enseigner à son possible sondit métier de serger et la teinture des laines et étoffes qu’il fabrique et ainsy qu’il le fait ordinairement et non plus avant, le nourrir, coucher, reblanchir et chausser ainsi qu’il appartient à aprentifs de même métier,
ce que ledit Bourneuf a accepté, promis, promet et s’oblige exécuter et travailler audit métier de serger et teinturier, pendant ledit temps, et même tirer et filer de l’étein (je n’avais pas trouvé la signification, c’est fait grâce à vous, voir ci-dessous), sans pouvoir s’absenter ni ailleurs aller travailler sans le consentement dudit Lemanceau, sous les peines qui y appartiennent,
comme aussi il promet et s’oblige d’aider ledit Lemanceau à travailler sur les terres qu’il exploite seulement dans le temps de la récolte,
le présent brevet d’aprentissage ainsi fait aux conditions et obligations cy-dessus et pour ledit temps de 2 ans commencés de Noël dernier, seulement et pour tout payement, et si les parties veulent des expéditions des présentes elles les payeront chacun à ses frais…
fait et passé au bourg de Louvaines, demeure de Jean Beaumond hôte, en présence de Marc Paigis marchand demeurant à Louvaines témoins.

Au fil de ces contrats, vous découvrez la durée de formation de chacun. Mais au fait, quelle est la durée de formation d’un chirurgien ? Elle arrive bientôt, mais vous pouvez émettre ici vos hypothèses, compte-tenu de ce que vous savez déjà des autres métiers.

Je prépare une petite histoire rarissime dans une succession, qui sent bon la chasse au trésor. Elle arrive bientôt, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

3 réponses sur “Contrat d’apprentissage de sergier et teinturier, Aviré (49), 1764 pour Maurice Bourneuf chez Mathurin Lemanceau

  1. Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
    Marie, le 9 mai : Etaim, la partie la plus fine de la laine cardée .(Larousse )
    Note d’Odile, selon (Hardouin-Fugier E. & Coll., Les Étoffes, dictionnaire historique, paru aux Editions de l’Amateur ISBN : 2-85917-418-4) : Estaim : longue laine peignée en grande carde, c’est-à-dire avec un peigne aux dents longues, fortes et pointues. Dans le nom « estaim » est souvent synonyme de chapine. Plus précisément l’estaim forme la chaîne des tapisseries. L’expression « serge à deux estaims » signifie que chaîne et trame sont en fils d’estaim. – Estain : drap estimé, sans doute une contrefaçon d’un drap fabriqué en Angleterre. – Estainfort (estanfort, esteinfort) : drap luxueux, apparu à la fin du 12e siècle sous le nom de « stanfortes ». L’étymologie populaire le croît originaire de Stanford en Angleterre. En France, il est fabriqué à Arras avant 1234, à Paris, à Saint-Denis et à Lagny, enfin à Provins et en Flandre. On le trouve encore à Cae, à Rouen, à Parthenay et à Montreuil, mais pas à Douai. Interdit aux moines et chanoines réguliers par le concile de Cognas en 1238 et par celui de Béziers en 1246. On a cru que le provenait d’étaim ; rien n’est moin sûr, mais le caractère luxueux de l’étoffe est certain ; on en trouve dans la garde-robe de Saint Louis et de Robert, comte d’Artois. L’estaimfort est démodé au 16e siècle. – Estam (estame, estamps, étaint) : drap de laine peignée, peut-être importé de Flandre, connu en Forez. A partir du 17e siècle, étoffe en mailles. – Étaim : aux 17e et 18e siècles, partie la plus fine de la laine cardée.

    Marie, le 9 mai : On utilisait autrefois pour la teinture des laines et étoffes des teintures végétales.Au Moyen Age, on utilisait seize plantes tinctoriales dans les jardins des monastères. Au XVIIe siècle,Charles Le Brun, peintre de Louis XIV,disposait d’une palette de plus de 100 couleurs extraites de plantes. Au siècle suivant, l’industrie textile utilisait 30 000 couleurs réparties dans 1000 grammes aux 36 tons.(Encyclopédie des plantes vivaces , Gallimard)

    Du Périgord à La Baule, le 9 mai : Étymol. et Hist. 1. 1160-74 estamine « tissu léger de laine ou de coton qui servait en particulier à la confection d’un vêtement porté par les moines » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, 2e part., 2009); 2. ca 1393 « étoffe peu serrée dont on se sert pour tamiser » (Ménagier, II, 136 ds T.-L.); 3. 1765 déc. « canevas utilisé en tapisserie » tapisserie d’étamine (Inventaire du château d’Amilly ds HAVARD t. 2, p. 543). Empr., par substitution de suff. (stamina), au lat. médiév. staminea (665 ds NIERM.) au sens de « chemise en laine portée par les moines » fém. subst. de l’adj. « garni de fil », dér. de stamen (gr. ), v. étaim, plutôt qu’issu de staminea avec introduction du suff. -ine (cf. BL.-W.5). Trouvé dans le dico sur Internet : atilf.atilf.fr/ –
    Note d’Odile : je viens de réponde à Marie, ci-dessus, que sur le dictionnaire des Etoffes, l’etaim était interdit aux moines, et cela m’a interpellée, alors je me suis replongée dans mon Dictionnaire des Etoffes (cité plus haut) et je trouve qu’étamine n’est pas étaim, mais voici la définition : étamine, du latin « stamen » (fil), d’où dérivent « étaim » ainsi que « tamiser ». La « staminea » et la chemise de laine des moines au Moyen âge. Tissu très populaire et très somple, d’armure toile, mentionné dès le 16e siècle.

    Marie, le 9 mai : Je trouve deux sortes de chirurgiens ? Chirurgien portant robe longue ou Chirurgien- barbier, portant robe courte .Création d’une académie de chirurgie par Louis XIV. Plus tard on trouve aussi les officiers de santé « praticiens » de second rang qui ont réussi un examen après 3 ans d’études ou 5 ans de pratique dans un hôpital ou 6 ans chez un docteur ? ( Métiers d’autrefois . Archives et Culture )
    Note d’Odile : vous allez êtes surprise de voir le contrat d’apprentissage, tel qu’il était pratiqué à Angers… c’est le moins qu’on puisse dire, à bientôt…

    Marie-Laure, le 9 mai : La ville de Stamford ( Lincolnshire) était renommée pour son tissu de laine. Laine produite localement grace aux troupeaux de moutons et filée à la maison = « cottage industry ».Au 13 ème siècle ,les marchands Italiens et Espagnols et des Flandres venaient s’approvisionner durant ses foires .La ville voisine de Lincoln était célèbre pour son Lincoln green porté par Robin des bois et ses compagnons.La 1ère teinture utilisait le pastel/guède des teinturiers.Cette plante a été cultivée dans cette région , qui géographiquement ressemble à la Hollande , jusqu’en 1938…

    Marie-Laure, le 9 mai : un autre détail , en Anglais = stamina= veut dire : vigueur , force vitale , résistance , endurance , le mot vient du Latin , pour le fil , filé par les Parques = Soeurs Filandières et leur trame…

    Marie, le 9 mai : Couleurs végétales. « Le rouge « La garance des teinturiers ( Rubia tinctoria)était la teinture la plus courante au Moyen-âge. Cueillies fanées, les fleurs orange du carthame des teinturiers ( Carthamus tinctorius)donnent un beau rouge. « Le bleu » Le pastel ( Isatis tinctoria) teignait en bleu clair les tissus précieux. On obtient une nuance indigo avec l’extrait de tiges et de feuilles de l’indigotier (Indigofera tinctoria) petit arbuste originaire de l’Inde, dont les fleurs sont rouges ! Le violet était obtenu en écrasant des mûres ( Rubus fruticosus )

    « Le jaune »Le genêt des teinturiers ( Genista tinctoria) est utilisé pour ses rameaux fleuris jaune vif.Les fleurs de la verge d’or (Solidago canadensis ) procurent une couleur similaire. On obtient un jaune orangé avec les stigmates des pistils du safran (Crocus sativus ) et un vrai orangé avec les pelures de l’oignon jaune paille des Vertus. « Le vert »Les feuilles du lierre des bois ( Hedera helix )donnent un vert assez foncé, les ombelles de l’achillée millefeuille ( Achilléa millefolium)un ton plus anisé. Les fanes des carottes donnent un coloris vert jaune, les fleurs de la scabieuse des Balkans ( Knautia macedonica ) des nuances vert bleuté. (Encyclopédie des plantes vivaces, Gallimard.) J’ai parfois cuit des oeufs durs ( pour Pâques), avec des pelures d’oignons jaunes afin de leur donner cette belle couleur orange ! – Note d’Odile : le contrat d’apprentissage ci-dessus concernait un sarger et non un teinturier, pour lequel le contrat d’apprentissage aurait été beaucoup plus long car le métier était bien plus difficile. S’il est marqué sarger-teinturier, c’est qu’il teignait le drap de laine en une unique couleur, une seule méthode, et je pense que la couleur la plus répandue était le noir (j’y reviendrai dans un billet, d’autant que les couvents étaient les premiers clients, dont Nyoiseau tout proche). Pour ce qui est des teinturiers vous avez une page depuis longtemps sur mon site, et en outre, la laine (dont il est question dans le billet de ce jour) ne se taignait pas comme les autres matières. J’ai 3 ouvrages de teinturerie datant du 18e siècle et je suis incollable sur le sujet, d’autant que je suis chimiste d’origine.

    Marie-Laure, le 9 mai : Ma mère faisait de même avec les oeufs durs à Paques , je crois qu’en tre autre elle mettait des betteraves pour teindre la coquille rouge/violet ; elle venait de Lorraine. Je crois que la couleur mauve a été créée plus récemment par produit chimique?

    Note d’Odile : OUBLIEZ CETTE DISCUSSION. IL NE S’AGISSAIT PAS D’UN TEINTURIER mais d’un SERGER TEINTURIER, qui ne faisait QU’UNE SEULE COULEUR, LE NOIR. Seuls les teinturiers faisaient la couleur http://www.odile-halbert.com/Metier/teint.htm

  2. Bonjour, mon ancêtre Samson Le Gendre était « sarger » à Bonnétable (72) après son mariage en 1701. Mais je ne comprends pas pourquoi il a vécu auparavant à La Ferté-Bernard (72) , ville oû ses homonymes étaient toiliers et non sergiers !!! De plus , durant la décennie 1690 , il a déjà une vingtaine d’années : que faisait un apprenti avant sa formation ? J’ignore le métier de ses parents , grands-parents et arrière-grands-parents , que je connais de nom , prénom et dates , mais je sais qu’il y avait quelques sergiers dans leurs villages percherons respectifs (source: ouvrage historique trouvé en Bibliothèque Universitaire de Metz ). Autres sources : Archives Départementales 72 et 61 numérisées. Quel est le niveau de vie d’un sergier à l’époque : est-il pauvre ? Merci de vos indications.

      Note d’Odile :

    Avez-vous lu entièrement les registres paroissiaux les concernant au lieu de vous contenter de vos actes individuels. En effet, souvent on a plus d’informaitons en lisant les actes ou ils sont parrains d’un tiers, et les actes concernant les collatéraux.

    Allez voir mon article qui définit ici le sergier aliès sargier
    http://www.odile-halbert.com/wordpress/?p=5576

    car il travaille la laine et son métier diffère du toilier qui est dans le lin puis le coton quand ce dernier arrivera
    Odile

  3. Minutes:Quittance donnée par Raoul Frangeon et Françoise Trouillet à René Testard »d’un cotillon de frison coulleur Zinsolin »qu’il leur devait de la succession de Jeanne Trouillet.
    (E. Notaires.4220.(Carton.)-2 pièces,papier. AD du Maine et Loire.C.Port).

    Le frison,petite frise ou étoffe de laine frisée,chaude et mollette,qui se fabrique en Angleterre.
    Zinzolin,ou Gingeolin,est une couleur violacée,tirée de la semence du sésame.
    (Google. Dictionnaire domestique .)

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