L’acquereur est René de Cevillé, famille que j’ai beaucoup étudiée.
Les vignes sont abandonnées déjà en 1610, mais il doit en rester une partie au clos du Creux qui sont encore cultivées.
J’ai ouï dire qu’avec le réchauffement climatique les vignes vont géographiquement remonter, et si cela se trouve d’ici quelques décennies ces vignes abandonnées au profit d’autres cultures, redeviendront des vignes, car dans le cas présent il s’agit bien d’une pente ensoleillée.
Le plus surprenant dans l’acte qui suit, est le peu de valeur de cette vigne en gast vendue pour une bouchée de pain !!! Sainte Harangot devait avoir de bonnes raisons de laisser filer ces anciennes vignes à un prix aussi ridiculement bas. Par contre, il est certain que René Cevillé ne fait pas une mauvaise affaire. Il demeure tout près de ces vignes et sans doute saura-t-il les remettre en l’état ?
Le 18 juin 1610 en la cour du roy notre sire endroit par devant nous Sanson Legauffre notaire juré d’icelle fut présente et personnellement establye damoiselle Saincte Harangot veuve de deffunt noble François de la Coussais sieur de Longueville demeurant en ceste ville d’Angers paroisse de st Maurille soubzmetant etc
Je vous ai souligné en rouge « François de la Coussais sieur de Longueville » afin que vous puissiez vous rendre compte des fantaisies graphiques du notaire (ou son clerc), car c’était illisible.
confesse avoir aujourd’huy vendu quicté ceddé délaissé et transporté et encores vend etc perpétuellement par hérittaige à Me René de Cevillé sieur de la Guertière demeurant audit lieu de Cevillé en la paroisse de Chastellays absent, nous notaire susdit soubzsigné stipullant et acceptant pour luy ses hoirs etc, 6 portions de terre qui aultrefoys furent en vigne et à présent en gast et du tout en friche et buyssons, sittuées au cloux du Creux près le lieu de la Ribaudière en ladite paroisse de Chastellays, lesquelles portions (f°2) soulloyent estre et dépendre du lieu et closerye de la Viventerye sittué en la paroisse de Pommerieux,
C’est totalement incroyable car Pommerieux ne touche pas Châtelais, et il y a Saint Quentin et Chérancé entre deux. Les fiefs me surprendront toujours, car leur étendue est parfois déroutante, et je n’ai pas d’autre terme. En avez-vous rencontré aussi déroutante ?
la première desquelles portions est sittuée au bas dudit cloux et abuttant la haye contenant ceste portion 9 cordes de terre ou environ, joignant des 2 costés et abuttant d’ung bout les vignes en gast dudit lieu de la Ribaudière, la seconde desdites portions estant environ le mellieu dudit cloux contenant 24 cordes de terre ou environ joignant d’ung costé la terre de maistr René Lamerye en partye et partye la terre de Franscoys Cadoz et de la chapelle de (blanc) d’aultre costé et abuttant des deux bouts la terre dudit lieu de la Ribauldière fors par ung petit endroict où l’une des portions cy après y abutte en partye, la troisiesme desdites portions estant aussy environ (f°3) le mellieu dudit cloux contenant ceste portion 5 cordes trois quarts de terre ou environ, joignant d’ung costé la terre dudit Lamerye, d’aultre costé et abuttant d’ung bout la terre dudit lieu de la Ribauldière et abuttant d’aultre bout la seconde desdites portions cy dessus et dernièrement confrontée, la quatriesme desdites portions estant au recoing dudit cloux vers soullail levant contenant une corde de terre ou environ joignant d’ung costé la terre de la veufve Louys Jegu d’aultre cousté et abuttant des deux bouts la terre dudit Lamerye, les cinq et sixiesme desdites portions estant au hault dudit cloux et abuttant d’ung bout le chemyn tendant du lieu de la Savaryaie à la Mollière contenant ensemblemant 8 cordes de terre ou environ l’une (f°4) desquelles joinct d’ung costé et abutté d’aultre bout la terre de ladicte chapelle de (blanc) d’aultre costé la terre dudit Lamerye, l’aultre et dernière desquelles deux portions joinct des 2 costés la terre dudit Lamerye et d’aultre bout la terre de ladicte chapelle de (blanc), comme lesdites 6 portions de terre cy dessus confrontées se poursuivent et comportent o touttes leurs appartenances et despendances sans aulcunne réservation ; tenues du fief et seigneurie du Challonge, et chargées des charges rentes et debvoyrs féodaulx et seigneuraulx s’il se trouve qu’elles en doibvent, que ledit achapteur payera et acquictera pour l’advenyr quitte du passé ; transportant etc et est faicte la présente vendition cession et transport pour le prix et somme de 11 livres 18 soubz 9 deniers (f°5) topurnoys à raison de 5 coubz tournoys chascune corde, quelle somme ladite venderesse l’a eue prinse et receue comptant par nos mains et des deniers dudit Cevillé en 12 quarts d’escu et monnoye revenant à ladite somme et dont etc et à ce tenir etc garantir etc dommages etc oblige etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc ; fait Angers maison de ladite venderesse présents René Erraud praticien demeurant Angers, Me René Lefebvre advocat »
ELie de la Coussaye, fils de Sainte Harangot, n’est pas cité dans l’acte et pourtant il est bien présent et sa magnifique signature tranche avec la manière pitoyable utilisée par le notaire pour écrire le nom de son père. Par contre vous constater que Saint Harangot sait certes signer, mais que son nom est moins facile à déchiffrer sur sa signature !