Le meunier de Montmartre avait des rideaux aux fenêtres : Paris 1694

Je suis une obsédée des inventaires après décès pour toutes les découvertes qu’ils permettent en pénétrant dans la vie matérielle quotidienne de nos ancêtres. J’ai sur ce blog et site de nombreux inventaires après décès.
Sur le blog vous les trouvez en cliquant sur le titre du blog MODES DE VIE, vous avez alors les 2 colonnes du blog, alors qu’en cliquant sur le titre du billet du jour vous n’avez plus la colonne de droite, mais par contre vous avez accès aux commentaires pour en glisser un et participer.
Puis sur la colonne de droite vous allez à la fenêtre CATEGORIES et vous glissez jusque vers la fin à la lettre P
POPULATION puis DECES puis INVENTAIRES APRES DECES

Mais je suis aussi une obsédée du verre, car mon premier emploi fut dans la plus grande verrerie d’Europe, au sud de la forêt de Fontainebleau, dont le sable donne du verre de qualité. Hélas l’usine n’est plus française !

Donc vous savez maintenant que je me passionne pour le verre aux fenêtres, ou plutôt pour son absence longtemps pour l’immense majorité de nos ancêtres, qui fermaient avec volets ou toile ciré.

Or, un ami me transmet un inventaire merveilleux : celui du meunier de Montmartre en 1694. Cet inventaire est plein de surprises et vous allez en entendre parler. Et donc, pour commencer, découvrez avec moi la première fois que je rencontre des rideaux pour fenêtre. Mais, est-ce que ces rideaux viennent derrière une vitre ou tout bonnement pour fermer la fenêtre sans vitre ??? je me le demande bien, car en 1694 le verre est bien loin d’occuper les fenêtres de la majorité des Français. Alors la question est ouverte. Le meunier de Montmartre a-t-il vraiement des vitres aux fenêtres en 1694 ?

Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris, 1694 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Voici le passage mentionnant les rideaux de fenêtre :

Item 3 autres draps dont 2 de toile de chanvre jaulne l’autre élimé 6 livres
Item 4 nappes, 4 rideaux de fenêtre 6 livres

9 réponses sur “Le meunier de Montmartre avait des rideaux aux fenêtres : Paris 1694

  1. Bonjour Odile, et pourquoi pas ce que nous appelons maintenant des « doubles » rideaux pour protéger du froid? Après tout un meunier peut être riche!
    Moi aussi j’ai la passion du verre, j’avais un grand oncle souffleur à Pantin, sans doute chez Legras, mais il y avait plusieurs cristalleries à Pantin à cette époque. Il m’a laissé deux trois belles pièces.
    Bonne journée.

    1. Bonjour Michèle
      Certainement pour protéger du froid, tout comme les rideaux de lit avaient cette fonction, mais c’est la première fois que je vois des rideaux de fenêtre et je n’en ai jamais vu en Anjour à ce jour du moins.
      Et, j’insiste sur la présence ou non de vitres aux fenêtres, car il n’y en avait pas souvent en Anjou.
      Odile

    1. Bonjour Michèle
      Votre article est bien mignon, comme souvent certains historiens, qui passent parfois trop leur temps sur les rois et les princes. C’est d’ailleurs le titre de l’article que vous nous invitez à lire : Les fenêtres des rois et des princes (xive-xve siècles)

      Mon expérience est industrielle et je peux vous affirmer que tant que le bois fut la seule source de chauffage des fours de verrier, le verre fut rare, car les forêts immédiatement dévastées. Un four de verrier est à température si élevée qu’on ne l’arrête jamais, et sa consommation d’énergie est telle que les frorêts n’ont pu y suffire.
      En outre, le verre ne fut longtemps que plat soufflé, donc en petites surfaces, montées en vitrail.
      Le verre plat venait d’être inventé lorsque l’inventaire que je vous mets est écrit. Donc aucune vitre plate nulle part, et Versailles profitera ensuite du progrès.

      Moi, quand je vous parle de l’absence de vitres dans l’immense majorité des habitations, je parle de ce que j’ai retranscrit et vu comme preuve de mes yeux.
      Ainsi, le plus grand collège de Nantes, (j’ai participé aux retranscriptions des délibérations municipales) n’a pas de vitres.
      Vous allez sur ma page de l’inventaire de Mortiercrolle en 1733, et vous serez sidérée. Même le château n’a plus toutes ses fenêtres vitrées, et ne parlons pas de toutes les métairies et closeries qui n’en ont pas. Cet immense inventaire est un précieux témoignage sur ce point. J’avais mis à l’époque, il y a une vingtaine d’année, plus de 3 semaines à le retranscrire, et je n’ai jamais reçu de remerciements du chatelain ! Ainsi en ait-il de mon travail !
      Je crois que vous ne réalisez pas tout à fait ce qu’a été la fenêtre fermée, tant elle est récente. Bon, peut être qu’à Paris on avait plus de moyens qu’en Anjou en campagne, mais tout de même, seules les grands bourgeois et les nobles avaient des verres aux fenêtres.
      Je maintiens, et je vous invite à lire la page de Wikipedia que je viens de découvrir et me paraît plus sérieuse, sur le plan chronologique.

      Je vais tenter de vous trouver la consommation d’énergie pour produite le verre d’une fenêtre, afin que vous compreniez bien que les forêts françaises n’auraient jamais suffit !!!
      D’ailleurs, au passage, si vous lisez tous les inventaires que j’ai retranscrit même le verre (pour boire) n’existe pas encore même chez les bourgeois, ni les bouteilles, on boit dans un gobelet de métal, et seul le verre aura plus tard l’extrême obligeance d’être neutre sur le plan du goût.
      Odile

    1. Bonjour Jérôme
      Oui, le verre était dans les Palais, mais cela donne froid dans le dos quand on pense que tous les autres n’avaient rien, car si quelqu’un a étudié les gentilshommes verriers c’est bien moi, et reliez SVP mes pages sur les verriers. Pour moi, c’était une différence sociale effrayante que de ne pas avoir de fenêtres, et je répète que j’ai dépouillé assez d’état des lieux, pour vous crier haut et fort que peu de gens en possédaient même en ville, et je vous ai bien mis hier soir mon témoignage, relevé dans les délibérations du corps de la ville de Nantes, que même le collège des bourgeois de Nantes, pourtant riches comme un tel port savait avoir des bourgeois riches, n’avait pas de vitre aux fenêtres, et relisez l’état des lieux des métairies de Mortiercrolle en 1733.
      Je regrette personnellement beaucoup que les historiens ne se soient pas penchés un peu sur cette épouventable différence sociale, car je maintiens il était impossible de fabriquer du verre pour tout le monde, et le verre était un objet de luxe extrême.
      Odile

  2. Oui, il devait toutefois y avoir un certain nombre de fenêtres avec des toiles cirées chez une certane partie de la population et des volets (ou panneaux de bois) chez les dernières. Une sacré différence en effet. C’est peut-être pour cela que l’on vivait beaucoup à l’extérieur avant le XIXe siècle

    1. oui, tout à fait, si bien qu’on vivait dans la pénombre et pour le collège de Nantes, il s’agissait de fournir des bougies pour travailler dans la journée car sans les bougies dans la journée les collégiens ne pouvaient pas lire et écrire, et c’était la mairie qui fournissait les bougies.
      Donc, non seulement cela n’était pas très chaud l’hiver, mais on vivait tout le temps comme des rats, et je précise d’autant qu’en ce moment, avec le ravalement de ma tour, je suis souvent transformée en rat, tous volets fermés, et nous n’avons plus l’habitude, surtout à ce mois de l’année.
      Odile

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