Vouillette

L’inventaire Lefrère me donne quelques termes que je n’avais pas encore dans mon lexique des inventaires.

  • Vouillette (écrite VOUYETTE dans l’inventaire, mais on s’y retrouve phonétiquement)
  • Vouillette : on dit aussi avouillette – 1 : Petit entonnoir – 2 ustensile qui sert à voider (A. Jeanneau et A. Durand, Le parler populaire en Anjou, 1987)

    Avouyette : petit entonnoir (Henri Boré, Glossaire du patois angevin, 1966)

    Avouillette : vase qui sert à avouiller la buée (Mauges) dérivé de aive, ave pour eau. (Charles Ménière, Glossaire angevin, 1880)

    Avouillette : en Anjou, petit entonnoir servant à verser le vin dans les tonneaux (Marcel Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

    Vouillette : récipient cylindrique à long manche de bois (1,20 m environ) qui sert pour la lessive, pour remplir la tonne à eau ou à purin (Lexique du patois vivant du Bas-Maine et Haut-Anjou, Cercle J. Ferry, Laval, 2001)

    En conclusion :

      le A de avouillette était parfois muet. Ce point est intéressant sur le plan de la prononciation. Ici nous sommes à Craon en 1692 et le A était muet.

      l’avouillette aliàs vouillette était un petit entonnoir muni d’un manche, et il en existe pour la lessive ou pour remplir les fûts

    En Vendée on dit OUILLETTE

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    La maison des Estres : hôtellerie et prison, Craon, inventaire après décès, 1692

    Nous avions dejà vu la maison des Estres, qui devait être fort grande. Toussaint Lefrère en était locataire comme on le voit dans ses titres ci-dessous énumérés.
    Toussaint Lefrère est un arrière arrière grand’père de Volney, que nous avons déjà étudié sur ce blog :

  • Inventaire des dettes actives et passives de la communauté de Toussaint Lefrère, Craon, 1692
  • Succession de Toussaint Lefrère entre les enfants de ses 2 lits, Craon, 1692
  • Aujourd’hui nous allons voir que Toussaint Lefrère tenait hôtellerie dans la maison des Estres, mais aussi une prison, qui n’était pas la prison ordinaire. Je pense que la prison ordinaire était la prison royale, tandis que la prison tenue par Toussaint Lefrère aurait été celle de la baronnie de Craon, puisqu’il loue cette maison au lieutenant de Craon. Cette prison pouvait loger jusqu’à 13 prisonniers à en juger par le nombre de fers aux pieds dont dispose Toussaint Lefrère.
    L’hôtellerie recevait à table dans la vaisselle d’étain (quantité impressionnante) mais avec nappes et serviettes (enfin, pour ceux sans doute qui payaient ce plus). Les 3 chambres à loger les clients sont communes, comme autrefois on dormait tous ensemble…
    Toussaint Lefrère fait partie des notables, et à ce titre on lui voit de l’argenterie, certes peu, mais tout de même, dont la fameuse tasse d’argent. Et des armes, curieusement rangées dans la cuisine, il est vrai qu’autrefois on faisait un peu de tout dans ce type de pièce. Enfin, il y avait un miroir dans la salle : le miroir était autrefois chose rare, et l’immense majorité de nos ancêtres ne se sont jamais vu dans un miroir. Ici le miroir étant dans la salle de l’hôtellerie, les gens de passage pouvaient à l’occasion se regarder.

    Les Estres aliàs les Aistres : je trouve 2 étymologies possibles :

    aistre, aitre, atrie, du latin atrium, nom masculin : 1 – Parvis de l’église, d’un palais – 2 – Terrain près d’une église ou d’un monastère jouissant du droit d’asile – 3 – cimetière entourant l’église (Larousse, Dict. de l’ancien français, Moyen-Âge, 1994)
    aistre : du latin populaire astracum emprunté au grec : âtre (idem)
    estre, estres, du latin extera, extérieur : 1 – emplacement dans un lieu ouvert comme jardin, fossé, lieu ou place en général – 2 – maison, appartement, chambre, embrasure de fenêtre (idem)
    Delestre, nom issu du latin exterus, ancien français etre, cour autour d’une maison, ancien occitan estras, galerie, balcon, escalier extérieur, donc particulatiré caractéritique de la maison. Forme pluriel : Desestre (M. T. Morlet, Dict. Etymologique des noms de famille, 1991)

    ATTENTION, TOUS LES TERMES DE L’INVENTAIRE SONT DEFINIS SUR MA PAGE INVENTAIRES APRES DECES, merci de vous y reporter pour la compréhension des termes.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1/496 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 23 mai 1692 avant midy par devant nous André Planchenault notaire de Craon y demeurant inventaire et appréciation a été fait des meubles effets tiltres et papiers restés après le décès de défuntes h. personnes Toussaint Lefrère et Jacquine Robineau à la requeste et présence d’honneste personne Guillaume Lefrère marchand hoste demeurant au Cheval Blanc au faubourg Saint Pierre dudit Craon, François, Marie et Anne Lefrère émancipés, procédant sous l’autorité de noble homme François Hervé conseiller du roy contrôleur au siège du grenier à sel dudit Craon leur curateur aux causes, et Pierre Damour marchand boulanger, mari de Françoise Lefrère et curateur aux personnes et biens de Jacquine et Jeanne Lefrère, tous lesdits Lefrère enfants et héritiers dudit Toussaint Lefrère et de ladite Robineau, fors ledit Guillaume Lefrère qui est héritier en partie dudit Lefrère son père seulement, à laquelle appréciation a esté vacqué par honorable femme Anne Hervé épouse d’honneste homme René Allard marchand et Louise Pecot veuve Jean Monnier demeurant audit Craon, desquels serment pris en tel cas requis et acoutumé ont promis de bien et fidèlement faire ladite appréciation à quoy a esté vacqué comme s’ensuit

  • En la salle de la maison des Aistres (aliès Estres) où était demeurant ledit Lefrère audit Craon (cette pièce est la salle du restaurant mais aussi le lieu de vie d’une partie de la famille Lefrère, c’est à dire que dans la même salle on mange et on dort.)
  • Un lit garni d’un charlit de bois de noyer, paillasse, couette et 2 traverslits de plume ensouillés de coutis, une mante, avec tour de lit et ses rideaux de tiretaine jaune le tout plus que mi-usé 21 L
    Un autre lit composé d’un charlit aussi de bois de noyer, une paillase, 2 couettes l’une ensouillée de coutis l’autre de toile, un traverslit et un oriller l’un de coutis l’autre de toile, un lodier de poupeau avec un traverslit de bergame 18 L
    Une paire de praisse (presse) de bois de noyer a 2 huissets fermant avec une serrure 10 L
    Une autre paire de praisse de peu de valeur aussi fermant à 2 huissets et une clef 5 L
    Un buffet avec 2 tirettes et 2 armouëres (armoires) de peu de valeur 2 L 10 S
    3 tables longues, 3 bancs, 3 bancelles avec 2 escabeaux 5 L
    Une table ronde de bois de noyer 2 L
    Un grand coffre fermant de clef de peu de valeur 1 L
    Un miroir le cadre duquel est peint en noir 1 L 10 S (le miroir est rare, et signe de notabilité)
    11 vieilles chaises fourrées de jong 1 L 10 S
    2 crochets à peser 1 L
    Le nombre de 177 livres d’étain tant plat que creux à 10 S la livre soit 88 L 10 S
    5 autres livres d’étain 2 L 10 S
    2 grands landiers avec des pommes d’érain (airain) 6 L
    2 chenets, une pelle à feu, une grille, 2 broches à rôtir, 3 garde-casse (utilisée pour garder le jus du rôti), une paire de pincettes, une cramaillère (crémaillère) à 3 branches, une autre crémaillère avec un cramaillon, un soufflet, un broquet, et un friquet 9 L
    un petit tabler avec une tirette fermant de clef 10 S
    un petit coffre couvert de cuir noir garni de clouds fermant de clef 1 L 10 S
    8 chandeliers et 3 lampes de pottin estimés ensemble avec un fallot de peu de valeur et une méchante paire de mouchettes 5 L 10 S
    une scie à trancher 1 L 10 S

  • Dans une segonde salle nommé la chambre noire
  • 3 lits composés de chacun un charlit, paillasse, couettes l’une de coutis et 2 de toiles, un traverslit et 2 orillers en chacun d’iceux, trois lodiers de filasse, 2 tours de lit de serge brune, et l’un jaune, le tout de peu de valeur 36 L
    Une huge (huche), 2 sacs, et un garde-manger 5 L
    Un petit mortier de fonte 5 S

  • Dans un petit appartement qui est derrère la cheminée de la première salle (c’est la cuisine)
  • un grand poisle chaudière, 5 chaudrons tant grand que petit, 4 poislons, 2 vieilles poelles, une cuiller à pot, un couvercle de marmite, une petite poislette, une vouyette (voir mon blog) d’erain (airain), une étouffouère 30 L
    4 marmites, 2 poisles à frire, 4 rechaux (réchauds), 3 casses savoir 2 de fer et une de cuivre 4 L
    Une grelouère, un trépied 1 L 10 S
    2 pannes, 2 seyaux, 2 tuyaux, avec 2 méchantes pannes aux cendres le tout de peu de valeur 7 L
    un pannier et un entonnoir de fer blanc avec 2 petites chenets et une crémaillère 1 L
    5 coings de fer, une hache, une pelle ferrée, 2 crocs, une fourche ferrée, un hachereau, un serceau 4 L
    ce qu’il y a de cherrée 3 L 10 S
    une paire de balance dont les bacins sont d’erain avec les poix et alliuraiges (je suis sêche) 15 S
    3 pottées de graisse de porc pesant 20 livres, les pots déduits 2 L 10 S
    un fusil, une épée avec un ceinturon, et une paire de pistollets le tout de peu de valeur 5 L (bigre, les armes sont dans la cuisine !!!)

  • Dans la chambre haulte sur ladite première salle (dans une hôtellerie autrefois on dort à plusieurs, pas de chambre individuelle !)
  • 5 lits garnis de chacun lict charlit paillasse couette un traverslit et 2 orillers, le tout de plume ensouillés de couettis, et chacun d’iceux, 4 mantes rouges et une jaune, 5 lodiers fourrés de filasse, 4 tours de lits avec pantes et rideaux, et une sousse (je suis sèche) de serge de Caen 165 L
    une paire de presse de bois de noyer fermant d’une huissette et une cerrure (serrure) 12 L
    un tabler de bois de nouyer (noyer) fermant de clef avecq un tapis de Bergame et 2 bancelles 3 L
    un coffre de cuir noir garny de clouds fermant de clef avec 2 petits supports 2 L 10 S
    2 landiers de fer avec 2 pommes d’erain 1 L
    2 cherres (chaises) de bois à bras, un fauteuil et 6 chaises de joing 2 L 10 S

  • Dans une chambre haute à côté de la première
  • 3 lits garnis de leur charlit, paillasse, couette, un traverslit et 2 orillers à chacun d’iceux, le tout de plume, ensouillés de couettis, 3 mantes, et 3 lodiers fourrés de filasse, 3 tours de lit avec des rideaux le tout verd et de plusieurs sortes d’étoffe 60 L
    une paire de chenets 15 S
    17 livres de peignon de laine et de crin à 3 sols la livre 1 L 11 S
    une vieille bancelle de peu de valeur 3 S
    Dans une chambre qui est sur la grande chambre susdite
    un lit garni d’un charlit, paillasse, une couette, un traverslit et 2 orillers, le tout de plume ensouillés de couettis, une mante beufe (sans doute rouge pour couleur sang de bœuf), un lodier fourré de fillasse, avec un tour de lit de tiretaine 30 L
    un autre petit lit garni de son charlit paillasse, couette, 2 traverlits le tout de plume ensouillés savoir la couette de couettis et lesdits traverslits de toille, avec un tour de lit de Bergame 18 L
    3 bois de couchette, 3 paillasses avec 3 tours de lit de Bergame le tout de peu de valeur 18 L
    une vieille paire de praisse fermant à 4 huissets de peu de valeur 3 L
    le nombre de 600 livres de lin broyé estimé 12 L 10 S la livre revenant à la somme de 75 L
    un habit à l’usage dudit déffunt savoir un justaucorps et une culotte, avecq un chapeau et une paire de bas 15 L
    un vieil justaucorps de tiretaine avecq 2 culottes aussi de tiretaine, et une paire de souliers, le tout de peu de valeur 4 L
    88 livres de fil de réparon écru à 3 S la livre soit 13 L 4 S
    6 livres de poupée de gros lin 1 L 16 S
    un manteau de camelot brun 9 L
    2 bouteilles de verre avec 2 douzaines de verres à boire 3 L (comme l’argenterie qui suit le verre est rare et les verres devaient être réservés aux clients aisés)
    10 cuillers et 7 fourchettes et une tasse d’argent avec une paire de boutons le tout pesant ensemble 3 marcs une once estimé 26 livres le marc revenant à 81 L 5 S (il s’agit de l’argenterie. Les boutons étaient autrefois en métal – avant le plastique et la nacre – et dans le même genre on avait aussi des boucles de soulier)
    un rond à dresser du linge (c’est l’ancêtre du repassage, voir mon site) avec sa selle 3 L
    une seille et une cuvette servant à laver les verres, le cable du puits et la clanche 1 L
    13 paires de fers pour mettre aux pieds des prisonniers 13 L
    un charnier de terre avec son couvercle de environ 3 quartiers de lard qui est dedans et ce qu’il y a de reste de fumé 10 L
    4 douzaines de serviettes de brin et une douzaine d’autres serviettes de lin 35 L
    10 douzaines de serviettes de reparon mi-usées 20 L
    3 douzaines d’autres serviettes de brin mi-usées 9 L
    9 petites nappes tant bonnes que mauvaises plus que mi-usées 2 L 15 S
    2 douzaines d’autres nappes d’environ une aulne et demie plus que mi-usées 12 L
    10 essuie-mains 1 L
    une paire de pantouffles de chapeau 6 S
    13 draps de lit neuf de toile de brin de 8 aulnes et demie le couple 39 L
    18 aultres draps de lit de toile de brin mi-usés de 7 aulnes et demie le couple 31 L 10 S
    26 aultres draps de toile de brin plus que mi-usées de 7 aulnes et demie le couple 35 L
    45 draps de toile de réparon plus que mi-usées de 6 aulnes le couple y compris deux qui ont servy à un matelas 33 L 10 S
    18 souilles de toile de brin presque neufves 10 L
    2 douzaines d’autres souilles d’orillers plus que mi-usées 6 L
    14 chemises à usage d’homme 15 L
    2 canneçons (eh oui ! es caleçons), 5 cravattes avecq 2 tours de col et 10 collets 1 L 10 S
    une paire de gants de mouton 5 S

  • Ici il manque le nom d’une pièce car ce qui suit ne peut pas être dans la chambre du 2e étage
  • 38 futs de pippes 38 L
    2 méchantes mües à volailles et un méchant ? 10 S
    3 pippes de vin blanc et un quart, une desquelles a esté acheptée du sieur de Lantiviy laquelle a cousté 39 L estimées ensemble 145 L (sous-total 355 L 5 S)

  • Dans la chambre du Conseil (le nom vient sans doute d’un usage antérieur de la maison pour un officier de la baronnie ?
  • une méchante table avec 2 bancelles 1 L
    un lit appelé le lit de camp, avec celuy du vallet 8 L

  • En la chambre de prison
  • 6 bois de couchette avecq leur garniture et une méchante table 15 L
    37 boisseaux de bled seigle mesure de Craon à 20 S le boisseau 37 L
    Un cheval noir avec son équipage 60 L
    La somme de 107 L 10 S qui s’est trouvée en espèces, savoir un double Louis d’or, et le restant en Louis d’argent et autres monnayes 107 L 10 S
    une pippe de cidre estimée 8 L
    à l’estimation de 4 chartées de foing 32 L
    Item les bestiaux qui sont sur le lieu et métairie des Gentais paroisse de Congrier dépendant de ladite succession estimés à 305 L suivant l’acte de prisée fait entre ledit Lefrère et Jean Galisson le métayer audit lieu, et Marguerite Cherubin sa femme, devant Me Antoine Desmigneaux notaire de Pouancé le 24 avril 1686
    2 poches et 3 encheriers le tout de peu de valeur 1 L
    3 poulains servant à encaver le vin 1 L 10 S (sous-total 576 L)

  • S’ensuivent les tiltres et papiers
  • Une copie de testament du défunt Toussaint Lefrère reçu de nous notaire le 3 octobre 1690 paraphé et coté 1a

    Item copie du contrat de mariage dudit défunt Lefrère avec Renée Millet sa seconde femme, avec l’inventaire des maubles de la communauté qui estait entre luy et défunte Marthe Chauvigné sa première femme rapporté par Me Jacques Guillet vivant notaire le 5 mai 1660 paraphé et coté 2b

    Item copie du contrat de mariage de Guillaume Lefrère avec Catherine Raye sa femme reçu devant Me Jacques Gastineau notaire royal le 10 décembre 1681 au pied de laquelle est une notre escripte dudit Gastineau de l’acquit qui est au pied de la minute tant de la somme de 300 L qu’autres meubles y reférés en date du 22 novembre 1686 paraphé et coté 2b

    Item la copie d’une transaction faite entre le défunt Lefrère et François Robineau par laquelle appert que ledit Robineau est redevable aux mineurs de la somme de 130 livres reçue de nous notaire le 14 juin 1687 à laquelle transaction est attachée copie en forme de la sentence d’ordre rendue avec les créanciers de ladite Louise Picot devant monsieur le juge de la prévôsté d’Angers le 31 janvier 1689 paraphée et cotée 3d

    Item autre transaction entre lesdits Lefrère et Robineau par laquelle ils ont réglé ensemble pour les 130 L mentionnées par celle cy-dessus, à la jouissance de 4 années de la moitié d’une maison sise au haut du faubourg St Pierre et dépendant d’icelle, reçue de nous notaire le 12e jour de may 1692 paraphée et cotée 4e

    Item la copie de l’acte de prisée des bestiaux du lieu et métairie des Gantais paroisse de Congrier dépendant de ladite succession rapportée par Me Antoine Des Vigneaux notaire de Pouancé le 24 avril 1686 paraphée et cotée 5f

    Et au regard du contrat d’acquet dudit lieu des Gentais et autres pièces qui en concernent la possession ont été envoyés Angers au sieur Cadoz pour défendre au procès qui est soubz droit devant messieurs du présidial contre le nommé Labarre appelant d’une sentence rendue par le Sr baillif de Pouancé.

    Item copie d’un acte en forme de cession faite par Jean Gisteau de la Marinière de la somme de 110 L à prendre et se faire payer de Pierre Chevallier potier d’étain lors demeurant audit Craon rapporté par Me Simphorien Dubié notaire de cette cour le 1er mars 1673, avec copie d’autre acte par lequel appert que ledit Gisteau avait acquis la rente de 8 L due par ledit Chevallier de Nicolas Pottier et Jeanne Beulfin qui sert à garantir ladite somme reçue de Me Claude Chevalier notaire de cette cour le dernier jour de may 1672, avec eploit d’assignation donné audit Gisteau par Goullier sergent le 16 décembre 1676 pour garantir ladite cession le tout attaché ensemble, à présent caduc, paraphé et coté 6g
    Une grosse de sentence rendue au siège ordinaire de Craon le 28 janvier 1687 au profit dudit Lefrère contre François Monnier sur lequel était saisy Louis Lemanceau et François Paillard entre les mains desquels étoit saisy paraphé et coté 7h

    Item grosse du contrat d’acquet d’un pré sis proche le bourg St Clément, fait par défunte Jeanne Robineau veuve Simon Marsolier audit Lefrère devant Me Armand Renond notaire le 20 janvier 1686 avec autre grosse de contrat fait par Jean Jegu et Françoise Lepage veuve Jacques Hervé audit défunt Simon Marsollier de la moitié dudit pré reçu de Dolbeau notaire le 2 septembre 1667 paraphé et coté 8j

    Item grosse d’arrest émanée de nos seigneurs de la cour des Aydes de Paris le 10 may 1684 portant défense à peine de 500 L d’amende de mettre à exécution contre ledit Lefrère la sentence rendue par les officiers du grenier à sel de la Gravelle le 12 mars audit an 1684 paraphé et coté 9l

    Item 3 pièces en parchemin attachées ensemble qui sont l’une une sentence rendue au siège du grenier à sel de Craon le 10 mars 1676 par laquelle ledit Lefrère fut condemné payer à Me François Legendre cy-devant adjudicateur des gabelles de France ladite somme de 478 L d’une part et 270 L 15 S par autre, en l’acquit de Pointeau Guyonnais et par la même sentence les enfants dudit Pointeau sont condamnés l’en acquitter, et l’autre une sentence pareillement rendue par lesdits sieur officiers le 18 juin 1680 portant condamnation contre lesdits les Pointeau avec exploit de saisie faite sur ledit Pointeau entre les mains de François Heguzard et René Suzanne demeurant à Craon de sommes qu’ils pouvaient devoir audit Pointeau par Remond huissier le 31 octobre 1691 le tout paraphé et coté 10m

    Item une grosse de sentence rendue au profit dudit défunt Lefrère par messieurs les officiers dudit grenier à sel contre Pasqual Gosneau sergent demeurant à Laigné le 30 septembre 1676 par laquelle ledit Gasneau est condamné payer audit Lefrère la somme de 37 L 3 S et aux dépends paraphé et cotée 11m

    Item une promesse de la somme de 68 L conçue au profit dudit Lefrère par François Cointet sergent datée du 31 décembre 1686 sur laquelle reste à payer la somme de 48 L paraphée et cotée 12o

    Une autre promesse de la somme de 40 S conçue au profit dudit Lefrère par Me René Nepveau notaire au bourg de Laigné datée du 6 décembre 1686 paraphée et cotée 13p

    Item copie d’acte en forme de transaction portant obligation de la somme de 60 L due à ladite succession par René Rousseau laboureur et Jeanne Landais sa femme demeurant au village des Vergers paroisse de Ballots, au rapport de Me Thomas Huault notaire de cette cour le 4 mai 1691 sur laquelle il y a un reçu de 18 L 5 S paraphée et cotée 14q

    et la basse heure étant arrivée nous avons remis la continuation du
    présent inventaire à demain samedy 24 dudit mois en la susdite maison 10 heures du matin, auquel lieu jour et heure les parties de leur consentement emportant intimaiton, fait ce que devant en ladite maison présents Pierre Dougère tailleur d’habits et Luc Elent le Jeune cordonnier demeurant audit Craon tesmoins lesdits establis fors les soubsignés ont dit ne scavoir signer de ce enquis. Signé : F. Hervé, M. Lefrère, Anne Lefrère, G. Lefrère, François Lefrère, Doyere, Louise Pecot, Anne Hervé, Luc Clement, Planchenault

    Et ledit jour 24 may 1692 avant midy par devant nous notaire susdit ont compary en leurs personnes lesdits Guillaume Lefrère, François, Marie et Anne Lefrère, procédant sous l’autorité dudit sieur Hervé leur curateur aux causes et ledit Pierre Damour en la qualité qu’il procède lesquels nous ont requis procéder à la continuation de l’inventaire du restant desdits titres et papiers, à quoy nous avons vacqué comme s’ensuit.
    Item une promesse donnée audit Lefrère par noble et discret Me Fouillet prêtre de la paroisse de Livré de la somme de 25 L en l’acquit de Durand datée du 11 avril dernier paraphée et cotée 15r

    Autre promesse du sieur Portier huissier à Chasteau-Gontier de la somme de 40 L datée du 24 juillet 1691 au pied de laquelle est un reçu de la somme de 20 L à déduire, paraphée et cotée 16s

    Autre promesse du nommé Tardif de la somme de 62 S datée du 9 octobre 1691 au pied de laquelle est reçu de 14 S paraphée et cotée 17t

    Autre promesse de Jacques Rabory de la somme de 4 L datée du 22 mars 1688 paraphée et cotée 18v

    Autre promesse du sieur Poisson de la somme de 11 L datée du 7 août 1690 avec reçu au pied paraphée et cotée 18x

    Autre promesse dudit Poisson de la somme de 31 S 6 D datée du 8 septembre 1690 paraphée et cotée 20y

    Autre promesse de Mathurin Pointeau de la somme de 8 L datée du 12 juin 1680 paraphée et cotée 21z

    Autre promesse du Sr Nepveu notaire à Laigné de 30 S datée du 22 octobre 1686 paraphée et cotée 22etc

    Autre promesse de la somme de 50 S sur chacun de René Cleritrie à Cherancé daté du 14 novembre 1690 plus doit par autre part 36 S 8 D paraphée et cotée CLD

    Autre promesse de la somme de 4 L 12 S sur Mathurin Nupied datée du 16 mars dernier paraphée et cotée BB

    Autre promesse en forme de récépissé du sieur Deschamps huissier à Château-Gontier portant reconnaissance de plusieurs pièces à luy mise en main par ledit Lefrère pour mettre exécution datée du 23 juin 1691 paraphée et cotée CC

    Item la minute d’une obligation au profit dudit Lefrère sur Jean Vahays tissier et Perrine Riffault sa femme, de la somme de 8 L rapportée par Jean Guyon notaire le 2 novembre 1683 paraphée et cotée CC

    Autre minute d’obligation de la somme de 5 L 6 S sur Jacques Delanoë royer rapportée par Me René Gendry notaire du 18 octobre 1691 paraphée et cotée ff

    Autre minute d’obligation de la somme de 8 L sur messire Charles de Cadelac demeurant aux Barres en St Aignan reçue à Me René Genry notaire le 17 octobre 1689 paraphée et cotée sur laquelle recue 60 S GG

    Autre minute d’obligation de la somme de 5 L 6 S sur René Boisnée datée du 4 avril 1691 paraphée et cotée HH

    Autre obligation de la somme de 4 L 4 S 1 D sur Mathurin Lemasson reçue de Me Thomas Huault notaire le 2 avril 1692 paraphée et cotée JJ

    Autre obligation de la somme de 12 L sur Jacques Buffé rapportée par Me Armand Remond notaire le 16 mars 1692 paraphée et cotée LL

    Autre obligation de la somme de 66 S 8 D sur René Malnault métayer rapportée par ledit Gendry le 6 août 1691 paraphée et cotée MM

    Autre obligation de la somme de 77 S 7 D sur Jean Foucault tixier reçue dudit Gendry notaire le 7 février 1689 paraphée et cotée NN

    Autre obligation de la somme de 41 L sur Pierre Boucault notaire rapportée par ledit Remond notaire le 6 avril 1684 paraphée et cotée OO
    Item grosse du contrat d’acquêt fait à défunt Simon Marsollier mary de Jeanne Robineau par Yves Didier et Jeanne Daguin sa femme de 2/3 d’une maison sise proche la porte St Pierre dudit Craon proche la prison ordinaire, reçue de Me Philippe Dolbeau le 23 juillet 1668 paraphée et cotée PP

    Copie de contrat d’acquet fait par Marie Peltier veuve de Charles Cretien audit Simon Marsollier dudit tiers d’une maison sise proche la porte St Pierre dudit Craon sus mentionnée, rapportée par Me Ragot et Symphorien Guesdon notaires royaux à Angers le 26 juillet 1668 paraphée et cotée QQ

    Item copie de contrat de rente foncière fait par Jeanne Leroyer veuve Marin Robineau à Symon Marsollier et Jeanne Robineau sa femme d’une maison sise au hault du faubourg St Pierre paroisse de St Clément et ce qui en dépend pour la somme de 32 L reçu de Me Pierre Mocquereau notaire le 29 mars 1669 paraphé et coté SS

    Item 13 pièces en papier attachées ensemble comme copie et sentences, appointements, requestes, inventaire et production et autres pièces et procédures d’un procès qui était entre ladite Jeanne Robineau et François Gaultier paraphées et cotées sur la première et la dernire SS

    Copie d’une déclaration rendue par ladite défunte Jeanne Robineau aux officiers de la baronnie de Craon d’une maison sise proche la porte St Pierre de Craon en date du 9 janvier 1670 signée Vahaye procureur fiscal paraphée et cotée TT

    Copie d’acte fait entre ladite Jeanne Robineau et les héritiers de défunt Simon Marsollier son mary portant accomodement avec eux pour la succession dudit Marsollier rapportée par Me Jacques Gastineau notaire royal le 10 décembre 1669 paraphée et cotée VV

    Item 3 liasses de quittance du payement des droits d’aide paraphées et cotée sur le premier et le dernier XX

    Item 6 petites liasses d’autres quittancs comme pour frais rentes et autres paraphées et cotées sur la première et la derniere YY

    Item 6 liasses de papiers que nous avons jugés inutiles paraphées et cotées sur les premières et dernières pièces desdites liasses ZZ

    Item une autre promesse de la somme de 17 L sur Michel Cadot datée du 21 décembre 1692 paraphée et cotée ZZk

    Item nous a été représenté par ladite Marie Lefrère un journal sur lequel nous avons trouvé une promesse du sieur Gilles Guerin de la somme de 30 L sur laquelle somme a esté payé celle de 15 L datée du 15 décembre 1690 15 L

    Item sur ledit journal un article en forme de compte fait avec le sieur Guerin et les sieurs Besnard et Bretonnière Pointeau par lequel appert qu’ils doivent la somme de 7 L 17 S datée du 27 mars 1691 et ensuite est écrit 2 autres articles de fournissement fait, montant avec une pièce de vin y mentionnée la somme de 11 L 10 S 9 D daté du 28 mars et 16 may 1691 19 L 7 S 9 D

    Item un autre article par lequel appert qu’il est dû à ladite succession par Guillaume Geslin de Cherancé la somme de 4 L 6 S 8 D

    Item un autre article par lequel appert qu’il est dû par René Nepveu marchand tanneur demeurant au hault du faubourg St Pierre la somme de 55 S

  • S’ensuivent les debtes passives
  • à monsieur le lieutenant de Craon pour arrérage de ferme de la maison où est décédé ledit défunt Lefrère la somme de 141 L
    à Guillaume Lefrère 154 L pour son inventaire des meubles de la communauté qui avait été antre son père et Marthe Chauvigné sa mère 144 L
    à monsieur de la Gravelle pour fournissement de vin la somme 563 L 13 S
    à monsieur de Lantivy de la Chartenaye pour fournissement d’une pippe de vin 58 L
    à la dame de Bourgon pour arrérage de ferme du lieu de la Bigaudière 150 L
    à la dame Bastié 32 L 15 S
    à Renée Rousseau servante domestique 482 L
    au sieur de Launay Boucault pour rente de la Bigaudière 8 L
    à Christofle Decolle marchand cy-devant serviteur en ladite maison la somme de 182 L

    à monsieur le prieur de Livré pour arrérage de rente de la Bigaudière 30 L
    aux commis des Aydes pour 2 tiers des droits d’ayde 118 L 16 S
    au sieur du Chesne pour le sol pour pot 10 L

    au Sr Chaudet apothicaire pour remèdes fournis audit Lefrère 40 L
    Pour exécution du testament dudit défunt Toussaint Lefrère 120 L 4 S
    Plus la somme de 147 L 9 S 9 D mentionnée dans un mémoire contenant 23 articles lequel de nous notaire paraphé demeure attaché à la présente, faisant avec les debtes passives cy-articulées la somme de 2 217 L 17 S 9 D à quoy montent les debtes passives

    Tous lesquels meubles tiltres et papiers et argent ont esté du consentement desdites parties relaissées en ladite maison en la possession de Marie Lefrère, laquelle sous l’autorisation du sieur Hervé son curateur aux causes s’en est chargée pour les représenter quand besoin sera, et calcul fait du prix desdits meubles s’est trouvé monter et revenir à la somme de 1 836 L 19 S sauf erreur, calcul fait y compris le prix des bestiaux du lieu du Gentais

    Fait et arresté ce présent inventaire en ladite maison des Aistres en présence et du consentment desdits susdits présents Pierre Douyire tailleur d’habits, et René Boquais Me menuisier demeurant à Craon, tesmoins, lesdites parties fors les soussignés ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. Signé : M. Lefrère, Anne Lefrère, F. Hervé sans préjudice des droits, François Lefrère, J. Lefrère, B. Boguais, Doyerre, A. Planchenault

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    Partages de meubles, Angers, 1583

    Je descends d’une Marguerite DU MOULINET, que voici, mariée en 1515 du côté de Château-Gontier :

      Pierre DAVY Sr de la Souvetterie & du Grand Souchay † après le 5 juin 1569 car présent au Ct de mariage de Louise sa fille – Que l’on suppose fils de Jean DAVY Sr du Grand Souchais Fils de Jean Davy Sr du Grand Souchay, vivant à Chambellay an 1430, originaire du Maine x /1480 Catherine CHALUS [de Chalus selon Mayaud] x /1515 Marguerite DU MOULINET † après le 5 juin 1569 car présente au Ct de mariage de Louise sa fille

    Je relève soigneusement tout ce qui a trait à ce patronyme, pas si rare, mais à cette date, difficile à appréhender. Voir mes notes DAVY et DU MOULINET
    Ainsi, j’ai déjà sa présence au contrat de mariage de sa fille Louise en 1569. Ici, l’acte est plus tardif, 1583, mais qui sait, ils sont sans doute issus du même tronc commun.

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription de l’acte : Le samedi 23 mars 1583, par devant nous Denis Fauveau notaire royal et de monseigneur duc d’Anjou à Angers ont esté présents personnellement establis chacuns de
    vénérable et discret frère Ambroyse Courtin religieux en l’abbaye saint Nicolas les Angers et y demeurant d’une part,
    et damoiselle Suzanne du Moulinet,
    Renée du Moulinet,
    vénérable et discret Me Jehan du Moulinet curé de Montguillon (qui ne figure pas dans Célestin Port à l’article Montguillon),
    et Ysabeau du Moulinet femme d’honorable homme Me Jacques Courtin licencié ès loix advocat demeurant audit Angers,
    demeurant scavoir ladite Suzanne à Château-Gontier, ladite Renée au château du Loyr et ledit Me Jehan du Moulinet et Ysabeau en ceste ville d’Angers lesquels duement soumis seul et sous ladite cour ont fait et par ces présentes font par entreux les donations de meubles, accords, pactions et permutations en la forme et manière qui s’ensuit c’est à scavoir que ledit frère Ambroise Courtin comme donataire de defunte damoiselle Jehanne Lavocat vivante dame de la … de la tierce partie par indivis des meubles estant en la maison en laquelle décéda ladite dessus dite, a confessé avoir dès ce jour … transporté en nostre pésence scavoir est

      ung lict bastard à quenoilles carrées, (je ne sais pas ce qu’est le lit batard !)
      une couette et traverslit,
      une paillasse,
      6 draps de grand lit de toile commune,
      une table de bois de noyer assise sur un traiteau,
      et une autre petite table aussi de bois de noyer qui se plie et ferme,

    dont il s’est contenté et quicte ledit du Moulinet, (ceci n’est que la tierce partie des meubles et manifestement d’une personne âgée ayant auparavant déjà partagé. Cela est beau car le noyer est signe d’aisance, sinon c’est le chêne)
    qui pourraient valloir lesdits meubles pour ladite tierce partie dudit Me Jacques Courtin, tant pour luy que pour lesdits du Moulinet a présentement quicté et quicte ledit frère Ambroise Courtin son frère de la somme de 55 livres … dus par frère Ambroise comme appert par obligation par nous passée et recue le 30 janvier 1572 qui demeure nulle et révolue, attachée avec ces présenes avec quittance dudit Me Jacques Courtin au dos d’icelle, et en nostre présence et des tesmoins cy-après nommés, laquelle quittance avec la présente ne vauldrait que pour une quittance, lesdits du Moulinet ont promis rendre audit Courtin religieux lesdits meubles cy-dessus en sa maison en ladite abbaye saint Nicolas à leurs despends … stipulé et accepté par chacune desdites parties dont elles sont demeurées d’accord par devant nous, obligent lesdites parties respectivement etc renonçant foy jugement et condamnation etc
    fait audit Angers après midy maison de ladite défunte en présence de nobble homme Claude Bouju Sr de la Chapelle et Me Jacques Rabineau escolier en l’université d’Angers et y demeurant tesmoins, et ont déclaré lesdites Renée etYsabeau ne savoir signer.
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    La balle d’avoine, pour dormir dessus, et la catalogne pour se couvrir au lit

    Nous avions vu à 2 reprises des éléments concernant le lit : le fabricant de matelas, et le prix du lit selon les classes sociales. Mais la plupart du temps en Anjou, le lit est estimé garni et non au détail de chaque élément. Grâce à nos voisins du Maine, qui ont souvent le détail des prix, on sait que les éléments de la garniture sont en fait plus onéreux que le bois de lit lui-même.

    Voici un exemple, qui nous est communiqué par Elisabeth Vaillen, de Laval : Inventaire Pivert, 1700 (Archives de la Mayenne, série 3E)
    Attention, vous passez dans la retranscription de l’acte, donc en orthographe telle que dans l’acte.

      Une catolene de sarges sufil blanche estimée 6 L
      Une couette de lit aveq 2 petis oriliers et un traverslit le tout garnis de plume couvert de couesty fors un des oriliers qui n’est couvert que de toile pezant ensemble 40 livres pois de laize once estimé la livre à 15 s qui fait 35 L
      Une couette de balle aveq un orillier ausy de balle 1 L
      Une petite couette de balle et un orillier estimés ensemble à 1 L 10 s

    Je passe à mes commentaires, dans mon orthographe actuelle. Si je précise ce point, c’est que je ne compte pas les emails quotidiens pour me dire d’un ton péremptoire : Madame sachez que tel lieu, tel patronyme, tel terme s’écrit ainsi. Mon site est entièrement fait de retranscriptions qui sont au contraire pures racines des termes.

    La catolene se comprend mieux phonétiquement, car autrefois les accents régionaux altéraient beaucoup les termes, donnant lieu à de très jolies et très diverses variantes. Ainsi les syllabes a e et o étaient souvent mélangées.
    Si on regarde bien la phrase, on sait qu’elle est en serge, et vous savez maintenant que le  »sarger » aliàs  »sargier » travaille la laine. Maintenant, si vous étudiez phonétiquement catolene, vous obtenez la catelogne ou catalogne : couverture de laine, sans doute appelée ainsi à cause de son origine. On écrit aussi chatalongue, castellongne, et à Avranches au 18e siècle on trouve castalloine (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997). Je ne compte plus les variantes orthographiques que j’ai rencontrées, toujours est-il qu’elle est le plus souvent présente.
    Donc, notre catolene est la couverture de laine sur fil. Je crois savoir que de nos jours nous avons la couverture toute laine (ou alpaga, ou cachemir ou autre), de coton, et enfin plus récemment de polaire. On peut regarder la catolene comme leur ancêtre, si je peux m’exprimer ainsi.

    Les lignes suivantes sont fort intéressantes, car on a dans les trois cas le terme couette mais l’une garnie de plume les deux autres de balle. Celle de plume est l’élément le plus coûteux. Et, comme la plume est légère, gageons qu’elle est dessus, et sert donc de couverture. C’est d’ailleurs ce que va nous démontrer la présence des autres couettes.

    Les deux dernières couettes sont dites de balle. Le terme balle a tant de sens, que celui qui nous concerne disparaît dans une multitude d’explications. Je connais son sens, entre autre parce que j’ai travaillé durant 2 ans dans l’un des plus grands moulins d’Europe sur le Rhin à Cologne. Cet immense moulin, sur 12 niveaux, est un souvenir merveilleux pour moi, car comme souvent en Allemagne on se déplaçait par Pater Noster, c’est à dire espèce d’ascenceur sans porte et qui ne s’arrête pas. Mais celui du moulin était aussi sans cloisons, et en demi-cercle. Fabuleux, tout bonnement fabuleux… Enfin, pas la première fois, car j’ai eu tout bonnement la trouille : pour une Française le Pater noster est toujours une découverte, mais celui-ci était une très impressionnante découverte, on voyait le vide des 12 étages en regardant par terre. En tant qu’employée chimiste au labo, au 12e étage, vue imprenable sur le Rhin et Cologne, je devais faire mes prélèvements quotidiens moi-même, avec le Pater Noster.

    Donc la balle est un sous-produit des moulins, c’est l’enveloppe du grain. La couette de balle est une sorte de poche de toile remplie de balle. La balle donne son nom aux couettes remplies de balle, aussi voici en Anjou ce que donnent les dictionnaires :

    Ballière : couette de balle d’avoine (Charles Ménière, Glossaire angevin, 1880)
    Baline : large poche remplie de balles d’avoine pour le lit (Henri Boré, Glossaire du patois angevin, 1988)
    Ballin : petite paillasse bourrée de balle d’avoine et de guinche pour un berceau cf. ballo, pissou (Cerle J. Ferry, Laval, Lexique du patois vivant, 2001).
    Ballée : en Anjou, matelas rembourré avec des balles d’avoine. On dit aussi balline, ballière (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

    Vous avez vu au passage le pissou, terme parlant. En effet, pour les enfants, on remplaçait aussitôt la balle d’avoine.
    La couette de balle est donc ce qui est dessous, et qui sera progressivement remplacée par le matelas de laine, puis de mousse, de ressorts…. Et bien entendu il s’agit le plus souvent de balle d’avoine, d’où le titre de mon billet. Elle a disparu avec la disparition du monde rural et l’urbanisation, et l’invention de la mousse de synthèse etc…, mais beaucoup s’en souviennent encore…, l’utilisent encore…
    Pour les autres termes, vous êtes grands, et au cas où vous souhaiteriez des définitions, voyez mon lexique des inventaires en Haut-Anjou.
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    Inventaire après décès d’un marchand vinaigrier à Laval, 1710, suite et fin

    Cet article est la suite des jours précédents.

    En 1958, alors étudiante en chimie, j’ai eu le privilège de visiter l’usine Cointreau, pur moment de régal du nez et des yeux, en particulier la salle des alambics de cuivre, impressionnante par ces faïences bleutées au mur et au sol, qui tranchaient sur le cuivre brillant, la dimension même de tous ces alambics, et enfin l’odeur … qu’on ne peut oublier tant c’est merveilleux.
    Avec ce billet, qui fait suite aux 3 précédents nous terminons l’étude d’une vinaigrerie commencée il y a 3 jours avec le contrat d’apprentissage, l’achat d’un alambic, et l’inventaire des marchandises. Aujourd’hui, nous analysons les dettes actives (ce qui leur est dû) et passives (ce qu’ils doivent). Ces dettes reflètent toujours les mouvements de marchandises, donc l’activité de l’artisan ou du boutiquier :

    Archives Départementales de la Mayenne 3E30-44
    Debtes actives : Premier ont déclaré lesdits Lebreton et Corvaisier qu’il est debu à ladite communauté les sommes cy après savoir :

  • Par le Sr Leroyer de Suron 1 L 15 s
  • Par le Sr Ricoul marchand au bourg de Sacé, reste à payer sur une barrique d’eau de vie 70 L (nul doute que ce Ricoul est hôte et vend au détail, et au passage, on peut constater qu’une hôtellerie débite aussi l’eau de vie, à l’époque réceptionnée en barriques, puisque la bouteille de verre viendra plus tard)
  • Par la dame Huet de la Bazouge des Alleuz 4 L 4 s
  • Par le Sr Bourgonnière Gougeon 4 L 10 s
  • Par le Sr Maignen d’Argentré 1 L 7 s 6 d
  • Par le Sr Levesque de St Jean sur Maine 3 L 12 s
  • Par les pères Capucins de Laval 7 L 14 s
  • Par la nommée Cribier de St Pierre 16 s
  • Par le Sr Landais 9 L 19 s
  • Par le Sr Mézière de Suron 2 L 2 s

  • Touttes les susdites sommes deües pour eaües de vies vendües et livrées aux desusdits.

      Eh oui ! Même les pères Capucins achetaient de l’eau de vie ! et en fait de vinaigrerie, les clients doivent de l’eau de vie non encore payée… Notre vinaigrier avec droit de distiller, est donc manifestement plus distillateur que vinaigrier. Et vous avez bien vue que sont des eaues de vies, et non des eaux de vie, qui est écrit. Il est vrai qu’en buvant beaucoup de ce breuvage, on a surement plusieurs vies, à moins que ce ne soit un pluriel intempestif de mot composé, toujours délicat dans la langue française !.


    La rue du Pont de Mayenne (ci-dessous en 1905) devait sentir bon autrefois, parfumée de la distillation du cidre !

    Dettes passives : lesdits Lebreton et Corvaisier ont déclaré qu’il est deub par ladite communaulté

  • une demye année escheüe le premier jour du mois de may dernier de la ferme de la maison où ils sont demeurants 36 L
  • la deffunte veuve Lemercier qui demeuroit au bourg de Connerré auroit donné en garde ou depost audit deffunt Lablée la somme de 100 L dont il luy auroit donné son billet et que ladite somme est encore deüe à ses enfants et héritiers 100 L
  • au sieur Anceney de la Teste Noire pour une pippe de vinaigre 30 L (Maxime Anceney est hôte de la Tête Noire, et cette fourniture de vinaigre par l’hôte au vinaigrier est tout à fait surprenante. Maxime aurait-il fait lui même le vinaigre dans sa cave ? Il avait une grosse hôtellerie et un très fort débit de boissons, sur lequel nous reviendrons.)
  • au sieur Pinard marchand de vin pour une busse de vin 30 L (le vin et le cidre sont des productions locales, tout au plus venant du Haut-Anjou ou d’Angers – autrefois la vigne remontait très haut en France, même si le vin n’y était pas fameux – et comme le vin et le cidre étaient conservés en barriques, ils vieillissaient mal, et le vinaigrier se fournissait donc localement des ces produits abîmés)
  • au Sr Rozière marchand pour reste de vin et cildre 22 L
  • au Sr de la Grenotière aussi marchand pour vin qu’il leur a vendu 35 L
  • au Sr Gougeon de Bazougers pour marchandise de cildre 390 L
  • aux collecteurs de ladite paroisse St Vénérand de la présente année, deub de reste sur la taille 2 L 10 s (cela n’a pas changé depuis, lors d’une succession, on a toujours les impôts en cours à régler)
  • les taxes de la capitation et ustancilles de ladite présente année sont encore deües mais ne savoir à quoy elles se montent, les roolles n’estant pas encore faits ny arrester
  • est deub au Sr receveur du grenier à sel de ceste ville pour un quart de minot de sel levé audit grenier 13 L 18 s
  • à Jean Lafontaine pour étoffes de sa boutique 30 L (dépenses pour le ménage et non la boutique)
  • à Renault Ravary leur garçon pour métives 6 L (dur dur à l’époque pour les domestiques comme ce Renault, qui n’étaient pas payés au mois, et on voit qu’il n’a toujours pas touché ses gages)
  • au Sr Ouvrard Boisardière pour 2 pippes de cildre 37 L
  • au bureau des Aydes de ceste ville pour droicts d’Aydes et autres à cause de leur débit d’eau de vie 24 L (impôt sur lequel nous reviendrons)
  • au sieur Leseyeux pour le restant du prix de 3 barriques d’eau de vie qu’il a vendues et livrées à ladite Corvaisier depuis la mort de son défunt mary et desquelles il y en a encore une cy-devant inventoriée 390 L (la veuve, vite remariée comme c’était souvent le cas à l’époque, a dû faire tourner la boutique, et manifestement s’est approvisionnée chez un confrère qui l’a dépannée. Ce qui signifie aussi que les barriques d’eau de vie ne faisaient pas de vieux os en magasin, et que la vente tournait bien, signe d’une certaine consommation)
  • et encore pour une voiture de vinaigre qu’il a payée pour elle 6 L
  • ont déclaré que des vins et cidres achettez des sieurs Hebert, Anceney (hôte de la Tête Noire toute proche), Pinart, Greotière et Gougeon sont proveneuz les vinaigres eaux de vie et cildre cy-devant inventoriées soubs le titre de marchandises à la réserve de la barique vendue par ledit Sr Leseyeux. (Il serait intéressant de savoir si ces acheteurs sont tous des hôtes, comme Maxime Anceney, qui détenait alors la célèbre Tête Noire. Merci de faire signe ci-dessous, dans les commentaires, si vous avez des éléments, c’est important pour l’histoire.)

    Et, calcul faict du présent inventaire des meubles meublants et marchandises et debtes actives le tout s’est trouvé monter et rendue à la somme de 2 368 L 14 s 6 d
    et les dettes passives à celle de 1 085 L 3 s
    Partant ne revient de bon que 1 283 L 11 s 6 d
    laquelle divisée en deux fait pour chaque moitié 641 L 15 s 9 d

    Le fonds de roulement est important, et situe bien le vinaigrier aliàs distillateur d’eau de vie, dans la petite bourgeoisie, ce que confirme l’inventaire de ses vêtements et de son intérieur.
    Manifestement, son activité eau-de-vie est plus importante que son activité vinaigre.
    Vin et cidre, abîmés, utilisés pour ces 2 activités, ne viennent pas de loin car la vigne remonte encore très haut en 1710. Enfin le cidre tient une place importante, et ici c’est parfaitement illustré.

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    Inventaire après décès d’un marchand vinaigrier à Laval, 1710

    Nous poursuivons l’approche du métier de vinaigrier par les actes notariés, par ce 3e billet (voir hier et avant-hier) et demain il y aura un 4e billet, car c’est copieux.

    Un inventaire n’est pas toujours dressé devant notaire après un décès. Il existe des départements où ils étaient le plus souvent réalisés sous seing privé et ce type d’actes n’existent donc pas souvent dans leurs archives notariales.
    Lorsqu’on trouve un inventaire après décès, c’est assez fréquemment parce que l’un des conjoints, veuf (veuve), se remarie, et ayant des enfants mineurs doit préserver leurs droits sur les biens du défunt. Cet aspect des choses, fort juste autrefois, a sans doute disparu de nos jours. Il paraît donc utile de le souligner.
    Par ailleurs, je sais que ces actes ne vous concernent pas nominativement, moi non plus d’ailleurs : ceux qui cherchent juste leurs actes persos sont dans l’errance, car n’importe quel acte similaire leur permet tout aussi bien de visionner le mode de vie, à métier et période équivalents. C’est ainsi que j’entends l’histoire des modes vie, la vraie vie quotidienne de nos ancêtres, et tout acte peut l’illustrer qu’il vous concerne nomitavement ou non.

    Le vinaigrier qui suit, décédé à Laval, était fils et neveu de vinaigriers d’Angers. C’est donc un métier de famille, comme on pouvait s’en douter : une grande partie des métiers sont ainsi, avec des liens de famille. Le grand père des mineurs (donc demeurant à Angers) ne peut se déplacer et donne d’abord procuration à son frère, l’oncle vinaigrier à Angers, pour se rendre à Laval et faire dresser un inventaire. Voici cette procuration qui permet d’exposer les circonstances :

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne 3E30-44. Voici la retranscription de l’acte : Le 12 juin 1710 avant midy, par devant les notaires royaux à Angers soussignés fut présent le sieur Jean Lablée marchand maître vinaigrier en cette ville, y demeurant paroisse de Saint Pierre, lequel sur ce qu’il a appris que Jeanne Courvaizier veuve de Estienne Lablée son filz demeurant en la ville de Laval veut convoler en secondes noces avec le sieur Ambrois Lebreton sans avoir fait d’inventaire de la communauté d’entre elle et ledit défunt Lablée son premier mari, desquels sont issus 4 enfants mineurs pour la conservation des intérêts desquels il est à propos de faire faire inventaire de ladite communauté, et que ne pouvant se transporter sur les lieux à cause de son indisposition, il a par ces présentes fait nommé et constitué pour son procureur général et spécial le sieur Ollivier Lablée marchand maître vinaigrier en cette ville son frère, oncle paternel desdits mineurs, demeurant audit Angers paroisse de la Trinité, à ce présent, acceptant un pouvoir qu’il lui donne en qualité de curateur des mineurs, pour la confection duquel inventaire des meubles, titres, effets et marchandises dépendant de la communauté qui était entre ledit feu sieur Estienne Lablée et ladite Courvaizier sa veuve, et ce par devant notaire ou tesmoings, en la forme et manière ordinaire et au surplus faire par ledit procureur tout ce qui serait nécessaire pour le bien et avantage desdits mineurs …
    fait en présence du sieur Jacques Maillet et d’Ambroise Lablée oncle et tante desdits mineurs … Signé Olivier Lablée, Jacques Maillet, Ambroise Lablée, Charlet, Garnier notaire.

      Au passage, on note que les vinaigriers sont installés en pleine ville, ce qui est toujours le cas actuellement à Orléans pour une célèbre maisonn car ils ne sont pas polluant. Autrefois, même les activités polluantes (teinturiers, tanneurs, etc.) étaient en pleine ville. Nous y reviendrons, je suis chimiste et passionnée de ces activités…

    Le 16 juin 1710, inventaire des biens meubles marchandises et effets dépendants de la communauté de défunt Estienne Lablée vivant marchand vinaigrier en cette ville de Laval et de Jeanne Le Corvaisier sa femme…
    Ce qui suit est un extrait de l’inventaire, illustrant la vinaigrerie et son fonctionnement. La totalité de l’inventaire est sur une page HTML sur mon site. Voici donc les marchandises et le matériel de la vinaigrerie : (en italique mes commentaires, et L est la livre tournois, monnaie d’alors)

  • vinaigre (2 pipes et busses de vinaigre) à 60 L la pippe : 330 L (soit 5,5 pipes, et la pipe en Anjou fait 475,6 litres soit 2 busses : donc on a 2 615,8 litres – Si on prend la pipe Angevine à 446,4 litres comme le fait Michel Leméné dans Les Campagnes Angevines à la fin du Moyen-âge, on a 2 455 litres)
  • eau de vie (une barrique contenant 30 velte) 200 L (soit 30 x 7,5 litres qui est la valeur moyenne d’une velte en France, donc on a 225 litres)
  • eau de vie de vin (80 pots à 28 s le pot) 112 L (si on prend le pot à 1,86 litres, on a 148,8 litres)
  • eau de vie commune (40 pots à 18 s le pot) 36 L (soit 74,4 litres – ce qui fait un total de 448,2 litres d’eau de vie, répartie en 3 classes, la première citée étant sans doute l’eau de vie de cidre, puis l’eau de vie de vin, et la dernière manifestement commune et moins chère, sans doute moins goûtée)
  • cidre (4 pipes à 20 francs la pipe) 80 L (donc on a 1 902 litres)
  • tonneaux vides (50 à 20 s pièce) 50 L
  • outils (tous les outils dudit défunt à tonnelerie) 4 L (pour réparer lui-même ses tonneaux, cela paraît normal vue la quantité dont il dispose pour travailler)
  • barils (28) vides de 5 pots jusques à 30, à 10 s pièce 14 L
  • barils (50) vides 23 L
  • chaudière (une) avec son chapeau et alambic à l’eau de vie 70 L
  • chaudières d’airain (2) 100 L
  • chantepleure et entonnoir (ce qu’il y a de vieilles) de fer blanc 3 L 10 s
  • marmite (une) de cuivre rouge 5 L
  • réchaud (2 vieux) 1 L 5 s
  • Je dois remettre à demain la suite et fin de cette vie de vinaigrier, avec l’analyse des dettes actives et passives de cet inventaire. En effet, un inventaire, surtout dans une activité commerciale ou artisanale, dresse après les meubles meublants, la liste de ce qui est dû au défunt, et la liste de qu’il devait. Or, dans le cas d’une telle actitivé (commerciale ou artisanale) ces deux listes sont parlantes : elles disent ou va la marchandise et d’où venaient les matières premières.

    Alors, à votre avis, d’où venaient les matières premières (vin, cidre…), car ici nous ne sommes pas à Orléans, ville célèbre pour avoir de longtemps utilisé les vins descendant la Loire, et déjà abimés au passage d’Orléans (autrefois le vin voyageait en tonneaux de bois uniquement, pas de bouteilles de verre par millions (ou milliards) pour sa conservation optimale.
    Je suis certaine que vous avez deviné, car vous êtes calés (ées)…

    Et puis, vous pouvez vérifier mes calculs… car j’ai pu me tromper. Pour les mesures, on peut dire tout et son contraire, la preuve en est que Diderot lui-même avait rénoncé à en parler tant c’était inextriquable. Ce qui importe ici c’est seulement l’ordre de grandeur pour mieux visualiser, d’autant que je suis lue au loin (très loin partout sur la planète) et que l’Anjou et le Maine y pourraient sembler de tous petits coins…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.