Les habitants du village de Montlambert (Angrie, 49) devaient au seigneur un gant blanc rendable la nuit de Noël au banc du chastelain en l’église.

 

MONTLAMBERT, village. – Ancien fief, où le prieur de Saint-Nicolas de Candé avait droit de moyenne et basse justice. Il appartenait avant le XVIe siècle à une famille de ce nom. A l’assise tenue à Candé, le 6 février 1499, Jehan de Monlambert s’avoua sujet du seigneur de Candé pour raison de ses lieux de Monlambert et de la Myotaye, et reconnut devoir, de rente annuelle : au seigneur d’Angrie, deux boisseaux de seigle et cinq boisseaux d’avoine menue, et au seigneur de Roche-d’lré, six boisseaux d’avoine menue. — Le 8 novembre 1559. les détenteurs du village de Montlambert furent condamnés à dix sols d’amende pour avoir ouvert « une carrière à pierre et à ardoise, » et à payer à l’avenir le douzième des ventes, pour le droit de forestage. — Le 15 septembre 1667, Michel Gohier et consorts, détenteurs du village, reconnaissent devoir au seigneur d’Angrie, au terme de Notre-Dame Angevine : dix-huit boisseaux d’avoine, mesure ancienne de Candé, vingt-trois boisseaux de seigle, même mesure, douze gerbages[1], six oies, six gélines, trente-six sols six deniers oboles tournois en argent et un gant blanc. – De plus, ils devaient au seigneur de Roche-d’Iré dix-huit boisseaux d’avoine. – En 1789, le village de Montlambert comprenait neuf closeries qui relevaient d’Angrie et étaient soumises aux mêmes redevances ; le gant blanc était « rendable la nuit de Noël au banc du châtelain, en l’église d’Angrie. »

Six fermes. – Propriétaires : MM. Hallopé, Thouron, Chevalier, L. Robert, Peltier et Mlle Pécoul.

[1] Le GERBAGE était un droit levé sur les gerbes.

in « Histoire de la baronnie de Candé » Comte René de l’Esperonnière, Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, p. 370

Voici la définition complète de GANT selon le Dictionnaire du Moyen Français sur ATLIF : Je vous ai mis en rose la définition qui concerne le gant dû au seigneur à Noël, car c’est clairement indiqué dans ce dictionnaire.

GANT, subst. masc.
[T-L : gant ; GD : gant1 ; GDC : gant ; DEAF, G121 gant ; AND : gant ; FEW XVII, 505b,506a : *want ; TLF : IX, 69b : gant]

A. –

« Pièce de l’habillement qui recouvre la main«  : Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüssent Chemin, ne voie, ne sentier ; Si n’eüssent housel entier, Gant, mouffle, mitte, n’esperon, Housse, chapel ne chaperon ; Et si feïst si grant froidure, Comme il doit faire par nature A Noël, pour vëoir la guise… (MACH., D. Lyon, 1342, 203). L’autre toloit le queuvrechief A s’amie dessus son chief, Moufles, gans, houlette ou sainture, Et s’en fuioit grant aleüre. (MACH., D. Lyon, 1342, 214). Colin Guerart, demourant à Chastres soubz Montlehery, laboureurs de draps ; com Verart des Ermences, près de Ableville, faiseur de gans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 320). …et, ce fait, mist un gant en l’une de ses mains, et un chascun desdiz botereaulx print par le pié, et iceulx, chascun à par soy, mist en un pot de terre neuf que portez avoit avec soy oudit jardin (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330). …une paire de gans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 216). PREMIER BERGIER. (…) Quant mes ganz faitiz mis avray Et mon chappellet de festus O mon tabart qui est veluz Et bien faiz de tresbon bureau, Ne seray je pas bien et beau (…) ? (Gris., 1395, 46). Item, et avec ce sera fait don et present, audit jour, par ledit maire desdiz religieux et un d’iceulx religieux au premier huissier de Parlement (…) de ungs gans et une escriptoire (Paris domin. angl. L., 1426, 232). Gans pertuysez, Chappeaulx frisez, Taillez a tort et a travers, Souilliers decoupez et percez, Et d’aultres faintises assez (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 242).

[Différencié selon la matière de confection] Gant de cerf/gant de lievre/gant d’agneau/gant de laine… : Mace le Boursier, gantier du Roy, pour 6 paires de gans, tant de chevrotin comme de canepin (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352-1360, 135). …une paire de gans de cerf à fauconnier, baillée à Maxe, le barbier dudit seigneur (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 136). Les chapeliers qui font des gans de laine et des bonnets, peuvent employer la laine, le poil et le coton (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1366, 702). …pour 6 paires de gans de lièvre, livrées pour ledit seigneur à Poincet, sommelier de son corps (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 136). [8 fr.] pour 4 paires de gans de chamois tannez, brodez et fourrez de gris et menu vairs, baillez à Mgr (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1375, 428). À ung gantier de la ville d’Aix, pour II paires de gans de chevrotin (Comptes roi René A., t.2, 1417-1480, 358). Item VII pareils de gans blancs de camoix. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 81). Tu te disies Emanüel. Encore vaulx tu mains q’ung aigneaul, Car de sa peau on fait des guans ! (Pass. Auv., 1477, 212).

[Employé pour une punition] : Aussi tout que Roland eu finé sa paroulle, son oncle l’empereur, moult indignez contre luy, a grant melancolie de son gant destre, qui estoit riche et broudés d’or, va donner a travers le visaige de Roland et l’attaint tellement sur le nés que le sang en vint habondamment du coup (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 32). Se il te frappa de son gant par maniere de correction, devoyes tu tirer ton espee sur luy ? (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 34).

[Différencié selon l’usage]

ARM. « Pièce d’armement couvrant la main«  : …celluy qui sacque armes molues soixante lb. par (…) celluy qui fiert de baston ferré ou affaitié de pierre ou la main garnie de gand ou aultre chose, dix lb. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1402,,, 208). …à Bernard (…) présentement lui ay baillé III fo pour achapter ungs gans de maille, une sallade et ung boucler (Comptes roi René A., t.1, 1478, 385).

Rem. Doc. 1349 (Men auketon, mes wans de fier) ds GDC IX, 682b ; pour la description et l’évolution de l’équipement militaire cf. Beaulieu-Baylé, Le costume en Bourgogne, 1956, 159.

En partic. Gant de baleine/gant de fer/gant de plates. « Gantelet«  : 6 paires de lons wans de baleine (…) 7 paires de wans de plattes, s’en sont les 3 paires de laiton (Doc. 1358. In : GAY I, 762). Et estoient armés la grigneur partie de maillès, de huvettes, de capiaux de fier, d’auquetons et de gans de balaine (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 44). Défense de porter (…) wans de fiers à picos (…) sur 60 s. de fourfait (Doc. 1395. In : GAY I, 763).

COST. MILIT. Gant à tirer (à l’arc) : À ung gantier, pour cincq gans à tirer de l’arc, prins par mondit seigneur l’escuyer (Comptes roi René A., t.1, 1479, 399). …pour six gantz à thirer par luy livrez aux six frans archiers de ladicte ville. (Fr. arch. Compiègne B.H., 1487, 205). …XX s.p. pour avoir fait et livré trois custodes de cuir blanc et rouge à mettre trousses de flesches, six gantz à tirer et six aultres paires de gantz, quy ont esté baillez aux six frans archiers de la ville. (Fr. arch. Compiègne B.H., 1487-1488, 205).

FAUCONN. « Gant destiné à recouvrir la main du fauconnier pour la protéger des serres de l’oiseau«  : …pour un gant senestre, à fauconnier, livré audit mons d’Orliens (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 138). [[12 fr.]] pour 6 paires de gans pour les fauconniezrs de Mgr (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1374, 385). …VIJ paire de gans à fauconnier : C’est assavoir, une paire de chamois fourré de gris pour le maistre Fauconnier, pour ce 48 s. p. Item, une paire doublés d’ iraingne de Malines, 48 s. p. Et les autres V paire sont tous senestres, à fauconnier, et a chascun gant VJ longes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 220). [D’une variété d’éperviers]…et mesmes quant on les paist ilz estraignent et saillent au visaige et mordent (et couvient avoir ung gant en la main destre, dont les doiz du gant soient couppez, pour doubte des esgratinures) et portent voulentiers au couvert. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 151). Et lors monte ly preudoms les degrez de la sale, et le roy aprez. Et quant ilz furent en la sale, si voient a un des boux une perche qui estoit de la banne de la licorne, et ot dessus estendu une piece de veloux, et fut l’esprevier dessus, et le gant emprez lui. (ARRAS, c.1392-1393, 303). Item, quant est de Merebuef Et de Nicolas de Louviers, Vache ne leur donne ne beuf, Car vachiers ne sont ne bouviers, Mais gans a porter espreviers, Ne cuidez pas que je me joue, Et pour prendre perdrys, ploviers, Sans faillir… sur la Machecoue. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 90). [R.H., Comment. Test., 153-154 ; Thiry, 174.]

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[P. iron., dans le lang. d’un bourreau, en parlant des chaînes mises à un prisonnier] : Veyci souliers a quoy on dance Et gans pour pourter esparvier. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 83).

Gants (pontificaux)/gants de prelat. « Gants liturgiques remis à l’évêque lors du son sacre et qu’il utilise pour porter la crosse«  : Ungs gans pour prélat, pontifficaulx, garniz, par les poignez et dessus la main, de Agnus Dei de grosses perles ; et est ledit ouvrage de maçonnerie de grosses perles. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 136). …uns gans pontificaux, garnis et estoffez de perles (Ch. VI, D., t.2, 1420, 368). Une paire de gans pour prélat que le roy porte avant lui, et sont garniz sur les poingnez et sur les mains de Agnus Dei de menues perles, prisé 4 l. – Uns autres petits gans à prélat de broderie sur champ d’or (Doc. 1424. In : GAY I, 761). gans de prélat fais à l’esguille sur lesquels a 2 fermaulx d’or esmaillés (Doc. 1461. In : GAY I, 761).

[Gant utilisé comme réceptacle, comme bourse] : LE PAPE. (…) Mais que me bailles les deniers Que j’en demant. LE BOURGOIS. Sire, vez les ci en ce gant Et en ce sachet cy de cuir. (Mir. pape, 1346, 361). …X sols en menue monnoye, qui estoient mis et envelopez en un petit drapeau de linge blanc, et ycellui drapeau enté et bouté en un gan. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). A quoy dist ledit Meingot qu’il lui donneroit deux blans pour en avoir une [une poulaille], lesquelz deux blans ledit Julien lui bailla, et les mist en son gan. (Ecorch. Ch. VII, T., 1441, 467). Et quant elles furent dessus [les reliques], ce qui demoura sur le premier drappeau, sur quoy elles estoient comme aulcunes scintilles, il les prist devotement et puis les mist en son gant. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 173).

[Gants portés par le bourreau pour attacher ou exécuter un condamné] : Au pendeur pour un blans wans pour mettre Mathieu Glore en l’eskele pour che qu’il s’estoit aidés de fausses lettres et y fu mis par 3 jours, 16 d. (Doc. 1342. In : GAY I, 759). Pour les wans du pendeur, 12 d. (Doc. 1344. In : GAY I, 759). A Jacques Ernoul, sergent et officier de la haulte justiche de la ville d’Amiens (…) Pour cordes et wans livrés pour icellui Jacques Ernoul, et pour ce à lui payé 2 s. (Doc. 1421. In : GAY I, 759). BOURREAU. Tendez ung peu le col, tendez, Car vous serez tantost fringans. Mon vallet, baille moy mes gans, Car il me convient faire office. (LA VIGNE, S.M., 1496, 311). Adonc le montent a l’eschafault, et Bruslecosté met ces gans et seint ung couvrechief (Myst. st Laur. S.W., 1499, 208).

Rem. Cf. GAY I, 759a s.v. gant : « l’exécuteur des hautes oeuvres s’en sert pour attacher au gibet les criminels et les suicidés ».

B. –

[Valeur symbolique du gant]

1.

[En signe de soumission] : Adonc respondi li rois de France, si com je fui depuis enfourmés, ou deubt respondre : « Et je me rench à vous », et li bailla son destre gant. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 55). Si descendi de son coursier, et vint à l’escuier et dist : « Ren toi ! » Chils qui entendi son langage, respondi : « Ies tu gentils homs ? » Et li bastars dist : « Oïl. » – « Donc me rench je à toi. » Et li bailla son gant et son espée. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 259). Chils prist le roi d’Escoce par vaillance de corps et d’armes, et ot son gant et le fist fiancier a lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

2.

TOURN. [En signe de défi] « Gant jeté comme gage de combat«  : « …et s’il vuelt faire la bataille, si le me face savoir briefment, car je sui en bonne voulenté ». Dont leur bailla un gant ployé par mi ; et les message le receurent et puis se mirent au retourner sanz plus attendre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 167). Et a ce mot la dame le revesti par un gant de faire la bataille, et Aigres le reçut a moult grant joie, pour quoy il fut cellui jour prisié et honnoré. (Bérinus, II, c.1350-1370, 140). …j’en feray bataille Contre toy (…). Vezci mon gant. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164). Alors, quant tous seront en point, laquelle chose leur sera demandee, le mareschal, par nostre ordonnance, yra vers le millieu du champ, qui portera le gant du gaige en sa main. Lequel, a haulte voix, par troiz foiz dira : Laissiez les aller ! (…) Et a la derraine parolle gettera le gant au millieu des lisses. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 221). …et luy mist sus et de faict, qu’il avoit meurdry son parent recelléement, et luy jecta ung gand pour gaige, et le vouloit combatre à l’escu et au baston (LA MARCHE, Avis gage bat. P., c.1494, 18).

[Dans un cont. métaph.] : Dangier, je vous giette mon gant, Vous apellant de traïson, Devant le Dieu d’Amours puissant Qui me fera de vous raison : Car vous m’avez mainte saison Fait douleur a tort endurer, Et me faittes loings demourer De la nompareille de France. (CH. D’ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 65).

[En signe de consentement] : Mais Reynier perdoit bien sa payne, car le roy luy avoyt desja donné son gant en signe de licence. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 39).

3.

DR. FÉOD. « Droit du seigneur dans les mutations de fief« 

Rem. Doc. 1447 (…tous les wans qu’il appartient a avoir a toutes heritanches et reliefs.) ds GD IV, 217c.

[Redevance annuelle due au seigneur (ou à son lieutenant)] : …ledit Noël n’est tenu poïer aucune chose (…) fors seullement uns gans du pris de trois deniers tournois à la recepte de Conchez chacun an au terme saint Remy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 299). Item, ilz doivent avoir fueillée pour leurs loges de la foire de saint Laurens. Et pour ce doivent païer au verdier et aux sergens ledit jour à chacun uns gans ; ou le verdier ou son lieutenant peut arrester la boiste. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 324).

.

En partic. Gant blanc (de devoir) : …nostre dit chevalier et chambellain, ses hoirs, ses successeurs et ceuls qui ont ou auront cause d’eulz, tendront la dite rente de nous et de noz successeurs, et de ceus qui ont ou auront cause de nous et de eulz, à deux paires de ganz blanz rendables chascun an aus termes dessus diz (Doc. Poitou G., t.1, 1330-1333, 372). …il avoit baillié à Macé Guarnier, vallet, et aus siens, à heritage perpetuel, toutes les choses heritaux, tant terres, rentes et autres choses qui jadis furent monsieur Thiebaut Chastignier et Alain de la Forest (…), pour un gans blans de devoir, en la quelle baillie nostre dit chier amé filz avoit reservé et retenu pour nous le usufruit des dictes choses (Doc. Poitou G., t.3, 1350, 25).

[Dans un cont. métaph.] : Lors pris mes gans, si li tendi ; Dont il qui bien y entendi Les prist, et puis si les laissa ; Après un po se rabaissa, Si que secondement les prist, Puis les laissa, puis les reprist, En signe de moy moustrer voie Que trois amendes li devoie. Moult bien le me signefia, Et pour verité m’affia Qu’il les me couvenroit paier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 276).

[Employé à propos d’une surface, exprime la petitesse de celle-ci] : …se je l’ay a tort la couronne enquergnant Au voloir Ciperis me seray obligant, Car a tort ne tenray ja de terre plain gant. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 162).

Rem. Cf. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 141-142.

C. –

[Empl. avec une nég. pour exprimer une valeur minimale] : Jeunece sui, la legiere, La giberresse et coursiere, La sauterelle, la saillant Qui tout dangier ne prise un gant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 369). …De si faite vantise je n’en donroie un gant (Voeux héron G.L., c.1346, 93). …s’il est aussi vaillans, Hardis et corageus, aussi entreprendans, Comme il est grans et lons, postiex et souffissans, Vers cestui ne valut Olivier né Roelans. Chertez, s’il n’est hardis, il ne vault pas .ij. gans, Fors pour faire jalous et nous et nos enfans (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 80). Amis, je vous prie et commant Dez meilleurs armeüres vous allez adoubant, Car les vostres ne vallent la montance d’un gant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 90). Le fer de l’espée fu tranchanz, Ly escu ne valut .ij. ganz (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 453). Je ne acompte ung gant, Talent n’ay de menger ne boire tant ne quant, Mais de veoir l’estat ay le cuer desirant. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 161). Ainsi va Dagoubert Ciperis manechant, Mais le conte ne le doubte la montance d’un gant. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 93). …telz motz ne vault ung gant (Cip. Vignevaux W., p.1400, 99).

Rem. Cf. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 136-141.

D. –

P. métaph.

1.

« Profit«  : Tu as basty plusseurs dictz elegans, Plaisans a ceux qui voeullent voir et lire, Sy qu’en cest art pour le pris et les gans On t’a volut maistre et docteur eslire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 835).

Avoir les gants. « Avoir les profits«  : Aufemont, Viez Pont, Enguerrans, Beaumont, Bouteillier, j’ay des gans Du pais ou il fault combatre (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 58). …dire que fames n’ont pas acoustumé d’en parler ainsy plainnement, dame Eloquance n’en aura pas les gans. (COL, Resp. deux traités H., 1402, 96). …mais ce ne fut point si tost que la rouyne Blanche et la Belle Geande ne lui venissent a l’encontre nomcier la venue du roy son mary, car chascune en vouloit avoir les gants pour les premieres nouvelles [« avoir le privilège d’annoncer les premières nouvelles »]. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 180).

2.

[Cont. grivois] : Item, laisse et donne en pur don Mes gans et ma houcque de soye A mon amy Jacques Cardon, Le glan aussi d’une saulsoye, Et tous les jours une grasse oye Et ung chappon de haulte gresse, Dix muys de vin blanc comme croye, Et deux procés, que trop n’engresse. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 18).

Rem. Burger, 68 ; Thiry, 70 ; Di Stefano, 130.

[À propos d’une femme] : Croy que le premier qui vendra Et fera ce qu’appartendra, La foy promise, c’est du mains. A lui complaire contendra : Femme est ung gand a toutes mains. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 209).

Avoir les gants (d’une femme). « Avoir avec elle un commerce charnel«  : AFFRICQUEE. Ennement, estes le premier A qui ja mais me consenty. LE SOT. Le sang bieu ! vous avez menty, Sauve l’honneur des assistans, Il n’en aura ja mais les gans, Ja mains n’en sera le centiesme. [« il ne sera rien moins que le centième »] (P. Jouh. D.R., a.1488, 29).

Rem. Cf. cet ex. tiré des Farces, Cohen XXII, v. 205-206 : Quoy je cuydoie avoir les gans, Mais à ce que je voy j’en suis veufve. cf. en outre FEW XVII, 506a.

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[P. allus. à une chanson] : GUILLOT (varlet, en chantant). « Hau ! les gans, bergere ; Hau ! les gans, les gans ! » (Retraict T., c.1490, 198).

Gant (des noces) : « …Vous arés Florantine, demain l’espozerés ! G’irait querre le preste, demain la plevirés ! Arai ge ung gans dez nopcez quant vous la pranderés ? » Et quant Lions l’antant, si an fuit moult yrés (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 161).

Rem. Sur le sens de cette expression cf. : Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1089, note sur le vers 5065 : «Allusion à la coutume, attestée dès le quatorzième siècle, selon laquelle on donnait le jour d’un mariage quelques coups aux invités pour fixer dans leur mémoire le souvenir de la cérémonie et du lien contracté» ; cf. aussi : H. Lewicka, Les Comp., 1968, 74 : «sens figuré, peu clair, probablement « maladie vénérienne due à la noce »» ; nous suivons les explications d’O. Jänicke qui, dans le cr. sur ce même ouvrage, Vox rom. 29, 1970, 331, considère de noce non pas comme un syntagme mais comme un emploi occasionnel par lequel, celui qui parle, envisage le mariage comme suite probable de ses relations intimes ; voir aussi J. Rychner, A. Henry, VILLON, Test, t. II, Commentaire, 98-99.

DMF 2020 – Article revu en 2015

 

Confiseries de Noël en emballage de verre, fabriqué par Louis de Mesenge

En 1633, Louis de Mésenge, natif de la Ferrière-aux-Étangs, gentihomme verrier à la Plesse à Précigné (Sarthe, à 50 km N.N.E. d’Angers) livre pour Noël des boîtes à confiture.

Dans les innombrables actes notariés que j’ai dépouillés, j’ai eu une faiblesse pour les inventaires après décès, pour l’immense témoignage qu’ils livrent sur les intérieurs et les modes de vie du passé.
Alliant ma passion pour le verre et les verriers, à celle des inventaires, j’ai constaté, parfois avec quelque étonnement, la très faible pénétration des objets usuels en verre au 17e siècle en Anjou. Ils étaient un objet de luxe, réservés à une élite, car en fait, point d’usine, mais uniquement quelques ateliers de verriers fort rares et éloignés. Voir mon billet « ouvrons les fenêtres »
Aussi, la découverte d’une vente de tels objets rares, parmi les actes notariés, fut pour moi un joie sans pareil !

Le 8 novembre 1633, Dvt Claude Garnier Nre Angers, Louys de Mezange, écuyer, Sr du Pont Dt en la paroisse de Présigné au lieu seigneurie de la Plesse, vend à Françoise Tribouillard marchande de verrerie, veuve de Mathurin Lapert Dt à Angers la Trinité, le nombre de quatre cents fais de verre bons et marchands assortis partie de verre à boire, de mascaron, verre commun, boîtes à confitures et verres de deux cents bouteilles d’un quart qui auront le col court et grande embouchure, le tout provenant de la verrerie dudit lieu de la Plesse, que ledit Sr du Pont promet livrer en cette ville d’Angers à la boutique de ladite Tribouillard chacune charge assortie tous les 15 jours, jusqu’à la parfaite livraison pour le prix de 200 L qu’elle promet payer en l’acquit dudit vendeur à h. h. René Guyet Sr de Fromentière marchand à Angers à Noël Prochain. »

Françoise Tribouillard, dont le nom vient du verbe tribouler : troubler, agiter, est effectivement une grande agitatrice, et pour tout dire, une révolutionnaire. A mon avis, elle vient de lancer la trêve des confiseurs, et, à ce titre, elle mérite une place dans l’Histoire avec un H.
En effet, l’acte stipule que la marchandise doit être livrée avant Noël, donc il s’agit pour cette commerçante hors norme, de vendre pour Noël !
En 1633, le sucre lui-même est une nouveauté, et tout fruit avec du sucre est appelé « confiture », alors que nous distinguons aujourd’hui confiserie, fruit confit, confiture.
Noël 1633 est une date dans l’histoire du sucre. En effet, c’est le 27 novembre 1632 qu’un arrêt de la Cour accorde aux épiciers le privilège de la vente exclusive du sucre, confiture, sirops, dragées…
Auparavant, le sucre était le privilège exclusif des apothicaires. Il fut d’abord paré de vertus médicamenteuses, mais d’aucun avait remarqué son petit côté gourmand ! Le monopole de la vente du sucre, fort lucratif, fut alors à l’origine d’une longue querelle entre apothicaires et épiciers, chacun voulant le monopole pour sa chapelle.
Ainsi, c’est dans ce joli quartier de la Trinité à Angers, qu’on nomme aujourd’hui la Doutre, où tant de maisons à pans de bois arborent avec fierté leurs 4 siècles, voire plus, que ce fit en ce Noël 1633 une immense révolution des modes de vie à Noël.
Mais, cette révolution ne fut pas la seule. Françoise Tribouillard lance aussi l’emballage : le récipient en verre pour confiture ! Vraiement, cette Françoise Tribouillard était une visionnaire : deux innovations en 1633, la confiserie à Noël et l’emballage en verre !
PS : Merci à Monsieur le maire de Précigné, et à tout autre lecteur de ce billet, de ne pas l’imprimer ou le rééditer, mais de signaler seulement son existence à ses administrés, en leur conseillant la visite de ce blog. Car, bien trop de maires du Haut-Anjou, ont abondament imprimé et diffusé, tuant mon site, or, ce site doit vivre, et pour vivre il doit tourner dans la guerre des clics qu’est Internet. Merci de le comprendre.

Joyeux Noël, Merry Christmas, Frohe Weihnachten !

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Cette année les Ukrainiens célèbreront Noël le 25 décembre aussi s’ils le souhaitent

Traditionnellement, les orthodoxes célèbrent Noël le 7 janvier, mais cette année, l’église orthodoxe Ukrainienne autorise une célébration aussi le 25 décembre car les Ukrainiens seraient nombreux à souhaiter aussi ce détachement de Moscou en se rapprochant de l’occident.
Pour moi, je célèbrerai devant KTO samedi soir à 19 h 30 avec Rome en direct, et aussi le lendemain, mais je serai par la pensée et la prière avec les Ukrainiens.

A Noël, on chantait la généalogie : Gené (49)

Les archives de la paroisse de Gené contiennent les coutumes de la paroisse et je vous mettais avant-hier le jour de la glane autrefois, hier la bénédiction des semences et voici « le chant de la généalogie ». Oui, oui, vous avez bien lu, mais ceci dit il s’agit des coutumes de l’église de la paroisse de Gené, donc il s’agit d’un chant religieux, donc de la généalogie du Christ. Lorsque j’étais petite, je me souviens des 3 messes qui commençaient à minuit et finissaient à plus de 2 h 30 du matin dans les années 1945 et suivantes, mais je ne me souviens pas avoir assisté avant ces 3 messes à une veillée pourtant c’est bien ce qui se passait autrefois à Gené (et surement ailleurs, et je mets Gené ici en exemple). Lors de cette veillée précédant les 3 messes de minuit, on chantait la généalogie de Notre Seigneur Jésus Christ selon Saint Matthieu que vous pouvez entendre aujourd’hui grâce à Internet. A Gené  :« 25 décembre Noël, la veille le soir de l’office à 10 h 30 on chante les matines, la généalogie et le Te Deum, et à minuit on commence la grand messe suivie d’une ou plusieurs messes. » (Archives Diocésaines du Maine-et-Loire)

Joyeux Noël

Je descends des Trifoueil, et le patronyme est directement relié à Noël car c’était autrefois la bûche du seigneur qui durait 3 jours dans sa grande cheminée. Puis cliquez sur le tag triffoueil et vous avez tous les actes concernant ce patronyme.

Voua avez tout cette bûche sur plusieurs pages de mon site entre autres Grez-Neuville et Noëllet où j’avais rencontré cette bûche dans les chartriers.
Mes pages sur Noëllet qui tire son nom de Noël
mes pages sur Grez-Neuville où la bûcche était au Feudonnet

Mais je descends aussi des Buscher qui portaient la bûche dans leurs armoiries


Grez-Neuville : armoiries d’Anselme Buscher de Chauvigné, maire d’Angers, seigneur du Feudonnet

Je suis donc très liée à Noël avec mes ancêtres et mes travaux.

Serrés l’un contre l’autre : leur Noël sans un signe des enfants

L’image de ce couple ne m’a jamais quittée, cela fait maintenant 45 ans !
Pas un Noël sans que je pense à eux, et à tous leurs semblables ! car depuis 45 ans, ils se sont multipliés !

Donc, il y a 45 ans, moi, la célibataire sans enfants, mais avec beaucoup de sœurs, neveux et nièces, je prends en gare de Nantes en fin de soirée, le train le plus long de France, qui faisait à l’époque Quimper-Vintimille. Je pars réveillonner mon 1er de l’an à Bayonne chez une sœur.
Fatiguée de ma journée de travail, je m’inquiète d’avance de ma descente à Bordeaux, et j’ai peur de m’endormir avant.
Le train de l’époque est à compartiments par 8 donnant sur un long couloir.
Afin d’être réveillée à Bordeaux, j’avise un compartiment où un couple âgé se serre tendrement l’un contre l’autre.
Ils descendent à Nice, et je leur souhaite de bonnes fêtes de fin d’année en famille !
Première bourde de ma part.
Puis je m’enfonce dans les bourdes, de bourde en bourde.
Pour découvrir que personne ne les attendait, qu’ils avaient passé Noël seuls, qu’ils avaient 2 filles, l’une n’avait plus appelé depuis 5 ans, l’autre depuis 3 ans, et aucun signe de vie, même à Noël !

A tous ceux qui ont eu le bonheur d’avoir des enfants, et qui n’ont plus aucun signe d’eux, je souhaite partager de tout cœur ce Noël avec vous !
D’autant que le couple que je n’oublie pas avait au moins encore le bonheur d’être unis, mais que maintenant on ne compte plus les femmes seules !!!

Joyeux Noël à tous les oubliés !

Il y a 100 ans : la crèche de Noël dans la tranchée de mon grand père Edouard Guillouard

La bûche de Noël : Trefouel, Trefoueil, Trifoueil