Contrat d’apprentissage d’apothicaire, Angers 1600

Autrefois l’apothicaire vendait le sucre et les confiseries, aussi l’apprentissage par le fils d’un patissier semble très apparenté, à l’exception de quelques plantes et autre drogues bien entendu.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E70 – Voici la retranscription de l’acte : Le 25 octobre 1599 avant midy en la court du roy notre sire Angers par devant nous Michel Lory notaire d’icelle personnellement establiz honnorable homme Charles Boysineust Me apothicaire demeurant en ceste ville d’Angers paroisse de la Trinité d’une part

    C. Port cite un Boisineust célèbre, j’ignore si c’est la même famille. En tout cas, le patronyme n’est pas très fréquent en Anjou

et honneste homme Robert Viau Me pasticier demeurant à Saulmur et Estienne Viau son fils de luy deument autorisé par devant nous quant à ce d’autre part,
soubzmettant etc confessent etc avoir fait et font entre eulx le marché d’apprentissage tel que s’ensuit
c’est à savoir que ledit Robert Viau a baillé et baille ledit Estienne son fils audit Boysneust pour estre et demeurer et lequel Estienne a du consentement de sondit père promis et promet estre et demeure tenu demeurer avecq ledit Boysneust en sa maison pendant le temps de trois ans entiers et consécutifs qui commenceront au jour et feste de Penthecoste prochaine et finiront à pareil jour lesdits trois ans finis
durant lesquels trois ans a ledit Estienne Viau promis est et demeure tenu servir bien et deument et fidèlement ledit Boysneust en sondit estat d’apothicaire et autres choses honnestes qui luy seront commandées
comme à semblable a ledit Boysineult promis et promet est et demeure tenu monstrer instruire et enseigner sondit estat d’apothicaire et choses qui en dépendent audit Viau au mieulx et le plus diligement que faire se pourra sans rien en receler et outre luy fournir de boyre manger et coucher selon sa qualité
et est fait le présent marché pour en payer et bailler par ledit Robert père audit Boysineust la somme de 80 escuz valant douze vingt livres (=240) tz

    c’est une belle somme, mais c’est aussi un métier qui met au rang de la bourgeoisie de la ville, si je me souviens bien de ce que sélectionnait Toisonnier dans son journal que j’ai mis en ligne sur ce blog.

sur laquelle somme ledit Viau a présentement payé et advancé audit Boysineust la somme de 40 escuz qui ladite somme a eue prinse et receue en notre présence et veue de nous en francs d’argent et vingt sols pièce le tout bon suivant l’ordonnance royale dont ledit Boysineust s’est tenu content et le reste montant pareille somme de 40 escuz payable dans d’huy en deux ans prochainement venant

    c’est une somme très importante, et il faut en conclure que le patissier de Saumur gagne bien sa vie, et espère que son fils la gaignera encore mieux en apothicaire

et lequel Robert Viau a cautionné ledit Estienne son fils de toute fidélité et légalité
tout ce que dessus a esté stipulé et accepté par lesdites parties respectivement auquel marché tenir etc obligent etc et le corps dudit Estienne à tenir prison comme pour les propres deniers royaulx par défaut de faire et accomplir le contenu en ces présenes etc renonczant etc foy jugement condempnation etc
fait audit Angers maison dudit Boysineult présents honneste homme Jacques Lemaczon et Estienne Mocquehan apothicaires et François Rouault praticien demeurant audit Angers tesmoins

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3 réponses sur “Contrat d’apprentissage d’apothicaire, Angers 1600

  1. E.4135.(carton.)- 3 pièces,papier.
    1588- 1696.-VIAU.
    _Vente par Robert Viau de l’hôtellerie du Cerf- d’Argent,à Saumur.
    ( Robert n’étant pas un prénom très courant à cette époque, serait t’il le même ?)

      Note d’Odile : Effectivement, c’est probable, car je suis bien de votre avis concernant le prénom Robert.
      On pourrait ajouter à cette hypothèse, le milieu social du garçon, qui signait fort bien, or, les hôteliers étaient gens de bonne bourgeoisie en général.
  2. Attention au mot « pasticier » qui se rapporte plus probablement à des pâtés (charcuterie), qu’à la patisserie actuelle… Il existe une maison du patissier à Périgueux, avec une très belle porte.

      Note d’Odile : Un grand merci pour cette précision, car j’avais totalement oublié cette éventualité. Heureusement que vous êtes vigilant pour moi !
      Voici le plus ancien dictionnaire, qui cependant donne les gâteaux et biscuits au même rang que les tourtes et pâtés.

    PÂTISSERIE. s.f. Pâte préparée & assaisonnée d’une certaine manière, & qu’on fait cuire ordinairement dans le four. Bonne, excellente pâtisserie. La pâtisserie charge l’estomac.
    Il se prend aussi pour l’art de faire de la pâtisserie. Il travaille bien en pâtisserie. Les pâtés, les tourtes, les biscuits, les gâteaux, &c. sont des ouvrages de pâtisserie.
    PÂTISSIER, IÈRE. s. Celui ou celle qui fait des pâtés & autres pièces de four. Bon pâtissier. Mauvaise pâtissière.(Dictionnaire de l’Académie française, 4th Edition, 1762)

      Votre servante a travaillé 25 ans dans la biscuiterie (eh oui ! cela arrive à Nantes !). Je possède à ce titre l’ouvrage d’histoire réalisé par le syndicat de la profession en 1994 et voici leur distinction :

    La guerre de oublayers et des pâtissiers
    Les pâtissiers du Moyen-Âge se divisaient en deux catégories distinctes : les pâtissiers oublayers, fabricants d’oublies et pâtisseries légères, et les pâtissiers qui faisaient des pâtés de viande, de poissons, ou au fromage.
    Le plus ancien document concernant la corporation des pâtissiers date de 1270, date à laquelle Saint Louis leur octroie leur charte corporative. Il faut cinq ans d’apprentisage pour être oublayer, et le brevet coûte 10 livres, dont moitié au roi et moitié à la Confrérie de Saint-Michel, patron de la Corporation.
    L’oubli, sorte de petit four croquant, appelé aussi « casse-museau » à cause de sa dureté, sera remplacée au 18e siècle par le « plaisir » dont le cri des marchandes est resté célèbre : « voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir : »
    Au 14e siècle, les oublayers et pâtissiers fusionnèrent à nouveau leurs activités. Et en 1440, la corporation des pâtissiers enleva aux boulangers le droit de faire des gâteaux.

  3. E.4417.(carton.)-1pièce,imprimée.
    1718-1737.- PATISSIERS- TRAITEURS d’ ANGERS.
    -Lettres patentes du roi Louis XV et arrêt conforme du Parlement de Paris portant homologation de l’acte d’union des deux communautés des patissiers- rôtisseurs-traiteurs et des hôteliers- aubergistes d’Angers.

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