Perruquier barbier baigneur estuvier à Laval, 1712

Mes souvenirs scolaires (Lycée Guist’hau de Nantes) sont remplis d’absence totale de bains, hygiène, même à la cour du roi Soleil. Voici pourtant un peu d’hygiène en 1712 :

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Mayenne, 3E30
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 5 avril 1712 avant midy devant nous François Lebreton notaire du comté pairie de Laval, y résident, furent présents en leurs personnes establiz et submis Pierre Fleury marchand perruquier demeurant forsbourg du Pont de Maine paroisse St Vénérand de ceste ville d’une part,
    et René Lemesle perruquier et Jacquine Collibet sa femme de luy authorisée pour la valadité des présentes, demeurants paroisse de la Trinité dudit Laval d’autre part,
    lesquelles parties ont faict entr’elles ce qui suit, à savoir que ledit Sr Fleury a par ces présentes vendu ceddé et transporté auxdits Lemesle et Collibet sa femme acceptants et achetants pour eulx leurs hoirs et ayant cause, une des 4 places de barbiers, perruquiers, baigneurs, estuviers, faisant partye des 6 places créées pour ceste ville de Laval par l’édit du mois d’octobre 1701, desquelles 4 places Pierre Bourdin marchand Sr de Tiennebrune auroit obtenu ces provisions de la Grande Chancelerie le 16 mai 1706, et lesquelles 4 places il auroit vendues et ceddées audit Sr Fleury par acte au rapport de Me Jacques Lemoyne notaire de cette cour du 4 juin audit an 1706, pour par ledit Lemesle jouir faire et disposer de ladite place de perruquier à luy cy dessus vendue et se faire recevoir et installer en l’exercice d’icelle à ses frais et despens, quand et comme bon luy semblera, auquel effect ledit sieur Fleury leur a présentement deslivré et mis entre mains les provisions de laditte place de perruquier expédiées sous le nom dudit Bourdin Tiennebrune cy-dessus dattée scellée du frand sceau de cire jaulne, la quittance de finance du prix d’icelle en date du 30 mars audit an signée Bertin au dos de laquelle est l’enregistrement d’icelle signé Chamillard, la quittance des deux sols pour livre signée Ferrand en date dudit jour 31 mars et 2 moullez qui sont autant de l’édit de création desdites places et de l’arresté du Conseil des mois d’octobre 1701 et de juin 1702, le tout attaché ensemble sous le contrescel de ladite chancelerie, desquelles pièces lesdits Lemesle et femme se sont contantez et en ont deschargé ledit sieur Fleury,
    la présente vendition faicte pour et moyennant la somme de 200 livres que lesdits Lemesle et Collibet sa femme ont promis et se sont obligez sous l’hypotèque de tous leurs biens et solidairement l’un pour l’autre un seul pour le tout bailler et payer audit Sr Fleury savoir moitié montant 100 livres d’huy en un an, l’autre moitié montant pareille somme six mois après, le tout prochain venant, et jusques au payement réel de luy en payer les intéretz au sol la livre à commancer de courir de ce jour et ladite place de perruquier cy dessus vendue y demeurera hypotéquée par privilège spécial sans que ledit hypotèque général et spécial desrogent l’un à l’autre, et deslivreront lesdits Lemesle et femme à leurs fraiz coppie des présentes audit sieur Fleury, et à ce faire à esté présent aussy estably et submis Denis Collibet marchand lainier demeurant dite paroisse de la Trinité dudit Laval, lequel s’est volontairement submis et obligé dous hypotèque de tous ses biens et avecq lesdits Lemesle et Collibet sa femme et tous trois solidairement, les uns pour les autres un d’eulx seul pour le tout sous les renonciations requises au payement de la susdite somme de 200 livres dans les termes susdits et intéretz d’icelle vers ledit sieur Fleyrt à peine de tous dommages intéretz et despens ce que lesdites parties ont ainsy voulu stipullé et accordé et promis …
    fait et passé audit Laval en nostre estude es présences de Nicolas Jacquet commis au greffe ordinaire de ceste ville, et Pierre Gerbault (est-ce un ascendant d’Alain ?) marchand demeurant audit Laval, tesmoins requis qui ont signé avecq lesdits Pierre Fleury, Lemesle, Denis Collibet et nous notaire et a ladite Jacquine Collibet dit ne savoir signer de ce enquise.

    (Planche de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)
    Le métier de perruquier est donc défini ainsi : barbier, perruquier, baigneur, estuvier. Ce qui se traduit par différentes taches, et lorsqu’on utilise le terme perruquier, c’est à titre de raccourci, car on a toujours les 4 métiers réunis.
    Pour son rôle de barbier, il ne faut pas confondre barbier et chirurgien, même si tous deux font la barbe :

    BARBIER, s. m. artisan qui fait la barbe. Il y a à Paris deux communautés, qui, suivant leurs statuts, ont droit de tenir boutique ouverte pour faire la barbe, & d’y mettre des bassins pour enseigne. La premiere est celle des maîtres Chirurgiens, dont les bassins de l’enseigne doivent être jaunes : la seconde est celle des Perruquiers, dont les bassins sont blancs. Voyez CHIRURGIE. (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)
    Le perruquier a besoin d’une marmite ou chaudiere. Ce vaisseau doit être fait en poire, plus large par le bas que par le haut. Cette forme empêche les cheveux de remonter lorsqu’ils sont sur les moules. Sa grandeur ordinaire est d’un seau & demi, & il peut contenir 2 livres ou 2 livres & demie de cheveux frisés sur des moules qui ne soient ni trop gros ni trop petits.

    Il lui faut aussi une étuve. Il y en a de rondes & de quarrées. Ceux qui ont du terrein peuvent les faire en maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l’on commande aux Menuisiers sont quarrées & de bois de chêne. C’est une espece de coffre de 3 piés & 1/2 à 4 piés de haut, sur 2 à 2 piés & 1/2. On place ordinairement en-dedans une croix de fer. Si l’étuve a 4 piés, il faut que la croix soit posée à la hauteur de 3 piés ou environ, & couverte d’une grille de gros fil de fer, dont les trous soient un peu écartés. Sous la grille, l’on met une poële proportionnée à la grandeur de l’étuve, pleine de charbons bien couverts, & disposés de maniere qu’en se consumant ils ne forment point de cavité. (Diderot)

    Mais le Perruquier-barbier-baigneur-estuvier, possédait aussi des bains pour l’hygiène corporelle. Ainsi, il y en avait 6 à Laval en 1712, pour 14 000 habitants.

    Dans les inventaires après décès que j’ai dépouillés à ce jour, la perruque est rare, mais j’ai surtout fait les classes rurales et il est probable qu’elle a été portée en ville.

    PERRUQUE, s. f. (Art. méch.) coëffure de tête, faite avec des cheveux étrangers, qui imitent & remplacent les cheveux naturels. L’usage & l’art de faire des perruques est très moderne ; ils n’ont pas plus de 120 ans (en 1766, ce qui la reporte à 1646). Avant ce tems, l’on se couvroit la tête avec de grandes calottes, comme les portent encore aujourd’hui les comédiens qui jouent les rôles à manteau, ou ceux qui font les paysans. On y cousoit des cheveux doubles, tout droits ; car on ne savoit pas tresser, & l’on frisoit ces cheveux au fer, comme on les frise aujourd’hui sur la tête. (Diderot)

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    2 réponses sur “Perruquier barbier baigneur estuvier à Laval, 1712

    1. Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
      Stanislas, le 20 mars : in Chroniques castrogontériennes, sur ce site les observateurs locaux notent l’usage de perruques vers 1680 pour une petite ville – Château-Gontier – qui compte de nombreux juristes ( Présidial etc.) ceux-ci ont fréquentés lors de leurs études de grandes villes.

      Marie-Laure, le 20 mars : En GB, les avocats et les juges portent toujours perruques gris-blanc pendant les procés.Elles sont faites en crin de cheval ,selon la mythlogie ceci leur conferait une grande sagesse ! Les « barbers » étaient les précurseurs des « surgeons »(chirurgiens),c’est pourquoi encore de nos jours ,ils sont appelés « Mister » titre moins élevé que « Sir » . (Je ne sais pas si le film » Sweeney Todd,demon barber », est passé en France…)
      Note d’Odile : revoyez mon billet qui expliquait clairement la différence entre barbier et chirurgien, dont l’un n’est pas le précurseur de l’autre.

      Marie-Laure, le 20 mars : (Les juges mettaient un carré noir en tissu,posé en équilibre sur le sommet de leur perruque avant de passer sentence capitale : pendaison…)

      Marie-Laure, le 21 mars : (je parlais de la GB pour les « barbers » et « surgeons » et l’explication pour la diffèrence de position sociale /rang ,entre =Mister White/et Doctor X…) (Je me demande si les crins du cheval capable de compter les points de diverses cartes à jouer avaient été exportés en GB pour fabriquer des perruques de juge !) (Etait ce Neron ou Caligula qui avait promu son cheval =sénateur…?)

    2. BJR JE POSSEDE UNE TETE EN BOIS TRES ANCIENNE ET JE PENSE QUE C’EST PEUT ETRE DE PERRUQUIER POUVEZ VOUS ME LE CONFIRMER MERCI

        Note d’Odile : je ne suis pas une spécialiste des objets anciens, mais je sais qu’autrefois les têtes en bois, faïence ou autre, étaient des porte-perruque, porte-coiffe ou porte-chapeau. Je tire cette info de plusieurs illustrations parues dans l’ouvrage Objets civils domestiques, publié par les services de l’Inventaire, au chapitre des objets de toilette.
        Ceci dit, effectivement les planches de l’Encyclopédie Diderot mettent bien une tête en bois dans l’atelier du perruquier.

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