Après l’exécution de Claude Du Buat à Paris, sa soeur règle ici une amende à l’Hôtel Dieu d’Angers, 1584

Les 3 pages retranscrites ci-dessous portent en titre DONS ET LEGS.
En fait il s’agit du livre de compte qui enregistre les entrées, et elles ne se limitent pas aux dons et legs. Il convient donc d’oublier ce titre.

Parfois, il y a une mention en marge, mais les mentions en marge étant écrites a postériori elles ne sont pas toujours fiables aussi je me y attarde pas.

Par contre les termes du texte lui-même demandent une petite explication. En effet, dans les actes que je vous retranscrit vous avez souvent les terme AMENDES et comme il a plusieurs sens, voici le
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf

AMENDE, subst. fém.
A. – « Réparation (d’une faute, d’un péché) »
1. « Réparation d’une faute matérielle ou morale »
2. « Réparation d’un péché »
B. – « Punition imposée ou consentie, en réparation d’une faute, d’une mauvaise action, d’un outrage »
C. – DR.
1. « Imposition d’une peine pécuniaire pour un crime ou un délit, ou pour avoir fait appel mal à propos, ou avoir engagé une affaire en justice sans fondement (le montant de l’imposition est soit laissé au libre arbitre du juge, suivant la nature de la faute, soit fixé, tarifé par les autorités compétentes) »
2. Amende honorable. « Peine infamante qui oblige un coupable à reconnaître publiquement son crime »
3. « Peine pécuniaire imposée, en réparation d’une faute, aux membres d’un métier »
4. « Redevance à tarif fixe payable pour certains bois et autres produits de la forêt (si l’usager est pris sur le fait par le sergent forestier) »

Je pense qu’ici pour le cas de la succession de Claude Du Buat, on peut prendre le sens de « peine pécunière pour un crime ou un délit »
Par contre cette amende de 100 écus adjugés sur les biens du défunt Claude exécuté à Paris laisse penser que tous les biens n’ont pas été confisqués.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, Fonds de l’Hötel Dieu, AD49-1HS-E112 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Dons et legs
Le 7 avril 1584 trouvé en la bourse d’un pauvre décédé audit hostel Dieu 9 sols 6 deniers
Le 10 dudit mois a esté ouverture du trons mis en la grande église st Maurice auquel a esté trouvé présents messieurs Jollivet et Tard 49 livres 18 sols
Le 18 dudit mois a esté fait ouverture du tronc estant à l’entrée de l’hospital auquel a esté trouvé 23 livres
Le 25 dudit mois receu de noble homme René Pelault mary de damoiselle Renée Du Buat héritière de deffunt Claude Du Buat vivant sieur de Barillé par les mains de Me Pierre Ogereau 50 escuz sol à valloir et deduyre sur 100 escuz adjugés au proffilt dudit hostel Dieu sur les biens dudit deffunt Dubuat exécuté à mort par arrest de la cour de parlement à Paris
Le 4 mai 1584 Thibault Vaugourt cy davant serviteur à la despense de l’hostel Dieu, présent, a fait dont aux pouvres de ses gaiges et services par luy faits en ladite charge de serviteur par le temps de 4 mois ou environ revenant à la raison qu’il estoit appointé à 4 escuz sol – signé dudit Vaugourlt et d’une belle signature
Le 17 dudit mois receu de René Gybouyn serviteur exécuteur du testament de deffunt (blanc) en présence de messieurs Jollivet et Tard notaires, la somme de 6 escuz sol quelle avoir ordonné estre donnée à notre hostel Dieu après son décès suivant son testament 18 livres
Le 24 dudit mois receu de Pierre Samson demy escu sol d’aulmosne jugée contre luy au proffit dudit Hostel Dieu par sentence donnée de monsieur le lieutenant particulier le (blanc) dernier à la poursuite de Mathurin Barault
Le 8 juin audit an receu par les mains de Me Pierre Busson commis au greffe criminel 2 escuz d’une part et 15 sols d’autre d’aulmosne jugée contre François Halligon et Pierre Rousseau
Ledit jour receu de Anne Lamy femme de monsieur Liberge 30 livres pour l’extinction et admortissement de 30 sols tz de rente ypothécaire qu’elle debvoir et qui estoit assignée sur le lieu de la Harduynière ledit admortissement fair ledit jour par davant Poulain notaire
Le 26 dudit mois trouvé en la bourse d’un pouvre décédé 20 sols
Le 28 dudit mois de juin receu de frère Pierre Greslet religieux chapelain de la Saulaye 15 escuz en quoy il a esté condamné vers l’hostel Dieu pour tous dommages et intérests et despens pour avoir abattu et decoupé aucuns arbres marmentaulx et fructuauls du lieu de la Saullaye suivant la sentence du 20 dudit mois de juin
Le 29 dudit mois trouvé en la boursr d’un pauvres décédé 13 sols
Le mercredi 4 juillet receu de Me François Courtin 15 chemises à usage de deffunte damoiselle Marguerite Dutertre son espouse lesquelles ont esté depuis vendues au proffit dudit Hostel Dieu 4 livres 10 sols
Le 5 dudit mois receu de Courtillon boulanger pour le louaege d’une année escheue au jour st Jehan dernier d’une chambre de maison qu’il tenoit de deffunt Robert Legaigneux 10 sols
Le 7 dudit mois receu de Lemanceau fillassier pour le louage des choses qu’il tenoit aussi dudit deffunt pour ledit an 18 livres
de Marie Bouju femme séparée de François Fleuriot pour le louaige de ce qu’ils tenoient dudit deffunt pour ledit an 32 livres 10 sols
Le contenu es trois articles cy dessus donn és emploier à la charge d’une moitié appartenant aux héritiers de la deffunte femme dudit Legaigneux
Et le lendemain fait enlever le merain qui estoit en la rue au davant de la maison dudit deffunt ou s’en est trouvé 500 druelles et (blanc) et fouscilles la plus part de rebut qui a esté mis à l’entrée de la cave pour l’usage dudit Hostel Dieu et lequel merain aiant esté lors et auparavant déposé en vente ou furent offert que 25 livres
Le 11 juillet trouvé en la bourse d’un pouvre décédé qui estoit serviteur aux Augustins 65 sols
Dudit jour en la bourse d’un aultre décédé audit Hostel Dieu qui estoit pintier 10 livres 18 sols 5 deniers
Le 26 dudit mois trouvé en la bourse d’un pouvre décédé 7 sols
Le 4 août receu du prieur de Brein 1 148 livres 6 sols 8 deniers qu’il debvoir audit Hostel Dieu à cause de preset suivant l’obligation de ce faite
Le 11 dudit mois receu de Jouachin du Hardaz Pierre Prosper et Nicolas Gehue sergents royaulx 31 escu qu’il debvoient pour les amendes jugées en la juridiction des marchands pour l’année 1582
Le 22 dudit mois trouvé en la bourse d’un pouvre décédé représenté par Guillemyne 9 sols 3 deniers
Le lundy 3 dudit mois décéda ung appellé Pierre serviteur à la porte et en la bourse duquel fut trouvé ung escu 15 sols de laquelle somme en a esté employé en service divin suivant l’enterrement dudit deffunt reste 55 sols

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

11 réponses sur “Après l’exécution de Claude Du Buat à Paris, sa soeur règle ici une amende à l’Hôtel Dieu d’Angers, 1584

  1. Merci Odile pour cette transcription et la définition du terme amende , l’expression « faire amende honorable » est toujours employée de nos jours.
    On comprend ainsi mieux les arguments de Jacques Ernault le 25 Juillet 1598 :Renée Du Buat veut que les dettes dues soient payées par les biens de son mari ,il lui oppose qu »elle aussi impliquée par la succession donc les dettes de son frère .Je cite
    -« en tous évenement il (Jacques Ernault )debvoit suivant les arrests de la cour discuter au préalable les biens dudit Pelault son mary avant que se pouvoir adresser à elle par ce moyen tendoit affin d’absolution et a despens
    et quant audit Pelault disoit que toutes lesdites obligations debvoient estre converties en rente constituée,
    à quoi par ledit Ernault estoit dit que ladite Du Buat n’estoit recepvable en ses défenses attendu ladite transaction faite de bonne fois et que ce qu’il estoit intervenu èsdites obligations n’estoit que pour faire plaisir auxdits Pelault et à elle pour employer à acquiter les debtes du défunt Claude Du Buat vivant escuyer sieur de Barillé son frère aisné auquel elle succède »
    http://www.odile-halbert.com/wordpress/?p=20315

  2. Bonjour Elisabeth
    J’étais moi aussi occupée à revoir mon document PELAULT pour y insérer cette dette à cause de Claude Du Buat, et je m’aperçois que Renée Du Buat son épouse avant bel et bien hérité en 1581 de Claude et partagé avec sa soeur cadette Philippine les biens de Claude. Donc les biens n’ont pas été confisqué.

    Quant à l’exécution j’étais sur le site des inventaires des AN dont voici le lien
    https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/recherche/ir/rechercheGeneraliste.action

    mais il n’existe dans ses fonds aucune allusion à nos DU BUAT
    Bon dimanche
    Odile

  3. madame,

    je suis en recherche d’une personne pouvant transcrire un texte du 16ème siècle( possibilité d’envoi numérique)
    pourriez-vous vous le faire ou connaitriez vous une personne qui pourrait s’en charger?.
    merci d’une réponse et de vos conditions financières
    cordialement
    Arnault

      Note d’Odile :

    Bonjour
    J’ai effectivement retranscrit l’envoi ci-dessus évoqué par Elisabeth.
    Mais cet envoi m’intéressait personnellement car je descends des évoqués, et leur histoire est tout bonnement passionnante.
    Je connais depuis longtemps Elisabeth, mais par contre je n’ai pas le plaisir de vous connaître, ce qui signifie que compte-tenu que mon site et mon travail sont souvent pillés y compris par des étudiants, j’hésite à aider bénévolement tout le monde.
    Merci de préciser qui vous êtes et votre but
    Cordialement
    Odile
    PS il existe des paléographes professionnels, il suffit de les demander au moteur de recherche, mais les prix sont à la mesure de l’effort et des compétences

  4. Bonjour Odile
    j’ai regardé dans le, Registre-journal du règne de Henri III, tiré des ‘mémoires journaux  » de Pierre de l’Estoile ; hélas rien lu d’une exécution se référant à notre affaire , même par analogie de nom ou de lieu..

  5. Bonjour ELisabeth
    Je reviens sur les terres de Claude Du Buat, et il semble bien que Barillé au moins n’a pas profité au couple René Pelault x Renée Du Buat, car l’abbé Angot donne l’adjudication en 1600 sur la veuve de René Auger.

    Barillé : « commune de Ballots, sur un affluent de l’Oudon – Terra C. de Barilleio, XIIe siècle (Cartulaire de la Roë, f°56). – Le domaine de Barillé, 1408. – Cass. – Les chanoines de la Roë y acquirent de divers particuliers, de 1150 à 1297, un moulin, qui n’est supprimé que depuis quelques années. La famille de Barillé, dite aussi de Saint-Aignan, possédait, dès le 13e siècle, le domaine que Marguerite de Saint-Aignan porta en mariage à Guillaume Du Buat, 1482. Ses descendants formèrent une branche de cette famille, éteinte en 1581. La terre est adjugée par décret sur Jeanne Esnault, veuve de René Auger, à Charles de Goddes, secrétaire du maréchal de Brissac, mari de Vincente Lefebvre, 1600 »

    Odile

  6. Rebonjour Elisabeth
    Pour Gastines, voici ce que donne l’abbé Angot :

    … César de Couasnon, chevalier, mari de Françoise du Pont-Bellanger, celle-ci veuve et bail de ses enfants en 1535 – Renée Du Buat, héritière de Claude Du Buat, son frère, fille de Guillaume Du Buat et de Jeanne de Romillé, 1581 – Jacques de Mondamer, mari de Philippe Du Buat, par retrait lignaiger sur René Du Buat, qui avait acquis de René Pellault et de Renée Du Buat, soeur de Philippe Du uat, 1583 – Marguerite de Mondame, dame de la Muce, de Chantelou, paroissienne de Gastines, 1619, 1639 …

    Ainsi, René Pelault et Renée Du Buat ont bien hérité en 1581 de Gastines, mais l’ont immédiatement revendu à leur beau frère Jacques de Mondamer

    Odile

  7. René Pelault a versé une grosse somme au cousin de son épouse, peut être en rapport avec l’exécution de son beau frère…?
    Gallica -« Maison du Buat » Abbé Charles p 209 Archives de la Subrardière
    Inventaire de la succession de René Du Buat (décédé en 1582) en 1584

    « Coppie du 27 apvril 1582 contenant que ledit [Mc René] Gaultier,
    [greffier civil à Angers], a agréable le payment qui a esté faict par ledit
    [Me René] Pellaut, seigneur du Bois Bernier, à noble René du Buat,
    seigneur de la Souberardière, de la somme de troys mil cens escuz à
    Françoise Péju, veufve feu René Maullevault et Marie Maullevault,
    sa fille »

    Il y avait quelque chose qui m’interpellait déjà dans la donation entre vifs de René Pelault et Renée Du Buat en 1586 .J’avais lu dans la coutume d’Anjou qu’un tel acte n’ était autorisé que quand les patrimoines était équivalents.

      Note d’Odile :

    ELisabeth
    Le résumé de ce document cité par l’abbé Charles concernant la somme de 3 100 écus semble douteux. Ce résumé n’est pas le fait de l’abbé Charles lui-même, mais il a recopié le résumé qui figure dans l’Inventaire après décès des titres et papiers de René Du Buat seigneur de la Subrardière, le 16 novembre 1584. (AD53 Archives de la Subrardière. Titres de famille, t.1, n°50, pièce papier)
    Généralement, pour ne pas dire toujours, cette pièce d’inventaire est le seul document qui nous soit parvenu, et les documents inventoriés eux-même ont disparu, mais toutefois je suis d’avis que notre chance doit être tentée à Laval.
    Donc ces inventaires comportent des résumés rapidement fait pas un notaire. Le notaire pouvait lire rapidement et à la manière que nous dirions « en diagonale », or, la plupart du temps les raisons des paiements étaient plus complexes, et manifestement quelque chose a ici échappé au notaire en question, car le résumé est incompréhensible.
    Puisqu’on a par ailleurs un élément fiable indiquant que René Du Buat avait acquit Gastines, c’est qu’il l’a payée à René Pellault et Renée Du Buat entre 1581-1582.
    La somme de 3 100 écus semblerait le montant de la transaction.
    René Pelault n’a sans doute pas touché la somme car il l’a devait à Maulevault ??? ceci reste à démontrer, mais semble la meilleure explication.
    Compte-tenu que l’acte est passé à Angers en 1582, il faudrait refaire tous les notaires de cette année 1582.
    Odile

  8. Les archives de La Subrardières ne sont malheureusement pas déposées aux Archives de La Mayenne.

  9. Bonjour Odile

    sur le site https://www.archive.org/
    Dans la « Revue historique et archéologique du Maine »
    Sociéte historique et archéologique du Maine
    Collection getty; americana
    1889 Volume 26

    P116-

    « Rémission pour Jean de Launay « enfermé à la Conciergerie , ayant été jugé avec d’autres comparses par le juge de Laval à être décapités , condamnés à amendes et biens confisqués.
    Il fait appel à Paris.

    Un Mystère joué à Beaulieu en 1551 donne lieu à une scène violente entre des jeunes nobles « venant de prendre le vin chez l’un des leurs » et les acteurs issus du peuple .Au début moqueries , quolibets , les acteurs manquent de patience, s’en suit une bagarre mortelle.
    Sont impliqués Jean de Launay , Jean de Vildé sieur du dit lieu , un nommé Claude(..) sieur de Chantaut (Chanteil rectifie l’auteur ,il pense qu’il est de la famille du Buat mais pas de trace dans l »Histoire de la Maison du Buat’ ) le sieur de Barillé et autres, au nombre de dix.
    Hélas cet événement est antérieur de trente ans à la condamnation de Claude du Buat ci -dessus ,mais il est intéressant à connaître aussi pour se resituer dans les mentalités. Etre condamné pour faits de violence semble assez fréquent dans ce milieu social…
    Cordialement

    1. Bonjour Elisabeth
      Vous pouvez aussi télécharger sur FNAC EBOOKS le livre :
      La violence, une histoire sociale de la Renaissance aux Lumières, de Michel Nassiet

      Je me proposais de lui signaler notre roué vif, et je n’ai pas oublié que vous en descendez tout comme moi. Si je vous suis un peu, je crois que vous tentez de comprendre cette violence qui nous a personnellement touchées toutes les deux. Je m’interroge autant que vous.

      Ceci dit, l’ouvrage est assez surprenant parce que dans notre environnement médiatique actuel, nous avons le sentiment de violence assez élevée, puisqu’elle nous vient de partout de manière cumulative, alors qu’elle aurait diminué.
      Je pense que nous devrions un peu moins écouter les infos, ou plutôt que les journalistes devraient moins nous abreuver de faits divers.
      Odile

  10. Merci Odile pour la référence du livre .
    Vous avez tout à fait compris ma démarche et le but de ces recherches .
    Il est probable que le sieur de Barillé soit Guillaume du Buat le père de René et Claude.
    (cf Histoire de la Maison du Buat ) et que Claude sieur de Chanteil soit Claude de saint Aubin , cf Dictionnaire de la Mayenne de l’abbé Angot que vous citez sur cette page:
    http://www.odile-halbert.com/wordpress/?p=14149

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