Contrats de mariage retranscrits et analysés sur ce blog.
Il se passe toujours quelque chose à … nous rabattait autrefois une pub bien connue ! Ici, c’est comme dans la Pub ! Il se passe toujours quelque chose. Ainsi, les contrats de mariage m’étonneront toujours !
C’est le cas de celui-ci. Je l’avais pris parce qu’il illustrait un mariage inter-provinces, en l’occurence le garçon est de Tours.Ceci signifie un autre droit coutumier, car le droit varie selon la province.
Et, en le retranscrivant, tache toujours précieuse car elle est la seule méthode qui permette de ne rien laisser passer, je découvre 2 perles, je dis bien DEUX.
Enfin, par perles, j’entends bien sûr les petits plus qui font la richesse de tous ces contrats. Je me suis dis que j’avais sans doute tort de mettre mon analyse avant l’acte, et qu’il fallait vous laisser découvir les perles vous même, mais j’ai pitié de vos charges de travail, aussi j’ai surgraissé abondamment pour vous aider, puis je mettrai mon analyse au bas de cette page.
L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 20 avril 1603 après midy, devant nous François Prevost notaire de la cour royal d’Angers ont esté présents syre Charles Gasnay marchand demeurant en la ville de Tours paroisse de St Saturnin fils d’honorable homme syre Ysachac Gasnay marchand bourgeois de ladite ville de Tours, et d’honorable femme Marie Delailler d’une part
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sire n’est qu’un qualificatif de fantaisie, tout autant que noble homme d’ailleurs. C’est la dure loi du paraître qui mène à ces pointes d’orgueil mal placé.
Ysachac est sans doute Ysaac ?
et honorable fille Anne Boutelou fille d’honorable homme syre Jacqes Boutelou marchand bourgeois de ceste ville et d’honorable femme Marie Doisseau son espouse, demeurant en la paroisse St Maurille dudit Angers d’autre part,
lesquels Charles Gasnay et Anne Boutelou respectivement establys et soubmis se sont par ces présentes promis et promettent mariage par l’advis et consentement savoir ledit Gasnay dudit Gasnay son père et de ladite Delailler sa mère assistante aux présentes tant pour elle que pour sondit mari en vertu de pouvoir et procuration demeuré attaché à ces présentes, passé devant Charles Bertrand notaire royal à Tours le 17 avril 1603, et ladite Anne Boutelou par l’advis et consentement desdits Boutelou et Doisseau ses père et mère,
célébrer et accomplir ledit mariage en face de notre mère sainte église catholique apostolique et romaine à la première sommation et requeste l’un de l’autre, tout légitime empêchement cessant,
en faveur duquel mariage lequel autrement n’eust esté fait et accordé, ledit Boutelou et Doisseau sa femme de luy autorisée quant à ce, chacun d’eux seul et pour le tout, ont promis fournir donner et payer auxdits futurs conjoincts par venérable et discret frère Jehan Boutelou religieux et secretain de l’abbaye de Bourgueil, oncle de ladite future espouse, la somme de 1 200 livres tz savoir 900 livres tz dedans le jour de la bénédiction nuptiale desdits futurs conjoints et le surplus un an après, et en défaut de faire ledit don auxdits futurs conjoints par ledit Boutelou secretain payer par lesdits Boutelou et sadite femme en privé nom aux termes susdits ladite somme de 1 200 livres auxdits futurs conjoints
desquels de ladite somme en sera en aulcune faczon tenus faire rapport quelconque suivant le vouloir et intention dudit Boutelou secretain mais demeurera meuble commun entre lesdits futurs conjoints s’ils ont enfants de leurdit mariage qui leur survivent et s’il n’y en a survivant ladite future espouse ses hoirs reprendront ladite somme sur les biens meubles et acquets de la communauté d’elle de de sondit futur mari et si ladite future espouse le prédécède il aura l’usufruit et jouissance sa vie durant de ladite somme de 1 200 livres laquelle incontinent après son décès sera rendue baillée et délivrée par ses hoirs etc aux hoirs de ladite future espouse et à laquelle restitution il oblige ses biens ses hoirs, le tout du vouloir dudit Boutelou secretain lequel autrement les charges et conditions susdites ne consent faire don et payer ladite somme,
ou (avec le sens « auquel cas ») laquelle somme lesdits Boutelou et Doisseau sa femme seroient contraints icelle payer ) défaut dudit Boutelou secretain leur frère, ne tombera en communauté, ains sera réputée et censée le propre de ladite Anne leur fille et raporté à ses frères et sœurs cas de rapport advenant,
avec la somme de 300 livres qu’en outre lesdits Boutelou et sadite femme promettent et sont tenur payer et bailler de leurs deniers en advancement de droit successif de leurdite fille à elle et à son futur espoux dedans ledit terme d’un an après leur bénédiction nuptiale, ladite somme de 300 livres réputée et censée le propre de ladite Anne à laquelle aussi ils promettent donner par pareille advance de succession dès le jour de son mariage un trousseau honneste et habits selon sa qualité le tout estimé à la valeur de la somme de 200 livres que demeurera meuble auxdits conjoints communauté de biens dès le jour de leurs espousailles,
au moyen que ladite Delaillée tant en son nom qu’au nom et comme procuratrice de sondit mari et de lui autorisée quant à ce par sadite procuration, a promis et promis et demeure tenue esdits noms solidairement acquiter ledit futur espoux leur fils de toutes debtes qu’il pourroit debvoir jusques au jour d’icelles
et outre payer et bailler auxdits futurs conjoints dedans le jour dudit mariage en advancement de droit successif dudit futur espoux la somme de 300 livres tz laquelle sera réputée son propre sans tomber en communauté et de laquelle somme ladite future espouse si sondit futur espoux la prédécèdde aura la jouissance et usufruit sa vie durant icelle somme de 300 livres raportable par ses hoirs incontinet après le décès d’elle
à laquelle ledit futur espoux a assis et assigné et constitué par ces présentes douaire sur tous et chacuns ses biens suivant les coustumes des lieux ou seront situez lesdits biens cas de douaire advenant
laquelle Delaillée fera ratiffier ces présentes à sondit mari dedans ledit jour des espousailles desdits futurs conjoints à peine de toutes pertes dommages et intérestz,
à ce tenir etc… renonçant ladite Delaillée esdits noms au bénéfice de division division discussion et d’ordre de priorité et postériorité et lesdites Doisseau et Delaillée au droit vélléin à l’épitre divi adriani si qua mulier et autres droits introduits en faveur des femmes lesquels droit leur avons donné à entendre etc…
fait et passé audit Angers maison dudit Boutelou présents honorables hommes Me Samson Delespine licencié ès droits advocat au siège présidial d’Angers et Me Estienne Bruneau clerc juré au greffe dudit siège, sire Hierosme Grudé marchand
Signé de tous
PJ sur parchemin, attaché au contrat de mariage : Par devant Charles Bertrand notaire royal à Tours et en présence des tesmoings cy-après nommez fut présent en sa personne estably et soubzmis honorable homme sire Ysacar Gasnay marchand bourgeois demeurant en ceste ville de Tours paroisse St Saturnin, lequel a cogneu et confessé avoir fait nommer constitué et ordonné sa procuratrice irrévocable honorable femme Marie Delailler sa femme et espouse, à laquelle il a donné plein pouvoir puissance et autrement de sa personne recevoir par devant notaires royaux de la ville d’Angers et tous autres auquel il appartiendra et icelle consentir et accorder avec ladite Delailles sadite femme et procuratrive qu’il a pour cest effect auctorisée et auctorise le contract de mariage d’entre Charles Gasnay leur fils avec Anne Boutelou fille de honorable homme Jacques Boutelou marchand bourgeois demeurant ville d’Angers et Marie Doisseau son espouse qui sera consommé et accomply selon les accords signés dudit Gasnay père baillez audit Charles Gasnay de la part desdits sieur Boutelou et sadite femme et outre d’acquiter ledit Charles Gasnay leur fils de toutes debtes qu’il pourroit debvoir jusques au jour dudit contrat ensemble de ce qu’il a négocié et luy pour lui en marchandises ou autrement en quelque sorte et manière que ce soit, et de bailler audit Charles Gasnay en advancement de droit successif la somme de 300 livres dedans la bénédiction nuptiale et à ce faire obliger tous et chacun ses biens présents et advenir et renoncer à toutes choses à ce contraires.
C’est la mère de l’époux qui est venue à Angers traiter le contrat ce mariage de son fills. Bon, d’accord, elle n’est pas venue seule, puisque son fils devait l’accompagner, mais enfin, c’est elle et elle seule qui signe le contrat de mariage, avec procuration de son époux. De 2 choses l’une,
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soit il est cloué par la maladie, auquel cas il aurait ajouté dans sa procuration une petite allusion à son empêchement, pour sauver son honneur de mâle !
soit il a toujours associé son épouse à leurs affaires, connaît ses aptitudes et lui fait confiance.
Non, non, je vous vois venir avec vos gros sabots, mais je ne donnerais ici aucune 3e hypothèse, même si certains sont en train de penser haut et fort qu’il y a toujours eu des femmes pour porter la culotte ! Je prèfère la 2e hypothèse, et je dit Bravo monsieur Gasnay !
La seconde petite perle tient au financement de la dot de la fille, pour le moins surprenant par sa forme.
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Bon, d’accord, j’ai déjà vu des oncles et tantes sans enfants, participer à la dot, cela c’est banal ! Donc le tonton secrétain de l’abbaye de Bourgueil est le bienvenu !
Où cela devient moins banal, c’est dans le montant : l’oncle va donner 1 200 livres et les parents 300 livres, donc c’est l’oncle qui apporte la dot. Manifestement les parents ont plusieurs enfants et n’en peuvent plus, et pour tout dire, même dans les familles aisées, on laissait le plus souvent des filles pour compte, pour en favoriser une ou deux, au détriement des autres…
Mais où cela se corse réellement, c’est que le brave religieux donataire, impose sa propre clause au contrat de mariage. Pire, il a mis sa clause comme condition à son don (si ce que je donne n’entre pas dans la communauté je ne donne rien !). Par cette clause il entend que ce qu’il donne entre entièrement dans la communauté de biens.
Voici un religieux bien original, mais en tout cas c’est grâce à lui que le mariage se fera, c’est clairement dit.
Bonjour les tractations financières.
Il est même carrément question dans la procuration de Charles Gasnay DE CE QUI A ÉTÉ NÉGOTIÉ
Cela a le mérité d’être clair.
Remarquez, je m’en doutais bien, le plus souvent, mais au moins ici, cela a le mérité d’être dit.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.
Sur le rôle des femmes ,trouvé dans les minutes de Cheffes en 1662 ,dame Treton épouse de Nicolas Cupif bourgeois et magistrat à Angers qui signe une convention de chantier avec un couvreur :la couverture d’ardoise de Teildras ,bien de son mari (il devra signer ensuite sous peine de nullité) mais c’est elle qui est présente (l’acte et signé sur place)et qui donne des consignes précises, est mentionné même la récupération de l’ancienne ardoise, l’artisan doit travailler « sans discontinuité » fin de besogne fin de paiement et peut être emprisonné…comme vous nous l’avez dit c’était fréquent à l’époque. Enfin, Monsieur Cupif peut compter sur sa femme, c’est un acte qui m’a amusé :assez « actuel ».
« Teildras XVIIe s Anc.maison noble, relevant de Briolay et qui doit son nom à un ancien moulin drapant, établi sur le ruisseau » dit Célestin Port.
Effectivement ,ds l’acte ,l’artisan(Paul Lefaucheux)doit faire toute la couverture d’ardoise pour le batiment neuf que le seigneur a dessein de faire et la réfection du grand corps de logis;ce serait intéressant de savoir si cette demeure existe toujours.
Note d’Odile : La base en ligne de l’Inventaire du patrimoine http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/ ne donne rien à Cheffes, mais tout n’est sans doute pas relevé.
Cette demeure existe toujours, il y a une vingtaine d’années le château de Teildras faisait restaurant.
oui elle existe tj et etait dans ma famille jusqu’il y a 10 ans. j y ai passé mon enfance.
Note d’Odile : Merci infiniement. Suite à votre précieuse information je suis allée le voir en cartes postales sur Collection de cartes postales sur le site des Archives Départementales du Maine et Loire. Compte tenu de la coloration de la carte postale, je la date des années 1920 à 1930
madame ,je trouve votre site fabuleux ,et ne peux que remercier une personne,qui à fait progresser la géné amateur. en ce qui me concerne je recherche les origines d’une famille Orriere qui à vécue plusieurs siecles en ille et villaine et aussi en mayenne quant à moi je suis bloquée en 1788 à launays villiers en mayenne .pourriez vous m’aider je vous en serat reconnaissante .anne orriere dehetde TEL l’huisserie
merci
Réponse d’Odile : Désolée, mais vous devez bien penser que je suis surchargée de travail et que je souhaite continuer ce que j’ai entrepris, merci de le comprendre.
J’ai supprimé votre numéro de téléphone car je ne pense pas que cet instrument soit un outil de recherche.
Je decendais souvent au magnifique Chateau de Teildres avec la famille de Bernard de Breuil, et en garde des souvenirs magique de cette epoque des annees 1974 a 1978.
L’origine du nom du lieu on m’a expliquer etais le lieu ou les jeunes femmes du village « teillaient les draps » dans la petite fleuve qui passait dans le parc.
Le chateau aujourd’hui appartient a la famille de Cointreau , je crois.
Saluatations a Clementine de Bernard du Breuil et sa mere Carole, qui habitait Geneve, je crois!
Note d’Odile :
Voici la notice de Célestin Port sur Teildras :
J’ai travaillé au château de Teildras il y a 24/25 ans. J’étais réceptionniste. C’est une magnifique demeure.
j’habite tout près du chateau de Teildras ,commune de Cheffes,et cela m’interresserait de savoir l’époque ou les femmes du village « teillaient les draps » dans le Pyron (ruisseau au bas de la propriété.) merci
Selon le dictionnaire du Patois de l’Anjou, de Verrier, TEILLER ou TILLER le chanvre, c’est enlever la deuxième écorce de cette plante. On l’arrache sans briser la chenevotte ou baudre, par une légère cassure. L’écorde de cette dernière partie se détache de même, mais brusquement, et elle est de moint bonne qualité.
Je possède encore des draps de chanvre et jusque dans les années 1950-1970 c’était encore un drap répandu.
De nombreux lecteurs de ce blog peuvent vous le confirmer.
Odile