Livraison de 19 pipes de vin à l’abbaye Toussaint : Angers 1592

En Anjou la pipe vaut 475,6 l donc les moines de l’abbaye Toussaint d’Angers reçoivent 9 036,4 litres de vin mais non seulement les moines devaient être assez nombreux, mais le personnel qui gravitait autour aussi, et l’acte dit même qu’il y avait des prisonniers, donc probablement une centaine de personnes et cela donnerait 90 litres chacun, soit un quart de litre chacun par jour. Les moines d’Angers sont livrés par une autre abbaye, et pour mémoire, ce sont les moines au 9ème siècle qui ont implanté un peu partout la vigne en France. Et pour mémoire, autrefois, le vin était moins dangereux que l’eau, qui était le plus souvent contaminée.
L’acte m’apprend surtout la présence de prisonniers dans l’abbaye, ce dont j’étais très loin de me douter.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 6 novembre 1592 avant midy,  en la court du roy notre sire Angers endroit par davant nous personnellement establis vénérables personnes les religieux et couvent de l’abbaye Toussaint d’Angers duement agrégés et assemblés ès clouastres de ladite abbaye es personnes de frère Loys de Morton secretain, Anthoine de la Poueze chambrier, Nicolas Boisard prieur de Millon, Pierre Barbot chantre, Denis de Beaurepère, Julien Genest et Pierre Gallot tous religieux de ladite abbaye, soubzmectans eulx et tous et chacuns les biens de leurdit couvent présents et advenir au pouvoir etc confessent avoir ce jourd’huy eu et receu de vénérable et discret Me Nicolas Bouvery prêtre abbé de ladite abbaye par les mains de Me Guillaume Amys sont procureur et entremetteur qui leur a baillé et livré en présence et à vue de nous le nombre de 19 pipes de vin blanc nouveau bon franc loyal et marchand, à quoi lesdits sieur abbé et religieux ont convenu et accordé pour le fournissement du vin que ledit abbé était tenu fournir en ladite abbaye en l’année qui a commencé à la St Martin d’Higner dernier passé et finira à la st Martin d’Hygner prochaine qu’on dira 1593 (f°2) au moyen duquel fournissement de 19 pippes de vin demeure le sieur abbé quite tant du vin qu’il estoit tenu bailler et fournir auxdits religieux tant présents que absents sains ou malades et leurs gardes, ensemble pour la célébration des messes deues en ladite abbaye que de tout le vin que ledit sieur abbé estoit tenu fournir en ladite abbaye pour ladite année, et dont ils ont promis et demeurent tenus acquiter ledit sieur abbé vers tous fors et non comprins le vin qu’il doit au celerier et son serviteur et à frère Laurent Chalumeau aussi religieux de ladite abbaye de présent absent, aulx chirurgien cuisinier buandier de ladite abbaye, prisonniers et l’adree etc sans au surplus préjudicier à la transaction faite entre lesdits abbé et religieulx le 10 août dernier, renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé es clouastre de ladite abbaye en présence de Me Maurice Hamelin et Sébastien Goddes

Armel Servant est dit monteur d’arquebuses et non arquebusier, Angers 1588

Je descends de 2 arquebusiers différents l’un POYET l’autre AUDINEAU 

J’ai beaucoup étudié les arquebusiers et j’ai aussi beaucoup publié sur mon site.

J’ai toujours pensé qu’ils étaient fabriquants et/ou vendeurs d’armes. Et en Anjou, je sais donc qu’on pouvait se procurer des armes à Angers mais aussi à Segré et à Chemillé. Mes Poyet sont à Segré, mes Audineau à Chemillé.

Ici je vous mets un acte assez curieux, car Armel Servant est monteur d’arquebuse au lieu d’arquebusier et j’ignore s’il y a une différence. Par contre, l’acte est plus que curieux, car en fait de montage d’une arme il achète à un menuisier des montants pour faire les lits comme on les faisait autrefois, c’est à dire à quenouilles (les 4 piliers aux angles montant pour soutenir le haut du lit et les rideaux) et à panes (mot qui n’existe comme tel dans aucun dictionnaire ni celui du moyen âge ni les dictionnaires anciens suivants ni le Dictionnaire du monde rural de Marcel Lachiver. Or, le tout est bien en bois de noyer donc n’a rien à voir avec les rideaux du lit et le tissu, mais bien avec les montants en bois du lit. Je suppose donc que ce terme était tout à fait local et oublié.  L’acte est très raturé, comme l’étaient souvent les actes de cette époque, et pour que vous puissiez vérifier ce que je dis ici, je vous mets les vues.

Mais que vient fait un monteur d’arquebuse dans la fabrication des lits ? car le nombre qu’il commande est très élevé et ne relève donc pas d’un investissement personnel dans un ou quelques lits.

Qoiqu’il en soit cet Armel Servant, monteur d’arquebuse, sait signer, alors que mon POYET ne signe pas, ou je peux me demander si on lui a bien demander de signer ??? J’ai parfois des doutes sur ce point.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E1 – Voici ma retranscription rapide mais efficace  :

Le 29 octobre 1588 après midy en la cour du roy notre sire à Angers par davant nous François Revers notaire de ladite cour personnellement establys Armel Servent monteur de harquebuses et Estienne Lemonnier Me menuisier demeurans Angers d’une part, et Anthoyne Viau menuisier demeurant à Moranne d’aultre part, soubzmetant lesdites parties respectivement etc confessent sans contrainte avoir ce jourd’huy fait et font entre eulx le marché tel que s’ensuit, savoir est ledit Viau avoir vendu et vend par ces présentes et promet rendre bailler et livrer en ceste ville d’Angers dedans le jour de Caresme prenant prochain venant auxdits Servant et Lemonnyer le nombre de 100 panes de lit et aussi de 100 quenouilles de lit, lesdites panes d’espaisseur de 3 poulces et de largeur de 7 poulces de 6 pieds 2 poulces de longueur, les quenouilles de 7 pieds de long et de 5 poulces d’espaisseur ; vend ledit Viau auxdits Servant et Lemonnier comme dessus 6 toises de nour ? d’espaisseur (f°2) de 3 poulces plus 6 toises de noir d’espaisseur d’un poulce et demy, toutes lesquelles auront 14 à 15 poulces venant à 18, le tout de bon bois de noyer bon loyal et marchand ; et est faite la présente vendition pour et moyennant la somme de 48 escuz sol sur laquelle ledit Servant a payé et advancé audit Viau 2 escuz et demy et le reste payable savoir dedans ung mois après la Toussaint 7 escuz et demy et le reste montant 38 escuz payable savoir 28 escuz faisant la livraison desdits bois dessus …

Le loquet et la quincaillerie serrurerie des fenêtres et portes d’antan

Ce jour, 13 janvier, j’ai trouvé sur Internet la réponse à ce que je cherchais et je vous invite à aller voir pour rêver un musée et un fabricant actuel de ces anciens loquets etc…

Musée Lesecq des Tournelles

un fabricant actuel de quincaillerie forgée etc… pour les Monuments historiques

 

Bonjour à tous mes fidèles lecteurs.
Je suis consternée par ma capacité à oublier nos modes de vie d’antan, car vivant comme beaucoup dans les fenêtres alu coulissant etc… je ne parviens même pas à trouver sur Internet une photo de fenêtre d’antant avec sa fermeture tournante de haut en bas etc… et je viens vous demander si vous en voyez encore près de chez vous de bien vouloir m’en faire photo. Même les anciens loquets de porte etc…
Pourtant, j’ai même vécu 2 ans dans une maison renaissance non modernisée, celle où j’avais la chambre mansardée fenêtre renaissance, sans eau et commodités, et sans chauffage, et ensuite j’ai vécu dans des maisons construites en 1900-1910 avec fenêtres anciennes, mais j’ai oublié. Et il faut dire que nous allons tout supprimer ces fenêtres si j’en crois les programmes d’isolation de tous les bâtiments.

J’ai trouvé sur internet, les 131 pages des planches DIDEROT article SERRURERIE qui donnent tout bonnement le vertige, car j’ai des ancêtres serruriers et des ancêtres quincaillers ensuite, et je réalise à peine l’ampleur de leur travail, tant ces fenêtres modernes m’ont fait tout oublier.
Alors si vous avez photo de vieux loquets de portes, fenêtes, etc… merci de m’aider à constituer une base du souvenir de la quincaillerie serrurerie d’antan.
j’ai aussi téléchargé, outre les planches de l’encycolopédie DIDEROT concernant la SERRURERIE, un document sur la fabrication de la quincaillerie dans la région de Tinchebray dans l’Orne, et je cherche encore et encore. Merci de votre aide.

Perreyeur : erreur du Dictionnaire Littré, qui le limite aux ardoisières d’Angers

Je viens de vous montrer avant-hier les perreyeurs de Nantes Sud Loire, qui figurent dans les recensements au 19ème siècle, et qui sont définis dans ces documents comme « perreyeurs » de métier. Donc, le terme « perreyeur » n’était pas propre aux ardoisières d’Angers, car hier m’a pris l’idée saugrenue d’aller voir sur Internet ce que disaient les dictionnaires anciens, et je ne trouve que le Littré, et avec une définition erronée, car cet ouvrage respectable par ailleurs, limite ce métier aux ardoisières d’Angers.

Je n’en reviens pas d’avoir pris Littré en défaut et il faut aujourd’hui que je respire calmement pour m’en remettre, car vous pouvez vérifier aussi sur Internet et voici ce que vous allez trouver :

  1. Dictionnaire de la langue française (Littré). Tome 3
    1. PERREYEUR Dictionnaire de la langue française (Littré). Tome 3 [ 1873 ]

PERREYEUR pè-ré-ieur s. m. Ouvrier travaillant à l’exploitation des ardoisières d’Angers.

FAUX : le terme était utilisé ailleurs, et je le retrouve à Nantes, donc il doit bien aussi avoir été utilisé ailleurs. Votre avis nous intéresse, car vous avez sans doute aussi rencontré ce terme ?

 

Porteur de pain à domicile : Nantes St Jacques 1901

Voir tous les articles sur Nantes Sud Loire Saint Jacques

Le recensement de Nantes St Jacques en 1901 que je vais vous donner ici intégralement montre entre autres la présence de nombreuses personnes âgées isolées. Cela m’intéresse beaucoup, car je pensais qu’autrefois les personnes âgées étaient assumées par leur famille et non isolées.

Tout en tappant ce recensement (j’ai déjà tappé 2 500 personnes et cela n’est pas terminé tant c’était dense autrefois) je me demandais donc comment ces personnes âgées vivaient, moi qui suis cliente du Super U à domicile via internet, et qui entend à la radio que pendant le reconfinement beaucoup de magasins tentent de livrer à domicile.

Bref, voici le porteur de pain, donc je suis rassurée, on livrait aussi à domicile autretois, et le pain était important. Donc les personnes âgées isolées pouvaient autrefois avoir le pain à domicile.

Adolphe Guillard a 30 ans, déjà 2 enfants, demeure dans la cour du 104 rue St Jacques, et exerce la profession de PORTEUR DE PAIN de la boulangerie de la veuve HALBERT au 66 rue St Jacques. Cette veuve est une collatérale de mon ancêtre, et je vous signale au passage que cette boulangerie existe toujours et à la même place.

Les habits de bougran de ceux qui soignent les pestiférés : Nantes 1583

Il fallait attendre 40 jours après guérison pour réapparaître. Et j’ajoute, « si toutefois on ne mourait pas ».

L’habit de bougran semble bien désigner un tissu de récupération, et comme nous sommes à Nantes un port avec voiliers, et fabriques de voiles, je suppose que ce tissu est fait de vieilles voiles. Voici la longue définition de ce tissu, qui semble avoit beaucoup varié au fil des siècles :

BOUGRAN[1] (Bougrain, Bucherame) n.m. Son nom viendrait de la ville de Boukhara, située en Ouzbékistan, à moins que ce ne soit de Bulgarie, dont les habitants sont les « Bougres », ou encore de « gabnar », en latin « validus fruit », allusionà l’enduit fortement fommé, que pourraient aussi signifier les mots bas latin « bucharanum, buchiaranum ». De très nombreuses formes de ce mot sont connues dès le XIIIè siècle : bougueren, boucheran, bouqueram, bouscq et, en Provence, Bocaran. Au Moyen âge, c’est une sorte de mousseline très légère, précieuse et chère, parfois utilisée en doublure, parfois imprimée ou peinte quand elle est portée par-dessus ou employée dans l’ameublement. On la rencontre surtout dans le domaine liturgique et dans le monde oriental. Elle est fabriquée en Arménie (Erzinghiam), au Kurdistan (Mouch et Mardin), en Perse (Ispahan), dans le district de Telingana et en Inde, pays de Malabar, au Tannay (Cambaye), au pays d’Habech en Afrique et enfin à Chypre. Le Bougran est importé en Occident dans les ports de Saint-Jean-d’Acre, de Constantinoble, de Satalia et de Famagouste.Au XIVème siècle, l’étoffe est mentionnée dans les « Comptes de l’Argenterie », à propos de Clémence de Hongrie (1328), qui possède une chambre de « bouqueran » blanc. Au XVème siècle, c’est un tissu de lin, utilisé en ameublement, en sellerie et pour les étendards de l’aristocratie. Entre les XVIIème et XXème siècles, le bougran reste une grosse toile forte et gommée, fabriquée en chanvre et coton (armure taffetas), de diverses couleurs, qui sert de garniture et de soutien à l’intérieur de rideaux et de vêtements civils et liturgiques. Au XIXème siècle, disparu des tissus précieux, le bougran est réservé aux vêtements de dessous. C’est souvent un tissu de récupération : vieux draps de lit, morceaux de voiles de vaisseau sont apprêtés et vendus comme bougrans, sans largeurs précisément définies, longs de 4,72 m. Fabriqué en particulier à Alençon, Caen, Paris, Rouen, en Angleterre, en Saxe, en Bavière et en Autriche.

[1] HARDOUIN-FUGIER Elisabeth et Coll., Les Étoffes, dictionnaire historique, Editions de l’Amateur, 2005