Comparaison droit Angevin / droit Normand : les nombreuses dots impayées des fonds des notaires de l’Orne

L’Orne, entre autres, est un département où il fait bon faire des recherches dans les fonds des notaires, d’une part parce que les notaires de toutes les petites villes ont conservé des fonds anciens, souvent avant 1600, ce qui n’est pas le cas en Anjou, ou les fonds anciens n’existent que pour Angers et quelques rares fonds.
Mais, le droit Normand a ses particularités, dont la plus importante à mes yeux est l’inégalité homme femme du droit de succession, et par là même des dots.
En Anjou, la succession est des plus égalitaires, sauf bien entenu celle des nobles. L’égalité est totale homme femme et même d’un enfant à l’autre puisqu’on remet dans la succession tous les dons ou dots recçus du vivant ds parents, lesquels dons peuvent parfois est inégaux.
En Normandie, les filles ne sont pas héritières de leurs parents.
Si elles ont eu la chance de se marier avant le décès de leurs parents, ils ont promis une dot (nous y reviendrons). Si elles se marient après le décès de leurs parents, les frères sont tenus de donner la dot à leur soeur.
Enfin, si elles ne se marient pas, mieux vaux le couvent sinon domestique chez un frère.

Mais même ayant eu une dot, celle-ci ne ressemble en rien à la dot angevine, et ce sur 2 grands points :
1-En Normandie la dot contient toujours les 3 apports : pécunier, meubles vifs (vaches pleines, brebis, boeufs), et meubles morts énumérés, et trousseau. Alors qu’en Anjou, les meubles vifs n’apparaissent pas (ou alors rarement et pas dans la région du Haut-Anjou)
2-En Normandie la dot n’est pas entièrement versée le jour des épousailles, mais selon un échéancier s’étalant le plus souvent sur 5 ans sinon plus, et jusqu’à 10 ans. Cet échéancier, surprenant pour un chercheur habitué à l’Anjou, est non seulement surprenant, mais source d’ennuis ultérieurs très nombreux.

C’est ainsi qu’on trouve dans les archives notariales de l’Orne de nombreuses dots impayées, dont le solde est souvent réclamé par les enfants (ci-dessous 46 ans plus tard pour Louise épouse Laisné), voire les petits-enfants (ci-dessous 64 ans après pour Jeanne épouse Guibé).
J’ai déjà trouvé 3 cas dans la famille Lepeltier, dont 2 relèvent de François Lepeltier lui-même, et la 3e de André Regnault, beau-père de son fils Jacques.

Avec ces 64 ans, je pensais avoir trouvé un record.

Or, je viens de retranscrire un autre cas aussi stupéfiant, toujours dans le cadre de mes ascendants personnels. Et j’en conclue que ces méthodes hallucinantes vis à vis des filles, n’étaient pas si rares, et les frères bien souvent oublieux de leurs soeurs.

Voici le dernier cas trouvé in AD61-4E119/16 notariat de Rânes – vue 102-103/242 (vue trouvée par un ami sur la site de Jean Pierre Bréard sur Geneanet, car je n’ai pas accès à Geneanet):

« Le 29 août 1622 , à Carrouges, furent présents honorables hommes Jean (s), Louis (s) et Guillaume (s) Aumoette frères, fils & héritiers de feu Me Guy Aumoette, vivant sieur du Fai de la paroisse de Saint-Martin l’Aiguillon et de feue Madeleine Pinson fille de feue Guillaume Pinson et de feue Marie Delaforge, ses parents, de la paroisse de la Ferté-Macé d’une part
et Jean Pinson (s), écuyer, sieur de la Brière à cause de la demoiselle son épouse, fille de feu Léonard Pinson, sieur de la Mellière qui était fils et héritier en une tierce partie de feu Jean Pinson vivant fils et héritier dudit feu Guillaume Pinson et de la dite Delaforge demeurant en la paroisse de la Ferté-Macé d’autre part,
lesquels en raison du différend qui était pendant au siège présidial du Mans, sur la demande desdits Aumoette contre les détenteurs des fonds à eux échus à cause de leurdite mère et auxdits Pinson auxdits droits échus de leurs prédécesseurs au pays du Maine pour en entrer en possession et en avoir partage sur ce qu’ils y étaient demeurés reservés par le traité de mariage dudit feu Me Guy et de la dite Madeleine reconnu aux ples de notre Dame à Falaise le 7 mai 1559, lesquels détenteurs auroient appelé ledit sieur de la Brière et Jean et François Pinson, sieur de la Vrignière et de la Mercerie, autres fils et héritiers dudit Me Jean Pinson et de ladite Delaforge aux fins aux fins de leur valloir et garantir, sur quoi s’en seroit ensuivi plusieurs procédures et pour éviter à la rigueur d’icelles en auroient lesdits Jean & François Pinson cohéritiers dudit sieur de la Brière chacun pour son particulier fait accord avec lesdits Aumoette passés en ce tabellionage et depuis s’estoient encore faits quelques procédures contre ledit sieur de la Brière pour au douteux évenement du jugement définitif fuir et éviter, aujourd hui date des présentes se sont retrouvés par ensemble ledit sieur de la Brière et lesdits Aumoette, lesquels par transaction finale jurée et yrévocable en ont accordé ce qui en suit c’est à savoir que ledit sieur de la Brière pour estre et demeurer quitte de son chef, lui et ladite damoiselle son épouse, de ladite poursuite prétention et demande desdits Aumoette leur a donné promis payer par exécution la somme de 182 livres tz, à savoir qu’il en a esté présentement payé 38 livres et le reste paiable dans quinzaine prochainement venant et ainsi par ces moyens les parties hors de procès et sans despens de part et d’autre ni autres rescompenses soit taxées et à taxer et entendre ledit sieur de la Brière avec lesdites Jean et Me François Pinson a acquiter lesdits Aumoette vers lesdits détenteurs des frais et despens qui pour ce leur pourroient estre deubs et demeurent lesdits Aumouette libres à se faire payer sur lesdits detenteurs des despens qu’ils pourroient debvoir pour les delays superflus
dont du tout etc et quant à ce etc obligent chacuns leurs biens etc présents Martin Héron (s) sieur de la Rousselière, de la paroisse de Beauvain et Jacques Lolivrel (s) sieur de la Frichetière
et du depuis ledit sieur de la Brière a pour lesdits acquéreurs et sans préjudice de sa rescompense contre eux payer auxdits Aumouette 73 sols pour sa tierce partie desdits delays superflus que lesdits Aumouette eussent peu demander auxdits acquéreurs ou détenteurs »

Ces familles sont toutes notables, signant fort bien, ce qui ne les empêchaient pas d’attendre 63 ans avant de régler enfin la dot aux petits enfants, et ce après poursuites.

Compte-tenu de la durée de vie de cette époque, le décalage est encore plus surprenant, car de nos jours on connait assez souvent ses grands parents, mais de là a payer leurs dettes ou inversment !!!

Mais, au delà de ces dots si longtemps impayées, je dois vous avouer que ces actes sont une mine de renseignements pour les chercheurs du 21ème siècle, qui ont ainsi sur un plateau plusieurs générations.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

Cartes d’Anjou

La représentation plane de la terre ou partie de la terre, ronde, est très approximative jusqu’au XVIIIe siècle. Les évêques sont plus souvent promoteurs de cartes de leurs diocèses, que les ducs de leur duché. Les cartes de Bretagne (GAUDILLAT Claude, Cartes anciennes de Bretagne 1582-1800

  • , Coop Breizh 1999), attestent que les ducs de Bretagne ont eu une idée plus qu’approximative de leur territoire, voire parfois fantaisiste.

    Le roi de France n’est pas mieux loti, d’ailleurs il n’entretient pas le réseau routier, qui ne lui appartient pas et est à l’abandon. Les seigneurs rendent aveu pour leur terre en la bornant de ses voisins ou des rivières. Chaque sujet possesseur d’un bien foncier fait de même à son seigneur : « une quantité de terre située dans le bout vers midi dudit pré Brettault contenant ladite quantité 28 cordes de terre joignant vers soleil levant la terre de René Gisteau, vers soleil couchant la terre cy-dessus, vers midi ledit ruisseau et vers septentrion la terre de ladite Gisteau ». Peu possèdent un plan terrier (ancêtre du cadastre). Et les ventes de biens se font sur le même principe.

    Avec Louis XV tout change. Il est le premier à renover le réseau routier depuis le départ des Romains. Il était temps ! Sous l’impulsion des progès des mathématiques et de l’astronomie, il charge César Cassini de dresser une Carte Topographique de la France. Ce relevé, fait en équipe, demandera des années de travail, et sera achevé par son fils Jacques Dominique.

    Pour cette carte, il faut relever les noms de lieu. Les seigneurs, possesseurs des biens fonciers sur lesquels il prélèvent les impôts fonciers, sont censés connaître ces noms. Hélas, à cette époque, une partie des seigneuries est entre les mains de nouveaux riches. Peu connaissent la paléogaphie, et savent encore lire les anciens terriers (chartriers). Il s’ensuit une altération accélérée des noms de lieu au XVIIIe, et les noms de lieux donnés par Cassini en souffrent beaucoup. Bref, la carte de Cassini elle-même est tout sauf exacte, mais elle eut le mérité d’exister à son époque, comme un grand progrès.

    Voici quelques cartes anciennes :

  • sur Gallica
  • 6 cartes, dont seule la 6e donne les limites de l’Anjou !

    • Carte du duché d’Aniou / [Tassin]- [s.n.] ([Paris]) – 1634
    • Aniou / per Gerardum Mercatorem- [s.n.] ([Amsterdam]) – 1636
    • Le duché d’Aniou- I. Ianssonium (Amstelodami) – 1630
    • Ducatus Andegavensis, Aniou, 1573 / auctore Licimo Guyeto Andegavense- G. Blaeuw (Amsterdami) – 1600-1699
    • Carte générale du Duché d’Anjou dediée a Monseigneur le Duc d’Anjou frere unique du Roy, et faite aux frais de Mre Guy Arthaud archiacres et chanoine de l’Eglise d’Angers / par Iean le Loyer de la Flèche- [s.n.] – 1654
    • Gouvernement général d’Orléans suivant les derniers estats generaux ; et qui comprend le Maine, le Perche, la Beauce, et le Gastinois au deça de la Loire ; le Nivernois, l’Orleanois, le Blaisois, la Touraine, et l’Anjou / par N. Sanson d’Abbeville- Chez l’Auteur et chez Pierre Mariette ([Paris]) – 1650
    Dernière des 6 cartes de Gallica, datée de 1650, c’est la seule donnant les limites de l’Anjou, et ce relativement exact.

  • au CDIP
  • pas d’indication de la source de la carte, hélas !

    Et voici quelques cartes modernes, plus fiables :

  • sur Wikipedia
  • carte moderne donnant le contour, mais peu de détails sur les communes. Elle a la particularité d’englober le Loudunois, et de donner le contour du département du Maine-et-Loire, dont on voit clairement les parties ont été détachées.

  • livre d’histoire en 1922
  • Elisabeth vous envoie le manuel scolaire de sa maman en 1922. On enseignait alors dans le Maine-et-Loire, l’ancienne carte d’Anjou, et les écoliers pouvaient voir les parties détachées de l’Anjou sur leur carte !


  • selon R. Favreau, Atlas historique de l’Anjou
  • Voici un extrait, concernant le Haut-Anjou. C’est la carte que j’utilise quasiement quotidiennement

    Complément à l’histoire du fief de Broussin en Fay, Sarthe

    Un aimable correspondant vient gentiement de m’envoyer un postal contenant photocopie de l’ouvrage de l’abbé Froger, la Seigneurie de Broussin à Fay, Laval, 1899.
    Je l’en remercie vivement. C’est très touchant de voir qu’en mettant toutes les informations bout à bout on pourra ainsi progresser, ici, Louise Haton est le lien.
    Ainsi que Philippe Gontard me le signale ci-dessous, ce fief existe bien sur la commune de Fay, et non sur celle de Voivres lès le Mans. Il est de nos jours orthographié Broussins. J’avais mis hier un titre erroné, que je me permets de rectifier en le citant ici.

    Le fief de Broussin fut en effet possession de Pierre Auvé époux de Louise Haton, dont 2 filles Françoise et Renée.
    Renée Auvé avait épousé successivement Madelon de Brie-Serrant, dont elle était veuve le 15 septembre 1544, puis Jehan de Chourses aliàs de Chourses.
    Voici ce qu’en dit l’abbé Froger :

    Celui-ci mourut dans cette petite ville, le 30 octobre 1609. Bien qu’il ait porté le titre de seigneur de Broussin, ce domaine, parmi tant d’autres qu’il possédait, dut lui importer assez peu. Il y entretenait très probablement, en qualité de receveur, Thomas Guébrunet, sieur des Brosses, lequel y résidait en 1598.
    De son vivant, sans que nous sachions en quelle année ni quelles conditions cela eut lieu, Jehan de Chourses se dessaisit de Broussin au profit d’un sieur de la Guyonnière, dont nous n’avons point su établir l’identité, mais auquel messire Pierre 1 Brulart, chevalier, seigneur de Crosnes, racheta cette même seigneurie, avant ou en 1605.

    J’ai publié ici il y a quelque temps la succession de Renée Auvé, dame de Broussin, et épouse de Jean de Chourches.

      Transaction entre héritiers de Renée Auvé, dame de Malicorne, Angers 1578

    Le couple était sans postérité, mais Jean de Chourches, ayant survécu à son épouse, il eut l’usufruit de quelques biens, lesquels à son décès revinrent comme les autres biens de Renée Auvé aux héritiers Haton dont Renée Auvé descendait.
    Je pense donc que ce sieur de la Guyonnière cité par l’abbé Froger était probablement l’un des nombreux héritiers Haton, qui eurent plusieurs accords avec Jean de Chourches de son vivant, concernant la succession de Renée Auvé.
    Jean de Chourches n’étant qu’usufruitier, il n’a pas pu aliéner Broussin.

    Sur le plan pratique, une partie des actes est en Maine-et-Loire, l’autre en Sarthe, d’où la difficulté à avoir tout l’ensemble.
    Mieux, une grande partie est aussi aux Archives Nationales, mais là, l’abbé Froger a eu accès à ces documents et les cite dans son étude.

    Charles Miron, évêque d’Angers, puis primat des Gaules

    Fils de Marc Miron, premier médecin du roi Henri III et de Marie de Gencian, était depuis un an abbé de Cormery et déjà en réputation de grand orateur, n’ayant que 18 ans, quand le roi le nomme à l’Evêché d’Angers.
    Il prit possession par procureur le 11 octobre 1555 et personnellement le 24 avril 1589, malgré l’opposition du théologal Giraud V, soutenue par son Chapitre et par la Mairie, mais réduite d’autorité par le maréchal d’Aumon, alors souverain maître de la Ville.
    Le prélat ne fut sacré que le 11 avril 1591 à Tours. Il assista à Saint-Denis à l’abjuration (25 juillet 1593), puis à Chartres au sacre du roi Henri, dont il devait prononcer plus tard l’oraison funêbre à St Denis (10 juin 1610).

    Angers, collection particulière, reproduction interdite
    Angers, collection particulière, reproduction interdite

    Mais son séjour seul à la cour dans ces temps de passions extrêmes aurait suffi à le rendre odieux et il annonçait le 23 janvier 1599, à la grande joie de son Chapitre, son intention de se démettre au profit de René Benoist. Ce projet n’eut pas de suite et miron perdit un vain zèle à de malheureuses procédures. Un arrêt maintint contre lui l’usage du Bréviaire romain (27 février 1603), deux autres, l’exercice de la juridiction, dite loi diocésaine, sur certaines paroisses, qui’il voulait enlever à son Chapitre (1613-1616).
    Pour avoir interdit en 1612 aux religieuses du Ronceray de laisser passage à travers leur choeur aux processions du Sacre, il provoqua une querelle interminable, des violences inouïes.
    Pourtant les statuts imposés par ses synodes annuels, dont il présida le plus grand nombre, témoignent d’intentions droites et il ne tint pas à lui qu’il ne rétablit la discipline, en obligeant tout au moins dès le premier jour les curés à la résidence.
    Miron avait assisté en 1605 à l’assemblée générale du Clergé ; il fut député en 1614 à l’Assemblée des Etats – et enfin s’estima heureux en mai 1616 de permuter son évêché contre les abbayes de St Benoît sur Loire, d’Ainay près Lyon et de St Lomer de Blois, pour se retirer à Paris dans sa famille.
    Mais sur la désignation de Richelieu, qui craignait, dit-on, de trop près ses brigues, il accepta encore de revenir à Angers succéder à son successeur Fouquet de la Varenne. On le voir dès le 21 janvier 1621 avertir par lettre son Chapitre de sa venue pacifique et prendre possession de nouveau de l’Evêché le 23 avril 1622.
    Preque aussitôt renaissent plus ardentes les querelles de son premier règne. Dès 1623 le prélat se déclaré résolu à déserter sa cathédrale et a transférer le service en l’église St Pierre. Il somme son grand-Archidiacte, Garande, de l’y suivre et sur son refus l’excommunia, mais il trouve réunis contre lui tous les ordres de la ville et le Parlement.
    Le Journal de Louvet est plein de ces débats, qui fournissent matière aux livres d’Eveillon, de Claude Ménard, de Boutreux, et qu’a racontés en détail Rangeard dans son Hist. du Calvinisme.
    « Heureusement », comme dit Pocquet de Livonnière, la mort du cardinal-archevêque de Lyon (16 septembre 1626) ouvrait un droit d’héritage au plus ancien évêque de France, qui se trouva être Miron. Il fut appelé à lui succéder le 2 décembre et fit prendre possession le 12 février 1627. Mais il n’était pas encore parti d’Angers quand une attaque d’apoplexie le frappa, qiu provoqua du moins une réconciliation sincère avec son Chapitre. A peine installé à Lyon, il y mourut le 5 juillet 1628. Son testament, daté du 5 juillet 1626, désignait comme exécuteurs testamentaires son frère Louis, maître d’hôtel du roi, le supérieur de l’Oratoire et Lasnier de Ste Gemmes.
    Ser armes portent écartelé au 1 et 4 de gueules au miroir rond à l’antique d’argent, cerclé et pommeté d’or ; au 2e et 3, de Gencian.
    Son portrait en pied existe à l’archevêché de Lyon : un autre, en buste, à l’évêché d’Angers.
    La scène qu’on lui prête avec une démoniaque, Marth. Brossier, lui est complètement étrangère et s’est passée à Amiens. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876)

    La seigneurie de la Gravoyère et le prieuré Saint Blaise, 1309-1828

    Il y a un an nous fêtions ici saint Blaise.

    Il y a quelques années, les Amis du château de la Gravoyère, à Noyant-la-Gravoyère, firent appel à moi pour tenter de comprendre, du moins telle était leur question, les liens éventuels entre le château de la Gravoyère, le prieuré saint Blaise de la Gravoyère, et les traces d’exploitation de gisements de fer relevées par eux sur les ruines du château de la Gravoyère, dont les ruines ont été sauvées par leur Association faisant un boulot formidable.

    A Noyant-la-Gravoyère (près de Segré, Maine et Loire), existaient au Moyen-âge, 2 seigneuries, Noyant et la Gravoyère. Près des bois de cette dernière, un prieuré Saint-Blaise avait été fondé. Au fil des siècles, le prieur ne fut plus résident, mais vivant au loin, et jouissant des énormes revenus du prieuré, plus que largement doté autrefois par des donateurs trop généreux alors.
    C’est ce qui ressort des mois que j’ai passés à dépouiller le fonds de ce prieuré au Mans, pour les années 1309 à 1828, soit 5 siècles d’histoire. Ce fonds, qui n’avait pas été étudié auparavant, ne permet pas de confirmer les hypothèses ou récits antérieurs, autrement dit, je suis venue troubler quelques certitudes mal acquises, et mes travaux ont donc été froidement accueillis. De telles distorsions entre des prétendues vérités historiques, héritées d’historiens approximatifs en particulier au 19e siècle, ou de légendes colportées par les locaux, ne sont pas rares.
    Je veux ici témoigner que l’an dernier, j’ai pu avoir sur ce problème de l’histoire locale un entretien assez explicite avec l’historien de Cholet, entretien qui montrait notre convergence de vues sur ce douloureux problème des travaux d’antan versus nos travaux actuels. En effet, nos travaux, infirmant parfois des idées reçues, vont jusqu’à être rejetés car le résultat ne convient pas à certains… Puissent un jour ceux qui ont colporté l’histoire locale erronnée entrevoir l’énorme travail et la non moins énorme rigueur, que j’ai apportés soigneusement, à la mémoire du château de la Gravoyère, du prieuré saint-Blaise et des lieux et familles qui tournent autour de leur histoire.

    Je remercie ici les historiens qui m’ont fait confiance et ont bien voulu considérer mon travail.

      Voir l’histoire de la seigneurie de la Gravoyère et du prieuré saint Blaise de la Gravoyère (86 pages au format .PDF, auteur Odile Halbert, reproduction interdite sur autre support ou envoi par email en pièce jointe, seule une copie unique sur votre machine est autorisée)


    Le prieuré saint Blaise en 2006, propriété de la commune de Noyant-la-Gravoyère

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    Journal d’Etienne Toisonnier, Angers 1683-1714 (1706)

    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Dans les mois de février et mars 1706, la fille de Mr Grandet cy-devant maire de la ville et conseiller honoraire au présidial et de défunte Dame Jousselin a épousé Mr de Broc de Chemiré : il lui a donné 64 000 livres en mariage
  • Mr d’Andigné des Ecottais, fils de feu Mr d’Andigné des Ecotais et de la dame (blanc) a épouse la fille de Mr Gencian et de la dame Artaud
  • Le 7 mars (1706) mourut Mr Bruneau, avocat
  • Mr Germain Artaud, fils de feu Mr Artaud, bourgeois, et de la Delle (blanc) épousa mademoiselle Ganches veuve de Mr Bachelot assesseur de l’hôtel de ville et subdélégué de Mr l’intendant
  • Mr de Pincé (veuf de la fame de Ribier) a épousé la fille de Mr Grimaudet et de la dame Trouillet
  • Mr de (blanc) a épousé la veuve de feu Mr du Ronceray Bernard président de l’élection
  • Mr Gourreau a épousé la veuve de feu Mr Sicault lieutenant de la prévôté ; elle est fille de Mr Cesbron, avocat
  • Le fils de Mr Audouin de Danne, docteur professeur des droits de l’université de cette ville et de la feue dame Ménage, fille de Mr Ménage, avocat du roy, et de la dame Foussier, a épousé la fille de feu Mr Bault de Villenières écuyer et de la dame Angot
  • Le 1er mai 1706 Mrs Gandon, assesseur de l’hôtel de ville, et Touchais marchand ont été élus échevins
  • Le 4 (mai 1706) Me Ménage, conseiller au présidial, fils de feu Mr Ménage, avocat du roy et de la dame Foussier, a épousé la fille de Mr Louet, conseiller audit siège, et de la défunte dame Blouin
  • Le 11 (mai 1706) Mr de Monplacé fils de feu Mr de Monplacé et de la dame Gueniveau, épousa la fille de Mr de Sorhouet de Pommerieux, et de la dame du Tremblay Frain
  • Le 22 juin 1706 Mr Doublard du Vignau, bourgeois, épousa la fille du Sr de Vaux Legouz, aussy bourgeois.
  • Le même jour,le Sr (blanc) marchand à Nantes, épousa la fille du feu sieur Avril de la Dublière et de Delle (blanc)
  • Dans le même temps mourut la femme de Mr Gilles de Volaines ; elle était veuve de feu Mr Girard de Gatines, duquel mariage il y a des enfants et aucuns du second ; elle était fille de Mr de Cossé, abbé de Bégare.
  • Le 21 juillet 1706 mourut Mr Blanchard, avocat, notre syndic, nommé le 19 may dernier. Il a épousé deux femmes ; de mademoiselle Dugué sa 1ère il a eu une fille, et de mademoiselle Provost 8 enfants tous en bas âge
  • Le 29 (juillet 1706) à 8 h du matin, le tonnerre tomba sur le clocher de l’église des Cordeliers, et en brisa toutes les ardoises, et ensuite rompit le crucifix dont une pièce tomba sur la tête d’une fille âgée de 9 ans du Sr Hernault le Jeune imprimeur, qui la tua sur place
  • Le 29 (juillet 1706) Mr Poirier, de la Cornuaille, cy-devant échevin, fut élu conseiller de ville en la place de Mr Renou de la Féauté, par sa démission.
  • Le 31 (juillet 1706) mourut la veuve de feu Mr Trochon de Champagné, président au présidial de Château-Gontier ; elle s’appelait Sourdrille.
  • Le 7 août 1706 mourut la femme de Mr de la Garde Petit ; elle s’appelait Trochon
  • Le 8 (août 1706) mourut le fils aîné de la dame Trochon de Champagné, veuve de Mr Trochon président à Château-Gontier ; il aimait la fille de Mr Maunoir, assesseur de l’hôtel de ville et il l’aurait épousé ; il lui a donné par son testament 10 000 livres
  • Le 10 (août 1706) la fille de Mr Avril de la Dublière, assesseur en l’hôtel de ville, et de la défunte Delle Provost, épousa le Sr Roblastre, veuf de la Delle Vanbredenbec, dont il a 3 enfants.
  • Dans ce même temps mourut à Pouancé la femme du Sr Saillant de la Mazure ; elle s’appelait (blanc)
  • Le 21 (août 1706) Mrs Valleau et Allard plaidèrent leur première cause
  • Le 9 précédent (août 1706) mourut à Paris Messire Michel Le Pelletier, cy-devant évêque de ce diocèse et nommé à l’évêché d’Orléans
  • Dans ce même temps mourut Mr du Parc Bardin, veuf de la Delle (blanc) duquel mariage est issu un fils qui a épousé Mademoiselle Poullain de la Forestrie
  • Dans ce même temps mourut la femme du sieur Legris, marchand ; on prétend qu’étant dans l’église des Cordeliers, elle fut frappée du tonnerre qui tomba sur le clocher.
  • Le 30 (août 1706) Mr Peyneau de la Giraudière épousa mademoiselle du Puy Cadoret
  • Le 31 (août 1706) le fils de Mr Buret Sr de la Reüe, ancien juge consul, et de la Delle (blanc) épousa la fille de Mr de Lisle Ribault aussy ancien juge consul et de la Delle Berthelot
  • Le 12 septembre 1706 mourut Mr Denyau, curé de St Maurille, âgé de 44 ans ; il avait beaucoup de piété et de mérite.
  • Dans ce mois d’octobre 1706 mourut le sieur Cordon de Longue-Haye, bourgeois.
  • Le 17 (octobre 1706) Mr Michel Poncet de la Rivière, prit possession de cet évêché avec les cérémonies ordinaires
  • Note de Marc Saché : Michel Poncet de la Rivière, fils d’un intendant d’Alsace, nommé à l’âge de 7 ans abbé de Vierzon, grand vicaire de l’évêque d’Uzès, fut appelé à l’évêché vacant d’Angers le 20 avril. La prise de possession donna lieu à une imposante cérémonie dont le registre des conclusions de la mairie conserve le procès verbal avec l’ordre du défilé et la place de chaque corps dans l’église (BB 103 f°147). Le registre du Présidial consigne également la participation des magistrats à la procession et au service (f°161)

  • Le 2 novembre 1706 mourut Mr Doublard, avocat, sans enfants de son mariage avec la fille du feu sieur Ponceau.
  • Le 4 (novembre 1706) mourut la femme de Me de Bonchamps de Maurepas, gentilhomme ; elle s’appelait Boylesve du Planty. De ce mariage sont issus 2 enfants.
  • Il y a eu cette année grande mortalité causée par la dyssenterie, dans les campagnes particulièrement, savoir dans le faubourg d’Azé à Château-Gontier et dans les paroisses de Cantenay et de Mazé.
  • Cette année cy a été abondante en vin et en bled, mais sans commerce à cause de la guerre.
  • Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
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