La Roche-d’Iré, in « Histoire de la baronnie de Candé » par le Comte René de l’Esperonnière Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, tome 2 page 538-545

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foy lige au regart de votre dite baronnie, terre et seigneurie de Candé, de laquelle baronnie estes seigneur à cause de Madame Franczoyse de Dinan votre compaigne et espouse, par raison de ma seigneurie, terre et chastelenie de la Rochediré, o toutes ses appartenance et deppendances et tant en fié comme en domaine, et de touz droiz de haulte justice, moïenne et basse, tant en grans chemins que ailleurs … desquelles choses, féaiges et seigneuries la déclaracion s’ensuit :
« Et premièrement, le chastel, manoir, basse court et demeure dudit lieu de la Rochediré, avecques les douves et haulx fossez de la mote dudit chastel, les jardrins d’illecques environ, avecques les garennes à connins prochaines desdites douves et cloaisons denviron lesdiz chastel et basse court, contenant le tout, avecques le circuit dudit chastel, basse court, douves et garennes, quinze journaulx de terre ou environ.
Item, les boys exploitables dudit lieu de la Rochediré, sis trestout autour dudit chastel en se rendant des deux bouz des boys par les chemins comme lon va dudit lieu de la Rochediré au bourg et prieuré dudit lieu et tout autour d’iceulx boys selon les mercs et monstres anciennes, et se rendans de touz les coustez et bouz ausdiz chemins dudit bourg de la Rochediré, contenans lesdiz boys deux cens journaulx ou arpens de terre en boys ou environ.
Item, ledit bourg avecques l’église et prieuré dudit lieu, duquel prieuré mes prédicesseurs et moy sommes fondeurs à la rémuniracion du divin service ainsi qu’il est acoustumé. En touz lesquelz boys et garennes dessurdiz, et aussi en mes domaines dudit lieu de la Rochediré, lesquelx seront déclairez cy après plus à plain, jay garenne deffensable et droit de chacer et faire chacer, tendre et thésurer o fillez meslez de toutes manières de cordaiges et autrement, et de prendre toutes manières de bestes tant rouges, rousses, noyres que autres, en mesdiz boys, esquelx et deppendances d’iceulx jay droit de faire hayes, boucquez et grans passées à estouper et tendre grans raiz, se mestier est, au bout des

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dites hayes et ailleurs en madite terre et domaine, et d’icelles bestes poursuir et courre à cry et à cor, et icelles prendre et emporter, et deffendre à autres de chacer, tendre et thésurer en mes diz boys et garennes, ne ès fins et mectes d’iceulx … (1) »
Le nom de Tristan du Perrier est fréquemment cité dans l’histoire de Bretagne pendant toute la seconde moitié du XVe siècle. En 1451, il assistait aux Etats-Generaux tenus à Vannes, y fut créé baron par Pierre II de Bretagne et prit place à la droite du duc. En 1470, François II le nomma tuteur du vicomte de Rohan, et, en 1476, il servit de caution à Jean de Rieux, auprès du duc de Bretagne. Il décéda le 24 décembre 1482.
Il s’était allié à Isabeau de Montauban (2), seconde fille de Guillaume de Montauban, seigneur de Landal et autres lieux, et de Bonne Visconti de Milan. De ce mariage naquit une fille unique.
Jeanne du PERRIER, comtesse de Quintin et dame de la Roche-d’Iré. Elle épousa, en 1472, Jean de MONTFORT, dit de LAVAL, second fils de Guy, comte de Laval, et de Isabeau de Bretagne, dont elle eut un fils, Nicolas de MONTFORT, appelé plus tard Guy de Laval.
Devenue veuve den 1476, elle contracta une seconde union avec Pierre de Rohan (3), baron de Pontchâteau, issu du troisième mariage d’Alain, neuvième du nom, vicomte de Rohan et de Léon, avec Péronnelle de Maillé. Le traité de mariage fut passé au château de Quintin le 20 novembre 1484.
(1) Archives de Noyant, T4. Parchemin original
(2) MONTAUBAN (de) : De gueules à sept macles d’or, trois, trois et une, au lambel de quatre pendants d’argent. – Cette maison, issue des Rohan, a produit un grand nombre de personnages illustres : Guillaume, l’un des combattants du combat des Trente (1350) ; – Arthur, qui prit part au meurtre de Gilles de Bretagne en 1450 ; – Jean, maréchal de Bretagne, amiral de France en 1461 ; – Philippe, chancelier de Bretagne en 1516, etc, etc.
(3) ROHAN (de) : De gueules à neuf macles d’or, trois, trois et trois. – L’histoire de cette grande maison est trop connue pour que nous jugions utile de la résumer.

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Comme mari de Jeanne du Perrier, Pierre de Rohan rendit aveu pour la Roche-d’Iré le 7 mai 1499. Voici la liste des hommes de foi mentionnés dans cet acte :
Jehan de Chazé, écuyer, seigneur de Chazé-Henry, homme de foy lige à cause de sa seigneurie de Chazé-Henry. – Jehan de Léage, chevalier, seigneur de Bédain, à cause de sa femme, fille de feu Thébault de Laval, homem de foy lige à cause de sa seigneurie de Bédain (1). – Elie Percault, homme de foy lige pour ce qu’il tient en la paroisse de Combrée. – Robert de la Rivière, fils de feu Brient de la Rivière et de la fille de feu Prévost de Noyent, homme de foy lige pour le lieu du Plessys de Noyent et pour la prévôté et sergenterie de la Roche-d’Iré au bailliage de Noyent ; homme de foy simple pour la terre et la seigneurie du Bourg-d’Iré. – René Pelault, écuyer, homme de foy simple pour la moitié du lieu de la Guyonnaie. – François de Villeprouvée, baron de Trèves et seigneur de la Bigeotière, héritier de feu René de Montecler, son oncle, homme de foy lige pour son manoir et seigneurie de la Bigeotière et ses terres du Bois-Joulain ; homme de foy simple à cause de sa métairie du Houx, de sa métairie du Bois-Robert (2) et de son fief du Tronchay. – Jehan de Juigné, homme de foy lige à cause de sa métairie de la Rivière-Maineuf et pour sa seigneurie de Brain-sur-Longuenée. – Jehan des Bangs (3), écuyer, homme de foy simple à cause de son domaine de la Noullière (4). – Marie de Maimbier, femme de foy lige pour sa seigneurie de la Ferté et femme de foy simple pour sa prévôté et sergenterie de la Roche-d’Iré au bailliage de la Ferté. – Maître Pierre Loriot, à cause de sa femme, homme de foy simple pour son domaine de Monfolleur. – François d’Orvaux, écuyer, sieur de la Rivière-d’Orvaux, homme de foy simple pour son fief de Villechêne. – Guillaume d’Andigné, écuyer,
(1) BÉDIN, ferme, commune de Chazé-Henry. – Ancienne seigneurie.
(2) BOIS-ROBERT (le), ferme commune du Bourg-d’Iré.
(3) BANGS (des) ou plutôt BANS (des) : D’argent à l’aigle éployée de sable.
(4) NOUILLIÈRE (la), ferme, commune du Bourg-d’Iré.

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seigneur d’Andigné et d’Angrie, homme de foy lige à cause de sa terre d’Angrie. – Jean de Beaumanoir, homme de foy simple pour son lieu de la Houppe. – Macé Bachelot, écuyer, à cause de Jehanne Boterelle, sa femme, dame de la Porte, homme de foy simple à cause des lieux de la Porte, de la Charpenterie et de la Brocherie. – Loys Racappé, écuyer, seigneur de la Goderie, homme de foy simple à cause de son lieu de la Goderie. – Christophe de Ponce, écuyer, homme de foy simple à cause de son lieu de la Haye. – Maître Jehan Le Camus, juge de la Prévôté d’Angers, à cause de sa seigneurie de Carqueron. – Mathurin de la Chapelle, bail, à cause de sa femme, des enfants d’elle et de feu Robert Lambert ; homme de foy simple à cause du lieu de Baussen. – Thébault de Champagné, écuyer, seigneur de la Motte-Ferchault, homme de foy simple à cause de ce lieu. – René de Châteaubriant, chevalier, seigneur du Lion-d’Angers, homme de foy lige pour ses moulins de la Himebaudière et sa métairie de la Jaillette. – Pierre de Cornillé, homme de foy lige pour son lieu de la Himebaudière. – Le prieur de la Jaillette, homme et sujet à cause de son hébergement de la Jaillette. – Etienne des Rues, écuyer, homme de foy lige, à cause de sa seigneurie des Rues. – L’abbé de la Roë, homme et sujet à cause de son hébergement de la Morelière. – L’abbesse et les religieuses de Nyoiseau, sujettes pour raison de divers héritages en la châtellenie de Roche-d’Iré (1).

Pierre de Rohan se distingua pendant les guerres de la fin du XVe siècle, et combattit à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en 1488, à la tête de vingt lances. Il mourut sans enfants. Après la mort de Jeanne du Perrier, il se remaria avec Jeanne de Daillon ; devenu veuf une seconde fois, il s’allia en troisièmes noces à Jeanne de la Chapelle.

Nicolas de MONTFORT, dit Guy de LAVAL, seizième du nom, comte de Laval, de Montfort, de Quintin, baron de Vitré et de la Roche-Bernard, chevalier de
(1) Archives de Noyant, T18 Parchemin original

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l’Ordre du Roi, gouverneur et lieutenant de Sa Majesté au pays et duché de Bretagne, devint seigneur de la Roche-d’Iré par héritage de sa mère Jeanne du Perrier.
Le 20 mars 1507, il reçut l’hommage simple de l’un de ses vassaux, René de Champagné, seigneur de la Motte-Ferchaud (1).
Damoiselle Julienne de Juigné lui rendit aveu pour son domaine de la Rivière-Maineuf, le 3 août 1517 (2).
Guy de Laval (3) épousa Charlotte d’ARAGON, fille de Frédéric d’Aragon, roi de Naples, et d’Idabeau de Baux, dont il eut deux fils et deux filles :
1° – Guy, mort jeune.
2° – François, tué à la bataille de la Bicoque (1522)
3° – Catherine, mariée à Claude de Rieux
4° – Anne, qui suit.

Guy de Laval contracta deux autres unions. En secondes noces il épousa la soeur du connétable Anne de Montmorency et, en troisièmes noces, Antoinette d’Aillon, de la maison du Lude. Plusieurs enfants naquirent de ces mariages. – Il mourut le 28 mai 1531.
Anne de MONTFORT, dite de LAVAL, hérita de la châtellenie de la Roche-d’Iré et l’apporta en mariage à François de la TRÉMOILLE (4), prince de Talmont
(1) Archives de Vallière
(2) Idem
(3) Guy de Laval, seizième du nom, portait pour armoiries : Ecartelé aux un et quatre DE FRANCE, aux deux et trois DE LAVAL-MONTMORENCY, et sur le tout DE MONTFORT. – Pour cette branche des sires de Laval, issue de la maison de Montfort, voir CANDÉ : Françoise de Dinan.
(4) TRÉMOILLE (de la) : D’or au chevron de gueules, accompagné de trois aiglettes d’azur, becquées et membrées de gueules. – Cette maison, l’une des plus illustres de France, tire son nom de la seigneurie de la Trémoille, en Poitou. – Pierre 1er, seigneur de la Trémoille, vivant vers 1050. – Audebert, chevalier, fonda l’abbaye de Ville-Salem, en 1089. – Gui, premier du nom, accompagna Godefroy de Bouillon en Palestine, en 1096. – Gui VI, sire de la Trémoille, comte de Guines, baron de Dracy, etc., conseiller et chambellan du roi, porte-oriflamme de France, grand-chambellan héréditaire de Bourgogne, refusa, en 1392, l’épée de connétable qui lui fut offerte après la retraite d’Olivier de Clisson, et fut fait prisonnier à la bataille de Nicopolis (1396). Il épousa Marie de Sully, dame de Sully et de Craon. – Georges, grand-chambellan et premier ministre de Charles VII. – Louis, premier du nom, fils du précédent, s’allia en 1446, à Marguerite d’Amboise, soeur de Françoise, duchesse de Bretagne, qui lui apporta la vicomté de Thouars et la principauté de Talmont. – Louis, deuxième du nom, sire de la Trémoille, prince de Talmont, gouverneur de Bourgogne, l’un des plus grands hommes de son siècle, prit Châteaubriant en 1588 et, quelques mois plus tard, vainquit le duc d’Orléans, depuis Louis XII, à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Il se distingua à Marignan, fit lever le siège de Marseille au connétable de Bourbon, et fut tué à Pavie, le 24 février 1525. – Son fils, Charles, fut tenu sur les fonts du baptême par Charles VIII. Il fut tué à Marignan. – François, fils de Charles, devint seigneur de la Roche-d’Iré, par son mariage avec Anne de Laval. – Louis, troisième du nom, fils aîné du précédent, obtint l’érection en duché de son vicomté de Thouars, en juillet 1563… etc. – Cette maison a formée plusieurs branches, dont les principales furent celles des marquis de Royan et comtes d’Olonne, et des marquis puis ducs de Noirmoutiers, toutes les deux éteintes. Elle est actuellement représentée par Charles-Louis, duc de la Trémoille et de Thouars, prince de Tarente et de Talmont.

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vicomte de Thouars, baron de Craon, qu’elle épousa le 23 janvier 1521. Le nouveau seigneur présenta son aveu à Jean de Laval, baron de Candé, le 13 avril 1530.
Nous reproduisons quelques passages de ce document qui donne d’intéressants détails sur les bois de la Roche-d’Iré :
« De vous monseigneur Jehan de Laval …, Je, Françoys, seigneur de la Trimoille, comte de Benon et de Guynes, prince de Talmont, vicomte de Thouars, baron de Craon et seigneur de la Roche-d’Iré à cause de nostre très chière et très émée expouse, Anne de Laval, congnois et confesse estre vostre homme de foi lige … à cause et pour raison de mon chastel et chastellenye, terre et seigneurie de la Rochediré, dont la déclaration senssuyt.
Et premièrement, mon chastel et herbergement dudict lieu de la Rochediré, comprins les douves, foussez et fortiffication dudict chastel, jardrins, garennes, vergiers et cloaisons d’environ, contenant le tout quinze journaulx ou environ.
Item, une pièce de terre estant de présent en boys de haulte fustaye, appelée la Prinse de messire Pierre, contenant six journaulx, joignant … d’un bout au chemyn tendant de l’Arbre Sec à Bretigneulle. Item, mes boys taillables appellez les grans boys, avecques les listes de haulte fustaye estans à l’entour desdicts boys, contenant trente journaulx … joignant d’un cousté au chemin tendant de mon grant estang aux landes de Vilayse …
Item, une autre pièce de boys taillable appelée le boys de Verdet, avecques les listes de haulte fustaille estant à l’entour, contenant quinze journaulx, joignans d’un cousté au chemyn tendant de mon grant estang aux landes de Villaise … Esquelx boys dessus déclerez, jay et advoue droict de garennes deffensables et droict de chasse à grosses bestes.
Item, mon grant estang contenant tant en place d’estang qui rivaiges, aulnays et chesnays à l’entour d’icelluy estang, quarente journaulx de terre ou environ, joignant d’un cousté au chemyn tendant du bourg de Rochediré à ma mestayerie de la Chaussée …, abouctant d’un bout à mondict boys de Verdet, et d’autre bout au chemyn par lequel l’on va par sur la chaussée dudict estang, de mondict lieu de la Chaussée au Petit-Aulnay. Item, mon petit estang, sis au dessoubz de mondict grant estang, contenant trois journaulx de terre ou environ, joignant et abouctant de toutes parts à mes terres dudict lieu de la Chaussée.
Item, ma mestaierye de la Chaussée …
Item, ma mestayerie de Saucoigné …
Item, … diverses vignes,
Item, mon pré de l’Ommerlaye, sis sur la rivière de Verzée, contenant huyt hommées de pré ou environ …
Item, ma grant disme que jay droict d’avoir et prendre et lever par chacuns ans ès paroisses du Bourg-d’Iré, Loiré et Chazé-sur-Argoé, en plusieurs et divers lieux …
Item, ma disme de poys, febves, lins et chanvres appelées prémisses …
Item, ma disme de vin …
Item, ma disme de bledz, comme seigle, froment, avoyne et orge …
Et en témoignage de ce, Je vous en rends et baille ce présent advou par escript, signé de ma main. Donné en nostre chastel de Thouars, le treziesme jour d’avril, l’an mil cinq cens trante. Constat en glose à cause nostre très chère et très amée espouse Anne de Laval. Donné comme dessus.