Vente de cire blanche et de clous à soulier, Beauchêne (Orne) – Angers (Maine-et-Loire), 1591

Petite fille, j’ai porté dans les années 1944 et suivantes, des bottines de cuir à semelle de bois. Afin que le bois ne s’use pas trop vite, on y mettait des fers aux 2 extrêmités. Nous ne passions jamais inaperçu dans les rues tant les fers faisaient de bruit !

Ces fers étaient cloutés à la chaussure, comme le faisaient autrefois les cordonniers de nos ancêtres… Ce qui m’emmêne à nouveau sur la route du clou, route que j’ai ainsi définie, et qui m’est si chère, puisque je descends de cloutiers de Beauchêne, Orne.

Clous à soulier, ils servent aux Cordonniers pour ferrer les gros souliers des paysans, des porteurs-de-chaise, &c. il y en a qui pesent depuis deux livres jusqu’à quatre livres au millier, ce sont les plus legers ; les lourds sont ou à deux têtes, ou à caboche. (Diderot, Encyclopédie, 18e siècle)

    Voir ma page sur l’histoire de la clouterie dans l’Orne
    Voir ma page sur la route du clou
    Voir ma famille CHESNAIS, cloutiers à Beauchêne

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici la retranscription de l’acte : Le 27 août 1591 après midy en la court du roy notre sire à Angers par davant nous François Revers notaire de ladite dourt personnellement establyz honnestes personnes Claude Dormetz marchand demeurant au bourg de Beauchesne pays de Normandie en l’évesché de Bayeulx, ainsi qu’il nous a dit, d’une part,
et sire Michel Guerande marchand demeurant Angers paroisse Sainte Croix d’autre

    Michel Guerande sera Michel Garande marchand cirier, d’ailleurs ici on voit parfaitement une illustration de son activité.

soubzmettant lesdites parties respectivement etc confessent etc avoir fait et font entre eulx ce qui s’ensuit scavoir est ledit Dormetz avoir ce jour d’huy vendu et vend et promet bailler et livrer à ses despens périls et fortunes audit Guerande en sa maison audit Angers dedans la Toussainctz prochainement venant le nombre de 500 livres de cire neufve bonne loyale et marchande avec 100 milliers de clou pavillon à soullier pesant chacun millier 3 livres aussi bon loyal er marchand

et est faicte la présente vendition de ladite cire et clou pour et moyennant la somme de 47 escuz et demi scavoir pour la cire 65 livres et pour ledit clou 77 livres 10 sols à raison de 15 sols 6 deniers chacun millier, payable ladite somme de 44 escuz et demy par ledit Guerande audit Dormetz en livrant ladite cire et clou et à fin de livraison fin de paiement

    Ce qui met la livre de cire à 65/500 soit 2 sols 6 deniers, ce qui ne me paraît pas excessif, alors qu’il s’agit du haut de gamme. En effet, dans le fin fonds des campagnes on fait son suif et ses chandelles au suif, et parfois aussi une lampe à huile chez les notables. Je suppose que cette cire blanche est celle dont on fait les innombrables cierges d’église.

    et le millier de clou à 15 sols 6 deniers aussi cela ne paraît excessif, et le cloutier devait bosser beaucoup pour gagner sa vie, car chaque clou est fait à la main.

et pour l’exécution des présentes a ledit Dormetz esleu et accepté juridiction par devant messieurs les juges et consulz des marchands de ceste ville d’Angers pour y estre traité comme son juge naturel et a renoncé à tout delay et fins d’élection de juridiction et à ceste fin a eslu son domicile en la maison de François l’Huissier Me tailleur d’habits demeurant Angers rue Lyonnoyse paroisse de la Trinité et a voulu et veut et consent que pour commandements exploits actes de justice qui luy seront faits et baillés audit domicile vaillent et soient de tel estat et valleur comme sy faits et baillez estoient à sa personne et domicile ordinaire,

    en effet, le vendeur demeure dans une autre province, et doit donc accepter l’une des juridictions. On voit que c’est celle de l’acquereur : Angers.
    Je suppose que le vendeur est à Angers pour une livraison, et qu’il en profite pour prendre par ci par là d’autres commandes pour l’avenir.

tout ce que dessus a esté stipulé et accepté lesdites parties respectivement à ce tenir etc dommages etc obligent lesdites parties respectivement elles leurs hoirs etc à prendre etc et le corps desdites parties à tenir respectivement prinson comme pour les propres affaires du roy notre sire par deffaut de faire et accomplir le contenu en ces présentes renonczant etc foy jugement condempnation etc

    je reste toujours sans voix devant la clause de prison, qui nous paraît à des années lumières devant le nombre de surendettés sensés non responsables, parce que des pratiques de vente les y ont trop incités

fait Angers à notre tablier ès présence de Michel Lory praticien et honneste homme Estienne Mestayer marchand demeurant audit Angers paroisse sainte Coirx et ledit Huissier tesmoings,
ledit Drometz a dict ne scavoir signer.

    Je suis très surprise de voir que Dormetz ne signe pas car mes clouties CHESNAIS à Beauchêne savaient tous signer.


Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen d’éthique des blogueurs, disponible sur le site du Parlement européen.

Vente d’outils de maréchal, Mozé, 1705

Nous restons aujourd’hui à Mozé-sur-Louet, que vous commencez à connaître ici. Vous avions vu qu’en 1666 le rôle de taille donnait pas moins de 7 maréchaux.
Ce nombre, relativement élevé, tient sans doute à l’usage du cheval dans les vignes, alors qu’en région de polycultures c’est le boeuf qui laboure à cette date. Les outils ici vendus attestent qu’il s’agit bien de maréchal ferrant, celui qui s’occupe des chevaux.

Voir ma page sur les métiers de la forge, qui explique aussi le maréchal en oeuvres blanches, fort différent.

MARECHAL FERRANT, (Art méchan.) est un ouvrier dont le métier est de ferrer les chevaux, & de les panser quand ils sont malades ou blessés.
Les instrumens du maréchal sont les flammes, la lancette, le bistouri, la feuille de sauge, les ciseaux, les renettes, la petite gouge, l’aiguille, les couteaux & les boutons de feu, le brûle-queue, le fer à compas, l’esse de feu, la marque, la corne de chamois, le boétier, la corne de vache, le cuiller de fer, la seringue, le pas d’âne, le leve-sole, la spatule.
Chaque maître ne peut avoir qu’un apprentif outre ses enfans : l’apprentissage est de trois ans.
Tout maréchal a son poinçon dont il marque son ouvrage, & dont l’empreinte reste sur une table de plomb déposée au châtelet. (Encyclopédie Diderot)

Pour la durée d’apprentissage, je rappelle que l’Encyclopédie Diderot se base sur les statuts parisiens, et que la France offrait quelques différences avec Paris, c’est le moins qu’on puisse dire ! Ainsi, j’ai mis sur ce blog un contrat d’apprentissage beaucoup plus court, à Soulaines (49), en 1692

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E9/228 – Voici la retranscription intégrale de l’acte, avec en exergue mes explications : Le 31 mars 1705 avant midy, par devant nous René Rontard notaire de la baronnie de Blaison résidant à Mozé, et René Rontard notaire royal à Angers, résidant à Charcé, furent présents en leurs personnes establis et soumis, chacun de Gabriel Tacheron marchand demeurant au boug et paroisse de Mozé d’une part et Jullien Challon maréchal demeurant au village de la Fontenelle paroisse d’Érigné d’autre part
entre lesquels a été fait le marché qui ensuit, à scavoir que ledit Tacheron a vendu et par ces présentes vend audit Challon ce acceptant qui a achepté et achete pour luy ses hoirs
scavoir est un soufflet, une enclume, une bigourne,

bigorne : sorte d’enclume dont chaque extrémité est en pointe, et qui sert à tourner en rond ou à arrondir les grosses pièces (Dict. du Monde Rural, Lachiver, 1997)

4 petits marteaux de poincts, un marteau à frapper d’erain, 3 paires de tenailles à mettre au feu et une paire de tenaille à ferrer, un soufflet, une estampe,

estampe : terme de maréchalerie. Outil servant à estamper, en forme de poinçon qui sert à percer les trous dans les fers à cheval pour y placer les clous. Etamper un fer à cheval, y faire 8 trous (Idem).

un poinson,

poinçon : terme de maréchal. Tige de fer teminée par une pointe, pour contrepercer les fers du cheval. (idem)

une tourne,

tourne : espèce ce tenaille avec laquelle le forgeron peut saisir et tenir fortement les grosses pièces (idem)

une tranche à couper le fer et un crochet à peser, le tout pour servir à un maréchal regardant son métier, tout ainsi que lesdites choses se poursuivent et comportent comme le preneur les a dit avoir vues et visitées,
le présent marché fait pour le prix et somme de 40 livres, laquelle somme iceluy acquéreur pour ce duement estably et soumis, a promis et promet icelle payer et bailler audit Tacheron dans 3 ans, et pendant lequel temps l’intérêt au sol livre suivant l’ordonnance,

    le sol est la vingtième partie de la livre, donc c’est du 5 %. On voit encore, même pour une somme relativement peu élevée, une vente à crédit, et faute de banques autrefois, c’est le vendeur qui fait le crédit.
    Donc, en absence de banque, le crédit fonctionnait, et c’était sans doute plus sérieux que tout ce qu’on entend depuis quelques temps sur le métier de banquier ! Je ne sais pas si on y a gagné quelque chose en tout cas pour moi c’est totalement incompréhensible, et je comprends beaucoup mieux le fonctionnement du crédit au 17e et 18e siècles que je ne le comprends de nos jours…

et en cas que ledit Challon ne paye ladite somme de 40 livres dans ledit temps de 3 ans, promet et s’oblige de fournit caution solvable qui s’obligera solidairement avec luy au payement de ladite somme de 40 livres et intérêts qui en auront couru et qui courront jusque et à compter depuis le fournissement de ladite caution jusqu’à 5 ans à peine autrement et à faute de ce, la paiement de ladite somme de 40 livres de principal demeurera exigible et jusqu’au dit, ladite boutique de maréchal demeure spécialement obligée et affectée la part où elle puisse estre, oultre le général des autres biens,

et en cas que ledit Chaslon baillat ladite boutique de maréchal à autre personne promet et s’oblige pareillement de faire obliger celui qui la posséderait et qui déclarera l’endroit là où il la transportera
et en faveur dudit marché iceluy promet payer audit Tacheron dans 8 jours 30 sols pour le denier à Dieu et fournir copie dans ledit temps de 8 jours, le tout à peine etc, ce qui ainsy voulu consenti stipullé et accepté par les parties et à ce tenir etc obligent à défaut etc renonçant etc dont etc
fait et passé au bourg de Mozé demeure de nous notaire en présence de Pierre Baudriller praticien demeurant paroisse de Mûrs et Pierre Thoret serrurier demeurant audit Mozé témoins à ce requis et appelés.
Signé : J. Challon, G. Tacheron, R. Rontard, P. Thoret, Baudriller, R. Rontard

    Challon n’a pas les moyens de payer comptant les 40 livres mais il sait signer. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences, par exemple en supposant que tous ceux qui savent signer sont riches ou vice versa.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen d’éthique des blogueurs, disponible sur le site du Parlement européen.

Du ciergier ferron au maréchal en œuvres blanches : la fabrique d’outils

La fabrication en usines des outils date de la première moitié du 19e siècle.

Avant, c’est un artisan, le maréchal en œuvres blanches, qui fabrique les outils qui servent aux charpentiers, charrons, menuisiers, tonneliers, jardiniers, bouchers, etc… En 1642, apparaît le terme « taillandier » pour désigner ce métier. Voir les métiers de la forge.

Il se fournit chez le ciergier ferronier : « Le 3 octobre 1659, devant Jean Bergé notaire des Ponts de Cé, Maurice Pelletier, maréchal en œuvres blanches, et son épouse Marie Garreau, demeurant sur l’Isle aux Ponts-de-Cé, reconnaissent devoir 33 livres à Yves Marchais, ciergier ferron à Saint Maurille des Ponts-de-Cé, marchandise de fer et acier.

(Archives Départementales du Maine et Loire) » « pour marchandie de fer et assiet vendu et livré » En paléographie, on a le réflexe de phonétiser dans sa tête afin de déchiffrer. Ainsi l’assiet ! et on a toujours en tête les termes d’époque : la marchandie, etc…
Marie Garreau reconnaît devoir avec son époux le paiement du fer livré, ce qui signifie que l’activité artisanale de son époux est une activité communautaire, et elle est solidaire de son époux dans cette activité. Les épouses sont toujours impliquées dans un achat communautaire, ainsi le veut le droit coutumier.
Le montant de l’achat est relativement important pour un artisan, et représente certainement la moitié ou la totalité de son revenu annuel.
Enfin, le marchand ciergier ferron est installé aux Ponts de Cé, qui est à la sortie d’Angers vers les terres de vignoble, où les tonneliers sont nombreux, et les outils demandés. Normalement, on ne rencontre le marchand ciergier ferron que dans les villes, car il exerce en grande partie un commerce de gros pour artisans.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Prix des couteaux et des ciseaux, Angers, 1673

objet coûteux et rare (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

J’ai retranscrit de nombreux inventaires après décès, mais les objets familiers y sont peu détaillés, si tant est qu’ils soient variés. On trouve parfois une (pas deux) cuiller de fer avec la marmite. C’était une sorte de louche pour se servir de la nourriture qui y cuisait. J’ai rencontré le détail lorqu’il y a argenterie (rare, réservé aux gentilhommes ou équivalents), mais même dans ce cas, il ne s’agissait que de cuillers et fourchettes bien entendu. Donc, je n’avais jamais rencontré les couteaux avant l’acte ci-dessous, qui est un échange de marchandises entre marchands couteliers.
Le couteau était probablement rare, en tout cas pas individuel, car il est assez onéreux.

D’ailleurs, au sujet des couteaux, je me souviens dans mon jeune âge des couteaux qui n’étaient pas inox, et aussi des manches qui étaient en os, et avaient une fâcheuse tendance à vouloir se désolidariser de la lame… Ceci pour mémoire, car bien entendu les couteaux en 1673 avaient un lame de fer et non d’inox, qui viendra bien plus tard… Les couteaux de 1637 devaient ressembler aux couteaux de mon enfance. Si l’un d’entre vous en possède encore, merci d’envoyer photo.

Voici la retranscription, dans l’orthographe réelle de l’acte : Le 4 juillet 1673 avant midy par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers furent présents establiz et deuement soubzmis Jean Baptiste Justeau marchand Me coutellier demeurant en cette ville paroisse de Saint Pierre et Marye Moreau sa femme de luy autorisée quant à ce, lesquelz chacun d’eux sollidairement renonçant au bénéfice de division, d’une part,
et Florent Moreau aussy marchand Me coutellier demeurant en cette dite ville paroisse Saint Maurice d’autre part, (manifestement beau-frère ou beau-père de Justeau. On fait affaire en famille. Le fait que le coutelier soit qualifié de « marchand maître » indique qu’il vend mais aussi fabrique car les maîtres sont généralement membres d’une corporation)

entre lesquelles partyes a esté fait et conveneu ce qui s’ensuit, c’est à savoir que lesdits Justeau et Moreau sollidairement comme dit est ont promis et se sont obligez de fournir et bailler audit Moreau en sa maison en cette ville de la marchandise de couteaux et ciseaux de la façon dudit Justeau (avec cette expression, on est certain que Justeau fabrique des couteaux et ciseaux) scavoir

  • la douzaine de couteaux de table à raison de 9 livres la douzaine,
  • et les ciseaux à usage de femme aussy à raison de 9 livres la douzaine,
  • et les ciseaux de barbe et aux cheveux et les ciseaux à faire le crin à raison de 11 livres la douzaine,
  • laquelle marchandise lesdits Justeau et Moreau sa femme sollidairement comme dit est ont promis et se sont obligez délivrer audit Moreau savoir demye douzaine de couteaux et demye douzaine de ciseaux d’huy en trois mois prochains et ainsy à continuer de trois moys en trois moys, par les demies douzaines de cousteaux et cizeaux à chasque livraison jusques au parfait payement de la somme de 58 livres que ledit Justeau et Moreau sa femme ont recognu et confessé debvoir audit Moreau à cause de prest qu’il leur a faict tant ce jourd’huy qu’avant ce jour. Seul Florent Moreau sait signer.

    Les prix indiqués ne sont pas des prix de vente, mais des prix de revient entre couteliers. Ils sont élevés, et j’en conclue que le couteau et les ciseaux étaient des objets rares et en aucun cas individuel sauf familles aisées. Il est vrai que la nourriture étaient déjà coupée, et mélangée, un peu comme les potées avec des petits lardons… chez tous ceux qui vivaient de la terre… ne consommant que le porc, sinon la viande était consommée par les notables et gentilshommes.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet, seul un lien est autorisé, et il figure en clair ci-dessous

    Couteaux anciens (photos privées) :

    Laguiole

    Nontron

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Contrat d’apprentissage de sergier et teinturier, Aviré (49), 1764 pour Maurice Bourneuf chez Mathurin Lemanceau

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

    Nous poursuivons les contrats d’apprentissage. Vous vous souvenez, le serger ( »sarger, sergier ») est celui qui tisse la laine.
    Le contrat ci-dessous est particulier en plusieurs points :
    il nous apprend que certains sergier pratiquaient la teinture de leurs draps de laines

    La teinture de draps, miniature in Bartholomeus Anglicus, Des proprietez des Choses, Bruges, 1482 (Londres Royal British Library)

    L’apprenti a 25 ans, et ne paiera rien. Il semble donc que l’un et l’autre y trouvent leur compte, car l’apprenti participe assez aux travaux.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 11 février 1764, devant Pierre Allard notaire royal en Anjou résidant à Louvaines, furent présents Mathurin Lemanceau serger et teinturier, demeurant aux Crusardières paroisse d’Aviré,
    et Maurice Bourneuf garçon âgé d’environ 25 ans, demeurant en qualité d’apprentif en la maison dudit Lemanceau,
    lesquels sont convenus du brevet d’apprentissage promesses et obligations suivantes à savoir que ledit Lemanceau prend et accepte ledit Bourneuf en qualité d’aprentif en sa maison et demeure pour le temps de 2 ans commencés de Noël dernier,
    pendant lequel temps il promet et s’oblige lui montrer et enseigner à son possible sondit métier de serger et la teinture des laines et étoffes qu’il fabrique et ainsy qu’il le fait ordinairement et non plus avant, le nourrir, coucher, reblanchir et chausser ainsi qu’il appartient à aprentifs de même métier,
    ce que ledit Bourneuf a accepté, promis, promet et s’oblige exécuter et travailler audit métier de serger et teinturier, pendant ledit temps, et même tirer et filer de l’étein (je n’avais pas trouvé la signification, c’est fait grâce à vous, voir ci-dessous), sans pouvoir s’absenter ni ailleurs aller travailler sans le consentement dudit Lemanceau, sous les peines qui y appartiennent,
    comme aussi il promet et s’oblige d’aider ledit Lemanceau à travailler sur les terres qu’il exploite seulement dans le temps de la récolte,
    le présent brevet d’aprentissage ainsi fait aux conditions et obligations cy-dessus et pour ledit temps de 2 ans commencés de Noël dernier, seulement et pour tout payement, et si les parties veulent des expéditions des présentes elles les payeront chacun à ses frais…
    fait et passé au bourg de Louvaines, demeure de Jean Beaumond hôte, en présence de Marc Paigis marchand demeurant à Louvaines témoins.

    Au fil de ces contrats, vous découvrez la durée de formation de chacun. Mais au fait, quelle est la durée de formation d’un chirurgien ? Elle arrive bientôt, mais vous pouvez émettre ici vos hypothèses, compte-tenu de ce que vous savez déjà des autres métiers.

    Je prépare une petite histoire rarissime dans une succession, qui sent bon la chasse au trésor. Elle arrive bientôt, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

    Nous avons vu que le l’apprentissage d’un serrurier durait 4 ans, passons au chef-d’oeuvre.

  • Et d’abord, pourquoi un chef-d’oeuvre ?
  • Les maîtres serruriers étaient regroupés en corporations ayant des statuts, et pour y être admis il fallait réaliser un chef-d’oeuvre, fixé par les confrères.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 20 mai 1758 Dvt Nre royal à Château-Gontier, Pierre Gambier, compagnon serrurier à Château-Gontier, prie Michel Ribay, Estienne Perrel, Jean Ricou, René Bonnomet, et Pierre Houdbine, maîtres serruriers, Dt à St Rémy, St Jean et faubourg d’Azé, de bien vouloir le recevoir dans leur corps et communauté promettant pour cet effet de leur porter respect et confraternité en véritable confrère,
    lesquels acceptent à condition que ledit Gambier fasse un chef d’œuvre qui consistera en une serrure dont la clef sera forée et encavonnée, dont la ferrure représentera une fleur de lys, laquelle serrure sera de 7 pelles séparés et un demi tour au milieu. (j‘ai découvert en tappant ce texte la notion de décor dans ce métier, et j’ai aussitôt été voir les planches de l’Encyclopédie Diderot. C’est extraordinaire tout ce qu’un serrurier faisait : depuis les fenêtres lorsqu’elles avaient des vitres, les espagnolettes des fenêtres, les innombrables serrures d’armoires, coffres, portes, les barreaux aux fenêtes, comme la fenêtre que nous avons vu dans le billet sur le prix du lit, etc…et le tout avec ferrures décoratives, et je vous ai mis quelques exemples, puis j’ai pesé la seule clef en ma possession, sur mon armoire, et elle pèse 60 g, et je pense donc que la plupart des clefs de coffre et armoire étaient de cet ordre, les portes allant surement jusqu’à 100 g et au delà dans les châteaux)

    Le 30 décembre 1757 Joseph Jolly, compagnon serrurier, de présent à Château-Gontier chez Lucas Jolly son frère, marchand, demeurant rue de la Poislerie, demandait la même chose aux mêmes. Jolly s’oblige faire un chef d’œuvre qui consistera en 6 pelles séparées, clef forée formant un trèfle partant sa queue et encouronnée, le tout en parement.

    Mais au fait, je viens de réaliser que le serrurier possédait autrefois une forge, que son travail de serrurier fabriquant les serrures, etc…, était à la forge. Les planches de l’Encyclopédie Diderot m’ont éblouie sur le sujet, tant les oeuvres étaient élaborées (serrures multiples et complexes) et artistiques (on vient de voir la fleur de lys sur une serrure, un trèfle sur une autre).

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.