Achat de vin blanc à Rochefort-sur-Loire (49), 1546

Achat de vin blanc à Rochefort-sur-Loire (49), 1546

plaque tournante du commerce du vin d’Anjou (Archives du Maine-et-Loire, série 5E)

    Bonjour et un immense merci aux courageux (ses) qui lisent encore mon blog et sa matière rébarbative, alors que dehors c’est la période estivale. Pour vous récompenser, aujourd’hui encore 2 billets : dans l’un on boit, dans l’autre on quitte l’Anjou.

Le 23 juin dernier, dans le billet sur l’avaleur de vin, je vous ai promis de vous donner des contrats d’achat de vin. En voici un, en attendant de revenir pour rectifier mon avaleur de vin qui n’était pas un billet au top de ma forme :

Voici la retranscription de l’acte : Devant Pierre Trochon notaire à Angers, le 10 décembre 1546 en la court royale d’Angers etc personnellement estably Jullien Chuhous marchant paroissien de la Trinité d’Angers soubzmettant soy ses hoirs etc
confesse debvoir et estre tenu et par ces présentes promet payer la somme de six vingt six livres tournois (soit 126 livres) (le vin était une part importante du budget alimentaire, mais tout de même, ici il s’agit de la consommation d’un cabaret)
à honneste personne Jehan Toysnon paroissien de Rochefort à ce présent stipullant et acceptant icelle somme savoir est dedant la feste de Lesphanie (Epiphanie) prochaine la somme de 40 livres,
et le reste à la feste de Pasques prochainement venant

et est ce faict à cause de la vendition de 20 pippes de vin blanc pur franc nouvel et marchand vendues baillées et livrées par ledit Toysnon audit Chuhous qui l’avoit gousté et de port agréable dont il s’est tenu pour contant et a quicté et quicte ledit Toysnon, à laquelle somme de six vingts livres tournois rendre et payer et oblige ledit estably … faict et passé audit Angers en la maison dudit estably ès présence de Michel Grugeon paroissien de Rochefort et Jehan Binet marchand demeurant à Rochefort… Signé Jehan Binet, Trochon notaire

    Les 20 pipes font 4 464 litres. L’acheteur est un trop gros consommateur pour être un particulier, donc, même si l’acte ne précise par son métier, on peut en conclure qu’il est cabaretier, ou hôtelier. Il vend du vin au détail.

    la pipe n’est pas un fût, mais une unité de vente, comme nous l’avons vu le 23 juin, et le contrat ne parle en aucun cas du contenant (fût), par contre il précise la qualité marchande, l’exemption de taxes (franc), et le lieu de livraison (chez l’acheteur). Donc, le voiturage sur eau (transport par bâteau) et le transport dans la cave de l’acheteur sont payés par le vendeur. Ce qui signifie que l’avaleur de vin est payé par le vendeur.

    D’autres contrats précisent que le lieu de livraison sera le port d’Angers St Pierre, donc dans ces autres contrats l’avaleur de vin sera payé par le client.

    Ce contrat est signé chez le client, et les 2 témoins sont des proches du vendeur, voire marchands de vin. Ils sont donc venus à 3 de Rochefort sur Loire vendre le vin aux cabaretiers d’Angers. Vous avez donc ici les méthodes commerciales.

    Le vin n’est pas commercialisé par les vignerons, mais passe par les tonneliers qui assurent le commerce et deviennent (du moins certains) des marchands de vin.

    Enfin, il est joliement précisé que le client a goûté le vin et l’a trouvé agréable. Cette précision illustre la méthode de vente, dont on se serait douté certes, mais c’est encore mieux lorsque s’est dit.


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Racines angevines des Viau de la Civelière (Nantes, 44)

Vente de la Chotardière (Andard, 49), 1672 (AD49-5E5)

Viau : famille du pays nantais, qui portait D’argent au pin de sinople, chargé de trois pommes d’or ; au chef d’azur, chargé de deux croissants d’argent (Potier de Courcy, II, 481), maintenue de noblesse en 1669 par les privilèges de la mairie de Nantes. Dont Sébastien Viau sr de la Civellière, conseiller au siège présidial, échévin en 1626, sous-maire en 1628 (Livre Doré du Corps de Ville de Nantes, In p. 236, 238, 239, 305). Il eut de Barbe Lemeneust, Jacques Viau, maître des comptes, et Sébastien Viau, garde-scel du présidial. Voir Rev. hist. de l’Ouest, t XIV, p. 300, et, Archives Loire-Atlantique, cotes H 97 et H 266)

Mais, comme tout bon Nantais qui se respecte, les Viau ont des racines ailleurs. Ici voici leurs racines angevines, dont ils se séparent en 1672, devant notaire à Angers :

Attention, je passe en retranscription littérale d’un acte notarié, y compris l’orthographe : Le 30 juillet 1672, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers, fut présent estably et duement soumis Pierre Viau escuyer Sr du Clairay et Jean Viau son frère escuyer Sr de la Chotardière, tant en leurs privés nom que comme procureurs spéciaux de Sébastien Viau escuyer Sr de la Civelière leur frère aysné, conseiller du roy au siège présidial de Nantes, par sa procuration passée par Ouairy et Lebreton notaires royaux à Nantes le 23 de ce mois, la minutte de laquelle signée S. Viau, Ouayry et Lebreton, et scellée et contresigné en sa marge par lesdits sieurs establis est demeurée cy-attachée pour y avoir recours sy besoing est, nonobstant laquelle procuration lesdits sieurs establiz promettent et s’obligent esdits noms solidairement de faire ratiffier ces présentes audit Sr de la Civelière et à damoiselle Anne de Briollay veufve de deffunt escuyer Sébastien Viau vivant Sr de la Civelière, conseiller du roy au siège présidial de Nantes, mère desdits sieurs Viaux, desquels le sieur de la Civelière est fils et de ladite dame leur mère, lesdits sieurs fourniront ratiffication et obligation vallable des présentes au sieur acquéreur cy-après nommé dans sept semaines prochaines à peine de toutes pertes dépends dommages et intérestz, cesdites présentes néanlmoins demeurant pleines, demeurant savoir ledit sieur du Clairay en sa maison seigneurialle du Clairay paroisse de Valletz près Nantes en Bretagne, et ledit sieur de la Chotardière en la ville dudit Nantes paroisse de Nostre Dame,
lesquels sieurs esdits noms chacun d’iceux solidairement renonçant au bénéfice de division confessent avoir vendu quitté ceddé délaissé et transporté et par ces présentent vendent quittent cèddent délaissent et transportent définitivement à tousjours perpétuellement par héritage et promettent garentir de tous troubles déchargé d’hypothèque et empeschement quelconques …
à noble homme Mathurin Jourdan Sr de Flain demeurant audit Angers paroisse de St Maurille à ce présent stipullant et acceptant qui a achepté et achèpte pour luy ses hoirs et ayant cause …
scavoir est la maison principalle de la Chotardière composée d’un grand corps de logis avec une grande cour close de murs dans laquelle il y a des granges pressoir et unstancilles d’iceluy, escurye et autres toitz et hors ledit enclos jardin et vergers avec un logement pour le closier dudit lieu de la Chotardière comprise au présent contrat, de plus les closeries du Bouschet et de la Davure composées de terres labourables pastures, bois taillis, prés, vignes de la Chotardière contenant 19 à 20 quartiers ou environ, 6 à 7 quartiers dans le clos du Bouschet et de la Sourdière, une planche de pré dépendant dudit lieu de la Chotardière située dans les paroisses de Brain sur l’Authion et d’Andard, et généralement tout ce qui dépend de ladite maison de la Chotardière ainsi qu’elle se poursuit et comporte avec ses apartenances … ainsi qu’elles appartiennent auxdits sieurs vendeurs esdits nom par le moyen de la démission qui en a esté faire entre les mains desdits sieurs de la Civelière, du Clairay et de la Chotardière par ladite damoiselle de Briollay …
et est faite la présente vendition et transport pour et moyennant le prix et somme de 7 475 livres (cette somme est très importante, et assez représentive d’une seigneurie de taille moyenne.)…

Avec cette vente, on peut estimer que la famille Viau regroupe ses biens immobiliers en se séparant du bien Angevin, et je parie qu’à la même époque elle investie en Loire-Atlantique. Lorsqu’une terre était située à plus de 40 km, distance du cheval par jour, elle devait être affermée afin d’être gérée sur place, car il devenait impossible de surveiller l’exploitation du fait de la distance.
L’affermage était une perte de profits, la preuve en est que les marchands fermiers fleurissaient un peu partout, et Toysonnier en nomme même marchand fermier de campagne. Et, ces marchands fermiers y trouvaient leur compte…
Donc, cette famille Viau opère là manifestement un regroupement, ce qui était assez rare autrefois, tant on était attaché aux biens fonciers.

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