Lorsque j’ai débuté dans la lecture des actes notariés, j’étais frappée de voir à quel point seuls les hommes passent chez le notaire. Puis, au fil de mes lectures, j’ai appris à comprendre que ces messieurs n’avaient pas tous les droits, et qu’en fait les droits de leur épouse étaient rigoureusement préservés. Enfin, j’ai découvert les vertus de la séparation de biens, et, celles du veuvage, et j’ai vu beaucoup de femmes agir alors seules.
L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 27 août 1668, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers, furent présents estably et duement soubzmis honneste homme Charles Belon marchand demeurant au bourg de Ceaux (il y a 26 km de Sceaux à Angers, donc vendeur et acheteur se sont rendus à Angers pour cette transaction, à cheval bien entendu, à moins qu’ils ne soient venus en voiture à cheval ensemble puisqu’ils sont voisins et beaux frères)
tant en son privé nom que comme se faisant fort de Marie Loyseau sa femme à laquelle il promet et s’oblige de faire ratiffier ces présentes et la faire avec luy solidairement s’obliger à l’effet et entier accomplissement d’icelles et garantie des choses cy après mentionnées et d’elle fournir en nos mains rattification et obligation vallable dans 8 jours prochains, un chacun d’eux solidairement renonçant au bénéfice de division, a vendu quitté ceddé délaissé et transporté et par ces présentes vend quitte cedde délaisse et transporte des maintenant et à toutjamais perpétuellement par héritage …
à honorable homme Luc Loyseau marchand fermier de la terre et seigneurie de la Hamonnière y demeurant paroisse de Champigné à ce présent et stipulant et acceptant lequel a achepté et achepte pour luy ses hoirs et ayant cause (Luc Loyseau est marié, et on ne parle pas de son épouse, donc il est acquéreur sur ses fonds propres et non sur les fonds de la communauté. En fait, il est le frère et beau-frère des vendeurs, et nous allons voir ci-dessous qu’il rachète à sa soeur un bien de la succession de leurs parents, qui est d’ailleurs très probablement la maison de leurs parents au bourg de Sceaux)
scavoir est :
le lieu et closerye de la Bourelière composé de logements pour le closier et pour les bestiaux, rues et issues, jardin, terres labourables et non labourables, pré
Item une maison size au bourg dudit Ceaux appellée la maison de la Fillanderye, avec une petite cour au devant et un petit jardin au derrière le tout se tenant ensemble joignant d’un côté les logements et jardun du Sr Legendre et d’autre côté le grand chemin tendant dudit Ceaux à Angers d’un bout le chemin tendant du Grand Caroy à l’église dudit Ceaux, et d’autre bout à aller de ladite église audit grand chemin
Item un jardin clos à part contenant une boisselée ou environ appellé le jardin de la Fontaine joignant d’un côté ledit grand chemin de Ceaux à Angers d’autre côté le jardin dépendant du temporel de la chapelle de Ste Catherine d’un bout les landes dudit vendeur et d’autre bout le pré dépendant de la chapelle de la Macaudrye, le tout situé en la paroisse de Ceauz …
que ledit acquéreur a dit bien cognoistre (connaître), et échu audit vendeur esdit nom de la succession de deffunt Mathurin Loyseau vivant notaire par démission de Françoise Noguette sa femme, par partages faits entre luy et ses cohéritiers passez par nous en octobre 1665,…
et est faite ladite présente vendition cession délais et transport pour et moyennant le prix et somme de 1 153 livres 10 sols (curieuse somme, car généralement la somme est un peu mieux arrondie, je suppose que la closerie fait environ 900 livres, la maison 200 et le jardin le reste… d’où ce compte)
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