Pour teindre la peau de mouton or, rouge, bleu et vert 1766

Secrets concernant les arts et métiers, tome 2, Bruxelles, 1766. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

  • Chapitre 37 : Pour appréter et dorer la peau pour faire des garnitures de meubles.
  • Préparez la peau comme il est dit ci-devant en la manière de la passer en chamois, à l’endroit comme à l’envers, lissez-la avec le lissoir de verre à l’endroit, donnez-lui une couche de colle de retailles de peau, et appliquez-lui des feuilles ou d’étain ou d’argent ; ayez fiel de boeuf, mêlez-y de l’orpiment, incorporez-les bien ensemble dans un pot de terre vernissé, faîtes-les bouillir au feu jusqu’à ce que le tout soit bien mélangé ; ensuite mettez la peau attachée sur une table au soleil, donnez lui le fiel composé, et la laissez sécher ; ensuite vous lui donnerez une autre couche de la couleur suivante ; savoir, mettre bouillir du brésil avec du fort vinaigre blanc, tant que la couleur disparoisse, ajoutez-y un peu de gomme arabique ; coulez le tout, et metez-le au soleil, tirez vos filets où il vous plaira ; faîtes-en même de noirs, que vous ferez avec des noyaux de pêches brulés an charbons et broyés sur le porphyre, ayant oté le mauvais, et appliqué avec de l’huile de lin ; vous pourrez dessiner avec cela ce que vous voudrez ; quand vous lui donnerez le fiel, vous pourrez réserver les endroits que vous voudrez laisse de la couleur naturelle de l’argent ; imprimez, et si vos fers sont humides, faîtes que vos peaux ne le soient pas, puis cela sera fait.

  • Chapitre 28 : Pour teindre une peau en couleur d’or.
  • Prenez litharge d’or deux onces, et trois onces d’huile de noix ; ayant bien broyé la litharge, faîtes-les bouillir ensemble à diminution du tiers ; du reste, donnez-en la couleurà la peau du côté où a été le poil ; que si le reste ne suffit pas, à mesure que vous l’emploierez, vous y en ajouterez un peu d’autre.

  • Chapitre 39 : Pour teindre la peau de mouton en rouge
  • La peau étant passée en chamois sera bien lavée, jusqu’à ce qu’elle rende l’eau claire ; étendez-la, et mettez-la sécher à l’ombre et au vent ; étant sèche, maniez-la, frottez-la un peu, et l’étendez sur une table. Mettez dans une écuelle une once de brésil bien fin, avec autant de la plus forte lessive qu’il en faut pour le couvrir un peu plus, et les mettez dans un pot vernissé, avec environ trois verres d’eau claire, ou plus si vous le jugez à propos, avec une pincée de trois doigts de fenugrec bien pilé, et autant de plâtre gris bien pilé ; mettez le tout bouillir à évaporation d’un tiers, ou un peu plus, tirez-le, laissez-le reposer et clarifier, versez-le dans un écuelle, et donnez-en une couche avec un drapeau à la peau bien également, qu’elle ne faisse par d’ondes, laissez-la sécher et lui donnez le frottoir partout, ensuite une autre couche et le frottoir, et continuer ainsi jusqu’à ce qu’elle ait la couleur à votre gré. Souvenez-vous de donner la couleur toujours chaude, telle qu’elle soit. Si vous la voulez faire couleur de rose, prenez une éponge trempée dans la lessive, pressez-la bien, passez-la sur toute la peau teinte en rouge, et la laissez sécher, elle deviendra couleur de rose comme si elle était teinte en graine.

    Bois de Brésil, in Vincard, lArt du teinturier coloriste, 1820, f°23
    Bois de Brésil, in Vincard, l'Art du teinturier coloriste, 1820, f°23
  • Chapitre 40 : Pour teindre une peau en bleu.
  • Prenez une once d’indigo bien en poudre, faîtes-le bouillir dans une pinte d’eau jusqu’à réduction de moitié un peu plus, retirez du feu, et y mettez un once de gomme arabique, laissez-le reposer, tirez-en le plus clair, en teignez la peau, laissez-la sécher, donnez lui une autre couche, et continuer jusqu’à ce que la couleur vous plaise ; servez-vous du pinceau de poil de porc, ou de brosse à grand poil.

  • Chapitre 41 : Pour faire une peau verte.
  • Prenez les fruits d’aubépine cueillis en septembre, pilez-les en marmelade, et en faîtes de petits pains, que vous laisserez sécher ; quand vous voudrez teindre, preniez la moitié de ces pains, qu’on mettra à tremper en vin blanc un peu de temps, et étant trempé, délayez-le, y ajoutés trois chopines d’eau, un quart et demi d’indigo, autrant d’alun de roche, mêlez bien le tout, faîtes-les bouillir qu’il s’en évapore chopine, tirez-le du feu, le laissez reposer, et du plus clair donnez-en la couleur à la peau avec la brosse ou gros pinceau, une couche après l’autre, et continuez jusqu’à ce que la couleur plaise ; ensuite laissez sécher la peau, frottez-la bien avec le bouchon de jonc, elle deviendra belle et lustrée.

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    Location d’une chambre par un baudroyeur, mégissier, Angers, 1613

    Aujourd’hui, les 2 articles sont liés, car l’un donne l’acte notarié, l’autre une numérisation d’un ancien ouvrage illustrant un peu le travail du baudroyeur.
    En 1613, le baudroyeur est un terme en voie de disparition. C’est probablement la raison pour laquelle il est ici qualifié de « bauldroyeur mégissier », en quelque sorte les deux termes étant alors usités, l’un vieilli, l’autre qui perdurera.

    BAUDRIER : cuir de grain de forte vache, luisant, poli et lissé, et espais, et par apres teint. De telle couleur qu’on veut, qui sont toutes façons du Bauldroyeur, duquel on fait les ceintures, bandolieres, celles des veneurs à porter leurs trompes, et plusieurs autres choses, comme colliers à levriers d’attache et à dogues. Ce cuir au sortir des mains du tanneur est baudrié par le baudrieur, en ceste sorte apres l’avoir mouillé, est par luy à force de bras travaillé, avec un fer quarré emmanché d’une poignée couchée, appelé Estire, pour le vuider de l’eau dont il est mouillé, et puis estant seiché, et lissé avec un rouleau massif de voirre (verre) plat par dessous, appelé Lisse, qui est une autre façon à force de bras, et apres y avoir passé l’estamine, et peu d’autre menu appareil, teint de telle couleur qu’on la demande (Nicot, Thresor de la langue française, 1606)

    BAUDROYER, v. act. vieux terme synonyme à courroyer ou préparer les cuirs, colorés seulement.
    BAUDROYEUR, s. m. ouvrier qui courroyoit les cuirs de couleur. La communauté des Baudroyeurs est unie à celle des Courroyeurs, qui se qualifient maîtres Baudroyeurs-Courroyeurs. (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)

    MÉGISSIER, s. m. celui qui prépare les peaux de moutons, d’agneaux, de chevres, lorsqu’elles sont délicates & fines. Voyez GANT, PEAU, &c. Ce sont aussi les Mégissiers qui préparent les peaux dont on veut conserver le poil ou la laine, soit pour être employés à faire de grosses fourrures, ou pour d’autres usages. Ils apprêtent aussi quelques cuirs propres aux Bourreliers, & font le négoce des laines. Ce sont encore les Mégissiers qui donnent les premieres préparations au parchemin & au vélin avant qu’ils passent entre les mains du parcheminier. etc… (idem)



    Coffre couvert de cuir, fabrication 2008. Les inventaires après décès de la bourgeoisie, que j’ai dépouillés, montrent la présence du cuir sur le coffre. C’était une des applications du travail de notre baudroyeur mégissier, entre autres.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de Pierre Grelier : Le 25 février 1613 par devant nous Pierre Richoust notaire royal héréditaire à Angers, personnellement establis honorables personnes Etienne Grandière Me bauldroyeur mégissier d’une part,
    et René Lebonnier Me carreleur savetier (c’est notre cordonnier) d’autre part, tous demeurant en cette ville d’Angers paroisse de la Trinité soumettant etc confessent avoir fait et font entre eux le bail à louaige qui s’ensuit,

    c’est à scavoir que ledit Grandière à baillé et par ces présentes baille audit Le Bonnier qui a pris et accepte de luy audit titre de louage et non autrement pour le temps et espace de 3 ans qui commenceront au jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant scavoir est une chambre haulte à cheminée située au hault de la maison dudit Grandière en laquelle il est à présent demeurant, sis sur la rue St Nicolas de cette dite ville et passage par l’allée et vie de ladite maison pour exploiter lesdites choses, et usage aux puits et privés (eh ! c’est le petit coin ! ce qui signifie tout de même au passage qu’il y en a un, car il pourrait très bien ne pas y en avoir. Ceci dit il ne doit pas être bien loin du puits, et doit bien contribuer à la pollution bactériologique de l’eau.) de ladite maison par la cour et chambre basse de ladite maison, laquelle chambre ledit preneur entretiendra en bonne réparation de carreau vitre et terrasse et les y rendra à la fin dudit présent bail que ledit bailleur y fera mettre au commencement d’iceluy et est fait pour en payer et bailler par ledit preneur audit bailleur par chacune desdites années la somme de 8 livres aux termes de Noël et Saint Jehan Baptiste par moitié, le premier terme de payement commençant au jour et feste de Noël prochain et à continuer etc
    ne pourra ledit preneur céder ni transporter le présent bail à autres personnes sans le congé dudit bailleur
    à ce tenir etc et à payer etc obligent etc ses biens prendre, vendre etc renonçant etc foye jugement condamnation etc
    fait et passé audit Angers en notre tabler avant midy en présence de Allain Gaultier et Pierre Fresneau demeurant audit Angers témoins etc
    Signé R. Grandière, R. Lebonnier, A. Gaultier, P. Fresneau

    Plus de détails sur le travail du cuir, sur l’autre article de ce jour.

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