Le long différend entre Marguerite Avril épouse de René Joubert, et son frère, Angers 1612

Mon ancêtre René Joubert sieur de la Vacherie, avait épousé en secondes noces Marguerite Avril, à laquelle je suis redevable d’avoir fait mettre dans son contrat de mariage qu’elle éduquerait les filles du premier lit avec un précepteur à la maison, chose tout à fait remarquable. Et comme vous l’avez compris je descends d’une fille du premier lit, ainsi éduquée.

Par contre, Marguerite Avril est en procès durant plus de 8 ans avec son frère René, commis aux traites des Ponts-de-Cé, pour la succession de leurs parents Georges Avril et Jeanne Main. Malgré l’arrêt du parlement de Paris le 15.1.1611, René Joubert n’obtient rien de son beau-frère, et fait saisir son office, et ses biens, avec menace de le faire emprisonner. René Avril et Perrine Chevalier sa femme transigent le 23 mars 1612 et René Joubert suspend ses poursuites moyennant payement d’une rente annuelle perpétuelle de 125 livres par an. En fait, le portefeuille bancaire des parents, comportant une longue liste d’obligations, n’avait pas encore été partagé car conservé par le frère de Marguerite. Avec les intérêts depuis le décès de leurs parents, la somme totale due par René Avril s’élève à 2 272 livres. La rente est fixée à 5,5 %, ce qui n’est pas usuraire.

Mais, comble d’horreur, l’acte qui suit, violent par la menace d’emprisonnement entre frère et soeur, ne met aucunement fin aux différends, et je vous mettrai d’autres actes qui illustrent le peu d’amour familial qui régnait !

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 23 mars 1612 (devant Mathurin Guillot notaire à Angers) sur ce que honneste personne Me René Joubert sieur de la Vacherie advocat à Angers et Marguerite Avril sa femme fille et héritière par bénéfice d’inventaire de défunt Georges Avril son père et pure et simple de défuncte Jeanne Main,
poursuivant honneste homme Me René Avril frère de ladite Marguerite contrôleur des traites aux Ponts-de-Cé, au paiement des deniers qu’il leur doibt et a esté condemné payer par arrêt donné entre eulx et leurs cohéritiers en la cour de parlement de Paris le 15 janvier 1611 et sentence de liquidation intervenue en exécution dudit arrêt par par devant monsieur le lieutenant général Angers le 16 juin audit an 1611, pour rapports des successions desdits défunts Georges Avril & Main, mesme aurait fait saisir l’office de contrôleur de traite et sur icellui établir commisaires et en vouloir poursuivre la vente et adjudication par décret,
ensemble les autres biens dudit René Avril et le faire emprisonner tant pour ce qui est deub auxdits Joubert et Marguerite Avril de leur échot et comme ayant les droits et actions de leurs cohéritiers,
et sur ce Me René Avril et honneste femme Perrine Chevalier sa femme seroient intervenuz, qui auroient prié lesdits Joubert et sa femme suspendre lesdites poursuites et contraintes et leur voulloir relaisser lesdits deniers en rente constituée, offrant ladite Chevalier s’y obliger en privé nom,
à quoy lesdits Joubert et sa femme à leur prière et requeste se seroient accordez sans néanmoings desroger ne préjudicier aux droits et hipotèques à eux acquis pour leursdits duz ne en changer la nature et qualité
a esté fait et accordé ce qui s’ensuit, pour ce est-il que par devant nous Guillaume Guillot notaire du Roy à Angers furent présents et personnellement establys lesdits Jouhert et sa femme demeurant audit Angers paroisse St Michel du Tertre d’une part,
et lesdits Me René Avril et Perrine Chevalier sa femme de luy suffisamment autorisée quant à ce demeurant au lieu des Ponts de Cé d’autre part
soubzmectant respectivement mesme ledit René Avril et sa femme chacun d’eulx seul et pour le tout sans division ne discussion de personne ne de biens renonczant au bénéfice de discussion d’ordre, confessent ce que dessus estre vérité, et avoir lesdits Joubert et sa femme relaissé audit Me René Avril et sa femme et chacun d’eulx solidairement la somme de 624 livres due par ledit Me René Avril à ladite Marguerite Avril du côté paternel
et 669 livres 4 sols 6 deniers du côté maternel
et encore la somme de 199 livres 16 sols moitié de 399 livres 12 sols queledit Me René Avril doibt à Jehan Brunhar leur beau-frère de la sussession paternelle, laquelle somme de 199 livres 16 sols ladite Marguerite Avril prend pour et au nom dudit Bruhere sur et en déduction de 224 livres 14 sols et iceluy Brunhere leur doit du costé paternel, sans préjudice de 978 livres 15 sols qu’il leur doibt du costé maternel
Item la somme de 210 livres 14 sols moitié de 421 livres 9 sols que ledit Me René Avril doibt à Jacques Thibault leur beau-frère aussi de ladite succession paternelle lesquels 210 livres 14 sols ladite Marguerite Avril prend pour et au nom dudit Thibault sur et en lesdits 210 livres 18 sols que ledit Thibault lui doibt du costé paternel pour frais faits contre luy en ledit arrest sans préjudice de pareille somme 978 livres 15 sols que ledit Thibault doibt à ladite Marguerite Avril du costé maternel et des despens
Item la somme de 51 livres 6 sols 8 deniers sur 320 livres 18 sols que Me René Avril doibt à Catherine Thibault aussi en la succession paternelle et lesdites 51 livres 6 sols 8 deniers que ladite Marguerite Avril prend sur ce qui luy peut estre deub par ladite Catherine Thibault tant pour sa père de 600 livres à quoy a esté composé avec ledit Thibault pour sa part des despens en ledit arrest et autres despens depuis faits en exécution d’iceluy outre la somme de 72 livres 17 sols 6 deniers que ledit Joubert a cy devant receu de Mathurin Avril et de ladite Thibault …
ont fait accord devant nous de ce qui s’ensuit … très longue liste de sommes & biens avec leur origine revenant ensemble à 2 272 L pour laquelle lesd. Joubert & sa femme acheptent 125 L tz de rente annuelle & perpétuelle paiable par chacin an en leur maison en cette ville le 1.4. à commancer d’huy en 1 an prochain … signé Perrine Chevalier, Marguerite Apvril, Romain, Dumesnil, Joubert

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

Inventaire des meubles de Jacques Marion et feue Perrine Bordier, métairie du Port à Montreuil sur Maine 1636

cet inventaire, même si j’en ai déjà mis beaucoup sur mon site et mon blog, est remarquable car il donne tous les détails des biens d’un métayer.
Ainsi, on verra que dans le linge, ils ont des draps, mais pas de lin fin, des draps plus ordinaires, et ils n’ont ni nappe ni serviettes.
Natuellement, aucune argenterie mais par contre beaucoup de boeufs et surtout beaucoup de chevaux et même de charettes, dont un neuve. Le closier ne possédait pas tant. Les animaux de trait était alors les boeufs et non les chevaux, ces derniers étaient plus destinés à d’autres usages comme les déplacements en charette. Il est aussi probablement, compte-tenu du nombre de chevaux, même si vous allez le trouver peu, ait été aussi un élevage pour la vente car à cette époque, les bourgeois en particulier et tous ceux qui possèdaient des offices, avaient l’usage des déplacements à cheval, avec ou sans charette, et il leur fallait donc bien trouver de temps à autre à acheter un cheval.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – COMPTE-TENU DE LA LONGUEUR DE CET INVENTAIRE IL PARAIT SUR DEUX JOURS 6 Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 16 juin 1635 (devant René Billard notaire de la chastellenye du Lion d’Angers) inventaire des biens meubles demeurés de la communauté de Jacques Marion et deffunte Perrine Bordier vivante sa femme mestaiers demeurant au lieu et métairie du Port paroisse de Monstreuil sur Maisne appartenant pour une moitié audit Marion et l’aultre moitié à Jehan et Perrine les Marions enfants mineurs dudit Jacques Mation et de ladite Bordier âgés scavoir ledit Jehan de 4 ans et ladite Perrine de 8 ans ou environ, ledit inventaire fait à la requeste dudit Marion père et tuteur naturel desdits Jehan et Perrine les Marions, en présence de honneste homme Pierre Bodere marchand oncle desdits mineurs demeurant audit Monstreul et pour faire ledit inventaire et appréciations desdits meubles et bestiaux ont lesdits Marion et Bodere respectivement convenu de chacuns de René Fresneau demeurant au lieu de la Haulte Aillée paroisse de Chambellé et de André Delahaye demeurant au lieu de la Gouchière paroisse de Champteussé auquel inventaire a esté procédé par lesdites parties et appréciateurs par devant nous René Billard notaire du Lion comme s’ensuit

J’ajoute enfin que vous avez mon dictionnaire des termes des inventaires en ligne, ainsi que la liste des inventaires.

  • Du 16 juin 1636 avant midy
  • Premier une table de noyer sur quatre pieds et un vieil méchand banc de peu de valeur prisé ensemble avec 3 petites esses ou dressoirs estant au bout de ladite table 6 livres
    Un grand coffre de chêne fermant à clef et clavure tenant 2 septiers ou environ prisé 6 livres
    Une hugemet de chêne servante à poistrir et boullenger non fermante à clef et clavure prisée 60 sols
    Un vieil buffet à 2 fenestres et une liette de chêne 100 sols
    Un vieil charlit de cerisier fait à quenouilles carrées 4 livres
    Une méchante petite couchette de peu de valeur 20 sols
    3 billots et un vesselier le tout 20 sols

  • en une autre petite chambre estant au bout de ladite chambre cy dessus
  • Premier un charlit de noyer fait à quenouilles carrées 7 livres
    Un grand coffre de chêne fermant à clef et clavure tenant 18 boisseaux ou environ 6 livres
    Un vieil marchepied de chêne fermant à clef et clavure tenant 12 boisseaux ou environ prisé 5 livres
    Un autre petit coffre de chêne tenant à l’estimation de 5 boisseaux de bled ou environ fermant à clef 50 sols

  • En une autre chambre estant à costé de ladite chambre et salle basse
  • Premier un grand coffre de chêne fermant à clef et serrure tenant 2 septiers ou environ 5 livres
    Une vieille huge plate de chêne qui ne ferme de clef 50 sols
    2 seilles et un godet 8 sols

  • L’airain
  • Premier 3 petites poisles et poilettes pesant ensemble 22 livres prisées la livres 12 sols pour ce 13 livres 4 sols
    2 chaudrons d’airain pesant 12 livres avec leur ances et cercles prisés 12 sols la livres pour ce 7 livres 4 sols
    3 vieils passoires d’airain 12 sols
    3 poisles à queue une grande et 2 moyennes 40 sols
    Un trippier de fer pesant 12 livres 30 sols
    Un saunier usé 3 sols
    Un grand poids de fer et une marmitte avec le couvercle et la cuiller 32 sols

  • L’Étain
  • En vaisseaux creux plats 26 livres d’estain prisé 10 sols la livre 13 livres
    2 rouets à filer fil avec 2 douzaines de fuzeaux tant de rouet que de main et le fusellier le tout 50 sols
    2 vieilles pannes servantes à faire lessive, une grande et l’autre plus petite, prisées ensemble 50 sols esquelles est faite avec un cercle
    8 pots de terre tant grands que petits et une pottine le tout usé et prisés ensemble avec 3 bouteilles à huile et toute sorte d’autre poterie 20 sols
    3 barils un grand et les autres moyens 15 sols
    Une baratte avec son ribot, un pot de bois servant à tirer 12 sols
    Un viel boisseau ferré d’airan tout autour 6 sols
    Un quart de boisseau prisé 6 sols
    2 selles à birée ? avec 4 selles à cescoup ? usées 8 sols

    selon le Dictionnaire du Monde rural de Michel Lachiver, une selle est aussi un petit siège de bois en forme de trépied, et je pense qu’ici il s’agit de ces sièges, mais servant à je ne sais quoi, sans doute à traire ou autre

    3 futs de busse et un de pippe et un dyuau de pippe et fouauts à mettre vin le tout 5 livres
    2 vieils cuviers avec un vieil fust de busse desboisé le tout 20 sols
    une selle à cheval fort usée avec une bride le tout 5 livres
    3 coings pesant ensemble 10 livres 26 sols

    selon le Dictionnaire du monde rural (cité ci dessus) un coin est un instrument de fer, taillé en angle solide, dont on se sert pour fendre du bois

    Un moulin servant à moudre esprit ? 12 deniers
    Une vielle boussolle tombée 20 sols
    Un crochet à peser 16 sols
    4 panniers 4 sols
    Un asneau et une bouriche 8 sols
    Une vieille corbeille 12 deniers

  • la suite et fin à demain
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