La métairie de la Gasnerie en Noëllet vendue par René Pelaud, 1576

Nous avons étudié ici l’adjudication de la terre de Barillé à Ballots en 1600 :

    Procès verbal d’adjudication de la terre de Barillé en Ballots à Charles de Goddes saisie sur Jeanne Ernault veuve Auger, Angers, 1600

En 1576, Claude Du Buat, frère de Renée, épouse depuis environ début 1575 de René Pelaud, vit encore à Barillé. Avec lui s’éteindra en 1581 la branche aînée des Du Buat, du moins c’est ainsi que l’on s’exprime en généalogie, comptant les femmes pour du beurre puisqu’elles ne transmettent pas le patronyme !
Même si Claude est le frère cadet de Renée, comme semble l’indiquer la généalogie publiée par l’abbé Charles, il est l’héritier principal car une fille aînée n’est pas héritière principale si un garçon vient après elle. Ce frère cadet passe avant elle dans le partage noble, devenant l’héritier principal. Et une fille n’est l’héritière principale que s’il n’y a que des filles.

Donc, lorsque l’abbé Charles, dans la généalogie qui suit, donne Renée DU Buat dame de Barillé, il faut comprendre qu’elle héritd de Barillé de son frère en 1581, et que Barillé fut immédiatement l’objet de saisies… Il est donc un peu exagéré de la qualifier de dame de Barillé…

Guillaume DU BUAT Sr de Barillé, de Chantelou, de Rochereul (Bazouges, 53), et de Grugé (Niafle, 53) † avant 1575 Il tua en duel Bertrand Guérif à Livré (53) en 1535.
x 15 novembre 1549 Jeanne de ROMILLÉ Fille de Georges de Romillé Sr de la Chesmelière (Désertines, 53), d’Ardennes et de Pont-Glou, et de Renée de Montecler

    1-Renée DU BUAT dame de Barillé et de Gastines x vers 1575 René PELAULT Sr du Bois-Bernier (Noëllet, 49)

    2-Philipinne DU BUAT dame de Chantelou x Jacques DE MONDAMER

    3-Claude DU BUAT Sr de Barillé et de Chantelou, « qui prit le parti pour les protestants » écrit l’abbé Angot † 1581 sans postérité

De son côté Pelaud est sieur du Bois-Bernier, mais nous allons voir qu’il vient de vendre, très exactement le 6 juillet 1576 l’une des rares métairies qui constituaient la terre du Bois-Bernier : la Gasnerie. Il ne possède donc plus la totalité du Bois-Bernier dès 1576, et nous avons vu ici qu’il vend ensuite une autre partie à son gendre… etc… Je le soupçonne d’être tout à fait incompétent en matière de gestion de ses biens…

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 Grudé notaire – Voici la retranscription exacte : Le 6 juiillet 1576 en la court du roy notre syre Angers et monseigneur duc d’Anjou endroit (Grudé notaire) personnellement estably noble homme Claude Du Buat Sr de Barillé et y demeurant paroisse de Ballots d’une part

    Claude Du Buat est le beau-frère de René Pelaud

et noble homme René Pellault Sr du Boys Bernier et y demeurant paroisse de Noueslet d’autre part soubzmettant respectivement
confessent etc c’est à savoir ledit Du Buat avoir baillé et par ces présentes baille audit Pellault à ce présent stipulant et acceptant à tiltre de ferme et non autrement du jourd’huy jusques à 4 années en suivant et finiront à pareil jour lesdites 4 années finies et révolues le lieu et métayrie de la Gasnerye avecques ses appartenances et dépendances et comme ledit Du Buat l’a ce jourd’huy et auparavant ces présentes acquise dudit Pellault

    l’acte dit clairement que la Gasnerie vient d’être vendue le jour même par René Pelaud à son beau-frère, Claude Du Buat, qui en retour le met fermier de la métairie vendue.

tant en son nom que pour et au nom et comme soy faisant fort de sa femme pour dudit lieu et mestayrie de la Gasnerye en jouir et user ledit Pellault audit tiltre de ferme comme ung bon père de famille à la charge dudit Pellault de payer les cens rentes devoirs dues pour raison desdites choses et en acquiter ledit Du Buat et de rendre ledit lieu en bonne et suffisante réparation à la fin de ladite ferme et est fait le présent bail pour en payer par ledit Pellault ses hoirs oultre les charges susdites la somme de huit vingt six livres 13 sols 4 deniers par chacun an à la fin de chacune desdites années premier paiement commenczant du jourd’huy en ung an prochainement venant et à continuer …
la somme est curieuse car elle est toujours arrondie, et je ne vois jamais de sols ni de deniers dans le prix d’une ferme. Néanmoins, elle s’élève à 166 livres 13 sols 4 deniers, ce qui n’est pas un bail de complaisance, en ce sens que c’est le cours réel d’un bail à ferme, et même d’une belle ferme.

Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire
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3 réponses sur “La métairie de la Gasnerie en Noëllet vendue par René Pelaud, 1576

  1. Le partage noble des biens de Claude du Buat eut lieu 15 septembre 1581.
    Renée du Buat, héritière principale, choisit alors les seigneuries de Barillé et de Gastines. Pourquoi aurait-elle choisi une seigneurie qui était l’objet d’une saisie ?

    Renée du Buat vendit ces seigneuries à son cousin René du Buat peu après. Pourquoi ? Ces terres, il me semble, étaient plus importantes que Bois-Bernier.

    Le 27 avril 1582, René Pelaud versa trois mille écus à son beau-frère René du Buat. C’est une grosse somme. Est-ce le remboursement d’un prêt ?

    Il racheta la Gasnerie puisque cette métairie fait partie des métairies que comprenait Bois-Bernier en 1620 lors de la vente à Olivier Coquereau.

    René Pelaud a souffert de problèmes financiers chroniques. Était-il mauvais administrateur ou fut-il l’une des victimes des guerres ? Peut-être les deux !

    Note d’Odile :
    En 1581, ce sont les biens de Claude, mort sans hoirs, qui sont partagés entre ses soeurs. Donc la Gasnerie peut être revenue au Bois-Bernier à travers cette succession.

    Je suis d’accord avec vos remarques concernant les problèmes financiers, car il a vécu la pire époque qui soit (peste, guerre, famine)

    Enfin pour la terre de Barillé, j’ignore à quelle date elle fut saisie, en tout cas, Renée Du Buat n’en a pas joui bien longtemps.

  2. J’ignore que pouvait dépenser un (petit ?) noble à cette époque dans sa demeure de campagne mais grâce à tous ces actes mis de façon chronologique, voici ma modeste opinion : 1/il vend une métairie à son beau frère en 1576 ,qui décède en 1581 et c’est sa femme qui en hérite .donc effet retour(on sait qu’en 1600 ils sont séparés de biens mais depuis quelle date?)
    2/Barillé, héritage de R du Buat est aussi rapidement vendue hypothequée?
    3/en 1596 il vend à réméré avec son épouse à son gendre « des choses heritaux » (le futur héritage promis à sa fille ? ) sans s’ obliger à payer ce qui est du : en 1600 il doit les années 1598 1599 et demande une prorogation. Et quand sa fille décédera en 1607 ?…
    Et si C Simonin n’en avait pas vu un écu…ce qui expliquerai qu’il ait eu la désagréable impression de se faire avoir et chasse son beau père et sa belle mère du Bois Bernier( je mets de coté les deniers du roi et Tricquebeuf ,c’est peut être une autre histoire)
    Encore merci de nous retrouver et transcrire tous ces actes
    Note d’Odile :
    j’éprouve les mêmes hypothèses que vous dans l’état actuel de mes travaux de recherches, qui comme dit, dureront un moment, et sans doute éternellememnt. Mais j’ai le sentiment d’avancer, ne serait-ce que lentement.
    En fait, l’ouvrage de Michel Nassiet, NOBLESSE ET PAUVRETé, démontre clairement l’appauvrissement des revenus des terres à cette époque, amenant les nobles qui avaient peu de terres à avoir des revenus insuffisants. Comme dit Julien-Pierre, beaucoup de travaux leur était interdit, mis à part la judicature, que certains ont choisie pour survivre.
    Mais, André East a raison de souligner la dureté toute particulière du temps (guerre de religion, peste, famine etc…) qui est manifestement une cause d’accélération de cet appauvrissement. Donc, à la fois, la perte de revenus fonciers par suite de l’effondrement des cours, et la période terrible.
    Soyez patiente, je décrouvrirai sans doute d’autres documents, et voyez ma page sur Noellet à l’article Bois-Bernier, qui atteste qu’un chercheur précédent avait déjà trouvé des documents, mais lesquels ?
    Dans tous les cas, la méthode de tout remettre dans l’ordre chrono, en mettant très précisément la preuve en face, est la seule qui soit fiable, et je comptais le faire…

  3. Encyclopédie Universalis, art. dérogeance : « … il peut travailler la terre si c’est la sienne ou celle du roi … une ordonnance de 1560 fait défense à tous gentilhommes … de prendre ou de tenir ferme, par eux ou personne interposée … à peine d’être privés des privilèges de la noblesse et imposés à la taille. »
    René Pelaud prend des risques, il se bat donc pour sauver ce qu’il peut, en bénéficiant de la solidarité familiale.
    Ce sont souvent les enfants qui payaient les dettes de leurs parents. De belles terres pouvaient être obérées de nombreuses rentes accumulées par les générations antérieures et en périodes troublées ne plus rapporter assez.

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