Entrée au couvent de la Visitation d’Angers, 1637

Aujourd’hui au menu, l’ingression aux Archives Départementales du Maine-et-Loire. Oui, oui, suivez-moi bien !

ingression s. f. : Ancien terme d’astronomie. Entrée d’une planète, d’un corps céleste dans un signe, dans une constellation. ÉTYMOLOGIE : Lat. ingressionem ; de ingredi, marcher, de in, en, sur, et gradior, aller. (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877)

De nombreux actes notariés portent en marge : « ingression », mais les dictionnaires sont tous muets, si ce n’est le Littré ci-dessus, mais pas dans le sens souhaité. En fait, il nous ouvre tout de même la clef, grâce à l’étymologie : marcher, aller. Ce qui nous rappelle aussi les ingrédients, ce qui entre dedans.
Car une ingression était bel et bien une entrée… au couvent. Remarquez, au couvent on n’est pas loin du firmament de Littré, puisqu’on est près du ciel !

Cliquez l’image, vous avez la vie de Saint François de Salles

Je vais vous proposer quelques ingressions à la Visitation, que je vais d’abord vous présenter :

L’ordre de la Visitation a été fondé par François de Salles et Jeanne de Chantal, en Savoie, à Annecy le 6 juin 1610.
Les Visitandines furent autorisées à se fixer à Angers par l’évêque le 12 mars 1635, par la ville le 26 mars 1641, d’abord dans la chapelle Saint-Eloi, puis dans les deux closeries des Champs-Marais, acquise par elles de Jouet de la Saulaye le 26 février 1643. Les bâtiments, commencés le 6 mars 1644, ne furent jamais achevés ni l’église dédiée. Au bout du jardin, une belle chapelle, consacrée à Notre-Dame-de-la-Miséricorde, contenait une remarquable statue de la Vierge qui est aujourd’hui dans la chapelle de Nozé. A la Révolution, le couvent, dont elles avaient été explusées, servit successivement de refuge, d’hôpital, puis fut transformé en caserne en 1810.
Au 19e siècles, les Visitandines du Mans viennent à Angers et acquièrent la propriété de l’Image, rue de Frémur, où elles installent une communauté, qu’elles quitteront à la fin du 20e siècle.
En 1985 le Conseil général général du Maine-et-Loire, devenu propriétaire des lieux, programme la construction d’un nouveau bâtiment devant l’étroitesse des bâtiments des Archives Départementales, rue de Frémur, sur le site de l’ancien couvent de la Visitation. Elles y seront inaugurées en 1987.

Vous y êtes, nous partons en ingression à la Visitation (vous ne vous doutiez pas être si près du ciel aux Archives Départementales ?)
L’acte est remarquable car il se situe aux premiers recrutements à Angers.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription : Le 26 juin 1637 avant midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers furent présentes en personne sœur Marye Euphrozinne Turpin, sœur Marye Gabrielle de Beauregard, Anne Françoise de Belnal, Marye Dugué consoeurs, toutes religieuses du monastère de l’ordre de la Visitation sainte Marie establi en ceste ville d’Angers, assemblées au parloir dudit lieu acoustumé pour traicter des affaires particulières dudit monastère d’une part,

et damoyselle Marie Dubois veufve de deffunt noble homme Louys Guedier vivant conseiller du Roy en l’élection de ceste ville y demeurant paroisse de St Michel du Tertre d’autre part,
disant lesdites parties mesme ladite Delle Dubois pour le zèle et affection que Delle Anne Guedier sa fille a de longtemps tesmoigner envie d’estre religieuse, elle l’auroit plusieurs fois requise donner son consentement à une sy bonne et louable intention et de se rendre par comprendre à la piété et dévotion de sadite fille elle se seroit avecques elle adressée auxdites dames supérieures religieuses et icelles priées de l’accueillir au nombre des religieuses dudit ordre de sainte Marie lesquelles auroient accordé après avoir recoigneu sa grande dévotion et persévérance au service de Dieu, à cette cause lesdites supérieures religieuses de leur bon gré et vollonté ont receu ladite damoiselle Guedier présente de son bon voulloir et consentement comme bien des autres religieuses dudit ordre sainte Marie pour luy estre baillé l’habit dans tels temps qu’elles veront bon estre pour le noviciat finy faire la profession de religieuse et après icelle profession vivre et mourir selon les vœux et statutz et constitution dudit ordre ainsy que lesdites autres religieuses,

en faveur de quoy et a ce que ladite Delle Guedier ne soit à charge audit ordre ladite Delle Dubois sa mère promet et s’oblige payer auxdites dames religieuses la somme de 3 300 livres scavoir 100 livres la veille du jour que ladite Guedier prendra l’habit et 3 000 livres la veille du jour qu’elle fera profession et advenant décès de ladite damoiselle Guedier avant ladite profession les 100 livres receues lors de la veture demeureront au profit dudit monastère et sy elle sortait d’iceluy pendant ledit temps de noviciat il sera rendu desdites 100 livres par lesdites dames religieuses à ladite damoiselle Guedier la somme de 50 livres,

à tout ce que dessus ladite damoiselle Dubois s’oblige payer auxdites dames religieuses jusques au jour de ladite progession la pention de sadite fille à raison de 150 livres par chacun an, protestant que ladite somme de 3 300 livres sera par elle Dubois reprise sur le bien paternel de ladite Guedier en temps qu’il pourra suffire et moyennant ladite somme de 3 300 livres lesdites religieuses seront tenu des habits vesture et autres frais …

fait au parloir dudit monastère de la Visitation en présence de Mathurin Margariteau marchand, de Me Jacques Janvier et de Claude Ogeron praticiens demeurant audit Angers tesmoins

La somme de 3 300 livres est l’équivalent d’une dot aisée, donc on ne peut pas dire que la jeune fille est ici sacrifiée pour des questions d’argent à des frères et soeurs mieux dotés…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Etude de l’INSEE : France, portrait social – Edition 2008

Lorsque j’ai une info actuelle, je resitue toujours l’équivalent autrefois : comment cela se passait, comment cela ce serait passé.
Ainsi, l’INSEE vient de publier son rapport social 2008.

  • Population
  • Au milieu du 16e siècle, la France, avec approximativement 18 millions d’habitants, est le pays le plus peuplé d’Europe. (Jouanna A., La France du 16e siècle, 1483-1598, PUF, 1996)
    Selon l’INSEE, en 2008, avec 63,8 millions, elle vient au 2e rang, derrière l’Allemagne, et talonnée par le Royaume-Uni.

  • Naissances hors mariage
  • AU 16e siècle, fort peu.
    Selon l’INSEE, en 2008 en France, plus d’une naissance sur deux se fait hors mariage.

  • Logement
  • AU 16e siècle, la nourriture est le poste principal des budgets, pas la logement qui n’a ni électricité, ni eau courante, ni sanitaires.
    Selon l’INSEE, en 2008, les logements sont plus confortables mais pèsent plus sur le revenu des ménages. Mais, 350 000 logements sont encore dépourvus soit d’eau courante, soit de sanitaires. L’électricité pour sa part doit être partout, encore qu’il y a peu de temps j’ai vu à la télé des maisons isolées ne la possédant pas.

  • Structure des dépenses
  • L’alimentation est le poste principal du budget au 16e siècle.
    Selon l’INSEE en 2008, c’est le logement suivi par les transports, puis vient l’alimentation talonnée par les loisirs.

  • Revenus
  • Autrefois, pas de revenu distinct pour la femme, alors dite « femme au foyer » quelque soit sa charge de travail dans l’exploitation agricole et à la maison.
    Selon l’INSEE, en 2008, 17 700 euros de salaire moyen : C’est ce qu’ont touché en moyenne l’ensemble des salariés en 2006, avec un avantage pour les fonctionnaires d’État (22 851 euros, contre 17 156 dans le privé).
    La rémunération des femmes est inférieure de 27 % à celle des hommes. Dans le privé, les femmes gagnent même, en moyenne, 32 % de moins que les hommes

    Je coyais vraiement que les femmes rattrapaient un peu le fossé des rémunérations depuis les 15 ans que j’ai cessé le travail. Manifestement, il n’en est rien. Bigre, les choses avancent plus que lentement…