Bail à ferme du Hommeau, Marigné-Peuton 1532

René Furet a passé en novembre 1532 plusieurs baux, dont je poursuis ici l’exploitation, car ils m’intriguent vivement avec, entre autres, le paiement en nature de toile, qui implique un produit transformé alors que habituellement le produit d’une métairie est exprimé en poupées de lin, c’est à dire le lin brayé, prêt à filer, mais non encore filé, et encore moins tissé. Et vous allez même voir au fil de ces baux, qu’il exige même des serviettes, qui sont un produit encore plus fini que la toile au mètre, enfin ici à l’aulne qui était la mesure de longueur de l’époque.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici la retranscription de l’acte : Le 7 novembre 1532 (Huot notaire Angers) En la cour du roy notre sire à Angers personnellement establys chacun de honorable homme sire René Furet sieur de la Bataillère marchand demeurant à Angers fermier de la terre et seigneurie du Plessis de Marigné d’une part,
et Jehan Chevtollier et Allain Moreau laboureurs à beufs demourans en la paroisse dudit Marigné d’autre part
soubzmettant lesdites parties l’une vers l’autre chacune en tant et pourtant que luy touche mesmement lesdits Chevrollier et Moreau eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs ou pouvoir etc confessent etc
c’est à savoir ledit Furet avoir baillé et encore baille à tiltre de ferme et non autrement auxdits Moreau et Chevrollier et à chacun d’eulx seul et pour le tout qui ont prins et accepté prennent et acceptent par cesdites présentes audit tiltre de ferme et non autrement du jour et feste de Toussiants dernière passée jusques à 8 ans et 8 cueillettes entières et parfaites ensuivant l’une l’autre sans invervalle de temps et finissant à pareil jour lesdites 8 années et 8 cueillettes finies et révolues le lieu domaine mestairye et appartenances de Hommeau assis et situé en ladite paroisse de Marigné tout ainsi qu’il se poursuit et comporte avecques toutes et chacunes ses appartenances et dépendances réservé les bois taillis et garennes dudit lieu esquels lesdits preneurs ne prendront rien
pour en iceluy lieu demourer et habiter honnestement ainsi que gens de bons pères de famille doibvent faire et d’iceluy lieu prendre et percevoir les fruits cueillettes revenus et esmoluments qui en croistront et proviendront ladite ferme durant et en disposer à leur plaisir
à la charge desdits preneurs et de chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de poyer et acquiter les cens rentes charges et debvoirs anciens deuz et accoustumés d’estre poyés pour raison dudit lieu
et iceluy labourer cultiver et ensemmencer
et de faire les vignes dudit lieu des faczons ordinaires et de bonne saison
et iceluy entretenir en bon estat et suffisante réparation et les y rendre en la fin de ladite ferme ensemble ledit lieu garni de foings pailles chaulmes et gressins et ensemmencé comme ils le trouveront et le bestial estant en iceluy lieu selon l’inventaire et prisage qui en sera fait
et faire les charrois accoustumés pour ladite seigneurie de Marigné
et est faite ceste présente baillée prinse et acceptation de ferme pour en payer et bailler par lesdits preneurs et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs audit bailleur ses hoirs oultre les autres charges dessus dites par chacune desdites 8 années et 8 cueillettes la somme de 52 livres 10 sols tz, 10 aulnes de toile de lin, ung poix de beurre et deux chappons le tout rendable en ceste ville d’Angers en la maison dudit bailleur aux cousts et mises desdits preneurs aux jours et termes qui ensuivent scavoir est ladite somme de 52 livres aux jours et termes des festes de Toussaint et Pasques moitié par moitié, ladite toile chappons et beurre audit jour de Toussaint, le premier poyement de ladite somme beurre toile et chappons commençant au jour et feste de Toussaint prochainement venant
et davantaige feront chacun an les estrennes au premier jour de l’an de 4 chappons et une fouace
et ont promis doibvent et demeurent tenus lesdits preneurs faire ratiffier et avoir agréable le contenu de ces présentes scavoir est ledit Chevrollier à Marye sa femme et ledit Moreau à Katherine sa femme et à les faire obliger à l’entretennement d’icelles et en bailler lettres vallables dedans ung an prochainement venant
auxquelles choses dessus dites tenir etc ne sera tenu ledit Furet garantir ladite ferme auxdits preneurs sinon en tant qu’il sera fermier dudit lieu de Marigné et pour défaut de garantage ne sera tenu en aucun desdommagement ne intérests vers lesdits preneurs etc et ladite ferme rendre et poyer et aux dommages dudit bailleur etc obligent lesdites parties l’une vers l’autre et mesmement lesdits preneurs eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division etc renonçant au bénéfice de division etc foy jugement condemnation
et ont esté présents à ce Pierre Rabory Jehan Maucyon et Guyon Perier paroissiens dudit Marigné tesmoins
fait et passé à Angers en la maison dudit Furet

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Contrat de mariage de Claude Saguier et Isabelle Merceron, Nantes 1609

  • quelques repères
  • François Fouquet sieur de la Harenchère et Lézine Cupif sont les arrière grands parents du surintendant Fouquet par leur fils François.
    Ils sont aussi les parents Christophe Fouquet, président au parlement de Bretagne et de Barbe Fouquet épouse de Claude Saguier, dont Claude Saguier dont nous traitons ici le contrat de mariage

    Jacques Merceron est procureur syndic de l’hôtel de ville de Nantes en 1596, puis miseur sous Fourcher maire 1597-1598, toujours miseur sous Charles Harouys 1598-1599, puis consul sous Michel Loriot 1607-1609, et échevin sous René Charrette 1609-1611 et sous Charles Blanchard 1611-1613.
    Il est sieur de la Mauguitonnière qui est située à Maisdon-sur-Sèvres (44).

    Jean Fourcher, maire de Nantes 1597-1598, eut de Marie Poulain 4 enfants dont Mathieu, qui fut le père de Louise Fourcher femme du surintendant Nicolas Fouquet

  • analyse du contrat de mariage
  • je n’ai pas l’habitude des contrats passés à Nantes, qui est en droit coutumier de la Bretagne, mais il y a peu de différences sur les conditions, en particulier le douaire, les propres, etc… Vous remarquerez cependant à la fin de l’acte une jolie coutume : le baiser, que je n’avais jamais rencontré en Anjou.

    Le mariage est manifestement quelque peu arrangé par l’oncle du marié, Christophe Fouquet, ici présent, et pesant manifestement de tout son poids, jusqu’à arranger un peu les chiffres et la vérité :
    • le futur est dit « fils unique » alors qu’il a deux sœurs, mariées, mais manifestement transparentes dans cet acte
    • le père du marié, beau-frère de Christophe Fouquet, est dit « écuyer ». Est-il vraiement noble ?
    • pour marier son neveu à une demoiselle qui apporte 30 000 livres de dot, non compris le trousseau, il n’hésite pas à gonfler les biens de son beau-frère et annoncer 10 000 livres pour son neveu
    • et nous avons vu le 8 octobre 2010 sur ce blog que ces 10 000 livres ne correspondaient pas à la fortune de Claude Saguier père, qui n’était en fait que de 6 850 livres pour chaque enfant à part égale. Ce père a donc donné beaucoup moins à ses filles en dot qu’à son fils.

    L’argent ne montera pas à la têre de ce jeune couple et nous avons vu qu’ils rapportent volontiers le surplus qu’ils ont perçu, lors des partages de la succession des parents Saguier. Mieux, Claude Saguier fils, dont nous traitons ici le mariage, entrera en religion après le décès de son épouse.

    FOUQUET  : D’argent à l’écureuil rampant de gueules, à la bordure d’azur semée de fleurs de lys d’or.  (armes très parlantes puisquen ancien français un fouquet, cest un écureuil...
    FOUQUET : D’argent à l’écureuil rampant de gueules, à la bordure d’azur semée de fleurs de lys d’or. (armes très parlantes puisqu'en ancien français un fouquet, c'est un écureuil...
      Voir les autres seigneurs de Challain
      Voir l’histoire de Challain, selon Mr de l’Esperronnière, Histoire de la baronnie de Candé, que j’ai numérisée

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2-311 – Voici la retranscription de l’acte qui est avec un trou de souris dans le milieu, de quelques cm, et j’ai donc mis (trou) chaque fois que je passais dessus : Le 24 septembre 1609 (devant Bodin notaire royal à Nantes) Aux paroles et traicté du futur mariage d’entre noble homme Claude Saguier fils unique de Claude Saguier écuyer sieur de Luigné et de son autorité et du consentement de messire Christofle Foucquet chevalier conseiller du roy en son conseil d’estat second président en sa cour de parlement de Bretagne seigneur de Challain d’une part
    et damoiselle Ysabelle Merceron fille unique de noble homme Jacques Merceron sieur des Roussières et de la Mauguitonnière d’aultre part
    et à ce que ledit mariage soit fait et accomplis ont esté faites et accordées les pactions et conventions qui ensuivent (trou) lesquelles ledit mariage n’auroit (trou) ne seroit
    pour ce en notre cour royale de Nantes par nous notaires d’icelle soubzsignés après avoir prorogé de juridiction et prins le serment des personnes
    ont esté présents et personnellement establis lesdits sieurs président et de Luigné et Saguier son fils, estant de présent en ceste ville de Nantes d’une part, et ledit sieur de la Mauguytonnière et ladite damoiselle Ysabel Merceron sa dite fille demourant à la Fosse de Nantes paroisse de St Nicolas d’aultre part
    par lesquelles conventions en faveur dudit mariage futur lesdits sieurs président et de Luigné ont promis et se sont obligés solidairement l’un pour l’aultre renonczant au bénéfice de division de discussion ordre de droit ensemble de biens et personnes sur l’obligation hypothèque de tous leurs biens présents et futurs lors de la célébration d’iceluy mariage payer et bailler en advancement audit Saguier sur la succession de défunte damoiselle Barbe Fouquet sa mère et sur celle dudit sieur de Luigné à eschoir la somme de 10 000 livres et la terre de la Haranchère avec ses appartenances que lesdits sieurs ont promis faire valoir 400 livres de rente
    et par ledit Merceron a esté promis et promet bailler à ladite Merceron sa fille tant sur la succession de sa défunte mère que sur celle dudit Merceron à eschoir la somme de 30 000 livres payables savoir le tiers d’icelle le jour que ledit sieur futur espoux aura contracté un estat de conseiller en (trou) de parlement de ce pays, ce qu’il (trou) faire dans trois mois prochains, le (trou) tiers dans ung an et le reste une autre année après ensuivant le tout prochainement venant,
    desquels deux tiers de toute laquelle somme ledit sieur Merceron pendant lesdites deux années sera tenu et promet enpayer rente à la raison du denier seize auxdits futurs espoux qui sera prinse sur la somme de 3 000 tant de livres deues audit Merceron par la maison de ville de Nantes
    de toute laquelle somme de 30 000 livres tz lesdits sieur de Luigné père et fils ensemble ledit sieur président seront tenus et promettent solidairement sur les présentes obligations employer la somme de 20 000 livres en acquisition d’héritages qui seront censés et réputés le propre de ladite future espouze ou icelle rendre et représenter à ses héritiers deux ans après la dissolution dudit mariage sans enfants procédés d’eulx deux en celuy savoir 10 000 livres ung an après et les autres 10 000 livres dans l’an après ensuivant
    et le surplus entrera en la communauté,
    et cas advenant que ledit futur espoux décéderoit avant sa future espouse dans l’an et jour après leurs espouzailles et avant qu’il y eust communauté de biens entre eulx, ce que Dieu ne veuille, ladite future espouze aura et prendre tous ses accoustrements bagues joyaulx quelle aura apporté et aura et emportera ladite future (trou) quite à sa main la somme de deniers qu’auroit receu jusques alors ledit futur espoux dudit sieur Merceron père de ladite future espouze,
    lequel a promis accoustrer sadite fille de ses robes et habitz nuptiaux convenables à sa qualité
    comme aussi ladite future espouze aura deux cents livres de douaire conventionnel luy accordé par lesdits sieur de Luigné père et fils si mieulx elle n’ayme le prendre suivant la coustume de Bretagne au désir de laquelle lesdites parties se règleront pour ce fait
    partant ce que dessus se sont lesdits futurs espoux promis mariage par paroles de futurs en tesmoings de quoy se sont présentement baisés l’un l’aultre du consentement desdits sieurs président, de Luigné et dudit sieur de la Mauguytonnière,
    et tout ce que dessus lesdits futurs l’ont ainsi et de la manière voulu et consenti stipulé et accepté promis et juré tenir par leur foy et serment sur tous leurs biens présents et futurs sans jamais aller ne venir au contraire, à quoy elles ont renoncé et de leurs consentement et requeste nous les y avons condamnés du jugement et condemnation de nostre dite cour,
    ce fait en présence des soubzsignés parents et alliés desdits futurs espouz et conjoints à ladite Fosse de Nantes en la maison et domicile dudit sieur de la Mauguytonnière le jeudi 24 septembre 1609

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