Anceau, Anseaulme, Anselme

Un seul et même prénom, parfois féminin, et plusieurs saints porteurs de ce nom Ancelmus, mais le plus célèbre est l’archevêque de Cantorbery. Voici quelques actes montrant le prénom :

Le Louroux-Béconnais : « Le XXVIIe jour dudit moys (août 1556) fut baptizée Perrine fille de Jehan Rabin de la Roussaye et de Jacquine Hallet sa femme parrain Pierre Besruau maraine Joye femme de Thibault Templer Jehanne fille de Jehanne Lyvenaye par frère Anseaulme Prioulleau religieux de Pontron » v°148-164

« Audit jour (30 août 1555) fut baptizée Anceaulme fille de Gilles Gratien et de Jehanne Beaunes sa femme parrain vénérable personne François Anceaulme Prioulleau religieux de Pontortran marraines Marye Beaunes femme de Robert Perier et Guyonne Herbert femme de Jehan Lermitte par Dubreil » v°143-164

Et voici la biographie des saints, selon l’encyclopédie Migne :

ANSELME ( saint ), Anselmus, premier abbé de Nonantola, dans le duché de Modène, florissait sur la fin du VIIIe siècle et mourut en 803. — 3 mars.

ANSELME (saint), évêque de Lucques et confesseur, était neveu du pape Alexandre Il, et naquit à Mantoue, au commencement du XIe siècle. Il se livra d’abord à l’étude de la grammaire et de la dialectique ; il embrassa ensuite l’état ecclésiastique, et s’appliqua avec ardeur à l’étude de la théologie et du droit canon, dans lesquels il fit de grands progrès. Badage, évêque de Lucques, son oncle, étant devenu pape en 1061 sous le nom d’Alexandre Il, le nomma au siége qu’il venait de quitter et l’envoya en Allemagne pour y recevoir, des mains de l’empereur Henri IV, l’investiture de son siége, selon l’usage de ce temps ; mais Anselme revint sans avoir voulu la recevoir aux conditions que lui proposait l’empereur, persuadé que ce n’était pas à la puissance séculière à conférer ainsi les dignités ecclésiastiques. Ayant été sacré par Grégoire VII en 1073, il consentit enfin à recevoir de Henri l’anneau et la crosse ; mais il en eut des scrupules quelque temps après, et il alla se faire moine à Cluny ; il fallut un ordre du pape pour lui faire reprendre le gouvernement de son diocèse. De retour à Lucques, il voulut, en 1079, obliger les chanoines de sa cathédrale à la vie commune, conformément à un décret du pape Léon IX. La comtesse Mathilde, souveraine de Lucques et d’une grande partie de la Toscane, le secondait dans cette entreprise ; mais il ne put vaincre la résistance des chanoines, quoiqu’il eût déployé toute la sévérité des peines canoniques. Les chanoines se révoltèrent et excitèrentune sédition contre l’évéque, qui fut forcé de sortir de Lucques : il se retira auprès de la comtesse Mathilde, dont il était le directeur. Le pape ne le laissa pas longtemps dans la retraite qu’il s’était choisie : il le fit son légat en Lombardie, et le chargea de la conduite de plusieurs diocèses, que la fameuse querelle entre l’empire et le saint-siège, au sujet des investitures, avait laissés sans pasteurs. Il mourut à Mantoue le 18 mars 1086, et sa sainteté fut bientôt attestée par de nombreux miracles. Il en avait déjà opéré plusieurs de son vivant, ce qui l’a fait honorer d’un culte public en Italie et choisir par la ville de Mantoue pour son patron. Il était d’une vaste érudition et lorsqu’on le questionnait sur quelque passage de l’Ecriture sainte, qu’il savait tout entière, par coeur, il exposait, sur-le-champ, comment chaque saint Père l’avait expliqué. Parmi les ouvrages qu’il a laissés, nous citerons l’Apologie pour Grégoire VII, l’Explication des Lamentations de Jérémie, une Collection de canons, la Réfutation des prétentions de l’antipape Guibert, et l’Explication des Psaumes: il entreprit ce dernier ouvrage à la prière dé la comtesse Mathilde, mais la mort ne lui permit pas de l’achever. — 18 mars.

ANSELME (saint), archevêque de Cantorbéry, né à Aoste en Piémont, l’an 1033, était fils de Gondulphe et d’Ermengarde, l’un et l’autre d’une famille noble et considérée dans le pays. Formé à la piété par sa vertueuse mère et instruit dans les sciences par d’habiles maîtres, il prit à l’âge de quinze ans la résolution d’embrasser l’état monastique ; mais l’abbé auquel il se présenta refusa de l’admettre dans son monastère, parce qu’il craignait le ressentiment de Gondulphe. Anselme ayant perdu sa mère, négligea peu à peu ses exercices de piété et tomba insensiblement dans la tiédeur. Il alla plus loin, et se livra aux désordres d’un monde corrompu ; il finit même par perdre le goût de l’étude. Revenu à Dieu plus tard, il ne cessa de déplorer les égarements de sa jeunesse qu’il a retracés dans ses Méditations avec les sentiments de la plus vive componction. Son père, irrité de son inconduite, l’avait pris en aversion. Anselme, après son retour à la vertu, voyant qu’il ne pouvait le fléchir et qu’il était même souvent en butte à de mauvais traitements, quitta la maison paternelle et sa patrie, et vint en Bourgogne où il reprit avec ardeur le cours de ses études. Après trois ans de séjour dans cette province, il se rendit à l’abbaye du Bec pour prendre des leçons du célèbre Lanfranc, qui en était prieur, et qui sut le distinguer de ses autres disciples. Il conçut bientôt pour lui une véritable affection. Gondulphe étant mort, Anselme hésita quelque temps sur le choix d’un état. Tantôt il était d’avis de rester dans le monde et d’employer sa fortune en bonnes oeuvres; tantôt il inclinait pour la solitude, comme un moyen plus sûr de se sanctifier. Au milieu de ces perplexités, il pria Lanfranc de l’aider de ses conseils; mais celui-ci, craignant de trop écouter l’affection qu’il avait pour Anselme, le renvoya à Mauirille, archevêque de Rouen, qui lui conseilla d’entrer dans l’ordre de Saint-Benoît. Il prit donc l’habit dans l’abbaye du Bec, alors gouvernée par l’abbé Herluin, et il fit profession en 1060, étant âgé de vingt-sept ans. Trois ans après, il remplaça Lanfranc dans la dignité de prieur.
Sa jeunesse excita d’abord quelques murmures, mais par sa douceur et sa patience il vint à bout de gagner l’affection de toute la communauté. Il eut aussi le bonheur de retirer du déréglement et de faire rentrer dans les voies de la perfection un jeune moine nommé Osbern. Il avait un talent tout particulier pour connaître ce qu’il y avait de plus intime dans le coeur, et l’on eût dit qu’il lisait dans l’intérieur de chacun, ce qui lui servait beaucoup pour la conduite des âmes. La bonté, la charité tempéraient la rigueur des remèdes qu’il lui fallait employer quelquefois ; car il n’était pas partisan de la sévérité, surtout envers les jeunes religieux. Un abbé du voisinage, qui était d’un avis différent sur ce point, ne l’eut pas plus tôt entendu, qu’il résolut de l’imiter, et l’expérience lui prouva qu’il avait bien fait. Les nombreuses occupations attachées à la charge de prieur n’empêchaient point Anselme de s’appliquer à la théologie.

Tour de labbaye du Bec-Hellouin
Tour de l'abbaye du Bec-Hellouin
L’Ecriture et la Tradition étaient ses guides dans l’étude de cette science sur laquelle il composa des ouvrages qui portèrent au loin sa réputation et attirèrent beaucoup de personnes à l’abbaye du Bec.
Saint Anselme de Cantorbery - http://www.abbayedubec.com/
Saint Anselme de Cantorbery - http://www.abbayedubec.com/
Hennin étant mort en 1078, Anselme, élu pour le remplacer, ne consentit que difficilement à son élection. Il confia la gestion du temporel de l’abbaye à des religieux versés dans cette partie, afin d’avoir plus de temps à donner au gouvernement spirituel. Comme la maison du Bec avait des propriétés en Angleterre, il y fit quelques voyages, ce qui lui fournissait l’occasion de revoir son ancien maître et ami Lanfranc, qui était devenu archevêque de Cantorbéry. Anselme recevait de la part des Anglais, lorsqu’il se trouvait dans leur île, des marques éclatantes d’estime et de vénération ; la noblesse et le clergé s’empressaient à l’envi de lui être utile; le roi lui-même, qui était si peu accessible à ses sujets, s’humanisait avec l’abbé du Bec. Anselme, de son côté, tâchait de se faire tout à tous et il faisait tourner au profit de la religion l’ascendant qu’il avait sur les coeurs. Hugues, comte de Chester, qui avait conçu pour lui une profonde vénération, étant tombé dangereusement malade en 1092, lui envoya coup sur coup trois courriers pour le prier de passer en Angleterre, afin de le consulter sur la fondation d’un monastère qu’il faisait bâtir à Chester, et pour mourir entre ses bras. Anselme, qui avait appris qu’on voulait le faire archevêque de Cantorbéry, ne se souciait pas d’entreprendre le voyage, mais le désir de procurer à un ancien ami les secours qu’il réclamait l’emporta. A son arrivée il trouva le comte guéri. Il fut cependant retenu cinq mois en Angleterre, tant pour les affaires de son abbaye que pour celles du monastère que Hugues fondait à Chester. Guillaume le Roux, qui avait succédé en 1087 à Guillaume le Conquérant, son père, s’emparait des biens de l’Eglise et s’appropriait les revenus des siéges vacants, et afin d’en jouir plus longtemps, il défendit de remplacer les évêques qui venaient à mourir. C’est ainsi que l’Eglise de Cantorbéry resta cinq ans sans pasteur, après la mort de Lanfranc. Guillaume avait juré que ce siége ne serait jamais rempli de son vivant; niais étant tombé malade à Glocester, la crainte des jugements de Dieu le fit rentrer en lui-même, et il promit, s’il guérissait, de réparer ses injustices envers les églises. Il commença par celle de Cantorbéry et y nomma Anselme. Ce choix fut approuvé de tout le monde, à l’exception du saint, qui alléguait son grand âge, sa mauvaise santé et son peu de capacité pour les affaires. Le roi, chagriné de ce refus, lui représenta que de son acceptation dépendait le salut de son âme : « Car je suis persuadé, disait-il, que Dieu ne me fera pas miséricorde, si le siège de Cantorbéry n’est pas rempli avant ma mort. » Les évêques et les seigneurs qui étaient présents joignirent leurs instances à celles du roi. « Si sous persistez dans votre refus, qui nous scandalise, dirent-ils à Anselme, vous serez responsable devant Dieu de tous les maux qui tomberont sur l’Eglise et sur le peuple d’Angleterre. » Ils le forcèrent à prendre la crosse, en présence du roi, et le portèrent ensuite à l’église, où ils chantèrent le Te Deum. Ceci arriva le 6 mars 1093.

    Voir le site de la cathédrale de Canterbury
    Voir le site d’abbaye du Bec-Hellouin

Anselme, qui ne se rendait pas encore, finit enfin par accepter, mais à deux conditions : la première, que le roi rendrait à son église tous les biens qu’elle possédait du temps de son prédécesseur; la seconde, qu’il reconnaîtrait Urbain Il pour pape légitime. Les choses ainsi arrangées, il se laissa sacrer le 4 décembre. Guillaume, à peine guéri, oublia ses bons sentiments et ses promesses. Ayant demandé à ses sujets de nouveaux subsides, Anselme lui offrit 500 livres d’argent, dont le roi parut d’abord se contenter; mais bientôt après, il demanda encore à Anselme 1 000 livres. Le saint répondit qu’il ne pouvait donner cette somme, parce qu’il n’était pas permis de disposer du bien des pauvres. Il l’exhorta à permettre aux évêques de tenir des conciles, comme cela s’était toujours pratiqué, et à donner des supérieurs aux abbayes vacantes ; mais le prince lui répondit avec colère qu’il ne se dessaisirait pas plus des abbayes que de sa couronne. Il ne négligea rien pour le déposséder de son siége : il défendit aux prélats qui lui étaient dévoués de le regarder comme archevêque et de lui obéir comme primat, alléguant pour raison qu’Anselme, pendant le schisme, avait été soumis à Urbain II, qui n’était point encore reconnu en Angleterre. Il essaya ensuite de gagner la noblesse; mais la plupart des seigneurs répondirent qu’Anselme étant archevêque de Cantorbéry. et primat du royaume, ils lui obéiraient dans les choses de la religion; que leur conscience ne leur permettait pas de se soustraire à une autorité légitime, vu surtout que celui qui l’exerçait n’avait été convaincu d’aucun crime. Le roi, n’ayant pu réussir dans son projet, envoya à Rome un ambassadeur qui reconnut Urbain, espérant, par cette démarche, mettre le pape dans ses intérêts et l’engager à se réunir à lui contre l’archevêque ; il lui offrit même une pension annuelle sur l’Angleterre, s’il voulait le déposer. Urbain envoya sur les lieux un légat qui déclara au roi que la chose ne pouvait se faire. Anselme, qui ignorait la trame ourdie contre lui, reçut du légat le pallium que le pape lui envoyait. Il écrivit à Urbain pour l’en remercier, et dans sa lettre il se plaint de la pesanteur du fardeau qu’on lui avait imposé, et témoigne un vif regret d’avoir été arraché à sa chère solitude. Voyant que Guillaume cherchait de nouveau à usurper les biens de son Eglise, et que toutes ses représentations n’étaient pas écoutées, il demanda avec instance la permission de sorfir de l’Angleterre. Le roi la lui refusa par deux fois, et comme Anselme revenait à la charge, Guillaume lui déclara que s’il sortait de son royaume, il saisirait tous les revenus de son archevêché et qu’on ne le reconnaîtrait plus pour primat. Le saint, vivement affligé de l’oppression de son église qu’il ne pouvait plus empêcher, partit au mois d’octobre 1097, pour Rome, déguisé en pèlerin, et s’embarqua à Douvres avec deux moines, dont l’un était Eadmer, qui écrivit sa Vie. Arrivé en France, Il passa quelque temps à Cluny avec saint Hugues, qui en était abbé : de là il se rendit à Lyon, où l’archevêque Hugues lui fit un accueil distingué et le reçut avec de grandes marques de respect. Sa santé s’étant trouvée dérangée, il ne put partir de cette ville qu’au mois de mars de l’année suivante, ce qui fut un bonheur pour lui ; car s’il en fût parti plus tôt, il serait tombé dans les embûches que l’antipape Guibert lui avait dressées sur sa route, à la nouvelle de son voyage d’Italie. Le pape le reçut de la manière la plus honorable et le logea dans son propre palais. Anselme lui ayant appris tout ce qui s’était passé à son sujet, il lui promit sa protection, et écrivit au roi d’Angleterre une lettre très-forte pour l’engager à rétablir l’archevêque de Cantorbéry dans tous les droits dont ses prédécesseurs avaient joui. Anselme écrivit aussi, de son côté, afin de fléchir Guillaume. Comme l’air de Rome était contraire à sa santé, il n’y resta que dix jours, et se retira dans le monastère de Saint-Sauveur en Calabre, où il acheva l’ouvrage intitulé : Pourquoi le Fils de Dieu s’est-il fait homme?
Charmé de sa nouvelle solitude, et n’espérant plus pouvoir jamais faire aucun bien à Cantorbéry, il pria le pape d’accepter sa démission ; mais le pape lui répondit qu’un homme de cœur ne devait point abandonner son poste ; qu’il n’avait eu d’ailleurs à essuyer que des menaces et des duretés. Anselme répondit qu’il ne craignait pas les souffrances ni les tourments, qu’il ferait même volon- tiers le sacrifice de sa vie pour la cause de Dieu ; mais qu’il lui serait impossible de faire aucun bien dans un pays où l’on foulait aux pieds toutes les règles de la justice. li se soumit pourtant aux ordres d’Urbain, et en attendant, il alla demeurer à Sélanie, sur une montagne située près du monastère de Saint-Sauveur, et afin d’avoir le mérite de l’obéissance dans toutes ses actions, il demanda au pape pour supérieur Eadmer, qui ne l’avait pas quitté depuis son départ d’Angleterre. Il assista, au mois d’octobre de la même au-née (1098), au concile qu’Urbain II avait assemblé à Bari pour travailler à la réunion des Grecs. Ceux-ci ayant proposé leurs difficultés sur la procession du Saint-Esprit, embrouillaient la question par des longueurs interminables. Le pape, voulant mettre fin à ces disputes qui ne menaient à rien, s’écria : « Anselme, notre père et notre maître, où êtes-vous? » Il le fit asseoir près de lui et l’engagea à déployer ses talents, lui représentant que l’occasion était belle et que Dieu l’avait ménagé à dessein pour venger l’Eglise des attaques de ses ennemis. Le saint archevêque prit aussitôt la parole, et s’exprima avec tant de force et de solidité qu’il réduisit les Grecs au silence. Dès qu’il eut cessé de parler, tous les assistants dirent anathème à quiconque nierait que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. On passa ensuite à l’affaire du roi d’Angleterre : on parla fort au long de ses menées simoniaques, de ses injustices et de ses vexations envers l’Eglise, de ses persécutions envers l’archevêque de Cantorbéry, et de son opiniâtreté incorrigible malgré les fréquentes monitions qu’il avait reçues. Le concile fut d’avis d’agir avec la plus grande sévérité, et le pape allait prononcer contre lui une sentence d’excommunication, lorsque Anselme, se jetant à ses pieds, le conjura de ne point porter de censure. Cette démarche, en faveur d’un prince dont il avait tant à se plaindre, excita l’admiration de tout le concile, et l’on fit droit à sa demande. Après le concile; Anselme retourna avec le pape à Rome, où il recevait les témoignages les plus honorables de respect et d’affection. Les schismatiques eux-mêmes ne pouvaient refuser de rendre hommage à sa vertu et à son mérite. Il assista avec distinction au concile de Rome en 1099, et reprit ensuite la route de Lyon, où l’archevêque Hugues se faisait d’avance un plaisir de le recevoir. Il lui céda l’honneur d’officier dans son église, et le pria d’y exercer toutes les fonctions épiscopales, comme s’il eût été dans son propre diocèse. C’est dans cette ville qu’Anselme composa son livre de la Conception de la sainte Vierge et du péché originel. Après la mort d’Urbain, qui eut lieu au mois de juillet de la même année (1099), il écrivit à Pascal II, son successeur, pour l’instruire de son affaire, Il y avait déjà quelque temps qu’il était convaincu qu’il ne pourrait remonter sur son siége, tant que Guillaume vivrait, lorsqu’il apprit sa fin tragique, étant à l’abbaye de la Chaise-Dieu en Auvergne. Ce prince avait été tué à la chasse, sans avoir eu le temps de se reconnaître et sans avoir pu recevoir les sacrements de l’Eglise. Anselme pleura sa mort, dont les circonstances étaient si terribles aux yeux de la foi. Henri 1er frère et successeur de Guillaume le Roux, rappela le saint, qui partit sans délai pour l’Angleterre et débarqua à Douvres le 23 septembre 1100. Son retour causa une grande joie dans tout le royaume ; le roi le reçut avec bonté; tuais ces dispositions bienveillantes ne durèrent pas longtemps. Henri exigea qu’Anselme lui demandât l’investiture de sa dignité et lui rendît hommage pour son siége. Anselme s’y refusa, se fondant sur le dernier concile de Rome qui le défendait sous peine d’excommunication. Le roi ne se rendant pas, on convint de part et d’autre qu’on s’adresserait au pape à ce sujet. Mais dans l’intervalle, Henri se vit sur le point de perdre sa couronne. Robert, duc de Normandie, son frère aîné, à son retour de la terre sainte, résolut de faire valoir ses droits au trône d’Angleterre dont on avait disposé en faveur de Henri pendant son absence. Il leva une armée dans son duché, passa la Manche et marcha contre Henri. Celui-ci, à la vue du danger, qui le menaçait, fit les plus belles promesses à l’archevêque de Cantorbéry, s’engageant à suivre en tout ses conseils, protestant qu’il aurait toujours une déférence entière pour le saint-siége, et qu’il respecterait toujours les droits de l’Eglise. Anselme lui resta fidèle, et fit tout ce qu’il put pour arrêter les progrès de la révolte, représentant aux seigneurs qui avaient juré fidélité à Henri l’obligation de tenir leur serment. Il publia même une sentence d’excommunication contre Robert, qui était regardé comme un usurpateur, et bientôt la cause du roi prit une tournure plus favorable. Robert, avant fait sa paix avec son frère, retourna en Normandie. Le danger passé, le roi oublia les grandes obligations qu’il avait envers l’archevêque de Cantorbéry, ainsi que les promesses solennelles qu’il lui avait faites. Loin de rendre la liberté à l’Église d’Angleterre, il continua de s’arroger le droit de donner l’investiture des bénéfices. Le saint archevêque, de son côté, se montra ferme et refusa de sacrer les évêques nommés par le roi, contrairement aux règles canoniques. Il tint en 1102 un concile national dans l’église de Saint-Pierre, à Westminster, pour corriger les abus et pour rétablir la discipline ecclésiastique. La querelle des investitures s’envenimant de plus en plus, il fut enfin convenu qu’Anselme irait en personne consulter le pape sur cette question. Il s’embarqua, le 27 avril 1103, et se rendit à Rome, où le roi avait aussi envoyé un ambassadeur. Le pape, qui était Pascal II, ne fut point favorable à Henri; il porta même la peine d’excommunication contre ceux qui recevraient de lui l’investiture des dignités ecclésiastiques. Anselme se remit en chemin pour l’Angleterre; mais arrivé à Lyon, Henri lui fit défendre de rentrer dans son royaume, tant qu’il ne serait pas disposé à se soumettre. Il resta donc à Lyon, où l’archevêque Hugues, son ancien ami, s’efforça, par toutes sortes d’égards et de bons traitements, de lui faire oublier ses tribulations. Il se retira ensuite à l’abbaye du Bec, où le pape lui envoya une commission pour juger l’affaire de l’archevêque de Rouen, accusé de plusieurs crimes. Pascal lui permit aussi d’admettre à la communion ceux qui avaient reçu du roi l’investiture de leurs bénéfices. Henri fut si charmé de cette condescendance du pape, que, sur-le-champ, il envoya prier Anselme de revenir en Angleterre; mais une maladie grave ne lui permit pas de se rendre de suite aux désirs du roi. Après sa guérison, il retourna en Angleterre où il fut reçu comme en triomphe par tous les ordres du royaume et par la reine Mathilde, en l’absence du roi qui était alors en Normandie. Anselme, rendu à son siège, passa les dernières années de sa vie dans une langueur continuelle, et les six derniers mois qui précédèrent sa mort, il était tombé dans un tel état de faiblesse que, ne pouvant plus marcher, il se faisait porter tous les jours à l’église, pour y entendre la messe.
Il mourut le 21 avril 1109, âgé de soixante-seize ans, et fut enterré dans la cathédrale de Cantorbéry, où se sont opérés plusieurs miracles par son intercession. Clément XI, par un décret de 171), a placé saint Anselme parmi les docteurs de l’Eglise, et il méritait cet honneur par ses ouvrages en faveur de la religion. Les principaux sont : le Traité de la Procession du Saint-Esprit, contre les Grecs ; le Traité du Pain azyme et du pain levé, contre les mêmes ; le Monologue et le Prologue sur l’existence et les attributs de Dieu ; le Traité de la foi ce la Trinité et de l’Incarnation, contre Roscelin; les deux livres : Pourquoi le fils de Dieu s’est-il fait homme ? le Traité de la Conception virginale et du péché originel ; le livre de la Volonté de Dieu ; des Homélies au nombre de seize ; des Méditations au nombre de vingt et une ; des Oraisons ou prières au nombre de soixante-quatorze , et quatre livres de Lettres. On remarque dans ses écrits polémiques une connaissance profonde de la métaphysique et de la théologie, l’élévation des pensées et la solidité des raisonnements jointes à un style clair et précis; quant à ses ouvrages ascétiques, ils sont instructifs, édifiants, plein d’onction et d’un tendre amour pour Dieu, qui échauffe les coeurs: dans ses Méditations, il déplore avec la plus vive componction les égarements de sa jeunesse. — 21 avril.

Jean Landais, maçon à Angers, vend une boisselée à Saint-Jean-des-Mauvrets, 1595

Il y a maçon et maçon, l’un ouvrier, l’autre maître d’oeuvre. Sur l’autre article paru ce jour sur ce blog, vous voyez le maître d’oeuvre, qui sait signer aussi joliement et maniéré qu’un notaire ou avocat. Ici, nous voyons un ouvrier car il ne sait pas signer.
Je descends pour ma part d’un Jean Landais, maçon au Louroux-Béconnais en 1549, et un Landais maçon à Angers en 1595, cela me parraissait sans doute proche, mais je l’ignore à ce jour.

    Voir ma famille Landais du Louroux-Béconnais
    Voir ma page sur Le Louroux-Béconnais
    Voir ma page sur Saint-Jean-des-Mauvrets
Angers, collection particulière, reproduction interdite
Angers, collection particulière, reproduction interdite

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici la retranscription de l’acte : Le 9 mars 1595 après midy en la cour royale d’Angers endroit par devant nous Francoys Revers notaire d’icelle personnellement estably Jehan Landays maçon demeurant Angers paroisse St Ernoul etc confesse avoir ce jourd’huy vendu quicté ceddé délaissé et transporté et par ces présentes vend quitte cède délaisse et transporte perpétuellement par héritage à Pierre Pinard maçon demeurant aux fauxbourgs de Bressigné paroisse St Jehan Baptiste les Angers
lequel à ce présent stipullant et acceptant a acheté et achète pour luy et Jehanne Courtillet sa femme et pour leurs hoirs etc savoir est une boisselée de terre labourable mesure de Brissac ou environ sise en une pièce appellée Complant en la paroisse de St Jehan des Mauvrets joignant d’un costé et abouttant d’un bout à la terre de defunt Mathurin Beaunay d’autre costé la vigne du cloux du Complant ung dossé entre deulx d’autre bout la terrre de (blanc) tout ainsy que ladite boisselée de terre se poursuit et comporte avec ses appartenances et dépendances et qu’elle est eschue et advenue audit vendeur à cause de la succession de defunt Pierre Landays vivant nepveu dudit vendeur

    ce lien de parenté sera sans doute utile un jour à quelqu’un

sans aucune réservation en faire, en laquelle boissellée de terre y a ung noyer que ledit acheteur pourra abattre et enlever et en disposer quand et comme bon luy semblera, tenue au fief et seigneurie de Sauge l’Hôpital, aux charges cens rentes et debvoirs anciens et accoustumés que lesdites parties par nous advertyes de l’ordonnance royale, n’ont pour le présent pu déclarer, que ledit acheteur demeure néanmoins tenu payer à l’avenir franche et quitte du passé jusquà huy transportant etc et est faite la présente vendition cession transport pour le prix et somme de cinq escus sol quelle somme ledit acheteur promet payer et bailler dedans la Pentecoste prochainement

    encore une vente à paiement différé ! Décidément, ce type de vente est le plus fréquent, mais la confiance grande ! Serions nous capable d’une telle confiance de nos jours ?

et a ledit vendeur promis et promet faire ratifier et avoir ces présentes pour agréables à Julienne Lemesle sa femme et la faire obliger avec luy et chacun d’eux seul et pour le tout au garantage desdites choses vendues et en fournir et bailler audit acheteur lettres de ratification et obligation bonnes et valables dedans quinze jours prochainement venant à peine de toutes pertes despens dommage et intérests, néanmoins ces présentes demeurent en leur force et vertu, à laquelle vendition cession transport et tout ce que dessus est dit tenir et garantir etc dommage etc obligent lesdits vendeurs et acheteur savoir ledit vendeur au garantage desdites choses et accomplissement des présentes, ledit acheteur au paiement de ladite somme de cinq … foy jugement condamnation etc fait et passé à notre tablier Angers en présence de Jehan Porcher Maurice Rigault et René Allaneau praticiens demeurant Angers témoins etc lesdites parties ont dit ne savoir signer

    aucun des 2 maçons, le vendeur et l’acheteur, ne sait signer, donc il y a très loin socialement de Guillot (voir l’autre article de ce jour) à ces maçons. Il y a bien maçon et maçon.

en vin de marché dont (don) à prozenettes (le Z pour le X, mais ne ne vous récris pas le terme exact parce que les moteurs malvaillants se réjouiraient par trop) payé par ledit acheteur du consentement dudit vendeur la somme de 30 sols dont etc


et voici le joli métier d’intermédiaire, autrefois non spécialisé, et donc intermédiaire d’une vente immobiliaire touchant sa commission.

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Rupture de contrat d’apprentissage d’orfèvre pour cause de décès, Angers, 1569

Nous avons déjà étudié ici un contrat d’apprentissage d’orfèvre en 1573

Si vous voulez approfondir les orfèvres d’antant, voyez :
Revue 303, (Pays de Loire), n°55, par Monique Jacob, Les orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine du Moyen-âge au XIXe siècle.
et du même auteur, plus développé : Les Orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine, dictionnaire des poinçons de l’orfèvrerie française / Monique Jacob ; réd. Philippe Bardelot, Christian Davy, Dominique Eraud … – Paris : Ed. du patrimoine, 1998. – 522 p. – (Cahiers, ISSN 0762-1671 ; n°050).

Ces ouvrages sont consultables dans les bibliothèques des DRAC, ou Municipales des grandes villes concernées.

    Voir le contrat d’apprentissage Hayeneufve orfèvre en 1573

Le métier d’orfèvre exige un long apprentissage. Celui de Hayeneufve était de 5 ans en 1573, et ici la durée est identique. Or, la vie est courte à cette époque, et le maître meurt avant que l’apprentissage soit terminé ! L’apprenti n’a fait que 2 ans, et doit continuer son apprentissage, mais pour qu’il puisse le faire auprès d’un autre maître il s’avère qu’il doit d’abord être dégagé du contrat vers les héritiers du précédent ! Quel magnifique illustration de la fidélité à son maître autrefois !

Le père de l’apprenti est maçon, métier qui pouvait autrefois définir aussi bien l’ouvrier qu’un véritable maître d’oeuvres, quasiement architecte. Le dictionnaire Littré, 1872, distingue en effet ceux qui oeuvraient comme ouvrier, et :

Maître maçon, artisan qui dirige les maçons, surveille leurs travaux et répond de leur ouvrage

Le père de l’apprenti appartient donc à cette catégorie de maîtres d’oeuvre, et vous allez voir que sa signature, ainsi que celle de son fils, n’ont rien à envier à celles des notaires et avocats ! On comprend ainsi mieux que le fils du maçon soit apprenti orfèvre, car il s’agit dans les 2 cas de véritables métiers demandant des compétences élevées.
Le second article de ce blog de ce jour vous fait entrevoir qu’il a a maçon et maçon.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 25 janvier 1569 comme Jehan Guillot Me maczon en ceste ville d’Angers et y demeurant paroisse de st Pierre eust baillé en apprentissage au mestier d’orfevrerie pour le temps de cinq ans Jacques Guillot son filz à Mathurin Moreau Me orfebvre en ceste ville dudit Angers pour luy en payer et bailler la somme de 80 livres tz pour tout ledit temps à la charge que ledit Moreau eust promis monstrer ledit mestier audit Jacques Guillot et le nourrir et fournir de boire manger de loger et couscher comme il dict plus amplement par contrat fait et passé par Me Jehan Huot notaire royal Angers,

avecques lequel Moreau ledit Jacques eust demeuré par le temps de deux ans neuf mois seulement et jusques à ce que ledit Moreau seroit décédé depuis ledit jour et feste de Nouel dernier delaissez en vie Jeucien Bertran Geneviefve et Nicolle enffans de luy et de deffuncte Jehanne Landry auquel deffunt ledit Jehan Guillot eust baillé la somme de 26 livres 13 sols 4 deniers sur et en déduction de ladite somme de 80 livres et offroit par payer le reste de ladite somme auxdits enfants en gardant ledit marché et parachever de nourrir sondit filz et luy monstrer sondit mestier auxquels avoit fait entendre ladite offre auxdits Jeucien Bertran et Geneviefve et les a sommez et requis de faire et continuer ledit marché pour le reste du temps à escheoir, lesquelz disoient qu’ils ne pouvoient point ains ont confessé ledit marché et promesse faicte par leur dict defunct père audit Jehan Guillot telle que suivant icelle eust peust leur dit père de son vivant à son pouvoir mis soin de l’accomplir nourrir ledit Jacques Guillot et luy monster ledit mestier comme ilz disent avoir faict depuis son décès mais que de la continuer ilz ne le peuvent faire par ce qu’ilz ne sont pour estre et demeurer tousjours ensembles et de fait vouloir n’en prendre la charge par ce que ledit Jacques s’est mis à mal… aussi que ladite Nicolle leur sœur est absente, laquelle seroit besoing en communiquer
offrant toutefois que les quictans par ledit Jehan Guillot et sondit fils du reste dudit marché, ilz n’emprescheroient que son dit fils ne face son prouffit en aultre lieu et que ledit Jehan Guillot n’accepte qu’ils demeurent quictes vers eulx du reste de ladite somme de 80 livres

pour ce est-il que enn la cour du roy notre sire à Angers et de monseigneur duc d’Anjou fils et frère de roy endroit par davant nous Marc Toublanc notaire de ladite Cour personnellement establyz lesdit Jeucien Bertran et Geneviefve les Moreaux tant en leurs noms que se faisant fors de ladite Nicole leur sœur absente à laquelle ils promettent faire ratiffier ces présentes toutes et quanteffois que mestier sera, demeurant en ceste ville dudit Angers paroisse de St Pierre d’une part, et lesdits Jehan Guillot et Jacques Guillot son filz demourant en ladite paroisse de St Pierre d’aultre part soubzmetans respectivement eulx leurs hoirs biens et choses mesmes lesdits les Moreaux esdits noms et qualitez que dessus et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division etc confessent avoir fait et accordé ce qui s’ensuit,
c’est à savoir que lesdits les Moreaux esdits noms avoir quicté et estre quictes et par ces présentes quictent dudit marché d’apprentissage pour le reste du temps à escheoir et ont renoncé et renoncent au prouffilt les ungs des aultres comme assemblable ils ont quictez et quictent scavoir est lesdits les Moreaux esdits noms avoir quicté et quitent lesdits les Guillot dudit reste de ladite somme de 80 livres et pareillement ont quicté et quictent lesdits les Moreaux esdits noms du reste dudit apprentissage dudit Jacques et de sa nourriture et pension et au surplus lesdits les Moreaux ont donné congé et licence audit Jacques de se pourvoir d’aultre maistre et faire son prouffilt comme verra à faire sans que lesdits establiz l’un d’eulx seul puissent à l’advenir l’en inquieter pour raison dudit marché …

    Voici donc l’apprenti libre de poursuivre son apprentissage auprès d’un autre maître. L’histoire ne dit pas s’il trouva réellement un autre maître pour finir son apprentissage. Sans doute qu’on peut voir dans les ouvrages publiés sur les Orfèvres d’Anjou s’il fut lui-même orfèvre ? Si vous le savez, merci de compléter cette histoire.

    Admirez les splendides signatures du père et du fils Guillot, qui attestent le rang social de ce maçon, manifestement maître d’oeuvre.

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Bail par Jean Gallichon de la closerie du Bois au Moine en Soucelles, 1595

Je poursuis l’étude de Jean Gallichon. Hier je découvrais qu’il avait probablement des vignes à Soucelles, cette fois, je confirme qu’il possédait d’autres biens à Soucelles, car le voici donnait à bail à moitié la closerie du Bois au Moine. Ce lieu ne fait l’objet que de la mention de son existence dans C. Port, ce qui fait qu’on peut compléter C. Port ainsi :

le Bois aux Moines : commune de Soucelles. – A Jean Gallichon qui baille à moitié la closerie en 1595. En rouge, mes compléments à Célestin Port.

Soucelles, propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire
Soucelles, propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire

Je suppose, à ce stade de mes découvertes, que Soucelles était la résidence secondaire de Jean Gallichon, sans doute une maison manable au village de la Roche-Foulque. La carte postale invite en effet à la détente, et autrefois le coeur des villes était si malsain qu’un peu d’air faisait du bien à ceux qui en avaient les moyens.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici la retranscription du début des 8 pages : Le 1er mai 1595 avant midy en la cour royale d’Angers endroit par devant nous Francoys Revers notaire de ladite cour personnellement estably honnorable homme Jehan Gallichon marchand demeurant à Angers d’une part et chacun de Jacquine Ribourg veufve de deffunt Laurens Riffault et Martin Riffault leur filz demeurant en la paroisse de Soucelles au lieu de la Borandière ? d’aultre part,

    comme il est là, le fit est mineur et a besoin de sa mère pour que l’acte soit valable, mais on peut penser qu’il va s’installer et se marier. Vous vous souvenez que la majorité est à 25 ans, et que pour se marier il fallait un bail et une terre à travailler.

soubzmettant lesdites partyes respectivement etc confessent avoir fait et font entre elles le bail à tiltre de moitié de fruitz tel s’ensuit savoir est que ledit Gallichon a baillé et baille par ces présentes auxdits Ribourg et Riffault lesquels ont prins et accepté audit tiltre de moitié de fruictz et non aultrement pour le temps de cinq ans et cinq cueillettes entières et consécutives qui commenceront au jour et feste de monsieur st Jehan Baptiste prochainement venant
scavoir est le lieu et clouserie du Bois au Moyne sis en ladite paroisse de Soucelles auparavant ce jour exploitée par Pierre Monternault comme collon
comme ledit lieu se poursuit sans aucune réservation pour en jouyr par lesdits preneurs bien et deument comme bon père de famille sans rien desmolir ne pouvoir abattre par pied branche aucun arbre fruitier ou marmentaux fors ceulx quiont coustume estre couppes et esmondez qu’ils pourront coupper en une fois en saison convenable
à la charge desdits preneurs de gresser et ensepmancer par chacune desdites années bien et duement et en bonnes saisons les terres labourables dudit lieu

    etc… Je n’ai pas terminé les 8 pages, et ceux que cela intérresse ont désormais la référence.

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Bail à ferme ou louage de 2 maisons à Angers, rue de la Roë, 1547

Nous avons déjà plusieurs fois vu des bénéfices ecclésiastiques tels qu’une chapellenie. Généralement, le chapelain qui en était pourvu ne résidait pas sur les lieux. C’est le cas de celui-ci, pourvu d’une chapelle à Chemazé (actuellement en Mayenne), mais demeurant à Angers.
Le nom de cette chapellenie a disparu, et voici seulement ce que je trouve de proche dans le dictionnaire de la Mayenne :

la Véronnière, commune d’Ampoigné : La lampe de l’église de Mée avait été fondée par la dame de la Véronnière, avant 1710 (Abbé Angot, Dict. de la Mayenne, 1900)

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voicila retranscription de l’acte : Le 30 janvier 1547 en la court royal d’Angers endroit par davant nous Marc Toublanc notaire d’icelle court personnellement establyz vénérable et discret Me Guillaume Macé prêtre chapelain de la Veronnière paroisse de Chemazé d’une part,
et Me Pierre Duysseau licencié ès loix paroisse de St Maurille de ceste ville d’Angers d‘autre part
soubzmettant respectivement eulx leurs hoirs avecqs tous et chacuns leurs biens etc confessent etc avoir faict et encores par ces présentes font le marché de baillée et prinse à ferme ou louaige tel que s’ensuyt c’est à savoir que ledit Macé a baillé et par ces présentes baille audit tiltre de ferme ou louaige et non autrement audit Duysseau qui a prins audit tiltre pour luy ses hoirs les deux corps de maison avecqs leurs appartenances l’un sis sur la rue de la Roë et l’autre sur la rue du Chauldron partie desquelles maisons ladit Duysseau tien à louaige dudit Macé et l’autre partie est exploitiée par René Cordier qui le tient aussi à louaige dudit Macé, pour d’icelles deux maisons jouyr par ledit Duysseau ses hoirs et en icelles verser et habiter comme ung bon père de famille et est faite ceste présente baillée et prinse audit tiltre de ferme ou louaige pour le temps et espace de 7 ans commenczans du jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant et finissant à pareil jour lesdites 7 années révolues
à la charge dudit Duysseau ses hoirs d’en payer audit Macé bailleur la somme de 21 livre tz par chacuns ans aux jours et festes de Noël et St Jehan Baptiste par moictié le premier terme et payement commenczant au jour et feste de Noël prochainement venant que l’on dira 1548 et outre à la charge dudit Duysseau d’entretenir lesdites maisons de couverture et les y rendre à la fin de ladite ferme selon et ainsi qu’elles sont à présent
auxquelles choses susdites tenir obligent etc foy jugement condemnation etc
fait et passé en la cité de ceste ville d’Angers maison en laquelle ledit Macé bailleur est demeurant en présence de vénérable et discret messire Georges Macé docteur en théologie et maistre Jehan Guichet licencié es loix demeurans en ceste ville tesmoings

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Testament de Jean Gallichon, Angers, 1597

« La nuit du dimanche 27 juin 1598 rendit son ame à Dieu honneste homme Jehan Gallichon vivant mar-chant de ceste ville d’Angers et sa sépulture fut le lendemain en l’église des frères prescheurs aliàs Jacobins de ceste ville » Angers sainte-Croix, vue 416

Il avait fait son testament le 1er septembre précédent, alors qu’il est encore valide, car l’acte est passé au tablier de Me Moloré notaire royal à Angers.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série E2558 – Voici la retranscription de l’acte : Au nom du père et du fils et du benoist sainct esprit Amen. Le 1er septembre 1597 après midy
Sachent tous présents et à venir que je Jehan Gallichon marchand sain par la grace de Dieu de corps esprit et entendement, considérant la mort estre certaine à toute humaine créature et l’heure d’icelle incertaine, désirant ne demourer intestat sans avoir disposer de mes biens qu’il a pleu à Dieu me prester en ce monde, fait et ordonne mon testament et ordonnance de dernière vollonté en la manière qui s’ensuit
Premier, je recommande mon âme à Dieu mon père créateur de tout le monde à mon saulveur et rédempteur Jésus Christ son fils unicque, au benoist sainct esprit et père Dieu qu’il luy plaise me pardonner mes péchez et offances et recepvoir au royaulme céleste madite âme, laquelle je recommande pareillement à la glorieuse vierge Marye à messieurs sainct Pierre et sainct Paul st Jehan et à tous les sainctz et sainctes de paradis, les suppliant de prier Dieu pour moy affin que j’obtienne pardon de mesdits péchez
Item après mon âme sera séparée d’avecq mon corps je veux mondit corps estre inhumé et enterré en l’église des Jacobins de ceste ville en la sépulture de deffuncte Jehanne Lebloy ma mère, et pour ce faire estre conduit depuis ma mayson jusques à madite sépulture par les curé prêtres et chapelains de la paroisse saincte Croix ma paroisse ou assisteront les quatre mendiants et les religieux du couvent de la Basmette en ceste ville tous lesquelz feront processionnellement les suffrages et prières acoustumés.

    sa mère est donc bien Jeanne Lebloy comme sur son contrat de mariage de 1569, ce qui fait 2 actes donnant cette précieuse information avec certitude.

Item pour le regard du lumynaire qui sera à la conduite de mondit corps, je m’en remetz à la vollonté de ma femme et exécuteurs cy après
Itel je veux estre dit et célébré en l’église des Jacobins le jour de mon enterrement 3 grandes messes à diacre et soubzdiacre et 30 messes à basse voix avecq vigiles et prières des mortz pour le trentain et estre dict pareil service le jour de mon service.
Item je veux estre dict et célébré en ladite église des Jacobins ung annuel à basse voix
Item je veux qu’il soit fait aulmosne aux pauvres tant le jour de mon enterrement que du service à la discretion de messieurs les exécuteurs
Item je veux et ordonne estre dict et célébré en ladite église des Jacobins paroisse rles religieux d’icelle par chacun an à perpétuitté à tel jour que je décederay 3 grandes messes à diacre et soubzdiacre et le soir précédent vigiles de mortz avecq les oraisons acoustumées et à la fin desdites 3 grandes messes estre dict et chanté le respons libera me domyne avecq les oraisons acoustumées sur ma sépulture, auxquelles messes assisteront 3 pauvres honteux qui seront choisis par ma femme et mes enfants ou deulx d’iceux à chascun desquels sera donné 2 aubes de bureau qu’ilz auront sur eulx lors qu’ilz iront à l’office de l’une desdites grandes messes

    bureau : même mot que bure

ayant chacun une chandelle de cire ardente et pour voir dire ledit service et y assister seront mesdits femme et enfants parents et héritiers advertiz par lesdits religieux Jacobins le jour précédent la célébration dudit service pour lequel service et continuation d’iceluy mesdits exécuteurs en conviendront avecq lesdits religieux et où il ne voudroyent accepter ladite fondation pour raisonnable je veux iceluy service estre dict et célébré en une autre église à la vollonté de mesdits exécuteurs.
Item je donne et veut estre payé auxdits religieux et couvent de la Basmette la somme de 10 livres tant pour l’assistance qu’ils feront à la conduite de mondit corps que pour ung service qu’ils seront tenuz de dire le lendemain de mon enterrement en ladite église
Item je donne à sœur Charlotte Gallichon fille de moy et de deffuncte Perrine Lebascle, religieuse en l’abbaye de Fontevrault oultre et par-dessus la pention que je luy ay cy davant assignée et continuée depuis sa profession la somme de 3 escuz ung tiers de valeur de 10 livres tournoys par chascuns ans la vie durant de ladite Charlotte seulement pour employer à ses nécessitez et affaires particulières, laquelle rente viagère je veux estre payée par chascuns ans par mes héritiers à la charge de prier Dieu pour moy.

    c’est donc bien lui qui était l’époux de Perrine Lebascle, et cela signifie que lors du contrat de mariage de 1569, il n’est pas mentionné qu’il était veuf et qu’il avait alors au moins une fille alors vivante, Charlotte.
    Il s’est donc bien marié 3 fois, et en outre il a eu en pension chez lui Mathurine Gouin, fille du premier mariage de Louise Moinard, qui n’est pas mentionnée sur le contat de mariage de 1577 entre eux.

Item je donne un privé aulmosne à Mathurine Gouin, fille de deffunct Jehan Gouin et de Louise Moynard, à présent ma femme, toutes ses nourritures, pentions, acoustrements et entrenement que je luy ai fourniz et baillez et faict administrer pendant sa demeure en ma mayson et ensemble les fraiz et despens faictz pour la mettre et colloquer au couvent des Cordeliers de Cholet et qu’il convenait faire et fournir pour sa profession de religieuse audit couvent et outre je donne à ladite Mathurine Gouin en privé aulmosne la somme de 10 escuz sol que j’entends luy estre baillée et délivrée après mon décès pour ayder ladite Gouin a avoir une chambre audit couvent de Chollet pour son habitation à la charge qu’elle priera Dieu pour moy et mes âmes trepassez.

    Selon Gilles d’Ambrières (in les Cinq premières générations de la famille Gouyn d’Angers), Mathurine Gouyn était probablement entrée au couvent des Cordelières de Cholet en 1596, lorsqu’elle eut atteint sa majorité de 25 ans. Cet auteur pense que cette entrée en religion ne se fit pas ave cl’accord de la famille.

Item je donne à Loyse Moinard ma femme en propriété pour elle ses hoirs tant meubles debtes actions et aultres choses réputées meubles que de mes immeubles propres patrimoyne et matrimoyne acquestz et conquestz tout ce qui m’est permis par la disposition des loix ordonnances et coustume de ce pays d’Anjou et outre ma volonté et intention est que la donnation par moy faicte à ladite Moynard en faveur du mariage par contrat du 17 avril 1577 passé par Lory notaire sorte son plein et entier effet et en tant que besoing est ou seroit luy ai d’abondant donné et donne la somme de 2 500 livres tournoys portez par ledit contrat sans néanlmoings que ces présentes puissent préjudicier à la vallidité dudit don mais à ce que pour l’effet d’iceluy elle se puisse aider tant dudit contrat que du présent testament
ainsi qu’elle verra et desquelles choses ainsy données je me suis dès à présent devestu et désaisy et en est vestu et saisy tant madite femme que autres donnataires absents nous notaire stipulant pour eulx et m’en suis constitué possesseur ma vie durant seulement.
Item je déclare que je doy à Claude Moynard veuve de deffunct Gervayse Brillet la somme de 1 100 tant de livres qu’elle m’a prestez dès le 9 mai 1596 suivant les bordereaux qui sont en une bourse en mon comptouer laquelle somme ladite Claude Moinard receu de la vente d’une mayson … et outre ceulx que les interestz de ladite somme luy soyent paiez au dernier douze depuis le 9 mai 1596 jusqu’au jour du payement réel.

    il s’agit de la soeur de Louise Moynard, donc belle soeur du testataire, qui est sans héritiers, et léguera plus tard ses biens à ses neveux Zaccharie GAllichon et Jehan Moynard.

Et pour l’exécution des présentes je nomme et esli ladite Louyse Moynard ma femme et honorable homme Me Louys Hamonnyère advocat à Angers et honnorable homme Hervé Rousseau Me chirurgien, lesquelz je prie en prendre la charge et faire exécuter ce présent mon testament selon sa forme et teneur et pour ce faire je les saisis de tous mes biens suyvant ladite coustume de ce pays, prie et requiert Me René Moloré notaire royal audit Angers rédiger ces présentes en bonne forme et y faire apposer le scel par davant lequel Moloré je me suis soubzmis et obligé soubz la court royal dudit Angers moy mes hoirs, renonczant à touttes choses contraires aux présentes, lesquelles promet entretenyr par les foy et serment de mon corps baillé en la main dudit Moloré dont nous Moloré avons jugé ledit testateur à sa requeste et iceluy condempné par le jugement de notre dite court fait et passé audit Angers en nostre tabler présents Me Nicollas Destouche aussy notaire royal René Travers Me appoticquaire et Pierre Aubert praticien demeurant audit Angers tesmoings à ce requis et appelez

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