Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

1695 : janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet

Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 3 janvier 1695 Mr Poulain de Grée conseiller au présidial, veuf de la demoiselle Beritault de la Chenays, dont il n’a point eu d’enfant, épousa la fille de feu Me Herreau de la Simonnière conseiller audit siège et de la dame Garsenlan, âgée de 14 ans.
  • Le 4 (janvier 1695) mourut Mr Elye Pauvert prêtre, chanoine en l’église de St Lo.
  • Le 10 (janvier 1695) mourut le sieur Bruzeau, Me chirurgien
    Dans ce même temps mourut la femme du Sr Baillif bourgeois ; elle s’apellait Cireul ; elle n’a point laissé d’enfant.
  • Dans ce même temps mourut le sieur Pierre Hameau du Marais bourgeois. Il avait épousé la défunte demoiselle Gremont dont il a eu un fils prêtre, Mr Hameau du Marais conseiller au présidial, veuf de la dame d’Héliand de la Gravelle, et deux filles décédées depuis quelque temps.
  • Le 16 (janvier 1695) mourut le Sr Avril de la Durbelière, marchand. De son mariage avec la dame … sont issus le Sr Avril de la Durbelière marchand, le Sr Avril assesseur de l’Hôtel de ville, une fille qui a épousé le Sr Filloche, et une autre fille qui a épousé le Sr Buret expert prud’homme.
  • Le 18 (janvier 1695) mourut Mr Pottier, docteur en médecine ; de son mariage avec la défunte demoiselle Raimbault sont issus quatre enfants.
  • Le 25 (janvier 1695) Mr Lezineau, docteur-régent ès droits en l’Université de cette ville, conseiller et échevin perpétuel de l’Hôtel commun, veuf de la dame Renée Bouard, duquel mariage il y a trois enfants, épousa Melle Marguerite Harangot, fille de défunt Mr Harangot conseiller du roy, receveur des décimes du diocèse de Poitiers et de la Delle Pyron.
  • Le même jour (25 janvier 1695) mourut la femme de Mr Boylesve de Goismard, conseiller au siège présidial de cette ville, auparavant veuf de la Delle Gaultier de Chanzé, duquel mariage il y a un enfant ; elle s’apellait de Méguyon, elle a laissé deux enfants.
  • Le 31 (janvier 1695) Mr Jourdan, sieur de Flains, conseiller au siège présidial, fils du défunt Sr Jourdan bourgeois et de la demoiselle Bellet, épousé la fille de feu Mr de Roye aussi conseiller et de la dame Talour.
  • Le 8 février (1695) la fille du feu Sr Lemaçon du bourg de Saint Laurent des Mortiers, et de la dame Paré, épousa Mr Desmazières, avocat, fils du feu Sr Desmazières, Me apothicaire en cette ville et de dame Drouineau.
  • Le même jour, le sieur Marchand marchand de soie, fils du défunt Sr Marchand messager de cette ville à Paris et de la dame… épousa la fille du Sr Aubert aussi marchand de soie et de la défunte dame Lemaçon.
  • Le 10 (février 1695) mourut mademoiselle Toysonnier, ma fille, âgée de dix mois treize jours.
  • Le 15 (février 1695) le Sr Guyonneau, fils de défunts sieur Guyonneau lieutenant au duché de Brissac et de la dame Bienvenu, veuf de la Delle Alaneau, duquel mariage il n’y a point eu d’enfant, épousa la fille de Mr Fleuriot avocat et de la défunte Delle Paloiye.
  • Le 13 (février 1695) Mr d’Andigné, brigadier d’armée, lieutenant de l’artillerie et lieutenant du Roy du pays saumurois, épousa mademoiselle d’Andigné, fille de Mr d’Andigné chevalier seigneur marquis de Vezins et de la dame de Varenne Gode.
  • Le 15 (février 1695) mourut Mr Herreau Duperron, chanoine en l’église d’Angers. Il était une des créatures de monsieur l’évêque d’Angers. Mr Dupont official a sa prébende.
  • Le 23 (février 1695) mourut la femme de Mr Robin de Sazilly, capitaine de carabiniers ; elle tomba de cheval et se tua. Elle s’appelait Grandet ; elle n’a point laissé d’enfant.
  • Le 28 (février 1695) mourut le Sr Renard commis greffier au siège présidial ; il avait épousé la dame Hernault dont il n’a point eu d’enfant.
  • Dans ce même temps mourut le sieur Margariteau de la Morinnière, fille du feu Sr Margariteau blanchisseur de cire, dans lequel commerce il avait acquis beaucoup de biens et de la feue dame Avril. Il avait épousé la demoiselle Lamenage de la ville de Saumur, dont il a laissé trois enfants.
  • Le 1er mars (1695) mourut monsieur Guynoiseau de la Sauvagère, conseiller honoraire au siège présidial et un des 30 Académiciens ; il avait un vrai mérite.
  • Le 6 (mars 1695) mourut subitement en cette ville monsieur Trochon de Champagné premier président au siège présidial de Château-Gontier.
  • Le 7 (mars 1695) le sieur François Tessé Me chirurgien en cette ville, fils du feu Sr Tessé aussy chirurgien et de la défunte dame Daigrement Suardière. Il était très habile dans son art et très honnête homme. Il a été pleuré de toute la ville. (Note de Marc Saché : François Tessé, maître chirurgien comme son père, avait épousé, le 20 septembre 1682, Anne Gueniveau. Il fut inhumé en l’église des Cordeliers. Il était fils de François Tessé, décédé le 4 novembre 1678, et de Marguerite d’Aigrement (voir état-civil de Saint Maurille). On retrouve plusieurs fois leurs noms dans les comptes de l’Hôtel-Dieu, auquel ils étaient attachés.) – (Note d’Odile : un chirurgien habile, regretté de tous)
  • Le même jour (7 mars 1695) Mr Trochon Sr de la Chapelle, fils de Mr Trochon président et juge et garde de la prévôté d’Angers, et de la dame Martineau, fut installé dans lesdites deux charges. Il n’a pris séance qu’après le Doyen, attendu qu’il ne doit les exercer que dans cinq ans.
  • Le 10 (mars 1695) mourut la femme de Mr François Le Royer avocat ; elle s’appelait …
  • Le 11 (mars 1695) mourut la femme du feu sieur Courault de Pretiat bourgeois ; elle a laissé un garçon qui est banquier à Rome, une fille qui a épousé Mr Reimbault de la Foucherie, maire perpétuel de cette ville, son frère ; elle s’appelait Reimbault.
  • Le 12 (mars 1695) mourut le sieur Bouyneau greffier du consulat de cette ville.
  • Le 15 (mars 1695) mourut le sieur Yvard cy-devant notaire royal en cette ville. Il avait épousé deux femmes ; de la première, appelée Faucheux, sont issus un garçon marié avec la fille du Sr Delmur marchand de soie et banquier et de la dame Le Bannier, et une fille mariée avec le sieur Prégent marchand de soie ; et de la seconde sont issus un garçon et une fille mariée avec Mr Prégent, lieutenant de la maîtrise particulière des eaux et forests d’Angers ; elle s’appelait Crosnier.
  • Le 21 (mars 1695) mourut Mr de Chevreue prêtre curé de Corzé. Mr Macé docteur en théologie a été pourvu de la cure.
  • Le 7 avril (1695) mourut monsieur Foussier avocat au siège présidial de cette ville, fils de feu Mr Foussier aussy avocat et de la défunte Delle Maucourt. Il était veuf de la Delle Avril duquel mariage est issu un garçon pourvu de la charge de procureur du roy au siège présidial de Château-Gontier.
  • Le 11 (avril 1695) le nommé Quatrebeufs, fils de Quatrebeufs fermier à Brissac, ayant volé la nuit chez le nommé Thibaudière marchand de cette fille, par le moyen de fausses clefs, de limes et de crochets de fer, et ayant été surpris vendant les machandises à la foire du Marilais, son procès luy fut fait, en conséquance condamné d’être pendu devant la porte dudit Sr Thibaudière située à la place Neuve ; ce qui fut exécuté ledit jour. (je croyais qu’on pendait au gibet sur la place du gibet ! mais ici c’est devant la porte du cambriolé !!! je suis interloquée…)
  • Le 20 (avril 1695) mourut la femme du feu Sr Bertereau bourgeois ; elle a laissé deux filles, la première décédée femme du sieur Soreau de l’Epiné, cy-devant avocat, et l’autre aussy décédée, femme du sieur Dupuy Baron ; elle s’appelait Chevaye.
  • Le 24 (avril 1695) mourut la femme de Mr Babin, avocat ; elle s’appelait Vincent.
  • Le 26 (avril 1695) Mr Huron élu en l’élection de cette ville, fils du feu sieur Hyron et de la Delle Jamet épousa la fille du feu Sr du Clos Verdier et de la dame Martinet.
  • Le 1er mai (1695) Mrs Margariteau de la Morinnière assesseur de l’hôtel de ville, et Georges Daburon avocat furent élus échevins.
  • Le 3 (mai 1695) Mr Pasqueraye, file de feu Mr Pasqueraye, contrôleur au grenier à sel de cette ville, et de la Delle Maugin, épousa mademoiselle Cherbonneau.
  • Le 4 (mai 1695) mourut la femme de feu Mr Gontard avocat ; elle s’appelait Primaut, fille de feu Mr Primaut, aussy avocat, et de la Delle de la Haye Le Roy ; elle a laissé deux filles.
  • Le 7 (mai 1695) mourut le sieur Crosnier notaire. Il avait épousé deux femmes ; de la première sont issus trois enfants, un fils prêtre, une fille mariée avec Mr Bouschard avocat et … Sa première femme s’appelait Boumier, fille du feu sieur Boumier notaire, et de la Delle Guespin, dont il n’a point eu d’enfant.
  • Le 9 (mai 1695) le sieur Solimon du Margat, dont on dit que le père était marchand poislier, épousa une des fille de Mr Le Royer de la Baronnière, avocat et de la Delle Leveau.
  • Le 18 avril précédent (1695) Mr Janneaux, fils de Mr Charles Janneaux avocat et de la Delle Andrault et Mr Cupif, fils de feu Mr Cupif avocat et de la Delle Dootel, plaidèrent leur première cause.
  • Dans ce même temps, mourut la femme du feu sieur Pinard bourgeois ; elle s’appelait Coueffé ; elle a laissé deux filles, l’une mariée au feu Sr Cousin de la Brideraye et l’autre au sieur …
  • Le 14 (mai 1695) mourut le sieur Bobêche de la Houssaye bourgeois. Il avait épousé une des filles de feu Mr Ferrand docteur en médecine. Il a laissé trois enfants.
  • Le 22 (mai 1695) mourut le sieur Poilpré notaire apostolique. Il laisse de sa femme, fille du feu Sr Musard secrétaire de feu Messire Henry Arnauld, évêque d’Angers, et abbé de St Nicolas, et de la Delle Lemaçon, sept enfants et sa femme grosse.
  • Le 29 (mai 1695) mourut la femme de feu Me François Paulmier avocat ; elle s’appelait Ménard ; elle n’ai laissé qu’une fille qui a épousé Mr Baudry conseiller au présidial.
  • Dans ce même temps mourut Mr Théard conseiller au présidial de Château-Gontier ; il avait épousé Melle Trochon.
  • Le 30 (mai 1695) mourut la femme du sieur Voisin du Sauzay bourgeois ; elle était fille du feu sieur Boizourdy bourgeois et de la Delle … ; elle avait épousé en premières noces le Sr Sourdrille de la Bachelotière de la ville de Château-Gontier. Il a a des enfants des deux mariages.
  • Le 13 juin (1695) le sieur Baillif bourgeois, fils de Mr Baillif docteur en médecine, veuf de la Delle Cireul, morte au mois de janvier dernier sans enfants, épousa la Delle …
  • Le 14 (juin 1695) le sieur Delisle aporhicaire, fils du Sr Delisle aussy Me apothicaire et de la dame … épousa la fille du Sr Bessonneau et de la dame Baillif.
  • Le même jour le sieur Courant marchand droguiste fils du défunt Sr Courant marchand et de la dame … épousa la fille du sieur Bessonneau marchand droguiste et de la dame Baillif.
  • Dans ce même temps, le sieur Maillard lieutenant criminel de l’élection de Baugé épousa la fille du sieur Grézil des Ambillons, bourgeois, et de la défunte Delle Lagouz.
  • Le 16 (juin 1695) mourut la femme de Mr Denyau assesseur au siège de la prévôté de cette ville, agée de 38 ans : elle a laissé un enfant ; elle s’appelait Curieux de la ville de Beaufort.
  • Le 21 (juin 1695) le sieur Chauvin marchand de soie en cette ville, natif du bourg de Coron en Poitou, fils du feu Sr Chauvin et de la dame de la Mothe, épousa la fille du Sr Jollivet marchand grossier et de la dame Jarry.
  • Le 27 (juin 1695) Mr de Champagné de Moire, gentilhomme, fils de feu Mr de Champagné de Moiré et de la dame … épousa la fille de feu Mr Loüet escuyer seigneur de la Mothe Dorveaux et de la dame Grimaudet
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    Drapier, serger, tissier : métiers différents, car tissus différents : drap, serge, toile

    J’ai oublié dans le billet d’avant-hier, de préciser ce qu’était le drap.
    Le billet dit « d’avant hier » se trouve reporté en date du 11 août 2009

    Voici 2 proverbes qui illustrent à merveille les qualités du drap : chaud et solide,

      La soye d’esté, le drap d’hyver (il est chaud)

      Quiconque se vest de drap meschant, deux fois pour le moins se vest l’an (il est solide)

    Le drap est

    « une étoffe de laine qui participe des qualités de la toile par son tissu, et de celles du feutre, par l’opération du foulage qu’on lui fait subir. »

    C’est la meilleure définition du terme drap que je connaisse. Elle se trouve dans l’ouvrage d’Auguste Vinçart, l’Art du teinturier-coloriste sur laine, soie, fil et coton, Paris, 1820.

    Voici la liste des planches de l’Encyclopédie Diderot, qui situe parfaitement le métier dans la laine et le foulon

    Voici une autre définition du drap :

    « Espece d’estoffe de laine. Bon drap. drap fin. gros drap. drap de Hollande, de Berry, d’Espagne. une aulne de drap. acheter, vendre du drap. faire du drap. habit de drap. tailler en plein drap. On dit aussi, Drap d’or. drap de soye, mais quand le mot de drap est mis seul, on entend tousjours qu’il est de laine. » (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694).

    Mais je préfère sincèrement la première définition, car elle inclut les 2 principales caractéristiques du drap : solidité et chaleur.


    Métier du drapier avec ses détails. Navette anglaise et ses détails. (Encyclopédie Diderot)

    Il n’existe plus, enfin je ne trouve plus depuis longtemps de vêtements de qualité fait avec un tel tissu. Nous avons été, au fil de mon existence (70 ans) envahis par la petite qualité vestimentaire et les synthétiques, etc… voir même la guenille jettable. Quand je dis jettable, je fais allusion à une émission de télé sur les vêtements récupérés : les centres de tri croulaient sur des tonnes de vêtements à jetter car non réutilisables du fait de leur manque total de qualité, et leur problème étaient de faire face à ces déchets…
    Nos ancêtres, qui vivaient le plus souvent sans vitre aux fenêtres, avec tout au plus une cheminée dans la pièce, avaient tout de même la chance de connaître le drap, fait pour vêtements d’hiver inusables à tel point qu’au début de ce blog, nous chantions sa solidité dans une contine. Cette contine m’a beaucoup aidée pour comprendre l’importance du foulon et du drap : je suis heureuse d’avoir eu la chance de l’entendre dans mon enfance, allez l’entendre sur mon site, sur l’un des liens ci-dessus.


    épinçage des draps fins après le dégrais, et outils. (Encyclopédie Diderot)

    Mieux, le drapier faisait aussi de la ratine (le plus cher et le plus côté des draps de laine) : le mot viendrait du terme hollandais « gaufre », gaufrer, ou bien de « raster », racler. AU 13e siècle, « rastin » est une étoffe à poil tiré et frisé. Etoffe de laine, réputée très chaude, ancienne et répandue au point que le verbe « ratiner » désigne le procédé utilisé : frotter les draps pour lier le poil en petites mèches terminées par un bourrelet, en général à l’endroit du tissu.(Hardouin-Fugier E. & Coll. Les étoffes : dictionnaire historique, 1994)
    Ce même dictionnaire, donne, entre autres, car il y en a beaucoup :

    Drap : Du bas latin « drappus », terme lui-même qui proviendrait du celtique. Mot générique désignant tout un ensemble de tissus divers, un peu comme le mot « étoffe ». Sa fabrication est liée au très ancien élevate du mouton. On ne peut donc ici qu’indiquer les procédés les plus courants de sa fabrication.- La qualité de la laine est déterminante pour le produit fini. La chaîne est composée de fils à forte torsion, la trame de floches. Sa torsion est contraire à celle des fils des chaînes, condition qui détermine le bon déroulement du foulage. Le drap est tissé en écru, puis teint en pièce. – L’achèvement consiste à fouler, laver, lainer, teindre, sécher, ramer, raser et apprêter à chaud. Inutile de souligner les multiples usages du drap depuis des temps immémoriaux et les faits économiques liés au drap, depuis l’élevage des ovins jusqu’à la vente, foire, transport, concurrence, groupements sociaux, en passant évidemment, par sa fabrication et sa mécanisation. Des régions entières ont eu, pendant des millénaires, leur civilisation marquée par la fabrication des draps, en particulier le nord de la France. – Le succès du drap dans la mode est éternel ; Mallarmé l’évoque pour l’année 1874 : « Un paletot-blouse en drap blanc avec col marin en pareil »
    Drap d’Alep : chaîne en soie, trame en laine.
    Drap l’Alma : sergé à côtes en laine ou laine et soie.
    Drap d’argent, drap d’or : terme générique désignant des étoffes somptueuses
    Drap de Baye : lourde tenue de deuil
    Drap de Beaucamp : sergé lourd, grossier, à chapîne en lin et à trame en laines colorées.
    Drap de chasse : uni, à chaîne en soie fine et trame en coton lourd à côtes horizontales
    Drap de Damas : fabriqué à Damas au 14e et 15e siècles, qui se distingue du Damas. Il est précieux, brodé d’or et d’argent.
    Drap de dame : très léger et doux, comparable à la flanelle, légèrement foulé, tiré à poil.
    Drap de France : fabriqué en Angleterre dans la dernière moitié du 19e siècle
    Drap de gros bureau : drap français grossier, blanc ou teint en noir ou gris.
    Drap de Lyon : riche soierie
    Drap de Paris : fin sergé à effet granité, fabriqué à la fin du 19e siècle.
    Drap de pauvre : serge grossière, non teinte, brune mais jamais noire, utilisée au début du 19e par les ouvriers
    Drap de soie : étoffe de soie très fournie en chaîne, tissée à tension rétrograde.
    Drap de velours : étoffe épaisse avec un poil doux, fabriquée en Angleterre dans la dernière partie du 19e siècle pour confection féminine.
    Drap militaire : les règlements du 18e siècle interdisent de le tirer ou aramer en large ou en longueur ; on doit au contraire le laisser sécher sans aucune extension. Teint en laine en bleu céleste, beu de roi, vert, marron ou bien teint en pièce et foulé avant la teinture, c’est le cas pour l’écarlate, le cramoisi, le rose, l’aurore, le jonquille, le noir et le drap garance, qui a été le plus employé dans les régiments d’infanterie et de cavalerie pendant la Première guerre mondiale.
    Drap mortuaire : étoffe de velours noir étendue sur la bière d’un mort pendant les obsèques (Hardouin-Fugier E. & Coll. Les étoffes : dictionnaire historique, 1994)

    Et la serge dans tout cela ? Le serger fabriquait une étoffe de laine, la serge, qui était plus ordinaire que le drap, moins cher, moins chaude, moins solide, mais très répandue. Avec le drap on fait les vestes, les manteaux, les culottes d’homme, le tout d’hiver, et avec la serge les jupes de femme, les vestes légères…, là encore tout de même pour l’hiver, le reste du temps tout est en lin et chanvre et relève du tissier.

    En conclusion, laissez-moi vous compter que lorsque j’ai débuté en généalogie, il y a fort longtemps, j’ai bien entendu rencontré les marchands de draps de soie. J’imaginais alors que certains dormaient dans des draps de soie. Il n’en était rien, et ce n’est que bien plus tard que j’ai compris qu’il s’agissait de marchands de tissus de soie, dont les dames nobles et notables raffolaient, lorsqu’elles avaient les moyens de se le permettre, pour quelques vêtements plus beaux que ceux du quotidien.

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    Bail à ferme d’une pièce de terre par Pierre Poyet, Segré, 1659

    à Courtpivert à Saint-Aubin-du-Pavoil (Archives départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

    Trouver un acte notarié ne relève d’aucune méthode encore moins de chance, uniquement de longue, très longue patience et persévérance. En effet, nos ancêtres ne fréquentairent pas les notaires selon la même logique que la nôtre actuelle.

    Ainsi, un bail est toujours chez un notaire du lieu de résidence du propriétaire. D’ailleurs, le paiement que ce soit en nature ou en argent, est lui aussi toujours au lieu de résidence du propriétaire.

    Pierre Poyet est mon ancêtre. Il est arquebusier à Segré, et propriétaire de sa maison, ce que je sais par des successions bien plus tardives, puisque les notaires de Segrés sont tardifs. Ce bail, découvert par hasard à Angers, est un plus pour ses revenus.
    Pierre Poyet m’est cher, car c’est l’un de mes premiers travaux de recherches généalogiques autrefois, il y a très longtemps, du temps du papier crayon, du registre original et de la voie postale, bien longtemps avant les microfilms et internet. Or, en ce temps là, un autre généalogiste descendait d’un Pierre Poyet à Segré, et je l’avais contacté par postal. Dans ma lettre j’avais mis tout ce que je savais jusqu’à Pierre Poyet, mais j’avais omis de mettre le métier. Et ce généalogiste m’avait répondu « Madame, sachez que nous ne cousinons certainement pas car moi je descends d’un arquebusier, qui n’est pas n’importe qui ». A cette époque il est vrai, la généalogie était encore quasiement l’exclusivité des familles très en vue, et les autres, moins en vue, en étaient à leurs débuts ! Mais ce jour là, j’ai compris que la loupe mondaine sévissait beaucoup en généalogie.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 17 février 1659 après midy, par devant nous Françoys Crosnier notaire royal Angers furent présents establiz et duement soubzmis noble homme François Renoul sieur de la Ripvière juge des traites et impositions foraines d’Anjou duché de Beaumont demeurant en cette ville paroisse St Pierre d’une part,
    et Pierre Poyet arquebuzier demeurant en la paroisse de la Magdelaine de Segré d’autre part
    lesquelz ont fait entreux le bail à ferme qui suit c’est à scavoir que ledit Sr de la Ripvière a baillé et par ces présentes baille audit Poyet ce acceptant audit tiltre pour le temps et espace de 5 années et 5 cueillettes entières et consécutives qui ont commencé dès la Toussaint dernière et finiront à pareil jour scavoir est un morceau de terre appelé le Chastellet vallée de Courpivert, audit Sr de la Ripvière appartenant, sittué en la paroisse St Aubin du Pavoil ainsy qu’il se poursuit et comporte avec ses apartenances et dépendances sans en rien réserver que ledit preneur a dit bien scavoir et cognoistre
    à la charge par luy d’en jouir et user durant ledit temps comme un bon père de famille sans y rien malverser, de le tenir en bonne et suffisante réparation de clostures ordinaires, desquelle il est contourné,
    ledit bail fait et convenu pour en payer et bailler de ferme par medit preneur audit sieur bailleur en cette ville la somme de 15 livres (cette somme laisse à penser que la pièce de terre est presque l’équivalent d’une moitié de closerie, d’ailleurs ce qui suit et que j’ai graissé confirme cette hypothèse, et cette terre était sans doute en grande partie en châtaigneraie) au terme de Toussaint premier payement commençant à la Toussaint prochaine et à continuer et un bouesseau de chastaignes et deux perdrix aussy par chacun an
    ne pourra ledit preneur couper ny esmonder aucun arbre fruitaux marmentaux ne autres par pied branches ne autrement fors les esmondables en temps et saison convenables une fois seulement pendant le présent bail, cédder tout ou portion du présent bail sans le consentement dudit Sr bailleur auquel il fournira a ses frais copie des présentes dans 8 jours prochains …
    fait et passé audit Angers en nostre estude présents Me René Moreau et Godier praticiens demeurant audit Angers tesmoings ledit preneur a dit ne scavoir signer

    Ce bail est très intéressant, car il illustre le louage (c’est ainsi qu’on appelait le bail à prix ferme) d’une pièce de terre, assez importante surement en superficie, qui n’est pas faite pour être le revenu principal du preneur, seulement un supplément de revenus. Le plus intéressant est qu’il combine le prix ferme (loyer de 15 livres) avec un don en nature (un boisseau de châtaignes et 2 perdrix). Ce qui signifie que Pierre Poyet avait le droit de chasser la perdrix sur cette terre. Certes, fabriquant d’armes, il était bien placé pour en avoir, mais autrefois le droit de chasse était règlementé et réservé au seigneur (j’y reviendra longuement)

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    Apprentissage de drapier-drapant, Morannes (49), 1619

    Voici encore un contrat d’apprentissage qui vient enrichir ma base de données.

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série E) : Le 21 mars 1619, en la cour royale de St Laurent des Mortiers, par devant nous Jacques Jucqueau notaire d’icelle demeurant à Morannes,
    Jacques Roguet marchand demeurant paroisse de Daumere étant de présent audit Morannes
    confesse avoir baillé et mis comme aprantif dudit jour en deux ans en suivant Jehan Roguet son fils à honneste homme Jehan Letourneux drappier drappant, demeurant audit Morannes, à ce présent, prenant, retenant ledit Roguet fils dudit estably à son apprantif (apprentif), auquel ledit Tourneux sera tenu et promet monstrer et ensaigner (enseigner) au mieux qu’il pourra son dit mestier de drappier en quelque façon qu’il doibve estre monstré par son dit mestre (maître) à cause dudit estat et durant ledit temps luy quérir et livrer son vivre de boyre manger feu lit logis lumière bien et convenablement comme il appartient ensemble le traictter (traiter) doucement (j’aime tout particulièrement cette phrase, et je suppose qu’elle est là parce qu’il a existé des maîtres plus durs que d’autres)

    et ledit Roguet père fournira à son fils de vestement et habits honnestes en quelque façon que ce soit selon estat, pour rayson duquel apprantissayge ledit Roguet estably sera tenu promet et gayge payer audit Le Torneux mestre dudit apprantif la somme de 23 livres en ceste manière que cy-après c’est à savoir la moytié à la Saint Jehan Baptiste prochainement venant et le surplus de ladite somme au jour et terme de Quasimodo en un an, (je n’ai pas vu la durée de l’apprentissage qui a été oubliée dans cet acte, mais le fait que le second terme soit dans un an laisse à penser que la durée est de 2 ans, car les termes étaient toujours payables d’avance)
    présent à ce ledit Jehan Roguet apprantif aagé de sese (seize) à dix sept ans (si on n’a pas la durée de l’apprentissage, on a par contre l’âge de l’apprenti, ce qui est rarement indiqué dans un contrat, ici 16 à 17 ans, et au passage on remarque le manque de précision alors que le père sait signer et devrait savoir compter l’âge de son fils) qui ce présent bail et tout ce que dit est a eu pour bon et agréable et promet servir ledit Tourneux sondit mestre bien et loyalement à son mestier et en toutes choses licites et honnestes, fayre son profit et fuir son dommaige et l’avertir du contrayre s’il vient à sa cognoissance, sans cesser de servir durant ledit temps et en cas de fuitte ledit Roguet père le promet quérir en quelque lieu et place qu’il fut et le ramener audit Tourneux son mestre pour et affin que ledit Roguet son fils parachève son dit contrat d’apprantissage, et oultre ledit Roguet estably à toute loyauté et prodhommie, mesme ledit apprantif son corps à tenir prison (encore ce point de droit, très contraignant à nos yeux, mais autrefois on ne badinait pas avec l’abscence de l’apprenti).
    Fait audit Morannes en la maison d’Estienne Poyson hoste dudit Morannes (le nom ne semble pas terrible au premier abord pour un hôtelier, mais rassurez vous, il ne s’agit que de l’orthographe fautive du patronyme Poisson, plus rassurant), ès présence de honneste homme René Cesnault sieur de Primault, Jehan Jouault cordonnier témoins, lequel Letourneux a dit ne savoir signer . Signé : J. Roguet, Jouault, Cesnault, Jucqueau

    Le drapier drappant fabrique et vend, et le marchand drapier vend seulement, et ce dernier est généralement installé dans une grande ville comme Angers, Nantes. Voici la définition exacte des deux métiers :

    DRAPIER, s. m. (Comm.) marchand qui fabrique le drap, ou qui le vend. On appelle le premier Drapier-drapant, & le second marchand Drapier – DRAPANS, s. m. (Commerce.) nom par lequel on distingue les ouvriers fabriquans les draps des marchands qui les vendent ; on appelle les premiers drapiers-drapans, & les seconds marchans-drapiers. (Encyclopédie Diderot)

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    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1694 : juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 1er juillet (1694) mourut Mr Daburon, avocat au siège présidial, à présent échevin, un des trente Académiciens, et cy-devant procureur de l’hôtel de ville, et à présent conseiller de ville et docteur agrégé en l’Université. Il était très habile homme ; il avait la mémoire fort heureuse, le jugement solide, une pénétration d’esprit extraordinaire et l’imagination vive. Il était capable de tout et très généreux dans sa profession. Il a laissé plusieurs enfants de la défunte Delle Audouys ; il avait épousé en premières noces la Delle Blouin du Vignau dont il n’a point laissé d’enfant. (Note de Marc Saché : Pierre Daburon, d’une vieille famille qui a donné des avocats distingués et des échevins à la ville, était fils de Guillaume Daburon, sieur du Chêne-Vert, et de Marguerite Deschamps. Il épousa Marie Blouin du Vigneau, puis, en secondes noces, en 1663, Marie Audouys de la Clairaudière. Echevin en 1677, conseiller échevin perpétuel dès juillet 1693, il avait été un des trente premiers académiciens. Dans sa réunion du 3 juillet 1694, lemaire Raimbault de la Foucherie, signalait la perte considérable qu’éprouvaient l’Académie et tous les corps de ville « dans de digne sujet qui, depuis de si longues années, avoit rendu de grands services au public et à ce corps duquel il avoit exercé plusieurs années la charge de procureur avec l’estime et l’approbation de tout le monde ». Voir Arch. Mun. BB 100, p. 68, et Registe de l’Académie royale, man. 1261-anc 1032, p. 61)
  • Le 6 (juillet 1694) mourut Mr Hernault de Montiron conseiller au siège présidial, mari de la dame Pinard, ma cousine remuée de germain.
  • Le 19 (juillet 1694) Mr du Tremblier de la Varanne, veuf de la demoiselle Aveline de Narcé, épousa la fille unique de feu Mr Avril avocat et de la Delle …
  • Le 20 (juillet 1694) Mr Jarry avocat, fils de Mr Jarry, aussi avocat, et de la défunte demoiselle Maugars de la Grandinière, épousa la fille de défunts Sr Touret et de la dame Bourdais.
  • Dans ce même temps, Mr de Cumont Dupuy, neveu de feue madame Dupuy, abbesse du Ronceray, veuf de la Delle Hatton de la Mazure, épousa mademoiselle Jeanne Reverdy.
  • Le 25 (juillet 1694), il y eut des feux de joie pour la prise de la ville de Guyonne en Catalogne.
  • Le 26 (juillet 1694) mourut Mr de Gesté, chevalier de Malte, et commandeur de la Commanderie de St Blaise.
  • Le 27 (juillet 1694), le sieur Denyau épousa la fille du sieur Cireul notaire royal en cette ville.
  • Le 31 (juillet 1694) Mr Grézil, fils du sieur Grézil bourgeois et de la défunte demoiselle Noëil, fut installé dans la charge de conseiller au siège présidial de cette ville, cy-devant remplie par feu Mr Avril. Il a épousé la fille du sieur Jarie, huissier de la Chesne, à Paris.
  • Le 22 (juillet 1694), la ville de Dieppe en Normandie, fut réduite en cendres, par le moyen d’une machine infernale de la part des Anglais.
  • Le 3 août (1694) Mr de Chenedé, fils de feu Mr de Chenedé, conseiller au présidial, avocat et procureur du Roy en l’élection de Paris, et conseiller de l’hôtel de ville, et de la dame Aveline, fut élu conseiller du même hôtel en la place de feu Mr Hamelin.
  • Le même jour, Mr Bouteiller de la Pinardière, bourgeois, fut aussi élu conseiller de ville en la place de feu Mr Daburon.
  • Le même jour, Mr Brondeau de la Gaulerie, bourgeois fut aussi élu conseiller de ville en la place de feu Mr Moreau du Plessis.
  • Le même jour Mr Daburon, avocat, fut élu échevin en la place de feu Mr Daburon son père
  • Le 23 (août 1694) mourut le sieur Piollin de la Groye, marchand, ancien consul.
  • Le 24 (août 1694) mourut le sieur Mauvif de la Plante, marchand de draps de laine, ancien consul.
  • Dans le même temps, le fils du sieur Gourreau Dupont et de la défunte demoiselle Bault de la Mare, épousa la demoiselle de la Roche Quentin
  • Le 26 (août 1694) Mr de Pincé Brulon, veuf de la demoiselle de St Amadour, duquel mariage il y a trois enfants, épousa la fille de feu Mr Boylesve de la Galaizerie et de la dame …
  • Le 28 (août 1694) mourut le sieur Bidet praticien
  • Le 31 (août 1694) le fils de défunt Mr Gaultie de Chanzé et de la dame Renou épousa la fille de Mr de la Crossinière, receveur des tailles de La Flèche
  • Le 14 septembre (1694) le sieur Cottereau du rocher, veuf de la demoiselle … duquel mariage il n’y a point d’enfant, épousa la fille du sieur Rogue, cy-devant hôte de l’hôtellerie où pend pour enseigne la Pomme de Pin, et de la dame…
  • Le 20 (septembre 1694) mourut Mr du Hardaz avocat
  • Le 27 (septembre 1694) mourut Mr l’abbé de Garande, grand archidiacre de l’église d’Angers
  • Le même jour mourut le sieur Berthelot de la Tranchardière, marchand, âgé de 30 ans. Il a laissé 6 petits enfants de la dame Bridier.
  • Dans ce même temps, Mr l’abbé Léger, docteur de Sorbonne, l’un des 30 académiciens de cette académie, fut nommé à l’archidiaconé par Mr l’évêque d’Angers
  • Le 13 octobre (1694) mourut la femme de Mr Pierre Romain avocat ; elle s’appelait Duport ; elle a laissé deux enfants.
  • Le 15 (octobre 1694) mourut le sieur Sué, Me teinturier. Il a laissé 4 enfants
  • Le 19 (octobre 1694) mourut Mr de la Roche Davy
  • Le 20 (octobre 1694) mourut la veuve du feu Sr Rodaye marchand ; elle s’appelait Guyet. Elle a laissé 6 enfants, un religieux chanoine régulier à présent supérieur de leur maison de cette ville, le feu Sr Rodaye aussi marchand de soie, et une fille, femme du sieur Geslin aussi marchand de soie ; les autres ne sont pas encore établis.
  • Le 28 (octobre 1694) mourut la veuve de feu Mr Trochon de Beaumont.
    Dans ce même temps mourut la veuve du feu sieur Champeing hôte
  • Dans ce même temps, Mr Martineau, avocat, fils du sieur Martineau greffier à la prévôté, et de la défunte dame Jarry épousa la fille du feu Sr Chevalier de la Pinsonnière, avocat à Baugé, et de la demoiselle …
    Dans ce même temps mourut dans la ville de Beaufort la sieur Martineau cy-devant notaire royal en cette ville
  • Le 31 (octobre 1694) mourut le sieur Bonvalet de la Bourgeoiserie. Il avait épousé la Delle Pasqueraye en 1ère noces dont il n’a point eu d’enfant, et en 2e la fille de Mr Gilles Guilbault avocat dont il a laissé un enfant.
  • Dans le mois dernier, mourut Mr Pinson prêtre, chapelain de l’église de St Michel du Tertre. Mr Dugué, prêtre, fut élu et nommé à sa place le 7 novembre.
  • Le 6 novembre (1694) mourut la veuve de feu Mr Antoine Gasté avocat ; elle s’appelait Boutin ; elle a laissé une fille mariée avec le Sr Brundeau de la Gaulerie conseiller de ville.
  • Le 17 (novembre 1694) mourut mademoiselle Magdeleine Dupin fille.
  • Le 18 (novembre 1694) mourut monsieur Fleuriot prêtre chapelain de St Michel du Tertre âgé de 30 ans. Mr Guynebert, prêtre, a été nommé en sa place
  • Le 23 (novembre 1694) mourut le sieur Touchaleaume, notaire royal en cette ville
  • Le même jour, Mr Cesbron, conseiller au siège présidial de cette ville, fils de Mr Cesbron avocat et de la demoiselle Richer, épousa mademoiselle Petit de Pieflon de la Pichonnière fille de Mr Petit de Pieflon écuyer et de la dame Eveillard
  • Dans ce même temps, mourut la femme du sieur Galisson Me orfèvre en cette ville ; c’était une femme d’une dévotion solide ; elle s’appelait .. ;
  • Le 3 décembre (1694) mourut la femme du feu sieur Chevalier de Belessort ; elle a laissé un garçon et trois filles ; elle s’appelait Bousselin.
    Dans ce même temps mourut la femme de Mr de Contade ; elle s’appelait Huslin de la Selle.
  • Dans ce même temps, le fils du feu Sr Rallier de la Tartinnière épousa la fille du feu sieur Bionneau du Saulay, conseiller au présidial de Château-Gontier.
  • Le 10 (décembre 1694) cinq cent dragons arrivèrent en cette ville pour y passer leur quartier d’hyver ; on les a logé dans les maisons vuides. Le roy leur fournit les fourrages et les paillasses. (Note de Marc Saché : Le régiment de dragons, ayant pour colonel Mr de Montalet, et pour lieutenant-colonel Mr de Montbrison, vint, le 10 décembre, tenir garnison pendant l’hiver « ou plus longtemps si est la volonté du Roy ». Le procès-verbal du conseil de ville du 11 décembre porte : « Ils ont été logés dans les maisons vacantes que cette compagnie leur a choisies et y a fait mettre des licts pour le coucher et marqué les écuries nécessaires pour loger leurs chevaux pour la nourriture desquels le sieur Allain, fermier de la terre de Brain, doibt leur fournir leurs fourrages suivant l’ordre qu’il en a receu de Mr l’intendant ». Pour alléger la charge exigée du bois et de la chandelle, maire et échevins avaient offert de l’acquitter non en nature, mais en argent, soit 2 sous 6 deniers par homme et par jour – voir BB 100, f°86 )
  • Le 11 (décembre 1694) mourut Mr Pichard prêtre curé de St Maurille de cette ville.
  • Le 18 (décembre 1694) mourut Mr Reimbault prêtre de l’Oratoire
  • Cette année a été assez abondante en bleds et en vins. Le vin est d’une très bonne qualité ; le blé a été mis à la police à 20 livres le septier de froment, 18 livres le méteil, et 18 livres le seigle. Le vin vend 70 livres.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
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    Dispense de consanguinité : méthode de calcul des degrés au 18e siècle

    La méthode de calcul est simple. Suivez bien :

    Le plus important est de compter à partir de l’ancêtre commun (et non l’inverse comme on tente généralement de le faire) :

      Ses enfants sont le 1er degré : ils sont frère et soeur

      Ses petits enfants sont le 2e degré : ils sont cousins germains

      Ses arrière petits enfants sont le 3e degré : ils sont cousins issus de germain, aliàs remués de germain

    On dit de 2 cousins issus aliàs remués de germain, qu’ils sont parents du 3e au 3e degré.
    On dit de 2 cousins germains qu’ils sont parents du 2e au 2e degré.

    Voici un exemple paru le 19 mai dernier ici

    Julien Robineau qui est la souche

      Julien Robineau – 1er degré – Jeanne Robineau
      Julienne Robineau – 2e degré – Julien Renier
      Renée Anger – 3e degré – Julienne Renier
      Jean Avranche – 4e degré

    Dans le cas ci-dessus, ils étaient parents du 4e au 3e degré, donc l’un est l’enfant d’un cousin issu de germain de l’autre. Lorsque je vous publie ici des dispenses, je mets toujours le nombre de degrés ainsi, tels que les prêtres les calculaient, et tels qu’ils apparaissent dans les dispenses.

    Tout n’a pas toujours été aussi simple depuis le 11e siècle, et voici une brève histoire de ces calculs, telle que je l’ai publiée ici le 19 janvier sous le titre MARIAGE ILLEGITIME :
    Le mariage pouvait être décrété illégitime en cas de consanguinité découverte après coup, probablement par dénonciation…, entraînant les enfants issus de ce mariage dans l’illégitimité. Cette règle fut organisée au 4e siècle. Elle a été étudiée par Jack Goody dans son ouvrage l’évolution de la famille et du mariage en Europe, Armand Colin, 1985, préface de Georges Duby. Voici le résumé :
    Stimulés par les ethnologues et les démographes, les historiens depuis vingt ans se sont mis à scruter l’histoire des réalités familiales en Europe. Jack Goody refuse les idées reçues. Guidé par son expérience d’anthropologue acquise en Afrique, il entreprend d’interroger sur la longue durée les modèles de parenté, soucieux notamment d’expliquer les différences qui ont clivé le bassin méditerranéen au IV » » siècle. Il souligne ainsi le rôle déterminant joué par l’Église dans l’Occident médiéval.
    Secte minoritaire, elle devient alors une organisation dont les intérêts exigent qu’elle constitue et défende un patrimoine elle va ainsi construire un système de règles où sont proscrites des pratiques telles que l’adoption, le divorce, le concubinage, les unions entre proches. Prenant en main les institutions du mariage, des donations et de l’héritage, elle favorise la mobilité de la terre, son aliénation, donc sa dévolution éventuelle à l’Église, et l’accumulation du capital entre ses mains. Le mariage sur consentement mutuel, la liberté de tester, les préceptes de la morale conjugale qu’elle impose assurent son pouvoir spirituel mais aussi temporel, celui du plus grand seigneur foncier.
    Traduit d’un ouvrage tout récent, cet essai « remarquable et dérangeant « , selon Georges Duby, fournira aux historiens et aux anthropologues un cadre rigoureux de réflexion et il séduira par l’originalité de ses perspectives le public des non spécialistes désireux de mieux connaître l’évolution de nos structures familiales.
    Jack Goody, ancien directeur du département d’anthropologie de l’université de Cambridge et récemment chargé d’enseignement à l’École des hautes études en sciences sociales, est mondialement connu pour ses recherches africanistes et son effort pour concevoir les modèles familiaux dans leur complexité et leur universalité.

    Cet arbre de consanguinité, dressé au 11e siècle, est l’une des multiples représentations de la consanguinité à l’époque.
    L’actualité veut qu’un Colloque international ait lieu les 24-26 janvier 2008 à l’ENSSIB École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques Écritures : sur les traces de Jack Goody autre aspect de son œuvre.

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