Réception chez Scheurer industriel, ou remise de prix à Thann : guerre 14-18

En 2009, Olivier Leroy, qui a fait le même devoir de mémoire avec ses papiers de famille que celui que j’ai fait avec nos papiers de famille d’Edouard Guillouard, mon grand-père, me signale qu’il possède des photos qui ressemblent à la mienne, et qu’il intitule remise de prix à Thann.


Cliquez l’image pour l’agrandir. Cette photo est du fonds d’Edouard Guillouard, mon grand-père, et serait une réception chez Scheurer industriel le 11 août 1918

  • Ressemblances :
  • Les fenêtres sont identiques donc les lieux identiques.

  • Différences :
  • • Le rideau au dessus de la porte
    • Tous les militaires portent leur képi sur la photo Guillouard, ils sont tête nue sur les autres photos.
    • La présence de dames sur la photo Guillouard. Sur les photos d’Olivier on en distingue 2 à droite, mais des chapeaux totalement différents.
    • La présence d’un tapis sur la photo d’Olivier Leroy, nettement placé sous les pieds du premier rang.
    • Le groupe est disposé en fer à cheval autour du tapis sur les photos d’Olivier, mais il est droit sur la photo Guillouard
    • On distingue des enfants sur les côtés, assis sur des bancs, sur les photos d’Olivier, d’où sans doute le titre de remise des prix.
    • On distingue un prêtre en soutane assis au premier rang sur les photos d’Olivier.


    Ces 2 photos sont sur le site d’Olivier, et en cliquant dessus vous verrez que vous êtes bien sur son site, que je vous recommande car il a fait un travail de mémoire comparable au mien.

    Si vous avez des éléments nous permettant d’identifier lieux, faits et dates, merci de nous en faire part dans les commentaires ci-desssous.

    Renée Du Buat donne une procuration qui détaille un peu les faits, Noëllet 1611

    Une procuration peut parfois contenir beaucoup de choses, et bien, celle-ci est de loin la plus riche d’enseignements que j’ai jamais trouvée !

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici la retranscription de l’acte : Le 16 mars 1611 avant midy, en la court de Pouancé (classé à Deillé notaire à Angers, en mars 1611) par davant nous Simon Leroy notaire d’icelle a esté présente et personnellement establye damoyselle Renée Du Buat femme et espouze de noble homme René Pelault sieur du Boys Bernier séparée de biens d’avecques luy et authorisée à la poursuite de ses droictz, et d’abondant autorisée par ledit Pelault son mari à ce présent, demeurante en la paroisse de Noëllet, laquelle duement soubzmise soubz ladite court a créé nommmé et constitué et par ces présentes crée nomme et constitue maistre (blanc) procureur en la court de parlement à Paris son procureur o puissance de substituer et eslire domicile suivant l’ordonnance royale et par espécial de comparoir pour ladite constituante et pour elle intervenir en ladite court en l’assignation baillée en icelle audit Pelault son mary à la requeste de messire Vincent Du Bellay sieur de la Courbe tant en son nom que comme père et tuteur de noble Guy Du Bellay son fils et de deffunte dame Barbe de (illisible) et faire taxer et liquider des despens dommages et intérestz prétenduz par ledit sieur Du Bellay contre ledit Pelault et pour lesquels iceluy Du Bellay prétend avoir obtenu arrest en ladite court contre ledit Pelault pendant les guerres dernières

      nous allons voir plus loin, dans cette procuration, que René Pelault avait combatu pour la Ligue

    et pour la constituante en cas que ledit Du Bellay l’eust fait comprendre audit arrest demander qu’elle en soit rayée et biffer attendu qu’elle n’est point partie obligée ny condempnée audit Du Bellay et que la luy a faite comprendre que c’est une pure surprise faite pendant les guerres sans qu’elle y ait esté assignée ni appelée et oultre qu’elle n’eust put se défendre ni comparoir lors quand bien elle eust esté appelée attendu que ledit Pelault tenoit le party de deffunt monsieur de Mercoeur et que son gendre avoit une compagnie de chevaux légers audit party

      je me réjouis d’avoir trouvé cette précision concernant René Pélault et Claude Simon, mais que s’est-il donc passé pendant la guerre de la Ligue pour que les Du Bellay poursuive René Pelault ?

    et encores comme première créantière dudit Pelault son mary pour ses deniers dotaux et autres ses actions de joindre avecques ledit Pelault et deffendre à la taxe desdits despends dommages et intérestz prétendus par ledit Du Bellay et demander avecques ledit Pelault à la conservation de ses droictz et ce qu’elle soit receu à déffendre comme auparavant ledit arrest comme donné pendant les guerres et non considérable au moyen des traictés de paix d’entre le deffunt roy que Dieu absolve et ledit sieur de Mercoeur

      Henri IV a administié les faits, dans son grand projet de réconciliation. L’administie portait sur les faits durant la guerre, mais ne couvrait pas bien sûr les faits ultérieurs.

    et demander avecques ledit Pelault et autres ses créantiers à compter pour ledit Pelault avecques ledit Du Bellay auxdits périls et fortunes de Claude Jacques Aunibault soustenir à ses périls et fortunes que lesdites 4 000 livres qui estoient deubz à monsieur Lallement sieur de Vouzé ont esté payées audit de Vouzé ou Du Bellay pour luy tant en principal que intérestz sauf à compter par ledit Pelault ou autres pour luy et en cas que ledit Du Bellay demandat l’évocation de l’instance de criées et bannies vente et adjudication par décret de la terre du Boys Bernier criée et bannie sur ledit Pelault à la requeste de deffunct maistre Pierre Ogereau vivant advocat Angers créantier dudit Pelault empescher ladite évocation et remonstrer que ladite terre du Boys Bernier estant située en ce pays d’Anjou sera mieux et plus promptement vendue au siège présidial d’Angers ou l’instance desdites criées est pendante et put estre vérifiée ensemble la quiche ? et surabondante cryée et a beaucoup mondres fraiz aussy que seroit une grande vexation tant par ladite constituante que les autres créantiers et les consommer en frais s’il failloit qu’ils allassent à Paris et qu’il fallust y fournir leurs productions qui sont déjà en partye fournies au greffe dudit siège présidial d’Angers et le procès distribué à monsieur Desmatras assesseur audit siège à faire faire ladite quinche ? cryée et a compary par plusieurs foys en ladite instance et poursuite de cryée et jugée avecques luy que les partyes escriront afin d’ordr et généralement faire et procurer pour ladite constituante tout ce que procureur deuement fondé peult et doibt faire encores qu’il y eust chose qui requist mandement plus spécial promettant ladite constituante avoir agréable tout ce qui sera par ledit procureur géré
    obligeante etc renonssante etc foy jugement condempnation etc
    fait et passé au bourg dudut Noellet maison de nous notaire susdit en présence de vénérable et discrete personne Me Michel Bellanger prêtre curé dudit Noellet honneste homme François Allaneau sieur de la Viannière et Nycolas Guerif chirurgien demeurant en ladite paroisse de Noellet tesmoins

    Cheveau-léger : cavalier légèrement armé, qu’on appelle autrement Maistre, et qui est dans un corps de régiment. On l’appelle ainsi, par opposition aux Gens d’armes, qui étaient autrefois des gens pesamment armez et de toutes pièces. Il y a pourtant quate compagnies d’ordonnances qu’on appelle particulière chevaux-legers, qui n’entrent jamais en corps de régiment, qui sont les Chevaux-Levers de la Garde du roy, de la Reine, de Monseigneur le Dauphin et de Monsieur ; et on dit au singulier un Chevau-léger, et au plusieur vingt-et-un chevaux. (Dictionnaire de Furetière)

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen

    Repères historiques 1584-1609

    Le vendredi 19 septembre 1609, il y a 400 ans, Claude Simonin sieur de la Fosse était rompu vif à la barre de fer et mis sur la roue à Angers. L’acte publié ici ce jour, précise que lui et son beau-père René Pelaud avaient pris les armes dans les rangs de la Ligue.
    Le but de ce billet est de retrouver les repères dans cette fin d’un siècle de guerre civile, pour comprendre leur parcourt.

  • 1584, décès de François, duc d’Alençon, héritier de la couronne
  • Henri de Navarre devient l’héritier présomptif du trône : il est protestant. Les Ligueurs prétendent qu’il y aura obligation pour tous les Français d’abjurer le catholicisme. Ils reprennent les armes, c’est la Ligue, particulièrement active en Bretagne, derrière le duc de Mercoeur, ailleurs plus connue sous l’égide des Guise.
    A aucune période de son histoire la France ne fut plus menacée d’éclatement : se battent entre eux non seulement les royalistes, la Ligue et les réformés, mais aussi l’Espagne alliée de la Ligue.

  • Les gens de guerre, et le pillage
  • Tous les nobles ne se sont pas engagés dans la Ligue, loin de là, mais la Bretagne du duc de Mercoeur est la plus engagée : Jean-Marie Constant en dénombre 32 %. Leur plus grande bataille sera le siège de Craon.
    Le plus grave est sans doute le comportement des troupes. Car dans les rangs de la Ligue beaucoup de nobles sont pillards. Le cas Breton le plus célèbre sera La Fontenelle, rompu vif à Paris en 1602 7 ans avant Claude Simonin.

  • 1589 assassinat d’Henri III, Henri IV devient roi
  • C’est le roi de la paix, le réconciliateur. Certes, il doit dans un premier temps livré la guerre à ceux qui n’ont pas déposé les armes, mais ce sera une guerre propre, sans pillage.

  • Le ralliement des chefs Ligueurs
  • L’amnistie accordée aux Ligueurs est soumise à leur rédition individuelle. Les plus grands s’en tirent avec une coquette somme, achetés par un roi qui veut la paix, fut-ce à ce prix.
    L’amnistie ne couvre que les faits pendant la guerre, pas ceux qui suivent.
    Or, tous ne se rallient pas. Certains, comme La Fontenelle en Bretagne, continuent le pillage et deviennent de véritables bandits, des hors-la-loi.

  • Bibliographie
  • JOUANNA Arlette, Le temps des guerres de religion en France (1559-1598), Laffont

    JOUANNA Arlette, La France du XVIe siècle, 1483-1598, PUF, 1996

    BAYROU François, Henri IV, le roi libre, Flammarion, 1994

    LEROUX Nicolas, Un régicide au nom de Dieu, l’assassinat d’Henri III, Gallimard, 2006

    BERCÉ Yves-Marie, Histoire des croquants, Seuil, 1986

    BAUDRY J. La Fontenelle le ligueur et le Brigandage en Basse-Bretagne pendant la ligue (1574-1602) Nantes Librairie ancienne et moderne L.Durance 4, Quai d’Orléans, 1920

    LORÉDAN Jean, La Fontelle, seigneur de la Ligue (1572-1602), Collection Brigands d’Autrefois, Perrin, 1926