Testament de l’arrière arrière grand’mère de Volney, Renée Chaupitre, 1706

Renée Chaupitre, veuve Chassebeuf, a 75 ans lorsqu’elle fait son testament. Elle n’est pas mourante mais se sent âgée : elle décèdera 8 ans plus tard.
Elle est l’arrière-arrière grand’mère de Constantin Chassebeuf, plus connu son le nom de Volney.

    Cliquez l’image, vous êtes à Craon, berceau des Chassebeuf.
    Voir ma page sur Constantin Chassebeuf, aliàs Volney
    Voir ma page sur Craon
    Voir ma page de vocabulaire des inventaires après-décès (vous allez en avoir besoin pour la mante, le lodier, le ras etc…)

Le testament de Renée Chaupitre a plusieurs particularités :

    Il est écrit d’une manière assez décousue, non pas parce que Renée Chaupitre n’a plus son entendement, mais, comme le notaire l’explique à la fin, il lui a lu et relu, et manifestement, elle apportait à chaque lecture une modification, de sorte que les renvois en fin de texte et en marge sont nombreux.

    Un paragraphe reste douteux, celui du fils religieux, mais Pierre Grelier et moi-même y avons travaillé d’arrache-pied, en vain…

    Il est écrit à la 3ème personne et non à la première.

    Enfin, Renée Chaupitre énumère ce qui lui reste après tout ce qu’elle a laissé en avancements d’hoirs et démission de ses biens, ce qui explique qu’elle parle de son lit, ses vêtements… et pas de biens fonciers ou autres, plus conséquents. Je précise que ces biens s’entendent après tous les avancements d’hoirs et manifestement démission de ses biens, fait auparavant, ceci afin que vous compreniez pourquoi il lui reste peu. Autrefois, de nombreuses veuves ou veufs procédaient ainsi, contre une rente annuelle, ou rente viagère. De nos jours on met bien les personnes âgées dans 9 m2 !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E14 Planchenault notaire à Craon – Voici la retranscription (avec beaucoup d’explications entre parenthèses compte tenu de la difficulté), et les ajouts de la testatrice sont entre tirets, et j’ai tenté d’établir des § pour rendre la lecture aisée :

In nomine Domini Amen (formule rituelle au début d’un testament)

Le 2 novembre 1706 après midy par devant nous André Planchenault notaire de Craon y demeurant fut présent establye et soumis h. femme Renée Chaupitre veuve de Claude Chassebeuf, vivant sergent royal, demeurant en cette ville, laquelle estant en grand âge n’espérant désormais vivre longtemps, quoy qu’en bonne santé d’esprit et de corps ainsy qu’il nous a apparu aux témoins cy-après, (un testament précise toujours sain d’esprit, et vous voyez qu’on appelle même des témoins pour constater ce point. Il serait facielement invalidé sinon par n’importe quel héritier mécontant…)

sachant qu’il faut mourir sans en pouvoir savoir l’heure et le moment, crainte d’être surprise et de mourir intestat a fait et dit le présent son testament et ordonnances de dernière volonté en la forme et manière qui suit

premier elle a recommandé son âme à Dieu tout puissant créateur du ciel et de la terre très humblement supplié par les mérites de notre Sauveur Jésus Christ, par les mérites et intercession de la glorieuse Vierge Marie, du bienheureux saint René son bon patron, et toute la cour céleste que incontinent qu’elle sera séparée d’avec son corps et la veuille colloquer au rang des bienheureux

veult et ordonne la testatrice que son décès étant arrivé sondit corps soit inhumé et ensépulturé au petit cimetière de la paroisse de St Clément dudit Craon proche le tombeau de son défunt mary sur la gauche entrant audit cimetière

qu’à la conduite d’iceluy au tombeau assistent processionnellement messieurs les curé prêtre dudit St Clément et les révérends père Jacobins dudit Craon,

que pour luminaire il soit porté quatre cierges de cire jaune de chacun un quartron par des pauvres auxquels sera donné chacun deux sols
que le jour de sa sépulture il soit dit et célébré en l’église dudit St Clément si faire se peult, sinon le lendemain, une chanterie de trois grandes messes, et quatre jours après pareille chanterie chez les révérends pères Jacobins, et au bout de l’an pareille chanterie en ladite église de St Clément

comme aussi a ladite testatrice donné et légué, donne et lègue par ces présentes, à perpétuité, à mesdits sieurs les curé et prêtre dudit St Clément la somme de 6 livres 7 sols de rente de la nature qu’elle est due chacun an, à la testatrice, par Jean Hunault, demeurant au moulin du Bas Puis paroisse de la Selle Craonnaise à cause et pour raison d’un moulin à vent situé dans les landes de la Crüe dite paroisse de la Selle suivant l’acte en forme de titre nouveau que ledit Hunault en a donné audit défunt Chassebeuf et à ladite testatrice devant Me Jacques Gatineau vivant notaire royal le 11e jour de décembre 1684, à la charge par mesdits sieurs curé et prêtre de célébrer chacun an aussy à perpétuité dans leur église 12 messes à basse voix, savoir 6 dans la semaine de la feste St René, et les autres 6 en pareille semaine du décès de la testatrice, de faire la recommandation de son âme les dimanches qui précèdent lesdites semaines, et à chaque messe entre l’offertoire et la préface, et de dire un libera sur son tombeau les jours de Toussaints ou des Trépassés de chacune année le tout pour le repos de son âme et celle de son défunt mary, parents et amis trépassés, et en cas d’amortissement de ladite rente de 6 livres 7 sols par les débiteurs d’icelle, lesdits sieurs curé et prêtre seront tenus colloquer le sort principal qu’ils auront reçu en main sure en présence des héritiers ou ayant cause de la testatrice afin que les rentes qui en proviendront chacun an tiennent fond desdites messes

comme à semblable veult et ordonne qu’il soit fait tous les ans un reposoir pour le St Sacrement devant sa maison ledit jour du Sacre et dimanche de l’octave et pour cet effet elle a laissé entre les mains de son fils aîné le dais la carrée devant d’autel avec les dantelles (dentelles), deux coussins couverts de même le dais, le tapis à point d’Angleterre, le drap de toile claire, les cadres et l’image de la Ste Vierge, les vazes de feance (vases de faïence : la faïence fit une pénétration lente, dans les milieux plus favorisés, mais le terme resta longtemps assez barbare dans les inventaires que j’ai déjà lu) avec les bouquets pour faire honneur au très St Sacrement,

Item donne à son petit-fils François Chassebeuf son filleul son lit avec charlit (le chaslit est le bois de lit, et en 1706 on avait commencé à abandonner le terme charlit pour désigner le lit entier, pour le terme lit) garny de ses rideaux tant verds (verts, autrefois avec un D qui nous a laissé verdure) que de toile imprimée, paillasse, couette, matelas, orillers, traversier, mante, lodier, sa table en auvalle (ovale), 6 draps de brin en réparon, ses landiers à pomme de cuivre, 2 grandes nappes de toile blanche mi uzées, une petite de toille blanche marquée à marc relevé, où il y a un CC, 4 plats 2 grands et 2 moyens, 6 grandes assiettes (allez voir ma page de lexique des inventaires après décès pour comprendre les termes, au cas où vous ne les connaissiez pas encore)

comme aussy donne tout son menu linge à ses deux petites filles Marie et Barbe Chassebeuf des Estre, son cotillon d’étamine barrée doublé d’une toile violette, son habit de ras noir avec la jupe de ras à sadite petite fille Marie Chassebeuf des Estre pour porter le deuil de la testatrice, le tout pour les secours et assistance qu’elle a reçu et resoit (reçoit) journellement en la maison de son fils François Chassebeuf leur père

donne pareillement à la veuve Landry sa cousine une jupe de drap brun avec sa robe de toille fourrée doublée de drap noir, et 2 chemizes

et donne à sa fille son habit d’étamine brune doublée de crépon noir, 2 de ses meilleures chemises, 2 coiffes demi-fil, et son manchon noir, avec sa vieille coiffe d’étamine et au cas que ladite Landry mourait avant ladite testatrice, elle donne le tout à sadite fille,

et donne tous ses « mouchoirs de soie » (en fait illisible, on peut lire n’importe quoi !) à son fils le religieux pour aucunement le récompenser des bons services qu’elle luy rend journellement (ce § nous a donné beaucoup de fil à retordre, et nous ne pouvons le comprendre, nous sommes sincèrement désolés !, en particulier les mouc… et aucunement nous sont totalement hermétiques. En outre, ce fils religieux n’était pas encore identifié comme tel, et nous ne comprenons pas pourquoi elle dit que c’est elle qui lui rend service. Inutile de commenter ce point car on peut lui faire n’importe quoi, qui ne serait que pure imagination, et ce blog fait dans le réel SVP, merci de respecter ce point.)

veut et ordonne à ses enfants de rendre la somme de 10 livres à la damoiselle de l’Arche femme du Sr de l’Arche médecin à Sablé ou au cas qu’elle fut décédée à ses enfants, laquelle somme elle avoit prestée à la testatrice,

laquelle pour l’exécution du présent testament à choysi et nommé chacuns de Mes Louis Hunault et Estienne Bernier prêtres demeurant audit Craon qu’elle prie et requiert humblement de vouloir charitablement prendre le fait et charge et faire exécuter en tous ses articles à l’effet de quoy elle a par ces présentes vestu et nanti de tous ses biens jusqu’à l’entière et parfaite exécution du présent testament duquel par nous dit notaire a esté donné lecture à la testatrice, lu et relu, elle a dit bien l’entendre et tout ce qui y est contenu, déclare n’y vouloir adjouter ni diminuer, elle y a fait arrest dont à sa requeste et de son consentement nous l’avons jugée
fait et passé à notre tablier présents Luc Clément et Thomas Morin cordonniers et Thomas Rousseau tixier demeurant au faubourg St Pierre dudit Craon témoins à ce requis et appelés.

Renée Chaupitre à Craon, dont voici les Halles au début du 20ème siècle :

Les halles de Craon, Mayenne
Les halles de Craon, Mayenne

Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site

Renée Chaupitre est la mère de François Chacebeuf qui épousera Marie Lefrère, fille de Toussaint Lefrère et Jacquine Robineau, demeurant à la maison des Estres, maison dans laquelle il y avait une salle de prison, ce que nous a appris la succession de Toussaint Lefrère du 23 mai 1692.
Toussaint Lefrère, marchand messager de Craon à Angers, hôte et concierge des prisons royaux des Estres aliàs Aistres dudit Craon, et contemporain de Renée Chaupitre, avait épousé à Craon le 25 mai 1665 Jacquine Robineau, dont Marie née le 27 mars 1674 qui épousera en 1695 François Chassebeuf, fils de René Chaupitre.
Toussaint Lefrère est un arrière-arrière grand’père de Volney.

    Voir toute l’ascendance de Volney
    Voir ma page sur Volney

Les Estres : maison seigneuriale, fief et domaine dans la ville de Craon. – Au seigneur du Hommet, 1403 ; à Vincent du Chastelier, écuyer, de Ruffec et du Fresnay, chambellan du roi, mari d’Anne du Chastelier, dame des Estres et de Saint-Brice, 1523 ; à Philippe de Volvire, baron de Ruffec, et à Gabrielle de Rochechouart, veuve de François de Volvire, 1561 ; à François de Saint-Aulaire, chevalier de l’ordre, pannetier du roi, marié, 1542, à Françoise de Volvire, veuve en 1581 : à Joachim de la Chesnaie, 1590 (Dict. Hist. Mayenne, Abbé Angot)


Cliquez l’image pour voir le point d’Angleterre. J’ai eu jusqu’à l’an dernier un magnifique napperon, qui hélas a rendu l’âme. Le point était donc populaire en France. Si vous avez un spécimen encore dans vos vieilleries, je mettrai la photo volontiers.

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Quittance de douaire, Daon-sur-Maine, 1575

Nous avons déjà vu le droit de douaire dans les contrats de mariage ou des pensions après démission de biens.
Nous avions vu qu’elles étaient souvent peu élevées, mais pour toucher cette somme annuellement, cela pouvait devenir compliquer s’il y avait éloignement.
C’est le cas Pour Julienne Trioche, veuve de Renée Noury, qui a droit à 10 livres par an au titre de son douaire, mais elle demeure à Daon-sur-Maine et la somme est payable à Angers !
Non seulement elle doit envoyer quelqu’un mais aussi il fait faire quittance devant notaire.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription de l’acte : Le 6 août 1575 en la court royale d’Angers endroit par devant nous Marc Toublanc notaire de ladite court personnellement estably Michel Rafray demeurant en la paroisse de Daon sur Maine, au nom et comme procureur au pouvoir spécial quant à ce de Julienne Trioche veuve de défunt René Noury, demeurant au bourg dudit Daon, en vertu de procuration passé soubz la court de Saint Laurent des Mortiers le 3 du présent mois et an, signée Drain et Jabob, scellée en queue simple de cire verte, laquelle est demeurée a Jehanne Debonaire veuve de feu Jehan Thermière à ce présente, stipulante et acceptante, soubzmetant ledit Rafray audit nom les biens o choses de sadite procuration et biens de ladite Trioche confesse avoir eu et receu de ladite Debonaire la somme de 10 L tz pour le terme de Sainct Jehan Baptiste dernier passé pour le douaire de ladite Trioche qu’elle a par chacun an sur les biens dudit défunt Noury son maru de laquelle somme de 10 livres ledit Rafray audit nom s’est tenu et tient à contant et en a quité et quitte et promet acquiter ladite Debonnaire envers ladite Trioche et tous aultres temment que à ladite quittance et ce que dessus est dit tenir etc ledit Rafray s’en est estably soubsmis et oblige etc foy et jugement soubz ladite court royale d’Angers, etc renonçant etc foy et jugement etc condemnation etc
fait et passé audit Angers en présence de Jacques Raimbault marchand demeurant audit Angers paroisse Saint Maurille et Pierre Deschales clerc
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NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA de la Cruz, chapitre XV Les courses

Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

  • Chapitre XV
  • Les courses
  • A sa fenêtre, René fouillait la foule qui s’acheminait à l’appel des cloches vers la cathédrale. L’air était d’une pureté remarquable pour la ville. Le soleil se bouffait d’or en la porcelaine bleu-ciel. Ainsi, chaque dimanche, il attendait Mme Lonneril et sa fille se rendant à la grand’messe. Il surprenait un sourire de son aimée. Ces jours maudits, il ne pouvait lui parler autrement.
    Or il arriva qu’en cette matinée de mai, Melle Lonneril se rendait seule vers l’église. Elle salua moins discrètement le jeune homme avant de franchir la porte monumentale qui se croûtait.
    René attendit quelques instants, puis, quand la place redevint claire et blanche de lumière nue il descendit et pénétra à son tour dans St-Pierre. Melle Lonneril était assise à l’angle d’un pilier. Se doutait-elle qu’il allait venir ? A chaque son du battant de la porte, elle détournait la tête. Ils se sourirent sous le regard banal du Suisse doré sur tranches. Il lui fit signe de sortir. Elle obéit.

  • Vous êtes seule ce matin ? demanda-t-il
  • Oui, ma mère est légèrement fatiguée.
  • Profitons-en, venez-chez moi termine la messe.
  • Chez René.

  • Permettez-moi, chère amie, d’enlever votre chapeau, votre ruche, de vous mettre à l’aise.
  • Il offrit des bonbons.

  • Croquez-moi ces petits gâteaux. Jamais, je j’ai été si gai que ce matin. Est-ce le beau temps ou le bonheur de vous avoir ? Peut-être les deux.
  • Elle sourit tendant ses lèvres au gourmand.

  • Savez-vous à quoi je pense, Jeanne, en vous voyant près de moi ?
  • Et à quoi donc, mon chéri, penses-tu.
  • Je pense que c’est aujourd’hui les courses de chevaux, que nous pourrions prendre une voiture et aller ensemble au champ de manoeuvre aux yeux de tous.
  • Tu sais bien que ce n’est pas possible.
  • Rien n’est impossible, au contraire.
  • Je ne pourrai plus rentrer chez moi.
  • C’est certain ; aussi je te garderai.
  • Oh ! non je n’ose pas.
  • On guérit de la peur. Je suis persuadé que vous y avez songé depuis quelque temps.
  • Elle baissa le tête. Il s’assit sur ses genoux, se fit câlin.

  • Veux-tu, petite Jeanne chérie, rester toujours avec moi ? Nous vivrons nuit et jour ensemble sans arrêter de s’aimer. Qu’as-tu à craindre ? Nous n’avons besoin de personne. Si les sots nous ennuient nous partirons loin, très loin. Quant à tes parents, on les enverra se promener tranquillement ; tu ne dépends pas d’eux.
  • Elle hésitait, mais ile en dit et en fit tant et tant qu’elle accepta. Ils allèren déjeuner au restaurant. Une voiture les prit à la porte pour les conduire aux courses.

    Les boulevards s’ensoleillaient embrouillés du vol des poussières. Les coups de fouet stridaient comme un flot de mouettes qui s’ébattent. Les automobiles cornaient ; leur passage semait des éternuements saccadés. Les bicyclettes glissaient légères ainsi que des abeilles qui bruissent. A la queue leu leu, un indéfinissable ruban d’aune en aune sous l’ombre vaine des arbres grisonnés des pellicules de la route.
    Les piétons arrivaient par bandes noires pailletées des spirales claires, vomis par tous les boulevards qui environnent le Petit-Port. Un joyeux enthousiasme mène les groupes ; les uns chantent, les bébés s’amusent, les amoureux s’embrassent, nul n’y fait attention. Des grues harnachées d’oripeaux éclatants se font huer le sourire aux lèvres. Et les chiens se poursuivent joyeusement entre les jambes.

    L’immense fourmilière sortie de Nantes a traversé sans obstacle les voies larges et spacieuses, franchi l’étroite rivière du Cens, escaladé la butte du champ de courses, et là, s’arrête, s’entasse devant les barrières qui fixent la limite de la piste. Le flot s’accumule sans cesse, se gonfle en un circulaire bourrelet, enlaçant l’arène d’une ceinture infranchissable. Les tribunes prises d’assaut reluisent de miroitements féeriques ; les pelouses sont piétinées. Les joueurs sont là, bavards ou silencieux, souvent grotesques, possédés de ce mail ridicule du jeu imbécile.
    Dans l’hyppodrome les voitures se promènent sur le ventre blanc du sol ; des cavaliers galopent. En des rais de lumières ils sembles des pantins de théâtres d’ombres. La piste fourrée d’herbes est envahie devant les triunes où des dames étalent fièrement d’insignifiants tickets rouges, comme des hochets de grandes maisons, où les lorgnettes agitent leurs yeux convexes.

    Le signal se hisse au poteau ; la piste se purifie. Les chevaux font leur entrée, montés par des jockeys aux couleurs brillantes et fantaisistes. Les magnifiques animaux déploient leur beauté ferme, leurs formes supérieures comme une étoffe splendidement ouvragée. Ils partent s’aligner dressant fièrement la tête, hénnissant d’orgueil ou d’éblouissement au soleil qui les salue d’une pluie d’or. Soudain ils partent, découpant leurs silhouettes sur l’horizon bleuté ; derrière les arbres les casaques des jockeys sèment des éclairs ; parfois butant, s’écroulant, sautant d’un élan les fossés et les haies, pour arriver au but les naseaux en sueur, la crinière flottante, écharpe de triomphe ou de dépit. La foule hurle, trépigne ; les fantoches humains sont mis en branle et la comédie ne s’arrête plus. Mais la closhe a tinté, la musique joue des morceaux que le vent emporte par bribes dans sa dorne. L’attente sable les allées de la patience et nivelle les enthousiasmes passés.
    Entre les épreuves, les ombrelles blanches versent des points joyeux sur la foule. Les dames passent re repassent des lignes de clartés dans les chemins d’ombres des hommes. Dans l’enceinte du pesage les chevaux obéissent, rêveurs, aux ordres des jockeys. Leurs yeux ovales sont emplis d’un monde étrange que l’on ne comprends pas, où parfois passent des lueurs brutales. Adoration de la bête dont l’homme se fait l’humble servant et dont il se parera la gloire : le geai volant toujours les plumes du paon. L’animation la plus diverse règne dans le vaste hémicycle du champ de courses où le soleil se mire orgueilleusement.
    Nonchalants en leur landau, Jeanne et René souriaient au bonheur d’être l’un près de l’autre à la face de tous. Il gardait la main de son amie dans la sienne ou tenait galamment son ombrelle. Ils se moquaient des regards ennemis qui les cinglaient à des carrefours de haine. Heureux, ils triomphaient. Le landau de l’amour victorieux écraisait les pierres de l’envie avec une suprême indifférence.
    Lorsque le soleil eut presque fini sa promenade d’après-midi, le départ commença. Les voitures prirent à la fille le long des boulevards bordés de curieux. De rares attelages éblouissaient ; quelques toilettes extravagantes ; des horizontales, la nuque sur des coussins, étalaient leurs oripeaux réclames. En réalité, une effroyable banalité que cette procession de chevaux de camion et de rosses de fiacres, que cete suite trop longue de voitures quelconques, bondées de personnes quelconques. Mais il est une coutume à laquelle les bons nantais s’en voudraient de manquer : voir le défilé des courses. Le long de la route de Rennnes, des badauds installent des chaises sur les trottoirs ; ils regardent placidement pendant deux heures, le bruit, le roulement, avalant la poussière, s’ahurissent d’une attente ridicule. Les aubergistes ont dressé des tables qui se garnissent rapidement de buveurs. Le vin blanc coule à flots, le « gros plant » et le « muscadet » de la Loire-Inférieure aussi émoustillants qu’une chaude fille du midi. De ses dernières lueurs mourantes le soleil semble emplir les verres bas de joyeux écus d’or.

    La voiture de M. de Lorcin, l’avocat, avait croisé celle de son neveu. René avait compris une colère terrible dans l’âme de son oncle, et il lui avait railleusement souri. Aux abords de la rue Noire, M. et Mme Lonneril longeaient tristement le trottoir. Ils baissèrent la tête, honteux au passage de leur fille. Jeanne ne les vit pas. Seul René avait eu, une seconde, quelque pitié pour ces braves gens, puis il haussa les épaules avec dédain. La voiture arriva au Pont-Morand, gravit la rue de Strasbourg encombrée. Le crépuscule venait attirant son couvre-chef sur cette journée ordinaire et sempiternelle des courses. Les courses de chevaux que petits et grands vont contempler béats, comme une merveille intéressantes, pour s’emplir les yeux quelques secondes du galop d’un animal inconnu pour le bénéfice d’inconnus… Résumé : ce sont les tramways qui mangent le refrain des rengaines.

  • Jeanne, il faut rester.
  • Je n’ose pas.
  • Si vos parents vous reçoivent mal ?
  • Je reviendrai.
  • A quoi bon. Le Tout-Nantes sait que vous êtes avec moi ; il n’est plus temps de reculer. Avez-vous peur ? Quand on aime vraiment, les qu’en-dira-t’on sont mesquines choses. L’amour lâche n’est plus l’amour, il frise le mariage commun.
  • Vous êtes méchant, René. Croyez-vous que ce ne soit pas grave de devenir officiellement votre maîtresse. Mes amies me tourneront le dos. C’est l’exil.
  • Un exil que j’envierais pour vous avoir toujours seule à mes côtés. Sois gentille, ma petite Jeannette, reste cette nuit, tu réfléchiras mieux demain. Nous nous aimerons librement pendant le sommeil de la terre, en le silence calme de la nuit. J’écouterai le tic-tac de ton coeur battre les minutes d’amour en baisant ton sein gauche. Laisse-moi dénouer ta ceinture, défaire ton corsage, laisse-moi arracher les épingles de tes cheveux, noyer mes doigts dans tes tresses blondes. Tais-toi, mon aimée, je veux te dévêtir moi-même, ôter les bandeaux qui me cachent ton corps… Je connais par coeur le maquis de tes lacets… Tu te souviens la première fois comme j’étais maladroit… Tes petits seins, je les embrasse tous deux… Un corset, c’est vite décrocheté… Qu’ils sont blancs tes pieds… Je les embrasse aussi, là, sur les ongles, sur les chevilles;.. Aussi tes genoux… Ta chemise, elle est jolie, mais trop difforme pour ta chair. Que je t’aime… Si je pouvais encore te mettre plus nue… Je te veux vite… tout entière… Approche-toi… les draps nous cachent… Tes lèvres… ta langue… enlace-moi… Entrer en toi… t’aimer… Jeanne sens-tu l’amour venir nous éblouir… Je t’aime…
    Des soupirs, doux comme des plaintes, se bercèrent en les rideaux, entr’ouvrant l’alcôve aux pas mystérieux du rêve des amants.

  • NANTES LA BRUME, Ludovic Garnica de la Cruz, 1905
  • : chapitre 1 : le brouillard 2 : la ville 3 : la batonnier et l’armateur 4 : le peintre 5 : le clan des maîtres 6 : rue Prémion 7 : labyrinthe urbainchapitre 7, suite8 : les écailles 9 : emprises mesquines 10 : carnaval11 : le cul-de-sac – chapitre 11 suite – chapitre 11 fin 12 : les portes de Neptune13 : Cueillettes d’avril – 14 : Moisson d’exil – 15 :

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

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    Rente foncière perpétuelle, Mathurin Bazin, professeur de philiposophie à Château-Gontier, 1748

    La vente à rente foncière annuelle perpétuelle et non amortissable, donnait lieu, lors de chaque succession et partages, à un passage chez le notaire pour que les nouveaux payeurs de la rente dont ils avaient hérité, sachent bien qu’ils devaient la continuer et s’y engagent.
    Cette rente faisait partie des dettes passives, avec bien d’autres comme les fondations etc…
    Ces actes ne sont jamais anodins, puisqu’ils sont une bonne occasion de comprendre combien d’héritiers étaient vivants. Ainsi, je savais que ce couple n’avait plus de postérité, le dernier de leurs enfants survivants étant décédé religieux.

    Mathurin BAZIN °Combrée 9.4.1684 †Noëllet 2.6.1713 Fils de Mathurin BAZIN & Jeanne MARGOTIN x Renazé 1.7.1706 Jeanne MALVAULT Elle x2 Combrée 3.12.1716 Julien Manceau

      1-Mathurin BAZIN °Combrée 23.8.1707 † 13.11.1756 au château de Lévaré (53) Il est inhumé « clerc minoré ». Il est donc mort sans avoir accédé à la prêtrise.

      2-Anne-Françoise BAZIN °Noëllet 2.12.1708 †idem 3.7.1710 Filleule de Mathurin Bazin maréchal Dt à Combrée et de Anne Cheussé femme de Jean Meignan Dt à Noëllet

      3-Jeanne-Louise BAZIN °Noëllet 12.5.1711 †Combrée 28.6.1738 Filleule de Louise Jacques Malvault maréchal Dt à Renazé, et de Jeanne Bazin de Combrée. Elle est inhumée « décédée à la Fossaie, âgée de 30 ans, en présence de Jeanne Malvault sa mère, Julien Manceau Md serger Dt à la Fossaie, son beau-père, Mathurin Gastineau » SA

      4-François BAZIN °Combrée 3.8.1713 †idem 25.8.1716 Fils de †Mathurin Bazin maréchal à Noëllet, filleul de François Bazin (s) maréchal Dt en ce bourg et frère dudit †Mathurin Bazin, et de Jeanne Douesneau

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E40 – Voici la retranscription de l’acte : Le 23 septembre 1748 par devant nous Toussaint Péju notaire royal en la sénéchaussée d’Anjou Angers résidant à Armaillé soussigné furent présents François Jallot, garçon majeur, marchand tanneur, demeurant au bourg et paroisse d’Armaillé au nom et comme procureur général et spécial de maître Mathurin Bazin ecclésiastique de ce diocèse et professeur de philosophie au collège de Château-Gontier, fils du premier mariage et héritier pour une moitié de défunte Jeanne Malvault, suivant sa procuration passée devant les notaires royaux de Château-Gontier le 4 de ce mois, la minute de laquelle contrôlée audit Château-Gontier le même jour par Delaage est demeurée cy-attachée, Sébastien Lemanceau garçon mineur de 25 ans fils du 2e mariage et héritier pour l’autremoitié de ladite défunte Malvault procédant sous l’autorité de Julien Lemanceau son père, aussi à ce présent, demeurants ensemble paroisse de Combrée, lequel dit sieur Jallot audit nom et ledit Lemanceau fils en son propre et privé nom ont reconnu qu’il est dû chacun an au terme de Toussaint à Pierre Bigot tailleur d’habits demeurant à la Maison-Neuve paroisse de Senonnes, héritier de défunte Jeanne Malvault sa mère et de Guillaume Bigot son frère, la somme de 16 livres de rente foncière annuelle et perpétuelle non amortissable, sur et à cause et pour raison de certains héritages situés à la Petite Riollaye et à la Maison Neuve et aux environs paroisse de Renazé, ladite rente reconnue par ledit Julien Lemanceau et par ladite défunte Malvault sa femme par acte passé devant Me François Rousseau vivant notaire royal le 5 décembre 1726 raporté en l’expédition contrôlée à Pouancé par de la Salle Barré le 11 suivant,
    dont ledit sieur Jallot audit nom et ledit Sébastien Lemanceau ont déclaré avoir eu lecture et communication au moyen de quoi promettent et s’obligent yceluy sieur Jallot audit nom et ledit Sébastien Lemanceau chacun d’eux solidairement l’un pour l’autre un seul pour le tout sans division de personne ni de biens renonçant au bénéfice desdits droits et à ceux de discussion et ordre sans novation de privilères et hypothèques de payer chacun an audit terme de Toussaint audit Pierre Bigot franchement et quittement en son domicile à Senonnes ladite rente conformément aux anciens titres dont le premier payement commencera à la fête de Toussaint 1749 ainsi continuer d’année en année au même terme pendant et si longtemps que ledit sieur Bazin et Sébastien Lemanceau seront propriétaires en tout ou partie desdits héritages de la petite Riollaye et de la maison neuve, circonstances et dépendantes, qui y demeurent spécialement et par privilège obligés et affectés outre le général de tout et chacuns leurs autres biens présents et futurs sans faire novation des privilèges et hypothèques aquits par ledit Bigot lequel a reconnu et confessé avoir cy-devant eu et reçu comptant hors notre présence en espèces d’argent et autres monnoyes ayant de présent cours dudit Bazin la somme de 14 livres 5 sols qui jointe à celle de 35 sols fait celle de 16 livres pour une année qui échoira à la fête de Toussaint prochaine de ladite rente de 16 livres, dont ledit Bigot se contente et en quitte ledit Bazin qui en este seul tenu suivant les arrangements faits entre lui et ledit Sébastien Lemanceau son frère utérin ainsi que ledit Sébastien Lemanceau le dit,
    fait et passé à Pouancé maison et demeure du sieur François Cherruau aubergiste en présence de Me Pierre Minier sieur de la Blottaye conseiller du roy au siège du grenier à sel de Pouancé et de Me Jacques Valas greffier en chef au baillage dudit Pouancé y demeurant

    Voici ce que cet acte m’apprend

  • Mathurin Bazin est bien l’unique héritier vivant en 1748 du couple Mathurin Bazin et Jeanne Malvault. Je le savais déjà, mais ceci confirme.
  • Mathurin Bazin est étrangement dénommé « eccécliastique », et non prêtre, et selon ce que nous savions il serait décédé sans avoir reçu la prêtrise, mais toujours « clerc minoré ». Je pense que ce terme d’ecclasiastique, confirme qu’il n’avait pas atteint la prêtrise.
  • Mathurin Bazin est professeur de philosphie au collège de Château-Gontier, ce que j’ignorais.
  • Mathurin Bazin a un demi-frère, et un seul : Sébastien Lemanceau.
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    Patience, joli prénom, et Saint Patient

    Il y a quelque jours je vous proposais Saint Paterne, à cause de l’acte qui suit :

    « le 28 may 1617 Paterna fille de Me Jean Vaslin et de Loyse Cive fut baptisée par moy soussigné de laquelle fut parrain vénérable et discret Me Mathurin Hamon prêtre doyen de Craon et curé de céans, et marraine Madeleine Lemotheux »

    Il s’agit d’une soeur d’un de mes ancêtres. Voir l’état actuel de ma famille VALLIN aliàs VASLIN

    Je fais et refais et refais encore les registres de Saint-Quentin, car je recontitue toujours minutieusement les fratries. Hélas, plus de Paterna, par contre une Patience.

    Revenant alors à Paterna, j’agrandis encore plus le patronyme :

    Cliquez sur les images pour les agrandir.Cette image est la propriété des Archives Départementales de la Mayenne

    Avec beaucoup d’efforts, on pourrait lire Patience ! Mais j’avoue que la confusion est possible. Néanmoins, comme elle se transforme en Patience, c’est ce prénom que je conserve dans mon relevé.

    Mais au fait, qui était le saint de cette Patience ? Là encore, j’ai 3 hypothèses, mais je penche pour la 3e, qui est saint Patient, évêque de Lyon, qu’on aurait féminisé.

    PATIENCE (sainte), Patientia, est honorée à Huesca en Espagne. Baronius croit qu’elle était épouse de saint Orence et mère du martyr saint Laurent. — 1er mai.
    PATIENT (saint), Patiens , évêque de Metz, succéda à saint Félix, et florissait au commencement du 4e siècle. Il fonda hors des murs de la ville l’église de Saint-Jean-Baptiste, qui porta dans la suite le nom de Saint-Arnoul, et dans laquelle on croit qu’il fut enterré. En 1193, on y découvrit ses reliques, et on les plaça dans une châsse, à côté du grand autel. Saint Patient eut pour successeur saint Victor. — 8 janvier.
    PATIENT (saint), évêque de Lyon, fut élevé sur le siége métropolitain de cette ville vers le milieu du 5e siècle. Quelques auteurs prétendent qu’il succéda immédiatement à saint Eucher, mort en 450. Saint Sidoine Apollinaire, avec qui il était lié d’une étroite amitié, assure qu’il possédait toutes les vertus épiscopales; il ajoute qu’il ne sait ce qu’il doit le plus admirer en lui, ou son zèle pour la gloire de Dieu, ou sa charité pour les malheureux. Cette charité éclata surtout à la suite des dévastations que les Goths firent dans une partie des Gaules, pendant les années 473 et 474, Ces barbares ayant brûlé sur pied une partie des moissons, il en résulta une grande famine. Le saint évêque fit acheter des blés dans les provinces qui n’avaient pas été ravagées, et les distribua gratuitement à Lyon et dans le voisinage; il en envoya même en Provence et jusqu’en Auvergne. Lorsqu’il monta sur son siége, il y avait beaucoup de ses diocésains qui étaient infectés de l’arianisme, les Bourguignons surtout, qui étaient maîtres de Lyon, et il les ramena presque tous dans le sein de l’Église. C’est à sa prière que le prêtre Constance, membre de son clergé, écrivit la Vie de saint Germain d’Auxerre. On croit qu’il mourut l’an 489. — 11 septembre.

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    Succession de Toussaint Lefrère entre les enfants de ses 2 lits, Craon, 1692

    Lorsqu’il y avait 2 ou plusieurs lits, la succession était rigoureusement répartie en tenant compte

      du propre paternel de chacun
      du propre maternel de chacun
      de la 1er communauté
      de le 2e communauté

    Ainsi, dans l’acte qui suit, Guillaume Lefrère est fils du premier lit de Toussaint Lefrère. Les biens de la 2e communauté, celle qui est traitée à la mort de son père, se divisent en 2 moitiés qui sont traitées différement :

      l’une des moitiés, part du père, dont il est aussi héritier, sera divisé en 7 soit lui du premier plus les 6 frères et soeur du 2e lit

      l’autre moitié, par de la mère des 6 enfants du 2e lit, sera divisée en 6 et il n’y a aucun droit.

    Donc, lors de ces successions, on a une série de partages successifs, commençant par le partage en 2 lots de la dernière communauté, puis pour chacun de ces 2 lots, un partage entre ceux qui en descendent respectivement.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne série 3E1-496 – Voici la retranscription de l’acte : Le 12 août 1692 avant midy par devant nous André Planchenault notaire de Craon y demeurant furent présents establis et soumis Guillaume Lefrère marchand hoste au Cheval Blanc au faubourg St Pierre de Craon, François Marie et Anne Lefrère émancipés procédant sous l’autorité de noble homme François Hervé conseiller du roy contrôleur au grenier à sel dudit Craon, et Pierre Damour marchand boulanger, mary de Françoise Lefrère, et curateur aux personnes et biens de Jacquine et Jeanne Lefrère demeurant audit Craon, lesdits Lefrère enfants et héritiers de décunts Toussaint Lefrère et Jacquine Robineau fors ledit Guillaume Lefrère qui est héritier en partie dudit défunt Lefrère, père seulement,

    entre lesquelles parties a été fait l’acte en la forme et manière qui suit à savoir que ledit Guillaume Lefrère étant fondé dans un 1/7e de la moitié de la communauté qui était entre ledit défunt Toussaint Lefrère et ladite Jacquine Robineau tant meubles effets mobiliaires qu’acquets d’icelle, et luy étant fait demande de division par lesdits mineurs des acquets en deux partagés pour l’un d’iceux être choisi par lesdits mineurs comme héritiers de ladite Robineau,

    et l’autre moitié estre divisée et mise en 7 lots entre les parties comme héritiers pour chacun un 1/7e dudit défunt Lefrère pour tout quoy faire les acquets desdites successions se trouvent de moindre valeur par toutes les divisions et subdivisions qu’il conviendrait faire

    pour à quoy obvier, lesdits François, Marie, Anne Lefrère et ledit Damour et Françoise Lefrère sa femme et encore comme curateur aux personnes et biens desdites Jacquine et Jeanne Lefrère, ledit Sr Hervé curateur aux personnes et biens desdits François Marie et Anne Lefrère quant à partage desdites successions ont offert audit Guillaume Lefrère la somme de 297 livres 4 sols pour son 1/7e de la moitié desdits Lefrère et Robineau et la somme de 144 livres 2 s 6 deniers pour sa part des meubles de la communauté entre ledit défunt Lefrère son père et Marthe Chauvigné sa mère, comme appert par l’acte rapporté par Me Jacques Guilleu notaire royal, le tout revenant à la somme de 441 livres 6 sols 6 deniers, aux charges néanmoins par ledit Guillaume Lefrère de tenir compte et faire déduction en premier lieu de la somme de 300 livres qui luy aurait été donnée par le défunt Lefrère en advancement de droits successifs ainsi qu’il est justifié par la quittance qui est au pied de son contrat de mariage rapporté par Me Jacques Gastineau notaire royal le 10e décembre 1681, de 40 livres pour son apprentissage du métier de serger, de 27 livres pour meuble adjugé à la vente des meubles restés après le décès dudit défunt Toussaint Lefrère, revenant à la somme de 367 livres 7 sols, laquelle déduite sur celle de 441 livres 6 sols 6 deniers, cy-dessus, reste dû audit Guillaume Lefrère la somme de 73 livres 19 sols 6 deniers, et faire ledite Lefrère quitte de sa part des dettes passives desdites successions, à quoy ledit Guillaume Lefrère inclinant après avoir examiné et calculé les recettes actives et debtes passives desdites successions et connu la valeur des acquêts de ladite communauté a accepté l’offre de ladite somme de 73 livres 19 sols 6 deniers sous les déductions de charge mentionnée dans l’offre cy-dessus, et au moyen de ladite somme de 73 livres 19 sols 6 deniers, ledit Guillaume Lefrère a reconnu, confessé être bien et duement partagé de tout ce qu’il pouvait prétendre en la succession tant mobiliaire qu’immobiliaire dudit défunt Lefrère son père, payé et satisfait de ladite somme de 144 livres 2 sols 6 deniers pour sa part dudit inventaire de ladite communauté qui a été entre sondit père et ladite Chauvigné sa mère, consenty et consent que sesdits frère et sœur prennent et disposent du restant des biens desdites successions et communauté d’entre ledits Lefrère et Robineau tant meubles, effets mobiliaires, que tous les acquets d’icelle comme bon leur semblera renonçant à y prétendre aucune chose et à les troubler en la possession et jouissance d’iceux, et même à leur faire aucune question et demande de tout le passé jusqu’à ce jour au moyen de ladite somme de 73 livres 19 sols 6 deniers laquelle a présentement été soldée et payée comptant par ladite Marie Lefrère audit Guillaume Lefrère qui la prise et reçue s’en ests contenté, a quitté et quitte ses frères et sœurs, et à l’égard des meubles mentionnés au contrat de mariage dudit Guillaume Lefrère desquels il a donné quittance avec ladite somme de 300 livres y referée, ledit sieur Hervé, lesdits François, Marie et Anne Lefrère, Damour et femme ont reconnu que quoy que ledit Guillaume Lefrère en ayt donné acquit, ledit défunt Lefrère père a reconnu en leur présence pendant la maladie dont il est décédé que lesdits meubles n’ont été fournis audit Guillaume Lefrère et que l’avancement qu’il promettait en faire était pour faciliter le mariage de son fils sans laquelle reconnaissance par les cohéritiers dudit Guillaume Lefrère il n’aurait consenty au partage cy-dessus et ne se serait contenté de la somme de 73 livres 19 sols 6 deniers, vu même que les acquêts sont de plus grande valeur que sur les pied dont on lui fait raison, et au cas où il surviendrait des affaires inconnues ou monnaie en survenant de quelques procès intentés pendant ladite communauté ledit Lefrère sera tenu d’y contribyer pour sa 1/14e partie en la perte qu’il pourrait y avoir, et au cas que ledit Lefrère père eust vendu ou aliéné des immeubles de ladite défunte Chauvigné sa mère, il en sera fait raison audit Guillaume Lefrère par ses cohéritiers sous la déduction de son 1/14e, tout ce que dessus a été ainsi voulu, consenti, stipullé et accepté par lesdites parties lesquelles à ce tenir faire et accomplir s’obligent avec tous leurs biens etc dommages intérêts en cas de défaut etc renonciation etc dont etc
    fait et passé à notre tablier présents Me Jacques Gastineau et Jean Gaultier avocat demeurant à Craon paroisse Saint Clément témoins etc ledit Damour a dit ne savoir signer de ce enquis.

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